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View of Les Démons du yaoi. Homosexualité masculine et surnaturel dans le manga

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Texte intégral

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Les Démons du yaoi

Homosexualité masculine et surnaturel dans le manga

Samuel Minne

Abstract

Within the homoerotic subgenre of manga called yaoi, some stories present supernatural characters sexually dealing with human men. Ghosts, vampires and demons satisfy their sexual needs through different situations. Aiming to justify their urges, these situations often follow traditional plots of fantasy fiction, subverting them at times. The arising of the supernatural then emphasizes the strangeness of homosexuality, while offering an ideal framework for its thriving.

Résumé

Au sein d’un sous-genre homoérotique du manga, le yaoi, certains récits présentent des personnages surnaturels cherchant à avoir des relations sexuelles avec des hommes. Fantômes, vampires et démons assouvissent leurs désirs sexuels au travers de différentes situations. Visant à justifier leurs désirs, ces situations suivent souvent des intrigues traditionnelles de la fiction fantastique, et parfois les détournent. Le surgissement du surnaturel souligne alors l’étrangeté de l’homosexualité, tout en lui fournissant un cadre privilégié pour s’épanouir.

Keywords

yaoi, supernatural, demon, ghost, vampire, homosexuality

My Demon and Me, Aijin Incubus, Crimson Spell, Necratoholic, The Devil’s Secret, Eerie Queerie!...

Traduits en français ou en anglais, humoristiques, intimistes ou épiques, ces mangas ont la particularité de conjuguer le fantastique ou la fantasy avec une intrigue homosexuelle. Lorsque l’on s’interroge sur les médias culturels dans lesquels l’homosexualité va de pair avec le fantastique, outre la littérature d’horreur chez des auteurs comme Clive Barker ou Poppy Z. Brite, ou les allusions camp dans certains films de Roy Ward Baker ou Jimmy Sangster produits par la Hammer, l’un des cadres les plus féconds pour ces étranges rencontres s’avère, en bande dessinée, exister non pas au sein de la bande dessinée européenne ou des comics américains, mais dans le champ du manga japonais.

Le surnaturel y est florissant à travers le genre de l’horreur, illustré par Kazuichi Hanawa ou Junji Itō, ou des histoires liées aux légendes et traditions du Japon, comme les mangas de Shigeru Mizuki. Le Japon a aussi développé depuis les années 1970-1980, au sein de la production destinée aux jeunes filles, tout un courant dont les histoires d’amour entre hommes forment la majeure partie des intrigues. Occasionnellement, il arrive que des personnages homosexuels apparaissent dans des séries de fantasy comme Inu-Yasha de Rumiko Takahashi, ou fantastiques comme Les Descendants des ténèbres de Yoko Matsushita. Mais le mélange survient le plus souvent dans le genre réservé aux histoires homosexuelles.

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Possessions, sorts et créatures surnaturelles y côtoient étreintes torrides, viols et déclarations d’amour entre hommes. Comment s’opère ce mélange inattendu ? De quelle manière le désir homosexuel surgit-il dans un cadre fantastique ? Comment l’homosexualité est-elle traitée lorsque interviennent démons et esprits ?

Il importe d’abord de cerner la principale source de mangas associant surnaturel et homosexualité : le yaoi, à distinguer des autres genres mettant en scène l’homosexualité. Dans ce genre, ce sont essentiellement des personnages repris du surnaturel traditionnel qui concilient en eux une nature fantastique et des penchants homosexuels. Certains types d’intrigues reviennent de manière récurrente et forment de véritables passages obligés où les scènes sexuelles naissent du contexte fantastique. Il sera peut-être alors possible de comprendre pourquoi autant de mangas ont recours à ce double ressort dramatique pour séduire son public.

Boys’ Love, shōnen-ai, yaoi, bara

Au Japon, la grande majorité des récits homosexuels appartient au Boys’ Love ou BL, une sous-catégorie des bandes dessinées destinées aux filles ou shōjo manga (Suvilay 2006 ; Brient 2012). Ces mangas, réalisés quasi exclusivement par des femmes, peuvent raconter des histoires d’amour entre garçons dans un cadre quotidien (scolaire ou professionnel), policier, et parfois surnaturel. Les mangas avec une intrigue amoureuse entre deux jeunes hommes relèvent du shōnen-ai (« amour des jeunes hommes ») quand l’amour reste platonique, ou quand les rapports sexuels entre les amoureux ne sont pas montrés (McLelland 2006). Une série du collectif de créatrices CLAMP, Tōkyō Babylon (1990-1993), en est un exemple connu. Un adolescent d’une grande famille de médiums, Subaru, pratique des exorcismes. Il est courtisé par un vétérinaire, le beau Seïshiro. Les sentiments de ce dernier pour Subaru servent d’abord de ressort comique, relancé régulièrement par la sœur de Subaru, Hokuto, qui encourage Seïchiro dans sa cour. On découvre peu à peu que lui aussi a des pouvoirs, et que Subaru lui est lié depuis une scène de son enfance sous un cerisier, un souvenir que le jeune médium a mystérieusement oublié. Dans une Tokyo livrée à la crise économique et aux tourments de ses habitants, l’histoire se fait de plus en plus sombre et ne peut trouver qu’une fin atroce.

Une série de fantasy plus récente, Silver Diamond de Shiho Sugiura (2003-2011), elle aussi destinée aux adolescents, laisse indéfinissable et pudique la relation qui s’établit entre les deux personnages principaux. Rakan, un adolescent qui a le don de faire pousser les plantes, découvre dans son jardin un beau ténébreux qui semble venu d’un monde parallèle. Ce dernier, Chigusa, le prend d’abord pour le prince qu’il a tenté d’assassiner dans son monde, avant de le protéger de dangereuses créatures qu’il élimine à l’aide d’un fusil végétal. Venu du même monde, le très féminin Narushige s’interpose entre un Rakan naïf et un Chigusa entreprenant. Les rares scènes d’affection entre ces deux derniers sont toujours interrompues par une intervention extérieure. L’érotisme reste très discret, mais dès le premier volume, l’image de Chigusa attaché à un arbre et criblé de flèches renvoie à saint Sébastien, icône de la culture homosexuelle sur qui fantasmait déjà Yukio Mishima dans ses Confessions d’un masque (1949). Dans ces deux séries, les pouvoirs magiques des personnages leur permettent de se rencontrer et de développer des sentiments l’un pour l’autre. Les personnages correspondent aussi aux stéréotypes du

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Les mangas pornographiques qui tournent autour de la sexualité entre hommes et comportent des scènes explicitement sexuelles relèvent, eux, du yaoi. Le grand nombre de titres publiés devrait permettre une plus grande visibilité et une banalisation de l’homosexualité dans la société japonaise. Ce n’est pourtant que partiellement vrai. Les études révèlent que ces mangas restent destinés à un lectorat féminin, à qui ils permettent de voir des situations sexuelles sans s’identifier complètement aux personnages, ce qui les déresponsabilise et les déculpabilise (Poupée 2010, 295-298). Les mangas yaoi peuvent aussi répondre à des fantasmes inavouables. Par ailleurs, la richesse des situations cache une certaine pauvreté du

yaoi : les scènes se répètent d’un manga à l’autre, et l’on repère vite les codes du genre et les intrigues

récurrentes, comme le laisse déjà entendre la phrase japonaise dont yaoi est l’acronyme : « yama nashi,

ochi nashi, imi nashi » (pas de point culminant, pas de conclusion, pas de sens) (Tamaki 2007, 223, 229).

Ainsi, les héros sont toujours des bishōnen, de beaux jeunes hommes grands et minces. Le plus grand et le plus fort joue généralement le rôle insertif dans la relation sexuelle : ce genre de personnage est appelé

seme. Le personnage plus frêle, souvent plus jeune et efféminé, qui offre son corps ou qu’on prend de

force est appelé uke (Sihombing 2011, 150-154 ; Bauwens-Sugimoto 2011, 6). D’autre part, l’histoire se résume souvent à un canevas rudimentaire : un homme viole un jeune homme pour qui il éprouve du désir, puis tous deux se déclarent leurs sentiments. Même les scènes sexuelles sont ultra codifiées et suivent le même déroulement d’un manga à l’autre (Tamaki 2007, 230-232). Parfois l’histoire tourne autour de la nécessité de se faire sodomiser, ce qui rappelle le genre amateur des dōjinshi, parodies de mangas populaires dont les héros masculins se retrouvent souvent à coucher ensemble.

Il existe enfin un genre de manga pornographique réalisé pour un public homosexuel, le bara, parfois surnommé le yaoi pour les gays, nommé ainsi d’après Bara kei (« l’épreuve par les roses »), le titre d’un roman-photo de Yukio Mishima et Eikoh Hosoe (1961). Beaucoup moins productif et fourni, un peu plus réaliste, le bara ne semble pas recourir au surnaturel (Mckintosh 2006). C’est donc du yaoi que provient la grande majorité de récits fantastiques homosexuels. Ceci étant, quel rôle peut jouer le surnaturel dans ce genre érotique particulier ?

Des personnages hors du commun

Dans les mangas consultés, ce sont les personnages qui concentrent en eux désirs homosexuels et lien privilégié avec le surnaturel. Du moine exorciste aux fantômes, en passant par les démons et les vampires, ils se répartissent sur un éventail à la fois large et limité. Les personnages les plus proches du réel sont les moines exorcistes ou kannushi, qui dans les mangas ont le don (généralement héréditaire) de voir les esprits ou de sentir leur présence. Le choix de ces personnages rappelle la tradition pédérastique du nanshoku dans les monastères bouddhistes au Japon (Leupp 1997, 27-46). Honokana Koino Danpen

Wo (« fragments délicats de l’amour », traduit sous le titre Fragments d’amour, 2006) de Duo Brand

débute comme un manga fantastique historique puis verse dans le yaoi, les deux moines étant amoureux l’un de l’autre, le moins doué cherchant à protéger l’autre, trop sensible aux manifestations de l’au-delà. Sur le même thème mais à l’inverse, Yannatchaukurai Aishiteru (« je t’aime à en perdre la tête », paru en France sous le titre Pure Love, 2007) de Row Takakura, commence d’entrée par un coït typiquement

yaoi, puis développe des intrigues fantastiques avec des revenants.

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Les dieux eux-mêmes étaient parfois représentés en plein rapport homosexuel dès l’époque d’Edo (Leupp 1997, 33). Mais ce sont les démons ou yôkai, figures tutélaires du folklore shintoïste, qui apparaissent dans le yaoi. Ainsi, Setsu, le démon qui protège la famille d’Aki et qui apparaît pour le guérir dans

Konoyo Ibun, (« une histoire de ce monde », paru en français sous le titre My Demon and Me,

2006-2009) de Tsuta Suzuki, a l’apparence d’un éphèbe aux longs cheveux blonds et aux oreilles de chien. Un autre démon, Kurayori, n’est autre qu’un kitsune, un de ces esprits renards très présents dans les légendes japonaises. Dans le huitième chapitre de Konoyo Ibun (volume trois), il vient chercher une épouse parmi les humains, mais la famille choisie, n’ayant pas de fille, lui propose à la place leur fils Tsumugi. Dès la couverture du volume, Kurayori entoure de sa queue de renard Tsumugi, une fleur rouge dans les cheveux, tout en le couvant du regard (figure 1). Dans un court récit de Bohra Naono, « Iku Michi, Yobu Tsuki » (« aller vers le chemin, appeler la lune », dans Yume ni tobu Tori, « un oiseau vole dans le rêve », 2006), Otsuji, largué par son petit ami et blessé par un voyou, échoue dans un étang. Il est recueilli par le démon du lac, qu’il nomme Akagi. Ce n’est en apparence qu’un jeune homme en kimono et getas, mais ses pouvoirs lui permettent de faire vivre Otsuji sous l’eau. Dans Maō

no Amai Keiyaku (« contrat sucré avec un roi démon », 2009) de Hayate Kuku, l’apprenti pâtissier Ryô

rencontre un roi démon, Chrome, reconnaissable à ses cornes de bélier. Dans Lollipop Dragoon (2007) de Maguro Wasabi, un lycéen, Ikeguchi, abrite dans son corps un kinryû, un dragon qui le pousse à se masturber. Le dragon reste invisible, mais Ikeguchi développe des oreilles et une queue de chat lorsqu’il est sexuellement excité.

Les mangakas ne se contentent pas des démons traditionnels du Japon, et vont aussi chercher les démons de la tradition chrétienne. Ainsi, Akuma no Himitsu (« le secret du démon », en parution

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anglaise The Devil’s Secret, 2007) de Hinako Takanaga présente un un jeune homme bien bâti, Raoul, battu parce que son apparence le rend conforme aux représentations du diable (il est pourvu de cornes de bouc et d’une queue fourchue). Recueilli par un jeune prêtre, le père Marlowe, il ne cesse de le harceler sexuellement, et se révèle être un incube. La couverture de l’album montre un certain mélange des traditions : on y voit les cornes et la queue sinueuse du démon en lévitation dans une position yogique, en train de trousser la robe noire du prêtre, cerné et comme enveloppé par le démon (figure 2). Les couleurs douces renvoient plus à l’onirisme sucré du shōjo qu’à une esthétique fantastique d’inspiration européenne. Autre exemple : dans Na mo Naki Tori no Tobu Yoake (« l’aube où l’oiseau sans nom s’envole », titre anglais : Innocent Bird, 2002-2004) de Hirotaka Kisaragi (dont Do you know

my detective? est paru en France), un ange, Karasu, est envoyé pour retrouver un démon, Shirasagi, qui

cherche la rédemption en officiant comme prêtre. On voit que le recours à la tradition chrétienne permet de poser des personnages au statut irréconciliable, que le désir ou les sentiments vont malgré tout unir, transgressant les tabous et les barrières.

Un dernier type de démon comprend les démons de fantasy, qui rappellent davantage les démons de l’occultisme occidental. Le prince Valdrigr qui dans Crimson Spell d’Ayano Yamane (qui signe la série Viewfinder) part pour briser la malédiction qui pèse sur son royaume doit par exemple porter des bracelets démoniques pour ne pas se changer en démon. Hyper Love Power, de Hiiro Reiichi (2008) reprend pour sa part les cocatrix et les basilics des bestiaires médiévaux, mais pour en faire deux espèces antagonistes d’hommes ailés aux pouvoirs redoutables : si le regard des basilics peut tuer, celui des cocatrix peut effacer la mémoire. Bien sûr, un basilic va s’éprendre d’un cocatrix et leur amour sera

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menacé par leurs congénères.

Avec les démons de toutes sortes, les vampires forment un autre groupe important de personnages surnaturels. Dans Koyoi wa Kimi to Chi no Kiss wo (« un baiser de sang cette nuit », titre français : Le

Baiser du sang, 2008) de Makoto Tateno (auteure de la série Yellow), Fujiki Riku, livreur chez un fleuriste,

est enlevé et séquestré pour être violé par un de ses clients, un vampire dont il va tomber amoureux.

Vassalord de Nanae Chrono complique les choses en adjoignant à un vampire décadent un serviteur

cyborg, Charles, lui aussi vampire et avec qui il pratique des jeux sado-masochistes extrêmement poussés étant donné leur résistance et leur capacité de régénération. On y retrouve aussi la tradition chrétienne, à travers les prières de la liturgie qui servent de paratexte, et les relations de Charles avec le Vatican, pour qui il travaille. De son côté, Necratoholic (2006) de Maguro Wasabi, fait intervenir non seulement le vampire Sakuya, mais aussi son ennemi héréditaire, un dhampire, issu de l’union d’une humaine et d’un vampire, qui peut paralyser les vampires en les touchant de sa langue. C’est par ce moyen qu’Atsumi a pu violer Sakuya, lequel veut se venger. Ayant bu le sang d’un dhampire, il a cependant perdu tout goût pour le sang des autres humains, et survit en travaillant comme hôtesse SM à l’hôtel Necrato.

Enfin, les fantômes peuvent jouer le rôle de personnage à part entière dans certains mangas. Le premier récit du recueil Kimi ni Sasayaku Mirai (« Je murmure le futur à tes oreilles », paru en

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français sous le titre Whispers, 2005) de Bohra Naono montre ainsi le retour de Kazuki d’entre les morts, après l’accident d’avion qui l’a tué, uniquement pour empêcher son compagnon Renji de se suicider de désespoir. L’étrange couleur verte qui transpire des habits du personnage sur l’illustration de couverture est là pour signaler sa condition de revenant (figure 3). Elle rappelle les hito-dama, ces boules de feu vertes, bleues ou violettes qui représentent l’âme et accompagnent souvent les fantômes dans les légendes (Picone, 1983). Kazuki revient tel qu’il était avant, puis, lorsque il voit que son amant a retrouvé le goût de vivre, il prend l’apparence d’un homme brûlé pour faire ses adieux et s’évanouit dans les airs. Dans Yūrei Apato Kanrinin (« le gérant de l’appartement hanté », paru en anglais comme

The Ghost Apartment Manager, 2011) de Toru Fujieda, un étudiant éveille le désir des ectoplasmes

qui hantent le vieil appartement qu’il partage avec un ami, qui s’avère être lui aussi un fantôme. Dans

Koisuru Cupid (« Cupidon amoureux », 2008) de Norikazu Akira, un fantôme homosexuel qui souhaite

révéler ses sentiments à celui qu’il épiait de son vivant, un architecte ténébreux, prend possession de son ami étudiant. Ce genre de déclarations d’un esprit à un vivant peut sembler avoir peu d’intérêt, mais

Ghost! (paru en anglais sous le titre Eerie Queerie! 1999-2004) de Shuri Shiozu le reprend comme motif

principal (Akatsuka 2010, 166-176). Un collégien, Mitsuo, a le pouvoir de voir les fantômes. Il rencontre l’esprit d’une adolescente décédée dans un accident. Celle-ci entre dans son corps pour courtiser un de ses camarades de classe, Hasunuma, faisant passer Mitsuo pour un homo. Pire : son camarade accepte de sortir avec lui. Heureusement, Hasunuma, qui peut aussi voir les fantômes, délivre Mitsuo à l’aide d’une inscription qui les repousse. Mais Mitsuo se met à faire des rêves érotiques avec Hasunuma, et l’esprit d’une femme le possède pour courir après un certain Ichiku.

Ces deux derniers mangas sont des exemples de l’une des situations les plus utilisées, la possession. C’est en effet à la faveur d’un nombre limité de situations récurrentes que peuvent surgir et s’associer le fantastique et l’homosexualité.

Possession, guérison, pacte : des situations récurrentes

Le surnaturel, le plus souvent, se borne à servir de prétexte à des ébats sexuels, qu’il serve de transition entre des scènes pornographiques ou de justification à un humour scabreux. Il permet de légitimer un comportement homosexuel. Ainsi, un jeune homme se met à déclarer sa flamme à un autre homme parce qu’il est possédé par un esprit dans Koisuru Cupid ou Ghost! (Eerie Queerie!) Et il peut même aller jusqu’à avoir des relations sexuelles dans Lollipop Dragoon et Aijin Incubus. La réincarnation est parfois invoquée pour expliquer l’attraction inexplicable entre deux hommes : dans Koyoi wa Kimi to

Chi no Kiss wo (Le Baiser du sang), Riku apprend qu’il est la réincarnation de l’amant d’un vampire,

ce qui est supposé expliquer pourquoi celui-ci l’a enlevé pour le violer. Dans Kimi ni Sasayaku Mirai (Whispers), Kazuki laisse à Renji une lettre qui lui promet de l’aimer toujours au fil de ses réincarnations (un enfant vient se présenter à lui dix ans plus tard).

L’un des motifs favoris du yaoi fantastique semble être l’idée du rapport sexuel comme seul moyen de guérir un personnage. Dans Crimson Spell, le magicien Halvir découvre que Valdrigr porte des bracelets démoniques pour ne pas se changer en démon lorsqu’il dort. Pour juguler son énergie démoniaque, Halvir doit alors prendre sexuellement le prince inconscient, ce qu’il fait toutes les nuits, profitant du sommeil de Val. Dans Private Magician (2003) de Kazusa Takashima (qui a publié en

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France Wild Rock et la série Mad Love Chase), le jeune Natsuki Kasumi, qui vient de se faire larguer par son amant, rencontre un étrange diseur de bonne aventure aux longs cheveux blonds qui lui donne une boîte porte-bonheur. En fait, le magicien est l’esprit de la boîte, Matthew, et il compte bien arriver à ses fins auprès de l’adolescent. L’esprit s’affaiblit s’il n’exauce pas les souhaits de son maître, ce qui finit par émouvoir Natsuki. Akuma no Himitsu (The Devil’s Secret) en donne un autre exemple : chaque nuit, Raoul souffre de fièvre et de douleurs, et ne se voit guéri qu’à la suite d’un rapport sexuel avec le père Matthew. Il s’agit d’un procédé éprouvé dans les fanfictions, que Joanna Russ a étudié dans « Pornography by Women for Women, with Love » (Russ 1985). Un rapport sexuel peut y être nécessaire pour réanimer un personnage de science-fiction, la gêne ou la réticence devant cette nécessité participant de l’effet érotique sur les lectrices.

On retrouve ce type d’histoire dans les autres récits d’incubes, ces démons sexuels. Dans Aijin

Incubus (« l’amant incube », 2005) de Rize Shinba, Senda Fujimaru est irrésistiblement attiré vers un

lieu où l’attend un homme vêtu de noir, à la mode du XVIIIe s. Un jour qu’il se masturbe sous la douche, il voit un homme dans le miroir. Rei lui apparaît et lui explique qu’il est un incube qui se nourrit des rêves humides des hommes, à qui il apporte non la terreur des cauchemars mais le plaisir. Dans Katsuai

Monster (« monstre à contre-cœur », 2008) de Souta Narazaki, Kabutani ressemble à un lycéen comme

les autres, mais il se nourrit des relations sexuelles qu’il a avec d’autres lycéens. La sexualité est alors motivée par la survie, et non par la seule libido : les rapports charnels ont une importance vitale pour l’incube.

Inversement, dans Konoyo Ibun (My Demon and Me), c’est le démon Setsu qui guérit Aki en se nourrissant de sa maladie, mais en lui imposant en échange des relations sexuelles. Chargé de protéger la famille d’Aki, Setsu s’en acquitte de manière assez personnelle en le soumettant à ses étreintes. Mais ce n’est que temporaire, et ce dernier en sera délivré dès qu’il sera guéri. Or, Aki a pris goût à leurs ébats et ne peut se résoudre à voir disparaître un jour le démon. Un autre personnage soigne à l’aide de la sexualité : un docteur anglais, un certain Bram van Erotic, soigne le héros de Lollipop Dragoon en lui administrant une fellation. Ensuite, c’est Yun, un maître des potions chinois, qui parvient à le désenvoûter à l’aide d’un sort et de masturbation réciproque.

L’idée d’un échange de faveurs amène l’idée du pacte plus ou moins forcé, également exploitée, par exemple dans Maō no Amai Keiyaku, où le roi démon propose à Ryô d’exaucer son vœu d’être un grand pâtissier s’il le nourrit ad vitam aeternam. Le jeune garçon accepte, sans savoir que le démon apprécie autant ses lèvres que ses gâteaux. De même, le moine de Honokana Koino Danpen Wo (Fragments

d’amour) peut mener ses exorcismes grâce au pacte qui le lie à l’esprit de son katana, Ninomiya, qui

apparaît comme un jeune homme portant des lunettes. À l’avenant, dans « Blood Hope » de Bohra Naono (dans The Circle, 2009), quand un jeune potier père de famille trouve un livre d’invocations, il fait apparaître sans le vouloir un démon cornu qui lui propose d’exaucer ses vœux. Le prix à payer sera bien entendu des faveurs sexuelles (suivi de « Blood Trap » et « Blood Chip » dans le même recueil).

À côté de ces situations de rapports contraints où le dominant dépend de sa victime, voisinent heureusement des récits où c’est le don désintéressé qui règle les rapports entre les personnages. Cela ne va pas de soi au début de Necratoholic, puisque Atsumi a violé Sakuya. Mais quand le dhampire réapparaît, il lui révèle qu’il a perdu ses pouvoirs en ayant une relation sexuelle avec un vampire. Devant

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un Atsumi vulnérable qui se livre à lui, Sakuya finit par admettre ses sentiments pour lui. La couverture illustre bien l’ambiguïté de leur relation : les deux êtres s’embrassent, Sakuya offrant sa bouche tout en pointant une dague sur le flanc d’Atsumi, ce dernier plongeant un crucifix entre les omoplates du vampire (figure 4). Le pétale de rose sur la langue de Sakuya recèle sans doute une signification sexuelle, une allusion au viol permis par le baiser paralysant du dhampire. Les papillons qui volent autour d’eux sont plutôt un symbole de féminité et d’amour.

Dans Honokana Koino Danpen Wo (Fragments d’amour), Toranosuke ne peut embrasser Changin, le démon qu’il aime, que s’il tient à la main un katana sacré, sous peine de voir son âme aspirée par le démon. « Iku Michi, Yobu Tsuki » montre pour sa part un démon altruiste, qui sauve un homme de la noyade et le nourrit de sa propre chair, seule nourriture possible dans un lieu magique. Enfin,

Yannatchaukurai Aishiteru (Pure Love) décrit les déboires de Yû et Ryô, dont le but ultime, parvenir

enfin au bout d’une relation sexuelle, est sans cesse contrecarré, la force surhumaine de celui qui semble le plus frêle ne constituant pas le moindre obstacle pour arriver à leurs fins !

La nature des personnages détermine ainsi l’intrigue des récits, obéissant au comportement attendu, prescrit par la tradition. Les fantômes vont prendre possession des vivants, les démons vont chercher à signer un pacte avec les mortels, ou les pousser au péché de chair s’ils sont des incubes. D’autre part, les intrigues peuvent dépendre avant tout des sentiments qui lient les personnages : un fantôme revient consoler son amant, deux êtres de nature différente vont accepter d’avoir des relations

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Bien souvent, ces arrangements étranges rappellent aussi les situations de contrainte acceptée du mariage arrangé traditionnel. Le motif du pacte est parfois même explicitement lié au mariage, dans Konoyo Ibun (My Demon and Me), qui met en scène une union arrangée entre un démon mâle et un homme élevé pour devenir une bonne épouse. Ces récits graphiques viennent alors représenter de façon fantasmatique ou métaphorique des situations hétérosexuelles où les femmes ont par tradition peu de voix au chapitre. Il ne s’agit cependant pour les lectrices ni de s’y préparer ni de les exorciser, mais bien de les voir sous un autre angle. Ces intrigues permettent au personnage de découvrir les sentiments de l’autre et les siens propres, et bien souvent montrent une sorte de plaisir pervers dans la soumission.

Il y a aussi la vision d’un monde (encore) irréaliste où des hommes peuvent répondre aux caractéristiques du genre féminin, et où des relations sexuelles ou sentimentales se nouent en dehors de la différence sexuelle qui règle la condition sociale des lectrices. Le recours à des personnages masculins pour remplacer le personnage féminin hétérosexuel a été analysé dans le shōjo comme permettant d’explorer la sexualité tout en préservant le corps féminin (Ogi 2003).

Adapting the theme of sexuality using boys, the writers create a secure sexual gaze for shōjo, who by convention lack libidinal agency, while they are also unveiling a code of sexuality which the category shōjo itself cannot contain. They show an impossible and therefore non-threatening situation in the process of their image-making of shōjo. (Ogi 2001, 182-183.)

À ce cadre typique du shōjo, le fantastique apporte à la fois une justification à des situations transgressives, et une échappée dans un imaginaire très codé, purement fantasmatique mais parfaitement intégré.

Le cas du shotacon

Il semble nécessaire de réserver une place à part au shotacon (de « shōtarō complex », Shōtarō était le prénom de plusieurs héros adolescents), qui place des personnages prépubères dans un contexte érotique (Tamaki 2007, 236-237). Bien que moralement répréhensibles, ces mangas sont assez nombreux, et inévitables pour une telle recherche. Pathos (2004) de Mika Sadahiro montre un adolescent orphelin élevé par deux vampires homosexuels, King et Jay, qu’il considère comme ses frères. Vampirisé enfant par Jay dans son sommeil, Ace en garde le fantasme de devenir vampire, tout comme il devient lui aussi homosexuel. Le malaise vient de ce que la scène où Ace enfant est vampirisé rappelle un acte sexuel, le manga superposant les scènes sexuelles et vampiriques et les montrant comme équivalentes. Bien qu’il n’y ait pas de relation sexuelle dans Toritsu Mahō Gakuen (« l’école de magie municipale », 2003) de Lily Hoshino, le malaise est tout aussi palpable. Un magicien, Yuno, reçoit pour familier un petit garçon, Harlem, qui lui apprend qu’il est un incube de forme enfantine. À sa demande, ils dorment ensemble et parfois s’embrassent. Harlem est parfois montré travesti ou une sucette à la bouche. Puis il se met à grandir d’un seul coup, et révèle qu’il est âgé de 17 ans. Le procédé ne trompe personne, pas plus que dans Devil x Devil (2003) de Sachiyo Sawauchi, où le démon Hotei découvre qu’il se change en enfant s’il mange un bonbon. Son rival, l’ange déchu Suzaku, attiré par les petits garçons, le recueille et le gâte. Lorsque Hotei reprend sa forme adulte, Suzaku l’embrasse puis le sodomise. Ils finissent par s’avouer leurs sentiments lorsque Suzaku montre sa jalousie en voyant Hotei avec un autre démon.

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Dans tous ces cas, les mangas jouent sur les limites, et s’assurent en général de rester à la marge de la transgression. On n’en est pas encore au point d’autres mangas, où les personnages ont bien des relations sexuelles pédophiles. Sachiyo Sawauchi réalise aussi « Tenshinchigi » (dans Wagamama na Jewel, « le bijou de l’égoïste », 2008), autre manga shotacon où un jeune dieu de l’orage est dépucelé par un de ses aînés. L’exemple le plus choquant reste Magical Travel Boy (2002) de Nase Yamato, où un enfant venu d’un autre monde magique se perd en visite sur Terre. Recueilli par un magicien, il prend une apparence plus âgée pour avoir une relation sexuelle avec lui, mais en pleine pénétration, il retrouve par accident son corps d’enfant. Quand bien même (ou plutôt parce que) présentée comme une situation humoristique, même en rappelant la différence entre réalité et fiction, une telle scène décomplexée dans le manga met mal à l’aise et interroge le manque de lucidité et d’empathie des mangakas. Les spécialistes expliquent bien leur liberté créatrice, et la manière dont les lecteurs et les lectrices s’approprient ce fantasme, à travers une psychologie de l’identification à l’enfant très particulière (Tamaki 2007, 244-245). Le

shotacon met en évidence les divergences de perception dans la représentation de la pédophilie d’une

culture à l’autre. Cette distance se réduit depuis peu dans une certaine mesure, comme en témoigne la loi promulguée en 2011 par le gouvernement régional de Tokyo, visant à interdire aux mineurs les mangas représentant des crimes sexuels.

Une sexualité étrange

Les personnages de ces mangas sont clairement définis par leur nature surnaturelle, qu’il s’agisse des esprits de la tradition japonaise, des démons de traditions multiples, des vampires ou de l’esprit des morts. Leur surgissement dans le quotidien de jeunes héros coïncide à la fois avec l’irruption du fantastique et avec celle de la sexualité. Dans presque tous les cas, la sexualité et le surnaturel sont indissociables : c’est le moyen pour les personnages de découvrir leurs propres désirs et leur potentiel érotique. Qu’elle soit imposée par le viol, le chantage affectif ou induite par la pitié, elle n’est en général pas souhaitée par l’humain. Le fantastique permet cependant de motiver le comportement homosexuel, qu’il survienne à la faveur de la possession par fantôme, ou que les relations sexuelles représentent une source d’énergie vitale pour l’être surnaturel, incube ou vampire. On peut y voir le moyen de dédouaner le personnage de ce qui lui arrive, avant de l’accepter et de céder aux sentiments naissants pour le démon ou le vampire qui l’exploite sexuellement, comme dans Konoyo Ibun (My Demon and Me). Dans certains exemples, on retrouve le motif de la confession involontaire, où le personnage découvre son plaisir au cours de la relation sexuelle imposée, celle-ci révélant au personnage ses propres désirs (Giard, 2006). C’est aussi une manière de provoquer de manière faussement innocente des situations scandaleuses, et de montrer des relations socialement transgressives (notamment dans le domaine du shotacon). Ces représentations complaisantes de violences sexuelles justifient les nombreuses critiques qui épinglent le sexisme et l’homophobie de plusieurs mangas du genre (Akatsuka 2010 ; Bauwens-Sugimoto 2011). Dans la plupart des yaois mettant en scène le surnaturel, la contrainte reste néanmoins le plus souvent psychologique.

Parfois, à l’opposé, le fantastique est non un moyen d’arriver sexuellement à ses fins, mais d’exprimer un amour réciproque – qui passera cependant tout autant par le biais des relations sexuelles. C’est le cas notamment dans Kimi ni Sasayaku Mirai (Whispers). Par un effet de contamination, l’homosexualité en vient à paraître surnaturelle à son tour, en ce qu’elle lie de manière privilégiée dans

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ces mangas des personnages appartenant à des ordres différents. Ceux-ci semblent alors doublement transgressifs : Raoul et le père Matthew dans Akuma no Himitsu (The Devil’s Secret) choquent les incubes parce que leur amour est censé être impossible, et leur relation durable et consentie inconcevable. De manière paradoxale, c’est en perdant ce qui fait d’eux des êtres surnaturels que les héros de Necratoholic en viennent à initier une relation sentimentale. Par le biais du basculement dans le surnaturel, les histoires conventionnelles sont subverties, et l’identité sexuelle est constamment remise en cause. C’est donc aussi une manière de reconnaître l’étrangeté de ses propres désirs. Comme l’écrit Mark McHarry :

BL and yaoi manga, art, and stories express new realms of imagination and fantasy. Though boys’ love images may be “nothing but pictures,” they nonetheless depict precisely such a Foucauldian epistemological break from existing notions of masculinities and male sexual identities. (McHarry 2011, 128.)

Dans tous les cas, le yaoi montre la force irrésistible du désir à travers des histoires incroyables où les esprits cohabitent avec les humains. Ceux-ci éprouvent à la fois l’attrait de l’étrange et la peur du surnaturel, aussi séduisants soient les traits sous lesquels il apparaît. Cette fascination étrange est autant une manière d’exprimer certains fantasmes féminins que d’expliquer le désir homosexuel, qui rompt la norme et reste mystérieux au public hétérosexuel : il faut bien un sortilège ou une force surnaturelle pour l’expliquer.

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Samuel Minne has worked on science-fiction literature, lesbian and gay cultures, comics, on Latin American literature, and on time and dream in literature.

Figure

Fig. 1 Couverture du troisième volume de Konoyo Ibun de Tsuta Suzuki.
Fig. 2 Couverture d’Akuma no Himitsu de Hinako Takanaga.
Fig. 3 Couverture de Kimi ni Sasayaku Mirai de Bohra Naono.
Fig. 4 Couverture de Necratoholic de Maguro Wasabi.

Références

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