JOHN M. KELLY LIDDADY

Texte intégral

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(2) JOHN. M.. KELLY LIDDADY. Donated by. The Redemptorists of the Toronto Province. from. the Library Collection of. Holy Redeemer Collège, Windsor. University of St.. Michael's Collège, Toronto.

(3) # «oit. amtmuutâ,. whosor.

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(5) Le Bienheureux. Bernardin de Feltre.

(6) "LES SAINTS" JOLY. Collection publiée sous la direction de M. Henri. VOLUMES PARUS. :. Sainte Clotilde, par G. Kurth. Deuxième édition.. Saint Augustin, par Ad. Hatzfelb. Deuxième édition.. Le Bienheureux Bernardin de Saint Augustin. Feltre. par E. Fi.ornoy.. d'Angleterre, par. Psychologie des Saints, par. II.. le. P.. Brou. (S. J.).. Joly.. -«-/c-ç^g^-^î-. POUR PARAITRE PROCHAINEMENT Saint Pierre Fourier, par Saint Ambroise, par. le. L.. :. Pingaud.. Duc de Broglie.. Jeanne d'Arc par Pian de Julleville. :. Chaque volume se vend séparément. Broché.. TYPOGRAPHIE FUIMIN-DIDuT ET Cie. .. —. .. ME-XIL (EUBB).. .. .. 2. — 6488. fr..

(7) ". LES SAINTS. ". Le Bienheureux. Bernardin. de. Feltre. par. E.. FLORNOY. PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE RUE BONAPARTE, 90 1897. &. HaiYREDEEMERjJfiARY, WINDSOR **".

(8) ^HAa*. 1. 1^ m. oV.

(9) VIE. DU BIENHEUREUX BERNARD IX DE FELTRE. CHAPITRE PREMIER. .. LE S1KCLE. Les. de L'humanité régéné-. saints, type parfait. rée par. le. SAIM. 1)1. Christ, ne sont pas seulement des êtres. d'élection, surnaturalisés par l'extase. et. par. le. miracle, ce sont aussi les apôtres des peuples, les. pères de. la vie. chrétienne. ;. leur magistère régit. les forces intimes des sociétés.. vers Dieu pour lui et. de vérité. égarés. :. demander. qu'ils départissent. messagers entre. Leur âme monte. les. aux. dons de force faibles et. le ciel et la terre,. aux. con-. fidents à la fois des angoisses de leurs frères et. des conseils divins. B.. BERNARDIN DE FELTRE.. 1.

(10) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. 2. Ils se. souviennent de Moïse. rants à travers. le. d'eau vive, légifèrent qu'ils ont. et. désert, font et. entendu sur. œuvres,. monde. —. la. les er-. la. source. nom. châtient au. le. nouveau. Us sont vraiment des hommes, de direction par. guident jaillir. de Celui. Sinaï.. — des hommes par. doctrine, d'action. les. non de vagues apparitions dans un. idéal,. non des météores décrivant. course dans des régions étrangères à. La grande. figure des saints,. leur. la nôtre.. pour. révéler. se. très nette et puissante, doit s'encadrer. dans. la vie. sociale de leur temps. Elle se détache, pieuse et. mystique, sur. les. fonds d'or pur qu'aimaient. Age. les. Moven. peintres primitifs, et dans les annales du. qui, tout éprises de surnaturel, s'efforçaient. d'isoler. du contact. Mais pour nous,. terrestre les préférés de Dieu. elle. doit être plus réelle, plus. Nous voulons. expressive des sentiments humains. les voir, ces saints, vivant. de. temporains, cheminant sur les peuples,. ouvrant. à. de leurs con-. la vie. la. route où passent. l'amour fraternel. les di-. vines solitudes de leur cœur.. Bernardin de Feltre, thaumaturge, héros d'éclatantes vertus,. mêlé a. la foule. aux puissants, les nécessités. domine. le. siècle. pour l'évangéliser, il. a. connu. :. il. mais. il. s'est. heurté. l'obstacle des. économiques. et sociales. s'est. mœurs;. ont guidé.

(11) LE SIECLE DU SAINT.. 3. comme. son action. Et dans sa vie publique,. un miroir. éclairé par. reflète l'image. une. en. pure lumière, se. très. de son temps, de son pays. Cette de. vie publique, manifestation des vertus intimes. l'apotre,. nous. Fétudierons spécialement parce. qu'elle révèle les desseins providentiels. conduite des affaires humaines. et. dans. la. montre par. quels dons surnaturels la sainteté lutte contre. la. décadence d'un peuple. En Bernardin de Feltre. nous vénérons. le. citoven du. de mieux connaître. le. Dans quelle sphère. ciel. ;. nous essaierons. citoyen delà terre. s'est. mue. l'action. du. saint?. Quels' milieux hostiles ou favorables a-t-il ren-. contrés? Qu'était, au quinzième siècle, cette. Italie. qu'il a. voulu reconstituer en société chrétienne?. Une. nation divisée contre elle-même, proie du. despotisme ou de les. la. démagogie, sans élan pour. grandes causes, affinée mais non. fortifiée. par. la culture intellectuelle, rebelle a toute sage di-. rection, tel est le disciple infidèle s'efforcera de. ramener. a la. que Bernardin. pratique des vertus. morales et civiques.. Le quinzième. siècle fut. luttes incessantes,. but. utile,. luttes. parce que, ni. contre l'étranger. et. pour. l'Italie. une ère de. sans grandeur et sans elles. n'étaient dirigées. inspirées par le patriotisme,. ni elles ne servaient d'instrument et de véhicule.

(12) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. i. à des idées généreuses. L'entrée à. Rome. et à. Naples,. de Charles VIII. conquête du Milanais. la. de Gènes par Louis XII, qui vinrent clore cle,. furent. le. châtiment de ces dissensions.. Le morcellement du l'esprit. avait. territoire. de nationalité. La diversité des. institutions faisait étrangères, les unes les cités voisines.. mercantiles. et. le siè-. De. la. naissaient. détruit. lois et. des. aux autres,. concurrence des intérêts politiques.. rivalités. les. Volontiers on estimait amis les peuples d'Outre-. Monts, ennemis. chaque. les frères. cité, l'intrigue et le. de. même. Dans. race.. désordre.. L'évolution historique avait été imcomplète ou trop rapide pour les villes lombardes qui recurent. moins longtemps que. les. nations. voisines,. dixième. siècle,. mencèrent. a. se. d'une nécessaire. les. communes. constituer.. com-. italiennes. Trop. la. du. sévère éducation de la féodalité. Dès la fin. tôt affranchies. tutelle, elles oublièrent les leçons. de discipline sociale que, seule, peut donner aux. peuples jeunes une hiérarchie incontestée. nom. de. l'égalité. Trop. tôt aussi. tombèrent ces enthousiasmes de. lerie,. qui élevaient des natures,. même. aux plus hautes conceptions du l'honneur. :. les. au. des droits, toutes les ambitions. assaillirent le pouvoir. lie,. :. pour la. l'Ita-. cheva-. grossières,. sacrifice. et. de. marchands succédèrent aux preux. :.

(13) LE SIECLE DÛ SAINT. les calculs intéressés. dédaignèrent. 5. les. héroïques. aventures.. Au dans. treizième siècle, la lutte. communauté du. la. péril. contre Frédéric Barberousse impose. encore à ces émancipés l'obéissance aux chefs naturels et. lie. étroitement. tance. Mais dès. que. le. faisceau de la résis-. de Constance re-. le traité. connaît l'indépendance. des. cités,. passions. les. politiques se déchaînent et la tyrannie des factions. du pouvoir. maîtresses. lence, souvent la révolte.. viennent ardentes,. suscite la. turbu-. Les démocraties de-. et les oligarchies égoïstes.. Dante, quia vu ses contemporains expier dans l'Enfer leurs crimes contre la patrie, aurait pu s'écrier. encore. «. :. Malheureuse. Italie,. ceux qui. vivent dans tes contrées se font une guerre im-. placable;. ceux. les. même. qu'une. mêmes remparts rives et vois. si,. dans ton. provinces jouit de. la. sein,. elles l'épuisèrent. juste la. pour. les. les. commande. une seule de. tes tes. paix! ». Ces guerres intestines ne. n'est saine. et. Cherche, misérable, autour de. autres.. nation,. muraille. protègent, se rongent les uns. :. virilisèrent. l'effusion. du. pas. la. sang. peuples que lorsqu'une cause et la. légitime. Les citovens,. toujours prêts a l'assassinat et à l'émeute, re-. mettaient a des mercenaires. la. défense de leur.

(14) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. fi. cause sur. champ de. le. voulaient. tieri. le. bataille. pillage. et. i. .. non. Les condotla. gloire;. ils. tuaient plus d'habitants inoffensifs que de belligérants:. n'apprirent pas à. ils. ne devaient. tus gueriières qui. dans. pour s'excuser. Italiens,. de. de. francese, mais raison être. le. Pape Alexandre VI. de dire que. venus en. marquer. Italie. « la. les. victoire. mot de. le. Les. siècle.. facile. la. Charles VIII, inventèrent. que. se révéler. du seizième. les terribles luttes. ver-. les. l'Italie. furia. avait plus. Français semblaient. craie a la. main pour v. leurs logements ».. Et voici qu'au seuil du quattrocento,. elles. nous. apparaissent, ces villes, républiques ou duchés, affaiblies, divisées. de castes. et. de factions, jamais. lasses d'intrigues ni de violences.. Elles sont avi-. des de jouissances plutôt que de gloire, de domiCe:?. ".... i. guerres dont. ils. mercenaires cherchaient à prolonger tiraient profit, et les. tendaient souvent pour s'épargner mutuellement. ridait la victoire par des. courir. de. à la lutte.. l'Italie, et. Ne. mouvements de troupes. vit-on pasSforza.. le. par. On. dé-. snns re-. premier capitaine. Jacques Piccinino, héritier de. la. renommée. de son père, rester tout un jour en face l'un de avec plusieurs. les. armées adverses s'en-. l'autre,. milliers de soldats, sans vouloir se battre. crainte de la pluie. 14J2 ',. et. dans. la. fameuse journée. un seul homme périr après plusieurs heures de combat simulé! d Trognon. Histoire d'Italie, i44°. d'Angbiari. I rc partie. :. •. Lombardie..

(15) LE SIECLE DU SAINT.. 7. nation plutôt que de liberté. Elles méconnaissent les. principes de l'ordre social chrétien qui sou-. mettent à un pouvoir modéré un peuple docile.. La grande pensée des Croisades tituer contre les. et. recons-. Turcs envahisseurs une force. de cohésion patriotique. Mais les. aurait pu, en. commun. ce temps encore, créer un lien. c'est. en vain que. Papes commandent ou supplient. Seuls. les. cardinaux ont frémi d'ardeur rajeunie en enten-. dant ces paroles de Pie «. « «. princes. Quand. «. vieux. «. ils. ce. rir.. «. sur le. en. :. ils. et. le. «. Frères, le. Ne. disons. :. Disons-leur. avant!. verront. moment. plus :. infirme, partir pour. Notre place sera sur. la. Venez!. la. guerre sainte,. mains vers Dieu cerons. ce. manderons. le. Hunyade. :. nous lèverons. :. nous. lui. de-. saint Jean de Capistran, libéra-. et. donnent l'exemple, mais non. demeure. elle. Et Venise. :. la victoire. ». courage. F ne ligue se forme a. flottes. les. en face de nous, nous pla-. Corps de Jésus-Christ. teurs de Belgrade,. Simonet;. mou-. poupe d'un vaisseau,. sommet d'un rocher. ce. aux. Vicaire de Jésus-Christ,. rougiront de rester chez eux. Allons. «. le. II. de mourir est arrivé.. et. la. voix du Frère. inactive.. Gènes? Quand. elles. arment des. contre les infidèles, elles sont encore mer-. cantiles. :. elles. songent surtout à étendre leurs.

(16) s. B.. BERNARDIN DE FELTRE.. relations commerciales avec l'Orient, à transfor-. mer. leurs conquêtes en comptoirs. \ enise, dont. marchands avaient précédé. les. même. L'ennemi s'empare d'Otrante:. est. on écoute. enfin,. d'alarme de Sixte IV, on accourt de toutes. le cri. parts.. Mais bien plus que. parents des la. les croisés,. accusée de vendre des armes aux Turcs.. alliés, la. le zèle et. l'accord ap-. mort de Mahomet. II. délivre. Péninsule.. Dans. les. adressait. clochers. aux prières. hommes ne. les. italiens,. vain l'appel que. répété en. Dieu l'entendit. et. le. YAngelus. aux armes des chrétiens:. et,. miséricordieux, l'exauça.. Beaucoup d'hommes, insoucieux de. la. III. comprirent pas cet appel, mais. fatigués des dissensions stériles,. dans. avait. pape Calixte. se. l'action. ou. réfugiaient. paix de l'étude. Le temps est venu où les. Lettres et les Arts prennent leur essor dans les. régions sereines, niles. dominent. comme. le. les. Maisles esprits spéculatifs, pas sur. une de. la. élite. dans. le. rateurs,. et les. campa-. les érudits n'influèrent. direction des affaires publiques. ;. c'est. qui ignore les aspirations et les besoins. la foule.. Politien,. dômes. tumulte des places publiques.. Marsile Ficin, Pic de. Sannazar demeuraient. la. Mirandole,. isolés et. superbes. cercle de leurs disciples et de leurs admitels. que l'œuvre. d'art. dont l'enseigne-.

(17) LE SIECLE DU SAINT.. ment esthétique Sans doute,. les. est. 9. incompris de. la. Médieis à Florence. multitude.. et la. maison. d'Esté à Ferrare étaient de puissants protecteurs. du mouvement Xicolas A. II,. Sixte IV, Innocent VIII, dispensaient. ,. à la science les. Les Papes Pie. intellectuel.. honneurs. et richesses, favorisaient. progrès de l'imprimerie. et. dotaient la Biblio-. thèque \ aticane de ses plus précieux trésors.. Cependant. la. renaissance littéraire. si elle satisfaisait. et. artistique,. à la curiosité de quelques intel-. ligences privilégiées, laissait l'âme populaire faible et inquiète.. Lue. caste de politiciens, au jeu perfide et san-. glant, dignes de s'offrir à l'analyse de Machiavel, telle est la classe dirigeante.. satile,. Une. ne demandant qu'à dangers extérieurs,. l'oubli des. multitude verlicence. la. morale. repos des luttes. le. civiles, telle est la classe dirigée.. D'où viendra donc. le. sauveur assez fort pour. réprimer l'anarchie? Qui vivifiera une société débile et. si. si. troublée, la préservera au moins de la. complète désagrégation? L'intervention d'une puissance. supérieure. à. l'autorité. humaine. —. Faction sur-. naturelle,. — pourra seule raffermir. les caractères. et éclairer. des esprits insoucieux du patriotisme,. indifférents. défaillante,. aux grandes entreprises de défense.

(18) 10. B.. BERNARDIN DE FELTRE.. religieuse, inaccessibles. pour. plupart a. la. 1. in-. fluence pacifiante des Lettres.. La Foi. s'était. conservée vive, profonde. avait o-ardé son intégrité, et, blie par la. si. elle. corruption des mœurs,. nation en. la. lui. elle. demeurait. elle. cependant capable de fécondité. C'est sauva. :. semblait affai-. donnant des. elle. qui. saints et. aux. saints, des disciples.. Les saints furent, en. quinzième. siècle,. effet,. comme. jadis. pour pour. du. l'Italie. peuples. les. barbares, les agents providentiels de la régéné-. Vux fauteurs de désordres,. ration.. préceptes de. les. du luxe,. la fraternité. débauche,. a la. ils. ils. rappelèrent. chrétienne. :. a l'excès. opposèrent leur propre. austérité:. au mensonge, à l'iniquité,. la justice.. Contre l'oppression des Juifs. factions, à la. protégèrent. ils. vie de leurs. mouvement frances et. le. la vérité et. et. des. mimito popolo. Mêlés. contemporains, participant au. social, ils ont appris toutes les souf-. savent. panser toutes. les. blessures.. Leurs mains sont pleines de bénédictions.. A. leur approche, le siècle s'émeut, car. connaît ceux ple. à. qui Dieu a confié. le. salut. re-. du peu-. .. La phalange des papes, des évèques moines le. il. les suit et les. Tiers-Ordre,. les. et. des. seconde. Les Franciscains. Frères-Prêcheurs,. et. les Servi-.

(19) LE SIÈCLE DU SAINT. tes, les. Augustins. et les Jésuates (i). 11. forment leurs. troupes fidèles.. Bernardin deFeltre, mineur observant, semble être l'un des plus puissants de ces conducteurs. d'âmes, Tun des plus insignes bienfaiteurs de son. Sa sainteté rayonne dans. siècle (2. .. Orateur,. il. il. masses.. les. entraine et convainc. Lutteur intrépide,. réforme. condamne. Économiste,. et. il. voit. dans. banque juive un instrument de ruine et de tyrannie contre les chrétiens pour la combattre, la. :. il. crée les Monts-de-Piété, et cette œuvre de son. apostolat, libératrice des victimes de l'usure, ré-. pressive de l'audace des Juifs, s'impose au civilisé. (r). 3. .. L'Institut des Jésuates, très pieux,. fondé au quatorzième bini. :. 2. il. monde. siècle,. par. le. très. actif,. fut. Bienheureux Colom-. disparut en 1668.. Parmi. les saints. qui ont ésangélisè. la. Haute. Italie.. au quinzième siècle, on doit citer, en outre de Bernardin de Feltre, Bernardin de Sienne. Jean de Capistran, Jacques de la Marche, Giovanni de Tossignano, \ntouioBetvénères tini, Romolo de Bologne (ces deux derniers sont. comme Bienheureux dans. les. Fastes de Sienne), et aussi les. BB. Ange de Chivasso, Pacifique de Cérano, Pierre de Molléano, Mare de Monte-G.illo, Bernardin de Fossa, Frères-Mineurs. Plusieurs biographies du Bienheureux ont ét< publiées. Les notes prises au jour le jour par le Fr. François :. (3). de Feltre,. le. fidèle. compagnon de Bernardin,. furent re-.

(20) B.. 12. produites dans le. la. BERNARDIN DE FELTRE. chronique de Cimarelli;. premier biographe du. saint, le. ont inspire. elles. docteur Bernardin Guîs-. Le P. Pulinari. dans ses Annales, parle des prédicadu Bienheureux en Toscane. Nous citerons encore du P. Berrelations de Wadding Annales Minorum. lini.. tions les. ;. nardin de Chiasteggio (i65i), rééditée, en 166. nocent de Pavie;. septembre). :. les. \.. par. P. In-. le. — 28. Boilandistes [Acta Sanctorum,. des notices biographiques plus récentes. :. Corn-. pendio dclla vita del bcato Feltrese, Bernardino Tomitano^ par J.-B. Zanettini j).. 484. B. P. Léon;. Milan. :. YAurcoJe sérapJaque.. Un grand bienfaiteur du. t.. HT.. peuple, par. l'abbé de Surrel de Saint-Julien (Imprimerie franciscaine. Annales Franciscaines,. 11.. P.. Léopoid.. :.

(21) CHAPITRE. TI. LE NOVICE. L'ÉTUDIANT.. Tout conspire pour entourer domine certains Le témoignage. berceaux.. contemporains. des. lègue à l'histoire surtout des impressions de vie. publique. La légende se plait tantôt à attribuer. une. illustre. naissance à son héros pour. honorer; tantôt tion. à. pour mesurer. longueur jusqu'à. et. aux. le. mieux. donner une basse extrac-. lui. puissance de. la. l'effort. à la. du chemin parcouru. difficultés. la gloire.. L'origine de Bernardin Tomitani, dit de Feltre, n'a pas échappé aux contradictions des annalistes.. Quelques-uns font naître. le. rents d'humble condition, à. nom. de Tomitani,. famille des. par. le. l'éclat. et. Tomitani. Bienheureux de pa-. Tome, d'où. prétendent que. l'a. désir d'ajouter. revendiqué à. :. sur-. noble. comme. l'illustration. d'une sainteté d'emprunt. la. le. sien. civique. la filiation. de.

(22) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. Il. Bernardin. comme. été,. eût. reliques.. certaines. La plupart des histo-. r objet d'un pieux larcin.. riens affirment, avec grande vraisemblance, que le saint fut bien un descendant de la race noble. comme. des Tomitani. reconnu. par. tel. habi-. les. tants de Feltre qui se dirent toujours ses conci-. toyens. :. ainsi s'expliquent son. admission au. col-. lège des notaires publics, qui n'était accessible. qu'a l'aristocratie,. le. soin extrême apporté a. formation intellectuelle qu'il. occupa,. a. et. place d'honneur. la. peine sorti de l'enfance, dans une. cérémonie patriotique. Au surplus,. du. saint. sa. lui-même semble formel. Bernardin us de Feltro,. écrivait-il. témoignage. le. Ego. :. i. .. (rater. Or, l'usage. constant des Franciscains a toujours été de faire suivre le ville. nom. ainsi. —. natale. entendent. de religion de l'indication de. le. ville. Bollandistes,. a été. tertiaire,. baptisé. :. c est. signait pieuse-. Poissy.. de Bernardin. rend. Acta Sanctorian. 28 septembre.. — Une. patricienne. L'origine. natale les Franciscains. où l'on. que saint Fouis,. ment Louis de. 1. par. lieu. la. 2. Dii'us Bcrnardinus^ ancienne inscription lapidaire porte génère Fcltriensis, familia de Tomitanis. :. 2. Les maisons des Tomitani et des RombaLdoni famille du Bienheureux fournirent des évèques ;ï. maternelle Feltre et. Venise.. à. i). Hune,. des magistrats et des capitaine? à.

(23) ,. L'ETUDIANT, plus méritoire et. le sacrifice qu'il. monde;. des joies du. - LE NOVICE.. haute société,. trop. 15. des grandeurs. fit. prouve aussi que cette. elle. connue par. scandales,. ses. compta cependant des héros de vertu. Les plus illustres saints. du Moyen Age. italien sont issus. de familles nobles ou riches. Les classes élevées n'ont donc pas sion. :. dans. le. failli. bien. ont donné l'exemple, le. complètement. comme. —. dans. à leur. mis-. mal,. elles. le. sanctifiant le peuple. corrompant. Merveilleux destins de. chrétienne lité, était. si. demeurée, sous. grande autorité morale, taille. au sortir de. l'aristocratie,. la. que contre l'étranger,. protectrice infidèles. des. faibles,. la. société. la. féoda-. garde des saints,. elle n'avait. si. ou. la. mené ba-. — sergent du Christ aux seuls. redoutable. !. Bernardin, d'après les sources sées, naquit. les. plus autori-. en îfôg, a Feltre, petite. ville. de. la. Marche Trévisane qui, vers le commencement du siècle, s'était librement donnée a la République de Venise. L'influence du sol natal dut être. fa-. vorable à notre saint. Feltre semble avoir. été. digne de donner à Bernardin. les. premières im-. pressions que les veux apportent a L'âme rière par. son vieux château dont l'origine. à Alboïn, roi des. :. guer-. remonte. Longobards; religieuse par. cathédrale dont l'élégante abside. sa. du quatorzième.

(24) B.. 16. siècle est. nence. ,. BERNARDIN DE FELTRE.. encore admirée. couvre, par delà. cimes. i. .. Située sur une émi-. au centre d'une petite plaine, les collines, la. et les larges. dé-. elle. majesté des hautes. horizons où s'éploie. la. pensée.. Une colonne surmontée du lion de Saint-Marc rappelait la fidélité a Venise, la nouvelle patrie.. Feltre se glorifiait alors de. deux de. ses enfants. :. Vittorino de Feltre, humaniste célèbre, et Pan-. inventeur des caractères typogra-. Castaldi,. filo. phiques mobiles, morts, l'un en 14-0,. et. dont. les. Piazza Maggiore;. 1. 44. (. ^«. en. l'autre. statues ornent actuellement la le. mouvement. intellectuel était. actif clans cette petite ville.. Notre Bienheureux reçut au baptême de Martin que Italie, ses. golfe de. :. lui. toujours cependant. redira le «. il. son. Aon. marchera saint. ».. deux 1. pa-. recuso labo-. Le père de Martin, Donato Tomitani,. dé. la. Martin deviendra en religion. apostoliques de. traces. tron et après. rem. du. île. Gênes avaient rendu populaire dans. Frère Bernardin les. voyages de saint Martin en. les. séjours a Milan et dans une. région lombarde.. sur. nom. le. fut,. à. reprises, député par ses concitoyens vers le Peut-être Bernardin fut-il baptise sur les font- datant. ijiiu. i[ue. Rosaire.. l'on. voit. aujourd'hui clans. la. chapelle. du.

(25) —. L'ÉTUDIANT.. LE NOVICE.. 17. sénat de Venise pour soutenir les revendications. de. en particulier pour protester contre. ville,. la. l'invasion des Juifs. :. mission paternelle ne fut-. la. pas une initiation, jamais oubliée, pour. elle. saint. dans. d'une. qui témoignera la. le. vaillance. belle. si. lutte antisémitique?. Donato. et. élevèrent dans. la. piété. dix enfants dont Martin. consacrer. sa. femme,. une nombreuse. famille,. Corona Rombaldoni,. qui devaient. était L'aîné, et. au service de Dieu deux moines. et. trois religieuses.. Dès ses jeunes années, Martin ardent à. est laborieux,. conquête intellectuelle. L'énergie,. la. la. ténacité, traits saillants de son caractère, se ré-. vèlent déjà.. A. douze ans,. le latin- et versifie. il. dans cette langue avec un. talent.. Peut-être, dès ce temps,. avait-il. son histoire. des mères. :. — ou à. le. usait. il. Plus tard, jeune étudiant, Martin, et. de relations,. n'hésite pas a couper son opulente. préfère, disait-il,. occuper mes. parence un peu simplicité. chevelure.. doigts a tenir. ». Sous une ap-. naïve, c'est déjà la. mâle fermeté,. une plume plutôt qu'un peigne.. la. redoutée d'autorité. prendre part aux jeux qu. quoique encore mondain de goûts. « Je. facile. surmenage. sa légende,. Corona Rombaldoni. pour forcer l'enfant dédaignait.. couramment. parle. dans. le. sacrifice,. qui n'attendent.

(26) 18. BERNARDIN DE FELTRE.. B.. que l'appel de l'avenir pour prendre. héroï-. les. ques résolutions.. A. Martin prononce sur sence de. l'élite. de. des bienfaits de. place publique, en pré-. la. la société. un éloge. Feltrienne,. Ce. paix.. la. paix entre. la. Milanais et les Vénitiens,. Napolitains, les. les. de. l'occasion de la signature. n'est. qu'une œuvre. académique, mais, sans doute, une conviction profonde. L'écolier qui. dicta.. la. consacre a. la. paix les prémices de son talent, demeurera fidèle a. pour. cette cause, et se fera,. conqué-. les pacifier,. rant des cités.. Martin passe par puis. il. pendant deux années,. étudie,. Philosophie. et les sciences. done, devant laquelle. de dix-sept ans. i. il. le. a l'Université. la. de Pa-. .. y renonça plus tard. timent sur. Droit, la. soutient ses thèses à l 'âge. Martin avait alors un goût très vif pour. i. il. collège noble des notaires,. le. et.. la. musique;. moine, formulait ainsi son sen-. musique religieuse. :. «. Surtout pas de. mu-. sique qui ne sied point aux personnes consacrées à Dieu. T,es. chants qui. par. ,. des voix, délectent. la variété. les. au-. au Seigneur. Je ne voudrais pas entendre un Kyrie en musique, mais je l'e'eou-. diteurs, ne sont pas agréables. terais. volontiers. s'il. était. exécuté en plain-chant. Dans. tous nos monastères de l'Observance, crite;. on considérerait. qui ressemble à. comme un. un concert.. ». la. musique est pros-. scandale d'y donner ce. Cinque Prediche a monachc,.

(27) L'ETUDIANT.. —. LE NOVICE.. 19. C'était l'une des plus célèbres des seize. versités la. que comptait alors. Lorsque Venise sité. s'était. La. l'Italie.. sérénissime République. Uni-. tutelle. de. lui avait été favorable.. annexé Padoue, l'Univer-. de Padoue avait absorbé. celle. de Trévise. :. les. doges, pour don de joyeux avènement à leurs. nouveaux visane,. supprimé. sujets, avaient. concurrente redoutable,. Padouans de. l'école. tré-. enrichi. et. les. cet héritage intellectuel.. L'enseignement supérieur. une tendance. avait. encyclopédique qui ne craignait pas d'aborder toutes les connaissances du temps.. sant par. la. dans. recherche des idées. la. :. monde physique. relles. voyait en Dieu. et netteté.. appa-. Sans doute,. échappait trop a ses investi-. L'état rudimentaire des sciences natu-. ne permettait pas. spécialisations. les. condes en découvertes. Mais son essor dans. les. vait des clartés. La théologie. reproduits par Fra Marcello. conserves à. la. la. fé-. pensée prenait. régions supérieures et v trou-. que ne connaît plus. certaine science.. crits. Il. ainsi les principes lui. grandeur. raissaient avec. des causes, très. et. large dans ses généralisations.. gations.. était puis-. synthèse, très élevé et compréhensif. l'origine et le but. le. Il. cla. était. l'orgueil de. reine, mais. Civez/.a d'après des. Bibliothèque. tic. manus-. Florence (Pralo, 1881. 1..

(28) m. B.. BERNARDIN DE FELTRE.. son autorité nasservissait pas,. elle fortifiait. les. :. formés avaient une rare puissance. esprits qu'elle a. d'investigation. Bien avant. que Léon. X. eût fondé. collège des Jeunes Grecs, les Universités ita-. îe. liennes enseignaient le latin, le grec les. Trois-Langues. France,. comme on. ,. et. 1. hébreu,. Sorbonne prohiba jusqu'au milieu du. la. seizième siècle, l'étude du grec, parce que. une langue parce que lut. En. alors.. disait. «. schismatique. c est la. »,. langue des. moins mesquin. moins. et. c était. et de l'hébreu,. En. Juifs.. Italie,. La. puéril.. on. curiosité. naturelle de l'esprit fut excitée par le désir de. mieux comprendre. pager plus facilement. Les Franciscains. sainte. l'Ecriture. chez. la vérité. surtout,. de pro-. et. les infidèles.. inspirés. par. Je. zè\e. apostolique, encouragèrent vivement l'étude des. langues grecque. hébraïque. et. désir de la science. la. et. donnèrent au. force d'une pensée chré-. tienne.. A. ces Universités,. n'étaient riches. La question de. on conviait. même. que des dons de la. résolue a tant de. gratuité frais. ceux qui. l'intelligence.. de l'enseignement,. au dix-neuvième. recevait alors les plus larges applications.. doue, sept collèges offraient un diants pauvres: la. subsides. commune. asile. siècle,. A. Pa-. aux étu-. devait avancer. les. nécessaires aux besoins de l'étudiant..

(29) —. L'ETUDIANT.. LE NOVICE.. 21. Et puis à quelle hauteur d'indépendance. on maintenait. dignité. les interprètes. de. la. et. de. science. !. Les professeurs ne pouvaient donner que gratui-. tement des leçons particulières, sous peine d'être raves des rôles de l'Université. (i).. Voilà ces Universités telles que l'esprit chrétien et la protection des et. riches, offrant. gnement. large et varié,. libres. Papes. un programme d'ensei-. au siècle. l'Instruction. qui. gratuite. aux jeunes. accessibles. gens d'humble condition. envier. les avaient faites,. Qu'auraient-elles pu. croit et. être. l'initiateur. du Progrès. de. intellec-. tuel?. Déjà se manifeste dans première influence de. la. hautes écoles. les. Renaissance.. On. prend un immense labeur de recherche constitution du patrimoine. Comme. et. la. entre-. de. re-. tombé en déshérence.. des archéologues habiles à fouiller les. débris de l'antiquité, les esprits cultivés se consacrent avec passion à l'exhumation de littératures et de doctrines oubliées fils. grands ancêtres grecs fait. —. et latins.. Ce sont des. tombeaux des L'humaniste se. explorateur patient, infatigable, à travers. monde du. (i). :. qui ouvrent pieusement les. passé. S'il découvre. Tiraboschi.. ffist.. le. un manuscrit con-. de la Littérat.,. I.. X.. art.. i..

(30) 22. B.. BERNARDIN DE FELTRE.. serve dans quelque monastère, ou bien livré par. desGrecs, des Arabes, des. Juifs,. compulse. et le. prodigalité. :. il. le. —. critique minutieuse. vaine,. puisque Pic de. d'une. légendaire. Mirandole. Cosme de. la. une. fut victime. avant de. le. Vénitien. Et l'on. le. paix de. un manuscrit de Tite-Live si. à. l'Ancien, obtenir d'Al-. Alédicis.. phonse de \aples. —. mystification. confier aux presses d'Aide voit. paie avec. soumet. précaution n'était pas. la la. le. il. en. l'Italie. heureux. :. lui offrant. les. peuples. tous les souverains avaient été des bibliophiles. hommage aux. ne refusant aucun. historiens,. —. sinon aux leçons de l'histoire!. Dans. ce. commerce. assidu avec l'Antiquité, le. chrétien subit quelque dévia*. sens. littéraire. tion.. L'enthousiasme qui ne sut pas. fut. et. résurrection, éblouit, siècle,. sent.. en. se régler,. et,. on négligea toutes. Le. pendant les. quinzième. forme dégénéra. culte des beautés de la. souci. le. ressources du pré-. excessif du style,. et. les. rhéteurs se. préoccupèrent plus de l'agencement des. mots. que du choix des idées. La langue que Dante Pétrarque avaient élevée force et de poésie,. fut. a. un. si. et. haut degré de. dédaignée.. aux Lettres anciennes non la. ne. pas sans danger. Le passé, tout brillant en sa. la vraie. On demanda perfection de. forme, mais des formules servilement copiées..

(31) —LE. L'ETUDIANT.. Une. NOVICE.. liltéràtare de convention. 23. remplaça. la littéra-. ture. nationale qui, seule, reflète l'âme. laire.. Cette. âme même. des. contact. grands modèles,. étouffée. L'érudition se. ne. plus d'essor. laissa. popu-. qui eut pu se fortifier au fut. comprimée, au. substitua. ^énie. aux productions. et. origi-. nales.. Un. jour, Laurent. de. Pulci de ne produire «. Que. Médicis. (pie. reprochait. un grand poème.'. n'écris-tu. lui disait-il.. régénérée ne possède encore que celui de. L'Italie. Dante. Imite l'exemple de ce maître. prends un ouvrage de longue haleine.. comme. proposa. et sa cour. les vers. sujet de. bouffons du. En. vérité,. travestir,. poème. :. et )). entre-. Et. il. lui. Charlemagne. Pulci répondit à cette invitation par. Morgante. propos du géant Morgant, rie.. à. des œuvres légères.. mais. on ne. il. Maggiore, où,. ridiculisa. la. a. chevale-. que transcrire ou. savait. non élaborer. la. pensée en des. combinaisons nouvelles, dégager des éléments rassemblés l'œuvre maîtresse rioste. et. le. Péril plus grave le. :. on attendait l'A-. Tasse. :. l'esprit chrétien faiblit. devant. retour offensif du paganisme. La gloire d'Ho-. mère. même. et. de Platon, l'admiration pour. les. auteurs. qu'un goût plus sûr n'eût pas dû louer sans. réserves, firent trop oublier le sermonnaire elles.

(32) B.. -Jl. écrits des. BERNARDIN DE FELTRE.. Pères de l'Église. seulement une mode. i. .. Et ce ne fut pas. littéraire, cette. dieux de l'Olympe sur. la terre. descente des. chrétienne. losophie païenne jeta des germes que lit. la. L'homme. phi-. la. Réforme. éclore et qui, grandissant, produisirent. ralisme moderne.. :. le. natu-. apparut, selon la doc-. trine antique, déifié, orgueilleux de sa raison et la. beauté phvsique, oublieux de. du rachat. ginelle et et. divin.. la. déchéance. de. ori-. La corruption des Grecs. des Latins sembla séduisante, inspira la. litté-. rature et pénétra au forer familial que la sévère discipline. du Moyen Age. avait. maintenu pur. et. respecté. L'absolutisme de l'Etat et le triomphe. de. la. force brutale, glorifiés par l'Histoire, furent. préférés aux. maximes du Droit. Sans doute, faire. les. les lettrés. propagateurs de. chrétien.. ne songeaient pas a se si. funestes doctrines:. mais toutes ces conséquences sortirent de l'Hu-. manisme, parce. trompé. qu'il avait ébloui et. esprits par le culte exclusif de l'œuvre de. méconnu tin,. et. la. prudence des Jérôme. et. les. l'homme,. des Augus-. des Papes et des Moines, qui, tout en louant. propageant. les. chefs-d'œuvre de l'intelligence,. Cependant par les soins du pape Nicolas A. les œuvres d'Eusèbe de Césarée. de S. Denys l'Areopagite. de S. Basile, de S. Grégoire de Nazianze, de S. Jean Chfyi. sostome. deS. Cyrille furent traduites en latin. ('. 1. 4 47-1 4 5. 3. ..

(33) L'ÉTUDIANT. les. de. éclairaient. —. la. LE NOVICE.. 25. de. l'Evangile.. lumière. Martin Tomitani avait. l'esprit puissant et indé-. pendant, capable, sinon pendant. ferveur des. la. années scolaires, de résister aux engouements.. Il. réagira, au cours de sa longue carrière oratoire,. contre les excès de. la. culture profane. des études classiques l'étendue. :. il. retiendra. et la précision. des. connaissances, sans s'abaisser aux artifices de. rhétorique. ;. la. philosophie antique n'aura point. de prise sur son esprit. fortifié. Cependant son apostolat. même. par. théologie.. la. grandira de sa ré-. putation d'humaniste. Les succès lui. universitaires. assureront, en outre des ressources de l'éru-. dition,. une plus. efficace influence sur les esprits.. Pour exercer une action déterminante sur contemporains,. ne. avec discernement. et. convient-il. en. les. pas. marcher sagement dans s'ouvre l'esprit siècle,. à cette. d'élite. doctes, de. nouvelles que. les aspirations. :. à. c'est. condition seulement que les intelligences. peuvent devenir dirigeantes.. demeurait inassouvie. hautes. goûts. les. humain? Appartenir vraiment. en comprendre. L'àme de Martin aimait elle. les. les voies. ses. d'accepter,. amendant,. de son temps, d'être docte avec. son. la. vérités.. Dieu. les. la science,. et. lui. cependant. cherchait de plus. manifesta par. la. mort prématurée de deux des maîtres dé l'Uni-.

(34) 26. BERNARDIN DE FELTRE.. B.. versité. padouane. de. :. tombe. la. grandes clartés qui illuminent nels.. Martin voit. ces. rigides. les. jaillissent les. horizons éter-. lèvres. hier. élo-. quentes, fermés ces veux qui cherchaient à pénétrer les secrets de. nouissent pour. lui. la. nature, et soudain s'éva-. les. fantômes de gloire hu-. maine. La prédication de saint Jacques de. Marche achève l'œuvre commencée par. la. mé-. la. ditation de la mort.. Martin obéit sans délai. a. l'appel. divin.. Sa. de conversion. L'étu-. piété n'avait pas besoin. diant chaste, soumis et studieux devait se trans-. former aisément en novice fervent. Sans morale, était. sans anxiété, attiré par. la. lutte. grâce dont. il. dès longtemps préparé a suivre l'impulsion,. Martin entre,. le. 14 mai 1^06, dans l'Ordre des. Frères mineurs de l'Observance.. Des paroles prophétiques avaient annoncé. et. accueillent cette vocation.. I n jour, dans la chaire de Pérouse, Bernardin. de Sienne, qui. éloquence. évoque. le. le. illustra. par sa sainteté et par son. commencement du quinzième. successeur. «. Après moi,. «. revêtu de ce. dit-il,. que. lui. siècle,. prépare l'avenir.. viendra un autre Bernardin,. même. habit, qui fera de grandes. «. choses. Plusieurs, je. «. pas: pour vous,. le. sais,. ne l'écouteront. crovez à sa parole. et. con-.

(35) ,. —. L'ETUDIANT. «. LE NOVICE.. 27. formez-vous à ses enseignements.. À. ». Flo-. rence, Bernardin de Sienne répète cette prédiction « «. «. :. Avant quatorze. Florence, un. viendra,. te. il. qui. grandes choses. Reçois ses paroles. « ses instructions, «. ans,. Bernardin. autre. duciel. parce qu'il sera. et l'organe. et. pratique. trompette. la. du Saint-Esprit. ô. de. fera. i. .. ». Martin Tomitani sera Vautre Bernardin. En Bernardin de Sienne. i4;">6,. reconnaissante, venait de. était. le. son patronage qu'on placera de Feltre,. justifiant. grand apôtre.. pagateur de. la. même généreuse. Ln le. nom. lui. il. une. sera un prédicateur. même. nom. ce. nardin de Sienne qui. :. c'est. est passé. pendant Bernardin de Feltre. de Jésus.. âme, ardente. évêque pourra dire. Bernardin de Feltre,. pas. lutte. de l'œuvre du. et. dévotion au saint froc,. «. là. sous. c'est. :. le novice. Bernardin. un convertisseur des masses, un pro-. populaire,. Sous. Comme. et l'Église,. prédiction du voyant. la. deviendra l'héritier du. mort,. canoniser. fut. en. et. Ce. n'est. saint. Ber-. «. lui!. ». Ce-. amené par. la. contre les Juifs à exercer un apostolat spé-. La mission de saint Bernardin de Sienne lui-même annoncée par saint Vincent Ferrier cf. Thnreau-Dangin, Fie de saint Bernardin de Sienne, p. 33) et (i). avait été ainsi. parle Bienheureux Jean Ristori. Cf. R. P. Léon, Auréole Séraphique.).

(36) ->. BERNARDIN DE FELTRE.. B.. cial. :. pour. le salut. des petits,. sance de. la juiverie, et. a l'usure.. Son action. rale.. Et. la. la sainteté,. parole,. a son illustre. de. non. le disciple. Saint Jacques de. Ce. Marche. enrôlé aujourd'hui,. c<. Jésus-Christ, lustre sur. tout. un soldat qui. lui aussi,. qu'il reçoit les en-. Nous avons,. «. dans. la. jettera. milice de. un grand. notre Ordre et coopérera puissamment. « à la «loire. de Dieu. et à la défaite. h Observance qui et. les. l'un des. fut. élève,. gagements du jeune religieux.. a. que mo-. patron. d'une grande école.. la. une voix prophétique, tandis. dit-il.. piété. science sacrée et de. la. personnel, se révéla initiateur. maîtres,. la puis-. Monts de. un plan de campagne. suivit. il. attaqua. il. les. fut sociale autant. emprunta. s'il. armes de. opposa. de Satan.. accueillait avec tant. ». de joie. d'espoirla nouvelle recrue, n'admettait qu'une. élite. héroïque.. F'Observance. naissance. prit. du mouvement. de réforme franciscaine qu'inaugura, vers. du quatorzième. siècle,. Trinei. Après. mort de. la. une divergence de vues produite parmi Spirituels,. les. voulaient. d héroïque pauvreté. saint François d'Assise, et. de directions. Franciscains. dans. suivre la règle. autres, les Conventuels,. la fin. Bienheureux Paul de. le. —. :. les. s'était. uns, les. ses préceptes. du fondateur:. ainsi. nommés. les. parce.

(37) L'ÉTUDIANT.. —. LE NOVICE.. 29. qu'ils préféraient les vastes et riches couvents,. —. témoignaient de quelque relâchement. Cependant ce. relâchement. pas. même. n'allait. pas jusqu'au scandale,. une diminution de. à. la piété,. mais. tendait a atténuer par la propriété collective. il. la. pauvreté parfaite qu avait préconisée saint François et avait. que. le. Pape Innocent VIII, lui-même,. d'abord jugée inaccessible aux forces hu-. maines.. Les Conventuels ont. d'éminents prélats. et. du. ,. reste,. donné. de nombreux défenseurs à. l'Eglise (i).. La réforme de Paul de Trinci. faite. dans. le. sens des Spirituels, était devenue nécessaire pour. maintenir. le. caractère particulier de l'Ordre. :. Saint Bernardin de Sienne, saint Jean de Capistran, saint Jacques de la. Marche,. le. Bienheureux. Albert de Sarziano la promurent énergiquement, et. leur pensée. âmes. fortes. que. répondait. si. trois cents. bien au désir des. maisons. et. cinq mille. religieux acceptèrent le retour à la règle primitive.. La. mença. famille de la stricte à être. gouvernée par des vicaires géné-. raux en i438; Léon. X. séparant définitivement. (1). Observance com-. la (i. fortifia. encore en. la. jij) des Conventuels.. Leur dernier couvent en France. fut celui de Paris,. fermé en 1880. 9.

(38) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. 30. An-. L'esprit de saint François d'Assise, de saint. toine. de. Padoue,. de. l'exemple du plus absolu. dénùment aimé. cherché, se montreront au. comme. dépouillés. des carrefours. i. les Christs. monde. peuple. et re-. souffrants et. nus pendus aux croix. .. Le caractère démocratique de Frères. avait. hommes donneront. Désormais, des. triomphé.. Bonaventure. saint. —. mineurs,. ces. l'apostolat des. Démosthènes. «. du. selon l'expression de Lacordaire. »,. —. convenait au tempérament énergique, au cœur. compatissant de. Bernardin de Feltre;. franchise de leur parole, a sa passion tice. :. la. la. pour. rude. la jus-. portée sociale de leurs œuvres, à sa vi-. sion très nette des nécessités du temps.. Pour. donner tout entier. se. attaches terrestres.. conserva dans. a tous,. il. Des souvenirs du passé. le cloître. que. la. tendresse. Lorsque Dieu conduit une âme dans tudes de. la. monde. vie religieuse, le. rupture des liens de n'est. la. famille.. :. Bernardin. l'entendait. amener son père Donato, qui i. La. il. ne. filiale.. les soli-. croit a la. vie. parfaite. cependant pas exclusive des affections na-. turelles. ici. brisa les. On compte. jusqu'à nos jours. bienheureux ayant appartenu. à. 20.. ainsi.. Pour. rêvait de gloire. suints canonises et. l'Observance. diverses congrégations qui s'y rattachent.. ou aux.

(39) L'ETUDIANT.. humaine, douceur. LE XOYICE.. approuver sa vocation,. a. il. :!1. l'éclaira avec. tendresse par les pensées de la Foi.. et. Plus tard, quand mettait a. -. genoux. Cette piété. il. rencontrait son père,. demandait. et lui. filiale fut. il. se. sa bénédiction.. récompensée. comme. et. pro-. posée à l'admiration chrétienne par une insigne faveur.. Un. jour, Bernardin était en chaire. dain, interrompant son discours,. une profonde douleur apprendre. lui. la. aiment en Dieu Quelle que novice,. mort de et ils. et. lui.. s'abîme dans. il. sa. mère. Les saints. .... i. aiment parfaitement.. fût l'excellence. longtemps pour. des dispositions du. la vie. apostolique dura. Les vœux de pauvreté, de. d'obéissance imposent a. la. nature de. durs sacrifices. Le religieux doit suivre. dans (i). douloureuses étapes de. les. Les biographes sont formels dans. vélation.. que sur. Cf. la. père ou de. la. le. Christ. Passion pour. le récit. de cette ré-. Âcla Sanclonim. septembre. Us ne. diffèrent. mort du mère de Bernardin. Cependant nous devons. question de savoir la. sou-. une révélation venait de. préparation a. la. chasteté. :. :. s'il. s'agissait. de. la. ajouter que saint Bernardin de Sienne fut, dit -on. favorisé. d'un message céleste analogue, lors. île. la. mort de. cousine Tobia, protectrice de son enfance. (Cf.. Dangin, Vie de saint Bernardin de Sienne,. p.. 1. sa. liiuvau-. ')-.). C'est. Tune des nombreuses similitudes (pie nous aurons à signaler dans la vie des deux saints, et pour lesquelles n<Ri> en référons aux annalistes anciens san> pouvoir préciser s'ils. ont été victimes de quelque confusion..

(40) 32. B.. consommer volonté.. Il. le. BERNARDIN DE FELTRE. crucifiement de. apprendra. a n'être. chair et de. la. la. qu'un instrument. entre les mains de ses supérieurs pour devenir le. ne verront plus. les. créatures. chercheront que. les. âmes.. vie, privée. cesse. lui. et. et. ne la. humain, avec. attrait. formation religieuse. la. devienne. joyeux,. le. émonde,. purifie,. que l'homme, enfin surnatura-. élevé, jusqu'à ce lisé,. de tout. terrestres. marchera dans. mission de conduire ses frères. El sans. a. il. pour. Il. conscience du but qu'il doit atteindre,. la seule. où. Ses yeux. ministre fidèle des conseils divins.. messager angélique qui, rapide. porte en. tous lieux. ordres du. les. Seigneur. doivent. Elles. pénétrer très. de. la. pénitence. se. développer. lentement. profondeur. avant dans F obscure et. de l'étude,. les racines. du grand. arbre qui résistera à l'étreinte des tempêtes abritera sous son. Pendant tifie,. ombre. treize ans.. les pèlerins. Bernardin prie. ne limitant. le. jeune. et. la vie.. et «se. les. tions qu'à la défaillance de ses forces.. conseil que plus tard. gieuses la. de. et. mor-. n'accordant que deux ou trois heures au. sommeil,. le. et. :. il. « Faites attention. donnera. Il. flagella-. pratique. à des. reli-. qu'après avoir quitté. grande mer du monde pour ne pas vous noyer,. faites. attention à ne. pas vous asphyxier dans.

(41) .. —. L'ETUDIANT.. LE NOVICE.. 33. un verre d'eau; n'avez de rattachement pour. aucune chose. si. ,. minime. qu'elle. soit. puisque. ,. vous avez renoncé aux grandes choses; prenez. garde que rien ne vous domine. Y.. » Il. supporte. courageusement une maladie contractée pendant son séjour à Venise,. et qui. ne dura pas moins de. montée. huit années. Elle est déjà bien rude cette. au. Calvaire. Marche. !. Cependant. saint. Jacques. de. la. prédit a son disciple qu'elle deviendra. plus douloureuse encore, qu'elle lui fera verser. goutte à goutte. ce. sang du. sacrifice. qui est. le. prix du rachat des âmes.. Les plus humbles travaux manuels sont cherchés par ce palricien. :. il. re-. y voit une partici-. pation à cette vie populaire qu'il aimera d'une. compatissante. mains. et. se durcissent. protectrice :. tendresse.. callosités,. — jamais disparues, —. à l'ouvrier. :. rir,. Te suis ton frère.. racontait-il. «. pourra dire. il. J'aurais voulu. emploi. J'avoue que. demanderais que l'on. deux. i ). offices,. et j'en. Cin que Predich e. si. je. ce n'est j'en-. ne prêchais,. me donnât. ressentirais. si. même,. de cuisinier ou d'infirmier. Et. vie cet je. mou-. un jour, sans avoir jamais occupé. aucune fonction dans un monastère, celle. Ses. plus tard, montrant leurs. l'un de ces. une grande.

(42) 34. BERNARDIN DE FELTRE.. B.. joie. Oui! j'envie ces fonctions;. grand mérite:. lation et l'avancement spirituel. À Mantoue. et à. sont d'un. elles. proeurent une vraie conso-. elles. Vérone,. i. o. .. pénètre de. se. il. la. doctrine des Pères de l'Eglise qui sera l'âme de sa prédication. et. lui. donnera. force, la sim-. la. un Français, docteur de. plicité et l'onction. C'est. l'Université de Paris, qui, à Venise, lui enseigne la. théologie.. La prêtrise. intellectuelle sorat. vingt-quatre ans.. qu'il reçoit a. encore appliqué au. laisse. >.. .. de. travail. le. formation. la. joint a ses études le profes-. Il. dans une école de jeunes gens. quelques panégyriques.. et. prononce. En 14^9 seulement,. les. supérieurs de l'Ordre, dans un chapitre tenu a. Venise,. le. nomment. Ainsi plus de. la. prédicateur.. moitié de sa vie s'est passée. aux pieds des chaires sacrées. profanes. —. :. tel. Cinque Pretliche.. 1. 1). -tint. On. et. Bernardin traduisit, verscette époque,. Jérôme. lui. et. attribue. le. Traité de la. un Traité. Lettres de saint Jérôme,. comme. je voudrais. excellemment ans que. je. la. l'ai. il. règle de la les. je. vous. confession. Parlant des. de la. \. ie. spirituelle.. mains. duire du latin en italien, ce que je. exemplaire,. le. Lettres de. disait à des religieuses. que vous eussiez ce. eu entre. les. virginité de saint Basile.. donnerais.. :. on. fis. ». livre! Il. me. Oh!. :. Il. exp ee. y a déjà trente pria de. Si j'en avais. le. tra-. quelque. Cinquo Prediche..

(43) L'ETUDIANT. le. semeur. jettera à. recueille la. —. LE NOVICE.. 35. semence de choix. mains pleines sur. le. qu'il. champ du Père de pour mon-. famille. L'intelligence s'est humiliée. haut;. ter plus. la. solitude. rame. Et maintenant,. mes. du. cloître. a. l'astre, surgissant. fortifié. des bru-. matinales, va embraser l'horizon.. Dans. la. muette. adoration. du. sanctuaire.. Bernardin a posé son front sur le cœur du Maître, et. de. l'amour divin, l'amour des frères l'enflamment zèle ardent.. Il. se. science et de sainteté, (ialilée, ». il. la voie,. homme. lèvera donc, et,. comme. le. de. Christ de. appellera les foules pour leur annoncer la vérité et la vie »..

(44) CHAPITRE HT LE PIIKDICATI.. L'éloquence de populaire en elle. la. Italie,. chaire. un langage. que n'atteignaient pas riens. ni. préciosité. la. i;. fut. seule vraiment. au quinzième siècle. aux masses. s'adressait. idées, parlait. I. pathétique ou familière,. et. des. aux. esprits. des grammai-. rhéteurs.. elle avait. Seule,. présentait des. intelligibles. la subtilité. (i).. Ardente,. tous les accents. qui portent la conviction et l'émotion dans les. âmes. Elle revêtait. le. Christ des vêtements de. l'époque, à la manière de certains peintres, et le. présentait. comme un doux. visiteur qui s'asseoit. au fover de tous, qui s'enquiert des joies et des souffrances,. de Lazare i. II. —. et. le. Jésus desXoces de Cana. l'Hôte. de Zachée. Le peuple comprenait. n'y eut d'orateurs en Italie, à cette époque, <[ul. les. orateurs. liv.. X.. art.. sacre.-. i.. ». Tiraboschi, Hist. de la Litter.. ital...

(45) LE PRÉDICATEUR.. une. facilement saisissants:. résumée en tableaux. doctrine aimait. il. exemples. les. dialogues pittoresques;. :::. les. pour. passionnait. se. il. vécus,. drame des destinées de l'homme qu'on. ce. lui. montrait, se déroulant sur une scène connue, au. milieu des péripéties de. de. pas, elle laissait transpa-. foi n'éblouissait. la. raître la. couleur et la forme des objets qu'elle. l'événement du jour,. éclairait. C'étaient. tudes locales, les. mêmes de. faits. de cadre. qui servaient venait. comme un ami. ment,. et qui,. dans. la. affaires. i);. la. On. âmes.. l'aimait. étranger. a. S'il. les. habi-. vulgaire. vie. au discours.. L'orateur. converse familière-. qui. l'auditoire,. qu'il inspirait attirait. d'abord,. et. par. on. lui. demeuré impersonnel,. fût. forces de son apostolat.. de sa santé, de ses. lui,. sympathie. aimait la vérité.. la. cordialité de l'abandon, ne. craint pas de parler de. les. lumière. la vie réelle: la. il. eût. perdu l'une des. Le procédé oratoire des. prédicateurs populaires de jadis, avec ses rudesses, sa variété,. son imprévu, peut étonner ceux. à qui l'admiration. des Massillon. (i). Cf. les. exclusive. impose. Sermons de. le. saint. Bourdaloue. des. respect. et. de certaines. Bernardin de Sienne. :. Le. Prediche volgari di san Bernardino, édite da Luciano Bianr/ti.. t.. II, p.. 260, jjG. 38cj.. el. passim,. — cités. par. reàu-DaogÎD, Vie de saint Bernardin de Sienne. li.. BERNARDIN DE FELTRE.. 3. Thu-.

(46) 38. BERNARDIN DE FELTRE.. B.. formes consacrées de. cependant. cette. la. pensée. simplicité,. et. de. parole. la. liberté. cette. apostoliques ne convenaient-elles pas.. :. tout. aujour-. et. d'hui encore ne conviendraient-elles pas. a beau-. coup d'auditoires plus sensibles aux impressions qu'au savant appareil du raisonnement.' L'hu-. maine. faiblesse est souvent incapable de suppor-. l'atmosphère raréfiée des sommets:. ter. se. elle. fatigue a gravir sans cesse les cimes, et, dans. la. solitude des horizons grandioses, elle regrette. la. douce vallée. oii. se. meut. l'activité. des vivants.. Lorsque nos églises sont désertées par. la. foule,. missionnaire accuse lindifférence des fidèles. le. :. peut-être doit-il se souvenir que ses devanciers, les. grands conquérants d âmes, parlaient un lan-. gage facilement compris de tous pas abaisser. en. lui. et. ne crovaient. majesté de l'enseignement divin. la. donnant. le. tour pittoresque. et. varié,. jamais froid ni abstrait, qui charme, émeut ou terrifie.. Le prédicateur, au sait à. l'homme. siècle. de Bernardin, s'adres-. tout entier, au citoyen. comme. au. chrétien, et s'efforçait de diriger la vie publique. avec autant d'autorité que. la vie. privée. Aussi. il. entraînait les foules, suscitait les courants d'opi-. nion. même. en dehors des régions de. la. Foi, et,. tandis que aucun tribun ne surgissait au milieu.

(47) -. LE PREDICATEUR.. des conflits politiques,. il. un réformateur de. rôle,. 39. devenait, avec Savon a constitution, avec saint. Jean de Capistran, un chef d'armée. Si. l'élo-. quence parlementaire commande encore. à. contemporains, quelle devait être alors sance d'action de l'orateur sacré. par. le. fois. par. l'éclat. son autorité à. chaires,. de la. la sainteté.. la. La. religion prêtait. Foi amenait au pied des. de toute. privées :. propagande. leur puissance d'émotion n'a-. vait pas été affaiblie. par. versité des conceptions. la. la puis-. s'imposait. solution de toutes les questions.. étaient. écrite des idées. la mutiplicité et la di-. que prodiguent. journal modernes. Curieuses,. sions. Il. caractère respecté de sacerdoce, quelque-. Les multitudes que. le. !. nos. nouvelles, les cités. le livre et. avides de pas. n'attendaient que de. parole publique les inspirations supérieures.. Elles s'exaltaient. volontiers; elles se donnaient. avec enthousiasme à celui qui leur parlait de Dieu, de patrie, de justice. et. de liberté. Jamais. plus large, plus magnifique conquête ne s'offrit à l'éloquence.. La prédication, de règne chrétien était. ainsi et. devenue un instrument. de direction des peuples,. une charge redoutable. Aussi lorsque. supérieurs. le. désignèrent. Bernardin s'effrava d'un. si. comme. ses". prédicateur.. périlleux honneur.. Il.

(48) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. l'i. devant. vit surgir. lui les. âmes innombrables. arracher au péché,. lui faudrait. adversaires. les. qui lui opposeraient d'implacables colères,. poussière des combats obscurcir. apparue au. vie; et cette vision,. même. nature. la. et. la. horizon de sa. 1. seuil. du. cloître. profondément.. paisible, le troubla. D'ailleurs,. qu'il. l'avoir destine à cette mission.. ne semblait. Très. petit. de. pas. taille,. au point que son buste dépassait a peine l'appui. de. la. lui. donnait amicalement. chaire,. Lui-même. méritait le. il. aux. disait. surnom de parvulus que le. Pape Innocent VIII.. neveux du Pape Pie. Eneas Svlvius Piccolomini a. vous. «. petits. dino, cité. il. et. moi, de. hommes avait. .. la. «. \ous sommes,. famille des piccolomini. A. ». :. II. des. Fra Bernar-. sa signature,. coutume d'ajouter avec une simpli-. charmante. Cependant. :. il. piccolino e poverello. souvient que. se. de l'homme qui veut se diriger. les. à. i. .. jugements. son gré, sont. infirmes et que la suprême vertu est l'accomplis-. sement de. j. la. Lors [ue. les litanies. volonté de Dieu manifestée par les. les. confréries qu'il avait fondées, récitèrent. près de son corps exposé à Pavie. elles ajou-. tèrent cette invocation. nobis.. Nec. — Léonce. tibi displiceat. brevis initia. poma. :. Bernardine parvule noster, ora pro. du saint, dit quod ûscorpore parvusj hortubis iste. Vénitien, dans son Éloge. gerit.. :.

(49) LE PRÉDICATEUR. supérieurs. le. consulte donc. Il. 11. de ses maîtres,. I'iid. vénérable Sixte de Milan.. une scène émouvante,. C'est. du. cette entrevue. saint vieillard et de son disciple.. Bernardin ex-. pose ses craintes. II. défiance.. et sa. invoque. les. ignorances que tant d'années d'études n'ont pas. achevé de vaincre. fait. Il. ne. sail,. ne peut. Sixte. il. mettre à genoux, trace solennellement. gne de. la. l'embrasse. croix sur les lèvres de et. lui dit. :. «. embarras de. «. de. a. Soyez sans crainte,. «. plus devant le Crucifix que dans. lui. le si-. puis. l'élu,. il. Dieu vous enlève tout. «. la. le. langue pour vous montrer que. vous tiendrez. le. don de. mon. fils!. prédication,. la. Vous apprendrez les livres. \. .. ». Et Bernardin se relève confiant.. Toute hésitation cesse pour Désormais. (i). ses. lui. :. Dieu. veux demeureront. a. parlé.. sur. fixés. Waddiisg, Annales Minorum. prétend que,. signe de. la. croix, Sixte de Milan guérit. par. le. Bernardin d'une. grave difficulté de prononciation. Les autres biographes saint ne. le. font pas allusion à une guéri son de ee genre.. du Il. peu vraisemblable que Bernardin eût la parole embarrassée, puisque, déjà à ce moment, il avait prononcé arec paraît. succès quelques oraisons funèbres. El. comment. le^. chefs. de l'Ordre eussent-ils choisi un bègue pour prédicateur?. Waddinga. trop facilement cède au prestige. du miracle. — et. interprète dans le sens matériel une grâce toute morale. Cf. Bollandistes, supr, cit..

(50) 42. B.. BERNARDIN DE EELTRE.. Christ, docteur et inspirateur suprême. vres, consacrées par le signe. répété. de. la Foi,. La grande parole de mule, en termes. dans. après avoir. science humaine, ne seront plus que. la. l'interprète des pensées surnaturelles. cité. Ses lè-. la. (i).. Sixte de Milan, qui for-. précis, le devoir de la simpli-. si. prédication, ne fut pas seulement. une. leçon pour Bernardin de Feltre, elle fournit aussi. une réponse aux critiques ignorants ou aux sectaires. comme Henri. Estienne et Voltaire qui ont. prétendu envelopper tout puis. le. la fin. le. sermonnaire, de-. commencement du Moyen Age. du seizième. siècle,. dans une. jusqu'à. commune. ac-. cusation de bassesse ou d'exaltation, de ridicule. ou de raffinement. Ce sermonnaire, on. comme un exemple mélange barbare. et puéril. du sacré. et. l'a. cité. comme un. de mauvais goût,. du profane,. de plaisanteries grossières et de subtilités théologiques. Est-ce. de Sienne. et. que, cependant, saint Bernardin. Savonarole. ,. saint Jean de Capistran. Robert de Lecce, n'ont pas pratiqué. et. (i te's. De. ses. sermons,. le. pré-. ne nous reste que des extraits édi-. il. à \ enise en i532, et. le. manuscrit, déposé. à la Biblio-. thèque de Florence, d'une conférence donnée aux Bénédictines de. cette ville.. Ce manuscrit. a. ét<. :. publié, avec. quatre serinons de Michèle de Milano par Fia ftfarcelliuo. da Civezza. :. Cinque prediche a monache, di duc. cescani del secoln. Xf\. (Prato, 1881.). cclcbri. Fran-.

(51) LE PREDICATEUR. cepte de Sixte. recouru de. à la. i. ont varié leurs procédés,. Ils. .' ). véhémence,. à la. tendresse, à. mais toujours. la raillerie,. 43. ils. gaieté. la. ont exprimé des. sentiments vrais, poursuivi un but. utile.. On. peut. leur reprocher quelque rudesse, quelque naïveté,. surtout l'excès de l'analyse, mais non pas la blesse d'avoir sacrifié. mœurs. le. fond. a la. fai-. forme. Leurs. oratoires n'eurent pas la rigidité, la froide. correction. des. nôtres,. moins. du. elles. furent. ennoblies par cette simplicité du cœur. loyales, qui,. selon le. Dieu. ».. mot de Y Imitât ion,. «. recherche. Bernardin de Feltre nous apporte lui-même. son témoignage.. Comme. quoi, en dehors. du texte sacré. on. lui. pas de latin clans ses discours, « L'ostentation n'a «. le. demandait pourinitial,. le saint. ii. ne. citait. répondit. :. jamais produit de bons fruits:. discours souvent interrompu par des cita-. n'émeut pas lame des. «. tions ne pénètre pas,. «. auditeurs. » S'adressant aux Bénédictines de. Florence,. il. simplement.. (i). On. leur dit ». Et en. «. :. Je vais vous parler très. dont. effet tout ce discours,. doit citer encore,. parmi. les. époque, après saint Vincent Ferrier. prédicateurs de cette et le B. Pierre. de Pa-. ïenne, Bernardin de Busti, Albert de Sarziano. Michel de. Carcano, Paul Attavanti, Lippo Brandolini. et. Fra Sfarian. de Gennazano, l'adversaire politique de Savonarole..

(52) 44. BERNARDIN DE FELTRE.. M.. texte. le. qu'une. nous. parvenu intégralement, n'est. est. exhortation. malgré. sa. longueur. dépourvue,. imagée,. vive,. l'importance des sujets. et. trai-. de tout appareil oratoire. Des divisions très. tés,. nettes endiguent l'abondance de l'improvisation.. Waddiog, presque un contemporain de teur, jugeait. Feltre. :. «. Il. ainsi. ne charmait. oreilles. les. humaine. paroles de sagesse. «. ni. «. rhéteurs, mais. par l'ardeur de sa piété. «. ses. a. leur opposer les vertus contraires. » \\. :. toute la. des. l'art. atteignait l'intime des. il. cœurs. méthode de. consistait a attaquer les vices et a. adding décerne. le. Carcano, l'émule de les. ora-. par des. ni. par. «-. sermons. 1. l'éloquence de Bernardin de. même. élo^e a Michel de. Bernardin. :. cet éloge,. tous. Frères mineurs l'ont mérité. Si quelques pré-. dicateurs ont cédé a l'enthousiasme excessif des. humanistes pour. la littérature. païenne,. les. gles d'une. modeste. et. pieuse simplicité.. Fran. aux rè-. ciscains ont toujours soumis leur parole Ils. avaient. plutôt tendance a abaisser le ton de leur prédi-. cation jusqu'à. mieux mettre. une extrême a la. pour. se. portée de l'auditoire. L'abus. des citations latines. et. des raffinements du style. dont Bernardin se garda pas a redouter de. familiarité. la. si. sévèrement, n'était. part d'orateurs populaires,. qui par des procédés incompris de. la. foule igno-.

(53) LE PREDICATEUR. rante, eussent. capucin, vait. i). ment. «. :. et. homme. je. qui,. leur succès. C'est d'un. Séraphin, que La Bruyère écri-. Cet. que. siècle,.... compromis. P.. le. que. je souhaitais. Au. et. ardem-. ne daignais pas espérer de notre avec un stvle nourri des saintes. Ecritures, explique au peuple. uniment. 45. la. parole. divine,. familièrement, est enfin venu. ». surplus,. comment. pourrait-on analyser et. apprécier complètement un sermonnaire qui ne. nous. guère connu que par des résumés. est. des, de simples notes. clercs, à la. ari-. ou bien par des amplifi-. œuvres de seconde main. que. manière des scholiastes pour. les. des. cations,. ,. les. ma-. nuscrits antiques, ont rédigées selon leur goût et criblées d'interpolations maladroites? Est-ce. d'après. la. momie. masque. au. raidie, enserrée de bandelettes,. colorié,. corps, vigoureux. donc. et. que l'on peut juger d'un souple quand. mait? L'infortune subie. par. la. vie l'ani-. Barletta,. célèbre. prédicateur dominicain au quinzième siècle, ne fut. pas sans doute exceptionnelle. Toute. l'Italie. savante et plébéienne applaudit cet orateur dont la. réputation donna naissance au proverbe sou-. vent cité tare. ». (i). :. «. Nescit prœdicare qui nescit harlet-. Or Henri. Estienne, dans Y Apologie cTHé-. Les Caractères, chap.. XV. De. la. chaire..

(54) BERNARDIN DE FELTRE.. B.. !.;. radote chap. i5, 19. et 21),. tionnaire historique et a la. de. risée. Ravie, clans. le. de ses. postérité en extrayant. la. Dic-. critique, ont livré Barletta. sermons imprimés des passages où. la. bouffon-. nerie et la grossièreté échappent à toute excuse.. Le prédicateur loué par tout un peuple n'aurait donc été qu'un indigne bateleur? Léandre. contemporain de Barletta, donne, dans. Âlberti,. sa Description de l'Italie, l'explication de cette. antinomie. On. c<. :. a. imprimé des sermons qu'on. attribue a ce savant et éloquent prédicateur, et. qui ne sont pas dignes en vérité d'un. homme;. ils. connu. clans. prix,. les. il. y trouve. si. grand. sont l'ouvrage d'un ignorant que. ma. j'ai. jeunesse. Pour leur donner du. publia sous. le. nom du. beaucoup de choses. P. Gabriel.. qu'il vaudrait. On. mieux. qui n'eussent jamais été écrites. ». Les sermons proprement en italien. 1. (1).. On. Charlemagne voulut. sumant. faire. de. un devoir rigoureux. Vn. vulgaire. les. dits. ne recourait au. la. se latin. donnaient. que pour. prédication en langue. capitulaire de 81 3, ré-. principes poses par cinq conciles provinciaux,. porte, art. 14. :. 1. De. officio prc&dicationis,. ut juxta vulga-. Le 12 e canon du concile de Mayence, en 847, reprend les expressions a Fisum est unanimitati mêmes du concile de Tours ris. popuhis. intelligere possil, assidue fiât,. s. :. noslrœ.... et. ut casleiu humilias quisque aperte Iransferre. studcat in rusticam ro ma nain linguam aut Theotiscam^què.

(55) LE PREDICATEUR. les allocutions. aux clercs,. panégyriques,. les. les. 47. oraisons funèbres,. les. harangues. et aussi. pour. la. rédaction définitive des discours qui, après avoir été. prononcés en. italien, revêtaient la. forme de. au copiste ou. a l'impri-. doctrinaux. traités. meur. Le nait a la. toujours réputé langue noble, don-. pensée une consécration en quelque sorte. officielle. Ainsi. latin,. livrés. ,. mais n'était pas. telles. œuvres. langue apostolique.. la. latines qui.. par leur tour. oratoire, semblent reproduire des discours, n'étaient. que des travaux académiques destinés. un public. spécial. qui exigeait. prétendu beau langage. :. les. artifices. à. du. ce ne sont pas des do-. cuments sincères de l'éloquence sacrée.. Quoi qu'en. ait. pensé. la critique, qui,. tend à devenir plus judicieuse le. du. reste,. et plus juste. pour. sermonnaire ancien, nous estimons probant. fac'dius ciuicti possent inteliîgere ces textes et. surtout d'après. le. quœ. dicuntiir.. D'après. simple bon sens qui ne. permet pas de supposer qu'on prêchât clans une langue inla majorité des auditeurs, on peut affirmer que. connue de. sermonnaire populaire, au Moyen Age, n'a jamais recouru latin. Pourquoi l'usage établi au neuvième siècle eût-il été modifié, alors que l'intelligence du latin devenait de. le. au. plus en plus rare dans les classes inférieures?. Langlois, Lecoy de. la. Marche ont. tains critiques qui ont pris. texte. même. des discours.. la. MM.. Jansse,. relevé l'erreur de cer-. traduction latine pour. le.