FACULTE DE
MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1897-1898 IV0 19
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DES
SINUSITES FRIIVniXS
ET DE LEUR TRAITEMENT
par l'Ouverture large et le Drainage endo-nasal
(Méthode OGSTON LUC)
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 1er Décembre 1897
PAR
BenLoiL-Loials-A-LicjnsLe IV ORMANT
Néà Brest(Finistère),le26 août
1873.
professeur Président.
professeur....i agrégé
[
Juges.chargé decours)
Le Candidat répondra aux
questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de
l'Enseignement médical.
!mm. piechaud
DENUCÉMOUREBORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX —
91
1897
Faculté de médecine et (le Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES
Doyen.
PIlOFlfSSJEUltS
MM. MIGE...
AZAM.
DUPUY, Pro fesseurs honoraires.
Cliniqueinterne
MM.
\ PICOT.
I PITRES.
nl. . , \ DEMONS.
Clinique externe
j
LANElj0NGI!Pathologieinterne.. . N.
Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie V1AULT.
ACi11 80tl10S 80.11 SKCTION DE MÉDECINE (Patholog
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHr,.
Physiologie Hygiène Médecine légale Physique Chimie
Histoire naturelle . ..
Pharmacie Matière médicale Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Cliniquedes maladies chirurgicales des en¬
fants.
Clinique gynécologique lOXITItl IC IO :
ie interneetMédecine MM. SABRAZÈS.
LE DANTEC.
MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
légale.)
SECTION DE CHIRURGIEET ACCOUCHEMENTS (MM. VILLAR.
Pathologie
externe]
B1NAUD.BRAQUEHAYE
Accouchements (MM. RIVIERE.
CHAMBRELENT
Anatomie..
SECTION DES SCIENCESANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
JMM.CANNIEU.PRINCETEAU | PhysiologieHistoire naturelle. MM. BEILLE.PACHON.
SECTION DESSCIENCES PHYSIQUES
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
ChimieetToxicologie DEN1GÈS.
j
« OI BIS < OII l»M ?l i:\ B A I ItB'IS :
Cliniqueinterne des enfants
MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques DUBREUILH.
Clinique des maladies des voies urinaires
POUSSON.
Maladies du larynx, desoreilles etdu nez
MOURE.
Maladies mentales
RÉGIS.
Pathologie externe
DENUCÉ.
Accouchements
RIVIÈRE.
Chimie
DEN1GES Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Tliesesqui luisontprésentées doivent être considérées comme
propres à leursauteurs,et
qu'elle n'entendleurdonnerniapprobation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DE MES GRANDS-PARENTSA MON PÈRE
A MA MÈRE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÉCHAUD
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE
INFANTILE A LA FACULTÉ
DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
PRÉFACE
Avantde terminer nos
études médicales, nous tenons à
remercier tous nos
maîtres de la Faculté et des hôpitaux, de
de leurs savantes
leçons et de leurs excellents conseils.
M. le Dr Moure,
qui
nousinspira ce travail, a particulière¬
ment droità notre
reconnaissance pour l'affabilité que nous
rencontrâmes
toujours chez lui dans le courant de nos
étudesetl'obligeance avec
laquelle il nous aida dans l'exé¬
cution de notre
thèse. A cette occasion nous avons mis à
contribution l'obligeance
de MM. les Drs Brindel et Trivas,
nousleursenadressons
tous nos remerciements.
Que M.
le professeur agrégé Le Dantec nous permette de le
remercier de la
sympathie qu'il a bien voulu nous témoigner
pendant notre séjour à Bordeaux; nous nous en souvien¬
drons toujours
et
avecplaisir.
Nous sentons bien
vivement l'honneur que nous fait M. le
professeur Piéchaud en acceptant la présidence de notre
thèse, nous ne
saurions trop l'en remercier.
DIVISION
Notre travail sur les sinusites
frontales
et leur traitementsera divisé comme suit :
Chapitre
premier.Anatomie.
Chapitre
II.Etiologie.
Chapitre
III.Symptômes.
Chapitre
IV.Diagnostic.
Marche. Pronostic.Chapitre
V.Traitement.
Observations.
Conclusions.
Bibliographie.
CHAPITRE PREMIER
ANATOMIE.
PHYSIOLOGIE
Berengenio
(de Carpi) découvrit les sinus frontaux. Parsyn
les étudia sous le nom de «
sinus sourciliers
»,dénomina¬
tion remplacée
aujourd'hui
parcelle de « sinus frontaux ».
On désigne sous ce nom
deux cavités situées à la partie
antérieure et inférieure de
l'os frontal, au-dessus et en
dehors des cavités
nasales, au-dessus et en dedans des
orbites et formées par un
dédoublement de l'os frontal.
Les sinus frontaux
n'existent
pasà la naissance; ils sont
d'ailleurs, dessinus
de la face, les derniers à apparaître.
D'après
Tillaux, l'époque de leur apparition est variable; ils
n'existentpas
chez les sujets âgés de moins de dix ans tandis
qu'ils
sont déjà très développés sur les sujets de dix-huit à
vingt ans ;
d'après cet auteur, les sinus apparaîtraient vers
l'âge
très variable d'ailleurs de la puberté, alors que la face
prend
undéveloppement considérable et rapide. D'après
M. Poirier, les sinus
commencent à se développer vers la
deuxièmeannée et
résultent de l'envahissement de l'os au
niveau de la
glabelle
parles cellules ethmoïdales antérieures.
D'après
Myle, les sinus frontaux n'existeraient pas chez les
nègres;
leur absence n'est pas rare encore chez les blancs.
Les sinus frontaux
ont la forme d'une pyramide triangu¬
laire dont le
sommet serait placé dans la portion ascen¬
dantedufrontal au
point où les deux tables se soudent l'une
- 10 —
à l'autre et la base formée par la région de passage entre le toit et récaille de l'orbite et par
l'excavation
de la partie nasale du frontal.Les deux sinus sontséparés par une cloison osseuse ; très épaisse au début de leur
formation,
cette cloison s'amincit à mesure queles sinusgrandissent et, parfois
même, d'après Tillaux, disparaît
en partie. Exactement située sur laligne
médiane enbas,
la cloison s'en écarte à mesure qu'elles'élève,
se portant tantôt àdroite,
tantôt àgauche,
defaçon
que l'un des sinus est
toujours plus développé
que l'autre.Il n'y a pas de
règle
précise à cetégard,
mais unfaitcurieux,
signalé parBouyer,
c'est qu'au sinus frontaldéveloppé
cor¬respond un sinus sphénoïdal plus petit et
réciproquement.
Pour
Tilley,
la cloison à l'état normal esttoujours complète.
Chaque
sinus frontalcommunique
avec le méat moyen par un canal appelé canal frontal ou mieuxfronto-nasal.
L'orifice supérieur de ce canal correspondant au sinus est
placé de
chaque
côté et tout près de la cloison médiane.L'orifice inférieur s'ouvre par
l'infundibulum
dans le méat moyen, non loin del'ouverture
nasale du sinusmaxillaire située dans la gouttière
infundibulaire.
Lalongueur
de ce canal est en moyenne de 15millimètres
chez l'homme et10 millimètres chez la de
femme;
son diamètre est de 2 à 3 mil¬limètres. Sa direction et sa
longueur
sont trèsvariables;
dans
beaucoup
de cas, laflexuosité
est telle qu'il seraitimpossible
de pénétrer par le nez dans le sinus sans faireune fausse route. Parfois
même,
un stylet poussé de force enhaut,
dans la direction habituelle duconduit,
pénétreraitnon dans le sinus de ce côté mais dans un
prolongement
du sinus du côté opposé.Bouyer
estime à 4 centimètres cubes enmoyenne la quan¬
tité de
liquide
que peuvent contenir les deux sinus frontaux d'un hommevalide, maiscettecapacité estvariableàl'infini;
chez un mêmesujet, un sinus sera juste assez
large
pour contenir une fève ordinaire tandis que l'autre sera dix fois plus grand; ou bien iln'y
aura pas de sinus dutout;
ou— 11 —
bien encore, un sinus manquera
d'Un côté, l'autre étant bien
développé.
Il est donc bien difficile de parler des dimensions
normales dessinus frontaux,
mais
onpeut admettre, comme
type
dans la pratique,
unsinus mesurant 28 millimètres de
largeur,
atteignant environ la jonction des tiers interne et
moyen
du rebord sus-orbitaire et de 20 à 22 millimètres de
hauteur. On peut
dire, d'une façon générale, que plus le
sinus est développé
plus le sujet est âgé. Le sexe influe
aussi sur les
dimensions de
cescavités : elles sont plus
grandes chez l'homme que chez la femme.
En dehors des nombreux cas
d'atrophie des sinus fron¬
taux les anatomistes
ont signalé l'absence complète de
sinus;
Poirier
aobservé le fait 2 fois sur 30 cadavres;
Bouyer a
noté cette absence dans la proportion de 4 à 5 %.
Lacavité du sinusest
tapissée
parune muqueuse qui se
continue avec la
pituitaire mais qui en diffère essentielle¬
mentà tous égards;
cette muqueuse est mince, lisse, rosée,
peu
adhérente à l'os. Elle est formée de deux couches, l'une
muqueuse,
l'autre périostique ; elle renferme des glandes à
mucus, pour
la plupart simples. Les parois antérieure et
inférieure du sinus
contiennent de nombreux vaisseaux
sanguins,
tandis
quela face postérieure en rapport avec la
dure-mère estpeu
vascularisée. Les veines se rendent dans
la veine
ophtalmique, quelques-unes dans le sinus longitu¬
dinal supérieur
et dans la veine du trou borgne. Les filets
nerveux, qui
sont
engrand nombre, viennent du filet
ethmoïdal du rameau
nasal de la branche ophtalmique de
Willis.
Les auteurs ne
sont
pasd'accord sur le rôle physiologique
dessinus frontaux.
Pour les uns, les sinus frontaux, comme
les autressinus de
la face, auraient une action favorable sur
la
phonation
; pourles autres, ce ne seraient que des organes
de
perfectionnement annexés au sens de l'odorat, d'où le nom
de « cavités olfactives » que
leur avait donné G. Martinius ;
pour
cet auteur, les sinus avaient pour fonction d'augmen-
— 12 — ter l'étendue de la surface
destinée à recevoir
l'impression
et desécréter une humeur qui maintient la pituitaire dans
un état
d'humidité
continuelle. Pourd'autres auteursenfin,
parmi
lesquels Tillaux,
les sinusn'auraient aucunrapport
physiologique
ni avec laphonation,
ni avec l'olfaction ; ilsrempliraient,
comme les canauxmédullaires
des oslongs,
un'rôlepurement
mécanique, allégeant
le poids de la tète sans en diminuer larésistance,
et présentant aux musclesune plus
large
surfaced'insertion
sansaugmentation du poids de la tête.
CHAPITRE II
ÉTIOLOGIE
L'empyème
des sinus frontaux est une affection très rare
chezl'enfant, fait
facile à comprendre étant donnée l'absence
outoutau moins le peu
de développement de ces cavités. A
partir
de vingt
ans,la sinusite frontale devient fréquente
sans
qu'on puisse fixer un âge où cette fréquence soit plus
marquée.
L'influence du sexeest
plus sensible. Suivant Guillemain et
Pitiot,l'homme
serait plus souvent atteint que la femme; sur
31 cas cités par
Guillemain, on trouve 19 hommes ; 9 cas
observés par
le professeur Panas appartiennent tous au sexe
masculin.
Quoique
souvent unilatérale, la sinusite double est fré¬
quente
soit
parpropagation d'un sinus à l'autre, soit par
blessure de lacloisonau cours
d'une opération. Luc conseille
danslescasdouteux
d'employer l'incision verticale et médiane
deMayo
Collier qui permet d'ouvrir simultanément les deux
sinus.
On a peu
d'observations de sinusites frontales d'origine
syphilitique; Cruveilhier et Lannois citent 2 cas dans les¬
quels la relation de causalité entre l'affection syphilitique du
nez et la sinusite
paraît à leur avis très admissible. Sur 11
casdontMartindonne
l'étiologie, 6 seraient dus au trauma¬
tismeet les 5autres
seraient d'origine syphilitique. Le grand
— 14 —
développement
des sinus frontaux chezles
syphilitiques héréditaires
lesprédisposerait
à la sinusite.L'influence de la tuberculose n'est pas mieux
démontrée
quecellede la syphilis: malgré164
autopsies consciencieuses,
Kûhnt n'a jamais trouvé de tubercules dans les sinus. La part du
lymphatisme
serait,d'après
Pitiot,plus
impor¬
tante.
La
blennorragie
a été accusée deproduire,
dans certains cas, une inflammation des sinusfrontaux,
mais les observa¬tionsne sont pas très probantes. On cite aussi plusieurs cas de malades atteints en même
temps
de teigne et de sinusite frontale.Toutes les pyrexies,maissurtout la rougeole et
Tinfluenza,
ontsur les sinus frontauxun
retentissement marqué.
Millier, devienne,
etByran
citentun grand nombred'observations
prouvant nettement l'action de Tinfluenza sur les sinus,
action se faisant sentir par
l'intermédiaire
de la muqueuse nasale qui est la première atteinte. D'autre part, ce que Ton prend pour un accès d'influenza peut n'être que le prodrome de la sinusite.D'une
façon générale, l'inflammation
du sinus reconnaîtpour cause soitune sinusite
maxillaire,soit
untraumatisme,
soit un coryza, soit un corps
étranger,
soit enfin une lésion osseuse.Si Ton songe au
voisinage
dansTinfundibulum
des deuxouvertures des sinus maxillaire et
frontal,
on comprendra facilement combien doit êtrefréquente
lapropagation de
l'inflammation
du sinus maxillaire par le canalfronto-nasal
aux cellules ethmoïdales antérieures et au sinus frontal ; aussi
Tempyème
du sinus maxillaire est-il très souvent accompagné de celui du sinus frontal.La chute sur le front accompagnée ou non
d'hémorragie,
la fracture du
frontal,
un coup violent sur larégion
sont autant de causescapables, on en a de nombreux exemples,
dedéterminer un abcès du sinus frontal.
Une autre cause
fréquente
de lasinusite,
c'est le coryza;fait facile à
comprendre si l'on sait que la muqueuse du sinus
n'estautre chose que
la continuation directe delà membrane
deSchneider;
quand cette dernière s'enflamme,la muqueuse
du sinus s'enflamme
après elle et sécrète d'une façon exagé¬
rée ainsi que
celle du canal fronto-nasal par propagation. Du
fait de cette
inflammation, surtout du fait d'un coryza chro¬
nique ou
répété, cette muqueuse du canal finit par s'épaissir
et ses
parois
par sesouder entre elles, empêchant ainsi la
sortie des mucosités
sécrétées
parla muqueuse enflammée
du sinus : l'abcès du
sinus est alors constitué. Nombreuses
sontles observations
d'empyème du sinus frontal succédant
à un coryza par
le mécanisme que nous venons d'indi¬
quer.
Les corps
étrangers des sinus frontaux peuvent être
vivants ou inertes. Dans
le premier cas, l'on voit apparaître
rapidement des accidents terribles; dons le Second cas, au
contraire, la
marche de la maladie est plus lente. Les corps
étrangers
vivants, susceptibles de s'introduire dans le sinus
frontal, sont
le plus souvent des mouches (.Dermalobia
noxialis,
cephalomia ovis, etc.) ; elles pénètrent dans les
fosses nasales à
l'état de larves, remontent jusque dans les
sinus frontaux et
s'y reproduisent avec une effrayante rapi¬
dité,
amenant la plupart du temps des accidents fort graves
qui
réclament une intervention énergique et prompte. Parmi
les corps étrangers
inertes des sinus frontaux, on a des
observationsde fuseau
brisé, de pointe de javeline, déballés,
etc., ayant
déterminé des abcès ; quelquefois l'abcès s'ouvre
de lui-même et le pus
entraîne avec lui le corps étranger,
mais
généralement
uneintervention chirurgicale est néces¬
saire.
L'ostéite de la
paroi peut aussi déterminer l'inflammation
de lamuqueuse
du sinus et l'amener à suppuration ; on cite
plusieurscas
d'ostéite syphilitique ayant déterminé l'abcès
du sinus frontal.
Nous citerons à ce
sujet
uncas intéressant observé à la
Clinique du
D1' Moure. Le malade du lit 5, de la salle 14, pré-
sente une fistule partant du côté gauche de la racine du
nez et se rendant dans les cellules ethmoïdales. La fistule a été curettée plusieurs fois; lors du dernier curettage on découvrit un point de nécrose de l'os propre, d'où partait un
trajet fistuleux se
dirigeant
vers le sinus frontal gauche.Devant la possibilitéd'une sinusite frontale
fistuleuse,
M. le DrMoure décida latrépanation
du sinus. Le 13 novembre, on faitl'éclairage
des sinus frontaux : le sinus droit s'éclairebien,
le gauche au contraire reste sombre. M. le Dr Moure procède àl'opération.
Le trajet fistuleux est débridé et la paroi du sinus mise à découvertpar une incisionpartant du tiers interne du sourcil etallantrejoindrela fistule débridée.
Avec la gougeet le maillet, M. Moure faituneouverture dans la paroi osseusequi est excessivementépaisse et dure et on
découvre les méninges. Le malade n'avait pas de sinus gauche, ce qui expliquaitbien l'obscurité de la région de ce
sinus à
l'éclairage.
La fistule est curettée etbadigeonnée
auchlorure de zinc ; un
fragment
de l'os propre nécrosé est enlevé à la pince coupante et la plaie est suturée dans toute soft, étendue.CHAPITRE III
SYMPTOMES
On reconnaîtaujourd'hui deux
formes de sinusite fron¬
tale, l'une aiguë,
l'autre chronique. La première, avec ses
symptômesbien accusés,
nepouvait
manquerd'attirer l'at¬
tention desopérateurs;
aussi a-t-elle été depuis longtemps
étudiée. La seconde, au contraire, n'est
guère
connue que depuisquelques années, confondue qu'elle était le plus sou¬
vent avec un coryza chronique.
Forme
aiguë.
—Tant
quele canal fronto-nasal n'est pas
oblitéré,
permettant le libre écoulement
parle nez des pro¬
duits desécrétionexagérée, la
sinusite pourrait
seconfondre
avec un simple coryza aigu.
Mais dès
quele gonflement de
lamuqueuse du
canal et de l'infundibulum et Fépaississe-
ment des sécrétions rétrécissent ou ferment
complètement
la lumière du canal fronto-nasal, entraînant
ainsi la stagna¬
tion du pus dans le sinus,
les symptômes apparaissent bien
nets : douleur frontale nettement localisée et
écoulement
d'un pus
fétide
et crémeuxdans le méat
moyen-La douleur occupe, du côté
du sinus malade, la région
frontale et le fond de l'orbite ; elle peut
s'irradier de l'autre
côté et mêmeà toute la face. Elle est constante,
gravative,
avec recrudescences, prenant
parfois les allures d'une né¬
vralgie. Elle peut se
présenter
sousforme de crises avec
frissons, fièvre et troubles nerveux
variés, crises plus
ouN.
- 18 —
moins rapprochées les unes des autres. Elles reviennent quelquefois d'une
façon régulière
etpériodique
pouvant les faire prendre pour unemanifestationimpaludique.
Lesmou¬vements de tête un peu
brusques, l'éternùment,
l'action de semoucher, la pression même légère sur larégion
malade sont autant decauses susceptiblesd'exagérer
les phénomè-mes douloureux. On observe
parfois,
en plusdes symptômesdéjà signalés,
desbourdonnements
d'oreille. L'intensitéde la douleur est très variable ; elle peut même, danscertains cas, passerinaperçue
;l'écoulement
du pus par le méat moyen devient alors le seul symptômeimportant.
Ce pus, plus ou moins épais, s'écoule généralement par les narines dans la station
verticale;
le malade dit alors moucherbeaucoup;
mais souvent l'infundibulumestdisposé
de telle sorte que le pus s'écoule dans le
naso-pharynx,
le malade dit alors cracher du pus ; larhinoscopie
antérieurene décèle souvent rien
dansfjce
cas ; l'examen du naso-pha- rynx, au contraire, décèle facilement la présence du pus.Dansledécubitus
dorsal,
lepus tombedans lenaso-pharynx.
Suivant la remarque de Pitiot, un écoulement nasal abon¬
dant atténue souvent et termine même les crises doulou¬
reuses; le sinus s'estdébarrassé de son trop
plein,
le malade est soulagé pour quelquetemps.
Ce pus n'offre rien de spécial au pointde vue
clinique
; d'a¬prèsSabrazèket
Rivière,
il contiendraitdans laplupartdes
casdès pneumocoques. M. Photiadès signale une femme atteinte de sinusite frontale dont le pus devenait sanguinolent au moment des
règles.
Bien souvent, quand le canal fronto-nasal n'est pas obli¬
téré, la douleur frontale et l'écoulement de pus par le nez constituent les seuls symptômes. Mais que, pour une raison
quelconque
: gonflement extrême de lamuqueuse, épaissis-
sement du pus,
fongosités,
la lumière du canal vienne à serétrécir et même à
s'oblitérer,
on voit apparaître les signescaractéristiques
del'empyème
dusinus;
gonflement de la régionfrontale,
douleur extrême à la pluslégère pression,
- 19 -
troubles visuels divers :
œdème de la paupière supérieure,
çhémosis,. immobilisation de l'œil, exophtalmie, diplopie. et
mêmecécité (cas
de Richer). Souvent le pus perfore la table
antérieure du frontal et fuse sous
les téguments, se collec¬
tant le plus
souvent à l'angle supéro-interne de l'orbite avec
tous les
symptômes d'un abcès : chaleur, douleur, gonfle¬
mentde la région,
fièvre et frissons. Tantôt, l'extension se
faisantdu côté dela
paroi postérieure, c'est la table interne
qui est
perforée et l'on se trouve alors en présence d'acci¬
dents
encéphalo-méningitiques heureusement fort rares, le
plus
souvent mortels.
Forme latente. — Cette
seconde forme de sinusite frontale
est plus
difficile à diagnostiquer, le principal symptôme con¬
sistant le plus
souvent dans l'écoulement, dans le cornet
moyen,
de
pus quela rhinoscopie antérieure décèle facile¬
ment et dont sont
recouvertes de nombreuses fongosités.
Parfois la
céphalalgie,
ousimplement la sensation de tension
danslarégion
sourcillière, accompagnée de gonflements pas¬
sagers
disparaissant après un écoulement plus abondant de
pus par
le
nez,attire seule l'attention du malade. Il peut
aussi existerde
l'exophtalmie et du larmoiement par com¬
pression du
saclacrymal. A l'éclairage par transparence,
dontnous
parlerons plus loin, le sinus paraît obscur.
Nous ne
parlerons point des sinusites frontales chroniques
accompagnées de fistules, bien faciles à reconnaître.
Malgré leurs
symptômes peu accusés, ces sinusites ont
souvent sur la santé
générale
uneinfluence néfaste recon-
nue depuis peu
de temps. Lermoyez a signalé dans son
Manuel desmaladies
du
nezplusieurs cas de diarrhée opi¬
niâtre chez desmalades
atteints de sinusite chronique, diar¬
rhéequi ne
céda qu'à la guérison de la sinusite. L'infection
desvoies
respiratoires à la suite d'affections du nez est chose
depuis
longtemps reconnue ; les voies digestives seront aussi
peut-être atteintes. Comment se fait l'infection? Est-ce par
pénétration directe des éléments septiques dans l'estomac?
Ou bien est-elle due
à la résorption du pus qui stationne
- 20 —
dans les sinus enflammés? Il est permis de croire que les deux voies servent à la pénétration des poisons. Toujours
est-il que
l'appétit disparaît complètement,
les digestions de¬viennent pénibles, la peau prendune teinte
terreuse,
et sou¬ventmême l'on observe dans le
caractère des malades des
changements sensibles;
ce qui permet de considérer cesphénomènes commecirconstances
étiologiques
bienétablies,
c'est que le traitement des
sinusites, drainage
du pus à l'ex¬térieur et nettoyagedes cavités, modifie en quelques jours l'étatgénéral des malades.
A ces symptômes vient
s'ajouter
une série de phénomènes objectifs qui nesont pas sans importance. En effet, à l'exa¬men
rhinoscopique antérieur,
ce quifrappera
tout d'abord la vue, ce sera un gonflement plus ou moins marqué du tiers antérieur du cornet moyen, quelquefois même du cornet in¬férieur. Si un seul côté est atteint, on constatera dans le méat moyen vers le tiersantérieur,dans le
voisinage
du point où se trouve ordinairement l'orifice du sinusmaxillaire,
soit des
fongosités,
de véritablespolypes
ou unesimple
tu¬méfaction de la muqueuse. On y verra aussi un amas de pus jaunâtre,qui, enlevé avecle
porte-ouate,
ne tardera pas àre¬paraître presque aussitôt, s'écoulant même dans bien des
cas verticalement sur le cornetinférieur
jusque
sur le plan¬cher du nez.
L'éclairage
des sinus fournira aussid'importantes
indica- cations.M. le Dr Moure se sert, pour cet
éclairage,
d'une petitelampe électrique
de 5 à 6 volts enfermée dans un man¬chon de bois; un second manchon formé par une surface réfléchissante
s'adapte
au premier, son extrémité libre est fermée par une lentille convexe ; la lumière de lalampe
se réfléchit au centre de la lentille qui fait convergerles rayons dans le sinus à éclairer. Le malade étant placé dans l'obscu¬rité, tenant l'instrument par la partie en
bois,
onapplique
l'autreextrémité à la racine du nez, le plus profondément possible sous le rebord orbitaire
supérieur;
si on fait passer— 21 —
le courant, la région
s'éclaire d'une façon plus ou moins
vive, suivant que
le sinus est sain ou contient du pus ; si les
deux sinus s'éclairent
également,
onpeut dire qu'ils sont
sains; au cas
d'une inégalité d'éclairage, le sinus obscur est
malade oubien, comme
dans le
casrapporté plus haut, le
sinus n'existepas ;
dans le
casd'obscurité des deux régions,
ou les deux sinus sont
malades,
ouil n'y
a pasde sinus du
tout.
CHAPITRE IV
Diagnostic. — Le
diagnostic de la sinusite frontale est
souvent très difficile,
surtout
audébut de l'affection, alors
qu'il
n'existe encore qu'une hypersécrétion de la muqueuse
enflammée. Plus
tard, quand apparaissent la douleur nette¬
ment localisée,
l'écoulement du pus dans le méat moyen et
surtout une tumeur
fluctuante à l'angle supéro-interne de
l'orbite,le doute
devient difficile.
A côté de la
rhinoscopie antérieure, nous montrant dans le
méat moyenun pus
crémeux répandu sur des granulations
polypeuses, nous
avons à notre disposition, pour faciliter le
diagnostic, plusieurs moyens : l'éclairage du sinus, le lavage
explorateur,
l'éclairage de la face par transparence.
Du pus
existant dans le méat moyen, s'il reparaît rapi¬
dement
après
unlavage soigneux du sinus maxillaire, on
est certain
qu'il vient des cellules ethmoïdales antérieures
ou du sinus
frontal, mais non du sinus maxillaire.
La méthodede
Héring vient encore aider au diagnostic. Le
malade étant
placé dans une chambre obscure, on lui
introduit dans
la bouche une lampe de 5 à 6 volts qui
éclaire la face par
transparence. Si le pus trouvé dans le
méat moyen
provient du sinus maxillaire, il existe du côté
malade une
obscurité de la paupière inférieure et de la joue
— 24- —
contrastant avec
l'éclairage
de ces parties du côté opposé.Si, au contraire, la présence du pus étant bien démontrée dans le méat moyen d'un côté,
l'éclairage
est égal des deux côtés, le sinus maxillaire est sain et le pus vient des cellules ethmoïdales antérieures ou du sinus frontal correspondant.Au cas d'une obscurité latérale obtenue dans ces
conditions,
on pourrait être sûr de l'infection du sinus
maxillaire,
mais il ne faudraitpoint pour cela mettre hors de cause le sinus frontal correspondant.L'éclairage
et l'examen direct fourni¬raient tous les renseignements nécessaires.
L'auscultationdes sinusfrontaux aurait,
d'après Czernicki,
son utilité : si lesinus contient du pus, on
entendra,
àchaque
expiration forte, un ronflement ou un sifflement qui n'existe pas à l'état normal. Mais ce signe n'a qu'une valeur bien suspecte, on le comprend, car dans le coryza ce ronflement existe aussi.Tous ces moyens, associés aux symptômes caractéris¬
tiques de
l'empyème
dusinusfrontal,
permettront de ne pas confondre cette affection ni aveclamigraine,
dontelle diffère par l'absence de troublesgastriques,
la douleur mieux localisée etplus durable et l'existence antérieure d'un coryza aigu ouchronique;
ni avec lesnévralgies trifaciales,
dont les accès nesont jamaissuivis,
comme dans lasinusite,
de l'écoulement par le nez d'un flot depus qui
soulage
lemalade;
ni avecunemanifestationimpaludique,
quel'emploi
du sulfate de quinine fait rapidement
disparaître.
Les anté¬cédents du malade et le succès du traitement
spécifique
feront reconnaîtreuneexostose. Le mucocèlesedifférenciera
de
l'empyème
par la lenteur de sondéveloppement
et l'absence de phénomènesinflammatoires.
Inutile de parlerdu
kyste hydatique
du sinusfrontal,
dont on ne possède qu'une seuleobservation,
relatée parLangenbeck.Une tumeurfluctuante existantà
l'angle
interne del'orbite,
la
situation,
la réductibilité de cettetumeur,
l'absence d'une-épipliora prolongée
avant sonapparition,
l'absence du pus sortant parles pointslacrymaux
à la pression sur le sac,— 25 —
sont autant designes qui feront
reconnaître de la dacryo-
cystite, unabcès du sinus.
Dans le cas
d'empyème fistuleux et de dénudation de l'os,
on songera à de l'ostéite ou
de la carie tant tuberculeuse
que
syphilitique; les antécédents du malade fourniront de
précieux
renseignements.
Nous avons signalé plus haut
le
moyende savoir, du
pusexistant dans le méat moyen,
s'il vient du sinus frontal
ou du sinusmaxillaire.En résumé : existencede coryzas
antérieurs, douleur bien
fixe, pus
dans le méat
moyen,tels sont les signes les plus
importants
d'un abcès du sinus frontal
;les moyens que
nousavons signalés fixeront
le diagnostic.
Marche. -- La sinusite frontale, après une
période aiguë
plus oumoins longue, peut guérir spontanément : les
douleurs
disparaissent, l'écoulement de
pusse tarit, la
muqueuse
reprend
sonaspect normal. Plus souvent, l'écou¬
lementpersiste
plus
oumoins violent, avec cette caractéris¬
tique que,
dès
quel'écoulement ne se fait plus, les douleurs
reparaissent;
les parois
osseusesvont alors s'amincissant,
finissent par se
détruire
;le
pusserépand sous les téguments,
et la plupart
du temps
sefait jour au dehors créant une
fistule par
où s'échappe du
pusen plus ou moins grande
quantité.
Parfois cet écoulement diminue, cesse même
complètement et la fistule
seferme; mais au bout de quelques
jours
apparaissent des douleurs de tète, de la rougeur de la
peau, de
la douleur à la pression et le débridement de
l'ancien trajet laisse
échapper des flots de pus. Quelquefois
la sinusite peut
longtemps n'incommoder que légèrement le
malade, mais il
arrive toujours un moment, des mois et
même des années
après le début de l'affection, où l'inter¬
vention s'impose,
soit du fait de l'augmentation du pus, soit
à cause des
phénomènes si douloureux de rétention.
- 26 —
Pronostic. — Le pronostic est généralement favorable,
mais il n'en est pas moins vrai que, mises à part les compli¬
cationscrâniennes, heureusement fort rares, et dontBotey
cite pourtant 3 cas dont 2 suivis de guérison, le sujet
atteint d'une sinusite frontale est exposé à toutes les compli¬
cations des plaies :
érysipèle
de la face et du cuirchevelu, phlegmon, etc. Nombreuxsont les troubles de compression produitsdu côté des organesvisuels :exophtalmie,
immobi¬lisation de l'œil, strabisme,
diplopie
etquelquefois
même pertecomplète
de la vue. La santé générale peut aussi seressentir, nous l'avons vu déjà, de sinusites frontales pro¬
longées.
Les cas les plusfavorables sont, sans contredit, ceux où le pus
s'écoule
facilement audehors; c'est
une conditionque le traitement doit s'efforcer de remplir.CHAPITRE V
TRAITE MENT
« Dans les formeslégères,
formes muqueuses, on pourra
se borneradésinfecter
le canal naso-frontal en supprimant à
la pince
coupante
ouà la curette toutes les fongosités qui
recouvrent
Pinfundibulum;
onassurera ainsi la liberté de
l'écoulementdans
l'intérieur du
nezet l'on pourra au besoin
pratiquer des lavages ou des pulvérisations directes qui
seront facilités par
l'élargissement du conduit qui mène
vers les sinus frontaux; on
rendra même plus facile cette
manœuvre en enlevant
le tiers antérieur du cornet moyen,
comme pour
les cellules ethmoïdales.
» Dans les formes graves, au
contraire, on disposera de
trois
procédés qui sont
:1° le sondage du canal naso-frontal
et le traitement directparce
conduit; 2° l'ouverture intra-
nasale du sinus; 3°
le traitement par voie externe.
» 1° Sondage
du canal naso-frontal
—Si l'on se rappelle
l'anatomie
changeante de la région sur laquelle nous avons
à opérer
et la variabilité de ses rapports, il sera facile de
comprendre combien il est aisé de se tromper de direction et
de pénétrer
soit dans les cellules ethmoïdales antérieures,
soit dans l'intérieur
de la cavité crânienne même, tout en
croyant
aller
versle sinus frontal. Toutefois, il faut bien
reconnaître que
les partisans disent qu'il est des formes direc-
tespyorrhéiques où l'élargissement du canal et des sinus eux-
- 28 —
mêmes est tel que les
lavages
directs se trouvent singuliè¬rement facilités etque l'on peut, à la
rigueur,
essayer pen¬dant quelque temps ce mode de traitement.
» Ainsi que le dit Kulint, le sondage peut être
indiqué
dans les sinusites consécutives à unemaladieinfectieuse,
telle que la scarlatine, la rougeole, la variole, quelques rhinites chro¬niques même, surtout
lorsqu'il
est institué de bonne heure.Grâce à l'habileté du médecin et à la patience du
malade,
on peut arriver à guérir certains
empyèmes
dessinus fron¬taux parce
lavagedirect
; mais si Tonserappellel'inefficacité absolue de cemode de traitement dans bon nombre de sinusi-tesmaxillaires,
que nous avons le moyendelaverplus facile¬ment, plus
dïrectement'et
pluscomplètement,
on compren¬dra combien doit être
dérisoire,
dans les formes vraimentfongueuses,
ce traitement endo-nasal qui, pratiqué d'une manière un peu trop brutale, peut avoir de graves inconvé¬nients.
» 2° Ouverture intra-nasale. — On sait qu'il y a plusieurs années, Diffenbach et Schaeffer ont préconisé l'ouverture intra-nasaledu sinus frontal à l'aide d'une cuillèreou d'une sonde fenêtréeque l'on poussait au-dessus ducornet moyen et un peu en dehors. Maisoutre que le procédéneréussit pas dans tous les cas, on
s'expose
très souvent à pénétrer oudans les cellules ethinoïdales ou même à travers la lame cri¬
blée de l'ethmoïdedans les cavités crâniennes. Il faut que le sinus frontal soit considérablement
élargi
et queses parois soient très amincies pour que l'on puisse aisément arriver dans sonintérieur;
dans tous les cas, la voie ainsi créée n'estjamais bienlarge.
Gommeelle exposel'opérateur
à des ennuis et le malade à des accidents, elle est condamnée par tous les auteurs, aussi nous bornons-nous à lasignaler
»(*).
3° Méthodeexterne.— Sans parler de la lenteur de la gué- rison par les procédés cités, onpeut encore, avec
Lermoyez,
leur reprocher d'être très
dangereux,
étant donnés la friabi-(i) Dr Moure,Congrès deMoscou.
— 29 —
lité du canal fronto-nasal et surtout, du côté externe, le peu
d'épaisseur de la lame
qui sépare
cecanal de l'orbite, d'être
la plupart
du
tempsimpuissants contre des sinusites ancien¬
nes avec
fongosités
etd'être enfin toujours douloureux.
Aussi la méthode intra-nasale devait-elle être bientôt
abandonnée pour
la méthode externe, méthode Ogston Luc,
consistant dans l'ouverturelarge du sinus, son
curettage et
son drainage. Avec cette
méthode, l'opérateur pouvant
serendrenettement compte de ce
qu'il fait, le danger n'existait
plus, si
l'on connaît l'anatomie élémentaire du sinus, de
léser un organe
important; de plus, le curettage étant fait à
ciel ouvert, peut être
plus complet, et les récidives, si fré¬
quentes avec
le traitement
parvoie nasale, ne sont plus à
craindre. Mais la nécessité de drainerpar
la plaie exposait à
une infection secondaire des téguments, à
l'érysipèle, à la
fistule, à unecicatrice
qui défigurerait plus
oumoins l'opéré ;
ces inconvénients donnèrent
l'idée d'associer
audrainage
frontal le drainage nasal; les
résultats furent meilleurs; ils
devinrent excellents
quand fut apporté
auprocédé son
dernier
perfectionnement
:fermeture immédiate de la plaie
frontale et drainage
endo-nasal employé seul. Telle est
aujourd'hui la
méthode Ogston Luc, dont les résultats pro¬
clament hautement la
supériorité
surtoutes les autres
em¬ployées jusqu'ici dans le traitement des sinusites frontales.
Opération.
—D'après Luc, l'opération se fait de la façon
suivante :
L'asepsie du
champ opératoire étant faite, la moitié interne
du sourcil rasée et le malade
soigneusement endormi, on
pratiqueuneincision courbe le long du tiers interne du bord
orbitaire, incisionque
l'on prolonge d'un centimètre sur le
bord
correspondant de la racine du nez et qui doit aller jus¬
qu'à l'os.
Après avoir pincé et lié les branches artérielles qui
saignent, 011
reporte les parties molles et le périoste en haut
versle front, en basvers
l'œil, de façon à bien découvrir le
champ
opératoire.
On attaque
alors la lame antérieure du frontal, soit avec
— 30 —
le trépan
électrique
avec lequel on ne court aucun danger,si l'on a soin de ne pas pousser trop
fort
le perforateur, soitavec la gouge etle maillet. L'issue de pus et
l'apparition
defongosités,
faisant hernieà traversl'ouverture,
confirment le diagnostic. Si cette ouverture n'est pas suffisante, onl'agrandit à la pince coupante
jusqu'à
lui donner des dimen¬sions supérieures à celles d'unepièce de 50 centimes.
Ceci fait, on procède, muni d'une
lampe
frontale, à uncurettage minutieux du sinus, d'abord avec une curette de Volkmann assez grosse, puis avec une curette plus fine que l'on pousse
jusque
dans lescoins lesplus reculés du sinus,carla plus petite fongosité oubliée amènerait fatalement une récidivequi réclamerait une seconde intervention. Du côté du canal fronto-nasal, le curettage ne doit pasêtre moins minutieux et il ne faut pas craindre de s'ouvrir une large
voie à travers les cellules ethmoïdales antérieures, le plus
souvent infectées et qui, mal curettées, seraient le point de départ d'une récidive.A la minutie doit s'ajouter la prudence pour éviter depénétrer dans
l'orbite;
aussinedoit-on enleveravec la gouge que de petits copeaux, s'il est nécessaire d'y
recourir pour établirune largecommunicationentre le sinus et la narine. Le premier temps de
l'opération,
qui en est aussi le plusimportant,
est terminé.Après s'être bienassuré qu'iln'existeplus, ni danslesinus, ni dans le canal
fronto-nasal,
la moindrefongosité, l'on badi¬geonne, avec untampon de ouate imbibé de chlorure de zinc au l/5e toute la surface interne du sinus, les cellules ethmoïdales ouvertes etle canal fronto-nasal. Le badigeon-
nagefini, toutle
foyer
est saupoudré d'iodoforme.On procède alors à la mise en place du drain. Pour éviter au malade l'inconvénientde fils collés surla figure, destinés à maintenir le drain, Luc en a inventé un, pourvu d'une extrémité en entonnoir qui. placée dans le sinus, l'autre extrémité plus mince sortant par la narine, empêche le drain de tomber. Pour introduire ce drain, on se sert soit d'un styleten argent, stylet de Luc, dont la malléabilité s'ac-
— 31 —
commodeauxcottrburesàsuivre,soit
du stylet de Panas dont
la courbure fixe représente
celle de la majorité des canaux
fronto-nasaux. On introduit cestylet
dans la plaie frontale,
la concavitéen avant; par un
mouvement tournant,
onar¬
rive aisément à faire sortir son
extrémité inférieure
parla
narine ; 011 fixe
à cette extrémité
unlong et fort fil de soie.
Lestylet est
alors tiré de bas
enhaut, entraînant le fil dont
l'extrémitésupérieure
vient sortir
parla plaie frontale, l'ex¬
trémité inférieure sortantpar la
narine. On détache alors le
stylet et
l'on fixe à l'extrémité suprérieure du fil l'extrémité
mince du drain que
l'on introduit dans la plaie en tirant
le fil de hauten bas; on cesse
de tirer quand
onvoit l'extré¬
mité en entonnoir du drain logée
dans le sinus. On coupe
alors l'extrémité mincedu
drain
aurasde la narine et l'on
suture la plaie
frontale dans toute son étendue; on la re¬
couvre d'un
pansement iodoformé et ouaté légèrement
compressif qu'on laisse
enplace pendant tout une semaine
à moins d'élévation de la
température.
Pendant les troisjours
qui suivent,
oninjecte par le drain
une solution tiède de
sublimé à 1/2000,
oumieux encore le
contenu d'une seringue de
Pravaz chargée d'éther iodo¬
formé.
Au boutde huit jours, la
plaie frontale est réunie, on en¬
lève les fils. Un petit
pansement ouaté simple est appliqué
sur la région encore
sensible pour la protéger contre les
chocs
possibles.
A ce moment de sa
maladie et de l'opération le malade ne
gardeplus
quele drain; encore sa forme spéciale le rend-elle
peu
gênant; M. Moure cite cependant un cas où, du fait de dou¬
leurs intolérables, il dut
enlever le drain le lendemain de
l'opération.
Ce drain
unefois enlevé ne pouvant plus être mis
en place,
combien de temps faut-il le garder? La réponse est
difficile, mais
la meilleure règle de conduite à tenir est de
n'enlever le drain que
lorsqu'on
se serabien assuré que l'é¬
coulementdepus
est complètement tari.
Il fautrecommander au