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Québec AU QUÉBEC (MARTES PENNANTJ) SITUATION DU PEKAN

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SITUATION DU PEKAN (MARTES PENNANTJ)

AU QUÉBEC

par Yves Garant

pour

Ministère de l'Environnement et de la Faune

Janvier 1995

b <• -

Québec

(2)

Direction de la faune et des habitats

SITUATION DU PEKAN (Martes pennanti)

AU QUÉBEC

par Yves Garant

pour le

Ministère de l'Environnement et de la Faune Québec, janvier 1995

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Référence à citer:

GARANT, Y. 1995. Situation du pékan (Martes pennanti) au Québec. Pour le ministère de l'Environnement et de la Faune, Direction de la faune et des habitats, Québec. 67 p.

Dépôt légal — Bibliothèque nationale du Québec, 1995 ISBN: 2-550-24118-5

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RESUME

Le pékan a été classé dans le deuxième groupe d'espèces prioritaires par le ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF) en raison surtout de sa vulnérabilité au piégeage et d'une méconnaissance générale de son écologie au Québec. Le présent rapport évalue la situation actuelle de cette espèce en portant une attention particulière sur son exploitation.

Trois aspects ont été étudiés: (1) l'analyse des statistiques de récolte de quatre saisons de piégeage par l'entremise d'un programme volontaire de collecte de carcasses; (2) une étude sur le terrain dans des secteurs inexploité et exploités par le piégeage et (3) l'utilisation de simulations sur ordinateur pour déterminer la récolte maximale soutenue et évaluer les indicateurs du taux d'exploitation.

Plus de 1 200 carcasses ont été examinées durant le projet, dont la moitié provenait de la région du Bas Saint-Laurent-Gaspésie. Les jeunes de l'année représentaient 68,2 % des captures alors que les groupes d'âge de 1,5 an et > 2,5 ans comptaient respectivement pour 15,7 et 16,2 %. Le rapport des sexes était biaisé en faveur des femelles en 1990 et 1991, alors qu'il favorisait les mâles en 1992. Environ 95 % des femelles ont produit des corps jaunes; celles de > 2,5 ans étant significativement plus fertiles que celles de 1,5 an. Malgré une saison de piégeage qui dure jusqu'à 135 jours dans certaines régions, 90 % de la récolte s'est prise au cours des deux premiers mois.

L'analyse de 545 estomacs de pékans a révélé un régime alimentaire très diversifié, plus de 20 espèces ayant été identifiées. Le lièvre d'Amérique (27,6 %), les micromammifères (35,2 %) et les oiseaux (19,7 %) furent les catégories de proies les plus fréquemment retrouvées dans les contenus stomacaux. Le régime alimentaire ne différait pas entre les mâles et les femelles.

Vingt-sept pékans ont été capturés et munis d'un collier-émetteur dans le parc de la Gatineau en Outaouais, et 13 l'ont été dans la zec Jaro en Beauce. Les animaux ont été suivis par télémétrie, en moyenne, durant 288 jours en Outaouais et 153 jours dans la région de la zec Jaro. Le taux annuel de survie des pékans dans le parc (0,80) était presque le double de celui de la zone exploitée (0,42). Les taux annuels de mortalité naturelle étaient identiques dans les secteurs piégés et non piégés. Le taux de mortalité associé au piégeage était élevé (39 %); deux mortalités sur trois y furent directement imputables.

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IV

Les domaines vitaux des mâles et des femelles dans le parc de la Gatineau étaient respectivement de 9,3 et 5,5 km2, des superficies inférieures à celles rapportées dans la littérature. Les plus petits domaines vitaux furent attribués à une forte densité de pékans dans le parc. En effet, la densité a été estimée à 3,0 pékans/10 km2 par un inventaire probabiliste de pistes et à 2,8 pékans/10 km2 en se basant sur la taille des domaines vitaux.

En raison de l'absence de piégeage dans le parc depuis quelques dizaines d'années, cette densité a été considérée comme étant près de la capacité de support et a servi de base aux simulations.

Des taux d'exploitation de 10 à 37 % ont été simulés, pendant une période de 25 ans. Une récolte soutenue et une population relativement stable sont maintenues lorsque le taux d'exploitation n'excède pas 25 %. La récolte maximale soutenue se situe à un taux d'environ 20 % pour un rendement d'environ 3 pékans/100 km2. La densité des pékans pour atteindre une récolte maximale soutenue est évaluée à 17 pékans/100 km2. La proportion de juvéniles dans la récolte augmente parallèlement avec le taux d'exploitation en raison de leur plus grande vulnérabilité au piégeage. Les femelles adultes augmentent également dans la récolte avec l'accroissement de la pression de piégeage.

Les statistiques de récolte observées au Québec sont comparables avec celles résultant de taux d'exploitation élevés lors des simulations, dépassant vraisemblablement 30 % annuellement. Ce taux d'exploitation est du même ordre de grandeur que celui mesuré par le suivi télémétrique des pékans en milieu exploité.

Les résultats présentés dans cette étude suggèrent que le taux d'exploitation sur le pékan est élevé. Le prélèvement est tel que les populations régionales sont maintenues à une faible densité. En raison de la grande vulnérabilité de l'espèce au piégeage, il serait opportun d'ajuster les modalités d'exploitation de cette espèce et de tendre vers une gestion plus conservatrice à l'instar des autres administrations du nord-est américain.

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TABLE DES MATIERES

page RÉSUMÉ m TABLE DES MATIÈRES V LISTE DES TABLEAUX VII LISTE DES FIGURES IX 1. INTRODUCTION 1 2. MÉTHODES 3 2.1 Collecte de données sur les carcasses de pékan 3 2.1.1 Structure d'âge 3 2.1.2 Taux d'ovulation 3 2.1.3 Régime alimentaire 4 2.2 Étude des pékans dans la région de l'Outaouais 6 2.2.1 Piégeage des pékans 6 2.2.2 Suivi télémétrique et domaines vitaux 8 2.2.3 Taux de survie et de mortalité 8 2.2.4 Estimation de la densité 8 2.3 Exploitation du pékan au Québec 9 2.3.1 Récolte et répartition 9 2.3.2 Répartition saisonnière des captures 9 2.3.3 Rendement et succès de piégeage 11 2.3.4 Simulations 11 3. RÉSULTATS ET DISCUSSION 13 3.1 Collecte de carcasses de pékan 13 3.1.1 Structure d'âge 13 3.1.2 Taux d'ovulation et reproduction 16 3.1.3 Rapport des sexes 19 3.1.4 Régime alimentaire 21

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VI

TABLE DES MATIERES (suite)

page 3.2 Étude des pékans dans la région de l'Outaouais 25

3.2.1 Piégeage des pékans 25 3.2.2 Suivi télémétrique et domaines vitaux 26 3.2.3 Taux de survie et de mortalité 27 3.2.4 Estimation de la densité 30 3.3 Exploitation du pékan au Québec 32 3.3.1 Récolte, permis vendus et prix de la fourrure 32 3.3.2 Répartition 34 3.3.3 Répartition saisonnière des captures 38 3.3.4 Rendement et succès de piégeage 40 3.3.5 Simulations et estimation de la récolte maximale soutenue 44 3.4 Indicateurs du niveau d'exploitation 51 3.4.1 Animaux munis de colliers-émetteurs 52 3.4.2 Effort et succès de piégeage 52 3.4.3 Statistiques de récolte 53 4. CONCLUSION 58 REMERCIEMENTS 60 LISTE DES RÉFÉRENCES 61

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LISTE DES TABLEAUX

page Tableau 1 Répartition des échantillons de contenus stomacaux

par région et par sexe 4 Tableau 2 Superficies utilisées pour le calcul des rendements chez le

pékan, saisons 1984-1993 11 Tableau 3 Provenance des carcasses de pékan, saisons 1989 à 1992 13 Tableau 4 Carcasses examinées et récolte québécoise de pékans par le

piégeage, saisons 1989 à 1992 14 Tableau 5 Taux d'ovulation chez le pékan de diverses régions nord-

américaines 18 Tableau 6 Cicatrices placentaires chez le pékan de diverses régions

nord-américaines 19 Tableau 7 Rapport des sexes par classe d'âge chez le pékan, saisons

1989 à 1992 20 Tableau 8 Rapport annuel des sexes chez le pékan par région du

MEF de 1989 à 1992 21 Tableau 9 Importance des espèces dans le régime alimentaire du

pékan, 1990 à 1992 22 Tableau 10 Fréquence des espèces dans le régime alimentaire du

pékan, 1990 à 1992 22 Tableau 11 Importance relative des espèces dans le régime alimentaire

du pékan en fonction du sexe 25 Tableau 12 Effort de piégeage dans le parc de la Gatineau, saisons

1990 à 1992 26 Tableau 13 Effort de piégeage à l'extérieur du parc de la Gatineau,

saisons 1990 à 1992 26 Tableau 14 Repérages télémétriques des pékans dans la région du

parc de la Gatineau (1990-1993) et de la zec Jaro

(1988-1989) 28 Tableau 15 Superficies des domaines vitaux des pékans du parc de la

Gatineau et de la zec Jaro 29

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vm

LISTE DES TABLEAUX (suite)

page Tableau 16 Taux de survie et de mortalité des pékans en milieu

exploité et inexploité par le piégeage au Québec 30 Tableau 17 Nombre de pistes individuelles de pékan rencontrées lors

d'un l'inventaire de la densité en février 1993 dans le parc de la

Gatineau 31 Tableau 18 Principaux paramètres de l'estimation de la densité des

pékans dans le parc de la Gatineau, février 1993 31 Tableau 19 Densité (pékans/10 km2) dans diverses régions

nord-américaines 32 Tableau 20 Récolte régionale de pékans de 1984 à 1993 34 Tableau 21 Taux de mortalité des pékans dans le Maine durant la

saison de piégeage et la période sans piégeage 45 Tableau 22 Vulnérabilité des pékans au piégeage par sexe et

par classe d'âge 46 Tableau 23 Comparaison des valeurs d'âge et de sexe observées dans la

récolte de pékans au Québec entre 1989 et 1992 avec

celles prédites par simulation après 25 ans et selon cinq taux

d'exploitation 47 Tableau 24 Statistiques de récolte et estimation du taux d'exploitation

du pékan au Québec, saisons 1989 à 1992 55

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LISTE DES FIGURES

page Figure 1 Régions administratives du ministère de l'Environnement

et de la Faune 5 Figure 2 Localisation des zones de piégeage des pékans en

Outaouais de 1990 à 1992 7 Figure 3 Zone retenue pour l'estimation de la densité des pékans

dans le parc de la Gatineau en février 1993 10 Figure 4 Structure d'âge des pékans récoltés par le piégeage, saisons

1989 à 1992 15 Figure 5 Taux d'ovulation du pékan au Québec, saisons 1989 à

1992 17 Figure 6 Proportion des piégeurs qui considèrent que le lièvre

d'Amérique est en déclin dans leur secteur de piégeage 24 Figure 7 Récolte de pékans et prix indexé de sa fourrure 1960 à

1992 33 Figure 8 Prix indexé de la fourrure de pékan et permis vendus de 1960 à

1992 34 Figure 9 Répartition des captures de pékan au Québec pour la

saison de piégeage 1990 35 Figure 10 Répartition des captures de pékan au Québec pour la

saison de piégeage 1991 36 Figure 11 Répartition des captures de pékan au Québec pour la

saison de piégeage 1992 37 Figure 12 Pourcentage cumulatif de la récolte de pékans en fonction

de la quinzaine de piégeage (1990-91 à 1992-93) 39 Figure 13 Répartition saisonnière des captures de pékans en

fonction de la quinzaine de piégeage( 1990-91 à 1992-93) 39 Figure 14 Répartition saisonnière des captures de femelles juvéniles

et adultes en fonction de la quinzaine de piégeage( 1990-91 à

1992-93) 40

(11)

X

LISTE DES FIGURES (suite)

page Figure 15 Rendement (captures/100 km2) annuel du piégeage du

pékan au Québec de 1981 à 1992 41 Figure 16 Rendement (captures/100 km2) régional du piégeage du

pékan au Québec de 1981 à 1992 41 Figure 17 Nombre moyen de captures annuelles de pékan par

piégeur dans trois régions situées au sud du

Saint-Laurent 42 Figure 18 Nombre moyen de captures annuelles de pékan par

piégeur dans quatre régions situées au nord du

Saint-Laurent 42 Figure 19 Succès régional (captures/1 000 nuits-pièges) du pékan au

Québec pour les saisons 1989-90 à 1993-94 43 Figure 20 Estimation de la récolte maximale soutenue à partir du

modèle de simulation SMCON 48 Figure 21 Rendement régional (captures/100 km2 d'habitat forestier)

du pékan au Québec, moyenne de 1984 à 1992 49 Figure 22 Relation entre la récolte de pékans et le succès de piégeage

dans la zone libre et le réseau structuré 53 Figure 23 Relation entre le taux d'exploitation et le rapport des sexes

observés et prédits au Minnesota 56 Figure 24 Relation entre le taux d'exploitation et le rapport J:FM

observés et prédits au Minnesota 56

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1. INTRODUCTION

En 1984, le ministère du Loisir de la Chasse et de la Pêche (MLCP) instaurait sa nouvelle politique de piégeage (MLCP 1985). Cette politique visait deux objectifs principaux: (1) mettre en valeur la ressource et (2) assurer la conservation des animaux à fourrure en contrôlant la gestion des activités de piégeage.

Au Québec, 23 espèces animales sont reconnues à titre d'animaux à fourrure dont 20 font l'objet d'une exploitation par le piégeage. Ces dernières ont été classées par groupes d'espèces prioritaires en fonction de plusieurs critères tels le risque de surexploitation, l'importance du nombre de captures ou la méconnaissance générale de l'espèce et de son exploitation (Lafond 1990).

Le pékan (Martes pennanti) se trouve dans le deuxième groupe d'espèces prioritaires sur cette liste en raison surtout de sa vulnérabilité au piégeage (Young 1975 cité dans Powell 1993) et du risque de surexploitation. Il est reconnu à travers son aire de répartition que le pékan est une espèce relativement peu abondante mais facile à piéger, ce qui peut entraîner une réduction locale de ses effectifs. Les populations de pékans ont d'ailleurs été fortement réduites au début du siècle, voire décimées dans certaines régions au sud et à l'est des Grands Lacs, en raison d'un piégeage intensif et de la destruction de son habitat par les coupes forestières (Brander et Books 1973; Coulter 1966; Dodds et Martell 1971). La protection des habitats et la réintroduction de pékans ont permis à l'espèce de survivre bien que celle-ci n'ait pas encore réoccupé toute son aire de répartition historique (Gibilisco

1994).

Après avoir constaté un léger déclin des populations de pékans du nord-est américain au milieu des années 1970, Powell (1979) a simulé mathématiquement divers scénarios visant à mesurer l'effet du piégeage sur la dynamique des populations. Une des conclusions de son travail indique qu'une faible augmentation du taux de mortalité au-dessus du taux de mortalité naturelle peut entraîner une extinction locale du pékan. Dans cette étude, Powell (1979) avance même l'idée qu'une récolte supérieure à 1-4 pékans/100 km2, selon la quantité de proies disponibles au pékan, peut s'avérer suffisante pour éliminer l'espèce localement. L'analyse des résultats issus de ces simulations constituent donc un élément de plus illustrant la précarité de l'espèce face à l'exploitation par le piégeage.

La dynamique de la population du pékan est méconnue au Québec. Avant 1984, les seules informations disponibles sur l'abondance de l'espèce provenaient des ventes de fourrures

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faites par les piégeurs. Ces données permettent de dresser un portrait sommaire de l'abondance du pékan mais s'avèrent nettement insuffisantes à des fins de gestion durable.

Avec l'instauration de la politique de piégeage en 1984, la récolte, toujours basée sur ces mêmes ventes de fourrures, est devenue mieux connue à l'échelle locale puisqu'elle a pu être répartie selon l'organisation territoriale pour le piégeage. Depuis 1989, l'utilisation d'un carnet du piégeur a permis de recueillir des informations sur l'effort de piégeage, le sexe des animaux capturés et la chronologie des captures.

Toutefois, comme l'utilisation des carnets se fait sur une base volontaire et que la qualité des informations recueillies dépend de la participation des piégeurs, de leur expérience et de leurs connaissances, l'utilité de cet outil est limitée s'il n'a pas été préalablement validé. Il devenait donc très pertinent pour le Ministère d'acquérir des connaissances scientifiques sur l'écologie du pékan à notre latitude, afin de développer et de valider des outils de suivi adéquats pour une saine gestion de l'espèce.

Le présent rapport de recherche fait le point sur la situation du pékan et sur son exploitation au Québec. Ce rapport porte principalement sur l'analyse et l'interprétation de données récoltées dans le cadre d'une étude doctorale sur cette espèce à l'Université Laval.

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2. METHODES

2.1 Collecte de données sur les carcasses de pékan

Des carcasses de pékan ont été recueillies auprès des piégeurs durant quatre saisons de piégeage soit de 1989-90 à 1992-93 afin de déterminer la structure d'âge et le taux d'ovulation des femelles. Chaque carcasse était identifiée par le nom du piégeur, ses coordonnées ainsi que la date et l'endroit de la capture. Les mesures morphométriques suivantes ont été prises sur les carcasses: masse de l'animal, masse du baculum chez les mâles, masse du gras mésentérique, masse du gras rénal, masse des reins, masse du contenu stomacal, longueur du crâne, largeur intermusculaire ou longueur de la coalescence des muscles temporaux, longueur du corps, longueur totale, diamètre du cou, diamètre de la poitrine. Les données liées à la condition physique des pékans feront toutefois l'objet d'un rapport distinct.

2.1.1 Structure d'âge

L'âge des pékans a été déterminé par l'examen radiographique des canines. La mesure du canal pulpaire a été utilisée pour identifier les juvéniles (< 1 an) (Kuehn et Berg 1981) alors que la lecture des anneaux de cément a servi pour les animaux plus âgés (Strickland et al.

1982). Les canines prélevées sur la mâchoire inférieure ont été radiographiées à l'aide d'un appareil Philips Mammo Diagnostic UC sur un film Kodak Min R-H SO-155 à simple emulsion. Les dents ont été exposées à 20 MAS (milli-ampères-seconde) à un voltage de 28 kV.

Les points de séparation entre les juvéniles et les adultes ont été calculés selon la méthode décrite par Fortin et al. (1988). Une description détaillée de la technique utilisée pour le pékan fera l'objet d'un rapport séparé.

2.1.2 Taux d'ovulation

Les ovaires ont été prélevés et conservés dans une solution d'AFA avant d'être expédiés à un laboratoire privé (Matson's Laboratory, Milltown, MT) pour le décompte des corps jaunes. Le taux d'ovulation est l'indice de productivité le plus utilisé chez le pékan car il est le plus facile à mesurer. L'utilisation des cicatrices placentaires n'est généralement pas possible sur des tractus de pékans qui ont été mal conservés ou congelés à plus d'une reprise. Néanmoins, lorsqu'il était possible de détecter la présence des cicatrices sur les cornes utérines de spécimens bien conservés, elles étaient comptées à des fins de

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comparaison avec la littérature. Les tests de Kruskall-Wallis et de Mann-Whitney ont servi à comparer les indices de productivité entre les pékans du Québec et ceux de régions pour lesquelles nous avions accès aux données brutes (Coulter 1966; Crowley et al. 1990; Kelly 1977).

2.1.3 Régime alimentaire

Un échantillon de 545 estomacs provenant des carcasses récoltées au cours de trois saisons de piégeage (1990-91 à 1992-93) a été analysé pour déterminer le régime alimentaire du pékan au Québec. La répartition des échantillons par région administrative du ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF) (figure 1) et par sexe est présentée au tableau 1.

Tableau 1 Répartition des échantillons de contenus stomacaux par région et par sexe

REGION

1990 1991 1992

M M M

SOUS- TOTAL F M

TOTAL

01 03 04 05 06 07 08 inconnue

TOTAL

T

30 0 14 17 5 6 0 0 72

27 4 5 22

2 9 0 0 69

87 7 3 3 10

7 6 6 129

49 5 6 7 4 4 8 1 84

41 7 7 3 8 12

3 0 81

59 7 11 2 9 20

2 0 110

158 14 24 23 23 25 9 6 282

135 16 22 31 15 33 10 1 263

293 30 46 54 38 58 19 7 545

1 1 ^

Les contenus stomacaux ont été dégelés puis rincés dans un tamis avant d'être triés macroscopiquement. Les espèces ont été identifiées selon les caractéristiques des poils (longueur, couleur, forme, etc.) en utilisant les clés d'Adorjan et Kolenosky (1969), de Moore et al. (1974) et de Thompson étal. (1987). Les poils et les structures non identifiables ont été examinés sous une loupe binoculaire et comparés à des poils, griffes et dents provenant de collections de référence.

(16)

80' 78' 76" 74' 72* 70" 68* 66" 64"

52'

50'

48'

46'

44"

62- 60- 58"

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Figure 1 Régions administratives du ministère de l'Environnement et de la Faune

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Nous n'avons pas cherché à déterminer précisément l'espèce dans le cas des micromammifères, des écureuils et des oiseaux. Dans la majorité des cas toutefois, il a été possible d'identifier l'espèce lorsque l'animal était peu décomposé. Le regroupement de ces espèces en trois groupes a permis d'analyser un plus grand nombre d'estomacs. Le volume respectif de chaque espèce ou groupe d'espèces présentes dans le contenu a été estimé visuellement après avoir effectué des tests d'ajustement pour les deux observateurs ayant participé aux travaux de laboratoire.

2.2 Étude des pékans dans la région de l'Outaouais 2.2.1 Piégeage des pékans

Des campagnes de piégeage de pékans vivants ont eu lieu en Outaouais en 1990-91,1991- 92 et 1992-93. L'effort de piégeage a été déployé principalement dans trois secteurs: le parc de la Gatineau (aucun piégeage); le secteur Masham situé juste au nord du parc et le secteur Otter Lake (1990 et 1991 seulement), situé à environ 25 km au nord-ouest des limites du parc (figure 2). De quatre à neuf piégeurs étaient engagés à chaque automne pour capturer des pékans vivants à l'extérieur du parc. Le petit secteur Masham a été fusionné avec celui du parc puisque tous les piégeurs de ce secteur collaboraient au projet en piégeant des pékans vivants et en n'utilisant pas d'engin de capture mortelle sur leur territoire.

Les pékans ont été piégés dans des cages Tomahawk rigides ou pliantes (modèles 107 et 207, Tomahawk Live Trap Co., Tomahawk WI). L'effort de piégeage dans le parc a été déployé surtout durant les mois de novembre et décembre de chaque année alors qu'à l'extérieur des limites du parc, les piégeurs ont piégé à partir de novembre jusqu'en février ou mars.

En 1990 et 1991, les pékans capturés étaient transférés dans une boîte en Plexiglas à l'intérieur de laquelle ils étaient anesthésiés à l'isoflurane (Breton et al. 1991). En 1992, les animaux ont été immobilisés par injection intramusculaire de kétamine à une dose moyenne de 15 mg/kg de masse corporelle. Une fois le sexe déterminé, les spécimens étaient pesés et mesurés. Une prémolaire supérieure PMI était extraite à l'aide d'un davier, lorsque possible, pour la lecture de l'âge (Strickland et al. 1982). L'animal était ensuite muni d'un collier-émetteur et d'une étiquette métallique à une oreille.

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76°30' W 76°00 W

45 30'

N

10

SECTEUR OTTER LAKE

20 Km

45°

50'|

N

45°

30'I N

76°30' W 76°00 W

Figure 2 Localisation des zones de piégeage des pékans en Outaouais de 1990 à 1992

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8

2.2.2 Suivi télémétrique et domaines vitaux

Les repérages télémétriques des pékans en Outaouais ont été effectués en avion monomoteur Cessna 172 muni de deux antennes Adcock (type H) montées sur les supports des ailes. Quelques repérages au sol ont aussi été effectués et la localisation des pékans dans ce cas a été faite par triangulation (White et Garrott 1990). Lors des repérages, l'heure était notée ainsi que le type d'habitat dans lequel l'animal se trouvait. Le point de localisation était inscrit sur une carte topographique à l'échelle 1: 50 000. Une centaine de sorties aéroportées ont eu lieu entre le 13 décembre 1990 et le 29 décembre 1993 donnant environ 550 points de localisation. Treize pékans ont été capturés en 1988 et 1989 lors d'une phase préliminaire du projet de recherche dans la zec Jaro (Beauce) et 12 d'entre eux ont été munis de colliers-émetteurs. Les domaines vitaux de pékans, dans un territoire soumis au piégeage, ont également été mesurés. La superficie des domaines vitaux a été calculée par planimétrie en utilisant la méthode du polygone convexe minimum (White et Garrott 1990).

2.2.3 Taux de survie et de mortalité

Les taux de survie et de mortalité furent calculés à l'aide du logiciel MICROMORT (Heisey et Fuller 1985). Les données obtenues par la télémétrie dans le parc de la Gatineau et dans la zec Jaro ont permis de déterminer les taux de survie et de mortalité en milieu inexploité et exploité par le piégeage. Les pékans capturés dans le parc mais qui se sont dispersés à l'extérieur ont été considérés comme appartenant au secteur piégé dès qu'ils traversaient les limites du parc.

2.2.4 Estimation de la densité

La densité des pékans a été estimée à l'intérieur d'un bloc d'inventaire d'une superficie de 58 km2 dans le parc de la Gatineau, entre le lac La Pêche à l'est et le chemin Eardley- Masham à l'ouest, les 24 et 25 février 1993 (figure 3). La méthode développée par Becker (1991) fut utilisée pour estimer la densité. Brièvement, cette technique est basée sur la probabilité de rencontrer une piste de pékan, probabilité qui est calculée à partir d'informations obtenues sur les déplacements d'animaux munis de colliers-émetteurs. La densité est ensuite estimée en utilisant le nombre de pistes rencontrées lors de l'inventaire et la probabilité de rencontre.

(20)

Au moment de l'inventaire, neuf pékans étaient marqués et leurs déplacements ont été suivis en les repérant quotidiennement à deux ou trois reprises. Quatre séries de trois virées ont été distribuées dans le bloc d'inventaire selon la méthode de Becker (1991). Chacune de ces virées avait une longueur de 4 km et une orientation est-ouest (figure 3). Les virées d'une même série étaient suffisamment loin l'une de l'autre pour que la piste d'un animal ne puisse être repérée sur deux virées d'une même série. De plus, l'inventaire a eu lieu à la suite d'une importante chute de neige de plus de 30 cm dans les jours précédant l'inventaire, une condition essentielle pour ne repérer que les pistes fraîches.

Quatre observateurs, munis d'une boussole et d'un Topofil™, ont parcouru les 12 virées et ils ont indiqué sur une carte topographique (1:20 000) toutes les pistes de pékans rencontrées. Pendant ce temps, un cinquième observateur en hélicoptère suivait précisément les déplacements des neuf pékans marqués afin d'évaluer la distance moyenne parcourue au cours de l'inventaire. Les points de localisation des animaux ont aussi été inscrits sur une carte à l'échelle 1:20 000.

2.3 Exploitation du pékan au Québec 2.3.1 Récolte et répartition

Les données de récolte de pékans au Québec, la valeur de sa fourrure et le nombre de permis vendus annuellement ont été obtenues des banques informatisées du MEF. La récolte annuelle pour la période de 1984 à 1993 a été répartie entre les différentes régions administratives du MEF afin de dresser un portrait régional.

2.3.2 Répartition saisonnière des captures

La répartition saisonnière des captures en fonction de l'âge et du sexe de l'animal a été déterminée pour les saisons cumulées de 1990-91 à 1992-93. Seuls les pékans pour lesquels la date de capture était inscrite sur la fiche d'identification de la carcasse ont été utilisés.

(21)

76' 05' W

45°

35' N

Aire d'étude \ . Ligne d'inventaire

Salnt-Francols Masham

4 Km

45' 40' N

45°

35' N

76'15'W 76° 05' W

Figure 3 Zone retenue pour l'estimation de la densité des pékans dans le parc de la Gatineau en février 1993

(22)

11

2.3.3 Rendement et succès de piegeage

Le rendement est un indicateur basé sur la récolte mais il s'avère plus représentatif de la pression d'exploitation dans un secteur donné que la récolte (Lafond 1990). Pour le pékan, il est défini comme le nombre de captures par 100 km2. Les superficies utilisées par le Ministère pour déterminer le rendement dans chacune des régions sont présentées au tableau 2.

Le succès pour sa part est obtenu par le carnet de piegeage et il est défini comme le nombre de captures par 1 000 nuits-pièges. Le succès est un indice de l'abondance des pékans dans un secteur particulier. Ces deux indicateurs ont été mesurés pour toutes les régions du Québec à l'exception des régions 02,09 et 10 où la récolte de pékans s'avère marginale.

Tableau 2 Superficies utilisées pour le calcul des rendements chez le pékan, saisons 1984-1993.

Région

01 03 04 05 06 07 08

Superficie (km2) 40 493 32 856 56 121 14 921 38 927 35 515 73 405

2.3.4 Simulations

L'utilisation de simulations sur ordinateur visait d'une part à mesurer le taux d'accroissement d'une population de pékans inexploitée par le piegeage et d'obtenir la courbe de croissance logistique jusqu'à la capacité de support (Caughley 1977). Dans une seconde phase de simulations, nous avons mesuré la récolte maximale soutenue que l'on peut théoriquement obtenir pour le pékan au Québec ainsi que la densité de pékans à laquelle cette récolte est possible. Les simulations constituent un outil permettant de visualiser dans le temps les conséquences du taux d'exploitation sur la population de pékans.

(23)

12

Celles-ci nous permettent de prédire la récolte et sa structure. Des modèles de simulation sont utilisés dans plusieurs juridictions pour gérer le piégeage du pékan (Berg et Kuehn 1989, Douglas et Strickland 1987, Kohn et al. 1993).

Le modèle de simulation SIMCON (Walters 1982) a été utilisé pour répondre aux buts visés. Le principal avantage du programme SIMCON sur les autres programmes disponibles réside dans sa capacité d'incorporer des paramètres qui varient en fonction de la densité de la population (e.g. taux de mortalité naturelle).

Les valeurs de vulnérabilité au piégeage par âge et par sexe de Krohn et al. (1994) ont été incorporées au modèle. Nous avons utilisé différentes sources d'information pour déterminer les taux de survie soit: les taux calculés pour les pékans du parc de la Gatineau et de la zec Jaro; les taux mesurés pour les pékans du Maine par classe d'âge et de sexe (Krohn et al. 1994), de même que le taux de survie estivale des juvéniles mesuré par Paragi (1990). Le logiciel MICROMORT (Heisey et Fuller 1985) a servi à déterminer ces taux dans les trois cas.

La croissance de la population a été simulée en absence et à différents taux d'exploitation par le piégeage. Le modèle fournit la structure d'âge par sexe dans la population et également dans la récolte. Les paramètres démographiques obtenus par les simulations ont par la suite été comparés avec les valeurs réelles mesurées dans la récolte québécoise.

(24)

13

3. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1 Collecte de carcasses de pékan

Plus de 1 200 carcasses ont été recueillies au cours du projet. Leur répartition selon la provenance géographique est présentée au tableau 3. La moitié des carcasses provient de la région du Bas Saint-Laurent-Gaspésie (01), 11,9 % de l'Estrie (05) et 8,7 % de la région de Québec (03). Malgré une sollicitation spécifique et annuelle auprès des piégeurs de la région de l'Outaouais (région 07), où se déroulait le travail de terrain, ces derniers ont peu contribué à la collecte de carcasses (8,9 % de l'échantillon total), bien que cette région fournisse environ 19 % de la récolte québécoise depuis 1984. Le nombre de carcasses analysées représente 19,0 % de la récolte totale des saisons de piegeage 1989-90 à 1992-93 (tableau 4).

Tableau 3 Provenance des carcasses de pékan, saisons 1989 à 1992

RÉGION

01 03 04 05 06 07 08 09 inconnue

Total

1989

113 28

0 51 0 14

0 0 0 206

1990

104 4 26 57 17 19 0 0 6 233

1991

181 23 12 12 20 17 22 2 16 305

1992

219 51 36 26 33 57 52 0 5 479

TOTAL

617 106 74 146

70 107

74 2 27 1223

3.1.1 Structure d'âge

La pyramide d'âge a été établie pour chacune des quatre années de piegeage (figure 4). La classe des juvéniles représente en moyenne 68,2 % de la récolte alors que les pékans de 1,5 an et les adultes de 2,5 ans et plus comptent respectivement pour 15,7 % et 16,2 % lorsque les quatre années sont cumulées. L'âge maximal observé a été de 10,5 ans chez les femelles et de 9,5 ans chez les mâles. Ces âges correspondent vraisemblablement à l'âge maximal qu'un pékan puisse atteindre en liberté. Le plus vieux pékan âgé par le laboratoire

(25)

14

Matson's1, spécialisé dans la lecture d'âge de mammifères, avait 9,5 ans (1 587 pékans âgés entre 1979 et 1990).

Tableau 4 Carcasses examinées et récolte québécoise de pékans par le piégeage, saisons 1989 à 1992

Saison

1989 1990 1991 1992 TOTAL

Carcasses (n)

206 233 305 479 1223

Récolte québécoise

(n) 1230 1155 2 008 2 050 6443

Pourcentage de la récolte

16,7 20,3 15,1 23,4 19,0

En 1989 et 1990, on observait très peu de pékans âgés de plus de 3,5 ans (figure 4). Plus particulièrement, les mâles de plus de 3,5 ans ne représentaient qu'un mince pourcentage de la récolte. Ce groupe ne constituait que de 1 à 2 % de la récolte au cours des trois premières années de l'étude et un peu plus soit 5,4 % durant la quatrième année de collecte de carcasses. Par rapport aux femelles du même groupe d'âge, les mâles étaient nettement moins représentés (voir la section 3.1.3).

L'absence de vieux mâles dans la pyramide d'âge des pékans peut théoriquement s'expliquer par deux hypothèses: soit qu'il y ait un plus grand taux de mortalité naturelle (ex. parasitisme, prédation) sur les pékans mâles âgés, soit que le taux d'exploitation de ce groupe soit plus élevé que celui des femelles de la même classe d'âge, ce qui se traduirait par une quasi absence de vieux individus. Selon Krohn et al. (1994), le taux de mortalité des mâles adultes durant la période de l'année où il n'y a pas de piégeage est de 9 % comparativement à 13 % chez les femelles; ces données ne supportent donc pas la première hypothèse. Selon ces mêmes auteurs, le taux de mortalité des mâles par le piégeage est deux fois supérieur à celui des femelles adultes. Par conséquent, l'absence de vieux mâles dans la récolte au Québec pourrait plutôt être le résultat d'une plus grande vulnérabilité au piégeage de ce sexe.

1 Matson's Laboratory, Milltown, MT, Progress report no. 12, Spring 1991

(26)

FEMELLES MÂLES FEMELLES MÂLES

80

M

«5-

LUO

<

60 40 20 Ô 20 40

NOMBRE DE PÉKANS 1989

60 80

10.5 9.5 8.5 7.5 6.5 5.5 4.5 3.5 2.5 1.5 0.5

100 60 40 20 0 20 40 NOMBRE DE PÉKANS

1990

60 80 100

FEMELLES MÂLES FEMELLES MÂLES

Oi

120 100 60 40 20 0 20 40 NOMBRE DE PÉKANS

1991

60 80 100 160 120 80 40 0 40 80

NOMBRE DE PÉKANS 1992

120 160 200

Figure 4 Structure d'âge des pékans récoltés par le piégeage, saisons 1989 à 1992

(27)

16

Globalement, l'âge moyen des femelles a été supérieur à celui des mâles durant les 4 années; cette différence était d'ailleurs significative en 1990 (M = 0,78 an; F = 1,02 an) et en 1992 (M = 1,18 an; F = 1,56 an) (Test de Mann-Whitney; 1990: P = 0,09; 1992:

P = 0,03).

Une forte proportion de juvéniles dans la récolte de pékans constitue une situation fréquemment observée (Douglas et Strickland 1987). Cette classe d'âge est beaucoup plus vulnérable au piégeage que les adultes, d'où son importance dans la récolte (Krohn et al.

1994). Dans le Wisconsin cependant, la proportion de juvéniles habituellement observés dans la récolte fait exception à cette règle. Kohn et al. (1993) y rapportent une proportion de juvéniles de 48 % dans la récolte alors que les animaux de 1,5 an et de 2,5 ans et plus représentent respectivement 23 % et 29 % des captures. Les modalités de gestion de cet état sont relativement rigoureuses avec une saison de piégeage de 11 jours seulement et une récolte allouée d'un pékan par piégeur. H en est ainsi au New Hampshire, où la saison de piégeage ne dure que de 22 à 29 jours; le pourcentage moyen de juvéniles dans la récolte fut de 49 % pour la période 1980 à 1992 (E. Orff, comm. pers.)2 . L'abondance des juvéniles dans la récolte est également proportionnelle à la pression de piégeage chez la martre d'Amérique (Martes americana) dans le Maine (Soukkala 1983).

Un faible pourcentage de juvéniles dans la récolte reflète soit un faible taux d'exploitation ou l'exploitation nouvelle d'une population auparavant inexploitée (Fortin et Cantin 1990, Lensink 1953, Powell 1994). À l'opposé, là structure d'âge d'une population de pékans fortement piégée est généralement biaisée en faveur des juvéniles (Douglas et Strickland

1987).

3.1.2 Taux d'ovulation et reproduction

Chez le pékan, les femelles atteignent leur maturité sexuelle à l'âge d'un an et c'est à ce moment qu'elles se reproduisent pour la première fois. Cependant, comme l'implantation des embryons est différée, elles n'ont leur première portée qu'à l'âge de deux ans après une période de gestation réelle d'environ 50 jours (Cherepak et Connor 1992).

L'oestrus a lieu une à deux semaines après la mise bas (Hall 1942) et l'ovulation est possiblement induite par l'accouplement (Ewer 1973). Cherepak et Connor (1992) ont suivi les taux de progestérone et d'oestrogène chez 14 femelles gardées en captivité afin d'identifier les facteurs déclenchant l'implantation des embryons et la durée de la gestation

New Hampshire Fish and Game Department

(28)

17

chez le pékan. Selon ces auteurs, l'accroissement de la photopériode serait le principal facteur initiant l'implantation des embryons. De plus, l'augmentation de la progestérone dans le sang et la présence d'un œuf non fertilisé chez une femelle non accouplée soulèvent des questions quant au type d'ovulation, laissant présumer que le pékan pourrait ovuler spontanément (Cherepak et Connor 1992).

Le taux d'ovulation a été mesuré par le décompte des corps jaunes des ovaires de 168 femelles de 1,5 an et plus (1989-90 à 1992-93). Le taux d'ovulation moyen, calculé sur la base de toutes les femelles adultes, s'établit à 3,25 ± 1,04 corps jaunes par femelle (figure 5). En moyenne, 95 % des femelles adultes ont produit des corps jaunes à chaque année, une proportion comparable à celle de populations de pékans provenant d'autres régions (tableau 5). En assumant que l'implantation est induite, ce pourcentage correspond à la proportion de femelles qui ont été accouplées. Sur les huit femelles adultes qui n'ont pas ovulé, quatre étaient âgées de 1,5 an alors que les quatre autres avaient 2,5; 3,5; 4,5 et 6,5 ans. Le taux d'ovulation mesuré chez les pékans du Québec est significativement inférieur à celui du New Hampshire (Test de Mann-Whitney, P = 0,006) mais n'est pas différent de celui du Vermont (Test de Mann-Whitney, P = 0,137).

80 70 60

u 40 Q

£ 30m

20 10

2 3 4 NOMBRE DE CORPS JAUNES

Figure 5 Taux d'ovulation du pékan au Québec, saisons 1989 à 1992

Le taux d'ovulation chez le pékan a varié en fonction de l'âge; les femelles de 1,5 an (2,85 ± 0,95 corps jaunes) ont produit significativement moins de corps jaunes que celles de 2,5 ans et plus (3,52 ± 1,00 corps jaunes) (t = 4,30, P = 0,0003). Un taux d'ovulation

(29)

18

plus faible chez la classe d'âge des 1,5 an a d'ailleurs été rapporté par Shea et al. (1985) dans l'état du Maine et par Douglas et Strickland (1987) pour les pékans de la région du parc Algonquin en Ontario.

Tableau 5 Taux d'ovulation chez le pékan de diverses régions nord-américaines Région

Maine Maine Manitoba

New Hampshire ^ New Hampshire New-York Québec Vermont

Corps moyenne

3,28 3,00 3,50 3,67 3,70 2,72 3,25 3,43

jaunes médiane

- - 4,0 3,0 3,0 4,0

Femelles avec corps

jaunes (%)

. 95 81 . 100

- 95 95

N

44 141

16 12 50 23 168

60

Référence

Coulter 1966 Shea et al. 1985 Leonard 1980 Kelly 1977

Crowley et al. 1990 Eadie et Hamilton 1958 Présente étude

Crowley et al. 1990

Le taux d'ovulation a également été comparé à l'échelle régionale. Les échantillons furent regroupés selon trois grandes régions soit le nord du Saint-Laurent, regroupant les régions 04, 06, 07 et 08 du MEF, le sud du Québec (régions 03 et 05 du MEF) et l'est du Québec, représenté par la région 01. Il n'y a pas de différence du taux d'ovulation entre les trois grandes régions (Test de Kruskall-Wallis, 2 ddl, P = 0,486).

Le décompte des cicatrices placentaires devrait théoriquement être un indicateur plus précis et plus représentatif des naissances et de la taille des portées que le dénombrement des corps jaunes (Mead 1994). Cet indicateur est toutefois peu utilisé car les cicatrices placentaires ne persistent pas longtemps sur les cornes utérines de spécimens qui sont gelés et décongelés à plusieurs reprises (Paragi 1990), ce qui est souvent le cas avec les carcasses remises par les piégeurs.

Nous présentons néanmoins les données prises sur les pékans du Québec à des fins de comparaison. La productivité basée sur les cicatrices placentaires est toujours plus faible que celle mesurée par le décompte des corps jaunes lorsqu'on compare les données des tableaux 5 et 6. Il n'y a pas de différence significative entre les quatre régions nord- américaines quant au nombre de cicatrices placentaires observées sur les cornes utérines (Test de Kruskall-Wallis, 3 ddl, P = 0,145).

(30)

19

Selon Frost (1994), qui a effectué des observations par laparotomie sur des femelles en captivité, l'utilisation des cicatrices placentaires chez le pékan serait hautement biaisée car elles sont rarement visibles à l'oeil nu sur les cornes utérines après la mise bas.

Tableau 6 Qcatrices placentaires chez le pékan de diverses régions nord-américaines

Région

Maine

New Hampshire Québec

Vermont

Cicatrices moyenne

2,93 2,80 2,28 2,45

placentaires médiane

3,0 3,0 2,0 3.0

N

27 15 25 11

Référence

Coulter 1966 Crowley et al. 1990 Présente étude Crowley et al. 1990

3.1.3 Rapport des sexes

Le rapport réel des sexes chez une population de pékans est difficile à déterminer (Powell 1993). Le rapport des sexes obtenu par une collecte de carcasses est biaisé car la vulnérabilité des pékans varie en fonction de l'âge et du sexe. En 1989, le rapport des sexes était près de la parité alors qu'en 1990 et 1991, il favorisait les femelles. Ce rapport s'est inversé en 1992, observant plus de mâles que de femelles dans la récolte (tableau 7). Il faut toutefois analyser le rapport des sexes pour chacune des classes d'âge car il n'est pas constant. Chez les juvéniles, le rapport était près de la parité en 1989 et 1990 pour ensuite être fortement biaisé en faveur des femelles en 1991 et des mâles en 1992. On ne peut expliquer les variations observées chez les juvéniles en 1991 et 1992, car le rapport des sexes à la naissance chez le pékan est normalement voisin de 50:50 (Powell 1993) et les taux de survie des juvéniles des deux sexes ne sont pas significativement différents l'un de l'autre (Krohn et al. 1994).

Les mâles de 1,5 an étaient nettement plus abondants que les femelles dans les carcasses en 1989, 1990 et 1992. Dans la classe des 2,5 ans, la parité des sexes fut observée sauf en 1990 où il y a eu 0,27 mâle par femelle. Chez les adultes de 3,5 ans et plus (n = 112 pékans), les femelles ont été plus abondantes que les mâles dans la récolte au cours des quatre années de l'étude.

(31)

20

Les femelles adultes constituent le segment de la population le moins vulnérable au piégeage (Krohn et al. 1994). Le fait qu'elles soient plus abondantes que les mâles du même âge dans la récolte témoigne possiblement d'un taux d'exploitation élevé des pékans du Québec (voir la section 3.3.6).

Tableau 7 Rapport des sexes par classe d'âge chez le pékan, saisons 1989 à 1992 Classe d'âge

(ans)

0,5 1,5 2,5

>3,5 total

1989 0,94

1,82 1,00 0,29 0.96

Rapport des M:F 1990

0,94 1,16 0,27 0,20 0,86

sexes

1991 0,76 0,93 1,00 0,27 0,73

1992 1,32 1,22 0,97 0,62 1,16

À l'échelle régionale, la région du Bas Saint-Laurent-Gaspésie (01) possède une taille annuelle d'échantillon permettant un meilleur suivi du rapport des sexes durant les quatre années (tableau 8). Dans cette région, la proportion de chacun des sexes était identique en 1989 pour être biaisée envers les femelles en 1990 et 1991 et en faveur des mâles en 1992.

Le rapport des sexes en Outaouais (07) a évolué de façon semblable avec une prépondérance de femelles en 1990 et 1991 et de mâles en 1992. D'autres régions comme l'Estrie (05) et Québec-sud (03) se comportent différemment. Dans la région 03 par exemple, la récolte était biaisée en faveur des mâles en 1989 pour ensuite présenter une abondance de femelles en 1991 et 1992.

Le rapport annuel des sexes dans la récolte varie d'une région à l'autre et n'est pas constant à l'échelle provinciale. Il est probable que les régions limitrophes avec les états du Maine et du Vermont, deux juridictions où les modalités d'exploitation sont plus restrictives qu'au Québec, jouissent d'une immigration non négligeable, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans la région de la Mauricie (04) par exemple. En plus de l'immigration, la pression de piégeage sur l'espèce peut varier entre les régions, entraînant des différences du rapport des sexes dans les statistiques de récolte.

(32)

21

Tableau 8 Rapport annuel des sexes chez le pékan par région du MEF de 1989 à 1992

Région

01 03 04 05 06 07 08 TOTAL

1989 1,00 (112) 1,54 (28)

- 0,88 (49)

- 6 femelles

- 0,96

Rapport des 1990 0,74 (104)

4 mâles 0,44 (26) 1,28 (57) 1.12 (17) 0,59 (19)

- 0,86

sexes (M:F) 1991 0,65 (183) 0,77 (23)

1,16 (13) 2,27 (13) 0,50 (21) 0,59 (19) 1,21 (22)

0,73

1992 1,43 (213) 0,68 (57) 2,00 (36) 0,86 (26) 0,83 (33) 1,15 (58) 0,79 (52)

1,16

( ): taille de l'échantillon

3.1.4 Régime alimentaire

Le régime alimentaire du pékan au Québec est varié et plus d'une vingtaine d'espèces ont été identifiées dans les estomacs. Une grande diversité des sources de nourriture a aussi été observée dans d'autres provinces et états (Arthur et al. 1989b; Clem 1977; Douglas et Strickland 1987; Kelly 1977; Raine 1987; Rego 1984). Le lièvre d'Amérique (Lepus americanus), les micromammifères et les oiseaux dominent le régime alimentaire en contribuant respectivement pour 19,8 %, 15,3 % et 9,1 % (tableau 9). Ces trois catégories sont également les plus fréquentes (tableau 10).

Le porc-épic (Erethizon dorsatum), considéré par Arthur et al. (1989b), De Vos (1952), Powell (1993) et Rego (1984) comme une espèce fréquente du régime alimentaire (21 %, 34 %, 20 % et 31 %), n'a été trouvé que dans 6,9 % des estomacs (tableau 3.8). Kelly (1977) n'a trouvé aucun poil de porc-épic dans les estomacs de pékans bien que 15 % des carcasses avaient des piquants à l'extérieur. L'importance du porc-épic dans le régime alimentaire du pékan peut être surestimée car les poils épineux de cette espèce persistent plus longtemps dans l'estomac que la chair et les poils des autres espèces animales (Rego

1984).

(33)

22

Tableau 9 Importance des espèces dans le régime alimentaire du pékan, 1990 à 1992

Espèces

Lièvres

Micromammifères Oiseaux

Cerf de Virginie Écureuils Porc-épic Noix Fruits Herpétofaune Autres espèces Débris végétaux Appât

Espèces inconnues

N

1990 26,0

8,2 11,3 6,4 5,1 4,8 1,1 0,0 0,3 4,4 8,4 12,2 11,6 141

Indice 1991 22,2 16,6 6,9 4,5 3,7 3,4 1,4 1,3 0,3 3,5 7,6 18,2 8,2 206

d'importance^

1992 11,1 21,1 9,2 1,5 5,7 3,0 10,4 12,5 0,4 4,4 9,0 10,7 0,6 191

moyenne 19,8 15,3 9,1 4,1 4,8 3,7 4,3 4,6 0,3 4,1 8,3 13,7 6,8 538 1volume X fréquence d'apparition

Tableau 10 Fréquence des espèces 1990 à

Espèces

Lièvres

Micromammifères Oiseaux

Cerf de Virginie Écureuils Porc-épic Noix Fruits Herpétofaune Autres espèces Débris végétaux Appât

Espèces inconnues

1992

1990 34,8 24,1 23,4 10,6 7,8 7,8 1,4 0,0 0,7 9,9 23,4 15,6 26,7

dans le régime

Fréquence 1991 29,6 32,3 12,7 5,2 5,6 5,6 2,8 2,4 2,4 6,6 24,4 25,4 15,0

alimentaire du pékan

d'apparition 1992 18,3 49,2 23,0 3,1 9,4 7,3 16,2 27,8 2,6 11,5 24,1 13,6 3,7

moyenne 27,6 35,2 19,7 6,3 7,6 6,9 6,8 10,0 1.9 9,3 24,0 18,2 15,1

(34)

23

La fréquence de 35% des micromammifères (musaraignes, campagnols) dans les estomacs des pékans du Québec est comparable à celle des pékans piégés dans des régions limitrophes telles que le Maine (31 %, Rego 1984) et le New Hampshire (27 %, Kelly 1977). Les appâts sont fréquents dans les estomacs des pékans piégés à l'automne et en hiver. Ces derniers sont reconnus pour aller s'alimenter aux appâts mis en place par les piégeurs dans des enclos destinés à capturer d'autres espèces telles que le coyote (Canis latrans) ou le renard roux (Vulpes vulpes). Les pékans peuvent également manger les appâts installés dans des pièges Conibear après que ceux-ci aient été déclenchés par d'autres espèces (Kelly 1977).

En 1992, près de 23 % du régime alimentaire était composé de fruits et de noix. Le sorbier d'Amérique (Sorbus americana) a été le fruit le plus souvent rencontré dans les estomacs.

Des cerises et des bleuets ont aussi été identifiés dans les estomacs de certains pékans.

L'importance relative du lièvre dans le régime alimentaire a diminué de 26,0 % à 11,1 % entre 1990 et 1992 (tableau 9). Durant cette même période, l'importance des micromammifères est passée de 8,2 % à 21,1 %. La baisse du lièvre dans le régime alimentaire semble refléter le déclin de cette espèce observé sur le terrain par les piégeurs.

Depuis 1989, une proportion croissante de piégeurs considèrent que le lièvre est en déclin dans leur secteur de piégeage. En 1992, près d'un répondant sur deux affirmait que la population de lièvres était à la baisse dans son secteur de piégeage (figure 6).

Kuehn (1989) a suivi le régime alimentaire du pékan au Minnesota au cours d'un déclin du lièvre d'Amérique dans l'état. La proportion de lièvre dans le régime a diminué au cours du cycle pour faire place à une plus grande importance des micromammifères. Aucune évidence d'une détérioration de la condition physique ou de la productivité des femelles n'a été observée avec ce déclin du lièvre, indiquant à l'auteur que le pékan pouvait adapter sa stratégie alimentaire aux conditions de disponibilité du lièvre sans qu'aucune répercussion ne soit perceptible visuellement sur les réserves lipidiques (Kuehn 1989).

Nous avons effectué de nombreuses comparaisons statistiques afin de déceler des différences régionales ou inter-sexuelles du régime alimentaire. Aucune différence nette et persistante au cours des ans n'a pu être relevée en fonction de la région, à l'exception des écureuils qui étaient significativement moins fréquents dans les estomacs des pékans capturés au sud du Saint-Laurent. En 1991 on retrouvait moins de fruits et noix dans le régime alimentaire des pékans capturés au nord du Saint-Laurent; cette différence n'était toutefois pas significative en 1990 et 1992.

(35)

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1989 1990 1991 ANNÉE

1992

Figure 6 Proportion des piégeurs qui considèrent que le lièvre d'Amérique est en déclin dans leur secteur de piégeage (Source: Répertoire de données sur les animaux à fourrures, MEF)

Brown et Lasiewski (1972) ont suggéré que le dimorphisme sexuel a évolué chez les mustélidés pour diminuer la compétition intra-spécifique pour les ressources alimentaires.

Le dimorphisme sexuel étant prononcé chez le pékan (Powell 1993), nous avons analysé le régime alimentaire en fonction de la taille des proies. Le lièvre et le porc-épic ont été considérés comme des proies de grande taille alors que les micromammifères, les écureuils, les oiseaux et l'herpétofaune ont été classifies en tant que proies de petite taille.

Selon cette analyse, les mâles se sont attaqués aux grandes proies plus souvent que les femelles en 1992 seulement; cette observation était toutefois très près du seuil de signification (test de X1, P=0,046).

Le régime alimentaire est semblable entre les mâles et les femelles (tableau 11) et la valeur de la similarité varie de 0,78 et 0,88 selon la saison (indice de Kulczynski, Legendre et Legendre 1984). Une grande similarité du régime alimentaire entre les sexes a également été mesurée par Giuliano et al. (1989) au New Hampshire. L'hypothèse de Brown et Lasiewski (1972) sur le rôle du dimorphisme sexuel pour réduire la compétition intraspécifique ne s'appliquerait donc pas au pékan. Des hypothèses alternatives sur le rôle du dimorphisme en fonction des stratégies reproductives ont été proposées par Moors

(36)

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(1980) et Powell (1993). Ces hypothèses ne sont toutefois pas discutées en raison de leur influence limitée sur la gestion de l'espèce.

La plupart des pékans remis par les piégeurs ont été piégés en novembre et en décembre; le régime alimentaire est donc principalement représentatif de cette période. Coulter (1966) n'a pas observé de changement de la fréquence des micromammifères de l'automne jusqu'à la fin de l'hiver. Les petits mammifères pourraient toutefois être moins accessibles aux pékans avec la progression de l'hiver (Rego 1984) et donc moins fréquents dans le régime alimentaire. L'importance du cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) dans le régime alimentaire pourrait par ailleurs augmenter vers la fin de l'hiver, au moment où il y a plus de carcasses disponibles à la suite de mortalité par prédation ou par inanition (Potvin 1986).

Puisque seulement 10% de la récolte par le piégeage est effectuée après le 31 décembre, il est difficile de bien décrire le régime du pékan pour cette période de l'hiver à partir de notre échantillon de carcasses.

Tableau 11 Importance relative des espèces dans le régime alimentaire du pékan en fonction du sexe

Espèces

Lièvres

Micromammifères Oiseaux

Cerf de Virginie Écureuils Porc-épic Noix Fruits

Autres espèces Débris végétaux Appât

Espèces inconnues

Étude des pékans dans

Indice d'importance Femelle

n = 282 19,7 15,7 9,5 4,3 6,2 3,9 5,1 3,3 3,9 6,0 4,7 5,9

la réeion de l'Outaouais

Mâle n = 263

19,2 15,8 8,1 3,6 3,2 3,2 3,5 5,6 5,6 10,7

4,0 7,7

3.2.1 Piégeage des pékans

Au cours des trois campagnes de piégeage, 14 captures ont été effectuées dans le parc de la Gatineau et 17 en bordure de celui-ci. Le succès de piégeage (captures/1000 nuits-pièges), cumulé pour les trois années, a été nettement supérieur dans le parc avec 5,5 pékans/1000

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nuits-pièges comparativement à 1,8 à l'extérieur du parc (tableaux 12 et 13). Le succès de piégeage dans le parc a été excellent la première année malgré le manque de connaissances sur les habitudes des pékans dans ce secteur. Les pékans ont été beaucoup plus difficiles à capturer durant les saisons 1991 et 1992. L'absence de neige au sol et une température relativement clémente ont possiblement nui au succès de capture au cours de ces deux années. Il est également possible que les animaux aient appris à éviter les cages. Dans la zone de piégeage contiguë au parc, le succès a augmenté au cours des ans. Notons toutefois que peu de pékans ont été capturés à l'automne tout comme dans le parc. Les pékans ont plutôt été piégés en janvier et février, lorsque la neige au sol était présente et que les températures étaient plus froides.

Tableau 12 Effort de piégeage dans le parc de la Gatineau, saisons 1990 à 1992 Saison

1990 1991 1992 Total

Nuits-pièges (NP) 705 773 1054 2 532

a incluant une recapture

Tableau 13 Effort de piégeage à l'extérieur du saisons 1990 à 1992

Saison 1990 1991 1992 Total

Nuits-pièges (NP) 3 707 2 761 2 797 9 265

a incluant trois recaptures

# captures 10

3 1 14

Succès (captures/1000 NP)

14,2 3,9 1,0 5,5

parc de la Gatineau,

# captures 4 4 9 17

Succès (captures/1000 NP)

1,1 1,5 3,2 1,8

3.2.2 Suivi télémétrique et domaines vitaux

Entre décembre 1990 et décembre 1993, environ 550 repérages télémétriques des pékans ont été effectués dans la région du parc de la Gatineau. Vingt-deux pékans munis d'un radio-émetteur ont été suivis au cours de cette période, 9 mâles et 13 femelles. De ce nombre, neuf pékans ont été repérés à moins de 15 reprises, six pékans ont été localisés entre 15 et 30 fois alors que les sept autres l'ont été à plus de 30 occasions. Les dates des captures et des dernières localisations sont présentées au tableau 14. Ce sont

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principalement les animaux capturés la première année qui ont été repérés le moins souvent. Les pékans ont été suivis en moyenne durant 288 jours (39 à 718 jours). Dans la zec Jaro, plus de 225 repérages télémétriques ont été effectués sur 12 pékans munis d'un collier-émetteur. Ces pékans ont été suivis en moyenne durant 157 jours.

La taille moyenne des domaines vitaux annuels des femelles et des mâles dans le parc s'est établie respectivement à 5,5 et 9,3 km2 (tableau 15) Ces valeurs sont inférieures à celles rapportées dans la littérature. Les superficies des domaines vitaux des femelles et des mâles étaient respectivement de 16,3 et 30,9 km2 dans le Maine (Arthur et al. 1989a), de 8,3 et 39,6 km2 dans le Wisconsin (Kohn et al. 1993) et de 15 et 23 km2 au New Hampshire (Kelly 1977). En Beauce, la taille moyenne du domaine vital de cinq mâles repérés à plus de 25 reprises chacun en 1988 et 1989 était de 33,6 km2. La taille du domaine vital des femelles en Beauce n'a pu être calculée car elles n'ont pas été suivies assez longtemps;

quatre des cinq femelles marquées ont été rapidement piégées ou sont mortes de cause naturelle au cours des premières semaines de suivi. Dans une revue de la littérature sur la taille des domaines vitaux du pékan, Powell (1993) rapporte une taille moyenne de 15 et 38 km2 pour les femelles et les mâles.

La plus petite superficie occupée par les pékans du parc semble attribuable à une plus forte densité. Ces superficies sont possiblement les plus petites que les pékans puissent occuper dans l'hypothèse où la densité dans le parc est près de la capacité de support du milieu (voir la section 3.2.4). Le rapport entre la taille du domaine vital des femelles par rapport à la taille de celui des mâles est de 1,7 dans le parc de la Gatineau et il demeure comparable à ce qu'on observe dans des états voisins soit un rapport d'environ 1,8 à 2 (Arthur et al. 1989a, Kelly 1977), malgré des territoires beaucoup plus grands.

3.2.3 Taux de survie et de mortalité

Les taux de survie du pékan ont varié fortement entre les secteurs soumis ou non au piégeage (tableau 16). Annuellement, le taux de survie dans le parc de la Gatineau fut presque le double de celui estimé en zone exploitée soit 0,80 par rapport à 0,42. La différence entre ces deux taux de survie était principalement attribuable au piégeage puisque le taux annuel de mortalité naturelle fut similaire entre les deux milieux; 0,19 en milieu exploité et 0,20 dans le parc.

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