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Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992)

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Géographie et cultures 

53 | 2005

Les cinémas multiplexes

Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992)

Jean-René Trochet

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/11822 DOI : 10.4000/gc.11822

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 mars 2005 Pagination : 142-143

ISBN : 2-7475-8824-6 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Jean-René Trochet, « Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992) », Géographie et cultures [En ligne], 53 | 2005, mis en ligne le 10 avril 2020, consulté le 04 février 2021. URL : http://

journals.openedition.org/gc/11822 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.11822 Ce document a été généré automatiquement le 4 février 2021.

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Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992)

Jean-René Trochet

RÉFÉRENCE

Sophie Lignon-Darmaillac, 2004, Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992), Madrid, Bibliothèque de la Casa de Velazquez, 567 p.

1 De façon discrète, Sophie Lignon-Darmaillac adopte un genre qui a été inauguré par les historiens depuis une douzaine d’années et qui a montré toute sa fécondité : suivre, sur une période donnée, le destin de familles ou de groupes dont l’activité a contribué au développement d’un secteur économique dans une région, et façonné une certaine image de celle-ci voire, comme ici, d’un pays. L’apparition plus ou moins soudaine du populaire taureau en métal noir découpé sur les grands axes routiers espagnols, au détour d’un virage ou au sommet d’un paysage collinaire, et ne portant aucune référence de marque, est la preuve de la « nationalisation » récente du symbole de la marque de « Jerez » Osborne, qui avait su habilement utiliser elle-même auparavant une image « nationale » exportable.

2 Car c’est en grande partie à l’appel de l’exportation que se constitue le vignoble de Jerez. Celui-ci occupe une zone de forme triangulaire qui s’étend entre le Guadalquivir à l’ouest, le Rio Guadalete à l’est et l’océan atlantique au sud, et entre les villes de Jerez de la Frontera, Sanlucar de Barrameda et Puerto de Santa Maria. La contrée est

« naturellement » favorable au développement d’un grand vignoble, puisque les influences océaniques permettent d’atténuer fortement les effets du climat méditerranéen, et sa situation de proximité avec l’océan explique la fortune initiale de ses vins dont l’exportation par tonneaux, principalement vers la Grande-Bretagne, commence dès le début du XVIe siècle. Mais la souche des grandes maisons actuelles s’enracine en partie dans la première moitié du XVIIIe siècle. La maison Osborne remonte plus ou moins directement à la maison Duff Gordon, fondée en 1734 par un

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Écossais, James Gordon ; et la maison Pedro Domecq, alias Pierre Domecq-Lembeye, issue d’une famille du Sud-Ouest de la France en partie d’origine aristocratique, est présente à Jerez dès 1740. Quant à Gonzalez-Byasss, la seule grande maison dont le fondateur, Manuel Maria Gonzalez-Angel, était espagnol, elle fut constituée par son association avec Robert Black Byass (créée en 1855). Mis à part le sulfureux mais bref épisode de la Rumasa, illustré par l’aventurier Ruiz-Mateos qui s’achève en 1983, ces trois grandes maisons connaîtront dans l’ensemble peu de rivaux jusqu’à nos jours.

3 Avec d’autres, moins importantes, elles ont contribué largement à l’élaboration du paysage urbain des trois grandes villes au cours des deux derniers siècles. Les plus anciens chais de Jerez de la Frontera qui ont fait l’objet depuis les années 1980 d’une reconnaissance patrimoniale, sont dispersés dans la ville médiévale ; ceux du XIXe siècle, dits de la « Ceinture ferroviaire », entourent littéralement l’important développement de la ville à cette période, tandis que les chais de la « ceinture routière » construits pour l’essentiel après 1950, forment une énorme concentration périphérique, dont la superficie atteint celle des noyaux anciens de Jerez et conditionne en partie ses développements contemporains.

4 Ces transformations inscrites dans les villes sont loin d’être le produit d’une histoire linéaire. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, les crises se succèdent : le phylloxéra atteint le vignoble de Jerez en 1894, à une époque où la demande avait déjà baissé fortement à la suite de la multiplication des vins communs et bon marché. Le résultat en fut un premier grand mouvement de concentration des maisons exportatrices, en même temps qu’une crise sociale dont l’épisode le plus fameux fut la

« prise de Jerez » le 8 janvier 1892, par les ouvriers et journaliers privés d’emploi. La réponse à ces crises fut en partie trouvée par le développement de la production des brandies, un temps nommés « cognacs de Jerez », principalement destinés au marché national. Elle résida aussi dans la fixation des zones de production, fruit d’enjeux évidemment contradictoires entre les producteurs-éleveurs d’un côté, et les exportateurs de l’autre, les seconds n’ayant pas réussi à contrôler l’ensemble du cycle allant de la production à la vente. Après plusieurs décennies d’efforts et de tentatives, la loi du 26 mai 1933, qui établit la notion « d’appellation d’origine », résolut le problème. La dernière grande crise, provoquée par une importante surproduction, eut lieu dans les années 1980, et ses conséquences présentent des analogies avec celle de la fin du XIXe siècle. Sa conséquence technique principale fut la généralisation de l’exportation en bouteilles au détriment de l’exportation en vrac, qui traduisit la volonté de proposer un produit haut de gamme. Et au plan de la structure des entreprises, elle entraîna la fin du monopole familial dans la direction et 1’actionnariat de ces sociétés. L’expropriation de la Rumasa par le gouvernement socialiste, en 1983, marqua une étape importante dans le processus, puisque la reprivatisation de l’entreprise entraîna « la disparition de petites entreprises, de multiples rachats et restructurations et l’entrée en scène de négociants extérieurs au vignoble andalou » (p. 386), mouvement auquel s’ajouta une importante réduction des personnels.

5 Cette histoire des familles du vignoble de Jerez est en outre écrite d’une façon claire, vivante et pédagogique, ce qui ajoute incontestablement aux qualités de ce très bel ouvrage, parfaitement présenté et illustré.

Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992)

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AUTEUR

JEAN-RENÉ TROCHET Université Paris IV-Sorbonne

Les grandes maisons du vignoble de Jerez (1834-1992)

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