G ERGONNE
Géométrie appliquée. De la résolution des équations numériques du 3.me degré, par la parabole ordinaire
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 9 (1818-1819), p. 204-210
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204
GÉOMÉTRIE APPLIQUÉE.
De la résolution des équations numériques du 3.me degré , par la parabole ordinaire ;
Par M. G E R G O N N E.
ÉQUATION NUMÉRIQUE
ON
a souvent besoin de résoudre deséquations numériques
dutroisième degré ;
et11
est tr-ès-utile dans ce cas desavoir ,
aumoins
yà
1"avance ,
sil’équation proposée
a deux racinesirnaginaires
ousi,
au
contraire ,
ses trois racines sont réelles. Dans ce dernier cas ,les
formules générales
refusant leservice ,
ilpeut
être commode d’avoirquelque procède graphique qui
fasse connaître lessignes
des’ racines /
etqui
en donr~e â~ peuprès
les valeurs.Mônge (~)
etantérieurement M. Bérard
(~) ~ ont Indique ,
pourparvenir
à c’ebut,
..l’usage
de laparabole cubique ;
la méthode queje
vais exposer , 1et
qui n’emploie que -
laparabole ordinaire ~
neparaît pas’
êtreconnue.
°
° ’
4 . -
On sait
que
par unpoint
donné comme on voudra sur leplan
d’une
parabole
on nepeut jamais
lui menerque
trois normalesau
plus ;
que deux de ces normalespeuvent
se confondre en, une(’")
Correspondance
sur l’écoleI?olyto£hniqi4e ,
tom.Ill,
11.° 2 # mai1815
page ~01.
(~) 0/?M~CM~ mrzthémati~ues
et Nléthodes nouvelles pour déterminer les racines?cj
équations numériques,
page 33.seule ;
DU TROISIÈME DEGRE.
205seule,
e etqu~en6n
ellespeuvent
être foutes deuxImaginaires ;
desorte
qu’alors
iln’y
a , par lepoint
dont ils’agit , qu’une
seulenormale
possible
et réelle.Ainsi,
les trois normales à uneparabole
présentent
exactement les mêmes circonstancesqu’offrent
les troisracines d’une
équation
du troisièmedegré.
Ces circonstances
dépendent ,
comme l’onsait ,
de la situation dupoint
dedépart
desnormales,
par rapport à ladéveloppée
de lacourbe ;
c’est-à-dire que les trois normales sont réelles etinégales,
ou que deux d’entre elles se
confondent ,
ou enfin que ces- deuxsont
imaginaires ,
suivant que cepoint
dedépart
est dans l’intérieur del’angle curviligne
formé par les deux branches de ladéveloppée
ou sur un des côtes de cet
angle
ou enfin hors de ce mêmeangle.
D’un autre
côté ;
de mêmequ’en
lasupposant privée
de secondterme, ce
qui
estpermis,
uneéquation
du troisièmedegré
nedépend
que de deux données
seulement,
arbitraires l’une etl’autre ;
la po- sition dupoint
dedépart
des normales à laparabole dépend éga-
lement de deux données
arbitraires ; savoir ,
les deux coordonnées de cepoint.
Ainsi,
tout concourt à établir laplus parfaite analogTe
entre leproblème
des normales à laparabole
par un de sespoints
et larecherche des racines d’une
équation numérique
du troisièmedegré ;
voici la méthode
qui
nous a paru laplus
propre à ramener la solution du dernier de ces deuxproblèmes
à celle dupremier.
Soit
l’équation
d’uneparabole rapportée à
latangente
à son sommet et à son diamètreprincipal ,
comme axe des x etdes «y ;
on sait quel’équation
de sadéveloppée
serade
sortequ,-un point (a, b)
sera dansl’angle curviligne
formépar
~Ul?’l. ,~,~., 28
206
il .
EQUATION NUMERIQUE
1- les deux branches de cette
développée
ou hors de cetangle ,
suivant qu’on
aura .ou
de sorte que , dans le
premier
cas , on pourra , y par lepoint (a, b)
mener à la courbe trois normales
réelles,
tandis que , dans lesecond ,
d-eux de ces , normales seront
imaginaires ;
, enparticulier ,
deux destrois
normales
réelles serontégales , si l’on
aprécisément
Cela
posé ,
cherchons les normales par lepoint (~ , ~).
La tan-gente
à lacourbe,
par unpoint (~y y~) pris
sur sonpérimètre ,
a ,cpmme l’on
sait,
pouréquation
avec la condition
La normale par
le
mêmepoint
aura donc pouréquation
Si donc on veut que cette normale soit la normale
partant
dupoint (~, b) ,
il faudra quel’équation (8)
soit satisfaite parles
coordonnées de cepoint,
cequi donnera
DU TROISIÈME DEGRÉ.
207Nous aurons
donc ,
entre les coordonnées x~ ,~~~
dupied
de lanormale les deux
équations (7, 9)
au moyendesquelles
il sera facilede les
déterminer ,
cî parsuite,
de construire ces normales.On peut
présentement supprimer
les accens , dans ces deuxéquations
ylesquelles
deviendront ainsiet
remplacer
l’élimination par la construction des courbesexprimées
par les
équations (10) ;
or , lapremière
est laparabole
donnéeelle-même ;
donc la seconde est une courbequi
coupera laparabole
donnée en trois
points qui
seront lespieds
des normalespartant
du°
point (~7 3 ~).
On voit d’ailleurs que cette seconde courbe est unehyperbole équilatère , ayant
pourasymptotes
l’axe des y et uneparallèle
à l’axe des x située à une distance b--2c de cet axe.Cette
hyperbole
coupe d’ailleurs l’axe des x en unpoint
pourlequel
on a
x= ~2~c¢ ;
ainsi on a tout cequ’il
faut pour la construire~2013c
par
poitits ~*).
Si l’on ~iiti~ine y entre les
éqnations (io~
on obtiendral’équation
CC) Dans la recherche des
pieds
des normales partant du point (a , b) , l’hy-perbole
peut êtreremplacée
par une infinité d’autres courbes. Leséquations
(1o) , en
effet,
ayant lieu en même temps pour cespoints,
toute combinaisonqu’on en pourra faire aura lieu en même temps
quelles ,
etexprimera
consé-quemment une courbe coupant la
parabole
donnée auxpoints
cherchés.On peut , en
particulier , remplacer l’hyperbole
par un cercle. Si , en effet , onmultiplie
la dernière deséquations
(ro) par x, enremplaçant
xz par4c,~,
en vertu de la
première ,
et divisant par 4c , il viendraajoutant à
cetteéquation
lapremière
des équations (10) ~ il viendra enfin208
B
EQUATION NUMER~IQï7’E
qui
fera connaître les abscisses despieds
des normales(*).
1 Cette
équation
étant du troisièmedegré
et sans secondterme,
onpeut
lacomparer à l’équation générale
ee
qui
donned’où on tire
équation
d’un cerclequi
passe parl’origine ,
c’e~,;t-à-dire , 3 par le sommet de lacourbe ,
et dont le centre est donné par les deuxéquations
Cette solution est exactement celle
qu’a
donnée M.BÉRARD ,
dans sesOpuscules mathématiques,
page 1 °9, et àlaquelle
il est parvenu d’une manière un peu différente.’
~~) De ce que cette
équation
est sans second terme il en résulte que les trois normales partant d’un mêmepoint
duplan
d’uneparabole
ne sauraientjamais
se terminer d’un même c6té de son axe, et que la somme des distances à l’axe despieds
des normales qui tombent d’un naême c6t~, de cet axe estégale
à la distance à l’axe du
pied
de la troisi~,rne normale. On pourra donc,avec la
règle
et le compas seulement, résoudre ceproblème :
Étant donnéesdeux normales à une
parabole ,
irîener, par leurpoint
de concours , une troi- sième normal~ ci la courbe ? Si deux des normales se confondent,auquel
caselles doivent être
tangentes à
ladéveloppée ,
la distance de leurpied a
l’axesera moitié de la distance de la troisième au même axe ; ce
qui
fournit unmoyen
simple
de résoudre ceproblème :
aÉtant
donnée une normale à laparabole,
trouver enquel
point elle coupe ladé~~elopp~e
de cette courbe ~ Ydéveloppée
que l’on suppose d’ailleurs n’êtrepoint
encore tracée, On a doncainsi une méthode fort
simple
pour déterminerrigoureusement
tant depoints
qu’on voudra de ladéveloppée
d’uneparabole ~ojanée ~
ainsi que la tangenteà cette
développée
en chacun de cespoints.
DU TROISIÈME DEGRÉ. 209
Ainsi,
on pourra facilement construire lepoint duquel
menant desnormales à la
parabole ,
les abscisses de leurspieds
seront les troisracines de
l’équation (12).
,Suivant que ce
point
tombera dansl’angle
formé par les deux branches de ladéveloppée ,
on sur l’uue de ces deux branchesou hors de cet
angle , l’équation (12)
aura ses trois racines réelleset
inégales
ou deux racineségales
ou enfin une seule racine réelle.En substituant les valeurs
(13)
dans lesinégalités (3 ~ 4)
et dansl’équation (5),
on trouved’ailleurs,
entransposant
conformément aux théories connues.
Une fois le
point
dedépart
des normalesdéterminé ,
si l’on veutconnaître à peu
près
les valeurs et lessignes
desracines ,
il faudramener ces
normales ,
et déterminer les abscisses de leurspieds qui
seront les racines cherchées. Ces normales seront faciles à tracer
par
tâtonnement, puisqu’il
nes’agira
que de chercher a décrire de leurpoint
dedépart ,
comme centre commun , des arcs decercles
tangens à
laparabole ;
leurspoints
de contact seront lespieds
des normales. S’il arrivait que l’un d’eux touchât etcoupât
4à la fois la
courbe , l’équation (12)
aurait deux racineségales;
etil
n’y
auraitplus qu’une
seconde normale à chercher. Ausurplus;
si la
développée
étaittracée,
enremarquant
que les normales cherchées doivent lui êtretangentes,
on leverait tout-à-faitl’espèce
d’incertitudequi pourrait
rester sur lepoint
de contact de laparabole
avecchaque
arcde cercle C*~.
(*) On pourra aussi mener ces normales par le
procédé
direct de Favant- dernière note.2I0 ROT 7 ATTON--NY-LMEIII OUE DU TPTOISIEME
DE~RÍt~.
. -
-,----.- - ’-
_
----.-.
Pour faire usage de ce
procédé,
il faut avoir une feuille decarton ou de cuivre sur
laquelle
on tracera avec soin uneparabole
dont la
distance c
du sommet aufoyer
soit divisée en 10 , 100 ,1000 ,
parties égales
suivant sagrandeur ;
et 1’011prendra
pour unité l’une de ces divisions. On fera bien de tracer aussi sur le même carton ou cuivre ladéveloppée
de la courbe(*) ;
et il nes’agira plus
alors qued’opérer
ainsiqu’il
a étéprescrit
ci-dessus.Au
surplus,
comme , dans des casparticuliers ,
lepoint (a, b) pourrait
totnber hors du carton, ou avoir des coordonnéestrop
petites ;
on fera bien de substituer àl’équation (1.2) l’equation
dans
laquelle
est uneindéterminée , plus grande
ouplus petite
que
l’unité ;
on aura alors . ,on
disposera
de, l’indéterminée À de manière à rendre a et b d’unegrandeur ,telle qu’on
lesdésirera ,
etlorsqu’on
aura obtenu les racines del’équation (14) ,
il nes’agira
que de les diviser par pour en conclure celles de~’équation (12).
Nous ne
donnons ,
au reste , cette méthodequ’en
faveur desgéomètres
àqui
ces sortes despéculations
offrentquelque
intérêt.~ Nous estimons que de toutes
les,
méthodes de résolution deséqua-
tions
numériques
du 3,luedegré,
cellesqu’on
déduit de la consi- dération des fonctions circulaires sontincomparablement
lesplus
courtes et les