LES ÉTAPES DE LA RECHERCHE EN SCIENCES INFIRMIERES UE
8 février 2021. Promotion ARENDT Aurélie POURREZ
Recherche ?
Que celles et ceux qui sont entré(e)s à l’IFSI pour faire de la recherche lèvent la main !
ET POURTANT….
…CE COURS N’EST PAS INUTILE
Mettre en avant la clinique infirmière
• Loin de notre culture professionnelle nationale du « Je l’sens pas », il nous faut rejoindre la démarche clinique infirmière internationale.
• L’observation des patients, la surveillance clinique d’un(e) patient(e) sont au cœur du travail d’équipe, de la collaboration nécessaire à la prise en charge des malades.
La pratique infirmière doit reposer sur des faits démontrés et non pas sur des habitudes
• « Nous, on fait ça comme ça…. »
• Chaque service développe « une culture du soin » et ignore les publications sur tel ou tel soin.
• Demain, un temps de revue de littérature dans un service pour permettre l’évolution de notre culture professionnelle et de nos pratiques?
Les recherches en sciences infirmières existent et bénéficient de financement
…mais invisibles car non ancrées dans notre culture professionnelle
ESPOIR : un financement implique une obligation de valorisation (= publier pour diffuser les résultats)
Peu de publications professionnelles, or on devrait pouvoir démarrer chaque UE par l’étude d’un article en lien.
Do you speak english?
Richesse des publications anglophones.A. VISION GLOBALE
1. REVUE DE LITTÉRATURE Ne pas réinventer l’eau chaude
• Point faible de la recherche infirmière en France aujourd’hui.
• Cela consiste en un état des lieux de la littérature qui va permettre de montrer que ce qui va faire l’objet de notre recherche montre un intérêt, une originalité. On détaille alors en quoi ça n’a pas encore été étudié
• Sans cette étape, le projet ne peut être retenu.
Toutes les disciplines et recherches fonctionnent ainsi.
Cours le vendredi 26 février 2021
2. PHASE EXPLORATOIRE
• Préciser la problématique au décours de cette phase avant de démarrer la recherche :
- Tester l’adéquation entre la stratégie de recherche retenue et les réalités de terrain.
- La problématique n’est finalisée qu’au décours de cette phase
3. RECHERCHE SUR LE TERRAIN
• Le projet doit s’assurer de sa faisabilité
• Le projet doit respecter le cadre législatif (loi Jardé ou non?, RGPD, etc.)
• Le recueil de données ne doit pas s’improviser, principalement quand il y a plusieurs acteurs (c’est le cas en sciences IDE, une équipe participe) pour qu’il soit exploitable.
4. EXPLOITATION DES DONNEES
• Présentation des données
• Analyse des données accompagnée d’une revue de littérature qui nourrit la
discussion
• Conclusion avec ouverture
• Publication
B. STRATÉGIES DE RECHERCHE
3.4 5.6 Semestre 6. Initiation à la recherche
Construction d’une problématique.
Questionnement
consensuel initial Question de départ
Problématisation.
Question de recherche.
Problématique
Outils de « validation » d’une problématique : méthode PICO ?
Patient : à qui s’adresse l’intervention? Caractéristiques de la population
Intervention : surveillance? Prévention? Soins?
Comparaison : Ecart à l’existant?
Outcome : issue clinique, pratique recherchée ?
Le temps de problématisation ne se réduit pas à cette méthode, mais elle peut aider à la formulation. Il faut toute une phase exploratoire pour y parvenir
Enjeux éthiques
• Observation des interactions soignants- soignés : les observer à leur insu?
Fréquent en sociologie : ne pas dire ce que l’on observe pour ne pas induire de biais.
Chartes et codes en réponse à des scandales majeurs
Ne pas accentuer la vulnérabilité des personnes (stigmatisation, etc.)
Une fois la problématique formulée, déterminer l’approche à retenir
• C’est le choix de la méthodologie : - Méthode quantitative?
- Méthode qualitative?
- Méthode mixte?
Méthode quantitative
• Exemple : bilan de semestre.
• En sciences infirmières : Comparaison de deux méthodes de prévention (PHRIP de 2015 prévention de lésion de la cornée en réanimation). Evaluation chiffrée des résultats obtenus.
• Biostatistiques : pas dans notre formation ! En pratique, soumission du projet à un CIC ou méthodologiste qui va donner des indications claires d’ajustements pour éviter des biais
• L’effectif doit être justifié tant pour la faisabilité que pour obtenir des résultats significatifs. Des effectifs faibles
pourront être acceptés pour une phase exploratoire avant de démarrer une étude à l’échelle régionale ou nationale par exemple.
Etapes recherche quantitative
• 1. Revue de littérature
• 2. Phase exploratoire
• 3. Problématisation
• 4. Hypothèses de recherche
• 5. Construction de l’outil
• 6. Diffusion ( en ligne ou non. Attention pb de secret professionnel)
• 7. Exploitation des résultats. Analyse
• 8. Stratégie de valorisation
Méthode qualitative
• Diversité des méthodes : - Évaluations d’interventions, - Recherches exploratoires, - Entretiens semi-directifs,
- Focus group (= entretien collectif comme dispositif de réflexivité ditribuée),
- Observation, - Ethnographie,
- Internet comme terrain d’investigation, - Analyse qualitative des données,
- Logiciels d’analyse qualitative
Etapes selon la méthode
• Exemples recherche exploratoire : 1. Entretiens semi-directifs
le secret professionnel et la relation téléphonique durant le COVID
Contrainte de temps
Revue de littérature
Choix de retracer le parcours d’un patient admis au CHU en avril 2020.
Evolution de la problématique de recherche
Publication
Information transmise aux patients ? Recherche clinique
2. Forum de discussion de patients.
Les Impatientes. Blog La Gniaque.
Pourrez A. (2020)
Incertitude scientifique
éprouvée en cancérologie. La leçon d’une
blogueuse
in Les savoirs expérientiels en santé. Fondements épistémologiques et enjeux identitaires (Simon E. & al (dir).) Editions universitaires de Lorraine.• 3. Travail en équipe : PSYCOVID.
Soignants de réanimation sur le territoire français durant la première vague.
(en cours)
Exploitation des résultats. Analyse.
Méthodologie MIXTE
• Intéressant car les deux méthodes sont souvent complémentaires en santé.
• Pertinence de l’interprétation des résultats.
• Quanti puis quali
• Point quanti entre deux temps de quali
Exemple : Le port des gants en EHPAD
Explorer la banalité d’un geste : l’usage des gants en gériatrie.
Etude réalisée dans un centre gériatrique en 3 mois
• A l’origine de cette étude : une lettre de mécontentement d’une patiente
• Appropriation du sujet : complexité d’une pratique effacée par sa banalité. Idée d’explorer cette banalité plutôt que de rendre un jugement hâtif en répondant à une question presque jugeante ou réaliser un audit
– Hygiène (infection nosocomiale, risque professionnel)
– Toucher : débat constant sur l’impact du port de gant sur la qualité relationnelle, le vécu du risque professionnel
• PROBLEMATIQUE : L’usage des gants répond en théorie à des recommandations des comités de lutte contre les infections nosocomiales. Des audits d’hygiène le vérifient, mais cela suffit-il à traduire le sens vécu de ce geste banal?
La pratique est-elle uniquement en regard de ces recommandations ou la réalité en est- elle en-deçà ou au-delà.
Un gant peut altérer la qualité du contact autant qu’il peut en protéger. Le gant s’interpose dans le toucher, le contact, le soin.
L’usage des gants est-il le fruit d’une culture de société, de profession, de spécialité médicale : la gériatrie?
Ce geste évoque à priori une logique qui est autre qu’une simple réponse à une éducation professionnelle : quel(s) sens lui est(sont) donné(s)?
Hypothèses
• H1 : UNE MECONNAISSANCE DE L’HYGIENE HOSPITALIERE (CONTAMINATION TRANSMISSION) PEUT ENTRAINER UNE GESTUELLE INADEQUATE (SUR OU SOUS- UTILISATION, SYSTEMATISATION, CONFUSION AVEC L’HYGIENE DES MAINS)
• H2 : LE PORT DE GANTS REPOND A UN SYMBOLISME DE PROTECTION CONTRE UNE PESANTEUR DU LIEU (VIEILLESSE, DEPENDANCE, VULNERABILITE) OU
REPONDANT A UN SOUHAIT IMPLICITE DE NE PAS ETRE TOUCHE AU SENS PROPRE ET FIGURE
• H3 : LE PORT DE GANTS INTERROGE LE « TOUCHER » DANS LES SOINS ET LES REPRESENTATIONS DU SOIN ET DE LA RELATION DES SOIGNANTS
• H4 : LA PERCEPTION DE L’USAGE DES GANTS DES PATIENTS & RESIDENTS NE FAIT PAS NECESSAIREMENT ECHO AUX PREOCCUPATIONS SOIGNANTES,
• Méthodologie mixte :
Observation + questionnaires + entretiens soignants + entretiens patients
Justification de l’étude : revue de littérature. études existantes = audit /recommandations CLIN ou allergies provoquées par le port de gants (odontologie), rien sur le mésusage des gants
Observation terrain : mi-ouverte, mi-clandestine Questionnaire anonyme distribué à 6 CSP.
Entretiens soignants
Entretiens patients et résidents sur le port de gants
Résultats
• Observation : problématique en tête, réussir à voir où le regard ne porte pas. Grille et carnet d’observation = Pas de sur-utilisation
• Questionnaires : 62, 3% de retour 6 CSP 4 lieux différents, classe d’âge homogène, ancienneté professionnelle, ancienneté dans les lieux, nature de l’affection en gériatrie
• Représentation de la vieillesse 4 items à cocher parmi 28 ( + ou – ou pouvant être perçu comme l’un ou l’autre) : dépendance, perte d’autonomie, fragilité & vulnérabilité, âge avec inconvénients et avantages, expérience riche, sagesse. Image nuancée, assez objective
• Le toucher dans les soins : essentiel à plus de 95 %
• Sens que l’on mobilise le plus dans les soins : beaucoup
d’annotations et commentaires à côté d’odorat. Définition d’un tabou
• Surutilisation des gants : 43,45%. État des mains, se protéger, protéger les autres, souillure, ne pas se tromper, dégoût
• Influence SHA : évolution des pratiques? Impact sur les
représentations. 20,8% pensent que la SHA diminue le port de
gants. L’hygiène des mains passent d’abord par le lavage des mains ( EHPAD, SSR) ou par SHA ( court-séjour)
• Actes de soin/recommandations gants/ usage : au-delà et en decà
• Crainte d’une contamination à domicile : 42% (ne sont pas forcément ceux qui déclarent mettre plus de gants)
• Commentaires : justification de la dernière réponse
Entretiens 8 soignants
Arbre thématique des soignants :
• VIEILLESSE : générations multiples, rejet, masque & réalité,
domicile versus institut, espérance de vie, dépendance, à quel âge?
• DIFFICULTES AU TRAVAIL : des fois une décennie partagée
(distance juste à trouver), famille, ceux qui n’ont pas envie d’être là, rythme & effectif, solitude IDE en EHPAD, pluripathologies,
mauvaise gestion
• GERIATRIE : rythmes contradictoires, ateliers, médecine ou mouroir?, prise en soin global, mort, soins propre à la personne
• GANTS : les nouveaux microbes, barrière, organisation plus facile, comme un uniforme, ni pour tenir la main ni pour caresser, quand c’est sale, peur de certains, c’est normal d’en mettre
Entretiens avec les personnes âgées
• Changer de perspective, désacraliser le caractère relationnel donné à la toilette, interroger leur perception des gants et du toucher. Entretiens assez directifs
• TOILETTE : température de l’eau, température de la pièce, les serviettes de toilette
• « Je ne me plains de rien, je suis très bien ici, tout le monde est gentil »… « ça m’est égal »
• PREFERENCE : lien affectif privilégié, interrogés sur le comment, le lieu et le moment, la gêne causée par d’éventuels dérangements « Ce n’est pas de bon cœur, mais je ne rougis pas facilement! »
• PROXIMITE : moment privilégié pour les soignants, pas forcément pour les patients
• GANTS : loin de la logique hospitalière, « Si avant l’installation ils en ont, ils les gardent, s’ils n’en ont pas, ils n’en mettent pas, c’est comme ça! », protocole de désinfection d’un lit récité.
• GÊNE : bruit et mauvais sommeil, des cris, bassin en court-séjour. Une personne se sent agressée par le fait de se dire qu’elle mourra ici : « ma maison a été vendue » ;
« malgré tout, on est un peu prisonnier »
SYNTHESE
• Dépasser le clivage relationnel/technique
• Identité professionnelle en gériatrie : imbroglio déontologique, personnel et social. Aller ers une définition décomplexée du soignant, sensible et global
• Ethique du geste…
• Utilisation des gants : usage contextuel et spontané à un instant. Le lien avec la gériatrie n’est pas évident : les soignants s’en défendent avec conviction. Caractère irrégulier
• Prescription spatiale : lieu de vie, lieu de soin
• Le toucher est une valeur soignante. Les personnes âgées ne
l’évoquent pas, parlent pudiquement de gentillesse, tendresse, etc., mais ne jugent pas de la qualité de la relation selon l’usage des
gants.
• L’INDICIBLE : TABOU DU DEGOÛT
• TAPISSERIE DE PENELOPE
• AMBIANCE & ANGOISSE (hyper modernité)
• TOUTE PUISSANCE DU SOIGNANT : symbolique guerrière, invincibilité
• INJONCTIONS PARADOXALES management
• PROTECTION SYMBOLIQUE : inscription d’une Pratique dans le temps
• CONTAGIOSITE : Histoire de propre et du sale
• G.Vigarello. Approche médiatique des
• Épidémies. A quel point l’information impacte
• La relation / représentations
• SENTIMENT D’APPARTENANCE
Pourrez A.(2014) Qu’est-ce qu’un sens clinique sensible ? Dimension haptique du soin. Ethique
et santé. pp. 26-31
Ouverture : phénoménologie de la clinique
Bibliographie
• Kivits J. Balard F Fournier C. Winance M.
(dir.) (2016)