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Formation à la Gestion par Bureau International du Travail (BIT)

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ECA/ICHD/88/U3

Conference internationale sur

"Le facteur humain dans le retiressement economique et

le developpement de l'Afrique"

Khartoum (Soudan)

5-8 mars 1988

FORMATION A LA GESTION

par

Bureau international du Travail (BIT)

COMMISSION ECONOMIQUE DES NATIONS UNIES POUR L'AFRIQUE, ADDIS-ABEBA (ETHIOPIE)

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NOTE

Le present rapport a 6t6 c'tabli pour le Conscil international des agoncea be*nevoles (ICVA) par Robin Sharp, de I1International Institute for Environment

and Development (Londrcs). II sera present << par I1ICVA a la Conference

Internationale sur la dimension humainc du redresscment exonomique et du developpement en Afriquc (Khartoum, Soudan, 5-8 mars 1988). Lee opinions qui s'y trouvent exprime'es ne correspondent pas ne'eessairement au point do vuc de 1'ICVA ou a celui do l'une ou 1'autre de scs agences membrcs.

Note sur la tcrminologie i

La nomenclature utilised pour designer les diffe'rentes categories d'ONG varie consldc'rablcmcnt. Lcs termes "d'outre-mer" ct "6*trangeres" s'appliqucnt a toutcs les ONG non africaines, qu'ollcs soient du Word ou d'autrcs regions

du Sud. "Internationales" cst parfois utilise* pour d6signer cettc memo catc'gorie

d'ONG, mais a'emploie aussi dans un sens plus rcstrictif dans le cas

d1organisations dont les membrcs ou lcs statuts sont internetionaux. Lorsqu'aucunc

ambiguity grave nc so rencontre, lc present document observe 1'usage qul est

celui des documents dc rc'fc'rcncc.

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A. INTRODUCTION ET SOMMAIRE

1. En ccttc fin dc vingticmc sicclc, nous avons ass is to* a unc dtonnantc roont6*c

dc mouvcmcnts sociaux ct institutions ayant pris 1'engagement dc rompre lcs chaines

dc la pauvrctc* dans lc mondc. Animc'cs par un sens nouvcau de la justice

Internationale, ct irrite*es ou gSndos par lc gouffrc toujours plus profond entrc riches ct pauvrcs, des pcrsonncs rcprdscntant un important c*chantillon des pays

industrialists sont venues au cours des 30 dcrnicres amides offrir leur concours

et leur solidarity.

2. Cc faisant, cllcs ont suscitd la naissancc dc ccntaincs d1organisations nouvcllcs visant a la paix, la justice ct la satisfaction des besoins dldmentaircs

de l'hommc. Cos nouvellcs institutions de ddveloppcmcnt, travaillant a partir

de la longue experience acquiso par des groupes missionnaires en Afrique et dans

d'autrcs regions du Sudf ont apporto* uno dimension nouvoile de preoccupation

sociale dans lc cadre des prob Ionics du mondc post-colonial.

3. Historiqucmcnt, on pcut fairc rcraonter au quinzicmc sicclc, avee la venue des missionnaircs curope'ens, I'intdret quc des occidentaux ont pour la premiere

fois manifesto* a I'dgard du ddvcloppcmcnt humain des populations africaincs.

Lea tout premiers arrivants, qui avaient suivi leurs cxplorateurs-marchands,

ont e*tc* les Portugais; pcu apres sont venus les Fran§ais, les Nderlandais, les

Britanniqucs ct lcs Allcmands. Memo si leur impact a 6t6 faiblc sur lc continent durant lcs trois sicclcs sulvants, cc sont leurs dgliscs qui, avee plus ou moins de conviction, ont condamnd le commerce des esclavcs tel qu'il s'c*tait d^vclopp^

pendant les 17cmc et 18cmc sicclcs. En revanche, certains c*lc*mcnts de 1*opinion africainc estiment aujourd'hui quo les missionnaires ont manifesto" des pre'juge's similaircs a ccux des colonialistcs, qu'ils ont soutenus activement dans bicn des cas.

4. Lc morcellemcnt du continent par lcs puissances colonialcs, au 19cmc sicclc,

s'est accompagn^ d'un dcVcloppcmcnt rapido des dcolcs dc missionnaires. Malgrc*

I'ho8tilit(5 frdqucntc des autoritds colonialcs, ccs dcolcs ont donnc* aux Africains l'acccs a l'enscignement professionncl, sccondairc ct, parfois, supdricur. Des l'annde 1900, le Nigeria seul comptait 8 000 e*coles dc missionnaircs.

5. Au cours du demi-sicclc qui a suivi, I1Europe s'est rcplidc sur clle-mcmc,

ruindc par deux gucrrcs ddvastatrices. Mais durant la dcuxicmc guerre mondiale

et, ensuitc, la pe'riode de reconstruction iconomique en Europe, on a vu apparattre,

des deux cote's dc l'Atlantiquc, unc nouvclie cspccc d1 organisations b^n^volcs i

des groupes dc citoyens soucieux dc mobiUser I1aide pub11quo en favour des

affame's, des sans-abri ct des rc'fugie's de la guerre.

6. Des lcs amides 50, bicn quc leur nombre ct leurs res sources aicnt 6t6 encore

limited, ces nouvcllcs organisations inddpendantcs ont porte* lour attention vers

des pays plus lointains. A la fin de la de*ccnnie, la principale agencc britanniquc

consacrait dc*ja le tiers dc son budget en expansion a des projets d'action sociale

ct dc sccours en Afrique, notamment a des programmes dc santc*, a des projets alimentaircs, a l'aidc aux rc'fugie's ct aux sccours aux vietimes dc la famine.

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7. L'anne'o 1960, qui, aura marque* 1'accession a 1'independence politiquc d'unc grandc partic de l'Afrique, a constltuc* c*galcmcnt un point tournant quant a la

perception par les pays du Nord des bosoins de l'Afrique en matiere dc dcVeloppement. Avcc cllc out 6t6 amorcc*es la premiere D6*ccnnie des Nations Unies

pour lc deVeloppcmcnt et la Campagnc mondialc cont re la faim (CMCS) de I1Organisation des Nations Unies pour I1alimentation et 1'agriculture, campagne

dont I1 influence a e*tc* e*norme. Plusicurs comite*s nationaux de la CMCS sont

devenus, le moment venu, des ONG, et la Campagnc a joue* un rdlc important en

posant les fondements d'unc collaboration cntrc gouvernements et institutions indc*pcndantcs d1assistance.

8. La reconnaissance des besoins qu'e*prouvaicnt les nouvcaux pays, d'Afriquc

notaanncnt, en matiere dc dc*vcloppcmcnt, a imprime* l'dlan ne*ccssaire a la formation dc nombreuses nouvcllcs ONG au cours des vingt annCcs suivantcs. C'cat ainsi

qu'au Canada lc nombre dc ces organisations cst passe*, durant cctte pe*riodc,

de 26 a 127.

9. Tout ausst rcmarquablc quc la proliferation, depuis I960, des ONG s1occupant

du ddvcloppcmcnt, aura e*te* dans bicn des cas 1' Evolution rapidc dc leurs idc*cs

conccrnant les objectifs dc l'aidc au dcvcloppcmcnt (appelc*c aujourd'hui

"cooperation") ct les tnoyens approprids dc les attcindrc. Alors quo, primitivement, I1accent portait sur les sccours ct I1action socialc - assistance aux vietimes des conflits ct des catastrophes naturcllcs sous forme d'aidc alimentairc, dc medicaments, couvcrturcs, etc. - on a insistc* ensuite sur lc dcvcloppcmcnt a plus long tcrmc, mats toujours "dirige"11 ..., puis, plus rc*ccmmcnt, sur dc nouvcllcs formes d* action commune mcnc*c avcc des groupce autochtoncs, soulignant lc dc*veloppemcnt endogene ct 1'action soutcnuc. Dans la mSmc pe'riode, commc les Indicatcurs du dcvcloppcmcnt montraicnt quc les pays au Sud du Sahara se trouvaicnt confrontds a la spiralc dc chute la plus grave, les organisations non gouvemementales ont consacrC lc gros dc leure programmes d*assistance, non plus a l'Asie, mais aux pays d'Afriquc.

10. Les aptitudes particulicres aux ONG - pour mobiliscr rapidement les populations ct les rcssourccs, prendre lc risque dc projets novatours ct surtout attcindre dircctcmcnt les plus demunis - ont c*te* parfaitement prouvc*es pendant

la situation d'urgence due a la sCchcrcssc en Afriquc de 1984-1986. Sachant

profitcr dc I'intdret manifest^ dans lc Nord par des millions dc pcrsonncs afin d1organiser des programmes de survic en favour des pays les plus gravement touches, les ONG ont op6v6 sur unc deneHe sans prdeddent. Sans dissimulcr leurs limitations ni ccrtaincs insuffisanccs notables, ccttc action a mis en lumierc nombre de leurs bons cote's rc*cls dans le cadre d'unc action commune pour promouvoir lc bien-Stre en Afriquc.

11. La crisc immediate ayant pris fin en, 1986, cettc experience a contribuC

a dc nouvcaux dc*bats cntrc les ONG d'Afriquc et colics d'outre-mer quant au

rdalignement de leurs roles respectifs sur les futurs besoins en matiere de

dc'vcloppcmcnt. Bicn quc les generalisations soicnt dangcrcuscs, vu la diversity

des institutions non-gouvcrncmcntalcs en cause et 1'extreme varlCtC des situations

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relatives a chaque pays, certains indices attestcnt qu'il cst dc part et d'autrc

rcconnu quo les ONG africaines doivent progressivement devenir le moteur du ddvcloppcmcnt au nivcau des communautds, dans les pays qui sont des leurs, et

quc pour leur laisser la place ndcessairc les ONG du Nord devront rddvalucr

plusieurs aspects du role qu'cllcs joucnt actuellcmcnt.

12. L1 Elaboration des modalitds de cctte relation nouvelle rdclaracra tolerance

ct prdvoyancc. Nul nc doit escoraptcr quo la tSche sera facile. Mais les ONG sont aujourd'hui sur le bord d'attaquc du ddbat sur le ddveloppemcnt; elles savent

quo les structures et les systcmes doivent continuer a dvoluer et qu'amdnager les changements scion des modes crdatifs, cxtrcmcmcnt profitablcs au ddvcloppcmcnt

ot au bien-6tre de I'homrae, est une tSche qui s'impose.

13. La section B du present document offre des donndes succihetes sur les ONG

dfoutre-mer occupies en Afriquc, leurs objectifs, leur croissancc numdriquc,

Involution de leurs iddes et les programmes qu'clles ont rdalisds ccs 25 dcrnicrcs anndes. Les mdthodes opdrationnelles de ces ONG sont examinees dans la section

C, dc m8me quc la diversitd des projets qu'elles soutienncnt et qu'un certain

nombre des qualities ct des ddfauts dc leur facon de proedder qui sont le plus

souvent dvoquds. La section D dtudic ensuite les questions dont I1influence

pourrait fit re ddtcrminante pour le r6le futur des ONG d'outre-mcr en Afrique et, en conclusion, sont indiquds des domaincs df activitd ou olios pourraicnt 1c micux coopdrcr a la mise en valour des ressources humaincs et a 1*amelioration des conditions dc vie des populations africaines.

B. ORIGINES ET EVOLUTION

Divorsitd dos OHG

14. Memo si I1expression "organisation non gouvernementales" n'est utilisdc

quo pour designer des groupes occupds dans le ddveloppement, l'ONG type cst une chose qui n'cxistc pas. Des groupes d'outrc-mcr inddpendants* travailIant pour lc ddvcloppcmcnt en Afrique, rovetent toutcs les formes ct dimensions possibles

ct imaginablcs, ct leur ba gage intcllcctucl ou iddologiquc cst tout aussi varic*.

15. Us sont devenus des ccntaincs, au cours dc la premiere gdndration dc

l'acccesion des africains a 1'inddpendance d'dtat, alors qu'ils n'dtaient

initialcmcnt qu'une poigndc. Actuellemont, ils injectent chaque anndc un montant de l'ordre d'un milliard de dollars dans des millicrs de projets indlviduels ct assurent la plupart des rcssourccs ndecssaircs pour cntrctcnir les ONG africaines s1occupant dc ddvcloppcmcnt. Dans ccrtaincs parties du continent, on nc saurait cffcctucr lc moindrc ddplaccmcnt sans passer a cdtd de vdhiculcs sur Icsqucls sont points les noms ou insigncs d'ONG dtrangcrcs. Au scln des communautds ou celles-ci opcrent, les Africains parlent du "projet" comme d'une donndc courantc dc la vie.

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16. Les organisations nord-amdricaines privecs ayant des programmes ou projets en Afriquc scraient au nombre dc 300 a 400, 1c chiffrc corrcspondant c*tant sans doutc un peu supdrieur pour les organisations curopdennes. Les organisations le plus anciennement dtabli.es sont, dans la plupart des cas, des organisations missionnaires ct autrcs rattache'es aux dgliscs, qui rcprdscntcnt actucllcmcnt de part et d'autro de 1'Atlantique, 40 p. 100 environ des ONG les plus importantcs.

Les plus re'eentes sont gdndralcmcnt au service dc certains scctcurs cu groupes de populations : bcsolns dc la femme, protection dc I'environncment, promotion des petites cntrcprises ou technologic appropric*e. Entrc ces deux categories sc rencontrent des organisations dont la base cst e"tendue, qui proccdent scion unc approchc intc'gre'e ct capablcs dc satisfairc, au nivcau des ne'ecssite's communautaircs, la plupart des besoins.

17. Cc pluralismc s'associc - du moins, plus frdqueminent quc dans les programmes officicls d1assistance - a un certain cmprcsscmcnt a dcoutcr cc quc les populations cllos-mSmcs dc"sircnt. Et il aura permis au sectcur inddpendant dc s'attaqucr a d'importants aspects du ddvcloppcmcnt humain dont les programmes rigidement scctoricls des ministcrcs d'Etat ct des organisations Internationales nc tiennent

aucunement comptc.

Lc passage des sccours au developpcment

18. Au cours dc la premiere De'cennie des Nations Unies pour lc dcVcloppcmcnt, qui a coincide* avee la premiere Ddccnnie dc la decolonisation d'unc grandc partie dc 1'Afriquc, lc fait pour lc personnel affcetc" aux projets rdalis^s par lc Nord de s'ctrc trouve confront^ aux rdalitds de la vie dc l'Afriquc ruralc a determine unc Evolution rapidc dc la facon dont cc personnel pcrcevait son role. Des analyses comrae "L'Afriquc noire cst mal partie" If, dc Rend Dumont, ont par aillcurs 8<*m6 des idc"cs. Les ONG les plus pcrspicaccs n'ont pas tardc* a comprendre quc les sccours d'urgence assures aux re*fugic*s ou vie times dc la famine n'attinuaicnt quo les symp tomes, ct non les causes, dc la pauvrctc1. Pour re*pondre sdricuscment aux besoins dc 1'Afriquca il fallait des programmes a long tcrmc vieant a aider les populations a devenir autosuffisantcs.

19. Copondant quc lc financement des sccours a court tcrmc n'a quasiment pas dvolud dans les budgets dc ccrtaincs agenecs, lc souticn aux projets dc developpcment a accusd unc augmentation spcctaculairc jusqu'au bout des ann^cs 60. Ccttc tendance a soulignd quc 1'aide 8'adrcssait "aux plus pauvrcs d'cntrc les pauvrcs" bicn avant a vrai dire quc des Etats ct des organisations dc dc*veloppement n'aicnt cmbottd lc pas aux "strategics axdes sur la pauvretc*", aprcs lc rapport prdscntd en 1973 par Robert McNamara, a la reunion dc la Banquo mondialc tcnuc a Nairobi.

20. Dans 1'ensemble, les ONG du Nord ont realise* sans difficult^ excessive lc passage des sccours au developpcment. Pour les premiers inte*rcsse*3, ccla c*tait parfaitcment logique, aucun changement fondamental d'objectifs n'^tait cxigd ct lc controlc general du donatcur quant au choix ct a la gestion des projets - en consultation, toutcfois, avee les beneficiaircs - n'etait pas pour I1instant mis en cause.

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21. La communautd des ONG consacrdes au developpemcnt avait parcouru bicn du chemin 66ja aux premieres anndes de la dcuxlcmc Ddccnnic du ddvolopperacnt (2

DD); mais des changements plus Importants 1'attcndaient. Au moment des

ndgociations dc la premidre Convention de Lome (1973), visant a associcr I1ensemble de 1'Afrique au sud du Sahara avec la Comrounautd euroodenne dlargic, les ONG curopdenncs concevaient encore lour role cotnme csscntielletnent apolitiquc. Rarcs dtaicnt ccllcs qul attachaicnt un intdrct crucial aux questions en jeu. Toutofois,

tr£s peu aprcs, un certain nombre de facteurs se sont conjuguds pour les acheminer

vers le. secteur dc la recherche ct vers 1'action militante relative aux politiques officicllcs do ddvcloppctnent, notamment les facteurs suivants :

a) Le fait de rcconnaitre quo les acquisitions potent idles de leurs

programmes en Afrique et dans d'autres parties du Sud dtaicnt souvent rdduitcs a ndant par les politiques restrictives de leur gouvcrnement en matiere d'assistancc ot dc commerce;

b) Le fait dc s'aviser plus largcmcnt que les politiques conjugudes dos pays de l'OCDE, si cllcs no visaiont pas directement a l'appauvrisscmcnt du tiers mondc, constituaient un obstacle tnajeur aux efforts ddployds oar le Sud pour dchappcr au picge de la pauvretd;

c) La deception suscitdc par la stratdgie de la 2c DD ct par scs criteres

dc ddveloppcroent fondds sur le PNB et des objectifs dc croissancc scctoricls.

II s'est alors rdvdld dvidont pour bcaucoup que les objectifs de la comraunautd

des ONG et ccux des gouvernements, bien qu'ils fusscnt dans certains cas compatibles, dtaicnt lc plus souvent asymdtriques ct, quclqucfois, opposes.

Alliances nouvcllcs, valours nouvclles

22. Pour certaines des memes raisons, les spdcialistcs de la recherche en matiere

de ddvelopoemcnt, qui avaicnt souvent consider^ leurs activitds comme un facteur destind exclusivcmcnt a informer les responsables officiels des decisions, sc

sont mie en quote d'alliances nouvelles. C'est ainsi qu'au milieu des anndes 70 est apparu un mouvement pour "un autrc ddveloppement" rechcrchant un modele radicalcmcnt different - fondd sur les principes d'un ddveloppement autosuffisant, autoccntro, sans danger pour I'cnvironncment, visant avant tout a rdpondrc aux besoins dc 1'hommc.

23. Un nouvel ensemble de valeurs a commence a inspirer les activitds de certaines ONG du Word, refldtant les iddes dc pensours comrnc Paolo Freirc, Ivan Illich ct E.F. Schumacher. La thdologic dc la libdration, la "conscicntisation" et

1'dconomic "semblant faire cas des populations" ont ouvert de nouvclles voics

conceptuellcs pour s'attaquer aux injustices structurales dans le domaine des besoins humains a satisfairc.

24. Le ddveloppement, qui continualt a ctre ddfini par nombre d'agenecs

officicllcs bilatdrales et multilatdralcs comme la croissancc lindairc du PNB,

commencait a etre ddfini par les ONG les plus avancdes en tcrmes de ddveloppement

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et de solidarity humains/communautaircs. Sur la torre d'Afrique, certains groupes assuraicnt maintenant une aide humanitairc - articles mddicaux et connexes - a dea zones contrfildes par dcs mouvcmcnts de liberation. En Europe, cllcs ont constitud I1International Coalition for Development Action (ICDA), organc de

combat consacrd aux problcmcs commerciaux du tiers mondc, et sc sont trouvdos un peu micux prdpardcs pour rcndgocier, en 1977, la Convention de Lome*.

25. Euro Action-ACORD, consortium de 18 ONG europdcnncs ot canadiennes travaillant en Afrique, a fait rdaliser sur commando une analyse critique ddtailldc des conditions proposdes par la Communautd europdenne en vue du renouvellement du traitd, pour servir de guide a scs agcnccs membrcs ct a d'autres dans le cadre des prcssione a exercer sur lcurs gouvernements et la Commission de Bruxellcs 2/.

Cette entreprise et d'autres initiatives des ONG demandant a 1'Europe d1accepter une action sur un pied plus dgalitairc mende en commun avec les Etats d'Afriquc, dcs Caralbcs ct du Pacifiquc, n'ont cu peut-6trc qu'un faiblc impact perceptible sur les termes du traitc. Elles n'en ont pas moins signald aux rcsponsablcs dc la Commission qu'il cxistait ddsormais un groupc dc prcssion capable dc s'cxprimcr - rcprdscntant une fraction non ndgligeablc do I1opinion publiquc des Etats membrca - prSte a prendre la defense dcs intdrets des pays d'Afrique, des Caralbcs ct du Pacifiquc.

26. Lc Comitd dc liaison auprcs dc la Comnrnnautd curopdennc dcs ONG spocialis6*cs dans le ddvcloppcmcnt s'est constitud officiellcment en 1979 ct a depuia lors donnd naissancc a un certain notnbro dc comitds permanents specialises, chargds dc i 1'education, I1alimentation et les urgences, les volontaires ct le co-financcment. II a assure une cohesion accrue au suivi dcs politiqucs dc la CEE a l'egard dc 1'Afrique ct du rcstc du tiers mondc. Lc Comitd dc liaison considcrc qu'au cours des ndgociations de Lomd III (1983-84) il a joud un r8lc important en informant 1'opinion publiquc europe'enne et a memo pu joucr un petit rSle dans lc cadre dcs ndgociations proprement ditcs.

27. Envisagcant maintcnant une expansion de la cooperation CEE-ONG, les ONG curop^enncs ddclaront qu'a leur sens il s'agira surtout dc parvenir a une plus grandc compldraentaritd dans les actions conjointcs. Toutcfois, ccrtaincs d'entre cllcs rcdoutcnt qu'unc cooperation plus ctroitc avee les programmes officicls dc la CEE nc puissc presenter lc danger d'unc dp^c a double tranchant.

28. Au cours dcs amides 70, bcaucoup d'ONG du Nord ont continud a sc considdrcr commc les "propridtaircs" dcs pctits projets ruraux qu'cllcs finan9aicnt en Afrique ct aillcurs. En revanche, les plue progrcssistes s'orientaicnt vcrs un amdnagement assoupli dc l'association avee les groupes autochtoncs, en s'efforcant dc travailler S partir des points positifs ct dcs traditions dc ccs dcrnicrs, au lieu dc les dcrascr avee du personnel, dcs competences, dcs techniques venant

dc 1'dtranger. Cc sont les premieres dcs organisations s'occupant d'assistance

a avoir effectud ce passage ct, ce faisant, cllcs ont salutairement concouru a la disparition, en Afrique, dc la nostalgic de 1'dpoquc colonialc. Cc sentiment avait tendance a ddvaloriser d*une certainc fa^on les competences et le savoir- faire des autochtoncs par rapport a ccux des experts occidentaux blancs. Rcdonncr ainsl aux populations une certainc emprise sur leur vie proprc n'allait pas sans

sf accompagncr du respect recouvrd d'cllcs-mcmcs ct dc la confiancc en lcurs

traditions culture-lies.

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Education et action roilitanto

29. L'importance que rcvetent, dans le Nord, I1information et l'dducation du public concernant les rcalitds dconomiqucs et humaincs du sous-ddvoloppcment en Afrique a dtd saisic aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Des moyens d'cnscigncmcnt destines aux dcolcs ont dtd realises par bcaucoup d'ONG et, dans certains pays d1 Europe, les efforts ddployds pour encourager le ddbat sur les problcmcs du ddveloppement dans le cadre des Emissions d'actualitds ont connu un succcs rcmarquablc. En Grande-Brctagne, aprcs avoir obtcnu du gouvcrncment un engagement concernant des emissions d'dducation pour le ddvcloppcmcnt, sur la 4cme chatne de tdldvision, un consortium de 70 ONG a forme ct finance" unc

socidtd de television - International Broadcasting Trust - pour concretiser cettc

promessc.

30. Aux Etats-Unis, deux grands groupes s1occupant de ddveloppement et lids a des Eglises - Bread for the World Gt Inter-faith Action for Economic Justice - menent depuis des anndes unc campagne d'dducation et d1 information. Toutcfois,

dans unc rdcente enquetc aradricainc, 8 p. 100 sou lenient des institutions ont cstimd que I1Education pour le ddveloppcmcnt occupait une place importantc dans

leurs activitds; certaines (le tiers) ont declare" fairc pcu, sinon rien, a cet dgard 3/.

31. Dans le domainc connexe de l'action railitante ct des campagnes auprcs dos organismes publics en favour de reformes dconomiqucs intcrnationalcs, les

divergences entre les groupes des Etats-Unis ct ceux d'Europe sont plus grandes encore. Le Comitd d1 Interaction charge de la politiquc a l'dgard des organismes

publics, organe qui coordonne plus dc 100 OMG am^ricaincs, a accdl^re le rythme de son action militantc aupres des agenecs roembrcs, organisant des stances

d'information sur les problemes de politique a suivre et les depositions a presenter devant les Commissions du Congres. Mais, comme l'a fait observer un commentatcur, "une bonne partic des activates menecs auprcs des organismes publics par les actucllcs ONG tendent a assurer des rcssourccs gouverncmentalcs accrues

en favour des programmes des ONG" 4/ - de sorte qu'il leur manque l'aiguillon

que confere la confrontation et dont bc'nc'ficient certaines des campagnes

curopdenncs les plus valables.

32. Pourtant, des exceptions importantes existent naturellement. De fortes prcssions cmanant d'unc coalition de groupes amdricains de defense de

l'environncment ont about! a l'adoption par lc Congres d'unc legislation demandant a la Banquc mondialc et aux banqucs rdgionales de ddvcloppement de faire davantagc pour protdgcr le milieu naturel ct les populations autochtones. La Banquo mondialc a annoncd depuis lors une expansion sensible de son ddpartement dc 1'cnvironnement.

33. Dans lc cadre de leur vaste scrie d'actions pour le ddveloppement outrc-

mer, rares sont les ONG du Nord qui auraient c'u mal a adherer aux principales

prioritds dnumdrdes par les ONG amdricaincs dans 1'cnquete citdo. II s'agissait

de :

a) Amdliorcr les competences, les connaissanccs des bdndficiaircs, ainsi

que lour aptitude a rdsoudrc les problemce et gdrcr les programmes;

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b) Assurer une assistance technique et des technologies destinees a favoriser le developpement economique et social;

c) Creer des institutions et des reseaux nouveaux, concus et administres au premier chef par les pauvres eux-memes;

d) Augraenter les revenus et les possibility d'emploi des pauvres.

C. METHODES, FINANCEMENT ET MERITES Strategies operationnelles

3^. Pour beaucoup de gouvernements africains, d'observateurs exterieurs et, assez souvent, des propres partisans des ONG etrangeres, la fagon dont celles- ci procedent aux taches qui leurs sont devolues au niveau du pays peut etre source de stupefaction. La plupart, il est vrai, operent maintenant a travers des organisations equivalentes d'Afrique : associations de village, ONG autochtones, groupes rattaches a des eglises ou departements gouvernementaux. La formation dans plusieurs pays d'Afrique d'organismes natibnaux de coordination des ONG a, par ailleurs, contribue a introduire une certaine impression d'ordre ainsi qu'un meilleur echange des informations. Cependant, iJes styles individuels continuent a differer les uns des autres comme le jour et la nuit.

35. C'est ainsi que I1 identification des projets pourra naJitre d'un processus de dialogue entre le personnel de terrain de l'organisation et des groupes locaux ou nationaux; elle pourra etre confiee a un responsable de projets, installe dans le Nord, effectuant a cet effet une visite par avion; ou elle aura pu faire l'objet d'une simple demande par ecrit retransmise avec 1'approbation d'une filiale du pays interesse.

36. II existe des OWG capables de suivre pas a pas un projet, disposant d'un

personnel engage sur place, susceptible d'etre appele en cas de problemes. A 1'autre extreme, il y en a qui s'en remettent principalement aux rapports ecrits et aux comptes annuels sur les projets. De meme, certaines organisations considerent que leur tache fondamentale consiste a determiner ce que les gens eux-memes pensent de leurs problemes ainsi qu'a les aider a definir la solution appropriee; mais d1autres arrivent encore munies d'une espece de trousse a outils toute prete a l'usage du developpement. Pour une parfaite autosuffisance, dit la notice, il n'y a qu'a suivre les instructions.

37. Bien que la majorite des methodes de travail des ONG se situent quelque

part entre ces deux extremes, "l'ensemble d'apports" offert en vue du developpement

demeure presque toujours un projet; c'est-a-dire un ensemble dfactivites, realisees sur une periode determinee de 2 a 5 ans, concue en vue d'un objectif precis et mesurable. Les subventions ac.cordees aux projets sont le plus souvent de l'ordre de 10 000 a 20 000 dollars des E.-U. - financement a 1'echelle humaine - bien que, dans certains cas, notamment pour la distribution de secours alimentaires finances par les Etats dans les situations d'urgence, il puisse s'agir de plusieurs millions de dollars.

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38- Pour le donateur, la fommle du projet est elegante et efficace : elle

presuppose un but Men defini (vacciner tant de bebes, creuser tant de puits, planter tant d'hectares) et un certain nombre de mesures definies, portant sur

deux ou trois ans, pour atteindre ce but. Elle marche moins bien, et peut souvent etre improductive, quand elle s'applique a des processus sociaux au sein desquels ni le donateur, ni I1 institution qua opere, ne peut predire la rapidite de l'assimilation ou de Involution. C'est en partie la raison pour laquelle les ONG africaines ont vise a faire eclater le modele du projet, qu1elles considerent de plus en plus comme une camisole de force entravant le type de developpement souhaite par elles, et le type de relation d'egalite, allant dans les deux sens, avec les ONG donatrices, qui est la condition prealable a ce developpement.

Ou va 1'argent

39. Conformement a la vocation des ONG du Nord qui consiste a se consacrer a la creation d'institutions et a la formation en vue de l'autosuffisance, la plus

grosse partie de leur soutien a des projets de developpement va : i) au developpement social ou communautaire; ii) a des programmes de sante :iii) a

1'agriculture. Parmi les ONG americaines travaillant en Afrique, ont figure ensuite par ordre d'importance, pendant la periode 1983-85, l'education et la distribution d'eau.

ho. Le Compte rendu que donne Joseph Short de Venquete sur les ONG americaines

resume eloquemment la gamme des activites de cooperation pour le developpement offerte par les agences beneyoles :

"Certaines assurent aux groupes locaux des subventions et des prets; drautres,

des vivres, des articles medicaux, des vetements, des vehicules, des pompes a eau solaires, ou une autre forme d'aide materielle. Certaines assurent une assistance technique en mettant en place des hydrauliciens ou des agronomes; d'autres envoient des specialistes benevoles. Certaines envoient des enseignants; dfautres forment ces derniers. Certaines dirigent et exploitent des projets en utilisant essentiellement du personnel des Etats- Unis ou d!un autre pays etranger; beaucoup travaillent avec des groupes equivalents d'autochtones ou soutiennent de tels groupes; certaines cooperent etroitement avec les gouvernements; d'autres preferent travailler avec les organisations non gouvernementales. Certaines operent a partir de la capitale, pour atteindre les villages; d'autres, a partir des villages pour atteindre

la capitale; et ainsi de suite"_5/.

Les moyens grace auxquels les ONG s'acquittent de leur mission, conclut J. Short, sont tout aussi varies que les fins qufelles poursuivent.

1*1, Toutefois, s'il est important de savoir a quoi servent les fonds des ONG,

il importe tout autant de connaitre la provenance initiale de 1!argent et ceux qui en contr6lent effectivement Vutilisation. L'argent constitue actuellement, il faut le dire, une source d'embarras dans les relations entre les ONG africaines et leurs partenaires du Nord. La relation de financement qui existe en eux, capitale de part et d?autre, passe pour perpetuer les tensions entre donateurs et beneficiaires, et pour empecher une action commune plus creatrice, tournee vers 1'avenir, de se faire jour.

(12)

k2. Le probleme du financement s'est trouve complique par le recent grand

changement intervenu en ce qui concerne les fonds versus au titre de 1* assistance

par les gouvernements du Nord a leurs ONG a, travers des progranmes de co-financement - et par le fait que les dirigeants des ONG africaines se soient avises que les termes de I1 engagement en etaient modifies. Les ONG qui ont choisi

de devenir les agents charges dans une importante mesure de l'utilisation des

credits officiels se trouvent brusquement menacees - leur statut independent etant hypotheque, leur probite quelque peu mise en doute et leurs fonds pouvant probablement, dans certains cas, provenir directement de la source officielle.

43. Les dimensions du probleme du financement des ONG - et la necessity de trouver

de nouvelles filieres de financement pour resoudre ce probleme - seront traitees plus en detail a la section D.

Impact et efficacite

kh. Les evaluations serieuses de I1 impact et de 1'efficacite a long terme des programmes realises par les ONG du Nord en Afrique continuent a faire defaut.

Les organisations elles-memes n'ont eu ni les ressources, ni la motivation necessaires pour tenter une large evaluation des couts et avantages sociaux nets relatifs a leurs programmes.

U5. En depit du fait que les avantages et les insuffisances ne soient pas

quantifiables, il est possible neanmoins de relever, a partir du debat intense qui s'est deroule ces derniers temps, certains des principaux points constituant l'actif et le passif du bilan. Du cote de l'actif, il ressort ce qui suit :

Une conception mondiale holistique

k6. Les activites des ONG en Afrique, comme dans d'autres regions, s'inspirent

d'un concept de la condition humaine qui englobe ses dimensions culturelles et spirituelless ainsi que sociales et economiques. Le genie propre aux ONG tient compte dans le meilleur des cas du fait que les populations et leur milieu de vie ne forment qu'un, reconnaissant que ceux qui sont materiellement pauvres peuvent etre riches selon des modes inaccessibles aux riches. Cette conception du monde s'accompagne dfun ensemble de criteres relatifs a l'action qui different sensiblement de ceux des gouvernements des pays interesses ou etrangers : criteres en vertu desquels les mesures Economiques ne representent qu'un seul Element et ne fonctionneront que dans le cadre d'un plus vaste processus de transformations.

Vf. Un commentateur africain a exprime cela en ces termes : "Bien que ce qui

est generalement appel^ la crise en Afrique soit souvent consider^ surtout en termes de deterioration de la situation economique de I1 Afrique, il faut reconnaltre que la crise est multi-dimensionnelle, et que le declin economique

et la pauvrete" n'en representent qu'un seul aspect" _6/.

La dimension humaine

1*8. Les ONG se percevant elles-memes comme les intermediaires dans une relation

qui s 'etablit essentiellement de personne a personne, elles ont toujours accorde

la priorite aux besoins de l'homme, aux niveaux familial et communautaire, en

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ECA/ICHD/86A3 Ps.se 12

mettant surtout 1'accent sur la dimension non materielle du developpement« Les

ONG europeennes estiiaent que, dans leur dialogue avec la Connsunaiit'i europeenne au cours des negociations de la troisieme Convention de Lome, elles ont exerce une influence positive sur la. conception officielle, autrefois £triqu£e, des relations avec i'Afrique et lea pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifiqua.

49. "L\accroi.?seaent des contacts et de la cooperation ave<? los GNG pendant

cette periode a certainement oiodifie la fagon dont les probl&nes du developpement sont pergus au sein de la Comtn.UB.aute eurcpeenne'1., de^Jare le Corslte de liaison aupres de la Communaute europeetine des ONG ccnsacrees au developpenient. '!Alors que ces problemes ?ts.ient jadis concus en termes purement eccnoiilques9 on ir.siste davantaga aujourd'hui sur le role central de chact'ae etre tfainair danr: le processus

de developpement" 77.

Action coinntune et part^-e:'_pation_

50. Les agencea benevoles ont ete au nombre des premieres organisations qui aient affirm^ lf importance de la cooperation et de la conception des projets sur la base d'uns libre consultation, i\zr ua pied d'egalit^, avec leur3 equivalents du Sud. Le principe selon Isquel les population? doivent avoir voix determinante au chapitre dans les decisions touchant a leur vie — principe q;o.i, pout-etre, aura toutsfois plus souvent ete viole que respecte — est fondcmental; et les grands programmes officiels de developpement ne sont pas pour la plupart, en mesure de 1'observer, ne serait-ce que pour des raisons d'echelle. Lfun des points cles consiste a trouver les moyens de concourir au developpement des populations sans susciter la dependance.

L'innovation et la diffusion des idees

51. Les OHG progressistes reconnaissent que, lorsqu'elles s'emploient a satisfaire les besoins des plus pauvres et des plus vTLb:6rables, un processus d'apprentissage en commun elargira leur fagon de percevoir les changementr? necessaires a

l'amelioration de leur propre bien-etre. En op^rant de cette maniere, les OKG

se trouvent excsptionneliement bien placees pour contribuer a la reflexion novatrice des populations elles-memes, puis pour aider a traduire cette reflexion en des techniques permettant de subvenir de fagon plus durable aux besoins. Pour beaiicoup de pays de l'Afrique au sud du Sahara qui senbleat pris dans la spirale du declins les strategies dvauto-assistance sont les seules qui soient susceptibles

d'apporter Vespoir aux plus pauvres. Bans ce contexte, les nouvelles approches

et methodes que les populations pourront adopter et diffuser spontanement dans les zones rurales ou urbaines representent l'un des plus precieux concours que

les ONG d'Afrique et du Nord puissent, en cooperant ensemble, ofi*rir 0/.

Parvenir ou d'autres ne peuvant acceder

52. Directements ou par le canal de leurs equivalents africains, les ONG du Nord se sont donnees pour tache de travailler avec les populations — souvent dans des endroits recules et des situations difficiles ™ en des lieux que ne peuvent atteindre les programmes officiels de ddveloppement, Sans elles, la distribution de l?aide Internationale sfeffectuerait encore plus au detriment des plus desherites-

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Souplesse et rapidite d!action

53. L'agilite operationnelle — pour reperer Involution et s'y adapter, ainsi qu'as3urer la mobilisation necessaire dans le cadre des situations d'urgence - constitue comparativement un avantage cle pour les methodes des ONG. Cornme 1'a indique le Bureau de 1'ONU charge des operations d'urgence en Afrique, dans

I1evaluation qu'il a effectuee quant au role des ONG dans la situation d'urgence de 198^-86 :

"On s'accorde largement a reconnaitre que les ONG, notamment les organisations internationales et autochtones travaillant deja au niveau du village a des activites de developpement dans les zones reculees, peuvent concourir de facon importante aux systemes d'alerte rapide et d1information, et que les ONG peuvent souvent reagir avec souplesse9 rapidite, efficacite et a bon

escient devant les besoins pressants" 9/ *

Instaurer la comprehension et la solidarity

5*t. Dans les pays qui sont les leurs, les ONG du Word ont joue un role eminent

dans la formation de l'opinion publique relative a tous les aspects du developpement de I1Afrique et a l'interdependance Nord-Sud. Les progres realises en matiere de soutien et de comprehension du public a 1'egard de ces questions sont largement imputables, encore qu'il reste beaucoup a faire, a ces organisations, grace a leurs propres moyens d'information, aux medias ou a l'education pour le developpement dispense dans les ecoles.

Groupes de pression en vue d'une reforme des relations economiques internationales

55- Les ONG d'outre-mer ont fait energiquement campagne en faveur des droits et interets des Africains et des autres populations du tiers monde, dont les efforts pour sortir du piege de la pauvrete passent pour etre fausses par des forces exterieures. Elles ont forme des reseaux et coalitions, nationaux et internationaux, pour demander instamment des politiques plus equitables dans de nombreux secteurs de l'assistance et du commerce — role qui devient d'autant plus capital qu'il est toujours plus difficile de tenir au sein du dur climat economique de la fin des annees 80.

56. Si l'on considere maintenant le passif, on peut faire observer que plusieurs

des elements negatifs imputes a 1'intervention des ONG en Afrique representent le revers de leurs qualites. Dans certains cas, il peut etre difficile de posseder une chose sans l'autre, mais dans bien d1 autres il est parfaitement possible de compenser ou d' eliminer les insuffisances les plus graves. Les moyens de

s'attaquer aux problemes enum6res ci-dessous seront examines a la section D.

Desordre et dependance

5T. Si la diversity constitue l'une des qualit6s propres a toutes les ONG non

africaines, le desordre, le double emploi, les rivalites inter-institutions representent le revers de la medaille. II est souvent fait allusion au manque

(15)

ECA/ICHD/88A3

Page 14

de concertation entre la mu3.titude des ONG etrangeres3 qui serait un grand souci

pour les gouvernements et groupes benevoles d'Afrique; bien que la creation de

Conseils nationaux d'ONG y ait remedie dans certains pays, il reste encore "beaucoup a faire a cet egard. C'est a cette fragmentations conjuguee au fait que les groupes de donateurs aient seuls le controle du financement, que serait due Is.

relation de dependance dans laquelle subsistent leurs partenaires autochtones.

Au milieu des annees 1970, il y avait deja quelque 250 ONG etrangeres qui operaient

dans le seul Burkina Faso (anciennement, Haute-Volta).

Etroite concentration sur les projets

58. En limitant leur soutien a une serie restreinte d'activites liees a. des

projets, sur une periode relativement courte (un a trois ans), les ONG octroyant

l'assistance tiennent la bride serree a leurs partenaires. Les ONG africaines affirment que c ela, tout en entravant leur developpement inst itut ionnel, les empeche de se rattacher de maniere integree a des groupes de niveau coramunautaire.

Tensions politico-religieuses

59. Un petit nombre d'ONG servent de couverture a des interets politiques ou religieux non declares. Un rapport adresse au Bureau des Nations Unies pour les operations dfurgence en Afrique l'a souligne 10/. Dix OKG chretiennes peuvent rencontrer - et poser - des problemes dans les pays islamiques., notamment si elles ont une optique conservatrice/evangelique. Des ONG opulentes disposant de transmissions aeriennes et radio au cours de situations d'urgence, dans les

regions politiquement promptes a reagir9 peuvent etre genantes pour 1'ensemble

de la communaute ONG et representer pcur celle-ci un danger.

Manque de transparence

60. La motivation des OIJG du Hord, en tant que groupe, a ete mise en cause, vu qu? elles sont plus nombreuses a commencer a tirer des budgets gouvernementaux du Word une part considerable de leurs credits. Si aucune procedure normalisee n'existe pour la divulgation des sources de revenu, de l'arriere-plan institutionnel et des affiliations, un ressentiment accru est a prevoir parmi

les ONG africainas et leura equivalents d!autres regions du Sud, du fait qu'il leur soit regulierement deoande des comptes precis sur leurs activites et qu'il

leur soit rarement permis d'obtenir la meme transparence en retour.

Desequilibre geographique et sectoriel

61. Une repartition optimale des ressources en fonction des besoins serait trop escompter, quand plusieurs centaines d'ONG du Nord travaillant en Afrique dans

le cadre de projets dechargent leurs batteries dans toutes les directions. C'est

ainsi que les agences americaines realisent trois fois plus de projets au Kenya, dans l'aisance, qu'au Zaire, deux fois plus pauvre et dont la population est

de moitie superieure. (Les agences europeennes pourront etre ou ne pas etre

mieux placees a cet egard, mais elles n'ont realise aucune enquete equivalente

qui aurait pu penaettre d'etablir la comparaison).

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62. Toutefois, les distorsions sectorielles peuvent susciter une preoccupation 6cale ou superieure. C'est ainsi que les programmes des ONG ont accorde une attention negligeable aux problemes des pauvres des villes, une attention relativement faible aux projets en faveur des femmes et n'ont guere prete attention aux problemes primordiaux de la gestion des ressources naturelles. Quarante- cinq ONG d'Afrique et d'autres regions du tiers monde qui ont rencontre recement, a Limuru (Kenya), des organisations Internationales de meme type, ont deplore qu'une fraction "insignifiante" de 1*assistance totale ait ete consacr^e a I1amelioration de l'hebergement et au probleme des sans-abn, dont une toute petite partie a ete liberee en faveur des OKG.

63. "Les gouvernements doivent reconnaitre", ont-elles declare, "qu1assurer un soutien approprie aux menages et aux organisations fondees sur la communaute que ceux-ci constituent, ainsi qu'aux ONG avec lesquelles ils decident de travailler dans le cadre de leur action pour ameliorer l'hebergement et la situation de l'environnement, represente la plus novatrice et la plus efficace des strategies visant a renverser les tendances actuelles JLlA

6k. Mais les ONG assurant 1'assistance auront a faire un gros effort pour redresser les desequilibres cumulatifs des programmes qu'elles realisent en

Afrique.

D. VERS QUELQUE CHOSE DE HEUF La recherche de la solidarite

65. Les modalit^s qui permettraient aux ONG d'outre-mer d'apporter a l'avenir un concours optimal au developpement des ressources humaines en Afrique dependront, dans une large mesure, de I9Elaboration de relations nouvelles avec les ONG africaines et de nouvelles structures cadrant avec elles. Ce que devraient etre exactement ces relations, et comment les entretenir, voila des questions qui ont figure" au premier plan des debats dans plusieurs re"centes rencontres Nord-

Sud. Si des reponses positives se font jour, le d£bat actuel pourra progresser

considerablement dans la definition des parametres pour une alliance Nord-Sud

plus constructive et plus cr£atrice.

66. L'instauration de relations nouvelles est capitale, pour deux raisons assez evidentes. D'abord, parce que notre petite planete ne survivra pas longtemps aux pressions que lui imposent une exploitation irre"flechie des hommes et des

ressources, ainsi que des manifestations extremes de puissance et d'impuissance.

Ensuite, parce que beaucoup d'aspects de "l'action commune" actuelle sont marque's

par une fonciere inegalite et ne sont pas viables a long terme.

6T. II y a dix ans, au moment du malchanceux Dialogue Nord-Sud9 les ONG du Nord

reprochaient a leurs gouvernements de refuser d'acceder a la demande, 4manant du tiers monde, reclamant un nouvel ordre economique international. II s'agissait

de de"fendre une restructuration fondamentale de l'economie mondiale, qui visait entre autres choses a assurer des transferts automatiques de fonds pour le

developpement.

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68. C'est quelque chose qui n?est pas totalement different que cherchent a obtenir

maintenant, des memes ONG, leurs partenaires du Sud. On ne voit pas encore tres

bien si ces ONG ne sont pas plus qu'une poignee a avoir saisi le message, mais

le debat a commence a acquerir en lui-meme de l'elan. Ainsi reconnait-on que les dirigeants africains sont de plus en plus insatisfaits des structures au moyen desquelles les ONG du Nord procedent au controle et au financement des projets, structures qui passent pour faire obstacle a leur developpement et pour etre incompatibles avec les principes d'autosuffisance. Les agences du Nord qui savent voir assez loin peuvent deja s'aviser qu'il y aurait beaucoup a gagner de relations plus libres, et favorisant davantage une interaction, avec les ONG africaines.

69. En termes de relations proprement dites, on estime que la recherche d'une

solidarity nouvelle entre les ONG d'Afrique et celles du Nord reclame :

a) tin rapport ou contrat nouveau entre les unes et les autres, independant

dans la mesure du possible du financement des projets et fonde sur une complementarity des competences, pour s'attaquer a toute la serie des obstacles au developpement, au Nord et au Sud. Ce partage des responsabilites devrait trouver a s'exprimer a travers de nouveaux reseaux nationaux, regionaux et Nord- Sud, et par le renforcement de ceux qui sont deja operationnels pour leur permettre d'etendre leurs activites en Afrique.

b) Une formule repensee couvrant l'ensemble du processus d'assistance

et des relations entre les ONG du Nord et leurs gouvernements. II y a lieu de souligner un avertissement lance, il y a plusieurs annees, par l'ancien ministre neerlandais de la cooperation pour le developpement, M. Jean Pronk, qui avait

dit : "La corruption des ONG sera le jeu politique dans les annees a venir - et ce jeu, il se joue deja aujourd'hui" 12/.

c) L'abandon de la formule de projet portant sur 2 a 5 ans ainsi que de l'approche axee sur un apport materiel (barrages, puits, hardware, semences, etc.), au profit de simples subventions en faveur de groupes africains qui en

feraient 1'usage qu'lls voudraient.

70. En termes de structures, differents commentateurs ont propose des £l6ments de structures nouvelles pour la phase de cooperation Nord-Sud des ONG. II s'agit notamment de :

a) Un mecanisme interregional de coordination des activites des ONG, qui

pourrait etre charge de superviser :

i) Un code de conduite regissant les interventions des ONG Internationales

et d6finissant les principes directeurs des activites des agences dans

chaque region, afin qu'elles s'acquittent de leurs obligations reciproques. Si ce code fonctionnait bien, cela pourrait, le moment venu, conduire a la definition d' un plan coordonne df action des ONG au niveau mondial.

(18)

ii) Des infrastructures nouvelles et renforcees pour les ONG en Afrique et dans d'autres regions du Sud, avec le soutien financier a bout de bras de leurs partenaires du Word, en vue de concerter les programmes au niveau national, de permettre des relations de travail constructives avec les gouvernements et de stimuler le genre de contacts Sud-Sud dont les ONG du Word ont constate qu'ile sont de plus en plus essentiels

a. I'efficacite du travail parmi elles.

iii) Un Fonds mondial ONG pour soutenir le r6le de garants et de conseillers, dans le cadre des projets choisis et definis par des organisations fondees sur la communaute, a confier aux ONG installees dans le tiers

monde.

lv) Des centres nouveaux ou plus efficaces de coordination, destines aux ONG du Nord, afin d?aider ces organisations a s'acquitter du role qui leur serait devolu par le nouveau contrat ONG, notamment dans les domaines de 1'education, de la recherche en matiere de politique a suivre, de l'action militante publique, de lfencouragement d'une plus large coalition, en faveur du changement, englobant les ONG exterieures

au developpement.

71. Cet ordre du jour est colossal; il a commence a prendre forme ces dix-huit

derniers mois, dans le cadre d'une serie de reunions, dans une large mesure non

planifiees, qui ont immediatement precede la 13eme session extraordinaire de

I1 Assembled generale de lf0NU et qui I1 ont suivie. La recapitulation ci-apres

des themes et des questions souleves par ce dialogue nous amene a une analyse des obstacles au progres les plus evidents, et ensuite a la definition de certaines

priorites en vue d'une action future.

Au dela de la session extraordinaire

72. La session extraordinaire, de mai 1986, de l'Assemblee generale de l'ONU

a fourni une bonne occasion d(examiner l'apport des ONG au developpement de l'Afrique a la suite de la situation d'urgence liee a la secheresse. La plupart

des observateurs ont estime que la communaute des ONG, tant autochtones qu'etrangeres, s'en etait bien tiree, en supportant une large part du fardeau

de la distribution des secours et en ayant a effectuer d'importants reajustements.

Pourtant, la crise immediate une fois terminee9 des questions a plus long terme quant au role des ONG du Nord en Afrique se sont necessairement posees.

73. Un grand nombre de problemes ont ete 6tudi6s lors d'un atelier sur les

strategies organise par le Service de liaison non gouvernemental de l'ONU, sous

le co-patronage du Conseil international des agences benevoles (ICDA) et de

I1International Coalition for Development Action (ICDA), a Geneve, en novembre

1985. Rassemblant dfeminents representants d'ONG africaines et internationales,

cet atelier avait pour but de les preparer a participer a la session extraordinaire

et, a cette fin, de proceder a une vaste analyse critique des realisations des

ONG, en vue de relever les priorites futures.

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7U. Les reconnnandations des groupes de travail de la Conference ont mis en lumiere, notamment, I1importance qu'il y avait a renforcer la capacite d'information et de communication des ONG du Sud, la necessity de soutenir la recherche africaine independante et les activites d'information jetant un pont entre le Nord et le Sud. Un groupe a suggere d'etablir un code d'ethique sur la collecte de fonds et de se fixer comme objectif de consacrer 10 p. 100 des ressources de chaque ONG a V education pour le developpement 13/.

75. Avant la session extraordinaire egalement, un consortium d'agences chretiennes

— le "Churches' Drought Action in Africa (CDAA)* — a publie un rapport cle definissant ce a quoi il s'engageait. Ce rapport declarait que "conformement

a la philosophie africaine cherchant a, maintenir un equilibre entre Vhomme et son milieu, les eglises et gouvernements d'Afrique doivent analyser les causes de la pauvrete, en rendre les populations africaines conscientes et assurer les moyens de permettre a celles-ci de venir a bout de la pauvrete et du

sous-developpement."

76, Les eglises d'Afrique, a dit le CDAA, doivent "animer, coordonner et eduquer

les populations africaines, afin que celles-ci puissent agir pour leur compte personnel." Pour les communautes chretiennes du reste du monde, ajoutait-il,

la principale gageure etait de poursuivre 1'education pour le developpement ' qui

conscientisera les populations de telle facon que des pressions puissent s'exercer sur les gouvernements du Nord, les societes transnationales et autres puissantes institutions afin qu'ils cessent de dilapider, a leurs propres fins uniquement,

les ressources naturelles et humaines du mondetfU

77. Lors de la session extraordinaire elle-meme, les ONG africaines et internationales ont tenu leur Forum parallelement a la Conference officielle et ont redige leur propre Declaration .15/. Leurs porte-parole se sont par ailleurs exprimes devant l'Assemblee generale.

78. Dans ses recommandations visant specifiquement les ONG internationales et du Nord, la Declaration les encourageait a continuer a inciter leurs gouvernements a adopter des politiques plus democratiques, huraaines et egalitaires en Afrique;

a reconnaitre les liens entre les politiques de leurs gouvernements et celles d?autres institutions portant atteinte a. la qualite de la vie et a 1'independance politique et economique des pays d'Afrique; a adopter une optique plus coherente dans le cadre de 1'influence exercee sur les politiques monetaires, commerciales et financieres de leurs gouvernements et a refuser d'etre utilises par les gouvernements du Word pour servir les interets etroits et a court terme de ces derniers.

79. La Declaration demandait par ailleurs aux ONG du Nord et internationales de prendre des engagements a long terme en faveur d' un developpement viable en Afrique, de faire en sorte que leurs structures internes soient democratiques,

* Comprenant : le Conseil oecumenique des eglises, la Federation lutherienne mondiale, Caritas Internationalis, Catholic Relief Services et CIDSE

(international Cooperation for Development and Solidarity).

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et de soutenir la croissance institutionnelle d'ONG autonomes au niveau national dans le tiers monde, en reorientant leurs propres activites pour se concentrer de plus en plus sur 1'education pour le developpement, I1 action militante, la collecte de fonds et les facilites a mettre au service de l'apport d1information.

Les ONG du Nord et Internationales, ajoutait-elle, ne doivent pas entrer en competition avec celles d'Afrique dans 1'execution des projets, mais jouer un role de soutien; elles doivent eviter d'envoyer du personnel, dans le cadre des projets realises outre-mer, quand on peut trouver sur place le personnel approprie.

80. Dans le cadre des questions soulevees aux seances plenieres du forum ONG,

il a ete largement reconnu qu'il importait de renforcer a la fois les reseaux d'ONG africaines et la participation des groupes africains aux reseaux international.

81. Une semaine seulement apres la session extraordinaire, une autre invitation a rassemble a Paris les ONG du Word et leurs gouvernements ainsi que certains representants des ONG africaines — pour une reunion du Comite d'aide au developpement de VOCDE cette fois, afin d'examiner le role des ONG dans le developpement agricole et rural en Afrique au Sud du Sahara. Certaines OWG du

Nord ont souligne au Comite qu'elles tenaient a obtenir un financement officiel accru, tant pour soutenir des projets qui en valaient la peine que pour augmenter leur efficacite en matiere de suivi et d?evaluation, d1etudes de faisabilite et de recherche orientee vers l?action.

82. Le Comite a releve la necessity d'introduire de nouvelles formes d1action

commune entre les institutions officielles et les institutions non gouvernementales pour soutenir les initiatives locales, le programme de solidarity Canada-Sahel etant cite comme un exemple valable. La reunion a reconnu que de nouvelles formes de financement se faisaient jour et que la question du financement direct des ONG africaines avait des chances de devenir plus pressante a 1'avenir. A la

fin de la session, le President du CAD a juge "tres positif" le fait qu'une large

fraction de la communaute des OWG — du Nord et du Sud — voulait maintenant

participer au dialogue politique du developpement 16/.

83. Plus tard au cours de 1'annee, une etude detaillee sur le role des ONG dans la situation d'urgence lie"e a, la secheresse a recommande au premier chef que

"les ONG donatrices s'efforcent de soutenir les ONG autochtones, leur assurent

les services voulus et les aident a financer les frais generaux", ajoutant que

"la mise en place des institutions est la cle d'un avenir meilleur pour l'Afrique".

Ce rapport au Bureau de 1'ONU pour les operations d'urgence en Afrique soulignait par ailleurs que les ONG africaines ont besoin d'un soutien financier a long terme, de formation, et d'aide pour le developpement des sources financieres locales 17/.

8^. Une importante reunion a ensuite fourni une nouvelle occasion de proc^der a un dialogue de fond sur les roles respectifs et les priorites du developpement des ONG africaines et du Nord : un colloque convoque a. Londres, en mars 1987, par le journal World Development et 1'Overseas Development Institute. Plus de

cent specialistes du developpement y ont participe, dont 1^ venaient d'ONG

africaines.

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85. A la grande difference ds ce qui s'etait passe a la reunion du CAD, les

participants du colloque, du Word comme du Sud, se sont montr^s inquiets des

consequences de 1'acceptation de fonds gouvernementaux. Ces contributions

augmentaient certes en ampleur et en importance, mais il a ete en general estime

qu1elles pouvaient compromettre une ONG et representer une grave menace pour

son integrite, son a'jtonomis et sen role militant. Si elles etaient contraintes

d'accepter l'ordre du jour du developpement impose par leurs donateurs, les ONG

"courraient le risque de devenir un systeme de plus qui serait consacre a la

gestion et au versement de I1 aide, au lieu d'etre elles-memes des agents du

developpement11 18/.

86. Les transferts financiers vers les ONG du Sud demeuraient certes essentiels,

mais les participants du colloque ont estime que 1? information et les competences en matiere de techniques et d9administration assumeraient de plus en plus d'importance a l'avenir.

87. II a ete reconnu en general que les ONG avaient I1 obligation de faire valoir

leur vision du developpement et les debats sont revenus sans cesse a la question des moyens a. assurer tout en bas du processus de developpement.

88. Les ONG d'Afrique et d'autres regions du Sud ont souligne que e'etait a.

elles qu'incombait le developpement de leurs pays. Cela reclamait des rapports

nouveaux avec les agences du Word : une action commune sur une base egalitaire, assurant le respect et la responsabilite mutuels, 1'amelioration de la communication et un dialogue ininterrompu. Dans ce contexte, a-t-il ete estime,

les reseaux d'ONG ont un role important dans le renforcement de la cooperation

Sud-Sud et Nord-Nord. Les reseaux doivent avoir trois grandes fonctions : assurer une yoix a leurs membres9 assurer un erhan^e deformations et une tribune pour la discussion des questions et problemes commons.

89. Le debat s'etant deplac£ ensuite a Dakar (mai-juin 1987) pour la premiere grande reunion regionale d'ONG africaines, que devait suivre une nouvelle rencontre

avec les organisations du Nord et Internationales9 les agences et les particuliers

ont recherche de part et d'autre des moyens concrets de structurer les changements

a propos desquels il semblait, en principe, qu'un large accord se fut realise.

Surmonter lea obfltacles

90. II ressort que la. serie des problemes cites par les representants des ONG d'Afrique et du Kord, au cours de ces recentes reunions, se scinde en deux grandes

categories. A un niveau, nous trouvons des questions pratiques d1organisation :

n£cessitd d'ameliorer les echanges d*informations, choix entre le financement des programmes et celui des projets, reddition des comptes plus claire et sur une base de plus grande reciprocite. A un autre niveaus il s'agit des problemes moins faciles a definir que sont l'anxiete ("Qu'attendent-ils de nous?"), la

mefiance ("Quelles sont leurs motivations reelles?"), le ressentiment ("ils

desirent n'en faire qu'a leur tetel").

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91. Mais, dans un sens, tous ces obstacles sont des symptomes d'un meme probleme sous-jacent : une anomalie de base du modele de developpement au sein duquel les ONG doivent operer. Qu!elles soient autochtones ou d'outre-mer, elles s'efforcent de mettre au point une action commune cooperative au sein de ce qui est fondamentalement un modele de relations Nord-Sud axe sur l'assistance.

92. II s'agira done, en premier lieu, de se demander si les ONG peuvent se

prevaloir d'une partie du poids qufelles ont acquis ces dernieres annees pour

entreprendre de modifier les aspects de ce modele qui les touchent. La meilleure formule consisterait a trouver un moyen d1emprise qui detienne la faculte d'accomplir plusieurs changements connexes : creer des transferts automatiques vers les ONG du Sud, instaurer de nouveaux organismes de coordination au niveau national en Afrique, reduire la dependance des ONG du Nord par rapport aux credits gouvernementaux et allouer une fraction accrue des budgets officiels de co-financement a 1' education pour le developpement et a I1 information dans le

Nord.

93. On trouvera ci-apres une analyse de l?un des elements de ce programme

dfensemble qui pourrait fournir ce moyen d*emprise - a savoir, 1'escalade des

investissements officiels dans les ONG du Nord.

9**. II fut un temps ou les ONG du Nord travaillant en Afrique pouvaient dire aux gens des villages : "Toute l'aide que nous apportons vient de dons de gens ordinaires de notre pays, qui veulent tendre une main secourable. Spontanement,

sans aucune condition, sans arriere-pensee." Mais le tableau a evolue, et, en

meme temps, la facon dont les partenaires et les gouvernements d'Afrique ressentent les ONG donatrices.

95. Au cours des annees 1973 a 1983, les fonds achemines au titre de l'aide

vers les ONG du Nord, en provenance des gouvernements et d'autres sources

officielles, ont triple, s'etant eleves jusqu'a plus d'un milliard de dollars 19/*

Us representent aujourd'hui plus du tiers des ressources totales des ONG. En 198^, l'assistance envoyee en Afrique par des ONG americaines etait meme assuree

a 60 p. 100 par des sources officielles, sous forme d'aide alimentaire (220 millions de dollars) et de subventions (50 millions de dollars) 20/.

96. En Europe et en Amerique du Nord, certaines ONG (conscientes du fait que

si le financement en provenance de sources officielles etait important, cela pourrait etre contraire a leur vocation et a leurs motivations)ont refuse des subventions de co-financement et s'en sont tenues a un rigoureux plafonnement du pourcentage de leur revenu total qu1elles devaient accepter a partir de telles sources. En revanche, plus de la moitie des budgets annuels de plusieurs des plus grandes ONG americaines est garantie par le gouvernement americain. Et parmi toute la serie de nouvelles organisations qui ont surgi ces dernieres annees, certaines ont ete creees dans 1'hypothese qu'elles auraient acces a des credits publics.

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ECA/ICHD/88A3

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97. Ce changement d'aspect du "secteur bSnevole" a ind&iiablement augmente" la port6e et 1'impact des Interventions des ONG en Afrique. Les agences utilisant des fonds publics ont peut-etre conscience des risques que cela fait courir a leur inde"pendance, ainsi que des problemes lies a la necessite de se soumettre a des procedures bureaucratiques pour les comptes et I1 Evaluation : mais a tout prendre, elles considerent ces facteurs comme plus que compense"s par la possibility d'acqueVir des ressources qui, a leur sens, seraient en cas contraire moins blen employees (a supposer qu'elles fussent utilisees) pour des entreprises inadapte"es,

de grande envergure, peu profitables aux pauvres.

98. Dans la precipitation qu'elles ont manifestee pour tirer profit de ces ame*nagements budge"taires, certaines ONG du Nord ont toutefois prete" une attention insuffisante a deux facteurs - l'un, immediate l'autre, a long terme - qui amoindrissent leur credibility en tant que partenaires du deVeloppement en Afrique.

99. Alors qu'autrefois les be"neficiaires de l'aide des ONG etaient ordinairement

trop polis, ou trop confiants, pour poser des questions sur la source des fonds

des agences donatrices, les nouvelles agences africaines9 dont les dirigeants

tres instruits ont souvent etc" formes dans le Nord, n'ont pas de tels scrupules.

Us connaissent bien les desseins geo-politiques qui sous-tendent les politiques e"trangeres des pays industrialises, a 1'Est et a I1 Quest; ils sont m&ae

parfaitement au courant des cas, bien documentes, dans lesquels l'aide a l'etranger sert ces desseins.

100. II en de"coule une atmosphere de mefiance enveloppant non pas uniquement tel secteur du programme d'une agence qui b^neficie d'un financement officiel, mais aussi tout le reste. "Cette agence est-elle sincere en offrant une action

commune, ou bien dissimule-t-elle son programme? Est-elle, sciemment ou non,

manipule"e par des forces politiques ou e"conomiques faisant de nous des pions sur l?4chiquier des riches?" Et meme lorsque des reponses se presentent,

auxquelles attacher creance?

101. Tel dirigeant africain ne nourrit aucune illusion quant au contexte politique d'ensemble. "Les ONG autochtones... doivent sans cesse s'aviser qu'elles sont en lutte contre un systeme de domination et d'exploitation bien organise."

102. En dehors des apprehensions de ce genre, les ONG autochtones ont constate, a un niveau plus pratique, que leurs partenaires du Nord, en acceptant des contrats de co-financement avec le gouvernement de leur pays, ont parfois accepte - ce qui les a done obliges a en exiger autant - des conditions plus rigoureuses, en matiere de rapports et de comptes, que si elles-m^mes les avaient ne"gocies

directement avec le meme gouvernement.

103. L'acceptation de credits gouvernementaux signifie que le cout des frais

generaux et du personnel de terrain est absorbe par les ONG dans le Nord, et non pas, comme cela aurait pu etre le cas autrement, par les pays beneficiaires.

En supposant que les frais generaux et les frais de supervision des projets sur le terrain atteignent un chiffre modere\ le total des depenses des agences en question pourrait bien se situer entre 50 et 100 millions de dollars par an - autant d'argent que les pays d1Afrique ne recoivent pas, sauf indirectement

dans une certaine mesure.

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104. Ainsi, ou va conduire cette vaste reorientation croissante des ressources vers le secteur non gouvernemental ? Toujours plus loin et plus haut, les groupes du Nord s'identifiant toujours plus intimement avec les politiques et priorites des agences officielles qui les soutiennent? Ou Men la bulle va-t-elle crever

— peut-etre lorsque les intermediates ONG sfapercevront qu'ils ne peuvent plus sfacquitter du role qui leur revient dans lf affaire (soit du fait quails beneficieraient d'un moindre soutien public dans leur pays, soit en raison d une cooperation moins grande de leurs partenaires africains)?

105. Ces questions n'ont pas beaucoup retenu l'attention, mais vu que^ la persistance des tendances actuelles aurait des chances de susciter la division, les ONG commencent a rechercher des formules qui permettraient de faire en sorte

que la "privatisation" de 1'aide etrangere devienne vraiment avantageuse pour elles.

106. Une proposition determinee, concue pour contribuer a, desamorcer la question du co-financement tout en assurant des transferts automatiques aux Conseils ou comites ONG nationaux d'Afrique, figurait dans une precedente version de ce texte et a ete presentee a la Conference internationale des ONG, a Dakar, en juin.

Cette proposition, approuvee par la Conference demandait aux ONG du Nord de negocier avec leurs sources de financement officielles la redistribution progressive aux Conseils ONG nationaux du Sud des fonds de co-financement qui leur arrivent maintenant. II etait recommande que le nouveau Forum des organisations benevoles africaines pour le developpement (FAVDO) designe un ou plusieurs pays d'Afrique ou un nouveau mecanisme de financement de ce type aurait

pu faire l'objet d'une tentative pilote £1/.

10T. Toutes les questions de financement s'accompagnent, cependant, du probleme epineux de la responsabilite des fonds, qui est lie lui-meme aux criteres

d'evaluation des projets. Un certain nombre d'agences du Nord sont favorables a la demande des ONG d*Afrique qui voudraient que les conditions imposees soient moins rigides et etroites. Un certain accord de principe existe pour ce qui

est de reconnaitre que les ONG doivent etre comptables aupres des beneficiaires de l'aide, ainsi qu'aupres des donateurs, et que les facteurs traditionnels d'evaluation - fondes sur les resultats quantitatifs - ne sont pas propres a

mesurer, les processus essentiels du cnangement (concernant les valeurs, les attitudes et l'efficacite d'ensemble des organisations locales). Par contre,

dfautres.0KG du Kord - et certains des organismes officiels qui les financent

- considerent que l'accroissement du soutien aux groupes du Sud doit s'accompagner d'une evaluation et de comptes a rendre plus systematiques. II ne s'agit pas

simplement d'une question de confiance ou de bonne volonte, etant donne que la plupart des organisations benevoles du Nord sont tenues, tant moralement que juridiquement, d'apporter la preuve que les fonds qui leur sont confies ont ete utilises a bon escient. Lorsque des problemes existent ou sont previsibles, les OKG du Nord devraient amorcer des discussions avec les organes de regulation

appropries en vue d'arreter des criteres plus souples, adaptes a. 1'evolution

des besoins et des relations.

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