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AU REVOIR ET MERCI, GÉRARD!

Une page se tourne, que dis-je: un chapitre se clôt, dans l'histoire de Pro Fribourg avec le départ de Gérard Bourgarel, fondateur et animateur de notre mouvement. Durant plus de trente ans, il l'a véritablement incarné, assumant toutes les tâches matérielles et les boulots ingrats, et se contentant du titre modeste de secrétaire général. Merci, Gérard.

Ce n'est pas encore le moment de faire son éloge funèbre, Dieu merci. Gérard Bourgarel ne quitte pas ce monde, rien que Fribourg. Il prend une retraite amplement méritée, dans son Midi d'origine, ainsi qu'il l'explique lui-même (lire en page 3). Pour nous, c'est une demi-surprise. Nous pensions qu'il choisirait plutôt Saint-Pétersbourg, haut-lieu s'il en est dans l'histoire de l'autocratie; ou Cracovie, en hommage à son cher Mehoffer. Mais un cli¬

mat plus ensoleillé lui était recommandé. Dans sa bastide provençale, Gérard n'aura plus à se battre contre les moulins à vent, mais pour ceux d'Alphonse Daudet, de Mistral. Et son agitation parfois brouillonne s'apaisera sitôt qu'il aura rejoint lou Ravi parmi les san¬

tons. Gérard, tu as trouvé ta crèche, sois heureux.

Ici, nous ne pourrons jamais t'oublier. Ton œuvre demeure inscrite dans le paysage. L'ex- Eurotel Golden Tulip, le parking des Alpes avec sa coquette sortie paysagée devant l'Albertinum, l'avenue de la Gare sud et le siège de la BCF, la passerelle de la gare routière et le New-Werkhof, demain la route de contournement de Bulle, après-demain le pont de la Poya - sans toi, tous ces projets auraient abouti plus vite et à moindres coûts, certes, mais dans l'indifférence générale. Tu as su en faire des enjeux de lutte, et désormais cha¬

cun de nos concitoyens, devant ces ouvrages, a une pensée pour toi. Amicale ou non, peu importe.

Dans nos institutions politiques, tu laisses une trace de météore, brillante mais inachevée.

Les Fribourgeois qui ont fait de toi un conseiller général puis un député n'ont pas trouvé la force de t'envoyer à Berne. Beaucoup le regrettent. Tu n'auras pas eu le temps de boucler une trajectoire idéologique parfaite. Tu as milité chez les chrétiens-sociaux, puis chez les vertEs alliés aux socialistes, puis dans le cadre d'une liste citoyenne, mais on t'at¬

tend sans espoir au PDC et on n'ose plus t'espérer chez les radicaux. Désormais, il y aura deux sortes de partis politiques à Fribourg, ceux qui t'auront compté dans leurs rangs et les autres.

Pro Fribourg rendra un hommage officiel à Gérard Bourgarel ce printemps, au cours d'une assemblée générale extraordinaire (voir en page 6) où nous débattrons de l'avenir du mouvement. Car Pro Fribourg continue! D'ailleurs, s'il n'en avait pas la certitude, Gérard ne démissionnerait jamais.

Jean-Luc Rime, président

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SOMMAIRE

LE DÉPART DE GÉRARD BOURGAREL

Jean-Luc Rime Edito: Au revoir Gérard 1 Gérard Bourgarel Place aux vieux! 3 L'ère Bourgarel: souvenirs, jugements, témoignages 4 Claude Schorderet ... Mais la caravane passe!

Claude Masset Et maintenant, que vais-je faire Stina Stadelmann Mon meilleur ennemi Etienne Chatton Un seul mot: fantastique Convocation à une AG extraordinaire 6 DOSSIER: FRIBOURG-UV-MÉDIÉVALE

Le défi médiéval 7 Christophe Wahlenspach Recréer l'unité du décor urbain: le projet Gothen Tulip 8 Jean Steinauer Retrouver une mentalité d'entrepreneurs 13 Philippe Patek Réaménager le temps de travail 14 Aloys Laufer Heaume, sweet heaume: perspectives artisanales 15 Jean Steinauer Restaurer la restauration: 18 Augustin Macheret Tribune: pour une promotion résolue du bilinguisme 20

Formulaires d'inscription

pour les Semaines médiévales 2002 24 Sans-papiers, suite: vos réactions, nos réponses 26 Gérard Bourgarel Ben Laden, la connexion fribourgeoise 27 Joseph Schorderet La Liberté retrouve le droit chemin 30 Christa Mutter On décrochera les anneaux 32 Placide Gachet Gâchette facile 34 Document: Fribourg dans le Patrimoine mondial? 35 Merci à Gustave Doré (pas Doret) pour les illustrations.

PRO FRIBOURG, MÉANDRE ÉDITIONS, Stalden 14, 1700 Fribourg ISSN 0256-1476 IMPRESSUM

PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 Fax 026 323 23 87 Tirage 3 700 exemplaires

Conditions d'abonnement

Ordinaire Fr. 48.-

De soutien Fr. 80.-

Réduite (Avs. étudiants, apprentis) Fr. 38.-

Imprimatur Saint-Paul, Fribourg

Prix: Fr. 12.- € 8.-

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Si j'ose ce cri du cœur, c'est au moment précis où je transfère mes pénates dans mon pays d'origine, la Provence. Et je ne quitte pas la froidure fribourgeoise pour le soleil du Midi sans raisons. La France reste un pays où les vieux gardent toutes leurs chances:

voyez Giscard d'Estaing I En pleine europhorie, je me découvre un nouvel avenir.

Regardons maintenant la réalité fribourgeoise en face: à 65 ans, 70 au maximum, on est éjecté. Et pourtant, la leçon des élections préfectorales en Gruyère est d'une clarté aveu¬

glante.

A l'évidence, si Placide Meyer avait pu se représenter, il aurait fait un score de 95%, il n'y aurait eu que quelques hurluberlus ou analphabètes pour ne pas déposer le bon bulletin dans l'urne. A preuve: parmi les quatre candidats briguant sa succession, pas un seul ne prétendait faire mieux que lui! Au contraire, ils étaient tous les quatre à chanter ses louan¬

ges et à revendiquer son héritage.

Voyez l'affligeant résultat: une Gruyère fragmentée, écartelée, dissociée, l'Intyamon faisant bloc derrière Yves Menoud, la Basse-Gruyère unie derrière Ropraz. Et le pire, alors qu'on s'acheminait vers une fusion entre Bulle et La Tour, une cassure nette au niveau de la Trême. On se croirait au Kosovo, à Mitrovica... Combien d'années faudra-t-il pour res¬

souder cette Gruyère, pourtant si foncièrement unanimiste? Devrons-nous attendre dix ans pour que la route de contournement permette d'éviter l'obstacle?

Et à Fribourg, qui n'a pas la nostalgie de Ferdinand Masset, toujours alerte? Est-ce que vraiment son fils le remplace? Un Bourgkecht peut-il faire oublier un autre Bourgknecht, et même deux? Oublions les socialistes, qui n'ont jamais eu le culte du Père (voyez le sort de Denis Clerc ou de Félicien Morell): quand ils s'y essaient, comme pour Claude Grandjean, ils reculent à coup sûr.

Il y a toujours Dominique de Buman, me direz-vous. C'est vrai. Je l'ai connu jeune loup, et trente ans après il a encore une belle vieillesse devant lui.

Cela, au moins, me console.

Gérard Bourgarel

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L'ÈRE BOURGAREL:

SOUVENIRS, JUGEMENTS, TÉMOIGNAGES

...Mais la caravane passe!

Je dois rendre cet hommage à Gérard Bourgarel: il ne m'a jamais vraiment gêné.

J'ai souvent entendu mon prédécesseur et mon successeur, ou mes collègues du Conseil communal, se plaindre de lui, de son esprit négatif et procédurier, de sa démago¬

gie électorale. C'est de la pure mauvaise foi.

En réalité, il nous a constamment rendu ser¬

vice. Tout le monde savait bien, à l'Edilité notamment, qu'on pouvait courber les concours et bâcler les projets ; il y aurait tou¬

jours un recours ou un referendum de Pro Fribourg pour nous permettre de corriger le tir.

Moi-même, personnellement, quand j'étais syndic, j'ai pu bricoler la ville à mon aise, ou à peu près, en fonction de ce que souhai¬

taient les entrepreneurs et les architectes.

Mais toujours dans le souci exclusif du bien public, et ce n'est pas Jean-Luc Nordmann qui me contredira! Ni Serge Charrière. Ni Jürg Stäubli. Je pourrais citer encore des dizaines de noms à propos desquels nous avons eu parfois, Bourgarel et moi, de cour¬

toises divergences, mais sans que la mar¬

che du progrès en soit ralentie. Comme dit le proverbe: les opposants grondent, mais la caravane passe!

Mes relations avec Bourgarel se sont d'ailleurs améliorées au fil du temps. J'ai appris à connaître le conseiller général, puis le député, puis le client de la Banque can¬

tonale. Un jour, j'en suis sûr, nous serons copains. J'irai le voir en Provence, nous prendrons le pastis, il m'apprendra la pétanque et je lui enseignerai le golf.

Claude Schorderet, Ancien syndic de Fribourg, Président de la BCF

Et maintenant, que vais-je faire?

Funeste fin d'année 2001! J'ai appris le départ de Gérard Bourgarel en même temps que le décès de Gilbert Bécaud. Et maintenant, que vais-je faire?

L'Edilité possède un organigramme simple, qui a fonctionné efficacement jusqu'ici, avec l'ingénieur de ville Philippe Dreyer:

c'est lui qui dessine, c'est le syndic qui décide, moi je signe où et comme on me dit (en toutes lettres pour les préavis à l'Etat, mais rien que mes initiales pour «1700», Dominique est contre le culte de la person¬

nalité chez les membres du Conseil), puis c'est la réaction de Pro Fribourg qui m'in¬

forme, a posteriori, du sens et de la portée de la décision prise.

Quand je veux savoir si j'ai fait une conne- rie, il me suffit donc de lire le bulletin de Pro Fribourg. Parce qu'autour de moi, à l'Edilité, personne n'ose rien me dire. En un sens, c'est normal, ce sont mes employés, et s'ils pouvaient critiquer mes décisions je n'aurais plus aucune autorité, déjà que je n'ai pas beaucoup de compétences, qu'est-ce qu'il resterait?

Avec le départ de Bourgarel, mon repère a disparu. Et maintenant, que vais-je faire?

Comment savoir si je dois paver ou dépaver la place Nova-Friburgo, ouvrir ou fermer la circulation au centre-ville, reconstruire ou démolir le mur de soutènement du Varis?

Est-ce que le préfet Deiss va se montrer capable de remplacer Gérard Bourgarel, et de voir mes conneries avant de les sanc¬

tionner?

Claude Masset

Conseiller communal, Directeur de l'Edilité

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Mon meilleur ennemi

Avec Gérard, ça a tout de suite été le coup de foudre. Quand il a débarqué en bas la Basse, d'abord je me suis dit: «Stina, fais gaffe. Ce type vient de Genève, il doit connaître des trucs que tu sais pas.»

D'autant que chez nous, à l'époque on commençait tout juste à spéculer. On n'é¬

tait pas encore vraiment formé. Les juges non plus, d'ailleurs. Tout était encore ama¬

teur, en l'Auge, même Gottéron. Alors, lui, avec sa Mercedes à plaques GE, forcé¬

ment, ça nous impressionnait. Mais j'ai vite compris que j'avais trouvé mon partenaire- adversaire au Monopoly.

De Dieu, les parties qu'on a fait!

Ainterminables. Il achetait à la Samaritaine?

Hop! Je raflais Derrière-les-Jardins, la moitié de la rue d'Or et un bout du Petit-Saint-Jean.

Il faisait mine de remonter la Grand-Rue?

Crac, je verrouillais en achetant la rue des Epouses et le Pont-Muré. Faut dire que j'é¬

tais verni. J'ai pu jouer des années avant de tomber sur la case «Allez en prison sans pas¬

ser par le start». Moi, je tirais toujours des cartes du genre: «Vous expulsez une famille nombreuse pour aménager des studios, vous gagnez un million», ou bien: «Pour payer un dessous-de-table, la Banque vous verse 500'000 francs.» Gérard avait moins de pot. Il a quand même fini par m'avoir. Je lui en veux pas.

Arnold Stadelmann Ancien habitant de l'Auge, Promoteur immobilier Un seul mot: fantastique

Je dois une grande reconnaissance à Gérard Bourgarel. Quand je l'ai connu, j'é¬

tais conservateur des Monuments histo¬

riques (appellation d'époque, aujourd'hui

on dit: Patrimoine), un poste que je ne sou¬

haite à personne. Gérard, lui, organisait Pro Fribourg non pas comme une amicale d'a¬

mateurs de vieilles pierres, mais pour en faire un mouvement de sauvegarde. Autant dire qu'il me faisait concurrence. Pour moi, la lutte était perdue d'avance, il avait l'avan¬

tage de n'être mandaté par personne, j'a¬

vais le handicap d'être fonctionnaire d'Etat.

J'ai failli renoncer, demander ma mutation comme garde-chasse, inspecteur scolaire ou taxateur fiscal.

Mais j'ai vite compris que ce type était une vraie Providence pour moi. Rien ne lui échappait. Qu'on démolisse une église, qu'on repeigne la façade d'un pissoir public ou qu'on remplace des tuiles plates par des rondes sur le toit d'un entrepôt, sans perdre une seconde il ameutait la planète, tenait conférence de presse, lançait une pétition et rédigeait un cahier spécial de sa revue pour pleurer sur l'église, faire crépir le pissoir et réclamer une étude historique fouillée de la couverture du hangar. En somme, il faisait mon boulot. Après quelques années, je lui ai donc proposé ma place. Il m'a répondu: «Tu me vois travailler sous Marius Cottier?» Je ne pouvais pas lui donner tort.

Il a continué de plus belle. Moi, du coup, restant à l'Etat, j'ai pu consacrer tout mon temps et toute mon énergie créatrice à mon hobby, à ma passion: l'ésotérisme. En ce sens je peux dire que, sans Gérard, je n'au¬

rais jamais rien compris au tarot de Marseille, aux prophéties de Nostradamus et à l'astrologie. Je ne me serais pas dirigé vers l'art fantastique. Et le château de Gruyères serait bien triste aujourd'hui. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il expose¬

rait. Des crèches, tiens, pour attirer des visi¬

teurs. Misère!

Etienne Chatton

Ancien conservateur des Monuments

et du château de Gruyères

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INVITATION À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE DE PRO FRIBOURG

lundi 1

er

avril 2002 à 20 heures

à la Grenette, place Notre-Dame, à Fribourg

ORDRE DU JOUR

• Fixation de la cotisation supplémentaire spéciale

de soutien à Expo 02 Ça va durer encore

longtemps?

• Programmation des recours contre le Conseil communal de Fribourg

• Hommage à Gérard Bourgarel

• Election d'un nouveau secrétaire général

• Divers

A partir de 18 h 15, un apéritif et un repas nous réuniront avec les participants à la table ronde au réfectoire du Couvent des Cordeliers, proche de la Grenette. Prière de s'annoncer à notre secrétariat.

Les candidats-dates au poste de secrétairE général(e)

sont prié-e-s de s'inscrire auprès du président Jean-Luc Rime jusqu'au jeudi 28 février 2002, à midi, le cachet de La Poste faisant foi.

Adresser toute correspondance au secrétariat : Stalden 14,1700 Fribourg

(tél. 026 322 17 40 ou 026 424 76 65, fax 026 323 23 87).

Dès 20 h 30, table ronde et discussion sur le thème:

PRO FRIBOURG,

ÇA VA DURER ENCORE LONGTEMPS?

Bilan et perspective d'un mouvement de sauvegarde et réflexion sur sa fonc¬

tion civique: Pro Fribourg doit-il être le caillou dans les rouages de la

Commune, le grain de sable dans la chaussure du syndic, ou la goutte d'eau

qui met le feu aux poudres dans l'isoloir?

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DOSSIER: LE DÉFI MÉDIÉVAL

Pro Fribourg soutient résolument le projet de «Semaines médiévales» initié l'été dernier par M. Georges Rhally et relayé par l'Office du tourisme. Il n'est certes pas dans les habitu¬

des de notre mouvement de louer les architectes locaux, ni d'encenser la Commune, mais quand une initiative est bonne et que les autorités de la Ville l'appuient, pourquoi bouder notre plaisir?

De nouvelles Semaines auront lieu cette année, avec un programme enrichi et sur un calendrier étendu, dans l'idée de capter une partie du flux des visiteurs attirés à Morat par Expo 02. C'est bien. Mais il faut voir plus large que l'animation des vieux quartiers, et à plus long terme que la prochaine saison estivale. Non pas dans l'idée de créer un parc médiéval aux portes de Fribourg, comme on en rêve à Moudon, avec un spectacle comme au Puy-du-Fou! Non, c'est notre ville tout entière qui doit relever le défi médiéval, et durant toute l'année, pour retrouver son identité profonde et se profiler en leader sur le créneau du tourisme historique en Suisse. Gonzague de Reynold le disait déjà: si Fribourg ne redevient pas gothique, elle ne sera jamais moderne.

Un formidable chantier s'ouvre devant nous. Qu'on pense à l'urbanisme, à l'architecture, à la création culturelle, mais encore à la gestion d'une énorme logistique et aux retombées économiques! Le dossier de ce numéro inventorie les enjeux, les conditions et les pro¬

messes d'une telle entreprise, qu'il s'agit de conduire dans le sens d'un développement durable.

Pro Fribourg

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RECRÉER L'UNITÉ DU DÉCOR URBAIN:

LE PROJET «GOTHEN TULIP»

Entretien avec l'architecte Miet van Brijsle La médiévalisation de l'ex-Eurotel, aujourd'hui Golden Tulip, n'est pas le caprice d'une star de l'architecture contemporaine, mais le premier pas d'une démarche globale rigoureuse vers la restitution à la ville de Fribourg d'un sky line gothique assumé. Entretien avec Miet van Brijsle, l'architecte hollandais qui conduit ce pro¬

jet pour la société propriétaire de la tour des Grand'Places. Les croquis illustrant le texte sont de la main même de l'architecte.

Quel a été le point de départ de votre réflexion?

Sur le plan général, je dirais: théorique, la Déclaration de Venise invite l'archi¬

tecte qui intervient en milieu ancien à ne faire que des gestes identifiables, réver¬

sibles, et si possible contrastants.

L'application de ces principes au site de Fribourg posait un problème particulier du fait qu'à la basse ville ancienne, absolument admirable, se juxtapose depuis le XX

e

siècle une ville haute banale et prétentieuse, dont le bâtiment de l'Eurotel-Golden Tulip est fâcheuse¬

ment emblématique. Ce building, straté- giquement situé à l'articulation du péri¬

mètre historique et des quartiers moder¬

nes, est malheureusement visible depuis la basse ville; et comme l'a souvent déploré le Prof. Mörsch, qui fut l'un de mes maîtres à l'EPFZ, il porte atteinte à son intégrité visuelle.

Une atteinte irrémédiable?

Dieu merci, non. C'est précisément le but de mon projet que de réparer le sky line de Fribourg et de recréer l'unité gothique du décor urbain. Celui-ci est surdéterminé par deux figures saillantes, d'aucuns de mes confrères diraient assurément: phalliques, la tour de Saint- Nicolas et celle du Golden Tulip. L'une fait la gloire de la cité, l'autre sa honte.

Quand on se réfère à la matrice esthé¬

tique de la ville, c'est-à-dire au plan

Martini de 1606, on voit bien que la pre¬

mière appelait la seconde comme un complément nécessaire. Il faut donc tra¬

vailler sur celle-ci, et d'une certaine façon relooker l'ex-Eurotel, en modifiant d'abord son nom en Gothen Tulip, afin de remettre Saint-Nicolas dans un envi¬

ronnement visuel correctement pensé.

En somme, vous proposez de dépas¬

ser le régionalisme critique à l'hon¬

neur dans les années 1980?

Il faut accéder maintenant au stade que j'appelle le patrimonialisme constructif.

Simplement dit: la protection du patri¬

moine étant chose acquise aujourd'hui,

* VIA )à

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nous devons passer d'une démarche défensive (toujours un peu suspecte de conservatisme, évidemment) à une démarche offensive, en nous efforçant d'inscrire les erreurs récentes parmi les valeurs dignes de protection.

Patrimonialiser les ratés, si vous voulez.

C'est le sens de votre projet pour les Grand'Places?

Exactement. Il s'agit de corriger le profil du Golden Tulip tel qu'il apparaît depuis la basse ville. Une mesure ponctuelle, certes, mais à forte charge symbolique puisqu'elle s'inscrit dans l'image matri¬

cielle de la ville, comme on l'a vu. Une mesure qui vise à produire dans la plus stricte économie des moyens un effet plastique, je dirais: gestaltique, maximal.

- Pouvez-vous décrire en quelques mots l'articulation générale du pro¬

jet?

- La contrainte visuelle, c'est que le projet

doit fonctionner à toute heure, et par

tous les temps. J'ai donc conçu un

mode de jour et un autre pour la nuit et

le brouillard. Le dispositif se compose

de quatre poutres triangulées disposées

aux angles O, S et E du bâti. Leur

déploiement fait irrésistiblement lire la

tour des Grand'Places comme la jumelle

de la tour de Saint-Nicolas*, ainsi qu'on

le voit sur mon croquis. Leur géométrie

s'inspire de la coupe des contreforts qui

flanquent les cathédrales gothiques, car

le système statique travaille sur les

mêmes principes que ceux définis aux

XII

e

et XIII

e

siècles par Eustache de

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Beauvais, Roger de Cantorbery et leurs continuateurs. Mais ces shoulding bows, ou arcboutants comme vous dites en français je crois, s'expriment dans un langage formel tout-à-fait contemporain. Il s'agit de retrouver l'esprit du gothique, non pas d'en paro¬

dier le vocabulaire. Mon croquis explicite cette intention.

Vous avez tout de même prévu des ornements, des gargouilles, des clo¬

chetons, des pinacles...

Si, mais attention! Je me défends de tout geste formel gratuit! Au temps des cathédrales, ces pinacles avaient pour fonction d'équilibrer par une pression verticale la force s'exerçant obliquement sur les arcboutants. Avec mon système et mes matériaux, ce n'est plus néces¬

saire; mais il fallait trouver une autre

fonction, car les arêtes d'un hôtel aujourd'hui méritent la même richesse formelle que celles d'une cathédrale autrefois. Dans mes pinacles, j'ai donc logé des antennes de téléphonie mobile.

Puisque vous en venez à parler tech¬

nique, ne vous pose-t-on pas de questions sur la fiabilité du système, du point de vue constructif?

Ces questions ont trouvé leurs répon¬

ses. Les arcboutants seront réalisés dans un alliage acier-titane renforcé de carbone, assez comparable à celui des mâts des grands multicoques de com¬

pétition. Ils seront ancrés à cinq niveaux dans la façade par des tirants en alliage spécial, éventuellement reliés par des haubans entrecroisés. Les calculs théo¬

riques et les essais sur maquette en soufflerie ont donné des résultats posi-

Christoph Wahlenspach

est prêt à rompre une

lance pour ce projet

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tifs. Au demeurant, il s'agit en quelque sorte de l'extrapolation, certes nouvelle et hardie, d'un concept bien utilisé déjà par Jean Nouvel pour la Fondation Cartier à Paris (boulevard Raspail) ou le Palais de Justice de Nantes: la façade qui se projette au-delà du bâti.

Mais cette façade, comment la réali- sez-vous?

Entre les quatre piliers arcboutants, je tends un voile en fibre composite trans¬

lucide, comme ceux que nous avons uti¬

lisés avec Rem Koolhaas sur la gare TGV de Lille-Europe. Et là, nous tom¬

bons sur mon double dispositif. De jour, ce voile fonctionne comme un rideau qui égalise et tamise la lumière sans gêner la vue sur les Préalpes qu'on a de l'inté¬

rieur du bâtiment. De nuit, il devient opaque et fonctionne comme un écran, sur lequel des images sont projetées à l'aide d'un faisceau laser.

Depuis où?

Depuis la chapelle Saint-Josse, sur les flancs de Montorge, exactement en face au même niveau, je l'ai noté sur le cro¬

quis de situation. Pour le Néerlandais que je suis, c'est fascinant, cette topo¬

graphie tourmentée de Fribourg, avec les ressources qu'elle offre! Comme si les constructeurs de la chapelle avaient prévu mon intervention plus de trois siè¬

cles à l'avance, ils ont ménagé trois ori¬

fices dans la façade. C'est là qu'on installera la cabine du projectionniste.

Et qu'est-ce qu'on projettera?

Des images en boucle, reproduisant opti¬

quement la granulométrie d'une façade gothique en molasse. En molasse fribour- geoise, évidemment; je me réfère toujours au matériau local, en quoi je diverge d'a¬

vec Rem. Mais on pourra projeter aussi en alternance des messages publicitaires ou culturels, des informations communa¬

les se déroulant en continu, et même des décors virtuels spécialement conçus pour les fêtes ou les events comme Noël, l'ar¬

rivée d'une classique cycliste, le mariage

du bourgmestre, que sais-je?

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UNE STAR MODESTE

A 58 ans, Miet van Brijsle poursuit une œuvre toute de rigueur et d'inventivité, loin de l'agitation mondaine et du tapage médiatique si prisés par d'au¬

tres stars de l'architecture. Ce natif d'Arnehm, longtemps associé à son compatriote Rem Koolhaas, partage aujourd'hui son temps entre son bureau de Londres et la charge de cours qu'il exerce à l'université de Columbia (NY).

Parmi ses plus récentes réalisations, la gare de triage de Cracovie, une com¬

mande de la BERD, lui a valu le Prix de la triennale d'architecture de Yokohama. Il a synthétisé ses concep¬

tions théoriques sous la forme d'un manifeste: Archeo-tecture (Harvard University Press, 1987). Sur l'ensemble de son œuvre, on peut lire: Jack Pilett, Miet van Brijsle. Towns, towers and sky lines (Simon & Schuster, NY, 1998).

- Vous ne craignez pas le reproche d'ê¬

tre kitsch?

- Non, pas du tout, car mes moyens techniques sont très contemporains, et l'intention se situe dans une ligne tout à fait classique. Les Fribourgeois éclairent leurs falaises et leurs principaux monu¬

ments durant la nuit, c'est d'ailleurs ainsi qu'on prend le mieux conscience du sky line de la cité, avec ces formes flottantes qui émergent de l'obscurité. Donc, dès lors que le nouveau Tulip est réintégré de plein droit dans le visuel gothique de la cité, et qu'il entre en dialogue de plain pied avec la tour jumelle de Saint- Nicolas*, il convient de l'éclairer aussi.

Je crois que cela a été bien compris par la Commission fédérale, qui suit avec intérêt le développement de mon projet, et qu'elle donnera bientôt un préavis favorable, d'autant que l'étude prélimi¬

naire d'impact effectuée par Urbaplan va dans un sens positif.

* Entretien réalisé avant l'attentat du 11 septembre 2001 contre les Twin Towers.

© Miet van Brijsle et Pro Fribourg, janvier 2002

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RETROUVER UNE MENTALITÉ D'ENTREPRENEURS

L'aventure de Fribourg-la-Médiévale recèle aussi des enjeux qui, pour être immatériels, n'en sont pas moins essentiels. Au premier rang d'entre eux figure la réhabilitation de l'esprit d'entreprise.

Car il y a trop longtemps que l'on roupille, dans cette ville! Depuis la création du Funiculaire, il y a plus de cent ans, aucun projet n'a été capable de s'inscrire dans le pay¬

sage urbain avec force et culot, tout en mobilisant l'imaginaire collectif et en rassemblant la population.

Chez nous, quand par exception un grand geste architectural se déploie, comme à la cité universitaire de Miséricorde, la population est absente ou indifférente. Et quand la popu¬

lation vibre avec intensité, c'est pour célébrer un enterrement : voir l'abbé Bovet, Jo Siffert, Jean Tinguely. Ou bien, à peine moins triste, c'est pour conjurer une disparition: voir la brasserie du Cardinal. Mais dans tous les cas, il ne s'agit que d'une réaction purement émotionnelle, sans rien à la clef de concret, de tangible, de durable.

Avec la promotion de Fribourg-la-Médiévale, au contraire, la ville entière va pouvoir repren¬

dre confiance en elle-même tout en agissant réellement sur son décor et son aménage¬

ment. C'est en remodelant leur cadre de vie que ses habitants vont retrouver la mentalité des premiers artisans de la prospérité, les tanneurs et les drapiers du Moyen Age, qui ont bâti la cité et dressé la tour de Saint-Nicolas sur le promontoire du Bourg.

Il est vrai que ces pionniers ne se laissaient pas arrêter par des conflits d'intérêts micro¬

scopiques et des procédures tâtillonnes. Leur exemple doit nous inspirer dans la re- médiévalisation de Fribourg.

Assez d'arguties, d'objections, de réserves et de restrictions: place à l'enthousiasme!

Assez de recours, de pétitions, de référendums: place à l'unanimité!

Et puisque le Conseil communal entreprend de remettre la ville à l'heure des chevaliers, des bannerets et des corporations, que chacun retrouve aussi l'esprit d'entreprise et la fièvre d'activité qui animaient les citadins au Moyen Age.

Dans une stricte discipline et dans l'obéissance à nos autorités, naturellement. C'est le

Moyen Age qu'il faut recréer en ville, pas le bordel. Pro Fribourg, pour sa part, s'y

emploiera sans faiblir.

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REAMENAGER

LE TEMPS DE TRAVAIL

par Philippe Patek Au Moyen Age, le temps était principale¬

ment régi par la nature et par l'Eglise.

L'ensoleillement fixait la durée du travail, la cloche des offices en rythmait l'écoulement, et le calendrier liturgique déterminait les jours ouvrables. Pour recréer ces condi¬

tions dans Fribourg-la-Médiévale, l'accord des partenaires sociaux s'avère indispensa¬

ble.

Il faut donc se réjouir que des pourparlers aient été engagés sous l'égide et à l'invita¬

tion de la Commune, même si de sérieuses divergences existent encore, entre les milieux des arts et métiers particulièrement (Union patronale) et les organisations syndi¬

cales, elles-mêmes divisées. «On ne peut pas faire n'importe quoi sous prétexte de plaire aux touristes!» s'insurge par exemple Jean Kunz, secrétaire romand de Comédia (secteur de la cartonnerie). Du côté de Syna, en revanche, pas de réticences, comme nous l'a confirmé la présidente Nathalie Frieden: «Tout ce qui fait retour au Moyen Age chrétien est salutaire pour les travailleurs.»

Un premier problème a surgi du fait que l'é¬

dition 2002 des Semaines médiévales se déroulera, pour des raisons touristiques évi¬

dentes, durant les mois de plus grand ensoleillement, où les journées sont les plus longues. Considérant que les hommes du XXI

e

siècle ne travaillent plus, en général, sur leur lieu d'habitation; qu'ils consacrent davantage de temps que leurs ancêtres à la toilette matinale; et qu'ils ont l'habitude de prendre l'apéritif le soir, le projet d'accord prévoit que le travail commencera 90 minu¬

tes après le lever du soleil, et finira une heure tout juste avant son coucher. Ce qui laisse quand même, au gros de l'été, des journées de 14 à 15 heures, une durée que certains syndicalistes auraient parfois ten¬

dance à trouver peut-être excessive.

L'annualisation du temps de travail fournirait

certes une solution par¬

tielle à ce problème, mais elle n'a pas que des parti¬

sans chez les représen¬

tants des salariés.

Par ailleurs, ceux-ci ne sont pas convaincus par le retour au système médiéval des congés. Un jour sur trois étant férié pour cause de solennité religieuse, avec des ponts nombreux (par exemple

du jeudi de la Fête-Dieu au jeudi dans l'oc¬

tave de la Fête-Dieu, soit une semaine entière, mais comportant seulement deux jours avec office et procession), le projet prévoit à titre expérimental, en 2002, l'abo¬

lition des vacances. Dans les secteurs où la main d'œuvre féminine est particulièrement nombreuse (vente, hôtellerie, santé), cela poserait aussi des problèmes aux familles pour la garde des gosses, car les vacances scolaires seront semble-t-il maintenues, à la demande expresse du corps enseignant.

Un dernier point d'achoppement consiste dans la fiabilité des instruments de mesure du temps agréés dans le cadre de Fribourg-la-Médiévale: les cloches et les cadrans solaires. Pour les cloches, qui sont à peu près toutes électrifiées, les syndicats exigent une minuterie plus précise, et sur¬

tout mieux synchronisée; cette revendica¬

tion devrait pouvoir être satisfaite. Le pro¬

blème se complique avec les cadrans solai¬

res, qui ne fonctionnent évidemment pas par temps couvert. L'Office du tourisme, c'est-à-dire la Commune, devrait ici faire un geste de bonne volonté en autorisant, les jours de pluie, la remise en marche de l'hor¬

loge de la gare et de celle de l'Albertinum.

Quant au port individuel d'une montre,

selon le syndic de Buman, il devrait être

autorisé avec des manches longues.

(17)

HEAUME, SWEET HEAUME...

PERSPECTIVES ARTISANALES

par Aloys Laufer En tant qu'historien de l'art attaché au

Service du patrimoine, je suis bien placé pour affirmer que les retombées de Fribourg- , la-Médiévale ne bénéficieront pas seulement j à la branche du tourisme, mais à l'ensemble des entreprises locales, à commencer par le secteur de l'artisanat. D'où l'intérêt justifié que portent à cette opération les responsa¬

bles de la promotion économique pour l'ag¬

glomération, et ceux de la formation profes¬

sionnelle (Ecole des métiers).

A cet égard, l'exemple de l'éclairage est des plus éclairants. Sur la voie publique et dans les intérieurs privés, le remplacement des luminaires actuels par des objets d'al¬

lure moyennâgeuse - porte-torches, can¬

délabres, bougeoirs, etc. - va procurer un fort volume de commandes aux forgerons d'art, mais également aux serruriers et aux sous-traitants des ateliers de mécanique:

décolletage, soudure, traitements de sur¬

face. Les perspectives d'emploi ainsi ouver¬

tes ont de quoi rassurer les corps de métier touchés négativement par la re-médiévali- sation, comme les électriciens, les mécani¬

ciens sur auto et les carrossiers. Mais ce n'est pas tout! Car qui dit chandelier dit bougie. La ville de Fribourg, autrefois si active dans la production des cierges, peut trouver l'occasion de ranimer une industrie qui a souffert du déclin de la piété populaire autant que de l'essor des lampes halogè¬

nes. Et qui dit cierge dit cire! A très court terme, déjà, un effet d'entraînement se manifestera sur nos apiculteurs, qui verront leur intérêt à stimuler la production des ruchers.

On pourrait développer cet exemple en appliquant le raisonnement à la production des nombreux objets en métal qui sont de première nécessité dans un contexte médiéval, c'est-à-dire d'un usage quotidien et d'un prix abordable, tels que clepsydres, bénitiers de voyage, crémaillères pour l'âtre Avec

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Fin-de-la-Croix 22 - 1762 Givisiez (Suisse)

(18)

et ceintures de chasteté. Mais il existe une autre manière de suggérer l'impact de Fribourg-la-Médiévale sur l'emploi dans les PME artisanales et industrielles, c'est d'in¬

ventorier tous les maîtres d'Etat, tous les hommes de métier, tous les spécialistes nécessaires à l'équipement d'un seul che¬

valier pour le tournoi. Soit, dans le désordre et sans souci d'exhaustivité:

- un armurier (pour le heaume, les gante¬

lets, l'épée, etc.)

- une tricoteuse sur métal (pour la cotte de mailles)

- une modiste (pour le plumet du heaume) - un héraldiste (pour composer les armoi¬

ries figurant sur l'écu)

- un ébéniste (pour la lance de tournoi, obligatoirement en frêne)

- un sellier-bourrelier (pour la selle, les rênes et le caparaçon du cheval) - un maréchal ferrant (pour le cheval

aussi)

- deux porteurs (pour hisser le chevalier sur le cheval)

- un héraut d'armes (pour guider le che¬

valier dans la circulation jusqu'à la lice, son champ de vision étant étroitement limité par le heaume).

Et ce bref aperçu ne porte que sur une seule activité chevaleresque, le tournoi, plu¬

tôt rare au demeurant!

Que l'on songe, d'autre part, à la structure de l'artisanat au Moyen Age, et l'on com¬

prendra vite que derrière le maître-armurier se profilent deux ou trois compagnons, un apprenti, l'homme de peine qui actionne le soufflet de la forge, le livreur de fagots qui entretient le feu, le tavernier qui lui apporte des rafraîchissements et le chapelain qui bénit le travail. Dès lors, en imaginant la joyeuse animation qui aura cours dans les échoppes et les boutiques des artisans lors des Semaines médiévales 2002, il faut son¬

ger que tout ce monde travaille, produit,

augmente la richesse nationale et, finale¬

ment, paie des impôts.

On pourrait objecter que les activités médiévales sont d'un faible intérêt techno¬

logique, peu innovantes et de ce fait peu motivantes pour la jeunesse. En apparence, oui, mais en apparence seulement! En réalité, avant de passer au stade de la pro¬

duction réelle, la maîtrise des outils virtuels permet de concevoir produits et process de fabrication, de réaliser des simulations en 3D et de paramétrer les conditions de com¬

mercialisation. Une hallebarde ou une poêle à frire élaborée avec de telles méthodes n'a plus grand chose à voir avec l'objet ancien, grossier, approximatif qu'elle reproduit; le travail de l'artisan non plus. Nous n'avons quand même pas fait les frais d'une HES- EIA pour que nos jeunes apprennent à pro¬

duire comme au Moyen Age!

Enfin, je voudrais attirer l'attention sur le sec¬

teur textile-mercerie-vêtement, qui sera sans doute le principal bénéficiaire de Fribourg-la- Médiévale. Car il s'agira, en quelques mois, d'habiller entre 12 000 et 15 000 figurants, c'est-à-dire de confectionner (avec les tenues de rechange et les pièces de rempla¬

cement) entre 25 000 et 30 000 costumes médiévaux. Et en plein été! Soit le remplace¬

ment d'un standard minimaliste (slip, short, T-shirt et tongues) par un ensemble com¬

plexe: haut-de-chausses, pourpoint, robe ou tunique et chaperon pour les hommes, jupons, robe, surcot, manteau, hennin à voile pour les dames, le tout à manches longues bien sûr, et souliers à poulaine pour tout le monde. C'est un formidable appel d'air pour les fournisseurs, de quoi doper le commerce et la confection.

Mais quelle aubaine aussi, et quel champ de travail stimulant, pour les stylistes, les bijoutiers, les coiffeurs! Oyez, oyez, bonnes gens: les Semaines médiévales seront cel¬

les de la créativité retrouvée.

(19)

Madame Ruth Lüthi

Conseillère d'Etat Dame

Che valier-F arge De la Tour Bistre-d'Efsis

De la Cour d'honneur

NOBLESSE D'ÉTAT

Non, Ruth Lüthi n'est pas devenue béguine, pas même novice à la Visitation. Elle a simplement cédé à la mode médiévale en rejoignant les Chevaliers de Rondmons, une fondation qui vend des titres bidons, mais ronflants, pour relever de ses ruines le château d'Illens. Notre conseillère d'Etat est ainsi devenue «Dame Chevalier-Farge de La Tour Bistre d'Efsis», et membre de «La Cour d'honneur». Pourquoi pas, simplement, chevalière à la rose? Parce que le socialisme dépérit à Y ombre des don¬

jons?

(20)

RESTAURER LA RESTAURATION:

SOYONS MODERNES, FAISONS SIMPLE!

par Jean Steinauer En l'Auge et à la Neuveville, l'évolution de colibri, grillée sur peau à l'unilatérale et socio-économique des vingt dernières soulignée d'un trait de vinaigre de myoso- années a transformé nombre de bistrots tis». Toujours est-il qu'en automne, à la populaires en restaurants chics. Pour parution des guides gastronomiques, c'est mémoire: le Sauvage, le Schild et l'Epée au bord de la Sarine et non pas dans les d'un côté, et de l'autre la Cigogne et la hauts quartiers que se comptent les toques Fleur-de-Lys, auxquels on peut adjoindre le et les étoiles. Cette situation est devenue Zaehringen. On a même vu s'ouvrir de nou- préoccupante.

velles enseignes sur le créneau de la gas- Il n'est certes pas question de nier l'effort tronomie, telle la Grotta, à la rue d'Or, des propriétaires et des chefs de ces éta- L'évolution paraît irréversible. Depuis que la blissements, et surtout pas de diminuer leur Basse d'antan est devenue la Vieille-Ville, mérite. Ils ont fait beaucoup pour l'image terme politiquement correct et touristique- des quartiers anciens et le prestige de la ment porteur, les bonnes tables y fleuris- ville. Mais il faut se demander si le moment sent. n'est pas venu d'un certain rééquilibrage.

Il s'ensuit parfois - mais la tendance n'est Car avec la mise en valeur de Fribourg-la- pas propre à Fribourg - une recherche Médiévale, et les flux engendrés par le tou- excessive de l'originalité, une émulation qui risme de masse qu'on attend de cette pro¬

motion, la gastrono¬

mie haut-de-gamme se révélera vite incompatible avec la nécessité de fournir aux visiteurs une res¬

tauration rapide et standard, à bas prix.

A première vue, selon l'étude de Grimbley Consultants (Suisse) commandée par l'Office du tourisme, l'Auge devrait offrir 800 places supplé¬

mentaires et la Neuveville 700 pour assurer la subsis¬

tance en rotation

rapide (25 minutes)

d'un flux quotidien

moyen de 6500

pousse à la préciosité. On est un peu per- consommateurs dépensant individuelle-

plexe en découvrant, à la carte d'un restau- ment 11,25 € ou 10 $ pour leur repas,

rant de la Planche-Supérieure, des raffine- boisson comprise. Dans la configuration

ments tels que «l'escalope fine de testicule actuelle, c'est problématique. Impossible

(21)

de proposer le feuilleté de couilles de colibri à un car de Japonais dispo¬

sant de vingt minutes pour manger, entendre les orgues à Saint- Nicolas et photographier les fontaines de Gieng avant de reprendre l'au¬

toroute pour Cointrin.

Il s'agit donc d'un choix stratégique. Ou bien Fribourg se contente d'un développement limité, tendanciellement nul, et dans ce cas les établissements actuels

en Vieille-Ville suffisent au bonheur des habitants gastronomes et d'une élite de touristes cultivés. Ou bien Fribourg entend devenir le premier pôle d'attraction d'Europe centrale dans le créneau médié¬

val, et dans ce cas tout le dispositif de la restauration dans les quartiers historiques doit être réorienté dans un sens populaire, pour l'adapter à un tourisme intercontinen¬

tal de masse. Comment faire?

Un tel défi ne peut être relevé qu'avec l'aide de partenaires transnationaux capables de faire face à la volatilité de la demande des tour-operators, des plus petits (Passaggio, Eurest) jusqu'aux tout grands (MacDonald's). Mais ils ne seront intéressés que dans la mesure où le label Fribourg-la- Médiévale s'imposera sur le marché mon¬

dial. Il s'agira, dès lors, de conclure avec la chaîne qui s'engagera le plus résolument à respecter l'authenticité culturelle de l'opéra¬

tion, et de prendre toutes les garanties sou¬

haitables. Par exemple, une charte gra¬

phique doit assurer la cohérence de l'offre et du contexte historique: enseignes en caractères gothiques, décoration et ameu¬

blement de même (voûtes ogivales, coffres

sculptés, armures), cartes et menus rédigés en vieil langage françoys et proposant des spécialités moyenâgeuses: super big Mac Berthold IV, Fries-Burger, Parfait glacé du M aître-à-1 ' œil let, etc. Dans ce type de res¬

tauration, en effet, les aspects marketing sont d'autant plus importants que le contenu, lui, ne saurait varier: bœuf hâché, pain de mie, ketchup, ice-cream vanille. Il faut faire simple.

Mais ce retour à la simplicité sera payant.

La profitabilité de l'investissement-restaura¬

tion va rapidement croître, à mesure que baisseront les coûts de formation et de rémunération du personnel. Dans un gothic fast food business correctement planifié, des étudiants et des travailleurs au noir sans qualification peuvent occuper prati¬

quement toutes les places de travail, moyennant deux jours de mise au courant:

flexibilité et employabilité maximum. Par ailleurs, grâce aux temps partiels fragmen¬

tés et au travail sur appel, les salaires n'at¬

teignent jamais le montant de coordination à partir duquel le deuxième pilier est obliga¬

toire: allégement des charges. Les per¬

spectives sont donc encourageantes.

(22)

TRIBUNE

POUR UNE PROMOTION RÉSOLUE DU BILINGUISME

par Augustin Macheret, ancien conseiller d'Etat Réd.- Fraîchement retraité du gouverne¬

ment cantonal, Augustin Macheret ne se désintéresse pas des affaires publiques et de la vie civique en général. Cet homme à la culture classique, depuis toujours féru d'histoire, a mis bénévole¬

ment ses compétences de juriste et son expérience politique au service du projet Fribourg-la-Médiévale. Il donne ici son point de vue sur la dimension linguis¬

tique de l'entreprise. Nous le remercions de sa contribution, qui honore notre revue et ne manquera pas de susciter un vif débat.

Mon apport à la réalisation de ce projet gran¬

diose qu'est Fribourg-la-Médiévale, et dont on ne saurait trop féliciter les promoteurs pour lesquels, qu'il me soit permis de le dire en ce paragraphe liminaire pouvant - autant que la chose est permise, nonobstant la difficile mais nécessaire brièveté d'un article de revue - ser¬

vir d'introduction à mon propos, sera celui, modeste en vérité, d'un conseiller doté de quelque expérience en matière de politique culturelle, tout spécialement sur le plan linguis¬

tique. Heureux serai-je si mes faibles lumières permettent à mes amis Georges Rhally et Dominique de Buman, ainsi qu'à leurs colla¬

borateurs et à toutes les Fribourgeoises et tous les Fribourgeois qui s'embarqueront dans cette aventure périlleuse mais exaltante, de distinguer quelques écueils sur leur route, afin de les éviter.

Ma première recommandation sera celle du spécialiste du droit public et administratif que j'étais durant ma carrière universitaire, en tant que professeur et chercheur tout au moins (la charge rectorale, comme on sait, étant sur¬

abondamment lestée de travaux administra¬

tifs en dépit de l'extension, nécessaire mais trop lente à mon gré si l'on m'autorise un avis personnel dès lors que je suis redevenu un simple citoyen, des services d'état-major et

de l'équipe - efficace, je tiens à le souligner - entourant le titulaire de cette charge), et que je pense être resté, quoique dans une moindre mesure, durant les années passées à la tête d'un Département de l'Etat, et non le moindre puisqu'il s'agissait, on ne l'a pas oublié j'espère, de l'Instruction publique.

1. Extension territoriale Je plaiderai donc, en premier lieu, pour l'extension du périmètre censément médiéval de Fribourg, afin d'y généraliser le bilinguisme.

La politique suivie jusqu'alors est trop restrictive à mon sens, puis¬

qu'elle limite l'appellation bilingue des rues et des places à celles pour lesquelles l'usage de l'allemand est attesté par les documents au Moyen Age et sous l'Ancien Régime: place de l'Hôtel-de-Vill e/Rathausplatz, Grand Rue/Re/c/iengasse, et ainsi de suite/une/ so weiter.

De ce fait, les quartiers bâtis aux XIX

e

et XX

e

siècles échappent au bilinguisme, en dépit même, parfois, d'un nom indubitablement germanique (Gambach, par exemple) et bien que l'usage exclusif du français limite, par la force des choses, le rayonnement de leur patrimoine architectural: on peut ainsi parier que la Christkönigskirche, dûment signalée sous ce nom dans les guides tou¬

ristiques, attirerait deux fois plus de visiteurs que l'église du Christ-Roi.

Mais je crois que les choses évoluent, sur ce plan-là, dans le bon sens. Avec la construction des nouveaux bâtiments universitaires au fond de Pérolles, en effet, le caractère germano¬

phone de ce quartier s'affirmera tout naturelle¬

ment, et la jonction avec la commune de

Marly/ Mertenlach s'imposera d'elle-même.

(23)

2. Réhabilitation du vernaculaire

Aussi ma deuxième recommandation por- tera-t-elle sur un objet non territorial: la pro¬

motion du bolze, authentique langue verna¬

culaire de notre capitale, injustement dépré¬

ciée et tombée en désuétude. Par une sorte d'effet pervers - c'est un triste constat qu'il faut avoir le courage de poser - le dévelop¬

pement de la scolarité a mis le bolze en péril, les enfants apprenant depuis leur plus jeune âge à distinguer le français de l'allemand, ce qui les conduit à parler l'une ou l'autre lan¬

gue, et non plus à mélanger les deux.

La perte se vérifie au niveau du vocabulaire : combien de nos écoliers et de nos écoliè- res, gavés de comédies musicales adaptées de l'anglo-américain, connaissent-ils encore le mot charmant de guiguelet, avec son sens originel de «petit violon»? La perte est sensible également sur le plan phonétique (la bonne prononciation se perd) et sur celui de la syntaxe. Seul, peut-être, le chancelier de l'Etat René Aebischer dit encore : «J'ai attendu deux heures sur le président, qu'il est pas venu.» Pourquoi? Il serait oiseux de discourir sur les causes du phénomène.

Mieux vaut s'employer à recenser les moyens d'y remédier, en assurant la promotion systé¬

matique du bolze dans tout l'espace de la parole publique: l'enseignement, bien sûr, mais aussi la justice, et surtout la liturgie.

L'Eglise est un formidable conservatoire de langues, elle a permis jusqu'au seuil du troi¬

sième millénaire l'incroyable survie du latin.

Confions-lui sans crainte les destinées du bolze, et demandons à nos chefs de chœur de composer dans cette langue des hymnes, des cantiques, des répons.

En dépit d'une stricte neutralité confession¬

nelle, et dans le respect de la laïcité que le Gouvernement cantonal a toujours ob¬

servé, restant dans le cadre de notre Constitution et de nos lois et guidé par la jurisprudence du Tribunal fédéral tout en

s'appuyant sur la doctrine la plus autorisée, je suis absolument persuadé que, sous l'impulsion de sa nouvelle titulaire Isabelle Chassot, le Département que j'ai eu l'hon¬

neur de diriger se fera un point d'honneur de subventionner sans parcimonie ce ren¬

forcement de notre patrimoine religieux.

3. Remarque méthodologique conclusive

Ma troisième recommandation concerne la méthode à mettre en œuvre pour assurer un bilinguisme vraiment consusbstantiel à Fribourg-la-Médiévale, et non pas plaqué artificiellement sur les usages spontanés des locuteurs.

La méthode qui a fait ses preuves en matière d'apprentissage linguistique, et que tout impose dans le cas présent: l'histoire, la géographie, les considérations d'oppor¬

tunité et d'économie, cette méthode, dis-je, c'est l'immersion. Dans le cadre de Fribourg-la-Médiévale, l'immersion sera pratiquée alternativement à la Motta et dans la Sarine. Comment?

L'enfant sera maintenu la tête sous l'eau jus¬

qu'à suffocation. S'il recourt alors indifférem¬

ment à l'allemand ou au français pour exprimer sa désapprobation du procédé, on tiendra pour acquis le premier stade de l'apprentis¬

sage. Au deuxième stade, on soignera la pro¬

nonciation bolze, en particulier les diphtongues:

on, an, in, par exemple dans la phrase: «Non, mais il est con, cet instit', ou quoi?». Au troi¬

sième stade, qui devrait coïncider avec l'obten¬

tion de la maturité fédérale du nouveau type, on pourra commencer à enseigner les rudiments de la natation. La gratuité de cette pratique sportive doit évidemment être assurée.

Et si l'on nous objecte que cet apprentis¬

sage est tardif, nous ferons observer qu'au

Moyen Age, de toute façon, les gens ne

nageaient pas. C'était impossible avec les

armures, elles auraient rouillé.

(24)
(25)

FRIBOURG-LA-MEDIEVALE

APPEL A LA POPULATION POUR LES SEMAINES MÉDIÉVALES 2002

INSCRIVEZ-VOUS COMME FIGURANT(E)

Pour les spectacles, animations et manifestations costumées d'avril à octobre dans les quartiers

du Bourg, de l'Auge et de la Neuveville

NOUS RECHERCHONS ENCORE

• Hommes: chevaliers, moines, artisans, lépreux, pèlerins, etc.

• Femmes: bourgeoises, béguines, ribaudes, bohémiennes, etc.

• Enfants: escholiers, marmousets, bébés abandonnés

Indiquez vos préférences dans l'ordre. Il en sera tenu compte dans toute la mesure du possible.

Les chevaliers doivent fournir leur cheval. Les armes seront mises à disposition par les organisateurs. Le costume est à la charge des partici¬

pantes. Une subvention communale d'un montant forfaitaire pourra être octroyée selon les résultats financiers de la saison.

Remplissez le formulaire de participation figurant au verso de cette annonce et envoyez-le sous pli affranchi, ou déposez-le directement, à l'adresse suivante:

FRIBOURG Tourisme

à l'attention de M. Nicolas Zapf, directeur Avenue de la Gare 1

1700 Fribourg

(tél. 026 321 31 75, fax 026 322 35 27).

(26)

FRIBOURG-LA-MEDIEVALE FORMULAIRE D'INSCRIPTION

Nom Prénom Age (facultatif) Profession Adresse NPA Localité No Téléphone Fax E-mail (Ecrire lisiblement en majuscules d'imprimerie s.v.p.)

OUI, je veux participer aux Semaines Médiévales 2002 24 à Fribourg.

Je m'inscris pour les mois de:

□ avril □ mai □ juin □ juillet □ août □ septembre □ octobre (Cocher ce qui convient)

Je souhaite incarner le personnage d'un(e) :

• 1

er

choix:

• 2

e

choix:

• 3

e

choix:

Je dispose d'un cheval: □ OUI □ NON

Je sais le latin: □ OUI □ NON

Je chante le grégorien: □ OUI □ NON (Cocher ce qui convient)

Date: Signature:

(Les parents ou le représentant légal signent pour les enfants mineurs.)

(27)

La bière du Bourgmestre, sans saveur et sans alcool.

• MANOIR E

cherche

Gentes vendeuses répondant à l'appel

et Vils manants pour le servage après-vente.

Salaire moyenâgeux

(28)

SANS-PAPIERS: VOS RÉACTIONS, NOTRE POSITION

L'échange avec les lecteurs n'est pas dans les usages de notre revue trimes¬

trielle. Nous faisons toutefois une excep¬

tion suite à notre numéro 132 consacré aux sans-papiers, qui a rencontré un suc¬

cès exceptionnel lui aussi: 973 désabon¬

nements sans commentaires, 481 dés¬

abonnements accompagnés d'une lettre d'injures, et 52 engueulades par fax, e- mail ou télégramme de lecteurs non abon¬

nés regrettant de ne pouvoir interrompre un soutien inexistant. En voici quelques extraits avec nos commentaires.

«Votre haine de l'art contemporain»

Quand on pense aux efforts incessants de Michel Ritter et de son équipe pour attirer un visiteur, parfois même deux, le dimanche à Fri-Art, on ne peut que s'indigner de voir Pro Fribourg torpiller leur travail en détour¬

nant l'attention des oeuvres exposées pour la focaliser sur un groupe de gens sans papiers, certes, mais surtout sans talent.

Déjà le choix de l'église Saint-Paul du Schönberg trahissait votre haine de l'art contemporain. Visiblement, cet édifice aux lignes pures, à l'équilibre exact, à la moder¬

nité triomphante, indisposait les béotiens que vous êtes. Il fallait donc l'enlaidir de bandero¬

les et de calicots revendicatifs, l'encombrer de matelas et de casseroles, le troubler par des meetings et des sit-in! Etonnez-vous, après cela, que les grands noms de l'archi¬

tecture contemporaine se détournent de Fribourg et n'y construisent plus de sanctuai¬

res! Monsieur Bourgarel, je vous le dis tout net: allez faire vos saletés à Saint-Nicolas.

Serge C., arch. dipl. EPFZ, Fribourg Pro Fribourg n'a rien contre l'art contem¬

porain, bien au contraire. Le choix de l'é¬

glise Saint-Paul puis de Fri-Art ne résul¬

tait pas d'un parti-pris esthétique, mais d'un tirage au sort ; le ticket cathédrale-

Musée d'art et d'histoire est sorti deuxième, devant la paire Visitation- Museum d'histoire naturelle.

«Vous avez réélu Grandjean»

Votre obsession de faire plonger les socialis¬

tes vous joue décidément des tours. Déjà, aux élections communales, avec votre liste citoyenne, vous aviez torpillé tout espoir d'une majorité non-bourgeoise, et mainte¬

nant vous voilà obligés de faire recours sur recours, parce que vous n'avez plus rien à dire là où se prennent les décisions. Aux can¬

tonales, avec l'affaire des sans-papiers, vous rêviez de couler Claude Grandjean. En vous acharnant sur lui, vous lui avez rendu service.

Les bons types l'ont pris pour un martyr, ils en ont eu pitié. Les xénophobes, eux, l'ont pris pour un dur et ils l'ont plébiscité, d'autant que tout ce cirque avec les clandestins avait stressé la population. Au final, c'est donc vous qui avez assuré la réélection de Grandjean. Bravo pour votre perspicacité!

Thierry S., Fribourg , un socialiste indigné, au nom de plusieurs.

Avec le «cirque» des sans-papiers, comme vous dites, l'élection de Grandjean était prévisible; nous l'assu¬

mons comme un dommage collatéral.

Notre but était de mettre en valeur le pré¬

fet Nicolas Deiss, en particulier auprès des médias nationaux, qui ne connais¬

saient que son frère. Objectif atteint, lar¬

gement! Et payant: c'est vrai qu'en ville nous devons faire recours sur recours, mais à tous les coups la préfecture nous donne raison contre le Conseil communal.

A la gomme

Je vous prie de bien vouloir biffer mon nom de la liste de vos abonnés.

C. Grandjean, Châtel-Saint-Denis Est-ce bien nécessaire? Vous êtes telle¬

ment effacé, déjà...

(29)

BIN LADEN, LA CONNEXION FRIBOURGEOISE

par Gérard Bourgarel

Quel rapport entre Bin Laden et Fribourg?

Aucun me direz-vous: la réputation de Fribourg d'être hors circuit et refermé sur sa provincialité étant solidement établie. Et pourtant, sans remonter à la route de St- Jacques de Compostelle, nos deux auto¬

routes sont des axes européens, même si la majorité de leurs usagers ignorent jus¬

qu'à notre existence. L'affaire des Paccots avait déjà démontré que Fribourg était un relais des trafics de la drogue et du blanchi¬

ment. Notre enquête nous a maintenant mené de surprises en découvertes.

La première étape de nos investigations nous a conduit auprès du Comte Benoît de

Cheik Mahmoud pose en 1908 devant le porche de la Cathédrale

Diesbach, généalogiste de renom interna¬

tional qui, au lendemain du 11 septembre, avait affiché en vitrine la généalogie d'Oussama Bin Laden. Cela à deux pas des locaux de la Sûreté, dont les occupants ne s'attardent hélas guère devant les devantures de libraires...

Au départ, rien de très nouveau. L'origine de la fabuleuse fortune des Bin Laden remonte à leur père, Cheik Muhammad Bin Laden, arrivé à la Mecque de sa province d'Hadramaout. Son premier exploit fut de construire une rampe d'accès au palais du Roi Abdulazzis, pour que sa voiture put y accéder. Investi de la confiance royale, il put faire ses offres pour la construction d'une route au travers d'une région montagneuse.

Alors que ses concurents faisaient appel à de coûteux bureaux d'ingénieurs, Cheik Muhammad, lui, se fia à son âne qui lui indi¬

qua le meilleur et plus économique tracé et lui fit remporter cet énorme contrat.

On découvre ainsi, dès l'origine, ce mélange de tradition et de sagesse orien¬

tale qui débouchera sur une ouverture inter¬

nationale à la pointe du high tech. Mais nous reviendrons sur cette success story.

En remontant plus loin dans le temps et en fouillant dans nos archives, nous avons découvert que Cheik Muhammad tenait de son père cette curiosité à la fois avisée et réservée à l'égard de l'Occident. Son Père, Mahmoud, a participé en 1908 au cortège de la Fête-Dieu de Fribourg! Les deux photos que nous publions pour la première fois attestent que la République Chrétienne savait recevoir dignement ses hôtes étran¬

gers: nous avons là la rencontre de deux rigorismes religieux également ouverts sur le plan international financier et écono¬

mique.

(30)

Georges Python, promoteur de notre Université, est connu pour la diversification de ses entreprises, parfois hasardeuses et même infructueuses. Y eut-il des relations établies avec Cheik Mahmoud par l'inter¬

médiaire de la Banque Cantonale? Il n'en reste aucune trace.

Alors que je siégeais encore au Grand Conseil, avec ma fâcheuse manie de cher¬

cher des poux parmi la paille, avant que l'affaire du trafiquant de drogue Fikret Sporel n'éclate, je m'étais inquiété de la facilité avec laquelle ce personnage avait eu accès aux crédits de la BCF. J'avais ainsi fait part de mes doutes auprès de l'expert reconnu du PS qu'il représentait au Conseil d'administration de la Banque, Claude Grandjean. Sa réponse fut catégorique:

«S'il y avait quoi que ce soit, on nous le dirait.» Notre banque est évidemment bien trop prudente ou insignifiante pour partici¬

per à de tels réseaux. On peut s'en louer ou, finalement, le regretter.

Mais revenons à nos moutons. Cheik Muhammad, décédé en 1968, avait le sens de la famille (encore une vertu partagée avec nos milieux conservateurs). Ses 54 fils (les filles n'étant pas comptabilisées) en sont la preuve. C'est dire que la réputation de la famille n'est pas entachée par ce seul mouton noir d'Oussama. Au pire, cela ne ferait qu'un taux de criminalité infime de 0,78%, en-dessous de nos normes occi¬

dentales.

La réputation de la firme «Bin Laden Brothers» n'est plus à démontrer. Elle cou¬

vre de nombreux secteurs de l'activité éco¬

nomique mondiale, avec des bureaux à Londres et Houston (Texas) qui sont les signes probants de sa respectabilité.

L'organigramme de la firme révèle son

engagement dans les secteurs des télé¬

communications, de la navigation aérienne et de la sécurité des aéroports. L'un de ses représentants, Sh. Salem Mohammed bin Laden, siège même au Conseil d'adminis¬

tration d'une société présidée par S.A.

Prince Saud bin Fahd bin Abdulaziz AI Sa'ud.

Avec la Suisse, les relations sont anciennes et privilégiées, la Binladen Kaiser Losinger BKL est active dans le domaine de la cons¬

truction depuis 1975. Dans l'optique même de notre Office de développement écono¬

mique, il n'y a donc plus qu'à appeler une connexion fribourgeoise de nos voeux, elle s'inscrirait dans une longue tradition et dans l'esprit même de l'oeuvre d'ouverture de Georges Python.

Binladen Brothers for Contracting Head office P.O. 2734 Jiddah

Telephone 29088, 29333, 28487 Cables LADENCO

Telex 401044 BINLDN SJ, 401071 BINBRS SJ Subsidiary offices

Riyadh P.O. 105, tel. 61427, 61428, tx. 201104 BINRIAD SJ Dammam P.O. 58, tel 24070

Amman P.O. 5181, tel. 41620, tx. 1207 JURHTL J.O., 1267 Dubai P.O. 1555, tel.. 21516, 27726, 27632, tx. BINLADEN Cairo 19 Arab League Building, tel. 708634, 707252 Beirut P.O. 113-5013, tel. 346662, tx. 21692 RAYCO LE London Suite 2,140 Park Lane Wl, tel. 01 493 0522/3 tx. 29 SALLAN G

Houston Texas Suite 1109, Fannin Bank Building, tel. (713)

HOUS, 775858 EXECJET HOUS

(31)

Fête-Dieu, Fribourg En 1908 Sh Mahmoud au coude à coude avec les membres du Gouvernement

29

Extrait de l'organigramme Bin Laden

BINLADEN BROTHERS BINLADEN AVIATION

BA is a semi-autonomous division operating some seven turbo prop aircraft in support of company operations. Excess capacity is offered to other private operations as well as technical services BINLADEN KAISER Binladen Bros, has a majority holding in BK which is one of the world's biggest engineering and construction companies. BK designs and constructs plants for aluminium, steel and cement, as well as mineral processing

BINLADEN EMCO engaged in the provision of pre-stressed reinforced pre-cast concrete systems used in high rise residential blocks, mosques commercial centres, offices, hotels hospitals and sports stadia

SAUDI TRAFFIC SAFETY In partnership with PRISMO Universal this company is the largest highway marking company in the world

* AL MIHDAR

BINLADEN DEVELOPMENT COMPANY (MBDC) Offers a consultancy service to companies seeking entry into the Saudi Arabian market. They also study and implement joint venture arrangements for the parent company

- BINLADEN KAISER LOSINGER — BKL is engaged in all aspects of Real Estate Development.

Founded in 1975 - BINLADEN

TELECOMMUNICATIONS CO.

BTC represents Bell of Canada and coordinates the group members to implement the largest government schemes in this field

- BINLADEN BROS.BRICK FACTORY Situated near Medina this

wholly owned factory produces

10 million hollow bricks a year

in addition to solid bricks and

decorative concrete blocks

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