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Le travail des ingénieurs agronomes dans un contexte d’essor des grandes cultures en Argentine

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Le travail des ingénieurs agronomes dans

un contexte d’essor des grandes cultures en Argentine

Susana Grosso et Christophe Albaladejo

Chapitre 10

(2)

Le secteur agricole argentin a profondément changé ces vingt-cinq dernières années.

Des dispositions politiques et institutionnelles ont permis l’entrée massive de capitaux nationaux et étrangers, attirés par le fort potentiel de la production d’aliments et de biocombustibles. Cette évolution a fortement modifié la configuration sociale du champ d’activité en entraînant des disparitions, des reconversions ou l’arrivée de nouveaux acteurs.

Un des changements sociaux le plus commenté est l’émergence d’un nouveau profil entrepreneurial d’agriculteurs qui se caractérise par une importante intégration des technologies dans la production primaire. Ces technologies sont à la base de nouvelles formes de production et de commercialisation, tant des intrants (semences et phyto- sanitaires) que des produits (céréales et oléoprotéagineux).

Ces transformations

103

, bien renseignées par la littérature (Arrillaga et al., 2013 ; Gras et Hernández, 2013), ont eu d’importantes répercussions sur les relations entre le secteur privé et le secteur public agricole, en particulier dans le processus de produc- tion et de transfert de connaissances et de technologies. On observe par exemple des changements dans les types de public bénéficiaire de ce transfert et dans les types de connaissances produites. Des modifications émergent également dans les associations stratégiques établies entre les acteurs responsables de ce processus (Goulet et Grosso, 2013) et dans les pratiques professionnelles des ingénieurs agronomes assurant le conseil privé (Grosso et Albaladejo, 2013).

L’objectif de ce chapitre est de rendre compte des caractéristiques du conseil privé qui accompagne le développement de cette nouvelle agriculture entrepreneuriale ainsi que des transformations qu’a subies, en conséquence, le travail des ingénieurs agronomes. Cette profession

104

a historiquement monopolisé la fonction de conseil dans le domaine des grandes cultures

105

. Nous montrerons également la manière dont la consolidation de l’univers socio-économique des nouveaux entrepreneurs agricoles a profondément transformé la figure du producteur agricole

106

– centrale dans la modernisation agricole mise en place dans les années 1960 – et le type de relation que ce dernier entretient avec les ingénieurs agronomes exerçant dans le domaine du conseil agricole ainsi qu’avec les connaissances techniques.

103. Notamment la disparition de presque 30 % des exploitations agricoles en région pampéenne (entre 1988 et 2002) et une augmentation de la production de céréales et d’oléaprotégineux, passant de 50 millions de tonnes en 1990 à près de 100 millions en 2015.

104. En Argentine, on considère que les ingénieurs agronomes constituent une profession au sens de la sociologie fonctionnaliste du terme. Ils obtiennent leur diplôme au terme d’un cursus bac +5. Pour exercer, ils doivent s’inscrire dans le collège professionnel correspondant à la zone géographique où ils pensent exercer. Ils reçoivent ainsi un matricule professionnel les autorisant à exercer et imposant des règles d’éthique et de responsabilité professionnelles.

105. « Grandes cultures »est ici une traduction du vocable argentine « cultivos extensivos », qui désigne la culture du soja, du blé, du maïs, du tournesol et du sorgo.

106. On pourrait rapprocher cette figure de celle de « l’agriculteur professionnel » en France.

(3)

Nous commencerons par analyser les stratégies entrepreneuriales d’un échantillon d’agriculteurs. Puis, après avoir retracé les grandes caractéristiques de l’évolution historique du conseil privé, nous aborderons les compétences professionnelles déve- loppées par les ingénieurs agronomes travaillant dans ce nouveau contexte. Pour cela, nous nous concentrerons sur deux fonctions professionnelles : celle de gérant de production et celle que nous avons nommée dans notre recherche de « technologue de terrain » (« tecnólogo de campo »).

Notre base empirique de données est formée par dix entretiens approfondis auprès d’entrepreneurs agricoles, pour la plupart ingénieurs agronomes, et de deux fonction- naires de l’INTA (Instituto nacional de tecnología agropecuaria). Ces entretiens portent sur les trajectoires professionnelles et les activités actuelles de ces acteurs Nous n’avons pas cherché à faire en sorte que l’échantillon sélectionné soit représentatif, sur le plan statistique, de ce qu’est actuellement la nouvelle agriculture entrepreneu- riale en Argentine. Nous avons interrogé un ensemble d’agriculteurs considérés loca- lement par leurs pairs comme des référents techniques et entrepreneuriaux

107

de ce nouveau monde agricole en émergence. Nous avons également mobilisé des obser- vations de terrain sur les changements perceptibles dans l’exercice de la profession, réalisées dans plusieurs régions de l’Argentine entre juin 2010 et février 2013, dans le cadre de différents projets de recherche

108

. Parmi ces projets figurait le suivi des ate- liers du programme « Sistema Chacras » dans la région de Pergamino dans la province de Buenos Aires (mars 2012), dans la province de Corrientes (avril 2012), de Neuquén (octobre 2012) et dans la Valle Medio du Nord de la Patagonie (février 2013).

1. e ntrepreneurs et expansion

de l ’ agriCulture

Nous parlons d’« entrepreneurs agricoles » pour désigner un ensemble d’acteurs de l’activité agricole mû essentiellement par une logique économique et financière. Ces entrepreneurs mobilisent dans leur activité une série d’autres acteurs à travers divers contrats : des entrepreneurs de travaux agricoles, des fournisseurs d’intrants, des investisseurs financiers, des propriétaires terriens rentiers, ainsi que des conseillers en comptabilité, en droit, en informatique et en sciences agronomiques.

Au vu de leurs caractéristiques sociales et économiques, nous pourrions situer ces entrepreneurs agricoles, dans la typologie réalisée par Carla Gras et Valeria Hernández (2013, p. 51-56), entre les « entrepreneurs globalisés » (des entrepreneurs qui n’ont plus de liens sociaux avec les localités où se trouvent leurs cultures) et les « producteurs

107. Ils sont considérés comme des référents au sens où ils sont souvent cités par leurs pairs dans la conversation ou qu’ils nous ont été recommandés en tant qu’interlocuteurs pour notre enquête.

108. Les projets qui ont financé ce travail de recherche sont : Interra ANR 09 – STRA 04 ; CAI+D 2011 ; ECOS Argentina-Francia 2010-2014.

(4)

territorialisés » (des agriculteurs qui sont connus localement ou qui sont des notables), reliés au monde de l’agrobusiness. Les acteurs que nous avons étudiés sont en majo- rité des acteurs collectifs – généralement des sociétés – dont les membres ont tous une trajectoire professionnelle dans le secteur agricole, antérieure à la constitution de ces sociétés (même si tous ne sont pas originaires du milieu rural). La plupart d’entre eux ont effectué des études supérieures (ingénieurs agronomes, vétérinaires, administra- tion d’entreprises, comptables) et ont incorporé des outils de gestion dans leurs exploitations, mobilisant des logiques propres au modèle des méga-entreprises

109

(Gras et Sosa Varrotti, 2013). Cependant, ces acteurs restent différents de ceux des méga-entreprises : de par la taille des exploitations – ils travaillent de 5 000 à moins de 50 000 ha ; de par leur lien patrimonial à la terre – ils ne sont pas seulement loca- taires mais tous propriétaires d’une partie des terres qu’ils exploitent ; de par leur insertion sociale locale, car ils effectuent la majeure partie de leurs transactions avec d’autres acteurs des localités agraires où ils produisent ; de par leurs activités, essen- tiellement concentrées dans la production primaire.

Les entrepreneurs que nous avons observés sont tous de la région pampéenne

110

. Certains ont d’abord exercé leur activité à travers un emploi salarié ou une profession libérale. Ce n’est que par la suite qu’ils ont participé directement à la production agri- cole, en général au moment d’hériter de l’entreprise familiale. Il est intéressant de noter que la majorité d’entre eux, au cours de ces vingt dernières années, en sont venus à la production agricole, hors de la région pampéenne, à travers la formation de sociétés constituées en marge du patrimoine familial. Ces sociétés ont des statuts juridiques variables, depuis les fiducies (fonds d’investissement) jusqu’aux sociétés anonymes.

Nombre de ces sociétés agro-productives trouvent leurs origines dans des groupes de producteurs-entrepreneurs qui partageaient de mêmes espaces de formation ou de conseil, comme c’est le cas des groupes du mouvement Consorcios regionales de expe- rimentación agropecuaria (CREA)

111

ou des groupes régionaux de l’Association argen- tine des producteurs en semis direct (AAPRESID). Nous faisons ainsi référence à des acteurs ayant un profil innovant par rapport à l’usage des techno logies et habitués à partager entre eux des espaces d’échanges techniques et entrepreneuriaux.

L’émergence de ces entreprises de production en zone extra-pampéenne a connu trois périodes que l’on peut différencier selon les circonstances qui ont mobilisé les acteurs économiques et les modalités contractuelles et productives mises en place.

109. Les méga-entreprises sont caractérisées par les auteurs comme ayant plus de 200 000 ha d’exploitation (la plupart en fermage), centrés sur la production de commodities et externalisant l’ensemble du travail agricole (semis, protection, récolte, stockage).

110. La région pampéenne comprend l’intégralité du territoire des provinces de Buenos Aires, Santa Fe, l’Est de Córdoba, l’Est de la province de La Pampa et une grande partie de la province de Entre Ríos. Elle présente d’excellents sols et un climat favorable au développement d’une agriculture sans irrigation, notamment des grandes cultures.

111. Le mouvement CREA est formé par des petits groupes de huit à douze agriculteurs qui se réunissent périodi- quement pour échanger sur leurs techniques et leur entreprise. Ils paient les services d’un ingénieur agronome pour animer le groupe et les conseiller. Ces groupes sont reliés entre eux à travers une association nationale, l’Asociación argentina de grupos CREA.

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Les premières tentatives de développement de cette organisation productive ont débuté par une expansion territoriale des exploitations dans la décennie 1990, impul- sée par les agriculteurs les plus aisés pour diversifier et/ou construire des entreprises compétitives dans une période défavorable au secteur (Lattuada et Neiman, 2005).

Durant cette première période, encouragée par un petit nombre de producteurs iden- tifiables (au sens où il ne s’agit pas d’acteurs agissant dans l’anonymat) et mobilisant leurs propres capitaux, cette expansion s’est orientée vers la zone nord du pays : l’Est du Chaco, le Sud-Est de la province de Santiago del Estero, (figure 1 ci-dessous), là où il était possible de louer les terres abandonnées par la culture du coton

112

. Par la suite, les grandes cultures ont occupé des terres qui étaient auparavant des pâturages ou des forêts natives, à travers le déboisement, en combinant la location et l’achat des terres

113

.

Fig. 1 Évolution de la surface semées en soja en Argentine et orientation de la progression des entreprises agricoles

112. À la fin des années 1990, la production de coton, importante dans la Province du Chaco, est entrée en crise suite à une baisse des prix. Beaucoup de terres ont été abandonnées par les producteurs traditionnels de coton et louées par des producteurs agricoles du Nord de la province de Santa Fe ou de la province de Córdoba qui avaient développé les cultures de tournesol et de soja (Grosso, 2007).

113. Dans la province de Santiago del Estero, de nombreux conflits existent à propos des titres de propriété de la terre. Cela a donné lieu à des ventes frauduleuses et des expulsions de petits agriculteurs. Des mouvements paysans, comme le MOCASE, ont dénoncé cette situation et plusieurs de leurs leaders ont été assassinés par des hommes de main de certains grands acteurs économiques.

URUGUAY

CHILI

BOLIVIE

BRÉSIL PARAGUAY

Surface semée en soja : moyenne 1991-1995

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URUGUAY

CHILI

BOLIVIE

BRÉSIL PARAGUAY

Surface semée en soja : moyenne 1996-2000

Surface semée en soja : moyenne 2001-2005

URUGUAY

CHILI

BOLIVIE

BRÉSIL PARAGUAY

(7)

Source : www.laargentinaenmapas.com.ar (consulté 22/06/15) — IMHICIHU-CONICET.

La seconde tentative de développement d’une organisation productive a vu le jour au cours de la campagne agricole de 2002-2003

114

, lors de la recherche de nouvelles affaires dans un contexte redevenu favorable au secteur agricole (Grosso, 2009). Ces tentatives ont renforcé le processus précédent à travers la constitution de sociétés, majoritairement éphémères, c’est-à-dire destinées à disparaître une fois l’activité devenue moins rentable, dans lesquelles prédominaient des capitaux extérieurs au monde agricole (fonds d’investissement). Elles ont reposé entièrement sur un mode de production caractérisé par le paquet technique « semis direct + soja OGM + herbicide glyphosate ». Cette vague a coïncidé avec l’expansion territoriale des méga-entre- prises en Argentine (Gras et Sosa Varrotti, 2013).

Enfin, une troisième initiative s’est développée au cours de la campagne agricole 2005-2006. Elle a été initiée par les grands agriculteurs, à la recherche de nouveaux espaces où investir les gains réalisés en région pampéenne. Néanmoins, des capitaux extérieurs au secteur agricole ont également pris place dans cette expansion agricole.

114. Début 2002, une forte dévaluation de la monnaie a provoqué une situation très favorable dans le rapport prix des intrants/prix des produits agricoles, notamment pour les cultures d’exportation (oléoprotéagineux et une partie des céréales).

Surface semée en soja : moyenne 2006-2010

URUGUAY

CHILI

BOLIVIE

BRÉSIL PARAGUAY

(8)

Cette dernière s’est faite par l’achat de terres et le développement

115

de l’agriculture et de l’élevage extensifs. Ces avancées territoriales du modèle entrepreneurial se sont produites au Nord de la province de Formosa, à l’Est du pays à la frontière avec l’Uru- guay (Guibert et al., 2011) et au Sud, dans les zones irriguées du Nord de la Patagonie.

Bien qu’il existe une diversité de modèles organisationnels, la plupart de ces socié- tés structurent la gestion de leur production en unités d’affaires (unidades de negocios)

116

, autrement dit en sous-unités fonctionnelles ayant une gestion séparée.

Les entreprises que nous avons pu analyser sont généralement des entreprises spé- cialisées dans la production primaire. C’est ainsi que les unités d’affaires sont consti- tuées d’une surface qui peut être gérée par un seul gérant d’exploitation (gerente de campo). Selon les régions, elles varient en taille et en distribution de parcelles : une unité d’affaire peut mesurer entre 2 000 à 4 000 hectares. Entre trois et cinq unités d’affaires sont regroupées sous la direction d’un gérant régional (gerente regional).

Selon l’échelle de l’entreprise, il peut y avoir plus d’un gérant régional ou, au contraire, ce rôle peut coïncider avec celui du directeur général de l’entreprise.

Enfin, si l’entreprise est membre d’un CREA, un conseiller externe intervient lors des prises de décision.

2. l es ingénieurs agronomes

et la pratique du Conseil

Dès sa mise en œuvre en Argentine, le conseil agricole a été exercé quasiment exclu- sivement par les ingénieurs agronomes. Il s’est formalisé et institutionnalisé dans les années 1950, en s’appuyant notamment sur deux évènements. Le premier a été la création de l’Instituto nacional de tecnología agropecuaria (INTA)

117

en 1956 et l’émergence, au sein de cette institution, de la figure de l’agent de développement (el extensionista), reprise ensuite dans certaines agences provinciales de développement.

Le second évènement fondateur a été la création du mouvement CREA en 1957, avec l’arrivée notamment de la figure du « conseiller groupal d’entreprise » (asesor grupal de empresas)

118

. Ces deux activités professionnelles ont toujours été exercées par des ingénieurs agronomes. Il est néanmoins possible de rencontrer des vétérinaires et des techniciens agricoles exerçant ces fonctions, certains ayant pu s’engager dans

115. Dans le jargon des entrepreneurs agricoles et des ingénieurs agronomes qui travaillent avec eux, l’expression

« développer une exploitation agricole » (« desarrollar un campo ») s’utilise lorsqu’il s’agit d’une parcelle occupée par la forêt originelle et qu’elle doit être déboisée pour sa mise en culture ou pour la production de viande bovine (Murphy Armando et Grosso, 2012).

116. S’il s’agit d’une entreprise qui possède des intérêts dans différents maillons de la chaîne de production, chacune des unités peut être centrée sur une activité, comme : la production primaire, la prestation de services agricoles (semis, etc.), le stockage, la commercialisation de la production, etc.

117. Cet institut concentre l’équivalent des fonctions de l’Inra, des services de conseil des chambres d’agriculture et des instituts techniques.

118. Nous choisissons de la nommer ainsi afin de différencier cette figure de celle de l’agent de développement (el extensionista).

(9)

cette activité au début de la période 1960-1970, lorsqu’il n’y avait pas encore suf- fisamment d’ingénieurs agronomes sur le marché du travail dans certaines provinces d’Argentine.

Pour comprendre la nature de ces activités et les différencier, nous avons pris en compte les dimensions d’analyse suivantes : le cadre contractuel de la relation de travail, les objets privilégiés d’action et les caractéristiques de la pratique profession- nelle principale. La première de ces trois dimensions donne le cadre légal de la rela- tion de travail. L’ingénieur agronome peut en effet exercer son activité sous une forme libérale (encadré par un contrat de services pour une durée déterminée) ou être employé pour une durée indéterminée. Dans le premier cas, sa relation de travail avec une entreprise ou un groupe d’entreprises peut l’occuper à plein-temps ou non, sur une période déterminée ou non.

Pour définir conceptuellement les objets d’intervention de l’ingénieur agronome, nous avons mobilisé le travail de Sebillotte (2006) et distingué les trois objets sui- vants : la parcelle agricole, l’agriculteur cultivant ses parcelles et le territoire. Par

« pratique professionnelle », nous entendons les méthodes qui permettent de guider l’action sur ces objets. Par exemple, un diagnostic peut être mené sur une parcelle afin d’émettre une prescription ou un conseil, dans un but d’intervention directe à des fins de production ou bien dans un but d’expérimentation et d’augmentation des connais- sances agronomiques. Chacune de ces trois catégories d’action permet de différencier trois tâches pour l’agronome : le conseil, la gestion et la recherche.

Nous allons à présent développer succinctement l’histoire du conseil privé en Argentine avant de nous concentrer sur les changements actuels.

2.1. Brève histoire du conseil aux producteurs agricoles

Depuis les années 1960, l’acteur central incarnant l’activité de conseil agricole dans

les organismes publics est l’extensionista (que nous traduirons par « agent de dévelop-

pement » dans la suite du texte). Il travaille généralement dans une agence de déve-

loppement rural de l’INTA (agencia de extension rural – AER). Les administrations

provinciales disposent également de leurs propres agences. Sa zone d’intervention est

un territoire bien défini, qui coïncide avec certaines limites administratives des muni-

cipalités ou provinces. Dans ce territoire, sa fonction a été historiquement définie

comme devant assurer le « transfert de technologies » aux producteurs locaux, en

particulier celles créées ou adaptées par l’INTA. Peu à peu, ses formes d’intervention

se sont transformées et les AER comportent actuellement des groupes de travail inter-

disciplinaires, dont la responsabilité est définie comme étant celle du « développe-

ment territorial ».

(10)

En reprenant nos catégories d’analyse, nous pouvons affirmer que l’agent de dévelop- pement est, en Argentine, un agent de l’État qui n’a pas vraiment d’objet privilégié d’intervention. Selon la demande sociale locale, il peut en effet intervenir sur la par- celle, le territoire ou auprès de l’agriculteur.

Dans le cadre de l’activité privée, la figure de base est celle du conseiller groupal d’entreprises (asesor grupal de empresas), généralement lié aux groupes CREA. Si cette dénomination de conseiller groupal d’entreprises nous est propre, le terme « ase- sor », autrement dit de conseiller, est utilisé pour désigner l’ingénieur agronome employé par les groupes CREA. Nous avons rajouté le mot « groupal » dans notre dénomination car le fonctionnement en petits groupes est à la base du système CREA

119

. L’ingénieur agronome apporte des conseils en lien avec l’adoption de tech- nologies dans les systèmes de production des groupes qu’il accompagne. Il veille également au fonctionnement du groupe de producteurs et à l’animation des réu- nions. Si son objet d’intervention privilégié a toujours été le producteur, autrement dit le responsable d’une exploitation agricole, sa pratique de conseil s’est progressive- ment concentrée sur les aspects économiques et de gestion d’entreprise, au détriment de la dimension technique et productive.

La figure du conseiller groupal d’entreprises et le modèle CREA sont fortement diffusés dans toute l’Argentine

120

. Cette méthode de travail a même été reproduite dans le système coopératif dans les années 1980 ainsi que par l’INTA avec le programme Cambio Rural, un dispositif financé par des fonds publics dans les années 1990.

Parallèlement à la diffusion des groupes de conseil agronomique, d’autres formes de conseil privé se sont mises en place en Argentine, en particulier dans la région pam- péenne. Toutes ces modalités ont bénéficié de façon centrale de l’intervention d’un ingénieur agronome, que celui-ci soit un conseiller d’entreprises (ou consultant), un technico-commercial (associé à une coopérative ou à des entreprises locales de vente de services et d’intrants) ou un conseiller en ventes (Grosso et Albaladejo, 2013).

2.2. Les nouvelles demandes des exploitations de grandes cultures aux ingénieurs agronomes

Les entreprises agricoles considérées comme des références en matière d’expansion territoriale de l’agriculture – dont nous avons parlé précédemment – demandent aux

119. Tout comme les centres d’études des techniques agricoles (CETA) en France, mouvement dont s’est inspiré ouvertement le fondateur argentin des CREA, Pablo Harry.

120. En janvier 2011, il y avait 205 groupes CREA, représentant 1 932 producteurs et employant 206 conseillers (Grosso, 2011).

(11)

ingénieurs agronomes qui sont en relation directe avec elles

121

d’assumer au moins deux fonctions bien définies : une fonction de conseiller d’entreprises et une fonction de gérant de production.

Le conseiller d’entreprises, qu’il soit de type groupal (CREA) ou individuel, est un ingénieur agronome qui exerce sa profession de façon libérale et est employé à temps partiel pour mettre en place un conseil intégral dans une entreprise agricole. Ce conseil peut être permanent ou ponctuel. Ses objets d’intervention privilégiés sont la

« parcelle » et « l’agriculteur cultivant ses parcelles » (Sebillotte, 2006). Sa pratique professionnelle consiste à évaluer ces objets face aux demandes de l’agriculteur, en mettant en évidence les risques et les potentialités. Par ses recommandations, il colla- bore également à la prise de décisions. Selon l’éthique professionnelle qui guide l’ingénieur, le conseil doit se baser sur les aspects techniques et agronomiques de la production et intégrer une évaluation économique, financière et sociale. Il doit aussi être indépendant des intérêts d’autres acteurs, en particulier des acteurs commerciaux vendant des intrants ou des services.

La différence entre le conseiller d’entreprise et le gérant de production repose sur deux dimensions : le cadre contractuel de la relation de travail et la pratique professionnelle.

Un gérant de production est employé à plein-temps dans l’entreprise où il travaille et son salaire est clairement établi (même si son contrat peut prévoir des primes à la productivité). Il peut avoir différentes responsabilités selon la taille de l’entreprise. Cet ingénieur agronome est qualifié dans le milieu de « gérant d’exploitation » lorsqu’il a à sa charge une unité d’affaires (unidad de negocio, selon la terminologie de nos interlocuteurs), ou de « gérant régional » lorsqu’il supervise différents gérants d’exploi- tation, ou bien encore de « directeur exécutif » lorsqu’il se situe au sommet de la hiérarchie de l’entreprise.

Le premier type d’emploi est généralement occupé par de jeunes ingénieurs récem- ment sortis de la faculté, faisant ainsi leur première expérience dans une situation proche de la production et nécessitant de résider sur place. Le second type d’emploi est occupé par des ingénieurs ayant bénéficié d’une promotion interne, bénéficiant ainsi d’une reconnaissance de leur expérience technique et de leurs connaissances.

Ces emplois permettent habituellement aux ingénieurs de résider dans une ville moyenne, proche de parcelles en production. Enfin, les directeurs exécutifs ont une longue trajectoire professionnelle dans le secteur et ont le plus souvent acquis des parts dans la société. La plupart d’entre eux ont suivi des études complémentaires dans le domaine de l’agrobusiness, l’administration des entreprises ou le coaching d’équipes (accompagnement professionnel).

121. Ces entreprises sont également en relation avec les ingénieurs agronomes qui travaillent dans la vente d’intrants et de services (technico-commerciaux, conseillers en vente), mais nous ne les avons pas considérés ici car ils sont extérieurs à l’entreprise.

(12)

Bien que leur pratique professionnelle soit liée au système productif (la conduite de l’ensemble des parcelles en grandes cultures), l’approche d’un gérant est différente de celle d’un conseiller : son analyse ne vise pas à convaincre un producteur mais elle doit lui permettre de prendre ses propres décisions, tant stratégiques que quoti- diennes, conduisant à un plan de travail cohérent et compris par les différents opéra- teurs et partenaires. Un gérant doit également informer son supérieur hiérarchique de ses actions et les justifier. Dans tous les cas que nous avons étudiés, ce supérieur hiérarchique n’est pas un producteur, c’est-à-dire une personne connaissant parfaite- ment l’activité agricole dans son exécution pratique. Il s’agit d’un collectif d’acteurs, formé d’investisseurs associés au sein de la société, d’un ou plusieurs conseillers (un comptable et, parfois, un autre ingénieur agronome), tous intéressés par le succès économique de l’entreprise mais disposant d’une connaissance très hétérogène de ce qu’est concrètement l’activité agricole.

Cette situation requiert ainsi, de la part du gérant, des compétences techniques, opé- rationnelles et de communication. Concernant la technique, il doit savoir conduire l’ensemble du processus de production sous sa responsabilité. En matière opération- nelle, il doit savoir coordonner les tâches nécessaires avec les prestataires de services : le semis, la pulvérisation, la récolte et l’approvisionnement en intrants. Enfin, il doit disposer de compétences en communication tant dans les interactions interperson- nelles (avec les fournisseurs, les collègues, les propriétaires de l’entreprise, le person- nel) que dans la production de rapports périodiques et de documents relatifs à l’activité.

Dans le contexte argentin pampéen, ce type d’emploi trouve certaines de ses racines dans la figure traditionnelle de l’administrador de campo du monde des estancias. Ce dernier était un employé qui n’avait pas fait d’études et formé sur le tas. Son rôle portait sur la direction des employés, la médiation avec le propriétaire mais peu sur les décisions techniques et productives. Le gérant de production d’aujourd’hui doit quant à lui disposer de solides compétences techniques et opérationnelles sur toutes les activités.

En plus des facilités aujourd’hui offertes par les technologies de la communication,

cette situation a entraîné le développement d’une série d’instruments visant à faci-

liter la prise de décisions techniques et la consultation entre collègues, qu’ils soient

dans une même entreprise ou une même région (lorsque les cultures se trouvent

dans des zones géographiques non traditionnelles et que les références techniques

sont peu nombreuses). Ce sont essentiellement des protocoles de suivis de cultures,

extrêmement rigoureux en termes agronomiques, qui permettent de consulter des

collègues (par e-mails et avec des photographies) à propos d’évènements inconnus

ou incertains, voire de recourir à des experts de l’INTA ou à des entreprises qui

fournissent les intrants.

(13)

Le besoin en informations des jeunes ingénieurs agronomes, le manque de connais- sances sur ces nouveaux espaces agricoles, les pressions liées à la productivité et les facilités de communication ont, entre autres facteurs, conduit à des transformations.

Des projets innovants, comme le Sistema Chacras, ont émergé ainsi qu’un nouveau type de travail pour les ingénieurs agronomes de terrain, afin de donner naissance à une nouvelle figure : celle du technologue de terrain.

3. l e s istema C haCras et les pratiques des teChnologues de terrain

Le Sistema Chacras

122

est un programme mené par AAPRESID avec le conseil tech- nique d’un expert de l’INTA, à travers un accord de coopération technique public- privé entre ces deux institutions. Il est financé par les producteurs intéressés et, dans certains cas, l’État peut y apporter une contribution (c’est le cas de la Chacra Neuquén) et les entreprises peuvent fournir des intrants (dans les cas d’essais de nouvelles varié- tés, des hybrides ou de réponses à des fertilisants, etc.). Dans le tableau 1 (p. 196), nous présentons les Chacras qui font partie du programme ainsi que leurs objectifs en matière de production de connaissances et de technologies.

Une Chacra n’est pas un espace physique concret mais une problématique ressentie et partagée par un groupe d’acteurs producteurs localisés. Cette problématique est ce qui guide le travail des participants, leur méthode et leur stratégie, en particulier lorsqu’il s’agit de mobiliser d’autres acteurs pour résoudre une difficulté, et permet de définir la durée prévisible du processus. Sur le plan de la méthode, le système chacra fonctionne de la façon suivante : dans une région un acteur ou un groupe d’acteurs constatent une situation insatisfaisante et proposent aux animateurs du système cha- cra de travailler avec eux. Le groupe d’animateurs du système crée un espace social d’échanges dans lequel sont convoqués des acteurs locaux référents (universitaires, chercheurs, agents de développement de l’INTA, experts d’entreprises privées, conseillers privés indépendants, producteurs, etc.), afin de réaliser une analyse de la situation, poser clairement le problème et prioriser des lignes de travail à mettre en place. C’est dans cet espace que sont exposés les intérêts des demandeurs ainsi que la faisabilité technique et les exigences financières. Ultérieurement, les services d’un ingénieur agronome sont sollicités dans le cadre d’un contrat (nommé en interne gerente técnico de desarrollo : gérant technique de développement). Il doit avoir un profil proche de la recherche académique afin de mener à bien sa mission, qui dure généralement trois ans comme nous le verrons par la suite.

122. Décrit par Goulet et Grosso (2013). Pour plus d’informations sur le système chacra, vous pouvez consulter le site Internet suivant : www.aapresid.org.ar/sistemachacras (consulté le 23/06/15).

(14)

Tab. 1 Caractéristiques principales des unités du Sistema Chacras Nom et localisation

de Chacra

Objectif Financeurs Étape

San Martín (province du Chaco)

Augmenter l’efficience de l’usage des res- sources environnementales afin d’intensi- fier les rotations agricoles à travers l’utili- sation de la double culture en été.

Un groupe

d’entreprises Terminée

Inriville (province de Córdoba)

Évaluation de stratégies d’augmentation de la productivité agricole dans des sols de classes IV et V présentant du sodium sous-superficiel.

Une entreprise Terminée

Neuquén (province de Neuquén)

Développer des technologies permettant d’augmenter la production des prairies naturelles des micro-zones humides de la steppe de Patagonie (mallines) et des fonds de vallée irrigués.

État de la province de Neuquén

Terminée.

En phase de conception d’un nouveau projet.

El Rocío

(Mercedes, province de Corrientes)

Dans une zone d’élevage et de culture du riz pluvial, évaluation de la viabilité économique, environnementale et pro- ductive des cultures de soja, maïs, blé et sorgo.

Une entreprise

Terminée.

En phase de conception d’un nouveau projet.

Pergamino (pro- vince de Buenos Aires)

Développer des modèles productifs qui prennent en compte une plus grande effi- cience dans l’usage des ressources, la sta- bilité des rendements et l’entretien, voire l’amélioration, du milieu de production.

Un groupe d’entreprises

En cours d’exécution

Valle Medio (province de Río Negro)

Augmenter la productivité des systèmes agricoles irrigués.

Un groupe d’entreprises

En cours d’exécution Bragado-Chivilcoy

(province de Buenos Aires)

Diminuer l’écart entre les rendements potentiels et les rendements réels.

Un groupe d’entreprises

En cours d’exécution Bandera

(province de Santiago del Estero)

Développer un plan de gestion intégrée des adventices afin de diminuer leur impact dans les systèmes productifs.

Un groupe d’entreprises

En cours d’exécution

San Luis

Optimiser l’usage de l’eau afin d’améliorer les systèmes productifs de la zone Centre de San Luis.

Un groupe d’entreprises

En cours d’exécution Justiniano Posse

(province de Cordoba)

En cours d’élaboration. Un groupe

d’entreprises

En cours d’exécution

Bien qu’à l’intérieur du programme les ingénieurs agronomes embauchés soient nom-

més « gérants techniques de développement », nos observations et nos analyses nous

conduisent à mettre en doute le fait qu’il s’agisse véritablement de « gérants » dans la

mesure où les compétences requises et les pratiques professionnelles réalisées sont

davantage celles d’un chercheur ou d’un développeur de technologies que celles d’un

gérant. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré les appeler des « technologues

de terrain ».

(15)

Si nous reprenons les dimensions de l’analyse proposées ci-dessus, nous observons que ces ingénieurs agronomes ne sont pas salariés, bien qu’ils travaillent à plein- temps durant trois années sur un projet : ce sont leurs services qui sont contractualisés.

Par ailleurs, leur objet d’intervention privilégié est la parcelle ; un objet sur lequel ils projettent et exécutent divers essais avec d’autres acteurs. Si, en pratique, ils agissent sur un ensemble de parcelles, leur intérêt ne réside pas dans les interactions entre celles-ci ni dans leur intégration au sein d’un même système productif, mais dans les processus observables et mesurables au sein de chacune des parcelles. C’est ainsi que leurs analyses se concentrent sur une série de paramètres ne dépassant pas cette échelle d’observation.

Ainsi, les ingénieurs agronomes doivent développer des compétences proches de celles des ingénieurs agronomes occupant des postes de chercheurs expérimentaux dans les universités ou les centres de recherche de l’INTA, voire dans certaines entreprises privées. Néanmoins, à la différence de ces derniers, les technologues de terrain doivent mettre en place leurs essais dans les champs des producteurs et sous l’observation constante des membres des entreprises qui financent ces recherches et essais. Ainsi, il leur est demandé d’être autonomes dans leur travail (dans la concep- tion des dispositifs, dans la réflexion sur les hypothèses de travail, dans l’analyse des résultats) mais l’on attend d’eux également qu’ils soient capables d’intéresser les entrepreneurs afin que le projet soit maintenu, même si le choix du maintien et surtout du financement du projet est de fait partagé entre tous les responsables du système chacra.

Cette capacité à intéresser est également mise à l’épreuve lors des ateliers périodiques (un ou deux par an) que chacune des Chacras organise et au cours desquels sont invités les producteurs financeurs, ainsi que des experts techniques (publics ou privés), ces derniers étant considérés comme des partenaires potentiels dans la production de connaissances. Ces ateliers consistent à passer un ou deux jours sur le terrain pour montrer les différents essais et les résultats partiels.

Les technologues de terrain doivent également développer des compétences de

communication orale et rédactionnelle, mises en œuvre lors des visites des essais

mais aussi à des moments particuliers et stratégiques comme le congrès annuel de

l’AAPRESID. Au travers de cet événement auquel participent des experts internatio-

naux et des scientifiques reconnus, il s’agit pour l’AAPRESID de conquérir une

légitimité dans le monde des sciences agronomiques. Ainsi, il est également

demandé à ces ingénieurs une formation de maestría (master latino-américain équi-

valent à un bac +7 en France) ou un doctorat en sciences agronomiques, sciences

du sol, écophysiologie, etc., dans le but d’être reconnu par le monde académique

et acquérir leurs connaissances.

(16)

C onClusion

Dans le monde de l’agriculture entrepreneuriale en Argentine, les opérateurs privés ont toujours été fortement présents dans le conseil et la production de connaissances agronomiques (Di Filippo, 1984). Cependant, cette présence a évolué ces vingt-cinq dernières années et cela n’est pas sans répercussions sur le travail des ingénieurs agro- nomes. En effet, tous nos interlocuteurs s’accordent pour noter une augmentation importante du nombre d’ingénieurs travaillant dans les grandes cultures. Ce phéno- mène, qui n’a pas été chiffré, est relié d’une part à l’augmentation importante de la surface cultivée

123

et, d’autre part, à un changement dans le type de producteur. Nous pouvons observer aujourd’hui des acteurs d’un type entrepreneurial différent du désormais « classique » producteur modernisé pampéen : un type d’acteur agricole qui non seulement réside loin de ses parcelles cultivées mais ne les parcourt plus. Ces acteurs demandent aux ingénieurs agronomes des compétences nouvelles. Par exemple, dans les cas que nous avons pu analyser, ce n’est plus le producteur qui prend les décisions techniques sur la parcelle ni même sur l’exploitation, mais c’est directement l’ingénieur qui assume un rôle de gérant de production.

Toutefois, malgré cette augmentation du nombre d’emplois et un rôle plus direct dans les décisions de production, l’ingénieur agronome a perdu une certaine emprise sur ce qui était au centre de son métier : l’expertise technique au niveau de la parcelle agronomique, voire de l’exploitation. En effet, le nouveau contexte conduit les entre- prises agricoles à gérer l’activité presque uniquement en fonction de l’application de critères techniques et économiques standards et non territorialisés (autrement dit non ajustés à la contingence des situations locales).

Au cours de ces dernières années, la production de connaissances localisées est ainsi devenue un défi important pour ce nouveau style d’agriculture. Il s’agit en effet de faire face à la production de grandes cultures, dans des régions où ces productions sont rela- tivement récentes, ainsi qu’à l’émergence de problèmes techniques locaux liés à la monoculture et à l’application massive d’un paquet technique fortement artificialisant (apparition de nouvelles adventices, de nouvelles maladies des plantes, etc.).

Ce besoin de références techniques localisées prend ainsi de l’importance au fur et à mesure que le paquet technique standard de culture est débordé par les réactions du milieu. Il redonne de l’importance à la profession d’ingénieur agronome dans ce qui est encore considéré comme étant son cœur de métier : l’expertise technique localisée des cultures et des actions sur ces cultures. C’est dans cette ligne de compétences que se situe la figure de celui que nous avons nommé le « technologue de terrain ».

123. La surface destinée aux principales cultures (soja, maïs, blé, tournesol et sorgo) est passée de 15,2 millions d’hec- tares au cours de la campagne 1988/1989 à 31,4 millions d’hectares en 2011/2012 (source : ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche).

(17)

Notre étude a permis de mettre au jour une tension entre le pôle « management », ou gestion, et le pôle technique et de savoirs « en situation » dans les fonctions et les compétences des ingénieurs agronomes. Mais cette tension non résolue conduit à plus de questions que de réponses. L’émergence de ce profil de technologue de terrain correspond-elle à un besoin momentané ou signifie-t-elle une tendance stable sur laquelle pourraient s’appuyer les formations universitaires et la profession d’ingénieur agronome ?

Certains indices nous laissent supposer que le profil technique de compétences devrait se consolider. C’est déjà ce qui ressort des tendances si l’on s’en tient au seul système chacras ou aux demandes issues des activités des plateformes régionales de l’AACREA (l’association nationale des CREA) et d’autres initiatives venant cette fois des entreprises privées vers la production de références locales. Cette tendance devrait également être soutenue par les politiques publiques qui concentrent une part importante de leurs efforts au développement technologique de ce qui est appelé l’« agriculture familiale ».

Enfin, nous avons pu constater dans nos entretiens que les ingénieurs étaient forte-

ment demandeurs de connaissances techniques, notamment localisées, dans le but de

consolider leur pratique, mais aussi de légitimer auprès des acteurs de la production

leurs interventions depuis leur maîtrise les sciences agronomiques. Ces préoccupa-

tions et ces besoins ont un sens fort dans le contexte de domination symbolique des

sciences de gestion et du management (agrobusiness) et nous conduisent à valider

l’hypothèse d’une tension durable dans les compétences des ingénieurs agronomes.

(18)

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chapitre 10 : Le travail des ingénieurs agronomes dans un contexte d’essor des grandes cultures en Argentine

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(20)

christophe Albaladejo est ingénieur agronome et docteur en géographie et aména-

gement du territoire. Il est spécialisé dans le développement rural, notamment dans le développement local et l’insertion territoriale de l’activité agricole. Il a exercé à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et dans diverses facultés de géographie et d’agronomie en France, en Argentine et au Brésil. Il est actuellement le directeur français du laboratoire international Activité agricole, territoire et sys- tèmes agroalimentaires localisés (Agriterris), qui associe des instituts de recherche et universitaires français, argentins et brésiliens.

camille Amet est ingénieure agronome, diplômée d’AgroParisTech en 2011. Son

stage de fin d’études a porté sur l’analyse du rôle et des pratiques d’une entreprise d’agrofourniture en matière de conseil en agriculture. Entre 2012 et 2014, elle a assuré l’animation de la chaire écoles-entreprises « Agriculture écologiquement intensive » (AEI), ayant pour objectif de favoriser la collaboration entre des coopératives agricoles et des établissements d’enseignement et de recherche. Depuis 2014, Camille Amet s’est tournée vers la production en devenant responsable d’un verger.

Younes Bekkar est diplômé de l’École nationale d’agriculture de Meknès (Enam).

Après avoir travaillé en tant qu’ingénieur de recherche au sein de plusieurs projets de recherche, il a intégré un processus de formation doctorale en sociologie à l’université de Bourgogne et a réalisé une thèse sur la reconfiguration du conseil au Maroc. En parallèle de ce parcours doctoral, il a été associé en tant que consultant à de nom- breuses études de terrain au Maroc sur les questions de développement agricole et rural.

Antoine Bernard de raymond est sociologue, chercheur à l’Inra au sein de l’unité

risques, travail, marchés, État (RiTME). Ses travaux portent sur les transformations des manières d’articuler production agricole et alimentation, dans une perspective de sociologie économique et de sociologie du droit. Il étudie actuellement la notion de sécurité alimentaire et la manière dont ce motif est utilisé pour réorganiser l’agriculture et l’alimentation. Antoine Bernard de Raymond est également l’auteur de l’ouvrage En toute saison. Le marché des fruits et légumes en France (PUR, 2013).

Hélène Brives est enseignante-chercheure à l’Institut supérieur d’agriculture et

d’agroalimentaire Rhône-Alpes (Isara) de Lyon et chercheure associée au Laboratoire

d’études rurales de l’université de Lyon 2. Ses travaux portent sur l’analyse des dispo-

sitifs de production et de mobilisation des connaissances scientifiques et techniques

pour la gestion d’objets de nature. Elle s’intéresse plus particulièrement aux formes

d’accompagnement des changements techniques et sociaux en agriculture, aux acteurs

et aux outils qui jouent un rôle d’intermédiaires dans ces dispositifs de changement.

(21)

Frédéric Goulet est sociologue, chercheur au sein du département Environnements et

sociétés du Cirad et membre de l’UMR Innovation à Montpellier. Ses travaux s’ins- crivent dans le champ de la sociologie de l’innovation, des techniques agricoles et de la connaissance. Il a étudié le développement des techniques sans labour en France au cours des années 1990-2000. Ses travaux portent actuellement sur la différencia- tion des politiques, des technologies et des collectifs de recherche et développement autour du public de l’agriculture familiale en Argentine.

Susana Grosso est enseignante-chercheure à l’université nacional del Littoral en

Argentine. Elle est ingénieure agronome et participe à la formation des étudiants et des ingénieurs de la faculté des Sciences agraires. Ses recherches portent sur les transfor- mations actuelles de l’agriculture en Argentine, la production des connaissances et des technologies ainsi que sur le rôle des ingénieurs agronomes dans ces processus.

Elle conduit notamment des travaux sur les conflits socio-environnementaux liés à l’intensification des pratiques agricoles.

Florence Hellec est sociologue au sein du laboratoire AgroSystèmes, TErritoires,

Ressources (ASTER) de l’Inra à Mirecourt. Ses travaux portent sur l’évolution des métiers en agriculture face à la montée des incertitudes économiques et des enjeux environnementaux. Disposant d’une double formation en agronomie (ingénieur d’AgroParis Tech) et en sociologie, elle étudie tout autant les activités des agriculteurs que celles des conseillers et techniciens qui interviennent auprès d’eux, ainsi que les dispositifs socio-professionnels qui les relient.

Kary Humanyauri est ingénieure zootechnicienne. Assistante au sein de l’unité de

conseil technico-économique de la faculté de Zootechnie, elle gère la programma- tion, la coordination et l’organisation des activités portant sur les questions liées à la nutrition, la production animale, le conseil technico-économique et le transfert de technologie. Elle dirige actuellement des projets de recherche pour la Fondo para la innovación, ciencia y tecnología (FINCyT) et le Consejo nacional de cienca, tecno- logía e innovación tecnológica (CONCYTEC).

charilaos Kephaliacos est professeur de sciences économiques à l’Enfa. Il dirige des

travaux de recherches dans le domaine du développement durable en agriculture et portant plus spécifiquement sur la mise en œuvre des mesures contractuelles adressées aux agriculteurs. Il a également été impliqué ces dernières années dans de nombreux contrats de recherche financés par des instances européennes, nationales et régionales.

Pierre Labarthe est chargé de recherche en économie au sein du département Sciences

pour l’action et le développement de l’Inra à Paris. Ses travaux portent sur le change-

ment technique et les transformations des services de conseil pour les agriculteurs. Il

aborde les questions liées aux nouvelles relations entre acteurs publics et privés dans

le conseil agricole, mais aussi celles associées aux innovations dans les services et aux

risques de verrouillage technologique. Il est également co-rédacteur en chef de la

revue Économie Rurale depuis 2012.

(22)

C o mmuniq ué

Le champ du conseil en agriculture est en pleine reconfi- guration avec l’arrivée de nouveaux acteurs désormais incontournables : les conseillers travaillant pour le secteur privé. Si les raisons de leur essor sont bien identifiées, leur identité, leurs pratiques, leurs compétences et les relations qu’ils entretiennent avec les producteurs et les autres opérateurs du conseil sont encore largement méconnues.

S’appuyant sur un travail d’enquête, les contributions de cet ouvrage abordent les pratiques d’acteurs privés du conseil dans différents contextes sociaux et géogra- phiques. Leur présentation permet de mieux comprendre la recomposition du secteur du conseil en France et de la mettre en perspective avec d’autres situations nationales, au Nord (Royaume-Uni) comme au Sud (Pérou, Maroc et Argentine).

Six grandes questions de recherche transversales émergent des résultats exposés et inter- rogent des caractéristiques essentielles des opérateurs privés.

La vente d’intrants est-elle aujourd’hui compatible avec le développement de services répon- dant à des enjeux sanitaires et environnementaux ? Le rôle accru des acteurs privés se traduit-il par de nouveaux partenariats ou par une concurrence amplifiée dans le secteur du conseil ? Comment le conseil s’insère-t-il dans l’éventail des activités économiques des acteurs privés ? Quelles sont les conséquences des stratégies des acteurs privés sur la qualité du conseil délivré et la fiabilité des connaissances utilisées ? Le conseil privé engendre-t-il de nouvelles inégalités dans l’accès au conseil ? Les acteurs privés sont-ils porteurs de pratiques innovantes de conseil ?

Les recherches regroupées dans cet ouvrage offrent une perspective pluridisciplinaire, croisant des regards sociologiques et économiques, sur ces questions liées à l’accroissement du rôle des acteurs privés dans l’offre de conseil agricole. Ce travail collectif s’inscrit dans le prolonge- ment des ouvrages Conseiller en agriculture et Conseil et développement en agriculture parus dans la même collection.

Publics : chercheurs et enseignants-chercheurs en sciences économiques et sociales, profes- sionnels du développement agricole et des structures économiques agricoles, étudiants en agronomie, en management et marketing des entreprises du secteur agricole, agriculteurs, responsables professionnels agricoles.

252 pages – Educagri éditions/Éditions Quæ – 2015 – ISBN 979-10-275-0013-0 – 34 €

Conseil privé en agriCulture

Acteurs, prAtiques et mArché

Claude Compagnone, Frédéric Goulet et Pierre Labarthe (Coord.)

Educagri éditions

26, Boulevard Docteur-Petitjean – 21079 Dijon Cedex

Tél. 03 80 77 26 32 – Fax 03 80 77 26 34 – www.editions.educagri.fr

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Conseiller en agriculture AG2601 29 €

Conseil et développement en agriculture DR2901 29 €

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Partie 1. Des formes inconnues de partena- riat privé/public : de l’ancien et du nouveau 1. Privatisation du conseil et nouvelles logiques de performance des services

Rivellie Tchuisseu et Pierre Labarthe

2. Quel rôle pour les coopératives dans la mise en œuvre de mesures agroenvironnementales ? Gaël Plumecocq, Jean-Pierre Del Corso et Charilaos Kephaliacos

Partie 2. Formuler des conseils et conseiller des formules

3. Le conseil technique agricole d’une entreprise d’agrofourniture

Frédéric Goulet, Camille Amet et Antoine Bernard de Raymond 4. Coopération et concurrence entre organismes de conseil

Claude Compagnone, Béatrice Simon et Pascale Moretty-Verdet

5. Le conseil technique proposé par les centres de gestion : une entrée résolument écono- mique

Florence Hellec et Joris Deville

Partie 3. Nouveaux objets agronomiques et formation du conseil

6. Le conseil des coopératives agricoles à l’épreuve de l’environnement

Robin Villemaine et Claude Compagnone 7. Quelles modalités de conseil pour l’accom- pagnement vers des pratiques agricoles plus écologiques ?

Hélène Brives, Pauline Riousset et Stéphane de Tourdonnet

Partie 4. Positionnement des acteurs privés : l’expérience des pays du Sud

8. Vers la privatisation du conseil agricole : conséquences pour les producteurs laitiers de

la vallée de Mantaro

Guy Faure, Kary Huamanyauri Méndez, Ivonne Salazar, Carlos Gómez, Erwin de Nys et Michel Dulcire

9. Approche socio-historique de la structuration du conseil agricole au Maroc

Younes Bekkar et Claude Compagnone 10. Le travail des ingénieurs agronomes dans un contexte d’essor des grandes cultures en Argentine

Susana Grosso et Christophe Albaladejo Conclusion : Émergence et positionnement des acteurs privés du conseil en agriculture.

De nouvelles interrogations pour la recherche Frédéric Goulet, Pierre Labarthe

et Claude Compagnone Post-face

Inge van Oost et Alexia Rouby

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Conseiller en agriculture

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272 pages - ISBN 978-2-84444-446-2 - 29 €

Conseil et développement en agriculture : quelles nouvelles pratiques ?

C. Compagnone, C. Auricoste, B. Lémery (coord. scientifique)

Educagri éditions/Éditions Quæ - 2009 264 pages - ISBN 978-2-84444-723-4 - 29 €

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