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Lyon innove. Inventions et brevets dans la soierie lyonnaise aux XVIIIe et XIXe siècles. Lyon, EMCC, coll. « Des objets qui racontent l’Histoire », 2009, 144 pages.

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Texte intégral

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18 | 2e semestre 2009

La numérisation du patrimoine technique

Lyon innove. Inventions et brevets dans la soierie lyonnaise aux XVIII

e

et XIX

e

siècles

Lyon, EMCC, coll. « Des objets qui racontent l’Histoire », 2009, 144 pages.

Florence Charpigny

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/dht/276 DOI : 10.4000/dht.276

ISSN : 1775-4194 Éditeur :

Centre d'histoire des techniques et de l'environnement du Cnam (CDHTE-Cnam), Société des élèves du CDHTE-Cnam

Édition imprimée

Date de publication : 1 décembre 2009 Pagination : 231-234

ISBN : 978-2-9530779-4-0 ISSN : 0417-8726 Référence électronique

Florence Charpigny, « Lyon innove. Inventions et brevets dans la soierie lyonnaise aux XVIIIe et XIXe siècles », Documents pour l’histoire des techniques [En ligne], 18 | 2e semestre 2009, mis en ligne le 24 septembre 2010, consulté le 21 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/dht/276 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dht.276

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Lyon innove. Inventions et brevets dans la soierie lyonnaise aux XVIII e et XIX e siècles

Lyon, EMCC, coll. « Des objets qui racontent l’Histoire », 2009, 144 pages.

Florence Charpigny

RÉFÉRENCE

Lyon innove. Inventions et brevets dans la soierie lyonnaise aux XVIIIe et XIXe siècles, Lyon, EMCC, coll. « Des objets qui racontent l’Histoire », 2009, 144 pages.

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1 Coordonné par Daisy Bonnard, l’ouvrage abondamment illustré présente, en dix brefs chapitres, certains aspects de l’innovation lyonnaise dans le domaine de la soierie, essentiellement aux XVIIIe et XIXe siècles mais avec des incursions au XX e siècle, complétés par une bibliographie succincte.

2 Dans le premier chapitre, « L’invention et le domaine public à Lyon au XVIIIe siècle », Liliane Pérez entre dans le vif du sujet en décrivant le dispositif institutionnel de promotion de l’innovation technique développé à Lyon au XVIIIe siècle, issu des logiques communautaires et marchandes et épousant les idéaux des Lumières. Le succès des marchands-fabricants sur les marchés européens repose en effet sur leur capacité à développer l’offre d’étoffes façonnées dont la fabrication, celle des brochés particulièrement, met en œuvre

un processus élaboré. L’auteur présente quelques exemples techniques d’inventions lyonnaises s’attachant à faciliter et à accélérer la production, puis analyse la mise en place d’une gestion publique de primes aux inventions qui tend à se substituer aux privilèges exclusifs des inventeurs. Ces primes proviennent d’une part de la corporation – la Grande Fabrique –, d’autre part de la municipalité qui apporte ainsi un financement public ; elles sont également liées à la diffusion des innovations. Le choix politique d’un système « ouvert » permet une amélioration collective des innovations, tout en maintenant les coûts à un niveau inférieur à ceux générés par un système de patentes ou brevets, ainsi qu’une large diffusion, enjeu majeur pour la Grande Fabrique qui a fondé sa suprématie sur sa capacité d’innovation du produit reposant sur un renouvellement rapide des dessins. Dans le chapitre trois, « Les inventions primées à Lyon au XIXe siècle. Un modèle local de gestion collective de l’innovation », Daisy Bonnard et Liliane Pérez approfondissent le propos en détaillant avec exactitude, à partir d’exemples précis et bien illustrés, comment fonctionne le « domaine public » de l’invention. Le quatrième chapitre, « Les métiers à tisser, évolution des techniques », par Marie-Hélène Guelton, est essentiellement basé sur l’étude que Claudius Razy consacre aux modèles réduits conservés au Musée des Tissus de Lyon, publiée en 1913.

L’auteur résume de manière didactique les longues et austères descriptions techniques de l’ouvrage original et aborde la description technique de la trentaine de modèles réduits de machines textiles conservés par le Musée, dont une moitié est due à Jean Marin.

3 Le deuxième chapitre, « Les albums d’échantillons du Conseil des Prud’hommes déposés au musée des Tissus de Lyon », décrit une autre collection de cette institution : Maria- Anne Privat-Savigny présente le fonds des Prud’hommes. Organisme de régulation locale de la Fabrique de soieries institué par la loi du 18 mars 1806, le Conseil des

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Prud’hommes compte en effet parmi ses nombreuses fonctions, outre la conciliation entre fabricants et tisseurs pour lequel il est bien connu, des attributions en matière de défense de la propriété industrielle, les fabricants pouvant déposer des dessins et des modèles de fabrique. L’auteur retrace les circonstances du dépôt de ce fonds au Musée des Tissus en 1974, décrit les 220 volumes qui le constituent ainsi que les procédures de dépôt et les termes de la garantie. L’intérêt patrimonial de ce fonds, qui couvre une période allant de 1760 à 1900, réside dans la riche diversité des échantillons identifiés de manière certaine (date, fabricant) représentatifs de la créativité lyonnaise.

4 Le cinquième chapitre, « Philippe de Lasalle et les innovations », par Lesley Miller, explicite les méthodes de travail de Philippe de Lasalle à travers quelques exemples de son œuvre. Il met en valeur les tours de main et les astuces de ce fabricant dont l’objectif semble avoir été de limiter les opérations superflues. L’article permet de comprendre, à l’aide du lexique joint, comment la démarche innovante de Ph. de Lasalle repose plus sur la méthodologie de la mise en œuvre du tissu, que sur l’invention de nouveaux outils. Le chapitre six, « Innovations et brevets », témoignage de Bernard Tassinari, décrit le fonctionnement d’une fabrique de soieries d’ameublement, de 1775 à nos jours, à travers les archives de l’entreprise qu’il a dirigée.

Le point commun aux trois raisons sociales qui se sont succédé tient à la volonté de s’adapter à la demande. Dans ce contexte, le terme « innovation » signifie à la fois

« adaptation », « amélioration », « invention ». Egalement consacré à une maison de soierie réputée, le septième chapitre, « L’innovation dans la Fabrique lyonnaise de soierie au tournant des XIXe et XXe siècles. L’exemple d’Atuyer Bianchini Férier », par Pierre Vernus, analyse la démarche d’intégration économique verticale développée par cette entreprise, démarche exceptionnelle et à proprement parler innovante dans le milieu textile lyonnais de l’époque. L’auteur décrit les modalités de la restructuration de l’entreprise, à la fois dans les domaines économique, technique et commercial, autour d’une démarche de création, nécessitée pour investir le créneau de la haute nouveauté des soieries destinées à l’habillement.

5 Les chapitres neuf et dix, par Daisy Bonnard, abordent l’ennoblissement et la teinture, respectivement « Des histoires de calandres… » et « Des couleurs pour la soierie… ».

L’auteur, à propos de calandre à moirer dans le Lyon de la seconde moitié du XVIIIe siècle, transporte le lecteur dans le monde du secret de fabrication, de l’espionnage industriel, de transmission, sous condition, de savoir-faire. Les sources citées permettent de comprendre que, même à partir de multiples contrôles institutionnels, il est impossible de juger la qualité de la transmission d’un savoir-faire. Le second texte, consacré à la chimie lyonnaise, montre tout d’abord comment le développement de cette industrie est lié au textile par la fabrication des colorants, et comment une frilosité bancaire et une législation trop rigide ont fait fuir les chercheurs lyonnais à la fin du XIXe siècle, au grand bénéfice de la Suisse et de l’Allemagne.

6 Dans le huitième chapitre, « Jacquard, héros de la Fabrique lyonnaise », François Jarrige se livre au démontage du mythe Jacquard, inventeur génial, désintéressé et incompris en montrant comment, entre vérité et fiction, le nom même de Jacquard est l’objet d’une propagande destinée à promouvoir la Fabrique lyonnaise et comment il devient symbole de la grandeur industrielle nationale ; des documents d’archives explorés récemment semblent pouvoir affirmer que Jacquard aurait eu un rôle que l’on appellerait aujourd’hui de « technico-commercial » autour de la mécanique qui porte son nom.

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7 Composé de chapitres autonomes, l’ouvrage propose des focus plus qu’une réflexion d’ensemble sur l’innovation – dont l’introduction n’exprime d’ailleurs pas l’ambition. Il ne cherche pas à conceptualiser, mais produit une image élargie aux notions connexes d’invention, de création, d’adaptation voire de « tour de force », liées aux objets et aux processus, concrètes si l’on veut, tenant à l’écart celles de modernisation ou de progrès, plus abstraites, qui renvoient au champ du social et du culturel. Les inventeurs et leur histoire – Jacquard démy(s)thifié, Badger, Revel, Philippe de Lassalle et les autres, peu nombreux au total à avoir été innovateurs au sens où non seulement leurs inventions étaient réellement opératoires mais aussi reconnues comme telles et diffusées, donc productrices d’un savoir-faire spécifique – attirent l’attention sur la constitution et les mécanismes d’une mémoire de l’innovation, accumulative et technique d’une part, sociale de l’autre. Enfin, en abordant les problématiques de l’innovation commerciale et organisationnelle, P. Vernus démontre que, dans le contexte des entreprises textiles lyonnaises les machines, aussi efficientes qu’elles soient, ne sauraient à elles seules être garantes de la réussite d’une industrie.

8 Si le volume reflète assez exactement l’état des recherches portant sur la soierie lyonnaise aux XVIIIeet XIXesiècles, on notera cependant l’absence de l’innovation notable que constitua l’emploi, par la Fabrique, des déchets de soie : la schappe (cf.

thèse de Frank Dellion soutenue en 2008) pour laquelle la Société d’encouragement pour l’industrie nationale avait proposé un prix dès 1815, suivi de dépôts de brevets tout au long du XIXe siècle, aussi bien pour le procédé que pour les machines, et dont la production s’implanta solidement en Rhône-Alpes. Il est vrai que le volume, dans le cadre de la collection qui l’accueille, ne disposait pas de l’espace suffisant pour embrasser l’ensemble de l’industrie textile ; hormis quelques incursions en amont vers le dessin de soierie (L. Miller), en aval vers l’ennoblissement (D. Bonnard) ou la teinture (D. Bonnard), il se concentre sur le tissage. Pourtant, l’innovation majeure du XIXe siècle que constitue le brevet déposé par Jules Verdol le 15 mai 1883 pour une mécanique de type Jacquard où le papier sans fin est substitué aux cartons n’est pas citée. Or depuis Jacquard avec Breton et Skola, puis Vincenzi, aucune invention notable n’était intervenue dans le tissage des façonnés, et la mécanique Verdol, montée sur des métiers mécaniques, permet de tisser plus rapidement les dessins. Soutenu par des fabricants lyonnais (C.-J. Bonnet, Chavent et, comme le mentionne P. Vernus, Atuyer Bianchini Férier) Jules Verdol développe la société qui porte son nom pour exploiter son brevet ; jusqu’à la fin des années 1990 des milliers de mécaniques sont fabriquées pour le marché international. Cette absence résulte probablement d’un effet de l’orientation du volume, ancré autour des collections du Musée des Tissus de Lyon, quoique plusieurs articles n’y fassent pas référence.

9 La variété des approches, par des universitaires, conservateurs de musée ou fabricant de soieries, la diversité des écritures, scientifiques, descriptives ou témoignage, la pluralité des points de vue, adossés à l’histoire des techniques ou à l’histoire économique, embrassant la longue durée (de l’ordre d’un siècle voire d’une entreprise tricentenaire) ou détaillant un événement, considérant des objets aussi divers que des collections, des entreprises, des hommes ou un mythe n’empêchent cependant pas de relever des continuités ou des recoupements entre les textes. D’une manière générale, l’ouvrage témoigne de la difficulté à écrire sur des faits et des objets techniques – et l’on n’en sera que plus reconnaissants aux auteurs d’avoir relevé le défi. La collection à laquelle il appartient est objectivement destinée sinon au grand public, du moins à des

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amateurs qui seront reconnaissants à L. Miller d’avoir fait figurer un lexique en fin de chapitre, et à M.-H. Guelton et B. Tassinari pour leurs notes explicatives. On remarquera que le témoignage de B. Tassinari, y compris dans ses descriptions techniques, est parfaitement accessible, mais l’expérience du fabricant qui en avait une pratique quotidienne en est l’origine. Car la question posée est plus générale et plus complexe : quelles sont les sources et quel parti d’écriture adopter pour des mécaniques du XVIIIe et du XIXe siècle, dont de surcroît la majorité n’a jamais réellement fonctionné ? La posture de C.-G. de Goiffon, académicien lyonnais, n’a rien perdu de son actualité. En 1761, il rappelle : « J’ai écrit ourdissage, pliage. C’est parce que nos manufacturiers parlent et écrivent ainsi. Si la pureté de la langue exige Ourdissure, il y faudra venir et mettre en faveur de l’ouvrier, son expression à la marge. […] Il m’a toujours paru qu’un mot nouveau pour le lecteur ne l’arretait point pour peu que l’auteur usat d’adresse. Et qu’au contraire la périphrase mise à la place de ce mot alongeant la description la rendait fastidieuse dissipait l’attention et rebutait bientot le lecteur ; qu’une description trop longue etait une description inutile » (Houghton Library, Harvard USA, fMs 432.1 (3) – 36). L.

Pérez, spécialiste reconnue de L’invention technique au siècle des Lumières (2000) opte pour une simplification maximale du vocabulaire : « motifs libres des étoffes brochées » pour « motifs brochés des façonnés » (p. 10), « métier à tisser programmé » pour

« métier à tisser à programmation de dessin » (p. 10), etc. S’agissant des sources, M.-H.

Guelton, qui présente les modèles réduits du Musée des Tissus et non la succession exhaustive des mécanismes, ne cite pas le lisage de Falcon décrit dès les années 1760 (Guy Scherrer, Bulletin du CIETA, n° 73, 1993) et d’après Razy attribue l’invention du lisage à Berly, en 1818 ; toujours d’après Razy, le métier de Falcon est daté de 1728 à 1734 (p. 47), alors que L. Pérez, comme Charles Ballot (L’introduction du machinisme dans l’industrie française, 1923), date le premier métier de 1742. Et l’on retrouve chez ces deux auteurs l’emploi du terme de « prisme », probablement issu d’une source commune qui, pour le métier de Falcon (p. 11 et p. 48) décrit l’organe de guidage des cartons, alors que la photographie du métier montre clairement une plaque matrice en bois (p. 46).

10 Le petit format du volume et la maquette recherchée de la collection n’ont pas fait obstacle à une iconographie de qualité. Etoffes, échantillons et objets participent aux articles plus qu’ils ne les illustrent, les clichés des modèles réduits du Musée des Tissus et les plans rapprochés permettent une bonne lecture des mécanismes. Le lecteur s’interrogera peut-être sur l’utilité du plan de Lyon au XIXe siècle dans un article consacré au XVIIIe, peu lisible de surcroît (p. 11), et le spécialiste s’étonnera de voir le rapport d’échelle entre mise-en-cartes et étoffes inversé (pp. 60-61 et 64-65) : matériellement, le motif mis en carte est beaucoup plus grand que sa transposition sur l’étoffe, l’indication en légende des dimension des pièces aurait aidé à saisir cette réalité. Mais il sera réjoui par le clin d’œil de la couverture, une moire rose de 1831 qui exhibe sans complexes fils manquants et bouchons.

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AUTEUR

FLORENCE CHARPIGNY

Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes

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