J. NOBLET, X.S. SHI, S. DUBOIS INRA Station de Recherches Porcines 35590 Saint Gilles
Composantes de la dépense énergétique
au cours du
nycthémère chez la
truie adulte à
l’entretien : rôle de l’activité physique
En production porcine, le besoin d’énergie correspondant à la couverture
des dépenses énergétiques d’entretien représente de 50% chez le porc
encroissance, à plus de 90% chez la truie gravide, du besoin énergétique
total. De surcroît, dans le dernier cas, le besoin est extrêmement variable selon les conditions d’environnement et,
ausein d’un même troupeau,
entre les animaux. Il
enrésulte des niveaux de performances (gain
pondéral et reproduction) très variables, le syndrôme de la «truie maigre»
en
constituant
uneillustration extrême. La quantification des principales composantes de la dépense énergétique d’entretien représente
unevoie d’analyse de cette variabilité.
La
dépense énergétique
d’entretien corres-pond
d’abord à la somme de laproduction
dechaleur à
jeun
et de l’extra-chaleur d’utilisa- tion de l’alimentingéré,
ces deuxquantités
étant mesurées chez un animal au repos et en conditions de thermoneutralité.
S’y ajoutent
une
dépense d’énergie
liée à l’activitéphy-
sique
et, en fonction des conditions d’environ- nement, desdépenses
dethermorégulation.
Dans le cas
particulier
de la truie adulte(vide
ou
gravide),
le niveau d’activitéphysique
varie avec le mode de
logement
(bâtiment fermé : en individuel ou en groupe ;plein
air...) et, au sein d’un mêmetroupeau,
en fonction deparamètres
tels que l’étatcorporel
ou le
passé
nutritionnel(Cariolet
et Dantzer1984,
Robert et al 1992). Lecomportement
destéréotypie
(durée de la station debout trèsprolongée,
mordillement des barres ou del’auge...)
manifesté par la truie à l’attachereprésente
une illustration extrême de cette variabilité. Parailleurs,
en raison du faible niveau d’alimentationpratiqué
en dehors dela
période
de lactation et de la réduction de l’isolationthermique
résultant de la diminu- tion de ses réservescorporelles,
la truie adul-te est sensible aux conditions de
milieu,
satempérature critique
étant voisine de 22°Clorsqu’elle
est élevée individuellement à l’attache(Noblet
et al 1989). Enpratique,
ilexiste alors de nombreuses situations indui- sant des
dépenses
dethermorégulation impor-
tantes chez la truie.
Les effets de la
température
ambiante surla
dépense énergétique
de la truie adulte éle- vée individuellement ont étéanalysés
par Noblet et al (1989 et 1990)qui
concluaient àun besoin en EM
supplémentaire
voisinRésumé ’
La
production
de chaleur (HP, par calorimétrie indirecte) et l’activitéphysique
(station debout vs station couchée) de six truies Large White castrées (poids vifmoyen : 208 kg), maintenues individuellement en chambres respiratoires, à une
température
de 24 °C, et alimentées une fois par jour à 100, 60 ou 0% de leur besoinénergétique d’entretien ont été mesurées en continu après le repas. Chaque truie a
fait l’objet de 8 à 10 séries de mesures sur des régimes différents au cours des 9 mois de
l’expérience. L’analyse
des données permet dequantifier
les différentes composantes de laproduction
de chaleur totale chez des animaux à l’entretien. En moyenne, pour les 6 truies de l’étude, le coût énergétique de la station debout (240 minutes par jour) est de 14,9 kJ par minute de station debout, ce qui représente 15%de la production de chaleur totale (400 kJ/kg po.75). L’activité physique est enregistrée
exclusivement
pendant
lapériode
diurne. Laproduction
de chaleur pour un niveau d’activitéphysique
nul (340kJ/kg
pO,75) serépartit
entre la production de chaleur àjeun (260
kJ/kg
PO,75) et l’extra-chaleur associée à l’utilisation métabolique de l’énergiemétabolisable. Cette dernière fraction est variable avec la composition de l’aliment. Le coût énergétique de la
prise
d’aliment est évalué à 2% de laquantité
d’énergie métabolisableingérée.
Les résultats mettentégalement
en évidence que cetterépartition
de laproduction
de chaleur varie au cours dunycthémère.
Combinées auxdonnées de la bibliographie, notre étude met en évidence que le besoin en énergie et le niveau des performances de la truie
gravide
sont directementdépendants
desconditions de logement et de son comportement.
de 800 kJ par °C d’abaissement de la
tempéra-
ture ambiante au-dessous de la
température critique.
Dans cetarticle,
nous nous attache-rons à
l’analyse
des autrescomposantes
de ladépense énergétique d’entretien,
en insistantplus particulièrement
sur l’activitéphysique.
Les résultats sont pour la
plupart
issus d’uneétude dont
l’objectif principal
étaitl’analyse
durendement d’utilisation de
l’énergie
métaboli-sable (EM) pour l’entretien chez le porc (Noblet et al 1993a). Le modèle animal choisi est la truie adulte ovariectomisée (afin de s’affranchir des éventuels effets du
cycle sexuel),
alimentée defaçon
à couvrir sadépen-
se
énergétique
d’entretien et maintenue en cage à métabolisme. Dans ce cas, l’activitéphysique correspond
essentiellement à la sta- tiondebout, comparativement
à la station cou-chée. Des détails
complémentaires
surl’aspect
activité
physique
de cette étude sont donnéspar ailleurs (Noblet et al 1993b).
1 / Conditions expérimentales
L’expérience
est basée sur 6 truies ovariec- tomisées adultes de raceLarge
Whitepesant
en moyenne 208
kg.
Ellesreçoivent pendant
8à 10
périodes
consécutives de 28jours
unequantité
d’alimentcorrespondant
à la couver-ture de leur
dépense énergétique
d’entretien (415 kJ d’EM parkg P O , 75 ). Chaque
truiereçoit
8 à 10 des 14
régimes
(unrégime
parpériode)
de l’étude. Des
ajustements
individuels del’apport
alimentaire sont réaliséspériodique-
ment de
façon
à maintenir constantspendant
toute
l’expérience
lepoids
vif etl’épaisseur
degras dorsal de
chaque
animal. Au cours dechaque période,
la truie estadaptée
à un nou-veau
régime pendant
17jours
etplacée
ensuitependant
11jours
dans une cagepermettant
la collecte des fèces et de l’urine. Pendant les 8 derniersjours
de lapériode,
la cage est intro-duite dans une chambre
respiratoire
afin demesurer la consommation
d’oxygène
et les pro- ductions de gazcarbonique
et de méthane.Deux niveaux d’alimentation sont
appliqués
dans la chambre
respiratoire :
100% (niveau 100) de ladépense énergétique
d’entretien pen- dant les 5premiers jours
et 60% (niveau 60) les 3 derniersjours.
Au niveau60,
lepremier jour
de mesure, considéré comme unepériode d’adaptation
ou detransition,
n’est paspris
encompte
dans les calculs ultérieurs deproduc-
tion de chaleur. De
plus,
à 3 ou 4reprises
aucours de
l’expérience,
leséchanges respira-
toires sont mesurés sur
chaque
truiependant
48
heures,
un seul repas étant distribué audébut de la mesure. Le deuxième
jour
de mesu-re
peut
être considéré comme unepériode
dejeûne
(niveau 0). Pendant toutel’expérience,
les truies sont éclairées de 8h00 à 20h00 et la
température
ambiante est maintenue à 24°C.Les 14
régimes
del’étude,
dont lacomposi-
tion et les
caractéristiques
nutritionnelles sontrapportées
par Noblet et al (1993c) sont detype complexe,
à base deblé,
amidon de maïs,tourteau de
soja,
farine deviande,
son deblé, remoulages
deblé, pulpes
debetterave,
«corngluten feed», paille
deblé,
mélasse de canne ethuile de colza. Les teneurs moyennes en éner-
gie digestible
(ED) et en EM des 14régimes
sont
respectivement 15,6
et14,4
MJ parkg
dematière sèche (MS)
ingérée.
La rationquoti-
dienne est
apportée
sous forme degranulés
eten un seul repas à 8h30. Au niveau
100,
laquantité
de MSingérée
est en moyenne de 1580 g parjour.
Les animauxdisposent
d’eau àvolonté. La durée du repas est
enregistrée
à2 ou 3
reprises
parrégime
et par truie aucours de la
période d’adaptation
aurégime.
Les
échanges respiratoires quotidiens
sontcalculés par intervalles successifs de 7
minutes ;
le résultatprend
encompte
les modifications de la concentration de gaz dans la chambrerespiratoire
au cours de l’intervalle. La pro- duction de chaleur est calculée àpartir
deséchanges respiratoires,
pourchaque
intervalleet par
journée,
selon la formule de Brouwer (1965). La durée et lafréquence
de la station debout sontégalement
mesurées en continu etcalculées
pendant
les mêmes intervalles de 7minutes,
à l’aide de faisceauxinfra-rouges
situées à l’avant et à l’arrière de la cage.
Les contributions
respectives
de l’activitéphysique
(AHP pour«activity
heatproduc-
tion») et du métabolisme au repos (RHP pour«resting
heatproduction»)
à laproduction
dechaleur totale (HP) ont été estimées au niveau 100 pour
chaque
truie recevant unrégime
àl’aide d’une
équation
derégression
danslaquelle
laproduction
de chaleur(par
intervallede 7 minutes) est une fonction linéaire du
temps après
le repas (t en minutes) et de la durée de l’activitéphysique (activ), exprimée
en pour cent de la durée de l’intervalle de mesure. Dans le modèle
qui
s’écrit alors : HP(par
minute) = a + b x t + cx activ,
areprésen-
te RHP au début du repas,
b,
la variation(diminution)
de RHP par minuteaprès
ledébut du repas, et c la
dépense
moyenned’énergie
associée à la station debout (ouAHP,
par minute). Les données des trois
premiers
intervalles de la
journée
situésaprès
le débutdu repas ne sont pas considérés dans le calcul du fait
qu’ils
incluent laprise
d’aliment. La valeur de RHP pourchaque journée
de mesurecorrespond
à la différence entre laproduction
de chaleur totale
qui
est mesurée etAHP,
elle-même
égale
à cmultiplié
par la duréequoti-
dienne de la station debout. La démarche utili- sée est illustrée à la
figure
1. La valeur de cobtenue
lorsque
l’animal est au niveau 100 estappliquée
auxjournées
de mesure réaliséesaux niveaux d’alimentation 60 et 0.
La
production
de chaleur aujeûne
(ou FHP pour«Fasting
Heat Production») dechaque
truie est
supposée
constantependant
toutel’expérience
etcalculée, indépendamment
durégime qu’elle reçoit,
àpartir
de la relation entre RHP aux niveaux 100 et 60 et lesquanti-
tés d’EM
correspondantes.
La valeur de FHP(pour
un niveau d’activitéphysique
nul) est obtenue parextrapolation
de RHP à une quan- tité d’EMingérée
nulle.Quant
à l’extra-cha- leur associée à l’utilisation de l’EM (ou TEF pour «Thermie Effect ofFeed»),
elle corres-pond,
pour une truie recevant unrégime,
à ladifférence entre RHP au niveau 100 et FHP.
La valeur de EM
ingérée
considérée (ou EMc) dans le calcul de FHP ou TEFcorrespond
à laquantité
d’EM réellementingérée
diminuée de AHP(MJ/jour).
Des détailscomplémentaires
sur la méthode de calcul de FHP et TEF sont
rapportés
par Noblet et al (1993a).De
façon
à décrire l’évolution de laproduc-
tion de chaleur
totale,
de l’activitéphysique
etdes
composantes
de laproduction
de chaleurau cours du
nycthémère
au niveau100,
les données d’unejournée
sont divisées en24
séquences successives,
lapremière
durant20 minutes et incluant la totalité du
temps
derepas, alors que les suivantes ont une durée de 60 minutes. Les résultats d’une truie recevant
un
régime correspondent
à la moyenne des résultats des 5jours
de mesure au niveaud’alimentation 100.
Les résultats obtenus sur
chaque
truie àchaque période
de mesure (n = 56) ont été sou-mis à une
analyse
de variance avec commeeffets
principaux
le numéro de la truie (n = 6)et le
régime
(n =14),
selon undispositif
enblocs
incomplets équilibrés.
Pour cequi
concer-ne
l’analyse
de l’évolutionnycthémérale
de HPet ses
composantes
et de l’activitéphysique,
l’effet
séquence
(n = 24) estégalement
considé-ré. Pour la
plupart
des critèresanalysés,
l’effetdu
régime
estsignificatif
(Noblet et al 1993a).Les résultats
rapportés
dans lestableaux 1,
2et 4
correspondent
parconséquent
auxmoyennes
ajustées
pour les différences entrerégimes.
SAS (1988) a été utilisé pour l’ensemble desanalyses statistiques.
2 / Résultats et discussion
Au niveau
100,
laquantité
d’alimentconsommé par repas est en moyenne de 1580 g de matière sèche. La durée de consommation du repas est relativement constante (environ 13
minutes),
àl’exception
de la truie D (18 minutes) (tableau 1). La vitessed’ingestion peut
alors être évaluée à environ 120 g MS parminute,
soit 2 g par minute et parkg
pO,75. Cerésultat est
proche
de celui obtenu par Dourmad (1989) avec des truiesprimipares
enlactation (90 g par minute). Selon les résultats de Nienaber et al
(1990),
la vitessed’ingestion
serait
plus
faible chez le porc en croissance (moins de 1 g par minute et parkg pO , 75 ).
Conformément au
protocole,
la valeurmoyenne de HP des 6 truies de l’étude est
presqu’identique
à laquantité
d’EMingérée
(tableau 1). Il en résulte que HPcorrespond pratiquement
à laquantité
d’EM pour la cou-verture des besoins
énergétiques
d’entretien (EMm).Exprimé
parkg
depoids métabolique (kg P O , 75 )
etcorrigé
pour la différence entre EMingérée
et HP(0,25
kJ de HP par kJ de diffé-rence : Noblet et al
1993a),
EMmestéquivalent
à 400 kJ par
kg P O , 7B
soit une valeurlégère-
ment inférieure à celles obtenues (environ 420
kJ/kg P O , 75 )
avec des truiesgravides
adultes (Noblet et al 1989c) ou en
première gestation
(Close et al1985,
Noblet et Etienne1987),
alimentées defaçon plus
libérale.Conformément aux conclusions de Mac Leod et al (1979) tirées de résultats obtenus sur coqs
adultes,
la différence entre les étudesprécitées
et la
présente expérience peut
résulter d’uneadaptation métabolique
au faible niveau d’ali-Le niveau d’activité
physique
est très variable selon l’animal et
plutôt
constantpour un même animal.
mentation des animaux de notre étude.
Enfin,
EMm
n’est pas constant
puisque
l’écart entreles valeurs extrêmes obtenues sur les 6 ani-
maux de l’étude (380 à 420
kJ/kg pO ,75) repré-
sente environ 10% de la valeur moyenne.
La durée moyenne de la station debout est de 241 minutes par
jour
avec des écartsparti-
culièrement
importants
entre les animaux (tableau 1). Al’inverse,
pourchaque truie,
les durées de la station debout mesurées au coursdes
périodes
successives (8 à10)
de l’étudesont
comparables (P>0,05),
cequi signifie
que le niveau d’activitéphysique
est caractéris-tique
dechaque
animal. La durée moyenne obtenue dans notre étude sur un faible nombre d’animaux et dans des conditions d’habitatparticulières
est tout à faitcomparable
à cellemesurée dans des
élevages,
sur des truies atta- chées (Cariolet et Dantzer 1984). Dans des conditions d’habitatcomparables
à celles de laprésente étude,
nous avions mesuré un niveau d’activitéplus
faible (160 minutes) chez des truies adultes alimentées defaçon plus
libéra-le (Noblet et al 1989). En accord avec les obser- vations de Robert et al
(1992),
la différence entre nos deux étudespeut
résulter de l’écart de niveau d’alimentation. Demême,
Carioletet Dantzer (1984)
suggéraient
un niveaud’activité motrice
plus
élevé chez des truies recevant de faiblesapports
alimentaires ouamaigries. Cependant,
cette observation neserait valable
qu’après
unepériode prolongée puisque
les durées de la station debout dans notre étude sontéquivalentes
aux niveaux 100et 60. Au-delà de la variabilité individuelle et des effets liés au niveau alimentaire ou à l’état des
truies,
ilpeut
subsister des écarts de niveau d’activitéphysique
entreélevages
asso-ciés au
logement
et à la conduite dutroupeau.
La
figure
2indique
clairement que l’activité motrice se manifeste essentiellement au coursde la
première
moitié de lajournée
(90% aucours des 11
premières heures).
Au cours de lapremière séquence
de 20 minutesqui
corres-pond
au repas, les truiespassent
100% de leurtemps
dans la station debout. Cerapport
dimi-nue
progressivement
dans les heures sui- vantes pour atteindre une valeur moyenne de 16%qui persiste jusqu’à
la llème heureaprès
le repas. Pendant le reste du
nycthémère qui correspond
à lanuit,
le niveau d’activitéphy- sique
estpratiquement
nul. Ces observations sont en accord avec celles de Cariolet et Dantzer(1984),
ces auteurssignalant égale-
ment que l’activité motrice est fortement liée à la distribution de l’aliment.
La
production
de chaleur associée à la sta- tion debout (AHP) est en moyenne de14,9
kJpar
minute,
la valeur laplus
élevée(19,0
kJpar minute) étant obtenue avec la truie B pour
laquelle
la durée de la station debout est laplus
faible (tableau 2). Comme pour la durée de la stationdebout,
les valeurs de AHP mesu-rées sur une truie au cours des
périodes
suc-cessives (n = 8 à 10) sont similaires
(P>0,05).
Les différences entre truies sont fortement atténuées
lorsque
AHP estexprimée
parkg
depoids métabolique :
si l’onexcepte
la truieB,
AHP est voisin de
0,26
kJ par minute et parkg
pO,75. Ce résultat estproche
de celui que l’onpeut
estimer àpartir
des données de Cronin et al (1986) chez des truiesgravides (0,30 kJ/min/kg P O , 75 ).
Il est par contreplus
élevé que la
première
estimation obtenue par Noblet et al (1989)(0,20 kJ/min/kg pO . 75 ), éga-
lement chez la truie adulte
gravide
mais avecune
approche
moinsrigoureuse.
Commel’indique
le tableau3,
les données obtenues chez la truie sontcomparables
à celles esti- mées chez le porc en croissance par Hornicke (1970) ou McDonald et al (1988). Mais les don- nées de ce tableau montrentégalement
que le coût enénergie
de la station debout est nette- mentplus
élevé chez le porc que pour les autresespèces
considérées.La
production
dechaleur associée à la station debout est en moyenne de 15 kJlmin. Elle
représente
15 %de la
production
totale de chaleur
sur le
nycthémère.
La station debout conduit à un
doublement de la
dépense d’énergie
par
rapport
à celle de l’animal couché.En relation avec les différences de durée de la station debout entre les
truies, AHP,
calcu-lée sur l’ensemble du
nycthémère,
varie de 28à 90
kJ/kg pO , 75 ,
pour une valeur moyenne de 62kJ/kg
pO,75. AHPreprésente
alors en moyen-ne 15% de la
production
de chaleurtotale,
cerapport variant,
selon lesanimaux,
de 8 à 21%(tableau
2). La valeur moyenne durapport
estcomparable
à celle calculée parVerstegen
et al (1987) chez latruie,
mais inférieure à celle estimée par Halter et al (1980) pour des porce- lets. Al’inverse,
elle estplus
faible chez le porcen croissance maintenu dans des conditions similaires (7% selon J. Noblet et
al,
nonpublié).
La
production
de chaleur au repos(RHP),
calculée comme la différence entre laproduc-
tion de chaleur totale et
AHP,
est en moyenne de 340kJ/kg P O , 75 /j, soit,
pour les animaux de notreétude, 13,2
kJ par minute et par truie (tableau 2). Lacomparaison
de ce résultat avecle coût moyen en
énergie
de la station debout(14,9
kJ/min) montre que la stationdebout, comparativement
à laposition couchée,
se tra- duit par un doublement de ladépense
d’éner-gie
de l’animal.La
figure
2 montre que RHP n’est pas constante au cours de lajournée :
la valeur estmaximale et relativement constante
(14,8
kJ/min) au cours desséquences
2 à 11 et décroîtprogressivement
au cours de la nuitpour être minimale à la fin du
nycthémère (11,0
kJ/min). Cette valeur minimale deRHP, équivalente
à environ 290 kJ parkg
pO,75et parjour, peut
être considérée comme unepremière
estimation de la
production
de chaleur aujeûne.
La différence entre RHP(13,2
kJ/minpour les
séquences
2 à 24) et la valeur minima-le de RHP mesurée à la fin du
nycthémère (11,0
kJ/min)peut
être considérée comme uneestimation de l’extra-chaleur d’utilisation de l’EM
ingérée.
Cette différence cumulée surl’ensemble de la
journée
est alorségale
à envi-ron
3,35
MJ parjour,
soit 17% de l’EMingérée
(EMc).Au cours de la
première séquence
du nyc-thémère
qui
inclut le repas, la valeur de RHP est trèssupérieure
à celle calculéependant
les10
séquences
suivantes(22,6
vs14,8
kJ/min).L’écart entre les deux valeurs
(7,8
kJ/min)peut
être considéré comme le coûténergétique
de la
prise
d’aliment et de l’activitéphysique supplémentaire qui
y est associé(figure
2).Pour l’ensemble de la
séquence,
cecireprésente
une
dépense d’énergie
de 156 kJ(7,8
x 20min),
soit environ 100 kJ par
kg
de MSingérée.
Sil’on inclut le coût
énergétique obligatoire
de lastation debout
pendant
le repas(14,9 kJ/min),
le coûténergétique
total de laprise
d’alimentest alors voisin de 450 kJ au cours de la
séquence 1,
soit 285 kJ parkg
de MSingérée
ou 2% de la
quantité
d’EMingérée.
La
production
de chaleur mesurée au-delà de 24 heuresaprès
le repas (niveau 0) n’est pas constante et continue de décroître : la valeur minimale de RHP obtenue entre 40 et 48 heuresaprès
le dernier repas sur les truies de notre étude estégale,
en moyenne, à260
kJ/kg pO ,75/j,
soit 30kJ/kg P O , 75 /j
de moinsque la valeur de RHP mesurée 24 heures
après
un repas.
L’extrapolation
à EMingérée
nullede
l’équation
derégression
entre RHP et EMingérée
(EMc) conduit à une estimation de FHPégalement
voisine de 260kJ/kg O , 75 /j
pour les 6 truies. Cette dernière estimation de FHPa été retenue pour le calcul de TEF (Noblet et al 1993a).
A
partir
des données moyennesprésentées
au tableau
4,
TEFreprésente
alors en moyen-ne 23% de l’EM
ingérée.
En d’autres termes, le rendement d’utilisation(km)
de l’EM pour la couverture desdépenses
d’entretien est de 77%chez le porc.
Mais,
comme le montrent Nobletet al
(1993a),
ce rendement varie avec la com-position
de l’aliment (74 à 81% pour les 14régimes
del’étude).
Ces variations résul- tent de différences de rendement d’utilisation de l’EM des élémentsdigestibles : 100, 80,
70et 60%
respectivement
pour les matières grasses, l’ensemble amidon + sucres, lesmatières azotées et les
parois végétales.
Il fautégalement
noter que les valeurs de TEF ou kmsont
dépendantes
du mode d’estimation de FHP.Ainsi,
dans notreétude, l’adoption
deRHP mesurée 24 heures
après
le repas comme estimation de FHP conduit à une estimation de TEFreprésentant
17% deEMc,
soit une valeur de km voisine de 83%. Cette méthode est d’ailleurscomparable
à celle utilisée en nutri- tion humaine danslaquelle
RHP et TEF sontmesurés successivement à l’issue d’une nuit de
jeûne.
Les différentes
composantes
de laproduc-
tion de chaleur de la truie adulte à l’entretien sont rassemblées au tableau 4. De
façon
résu-mée,
ladépense d’énergie
liée à l’activitéphy- sique représente
en moyenne 15% dutotal,
mais cette
proportion
est variable selon les animaux (tableau 2). L’essentiel (65%) de laproduction
de chaleurprovient
de ladépense énergétique
minimale mesurée chez l’animal àjeun.
L’extra-chaleur associée à l’utilisation de l’EMéquivaut
en moyenne à 19% de laproduc-
tion de chaleur totale ou à 23% de celle mesu-
rée pour un niveau d’activité
physique nulle ;
cette
proportion
estsusceptible
de varier avecla
composition chimique
de l’aliment.A
partir
de nos résultats (Noblet et Shi1993,
Noblet et al1993a),
il estégalement
pos- sible de décrire l’utilisation del’énergie
bruteingérée
par la truie adulte à l’entretien(figure
3). Lespertes d’énergie
au niveau fécalreprésentent
en moyenne 15% del’énergie
brute
ingérée
pour l’ensemble des 14régimes,
cette fraction étant variable avec essentielle- ment la teneur en
parois végétales
de l’ali-ment. La
production
de méthane(1,1%
del’énergie
bruteingérée)
estégalement
fonctiondes
caractéristiques
durégime
et,plus particu- lièrement,
de la teneur enparois végétales dégradables
par fermentation dans le gros intestin. Lespertes d’énergie
dansl’urine,
relativement élevées par rapport au porc en
croissance,
sont à associer àl’important
excèsde
protéines
dans l’aliment (20% parrapport
à laMS),
relativement aux besoins de truies à l’entretien. Conformément audispositif expéri- mental,
laquantité d’énergie
fixée est trèsfaible,
de sorte que laproduction
de chaleurreprésente
unequantité équivalente
à la quan- tité d’EMingérée.
Cette
répartition
del’énergie
bruteingérée
ou de la
production
de chaleurqui
a été mesu-rée dans les conditions de l’entretien sera
notablement modifiée par le niveau d’alimen-
tation,
toute variation de laquantité
d’alimentconsommé à
partir
de cellepermettant
de cou- vrir lesdépenses
d’entretien entraînant unevariation de la
composante
extra-chaleur (environ0,25
kJ par kJ d’EM) et de laquantité d’énergie
fixée(0,75
kJ par kJ d’EM).Conclusions
Les résultats de notre étude ont
permis
dequantifier
les composantes de ladépense
éner-gétique d’entretien,
etplus spécifiquement
lecoût en
énergie
de la station debout chez latruie. Ce dernier
représente
l’essentiel du coûténergétique
de l’activité motrice dans laplu- part
des conditionsd’élevage.
La valeur obte-nue (15
kJ/min) apparait
élevée parrapport
à celle d’autresespèces.
Il en résulte un coûttotal
qui peut représenter jusqu’à
25% de ladépense énergétique
totale chez des truies par- ticulièrement actives(plus
de 400 minutes destation debout par
jour)
et, par voie de consé- quence, une réduction de laquantité d’énergie disponible
pour la constitution des réservescorporelles
chez la truiegravide.
A titre d’illus-tration,
uneaugmentation
de 100 minutes de la durée de la station deboutéquivaut
à unedépense énergétique supplémentaire
de 170 MJsur l’ensemble d’une
gestation
et une diminu-tion concomitante de
3,5 kg
dugain
delipides,
soit 10 à 15% de la masse
adipeuse
totale de la truie.Par
ailleurs,
le moindredépôt
de gras et la réduction de laquantité d’énergie disponible
au-delà de la couverture des
dépenses obliga-
toires d’entretien (et de croissance de l’utérus chez la femelle
gestante)
entraîne une éléva-tion de la
température critique
et desdépenses supplémentaires
dethermorégulation
et, si l’on se réfère aux résultats de Cariolet et Dantzer(1984),
une élévation concomitante de l’activitéphysique.
Cet enchaînement d’événe- mentsplace
l’animal dans un «cercle vicieux»qui,
à luiseul,
rendcompte
dusyndrôme
de la«truie
maigre», qui
a été abondammentdécrit,
ou des écarts de
performances
au sein d’unmême
troupeau.
Une correction desapports
alimentaires doit parconséquent
êtreappli- quée
pourprendre
encompte
ces effets combi- nés etinterdépendants
de l’activitéphysique,
de l’environnement
climatique,
de l’état corpo- rel et du niveau alimentaire chez la truie gra- vide.Une
augmentation
de 100 min de la durée
quotidienne
de station debout
équivaut
à unebaisse de
3,5 kg
dugain
delipides
surl’ensemble d’une
gestation.
Publications originales utilisées
pour
la préparation de
cetarticle
(la
liste des autres référencespeut
être obtenueauprès
desauteurs)
Noblet J., Shi X.S., 1993. Comparative digestibility
of energy and nutrients in growing pigs fed ad
libitum and adult sows fed at maintenance. Livest.
Prod. Sci., 34, 137-152.
Noblet J., Shi X.S., Dubois S., 1993a. Metabolic
utilization of
dietary
energy and nutrients formaintenance energy requirements in sows: basis for
a net energy system. Br. J. Nutr., 70, 407-419.
Noblet J, Shi X.S., Dubois S., 1993b. Energy cost of standing activity in sows. Livest. Prod. Sci., 34, 127- 136.
Summary
Nyctbemeral
variationsof
componentsof
energyexpenditure
inmaintenance fed
adult sows ; impor-tance
of physical activity.
Heat
production (HP,
indirectcalorimetry)
of sixLarge
White ovariectomized sows (mean BW : 208kg), kept individually
in metabolism cages at 24°C and fed once aday
(d) at100, 60
and 0% of their maintenance energy level and theirphysical activity (standing
vslying)
were recorded conti.nuously
over 24 hours after a meal. Each sow wasmeasured 8 to 10 times with 8 to 10 different diets
over the 9 months
experiment.
Data were used toquantify
thecomponents
of HP in maintenance fedsows. On average for the 6 sows, the energy cost of
standing activity
(240 minutes perday)
was14,9
kJ/minstanding,
whichrepresents
15% of totaldaily
HP (400kJ/kg O ,75). Standing activity
occurredonly during
the diurnalpart
of theday. Resting
heat
production
(340kJ/kg O ,75) originated
from fas-ting
heatproduction
(260kJ/kg , 75 )
and the heat increment of metabolizable energy intake. This lastcomponent
is affectedby
the chemical charac- teristics of the diet. Theimportance
of each com-ponent
of HP varies over the 24 hoursperiod
aftera meal. Combined with literature
data,
our resultssuggest
that energyrequirements
andperforman-
ce of
pregnant
sows arehighly dependent
on envi-ronmental conditions and their behaviour.
NOBLET
J.,
SHIX.S.,
DUBOISS.,
1994.Composantes
de la
d6pense 6nerg6tique
au cours dunycthémère
chezla truie adulte a 1’entretien : role de l’activit6
physique.
INRA Prod.