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D i s p o n i b l e e n l i g n e s u r w w w . s c i e n c e d i r e c t . c o m

j o u r n a l h o m e p a g e : w w w . e m - c o n s u l t e . c o m / p r o d u i t / E N C E P

ÉPIDÉMIOLOGIE

Fréquence et facteurs de risque du jeu pathologique chez une population de joueurs à Casablanca

Frequency and risk factors for pathological gambling in a sample of gamblers in Casablanca, Morocco

S. Berrada , L. Rachidi , S. El Gnaoui , M. Agoub , D. Moussaoui , O. Battas

Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd, rue Tarik Ibn Ziad, Casablanca, Maroc

Rec ¸u le 22 aoˆ ut 2006 ; accepté le 4 aoˆ ut 2008 Disponible sur Internet le 31 mars 2009

MOTS CLÉS Jeu ;

Jeu pathologique ; Fréquence ; Facteurs de risque ; Maroc

Résumé L’objectif de ce travail est d’évaluer la fréquence du jeu pathologique chez un groupe de joueurs réguliers, trouver les facteurs de risque qui lui sont corrélés ainsi que certaines caractéristiques socioculturelles relatives au jeu au Maroc. Le recueil des données s’est fait dans les lieux de jeu les plus fréquentés à Casablanca. Le dépistage et le diagnostic du jeu pathologique ont été faits par le Questionnaire South Oaks Gambling Screen (SOGS). Sur les 243 questionnés, 200 hommes ont été retenus, soit un taux de participation de 82 %. La fré- quence des joueurs pathologiques au sein d’une population de joueurs est de 53 %. La moyenne d’âge de l’échantillon est de 42,3 plus ou moins 10,70 ans. La course de chevaux et la course de lévriers constituent les jeux les plus fréquentés par respectivement 91 et 60 % des sujets interrogés. Les sujets ayant un niveau scolaire primaire, un revenu mensuel ne dépassant pas les cinq milles dirhams (500 euros), un antécédent psychiatrique personnel et un abus de toxiques, constituent les personnes les plus à risque d’être des joueurs pathologiques. Le sujet est peu exploré dans les pays de culture arabo-musulmane. Des enquêtes épidémiologiques, plus larges en population générale, qui s’enquièrent de la prévalence, des facteurs de risque et de comorbidités psychiatriques s’avèrent nécessaires.

© L’Encéphale, Paris, 2008.

KEYWORDS Gambling;

Pathological

Summary

Introduction. — Pathological gambling is a major psychiatric disorder and a public health pro- blem that has gained a lot of attention in the last few years. The problems caused by gambling are increasingly serious. The prevalence of pathological or compulsive gambling varies from 0.8 to 2% in Europe, Canada and the USA.

Auteur correspondant.

Adresse e-mail : berrada.soumia@yahoo.fr (S. Berrada).

0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.

doi:10.1016/j.encep.2008.08.003

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Aim of the study. — A study has been conducted in different gambling spots in Casablanca to measure the frequency of pathological gambling in Morocco and to determine the risk factors and the socio-cultural factors associated with it.

Design of the study. — The collection of data was conducted in the most frequented gambling spots. The first part of the questionnaire permitted the gathering of the sociodemographic characteristics and drug addictions as well as the psychiatric and legal histories. The detection and diagnosis of pathological gambling was conducted using through the South Oaks Gambling Screen (SOCS) questionnaire, which has been translated to Arabic to suit the needs of the study.

Participants in the study. — Two hundred men were retained out of the 243 interviewed, which represent a participation rate of 82%. The frequency of pathological gambling among a popula- tion of gamblers is 53%. The mean age of the sample was 42.3 more or less 10.70 years. Thirty-six percent of those interviewed had a monthly income of less than 2000 dirhams (200 euros). Horse and greyhound racing were the most popular forms of gambling among those interviewed, with rates of 91 and 60% respectively. Individuals with an educational level of no more than primary school, a monthly income of less than 5000 dirhams (500 euros), a personal psychiatric history, and a drug addiction, are most risky to be pathological gamblers.

Conclusion. — The topic pathological gambling has been studied very little in Arab and Isla- mic countries, and it is necessary to conduct larger epidemiological studies on the general population to inquire about its prevalence, risk factors as well as its psychiatric characteristics.

gambling;

Frequency;

Risk factors;

Morocco

© L’Encéphale, Paris, 2008.

Introduction

Le jeu pathologique est une pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu exposant à des conséquences socioprofes- sionnelles néfastes [3]. Le jeu du hasard et d’argent peut devenir une passion obsédante, envahissante et dévorante au détriment de la vie quotidienne du sujet. Pour la plu- part des gens, le jeu représente une activité de détente sans conséquence, certains y développent une patholo- gie : le jeu devient alors une maladie ou une dépendance qui se traduit par une impulsion incontrôlable à miser de l’argent. Pour un joueur pathologique, parier constitue une source d’excitation et de détente qui domine entièrement sa vie et entraîne une multitude de conséquences négatives [1].

Le jeu pathologique est un trouble psychiatrique majeur et un problème de santé publique qui a commencé à susciter beaucoup d’intérêt ces dernières années. Les problèmes dus au jeu augmentent en importance. La prévalence du jeu pathologique ou compulsif varie de 0,8 % à 2% en Europe [5], au Canada [15] et aux États-Unis [19].

Les études épidémiologiques à ce propos sont relati- vement récentes. Le jeu pathologique fut inclus dans le D.S.M.III [2] en 1980. Dans les pays arabes et musulmans, le sujet est très peu exploré. Au Maroc, les types de jeu les plus populaires actuellement (course de lévriers et de che- vaux...) ont été introduits lors du colonialisme au début du vingtième siècle. Les premiers joueurs étaient essentielle- ment des franc ¸ais, suivis par les Espagnols et les Portugais.

Les Européens qui côtoyaient les Marocains ont commencé à leur tour à jouer. Le contexte religieux condamne par ailleurs ce genre de pratiques ; de plus le joueur est sou- mis à une condamnation morale, mais il existe néanmoins une tolérance sociale et juridique.

Cette étude s’est penchée sur une population à risque.

Nous avons donc mené une enquête dans différents lieux de jeu à Casablanca pour évaluer chez des joueurs qui fréquentent ces lieux, la fréquence du jeu pathologique, trouver les facteurs de risque qui lui sont corrélés ainsi que

certaines caractéristiques socioculturelles relatives au jeu au Maroc.

Sujets et méthodes

Il s’agit d’une étude transversale à visée descriptive et ana- lytique.

Sujets

La sélection des sujets a été faite au hasard dans un lieu de jeu. Les critères d’inclusion ont été les suivants :

• l’âge supérieur ou égal à 18 ans, âge légal pour fréquenter ces endroits au Maroc ;

• un sujet ayant joué au lieu où se déroule l’interview afin d’approcher une population à risque ;

• personne pouvant consacrer une quarantaine de minutes à l’entretien en dehors d’un moment ou l’interviewé joue ;

• personne n’ayant pas un retard mental ou un trouble psy- chiatrique sévère entraînant la non-compréhension des questions ;

• un consentement oral est obtenu de chaque personne acceptant de participer.

Deux cent quarante trois personnes ont été question- nées sur différents lieux de jeux publics de la ville. Trente personnes ont refusé de participer à l’étude et 13 ne cor- respondaient pas aux critères d’inclusion. Deux cents sujets ont été recrutés et tous étaient des hommes avec un taux d’acceptation de 82 %.

Lieux

Les questionnaires ont été remplis au niveau de

l’hippodrome des courses de chien, les cafés ou bars

où se jouent le tiercé et les kiosques de vente de billets

de loto et/ou de toto foot. Ces trois lieux constituent,

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au Maroc, les sites de jeu les plus populaires. Contraire- ment aux pays occidentaux où l’accès aux casinos, à titre d’exemple, est relativement facile de par leur fréquence et la possibilité d’y jouer pour différentes classes sociales, le nombre des casinos au Maroc est très réduit et ils se situent essentiellement dans des lieux de haute fréquentation par les touristes. Les «machines à sou » sont quasiment inexistantes. Les montants des mises démarrent à cinq dirhams, soit 0,5 euros.

Les enquêteurs

La passation des questionnaires est faite face à face par des médecins résidants en psychiatrie.

L’outil de travail

La première partie a consisté en une exploration des données sociodémographiques, des antécédents médicaux, chirurgicaux et psychiatriques ainsi que des habitudes toxiques. Des données sur le ou les jeux pratiqués ont été également recueillies.

Questionnaires

Le Questionnaire South Oaks Gambling Screen (SOGS) [16]

est un instrument de dépistage et d’évaluation du jeu patho- logique, répondant aux critères diagnostiques du DSM IV. Il a été traduit par les auteurs en arabe dialectal avec une tra- duction en retour, mais cette traduction n’a pas été validée selon un protocole statistique. Un score supérieur ou égal à 5 suggère le diagnostic de jeu pathologique et un score de 1 à 4 évoque le « jeu à problème ».

Déroulement de l’étude

Une enquête pilote a été menée auprès de 12 sujets. Cette préenquête nous a permis de procéder à quelques modifica- tions au sein du questionnaire. Ensuite, il a été administré aux sujets inclus dans l’étude par les enquêteurs formés à cet effet.

Tous les entretiens se passaient au niveau du lieu du jeu en dehors d’une course ou de remplissage d’un billet de loto ou de toto foot. Les enquêteurs expliquaient aux partici- pants le but de l’étude et après leur accord. La passation démarrait par le recueil des données sociodémographiques puis la passation du questionnaire SOGS.

Analyse statistique

La saisie et l’analyse des données ont été réalisées à l’aide d’un logiciel statistique, Epi Info dans sa sixième version franc ¸aise [8]. L’analyse de variance (Anova) et le test de Student ont été utilisés pour la comparaison des variables quantitatives. Les tests khi

2

et Fisher exact ont été utilisés pour la comparaison des variables qualitatives. Le taux de signification a été fixé à 0,05 pour toutes les analyses.

Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques.

Âge (moyenne, extrêmes)

42,3 ± 10,70 ans (19 ans, 84 ans)

Statut marital (%)

Célibataires 28

Mariés 64

Veufs 1,5

Divorcés 6,5

Nombre d’enfants (%)

≥ 5 11,5

1—4 54

0 34,5

Niveau d’instruction (%)

Illettrés 14

Primaire 30

Secondaire 46,5

Universitaire 8,5

Formation professionnelle

1

Profession (%)

Sans 12,5

Cadre supérieur

2

Cadre moyen 23,5

Ouvrier 24,5

Service de sécurité

4,5

Commerc ¸ant 18

Agriculteur 0,5

Autres 15,5

Revenu mensuel (%) dix dirhams (dhs) = 1 euro

Non précisé 3,5

< 1000 dhs 11,5

1000—2000 dhs 24,5

2000—5000 dhs 43,5

5000—10000 dhs

11,5

> 10000 dirhams

5,5 Origine urbaine

(%)

82

Résultats

Caractéristiques sociodémographiques

Les principales caractéristiques sociodémographiques ont été reportées sur le Tableau 1. L’échantillon comportait 100 % d’hommes dont la moyenne d’âge était de 42,3 plus ou moins 10,70 ans. Le revenu mensuel ne dépassait pas les 2000 dirhams (200 euros) chez 36 % des sujets inter- viewés.

Habitudes toxiques

Plus des deux tiers des personnes interrogées (77,5 %) ont

rapporté l’usage régulier des toxiques dont 74 % prenaient

du tabac à raison de 14,99 plus ou moins 12,62 cigarettes par

jour et une durée moyenne de consommation de 15,85 plus

ou moins 13,22 ans, 27 % avaient un usage régulier d’alcool et

6 % fumaient du cannabis. Des psychotropes comme les tran-

quillisants, les antiparkinsoniens et les antiépileptiques sont

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Tableau 2 Prévalence des joueurs selon le type de jeux.

Type de jeux Prévalence des joueurs %

Course de chevaux 91

Course de lévriers 60

Loto 23,5

Totofoot 14

Cartes 1,5

Grattage 1

consommés sans prescription médicale et de fac ¸on régulière par 1 % des interviewés.

Antécédents psychiatriques et judiciaires

Le nombre de personnes ayant eu un antécédent psychia- trique ont été au nombre de 16 soit 8 % de l’échantillon : 12 ont eu une dépression, deux ont eu une phobie sociale, deux autres ont eu un trouble panique et une personne a eu un syndrome de stress posttraumatique. Les antécé- dents judiciaires sont rapportés par 11,5 % des sujets tout en admettant l’éventualité d’avoir des faux négatifs.

Types de jeux retrouvés

Les paris lors des courses de chevaux sont les plus fréquem- ment retrouvés (91 % des joueurs) suivis par la course de lévriers (60 % des joueurs) (Tableau 2).

Fréquence du jeu pathologique

Cinquante trois pour cent des joueurs avaient un score de SOGS supérieur ou égal à 5, alors que 32,5 % avaient un score compris entre 1 et 4 et 14,5 % des joueurs avaient un score nul.

La durée du jeu pathologique variait de deux mois à 41 ans avec une moyenne de 10,3 ans.

Facteurs de risque du jeu pathologique

Nous n’avons pas noté de différence statistiquement signi- ficative concernant les caractéristiques démographiques (âge, statut marital, niveau d’instruction, emploi, revenu mensuel) des joueurs pathologiques et non pathologiques.

Les sujets ayant un antécédent psychiatrique personnel (12,3 versus 3,2 %, p < 0,03) et un abus de toxiques (84,9%

versus 65,1 %, p < 0,007), constituent les personnes les plus à risque d’être des joueurs pathologiques.

Discussion

À notre connaissance, aucune étude rapportant les caracté- ristiques des joueurs n’a été menée dans un pays arabe.

L’enquête menée auprès d’une population de joueurs a trouvé une fréquence de 53 % de joueurs pathologiques. Une hypothèse socioculturelle peut être émise pour ce résultat relativement élevé. Le joueur marocain moyen joue rare- ment pour le plaisir. Les jeux évalués lors de cette étude

ont fait leur entrée au Maroc que depuis les années vingt et ne faisait pas partie de notre culture. Nous pensons ainsi qu’un joueur va d’avantage être attiré par ce type de jeu s’il présente un facteur de vulnérabilité au jeu pathologique.

Le genre

Dans notre étude, l’échantillon était composé uniquement d’hommes. Plusieurs auteurs ont retrouvé la prédominance importante du sexe masculin [5,17]. Nous rajoutons à cela un facteur socioculturel. La plupart des lieux de jeux au Maroc sont fréquentés exclusivement par les hommes.

Selon Ibanez et al. [12], il y a une différence dans la présentation clinique et le type de comorbidité avec le jeu pathologique entre les hommes et les femmes. Les femmes joueuses sont plus âgées mais ont une évolution plus rapide du trouble. Les hommes joueurs ont un taux plus élevé d’abus et de dépendance à l’alcool et de trouble de per- sonnalité antisociale.

L’étude de Martins et al. [18] va dans le même sens : les hommes ont des comportements sexuels à risque, et l’abus d’alcool est plus important par rapport aux femmes.

Le revenu mensuel

L’étude n’a pas relevé de différence statistiquement signifi- cative en termes de revenu mensuel entre les deux groupes de joueurs.

Toutefois, selon Welte et al. [23], les personnes à revenu socioéconomique bas peuvent considérer le jeu comme un investissement pouvant leur permettre d’échapper à la pau- vreté. Les individus croyant que le jeu a ces « qualités positives » sont plus vulnérables au jeu pathologique. Les personnes à revenu mensuel bas peuvent devenir plus faci- lement joueurs pathologiques que les personnes à niveau socioéconomique élevé car ces derniers, pour la même mise que les premiers, peuvent absorber plus facilement leurs pertes financières car elles ont plus de ressources maté- rielles.

Antécédents et comorbidités psychiatriques

L’antécédent psychiatrique personnel retrouvé chez 12,3 % des joueurs pathologiques, à l’image d’une multitude d’études internationales [7,11], se confirme comme un fac- teur de vulnérabilité chez ce profil de joueur. Kaush [13]

a noté que les joueurs pathologiques avaient un taux plus élevé de tentative de suicide. Une étude récente [21] a sou- ligné la comorbidité élevée entre la manie, la dépression et le jeu pathologique.

Abus de substance

Dans cette étude, l’usage de substance est significativement plus élevé chez les joueurs pathologiques (84,9 %) avec une prédominance de la prise de tabac et d’alcool.

L’usage avec ou sans abus/dépendance aux substances

est retrouvé par la majorité des auteurs comme comorbi-

dité de jeu pathologique chez l’adulte [5,23]. L’alcool et

la nicotine sont les deux conduites addictives qui lui sont

(5)

les plus corrélées [7]. En population générale, une étude effectuée à Alberta [20] a retrouvé que 100 % des joueurs pathologiques étaient aussi des fumeurs. Ces mêmes joueurs pathologiques avaient des prévalences élevées de personnes qui consomment l’alcool et les drogues. Welte et al. [22]

ont trouvé en 2001 que le fait d’être dépendant à l’alcool augmente la probabilité d’être joueur pathologique.

Type de jeu

Nous n’avons pas retrouvé de différence statistiquement significative entre les joueurs pathologiques et non patho- logiques concernant le type de jeu. À travers la littérature, certains types de jeu sont susceptibles de déclencher des conduites addictives plus que d’autres. Ils induisent un renforcement dans la programmation des jeux comme les machines à sous [9]. De même que les types de jeu qui produisent un feedback instantané mènent plus facilement aux conduites addictives comme le « vidéo poker » et les machines à sou [10], car la gratification est immédiate, ce qui raccourcit le temps nécessaire pour devenir un joueur pathologique. La modification cognitive qui consiste en une perception erronée d’avoir de la chance, peut générer une modification comportementale des habitudes de jeu [14].

En supposant que certains types de jeu peuvent favoriser cette distorsion cognitive, ils constitueraient des jeux à risque.

Vu les différents types de jeu connu au Maroc, les jeux à « risque » n’existent pas ou sont difficiles d’accès pour le joueur marocain comme les machines à sou et le « vidéo poker ». D’une part, l’installation de ces appareils coûte cher sans être suffisamment rentables et/ou le payement par carte bancaire n’est pas quelque chose de courant dans notre pays, d’autre part l’individu n’est pas encore habi- tué à interagir avec des machines pour parier de l’argent.

Nous suggérons de considérer cela comme un facteur socioé- conomique et culturel protecteur. Blume [6] avait déjà évoqué que l’importance de l’offre de jeu constitue un facteur de risque important. Néanmoins, Casablanca est une ville soumise aux influences occidentales. Il n’est pas exclu que de nouveaux types de jeux voient le jour dans cette ville d’autant plus qu’il n’y a aucun cadre légal les interdisant.

Antécédents judiciaires

Plusieurs variétés de délinquance et de comportements criminels ont été fortement corrélées au jeu. En effet, les joueurs pathologiques ont un risque plus élevé d’avoir un comportement criminel ou agressif et un diagnostic de comportement antisocial [4].

Notre étude n’a pas trouvé de différence statistique- ment significative entre les joueurs pathologiques et non pathologiques. Toutefois, la prévalence d’individus ayant des antécédents judiciaires dans le groupe de joueurs patho- logiques est plus élevée par rapport au groupe de joueurs non pathologiques (15,1 % versus 7,4 %, p = 0,09).

Cependant, l’étude comporte certaines limites dont les plus importantes sont représentées par le fait que l’étude a concerné une population à risque et la population de sexe féminin n’a pas été évaluée. Des facteurs de risques

comme l’usage et l’abus de substances devraient être mieux explorés en évaluant les quantités consommées et sur un échantillon plus important. Certes, nous n’avons pas trouvé de différence statistiquement significative entre les diffé- rents lieux de jeu, mais il serait intéressant de mieux les explorer tout en tenant compte des caractéristiques cultu- relles locales. L’étude a concerné des lieux connus pour le jeu. Il existe en effet des lieux inaccessibles à l’enquêteur, représentés essentiellement par les jeux de cartes pratiqués en milieu privé.

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