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Parcours identitaire et reconnaissance sociale : l'accès à l'eau souterraine un marqueur identitaire?

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Academic year: 2021

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Contexte :

Les années 1980 se caractérisent par la sécheresse qui touche les pays méditerranéens et en particulier le Maghreb. Dès cette période, à l’instar de l’Espagne, de la France ou de l’Inde, on observe le développement fulgurant de puits et forages privés pour accéder à l’eau souterraine.

La plaine du Saïss, où se trouvent les villes de Fès et de Meknès, abrite des nappes souterraines parmi les plus importantes du Maroc. Ces nappes tiennent un statut socio-économique stratégique. Elles alimentent en eau potable les deux villes impériales ainsi que de nombreuses agglomérations avoisinantes.

Résultats :

Le statut ontologique de l’eau souterraine en fait une ressource invisible par essence. Cependant elle est rendue visible par des discours technico-scientifiques qui en font des ressources en surexploitation, qu’il faut économiser et valoriser.

L’eau est rendue visible sous les modalités d’une ressource en péril qui avec la terre, sont les facteurs principaux d’une agriculture moderne, capitaliste, étalon du « bon » développement.

Ce discours est porté par les grands

agriculteurs, qui sont

institutionnellement représentés, qui s’approprient la ressource et refoulent vers l’invisible les petits agriculteurs en les stigmatisant de gaspilleurs d’eau et non producteur d’une agriculture d’avenir.

Conclusions :

L’accès aux nappes est un parcours identitaire vers la reconnaissance sociale, l’estime de soi et la dignité de vivre de son travail. Accéder aux nappes implique une lutte des places sur le foncier, en particulier en terres collectives, et un positionnement identitaire singulier et communautaire.

En ce sens, puisque l’Etat souhaite mettre en place un système de gestion des eaux souterraines il devra tenir compte de ce que cette ressource représente pour ceux qui en dépendent.

Terrain : Plaine du Saïss au Maroc

« Mon essence est sur ces terres… »

Hamid, fellah, Bouderbalat, juin 2012 :

« J’ai vécu la sècheresse dans mon corps… Je

sais ce que ne pas avoir d’eau veux dire. J’ai dû

demander la charité de l’eau pour faire mon

agriculture et faire vivre ma famille. J’ai laissé ma

fierté de côté (…). Après cette épreuve, l’accès à

l’eau souterraine est devenu une préoccupation

quotidienne. Je me couchais et me réveillais avec

cette idée. Je suis devenu quelqu’un d’autre.

Lorsque j’ai eu mon forage j’ai compris que mon

essence était ici sur ces terres, je suis redevenu un

Ait Ahmed… ».

« Avoir son forage c’est une signature sur son

sol… »

Abdeltef, Fellah, Fouararte, juin 2012

:

«

Nous avons quitté la terre de nos parents car

il n’y avait plus d’eau, nous ne trouvions même pas

d’eau pour boire. Je suis venu dans le Saïss pour

trouver du travail, là où il y a de l’eau il y a du

travail. J’ai acheté de la terre, j’ai fait un forage et

j’ai de l’eau « kafi » (en abondance). Je peux dire

que mes origines sont là, je suis d’ici, avoir de l’eau

sur sa terre c’est écrire son nom sur le sol, après tu

signes en mettant tes arbres …

».

Paroles d’agriculteurs du Saïss

« Pour garder notre identité nous devons

unir nos forces… »

Trois générations de fellah, Taoujdate avril

2011: « La possibilité de faire des forages

profonds a modifié le regard sur nos terres. Il y

a dix ans personne ne voulait de notre terre. (…)

Elle a la couleur de l’or et avec l’eau de la

nappe elle vaut de l’or. Si nous voulons nous

protéger des baranis (étrangers) et permettre à

ceux qui le veulent de ne pas vendre leur mère

(la terre) il nous faut unir nos forces. Si nous

voulons garder notre identité nous devons unir

nos eaux pour faire un bassin et permettre

l’irrigation de 400 ha d’oliviers ».

Hassan Quarouch CIRAD/ UM5 Rabat

Marcel Kuper CIRAD/ IAV Rabat

El Hassen Abdellaoui ENA Meknès

Sami Bouarfa Irstea Montpellier Contact: hassan.quarouch@laposte.net

PHOTOS : Hassan QUAROUCH

Remerciements: ANR Groundwater Arena

Parcours identitaire et reconnaissance sociale :

l’accès à l’eau souterraine un marqueur identitaire?

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