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I nstallation d’un centre d’information toxicologique au Centre national hospitalier universitaire

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Academic year: 2022

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Envenimations 214

Introduction

L

’incidence mondiale des intoxications n’est pas connue. On peut supposer qu’un demi-million de personnes meure n t chaque année des suites d’intoxications, y compris celles pro- voquées par des toxines naturelles. L’OMS estime que l’inci- dence des intoxications par les pesticides, très élevée dans les pays en développement, a au moins doublé au cours des dix dernières années.

Sur 100000 tonnes de pesticides périmés et dangereux signa- lés dans les pays en développement, 15000 à 20000 tonnes se t rouvent en Afrique. Les principales raisons de cette accu- mulation de déchets de pesticides toxiques sont, notamment, l’interdiction des pesticides déjà stockés, des dons en quanti- tés excessives, une mauvaise évaluation des besoins en pesti- cides, les carences des installations de stockage, une mauvaise gestion des stocks, des formulations de pesticides erro n é e s ou inefficaces et des pratiques commerciales agressives.

Situation des toxiques au Bénin

Les pesticides

L’économie du Bénin repose sur l’agriculture et un secteur informel assez large. Dans le domaine agricole, c’est le coton qui constitue le produit d’exportation le plus important. La c u l t u re du coton au Bénin expose la population aux pesti- cides, organochlorés et organophosphorés dont l’utilisation est interdite ou au moins réglementée en Europe depuis 1994.

Les quantités d’insecticides importées par le pays sont en constante progression: elles ont été multipliées presque par cinq depuis le début de la dern i è re décennie, passant de 1 050 000 à 4 862 000 litres.

Ces pesticides sont utilisés par des paysans qui ne sont pas i n f o rmés ni éduqués quant aux dangers relatifs à ces pro d u i t s . Au Bénin, comme dans la plupart des pays voisins, le Togo, le Burkina Faso, le Niger, les enfants travaillent aux côtés de

I nstallation d’un centre d’information toxicologique au Centre national hospitalier universitaire

de Cotonou (Bénin).

Summary:Establishment of a toxicology information centre at the National Teaching Hospital of Cotonou (Benin).

The need for toxicology information centres in West Africa in order to improve the management of poisoning, diagnosis and prevention is now largely recognised. African Governments have been encouraged to support the establishment of such centres equipped with appropriate means for pre - vention and management. Burden of toxic morbidity and mortality in Benin incited the Public Health Ministry to pursue this policy. The project has been integrated as part of the process seeking to rein - force emergency services in Benin. It consists of providing the emergency services with the means of prevention and management of poisonings. The principal functions of such a centre will be pro - viding information on toxicology as well as recommendations for poisoning management, toxicovi - gilance, research, education and training in prevention and treatment of poisoning. This project will involve health workers, national authorities and the entire population of Benin. The estimated cost cost is 572,000 euros over 3 years.

Résumé :

La nécessité de mettre en place des centres d’information toxicologique en Afrique de l’Ouest sur la gestion des toxiques, le diagnostic et la prévention des intoxications est aujourd’hui largement reconnue. La recommandation a été donc faite aux États africains de favoriser l’installation de centres dotés de moyens adéquats pour la prévention et la prise en charge des intoxications. L’am - pleur des problèmes toxicologiques au Bénin a poussé le ministère de la Santé de ce pays à adhé - rer à cette politique. Ce projet s’intègre dans le processus de renforcement des services d’urgence au Bénin, par la mise à la disposition du SAMU-Bénin de moyens de gestion des urgences toxicolo - giques et de la prévention des intoxications. Les principales fonctions d’un tel centre seront l’apport d’informations et de conseils toxicologiques, la prise en charge des cas d’intoxication, les activités de toxicovigilance, la recherche, l’éducation et la formation dans le domaine de la prévention et du traitement des intoxications. Ce projet bénéficiera aux professionnels de santé, aux autorités natio - nales et à l’ensemble de la communauté béninoise. D’une durée de 3 ans, il devrait coûter 572000 euros.

H. Arouko

CAP, Hôpital Pellegrin,Place Amélie Raba-Léon,33076 Bordeaux cedex, France (henri.arouko@chu-bordeaux.fr).

emergency service emergency envenomation toxicology pesticid pollution Benin Sub-Saharan Africa

SAMU urgence toxicologie envenimation pesticide pollution Bénin Afrique intertropicale

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Bull Soc Pathol Exot, 2002,95, 3, 214-216 215 leurs parents, surtout en milieu rural, où la plupart ne sont pas

scolarisés.

Le deuxième mode de contamination est alimentaire. La plu- p a rt des paysans soutiennent que la grande étendue des champs les oblige à observer pendant le traitement phytosanitaire des pauses au cours desquelles ils mangent, boivent, fument ou pri- sent le tabac.

À ces pratiques favorables aux intoxications, s’ajoute le risque lié au stockage des pesticides dans les chambres à coucher des producteurs. “C’est la seule manière de les mettre à l’abri du vol”, se justifient-ils.

Un autre comportement à risque réside dans la réutilisation des emballages des produits phytosanitaires à des fins domes- tiques.

Enfin, l’utilisation déviée des pesticides (pêche aux pesticides du coton) est de plus en plus répandue au Nord-Bénin. Ni les i n t e rdictions, ni les dégâts mortels n’ont découragé cette pra- tique. Les insecticides chimiques ont tout naturellement pris le relais des substances végétales dans cette zone septentrio- nale devenue le “bassin cotonnier” du Bénin.

Les hydrocarbures

Les enfants béninois, ignorant les mesures de sécurité habi- tuelle, sont exposés à plusieurs autres produits toxiques, hydrocarbures, colles, diluants, durcissants, etc.

Ces enfants déscolarisés, apprentis mécaniciens ou vendeurs d’essence à la sauvette, siphonnent, avalent ou inhalent des produits pétroliers.

La pollution

Cotonou, la capitale économique du Bénin, est devenue l’une des villes les plus polluées d’Afrique de l’Ouest. Nombreux sont les spécialistes de la santé qui craignent dans les années à venir la multiplication des cas de cancers des voies respira- t o i res. Pour l’instant, on déplore déjà l’augmentation des bronchites, rhinites, sinusites, pharyngites et rhumes en tous genres.

Les médicaments

Les médicaments faux ou vrais, dans tous les cas exposés aux intempéries, donc dénaturés, et proposés à la population prin- cipalement dans les quartiers urbains et aussi dans les villages, à prix accessibles, constituent une source d’intoxication, dans un pays où l’automédication est de forte mise.

Les vendeurs de Dantokpa à Cotonou, le plus grand marché de l’Afrique de l’ouest, forment d’autres vendeurs à la sauvette appelés “pharmaciens des poteaux”.

Les plantes toxiques

Des plantes sont connues et répertoriées dans la pharmaco- pée de la médecine traditionnelle; mais certaines restent incon- nues et potentiellement toxiques.

Les envenimations

Avec un million d’accidents chaque année en Afrique, entraî- nant 600000 envenimations et plus de 20000 décès, les mor- s u res de serpent constituent, par leur fréquence, l’un des principaux motifs de consultation dans les dispensaires de brousse et l’une des principales causes d’évacuation vers les centres de réanimation (1).

Trois éléments contribuent à la gravité des morsures de ser- pents en Afrique (2) :

- la densité de serpents et les activités humaines, à prédominance rurale, qui sont à l’origine d’un grand nombre d’accidents ; - la diversité des espèces dont certaines possèdent un venin par- ticulièrement toxique ;

- l’insuffisance des infrastru c t u res sanitaires et leur dénuement.

Divers facteurs limitent l’accès des centres de santé : choix du recours thérapeutique par les victimes ou leurs familles, éloi- gnement des centres de soins, manque de confiance dans le sys- tème sanitaire officiel.

D ’ a u t res facteurs hypothèquent la qualité des soins : re t a rd de consultation, rapidité d’évolution de certaines envenima- tions, manque d’équipements et de médicaments, absence de formation du personnel de santé. Bien évidemment, ces fac- teurs se cumulent et se renforcent mutuellement.

Le retard de consultation a un impact important sur le trai- tement de l’envenimation. Le délai séparant la morsure de l’arrivée au centre médical peut varier de quelques minutes à plusieurs heures. Pour FAY O M Iet al. (3), dans la région nord - ouest du Bénin où les morsures de serpent sèment la désola- tion dans les familles, 58 % des patients consultent moins d’une heure après l’accident et 12 % arrivent plus de tro i s heures après la morsure.

En l’espace de seize mois (entre 1995 et 1996), plus de cent vingt villageois de la région, mordus par des vipères en forêt, ont succombé. Six cents autres personnes mordues ont pu s u rv i v re après hospitalisation. Mais ces chiff res sont tro m- peurs car ils ne prennent en compte que les statistiques des hôpitaux. Le nombre de décès survenus en dehors des centre s de santé n’est pas bien connu.

Le projet

Statégie du projet

La mise en place du centre d’information toxicologique se déroulera en 3 temps.

Identification des risques

Identifier les principaux risques toxiques dans la communauté permettra de déterminer les activités sur lesquelles le centre devrait faire porter ses premiers eff o rts comme, par exemple, les intoxications par pesticides.

Sensibilisation

Il conviendra de sensibiliser simultanément :

- le corps médical, pour l’amener à pre n d re conscience de l ’ i m p o rtance du problème des intoxications et re c o n n a î t re l’intérêt d’un centre anti-poisons et des services qu’il peut offrir ;

- les autorités administratives et politiques, afin que le centre bénéficie d’un statut juridique et que ses missions soient re c o n- nues comme appui à la politique nationale de lutte contre les intoxications.

Mise en place de l’unité d’information toxicologique et pro- motion de son existence auprès des usagers

Avant que le centre ne devienne opérationnel, il conviendra:

- de réunir la documentation essentielle ;

- d’offrir une formation de base au personnel qui travaillera au centre ;

- d’imprimer les form u l a i res pour la collecte des inform a t i o n s sur les produits commerciaux disponibles dans la région et pour l’enregistrement des appels au centre, ainsi que pour le suivi des appels et des cas ;

- de rassembler des dossiers sur les substances chimiques entrant dans la composition des produits commerciaux locaux,

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y compris les médicaments, sur les toxines naturelles locales, ainsi que sur les services médicaux et analytiques pertinents disponibles dans le pays.

Populations cibles

Il s’agit des professionnels de santé, praticiens de la médecine m o d e rne ou traditionnelle, des autorités publiques, des agents économiques et de la population.

Fonctionnement et activités

Les activités couvriront 4 secteurs :

- information toxicologique et prise en charge des intoxications;

- prévention des intoxications en assurant la toxicovigilance, l’éducation et la formation ;

- intervention en cas d’accidents chimiques graves ; - recherche.

Budget

Le budget prévisionnel pour les trois pre m i è res années s’élève à 375millions de F CFA (572000 euros), dont 13 % d’inves- tissement, 42 % de fonctionnement et 45 % de frais de per- sonnel. Le budget national devrait couvrir 28 % du total.

Évaluation

L’évaluation du projet d’installation du centre d’information toxicologique et de son système de fonctionnement doit per- mettre de répondre à 6 questions :

- le projet atteint-il ses objectifs ?

- quelle est la qualité des processus mis en œuvre et des résul- tats atteints ?

- les populations cibles sont-elles satisfaites ?

- quel est l’apport spécifique du projet dans la connaissance des risques toxiques et leur prise en charge ?

- quels sont les coûts engendrés par le projet ?

- quels sont les effets directs et indirects induits par le pro j e t ?

Conclusion

I

ntoxications et envenimations constituent un véritable pro- blème de santé publique en Afrique subsaharienne en géné- ral et au Bénin en particulier. Elles nécessitent de nouvelles stratégies de prise en charge.

Références bibliographiques

1. CHIPPAUX JP – Snake bites: appraisal of the global situation.

Bull Org Mond Santé, 1998, 76, 515-524.

2. CHIPPAUX JP – L’envenimation ophidienne en Afrique : épidé- miologie, clinique et traitement. Ann. IP/actualités, 1999, 10, 161-171.

3. FAYOMI EB, FOURN L & FAVI PM – Analyse des cas de morsures de serpent déclarés par les formations sanitaires publiques au Bénin de 1993 à 1995. Méd Afr Noire, 1997, 44, 591-595.

Références

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