P ENJON
Arithmétique. Essai sur la transformation des fractions
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 4 (1813-1814), p. 265-272
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265
ARITHMÉTIQUE.
Essai
surla transformation des fractions ;
PENJON professeur de mathématiques
aulycée d’Angers.
TRANSFORMATION DES FRACTIONS.
IL
est conu ,depuis long-temps
que , par unprocédé analogue
à celui
qu’on emploie
pour ledéveloppement
d’une fraction enparties décimales,
toute fractionpeut
êtredéveloppée
en unesuite,
finie ou
infinie ,
d’autres fractions dont les dénominateurs sont lespuissances
successives d’nn même nombre donnéquelconque (*).
Je vais essayer de
compléter
ici la théorie de ces sortes de déve-loppemens.
i.
Soit A B
une fractionproprement
dite que nous supposerons essentiellement réduite à ses moindres termes ; et soit b un nombre entierquelconque. Soient
, deplus,
q 1 , q2 , q3 , .... r1 , r2 , r3 , ...les
quotiens
et les restes que l’on obtientsuccessivement,
en divisanthA , br, br 1 , ... par B;
on aura(*)
Voyez entre ares, leComplément
de M. Lacroix.Tom.
IV , no3 IX,
I.er mars I8I4. 3G266 TRANSFORMATION
Dans ces
équations ,
les restes rI , r2 ,r3 .... étant
tousnéces-
sairement moindres queB,
et nepouvant
êtreconséquemment
quequelques-uns
des nombresI, 2, 3 ,...(B-2) , (B-I) ;
il s’en-suit
qu’à
moins quequelqu’un
des Bpremiers
ne soitnul , auquel
cas tous les suivans le seraient
aussi , après
un nombre de divisionstout au
plus égal à B-I ,
on devra retomber surquelqu’un
des restesdéjà obtenus. Or , l’inspection
deséquations (03B1)
suffit pour faire voir que leprocédé
parlequel
on déduit chacun des restes r , r2 , r3 , ..., ainsi que chacun desqnoticns
q1 ,q2 , q3 ,... de
celuiqui
leprécède
immédiatement estuniforme ;
d’où il suit quesi ,
parexemple ,
le reste rh estégal
au reste rg , les reste etquotient
rk+I et
qk+1
serontrespectivement égaux
aux reste etquotient
rg+I et qg+I ;
qu’il
en sera de même des reste etquotient
rh+2gh+2
comparés
aux reste etquotient
rg+2 etqg+2 , et
ainsi desuite ; c’est-à-dire ,
que , si les deux suites rI , r2 , r3 ,..., qI , q2 , ’11 ’ .... , ne se terminent pasd’elles-mêmes,
elles seront né-cessairement
périodiques ,
soitimmédiatement ,
soit apartir
d’unterme dont le rang ne surpassera pas
B-i ;
de manière que, danstous les cas, le nombre des termes
qui précéderont
lespériodes augmentées
du nombre de ceux de l’une despériodes
seratoujours
moindre que B. On
peut
même observer que le cas où les deux suites se termineraient d’elles-mêmes ne faitpoint exception
a larègle
attendu que la suite O , O , O ,.... est elle-mêmepériodique.
2.
Si , après
avoir mis leséquations (03B1)
sous cette formeDES FRACTIONS. 267
en
prend
successivement lapremière , puis
la somme des deux pre-mières, puis
la somme des troispremières,
et ainsi desuite,
ensupprimant
les termes communs aux deux membres deséquations
ré-sultantes,
il viendra1
En observant
que les derniers termesde ces suites sont continuellement
décroissans ,
on en concluraqu’on
peut écrire
, parapproximation ,
développement qui
donnera une valeur d’autantplus approchée
dela
fraction 7 qu’on
enprendra
unplus grand
nombre de termes ,et
qu’en
mêmetemps b
seraplus grand.
A l’avenir nousappellerons
ce nombre arbitraire b la base du
développement de A B.
3. Il
s’agit présentement,
1.0d’assigner
les caractèresauxquels
on pourra reconnaître à l’avance si le
développement
se terminera.ou
si ,
aucontraire ,
il seprolongera indéfiniment ;
2.° de recon-naitre
quand
cedéveloppement
devra être immédiatementpériodique
cu avoir ses
périodes précédées
de termes n’en faisant paspartie ;
268
TRANSFORMATION
3 ° enfin de déterminer
généralement
tant le nombre des termes despériodes
que celul des termes de lapartie
nonpériodique
dont ellesse trouvent
précédées.
4.
Puout yparvenir ,
soientdésignes généralement
par m le nombre des termesqui précèdent
lapremière période,
et par n le nombredes termes
dont chaque période
estcomposée ; auquel
cas on devraavoir
m+n B ;
il est clairqu’alors
on pourra écriraou encore
posant donc,
pourabroger
il viendra
enfin269
DES FRACTIONS.
c’est-à-dire ,
5. Cela
posé ,
soit misel’équation (x)
sous celte formeIl faut que le
premier
membre de cetteéquation
soit un nombreentier ;
et, comme B et A sontsupposés premiers
entre eux , ilslensuit que
bm(bn-I)
doit être divisible par B. Soit donc fait B=CD : C étant leproduit
des facteurspremiers
de Bqui
setrouvent dans
b,
et D leproduit
de ceuxqui
nes’y
trouvent pas.Attendu que bm et bn-I sont nécessairement
premiers
entre euxil faudra que
soient
séparément
des nombres entiers.Ainsi,
I.° ledénominateur
de la
fraction génératrice
ne sauraitrenfermer
aucundes facteurs premiers
de la base de sondéveloppement à
unepuissance
su-périeure
à celle dontl’exposant
est le nombrede fois
que cefacteur premier
se trouve dans labase, multiplié
par le nombre des termesqui précèdent
lapremière période ;
2.° leproduit desfacteurs
pre- miers du dénominateur delafraction génératrice qui
sontétrangers
à la base de son
développement ,
esttoujours
diviseur d’un nombre moindre d’une unité que lapuissance
de cette base dont ledegré
est
marqué
par le nombre des termes despériodes.
270
TRANSFORMATION
6. Dans le cas où le
développement
setermine ,
etoù consé- quemment N=o ,
on asimplement
d’où l’on voit
qu’alors
bm doit être exactement divisiblepar B ;
etdans le cas où ce
développement
est immédiatementpériodique,
etoù
conséquemment M=o,
on asimplement
d’où l’on voit
qu’alors
bn-I doit être exactementdivisible par
B.Ainsi, 1 .0 lorsque
ledéveloppement
de lafraction génératrice
setermine,
son dénominateur est diviseur exact dequelque puissance
de la base de ce
développement , c’est-à-dire, qu’il
ne contientaucun
facteur premier étranger
à cettebase ;
2.°lorsque
ce dé-veloppement
est immédiatementpériodique ,
le dénominateur de lafraction génératrice , premier
à labase,
est nécessairernent di- viseur exact dequelque
nombre moindre d’une unitéqu’une puissance
de cette base.(*)
7- Soit
toujours
B=CD,
C et D étant les mêmes que ci-dessus(5).
Soit m la moindre despuissances b qui
soit divisiblepar C,
et soit n la moindre des
puissances
de ce même nombre bqui,
diminuée d’une
unité , devienne
divisible parD ;
il suit de cequi
a été dit
ci-dessus ,
que ledéveloppement
deA B
suivant la baseb
ne pourra avoir moins de m termes avant lapremière période,
ni moins de n termes à
chaque période.
Nous allons prouver de(*) De là résulte ce théorème : a et b étant deux nombres entiers
premiers
entre eux ,
l’équation
bx-I=ay
est
toujours
résoluble en nombres entiers.DES FRACTIONS. 27I
plus
que cedéveloppement
auraprécisément
m termes avantsa première période ,
et que sespériodes
serontprécisément
de n termes ;et nous donnerons en même
temps
unprocédé
différent dupremier
pour exécuter ce même
développement.
8. Soient faits
on aura alors
Soit divisé ACIDI par
bn-I ,
et soient M lequotient
et N lereste de cette
division ;
nous aurons alorsou encore
Soit
divisé m-I fois consécutivement Mpar b ,
lequotient
parb ,
le nouveauquotient par b,
et ainsi desuite ,
en neprenant
que les
quotiens entiers ;
soient qm , 9m-r,qm-2,....q2 les
restesde ces divisions et
Qm-I
,Qm-2 , Qm-3 ,...qI
leursquotient
nous aurons
en
prenant
la somme desproduits respectifs
de ceséquations
parI , b , b2 , b3 ,...bm-I ,
etréduisant,
il viendra272
TRANSFORMATION
En
opérant
de la même manière surN ,
faisant n-Idivisions
seulement,
désignant
par qm+n , qm+n-I ,qm+n-2,...qm+2
lesrestes successifs et par
qm+I
ledernier quotient,
on aurapareillement
Substituant
enfin ces valeurs de AI et 2V dansl’équation (03BC),
elleprendra
d’abord la forme(03BE)
et ensuite la forme(); c’est-à-dire,
que ledéveloppement
de lafraction 2013
suivant la base b se trouvera êtreexactement conditionné comme nous l’avons annoncé.
9. Il convient au
surplus
d’observer que la recherche des nombresC, D,
m, nn’exige
nullement ladécomposition
de B en facteurspremiers.
En cherchant successivement leplus grand
commun di-viseur entre B et
b , b2 , b3 , ... jusqu’à
cequ’on
rencontre deuxpuissances
consécutives pourlesquelles
ce diviseur soit lemême ; l’exposant
de la moins élevée sera m , et le diviseur sera C. En divisant B parC ,
lequotient
seraD ; enfin ,
en divisant successivement par D les binômesb-i , b2-I ,
b3-I ...,jusqu’à
cequ’on
en rencontre un pour
lequel
ladivision réussisse , l’exposant
de bdans
ce binôme sera la valeur de n.10. Pour donner un
exemple
de ceprocédé ,
proposons-nous dedévelopper
lafraction
suivant la base 3. Nous aurons ici m=2 ,C=9 ,
n=2,D-8 ;
d’oùC’=I , D’=I , AC’D’=7 ; donc qI=0,
q1=O,
q3=2 , q2=I , q3=2 , q6=I ,..., et partant
il.
L’application
de tout cequi précèJe
audéveloppement
desfractions en