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Directives anticipées au menu
SOMMER, Johanna Maria, PAUTEX, Sophie Marie
SOMMER, Johanna Maria, PAUTEX, Sophie Marie. Directives anticipées au menu. Revue médicale suisse , 2020, vol. 16, no. 679, p. 168
PMID : 31995289
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:136289
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REVUE MÉDICALE SUISSE
WWW.REVMED.CH 29 janvier 2020
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Directives anticipées au menu
SITUATIONS CLINIQUES
Mme P., 94 ans, a une anémie sévère récidivante d’origine peu claire (investigations non conclusives). Elle est très fragile, marche avec un déambulateur et a fait plusieurs chutes à domicile. Sa fille est peu disponible et très angoissée. Elle habite en France et demande régulièrement l’hospitalisation ou le placement, mais la mère, capable de discernement, refuse. Elle bénéficie de soins à domicile trois fois par se- maine pour la toilette.
Mme S., 77 ans, vit à domicile avec son mari, qui souffre d’une maladie d’Alzheimer. Elle est uniquement connue pour une hypertension artérielle traitée et présente une bronchopneu- monie avec certains critères de gravité (hyponatrémie sévère, saturation artérielle en oxygène (SaO2) à l’air ambiant à 91 %), avec une importante asthénie. Elle refuse l’hospitalisation.
Vous êtes en train d’organiser les soins à domicile.
M. A., 67 ans, veuf, souffre d’une BPCO sévère et développe un cancer pulmonaire métastatique échappant au traitement oncologique. Son état général baisse progressivement à domi- cile où il vit seul sans encadrement.
ANTICIPER LES SOINS
Mmes et M. PSA ont des histoires personnelles et médicales très différentes les unes des autres, mais ils sont tous les trois à risques de complications médicales qui vont forcément s’ac- compagner de décisions médicales. Ces dernières devraient être anticipées et discutées en équipes interprofessionnelles avec le patient et ses proches.
C’est l’objectif du projet de soins anticipé (advance care planning), qui est un processus de communication structuré permettant de soutenir une personne dans sa réflexion sur ses préférences et objectifs de soins en anticipation d’une perte de sa capacité de discernement, de discuter de ces préférences et objectifs avec leurs proches, médecins et soignants, de les documenter et de les mettre à jour lorsque cela leur semble approprié. En promouvant les discussions itératives entre patients, proches et professionnels de santé, le projet de soins anticipé ne remplace pas les directives anti- cipées mais les intègre au sein d’un processus plus intégratif et évolutif.
Ce processus ne doit pas seulement nous doter d’un projet précis à utiliser en cas de complications, mais il doit per- mettre aux patients de développer leur aptitude à parler de leurs souhaits, de clarifier la compréhension de leur maladie et des options thérapeutiques, pour que leurs valeurs et croyances soient intégrées dans le projet thérapeutique. Pour certains patients, ce processus va aboutir à la rédaction de directives anticipées, qui sont un document écrit daté et signé par lui-même concernant les soins médicaux souhaités ou non dans une situation donnée, s’il n’est plus capable de communiquer ses souhaits. L’un n’exclut pas l’autre, ni la nomination d’une personne de confiance qui pourra repré- senter les volontés du patient si celui-ci ne peut plus commu- niquer ou participer aux décisions médicales.
Plusieurs études ont démontré que les patients indiquent un gain de clarté par rapport aux informations et documents qui traduisent au mieux leurs préférences. Lorsque le patient est incapable de discernement, ses préférences ont plus de chances d’être respectées, ce qui diminue le risque qu’il soit traité contre son gré. Les proches, médecins et soignants rapportent également un sentiment de contrôle accru.
La mise en place de ce projet de soins anticipé, quelques fois l’accompagnement au processus de rédaction des directives anticipées, demande du temps bien sûr, mais aussi de bien connaître l’équipe interprofessionnelle et ses différents rôles ainsi que l’acquisition de techniques de communication.
Prs JOHANNA SOMMER a et SOPHIE PAUTEX b Rev Med Suisse 2020 ; 16 : 168
a Unité des internistes généralistes et pédiatres, CMU, 1211 Genève 4, b Service de médecine palliative, 11, ch de la Savonnière, 1245 Collonge-Bellerive johanna.sommer@unige.ch | sophie.pautex@hcuge.ch
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