IV. INFLUENCE DE LA CONDUITE DU SÉCHAGE
A LA FLAMME SUR L’EFFICACITÉ DES PROTÉINES
DE FARINES DE HARENG
INTRODUCTION
S. Z. ZELTER
Laboratoire de Recherches sur la Conservation et l’Efficacité des Aliments, 16, rue Claude Bernard, Paris Ve.
L’intérêt des
protéines animales, fabriquées industriellement,
en alimentation animale n’estplus
à démontrer. Le résultatzootechnique
est essentiellement contin-genté
par leurqualité.
Parmi les facteurssusceptibles
d’influencercelle-ci,
la conduitedu traitement
thermique
estprépondérante
en raison de la labilitéparticulière
de certains acides aminés essentiels.L’influence de l’intensité du
chauffage
sur l’efficacitéprotidique
des farines depoisson
a été mise en évidence par des travauxanciens, passés
en revue par CREACH(1950)
GRAU et WILLIAMS(1955)
OUSTERHOUT et SNYDER(1962)
etd’après lesquels
le
séchage
à la flamme(W ILGUS 1935)
seraitparticulièrement préjudiciable.
Selon desétudes
plus
récentes(T ARR
etal., 1954,
CARPENTERetal., 1954) les progrès
de la techno-logie
permettent d’obtenir par ceprocédé
desproduits
dequalité comparable
à cellede farines séchées sous vide ou à la vapeur. On peut néanmoins se demander si dans
cette
technique
certaines zonesthermiques
ne seraient pasplus
favorables que d’autres à laprotection
desprotéines
depoisson.
C’est cepoint qui
a faitl’objet
de recherchesexposées plus
loin. Mais le mode deséchage
n’est pas le seul à influencer l’efficacité azotée d’une farineanimale;
d’autres variables peuventégalement
la modifier :origine
et
composition
de la matièrepremière,
durée ettempérature
de la cuissonprécédant
le
séchage,
échauffementspontané
des farines à la sortie duséchoir,
conditions destockage.
Uneinterprétation
valable des résultatsexpérimentaux impliquait
donc néces-sairement l’élimination
préalable
de l’interférence de tous les facteurs autres que la conduite duséchage.
Dans ce
but,
trois farines ont étépréparées
àpartir
d’un même lot depêche
dehareng
d’hiver par voie humide et sans
réincorporation
de la fraction solubleséparée
au coursdu pressage. Ces trois
produits fabriqués
dans l’usinepilote
de l’Institut de Recherchessur les huiles et farines de
poisson
deTJA EREVICK (Norvège),
sedistinguent
entre euxuniquement
par les conditions de leurséchage
à la flamme. Ces conditions sont résumées dans la tableau 1.Les trois échantillons sont
désignés
par des nombresqui correspondent approxi-
mativement aux
températures,
à la sortie dufour;
maisqui
ne s’accordent pas directementavec les
températures
des gaz àl’entrée;
eneffet,
laquantité
d’air secondaireadmise,
facteur
qui
détermine le temps de transit de la masse et donc la durée dechauffage,
n’amalheureusement pas pu être déterminée d’une manière
précise.
A leur arrivée en
France,
les farines dehareng
ont été conservéespendant
un anà - 15°
C,
avant d’êtreexpérimentées.
L’étude effectuée constitue une véritable œuvre
coopérative
deplusieurs
labora-toires
(Centre
de Recherches sur la Nutrition duC.N.R.S.,
Station de RecherchesAvicoles,
Laboratoire desMétabolismes,
et Station de Recherches surl’élevage
desPorcs du
C.N.R.Z.,
Laboratoire de Recherches sur la Conservation et l’Efficacité des Aliments del’LN.R.A.);
elle est unexemple typique
d’une recherche concertée ennutrition animale. Son intérêt réside dans le fait
qu’elle
a été réalisée sur troisespèces
animales : rat,
poulet
et porc. Les besoinsspécifiques
en acides aminés n’étant pasidentiques
pour ces troisespèces,
il était curieux d’observer leur réaction à un même traitementthermique.
En
l’occurrence,
il estremarquable
de noter que lestechniques expérimentales
mises en oeuvre diffèrent avec le laboratoire et le réactif animal. Les unes sont basées
sur des bilans d’azote
(rétention
et V.B.) qui
mettentplus particulièrement
en lumièrela déficience d’un aliment constituant la source exclusive d’un acide aminé déterminé
qui
aurait pu être renduindisponible
par un traitementthermique inadéquat
et deveniralors le facteur limitant
primaire;
c’estparticulièrement
le cas des acides aminés soufrés dont le taux est limité pour la farine depoisson.
Les autres sont des tests de croissancequi
permettentplus spécialement
d’estimer la valeur desupplémentation
d’un alimenten un acide aminé essentiel tel la
lysine
pourcorriger
le déficit d’unrégime
en ce facteurlimitant
primaire,
dont la sensibilitéthermique
est trèsgrande.
Les résultats
expérimentaux rapportés
ici montrent quequels
que soient la méthodeexpérimentale
et le réactif animalemployés,
lesréponses
sont assez concordantes :aucune des trois zones
thermiques
étudiées dans le cadre duprocédé
deséchage
à laflamme,
neparaît supérieure
aux deux autres pour cequi
concerne ledegré
de protec- tion de ladisponibilité
des acides aminés soufrés et de lalysine.
Les
légers
écartsenregistrés
dans certains laboratoires entre les échantillons pour- raient êtreimputés
à des différences dans la durée destockage,
en raison du déca-lage
des essais dans le temps.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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