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Submitted on 1 Jan 1971
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DÉTERMINATION D’UN SYSTEME
D’HISTOCOMPATIBILITÉ CHEZ LE PORC (SUS SCROFA) LE SYSTEME SL-A
M. Vaiman, Christine Renard, Ph. Lafage, J. Ameteau, P. Nizza, J. Lecointre
To cite this version:
M. Vaiman, Christine Renard, Ph. Lafage, J. Ameteau, P. Nizza, et al.. DÉTERMINATION D’UN
SYSTEME D’HISTOCOMPATIBILITÉ CHEZ LE PORC (SUS SCROFA) LE SYSTEME SL-A. An-
nales de biologie animale, biochimie, biophysique, 1971, 11 (1), pp.41-54. �hal-00896597�
DÉTERMINATION D’UN SYSTEME D’HISTOCOMPATIBILITÉ
CHEZ LE PORC (SUS SCROFA)
LE SYSTEME SL-A
M. VAIMAN Christine RENARD, Ph. LAFAGE, J. AMETEAU P. NIZZA J. LECOINTRE
Laboratoire-Étable de Radiobiologie appliquée, (D. P. S. Commissariat à
l’Énergie
atomique) (Z). jP. S. CoMttMM!S)’!N!< a<’jëM!!!’e
tt<OMM!M!)78 - Jouy-en-Josas
RÉSUMÉ
A l’aide de la technique sérologique de lymphocytotoxicité, il a été mis en évidence un sys- tème d’histocompatibilité chez le Porc.
L’étude génétique dans cinq familles a montré que le système est gouverné par un seul locus complexe ou plusieurs loci très liés. Le ou les caractères présents sur les autosomes paren- taux sont transmis en bloc à la descendance. On observe 4 classes de porcelets correspondant aux
4
combinaisons génétiques possibles. L’influence de ce système sur la durée de vie des allogreffes
de peau entre frères est statistiquement significative, et tant par sa complexité que par son immu-
nogénicité, il semble être l’homologue du système HL-A de l’homme ou H-2 de la souris.
INTRODUCTION
Le
rejet
d’uneallogreffe, c’est-à-dire,
d’unegreffe
transférée d’un individu àun autre individu de la même
espèce
est le résultat del’incompatibilité
tissulaireentre le donneur et le receveur. On limite les réactions de
rejet
parl’immunosup- pression
et par la recherche de la meilleurecompatibilité possible
entre legreffon
etl’hôte. Nos essais
d’allogreffes
de moelle osseuse chez les porcs irradiés à doses létalesnous ont conduit à
entreprendre
l’étude desantigènes d’histocompatibilité
danscette
espèce.
Dans unepremière étape,
nous avons mis en évidence unsystème lym- phocytaire
à l’aide destechniques sérologiques qui
sont lestechniques
de base pour l’étude dusystème d’histocompatibilité HI,-A
del’Homme,
considéré comme lesystème d’histocompatibilité majeur
avec lesystème érythrocytaire
ABO(D AUSSET
et
R APAPORT , 19 68, a).
Une foisindividualisé,
il a étépossible
d’étudier la transmis-sion héréditaire de ce
système
à l’intérieur de fratries et de tester son rôlepossible
comme
système d’histocompatibilité
au moyend’allogreffes
cutanées.I. -
MATÉRIEL
ETMETHODES
1
. Animaux utilisés
Soixante-dix porcs de race Large White, âgés de 3 à 5mois, et 4 porcs de race Pitman Moore
jeunes adultes, ont été utilisés tant pour la préparation des allosérums que pour le typage des
fratries. Les porcs de race Large White représentent 5 familles achetées dans différents élevages,
alors que les porcs Pitman Moore ont été élevés à Jouy-en-Josas.
2
. Méthode d’immunisation en vue de la préparation des allosérums
La greffe de peau s’est révélée être le mode d’immunisation le plus efficace. La combinaison des greffes de peau utilisées en alternance avec des injections intradermiques de leucocytes donne également de bons résultats, par contre, les injections seules n’ont pas permis l’induction d’anti- corps sériques à un titre utilisable. La greffe de peau se fait sous anesthésie générale par le fluo- thane, au masque. La peau est rasée, soigneusement lavée et désinfectée. Après divers essais,
nous avons retenu comme points d’élection, les faces latérales du cou et du thorax. La greffe est totale, dermo-épidermique, rectangulaire et mesure de 15 à 20cm2. La face interne du greffon est
lavée au sérum physiologique pour éliminer toute trace de sang et on réalise une hémostase aussi
parfaite que possible du lit du greffon. La greffe est maintenue par des points séparés avec la
soie ooo et on protège la plaie par un pansement adhésif. Aucune antibiothérapie n’est néces- saire.
3
. Choix des animaux pour l’immunisation
Nous avons effectué des immunisations réciproques entre des couples de porcs. Pour les porcs de race Large White, dans 17cas, les porcs de la paire sont frères et dans 6 cas, ils appar- tiennent à des fratries différentes. Les deux paires de Pitman Moore étaient des demi-frères.
Dans toutes les paires, l’identité pour le système érythrocytaire A-O a été respectée et lorsque
cela a été possible pour un certain nombre d’autres facteurs appartenant à plusieurs systèmes de
groupes sanguins indépendants : B, E, F, G, J, K.
Après la première greffe, le sérum de chaque porc a été testé contre les lymphocytes du
donneur au 7e jour, puis une fois par semaine. Lorsque le titre est suffisant, on prélève 500 à 6
00ml de sang et le sérum est conservé congelé.
4
. Préparation des suspensions pures de lymphocytes
La technique de préparation des lymphocytes à partir du sang périphérique a été décrite
en détail (VmMnN, RENARD et NIZZA, 1970). Elle permet d’obtenir une suspension lymphocytaire
de 97 à 99 p. 100de pureté avec une viabilité de g5à 99 p. IOO.
Les lymphocytes sont utilisés soit frais, dans la journée, soit après avoir été conservés congelés
à l’azote liquide. La congélation est réalisée selon la technique de refroidissement contrôlé (LovE-
LOCK et BISHOP, 1959), en présence de diméthylsulfoxide. Les cellules sont conditionnées en
paillettes de o,5 ml à la concentration de 5 à 7 ooo cellules par MM3. Après décongélation, le pour-
centage de viabilité est de 80 à 90 p. 100suivant les lots.
5
. Technique de lymphocytotoxicité a) Importance du complément.
La réaction consiste à mettre en présence les anticorps antilymphocytaires et les lymphocytes portant les antigènes correspondants. Les anticorps se combinent avec les antigènes de la mem-
brane et en présence du complément, le complexe altère la membrane qui devient perméable aux colorants, comme le bleu trypan ou l’éosine. La nature du complément est très importante et
comme pour l’Homme (WALFORD, GALLAGHER et SJAARDA, 1964), le complément de lapin donne
les meilleurs résultats tant pour la reproductibilité des tests que pour la sensibilité de la réaction.
Il est nécessaire d’absorber le sérum de lapin car il présente une cytotoxicité naturelle pour les
lymphocytes de porc. Cette cytotoxicité est attribuée à des anticorps hétérospécifiques (HER-
BERMAN
, 1969) et existe aussi pour les lymphocytes humains. On élimine ces anticorps par deux
absorptions successives de 2heures à 40C à raison d’un volume de sérum frais de lapin pour un volume de globules rouges A et 0 mélangés de porc. Le complément ainsi absorbé est titré et conservé en paillettes de o,5 ml à - 196oC. La figure i montre les résultats du titrage d’un même
lot de complément absorbé, brut, et par comparaison, les résultats obtenus pour un même sys- tème anticorps-cellules avec le complément de cobaye et du sérum de porc. Dans cet exemple,
le sérum de cobaye est utilisable mais il donne souvent des résultats très variables. Quant au
sérum de porc, il a toujours une activité complémentaire très faible. Le sérum de lapin donne régulièrement une lyse maximale pour une dilution au demi dans une solution de Hanks et un
volume à, cette dilution représente une unité C’ ioo par convention. Tous les tests sont faits
avec 2unités C’ 100, soit un volume de complément pur pour un volume de sérum.
b) Technique sérologique.
La technique de lymphocytotoxicité est faite en tube pour déceler l’apparition des anticorps
et leur titrage. Dans un tube à hémolyse, on mélange 0,05 ml de sérum à la dilution convenable
(après une décomplémentation de 30 minutes à 56°C) et 0,025 ml de la suspension lymp hocytaire
à 6 ooo par mm3. Les tubes sont mis à incuber i heure à 37°C, au bain-marie, avec agitation toutes
les 20minutes. On ajoute ensuite 0,05 ml de complément et l’incubation est poursuivie pendant
une heure. La réaction de lyse est révélée par addition de 0,025 ml d’éosine (préparée extempora-
nément par le mélange de 3 volumes d’une solution à 5 p. ioo d’éosine dans l’eau distillée et un volume d’une solution de Hanks rendue hypertonique par addition de 2,55 g de NaCl pour 100ml).
On laisse agir le colorant de 3à 5minutes à 37°C et la numération des cellules lysées se fait sur une
lame de Malassez, au microscope à contraste de phase.
La réaction est considérée comme négative si la lyse est inférieure à 20p. ioo. On note entre 20et 40 p. 100: !-, entre 40 et 6o p. ioo : !--!-, entre 6o et 8o p. 100: ++ + et au-delà : -!--!- -!--!.
Pour le typage des porcs qui nécessite un nombre élevé de réactions, nous utilisons la tech-
nique de TFRASAKI et al., 1968, pratiquement sans modification. Elle donne de bons résultats pour le porc et permet d’obtenir en moyenne 95 p. 100de reproductibilité des tests.
II. -
RÉSULTATS Apparition et
évolution desanticorps
Aucun porc ne
présentait d’anticorps cytotoxiques
naturels.En
troisoccasions,
nous avons pu tester le sérum de truies
multipares
contre leslymphocytes
de leursproduits
et deux fois contre les cellules du verrat. Les résultats onttoujours
éténégatifs.
La date
d’apparition
desanticorps lymphocytotoxiques
à un titre décelable estvariable. Dans certains cas les
anticorps
sontprésents
dès lem e -i 3 e jour,
c’est-à-dire,
dès lerejet
de lagreffe primaire.
Leplus
souvent, il faut attendre entre le2 g
eet le
3 o e jour,
soit une semaineaprès
lagreffe
derappel.
Plusieurs animaux n’ontproduit
desanticorps qu’à
la suite d’un second et même d’un troisièmerappel.
Deuxfois,
un seul des animaux de lapaire
adéveloppé
desanticorps
à un titre utilisable et une fois aucun des deuxpartenaires
d’unepaire
n’est devenu actif. Il estindiqué
de
prélever précocement
le sérum pour éviter unemultiplicité
desspécificités
maisil est toutefois nécessaire d’attendre que le titre soit suffisamment élevé.
En
règle générale,
le sérum est considéré comme utilisable s’illyse
au moins6 0
à 70 p. 100 des
lymphocytes
dupartenaire,
aupic.
Lestitres,
définis comme la dernière dilution encorecapable
delyser
30 à 40p. 100des cellules varient selon les allosérums entrei/ 4
eti/i ooo.
Ledegré
depureté
de certains d’entre eux est actuelle- ment àl’étude,
mais il semble que laplupart
soientpolyspécifiques.
Les
figures
2 et 3représentent respectivement
desexemples
de courbes d’évo- lution et de titration de différents sérums.On remarque sur ces
figures
que lepic cytotoxique
maximum pour un sérum donné n’atteint pastoujours
100p. 100mêmelorsqu’il s’agit
des cellules de l’immu- niseur. Le maximum delyse
neprésente
pas une relationsimple
avec letitre,
et un même sérum n’a pas le même titre ni la même activité maximale pour les cellules de différents animauxpossédant
la ou lesspécificités correspondantes.
Cecisignifie
certainement que la
plupart
des allosérums sontpolyspécifiques
et onpeut
supposer que lesépaulements
ou même un secondpic
de certaines courbes de titration ont la mêmesignification.
Lepic
d’activité n’est pastoujours
retrouvé pour les concen-trations
sériques
lesplus
fortes. Souvent il se situe à la dilution un demi ou même,un
quart.
Cephénomène
a été souvent décrit chez l’Homme(F ERRONE , Tosi, C FNRIS , x
9 6 7
).
Ilpeut s’agir
d’un effetanticomplémentaire,
mais on nepeut
pas exclure lapossibilité
d’un effetprotecteur
pour les cellules de certainesprotéines sériques
ouencore des modifications du
pH
ou de concentrations salines(K OURILSKY , 19 66).
Persistance des
anticorps
Après
un repos de 2mois,
le tiers des animaux n’avaientplus d’anticorps
circu-lants à un titre décelable. Les autres porcs avaient des
anticorps
à un titre faible.Durée de vie des
greffes de peau
La moyenne de survies des
4 6 allogreffes
de peauprimaires
chez lesLarge
Whitea été de
8,5 jours
avec des extrêmes de 7 à i2jours.
Bien que lesgreffes
intra-fratries aient survéculégèrement plus longtemps
que desgreffes inter-fratries,
la différencen’est pas
significative.
Enfait,
nous avons constatéque
les critères derejet
retenusinitialement,
enparticulier,
le stade dedemi-nécrose,
nepermet
pas de détermineravec
précision,
la date réelle durejet.
Le processus de nécrose estplus
ou moinsrapide
selon les individus et son évolution n’est pas en relation directe avec le moment où il a débuté. Pour laplupart
desgreffes, plusieurs
stades évolutifscoexistent,
cequi
rend la décision assez arbitraire. Il y a lieu de considérer les valeurs ci-dessuscomme des ordres de
grandeur plutôt
que des résultats absolus.Les
greffes
secondes sontrégulièrement rejetées
de manière accélérée en 4 à 6jours
et on a noté environ 30p. 100degreffes
« blanches ». Ces dernières se carac-térisent par un
rejet
violent sans revascularisation(ST!TSON
etD EMOPOULOS , i 95 8).
Des
biopsies
ont été faites sur desgreffes primaires
et secondaires à destemps
variableset ont fait
l’objet
d’uneétude histologique (A METEAU , z 97 o)., Cette
étude apermis
de retrouver l’évolution
caractéristique
desallogreffes
cutanées bienprécisées
pour toutes lesespèces
étudiées(ME D A W A R , z 95 8).
Étude génétique
dusystème lymphocytaire
Le
typage lymphocytaire
a été fait sur les 70 porcsLarge White,
à l’aide des4
6
allosérums en notrepossession. Chaque
animal a été testé de 4 à 8fois,
en micro-technique
avec des cellules fraîches oucongelées.
Les tableaux i et 2 montrent desexemples
de cestypages.
La famille i
(tabl. i) comprend
unetruie,
un verrat et 21porcelets
issus de deuxportées
successives. Tous les animaux ont pu être testés.Seuls,
les allosérums infor- matifs sontindiqués
et sontgroupés
selon leur mode deréponse.
Les deuxpremiers
groupes ne reconnaissant que les
antigènes
maternels sont mutuellement exclusifs l’un de l’autre chez lesporcelets
et réalisent ainsi un test d’allélisme.Il en est de même pour les deux groupes de sérums
qui réagissent
exclusivementavec les
lymphocytes
du verrat. Tous lesporcelets
de la famille serépartissent
enquatre classes, correspondant
auxquatre
combinaisonsthéoriques possibles
dansl’hypothèse
d’unsystème antigénique gouverné
par un seullocus, porté
par un auto-some, les caractères n’étant pas liés au sexe. Les caractères sont
codominants,
aucun facteur
présent
chez lesporcelets
n’étant absent chez lesparents.
Les autresgroupes d’allosérums informatifs bien que moins
spécifiques
dans cette familleconfirment entièrement la
répartition antigénique.
Les résultats du
typage
de la famille 2(tabl. 2 )
corroborent les donnéesprécé-
dentes. I,es sérums informatifs se
groupent
de manières différentes que pour la famille i, cequi s’explique
par leurpolyvalence.
On retrouvequatre
classes de por- celets et legénotype
de la truie nontypée
est déduit aisément de ceux desporcelets
et du verrat.
L’interprétation génétique,
selonlaquelle
un seulsystème régit
tous les facteurs mis enévidence,
a étérégulièrement
vérifiée dans toutes les famillestypées.
Les allo-sérums ne
possèdent apparemment
pasd’anticorps
contre unsystème
différent nonlié avec le
système
étudié.Rôle du
système lymphocytaire
sur la durée de vie desgreffes
cutanéesL’étude
du rôlepossible
de cesystème
sur la survied’allogreffes
cutanées a étéréalisée dans la fratrie 2. Les io
porcelets
de raceLarge
White étaientâgés
de 4 mois et n’avaient subi aucune intervention antérieure.Dans cette
expérience,
nous avons utilisé unetechnique
degreffe
différentede celle mise en oeuvre pour immuniser. En
effet,
la durée de survie desgreffes
degrande taille,
15 à 20cm’, est difficile àapprécier
de manièreprécise
et la réalisation d’un nombre élevé de tellesgreffes
nécessiteraitbeaucoup
detemps.
Latechnique employée
est celle décrite pour les rongeurs(BI!,!,INGHAM
etSILVERS, ig6i) qui
avaitdéjà
étéexpérimentée
avec succès chez le Porc(B AKER
etANDR!SEN, 19 6 4 ).
Ils’agit
de
greffes
totalesdermo-épidermiques,
circulaires de 15mm de diamètre non suturées maintenues enplace
dans le lit dugreffon
par unpansement compressif.
Le
prélèvement
dugreffon
se fait à l’aide d’unemporte-pièce.
Parsimple pression
et 3 ou 4 mouvements de rotation
alternatifs,
ondécoupe
la peau sur 3 à 4 mmd’épaisseur.
Il suffit ensuite de déliter legreffon
duconjonctif graisseux sous-jacent
à l’aide d’un bistouri. Les
greffes
ont toutes été faites sur les faces latérales du thorax et lepansement protecteur
était maintenu par unbandage
adhésif faisant le tour du corps. Cettetechnique
degreffe permet
de réaliserprès
de 20à 25greffes
en une heure par deux personnes. La cicatrisation est excellente mais lerisque d’arrachage
avant
cicatrisation,
endépit
dupansement
est de io p. 100environ.Le porc
Large
White dontl’épiderme
est clairpermet
des observations macros-copiques précises.
Pour évaluer la durée de survie desgreffes,
nous avonspris
lescritères établis pour l’estimation de l’évolution des
allogreffes
cutanées chez l’Homme.(CONVERSE
etR APAPOR T, 195 6).
La date durejet appréciée macroscopiquement, correspond
aupoint
de vue fonctionnel à l’arrêt de la circulationsanguine
dans legreffon.
Celui-ci est considéré commerejeté lorsque après
êtrepassé
par un stade de coloration rougevif,
avec leplus
souvent un bourrelet réactionnelpériphérique,
ildevient
cyanotique, brillant,
oedémateux et collant audoigt.
Ce stade évolutif estun critère
précis
car la transformation se fait en 24heures,
de manière constante.Chaque
porc a reçu unegreffe,
entriple exemplaire
d’un ouplusieurs
de sesfrères et trois
autogreffes
témoins. Il a été fait au total 114greffes
dont8 4 allogreffes qui représentent
28 combinaisons différentes. Une combinaisoncorrespond
aux troisgreffes
d’un donneur sur un receveur. Le tableau 3 résume le schéma d’immunisa- tion et la durée de vie desgreffes.
L’état
desgreffes
a été suiviquotidiennement
àpartir
du5 e jour.
Treizegreffes
ont été exclues de
l’analyse ;
douze étaient arrachées dans lespremiers jours ( 4
auto-greffes
et 8allogreffes), la
treizièmeprésentait
unpoint
desuppuration.
Les 101greffes
restantes ont très bien cicatrisé.
Pour
chaque combinaison,
la survie calculée est la moyenne des 3greffes,
maisgénéralement,
lesgreffes
d’un même donneur ont subi lerejet
le mêmejour.
Dansun cas, la survie est déduite à
partir
d’une seulegreffe.
L’état desautogreffes
étaitparfait
au bout d’un mois. Les résultats de cette étude sont résumés dans le tableau q..L’étude statistique
montre que les différences observées dans la survie entre les combinaisons de porcsidentiques,
c’est-à-dire où le donneur et le receveur ont le mêmegénotype
pour lesystème
en cause, et les combinaisons nonidentiques
sonttrès
significatives. L’écart
entre les combinaisonsqui
diffèrent pour un chromosomeet celles
qui
diffèrent par les deux ne l’est pas, mais il estpossible
que des résultatssignificatifs puissent
être obtenus avec des effectifsplus importants.
Cette
expérience
démontre que la sélection basée sur lesystème lymphocytaire
assure une survie
prolongée
desallogreffes
cutanées. En tout état de cause, lesystème lymphocytaire représente
unsystème d’histocompatibilité
chez le Porc. Onpeut
êtresurpris
du faibleallongement
desurvie,
en valeurabsolue,
que procure l’identité entrefrères ;
mais lesexpériences
similaires que nous avonsrépétées
sur d’autres lots de porcs frères ont confirmé ces résultats.Le
rejet précoce
desgreffes incompatibles
neparaît
pas influencer le devenir desgreffes compatibles.
Ainsi la durée de vie desgreffes
des porcs 74 et7 6
faiteschez le porc
7 8,
tous les troisidentiques,
n’est pasallongée
parrapport
à desgreffes compatibles
chez un hôteayant
reçu en mêmetemps
desgreffes
de donneurs nonidentiques.
Nous avons
désigné
cepremier système d’histocompatibilité
du porc SI;-A paranalogie
avec ladésignation
dusystème HI,-A
de l’I3omme et en tenantcompte
de la dénominationzoologique
del’espèce
Susscrofa.
DISCUSSION
I,’immunisation
des porcs par desallogreffes
cutanées apermis
dans lamajorité
des cas d’induire laproduction d’anticorps lymphocytotoxiques.
Le momentd’appa-
rition des
anticorps
est variable d’un animal à un autre et nedépend
pas nécessaire- ment dudegré
deparenté
entre le donneur et le receveur.Ainsi,
certains porcs immu- nisés avec un frère ontrépondu beaucoup plus rapidement
que d’autresqui
avaientreçu des
greffes
de porcs nonapparentés.
Laréponse
estdissymétrique
chez deuxcouples
defrères,
unpartenaire répondant
normalement alors que l’activitésérique
de l’autre n’a
jamais dépassé
25 ou 30 p. 100delyse
pour leslymphocytes
du don-neur,
malgré plusieurs rappels.
Ilpourrait s’agir
de différences de forceantigénique
selon le sens de
l’immunisation, cependant,
d’autrescouples représentant
les mêmes constitutionsgénétiques
enprésence,
se sont stimulés de manière normale. Cela a pu être observé dans les cas oùplusieurs
groupes de frèrestypés
d’une même fratrie ont été immunisés. Ilpourrait s’agir
de variations sous ladépendance
d’autresfacteurs, indépendants
dusystème
étudié.Dans une
paire
defrères,
aucun des deux n’a élaboréd’anticorps,
même à untitre
faible,
au moins pour latechnique
decytotoxicité
etceci, malgré
6greffes
depeau successives
réparties
sur 5 mois. Letypage rétrospectif
de ces deux animauxa montré
qu’ils
étaientidentiques
pour lesystème lymphocytaire
étudié. Nous avonsdepuis
constamment vérifié que des frèresidentiques
pour cesystème, lorsqu’ils
sont
greffés
entre eux, neproduisent jamais d’anticorps
décelables par latechnique
de
lymphocytotoxicité.
Ce résultat est intéressant car il concorde avec le fait que chez l’Hommeseul,
lesanticorps
antiHL-A apparaissent après
immunisation.L’activité sérique
se conserve bien dans lamajorité
des cas. Nous avons cepen- dant observé enquatre occasions,
uneperte
totale d’activité pour des allosérumscongelés
à -30 °C, après
un délai de i mois. Ce manque de stabilité lors de la conser- vation a étéégalement
noté pour certains allosérums anti-tissus de la Souris(A MOS , 19
6 2
)
de même que pour lesanticorps dirigés
contre lesantigènes d’histocompa-
tibilité faibles dans cette
espèce (HI!,D!MANN, 1970 ).
Aucuneexplication
n’a étéfournie pour ce
phénomène.
Au début de notre
expérience,
nous immunisions les porcs de la mêmefratrie,
au hasard. A
présent,
lespaires
sont constituées de manière à ne différer que pourun seul
chromosome,
cequi
limite le nombre despécificités
différentes entre le don-neur et le receveur.
Malgré
cetteprécaution,
les allosérumsproduits
ne sont pas, engénéral,
trèsspécifiques.
Une étude en cours sur ledegré
depolyvalence
d’un certain nombre de nos réactifsapportera
desprécisions
sur cesujet.
]la difficulté que nous rencontrons àproduire
des réactifs purs mêmelorsque
les deux frères d’unepaire
ne diffèrent que par un
chromosome, permet
de penser que lesystème
estcomplexe.
Cette
complexité
ne doit passurprendre
si l’on admet que lesystème d’histocompa-
tibilité chez le Porc est
peut-être l’homologue
dusystème HI,-A
de l’Homme ou H-2 de la Souris.Or,
lepolymorphisme
dusystème
H-2 de la Souris estremarquable (GRAx!, 1970 )
et il en est de même pour lesystème HI,-A (A MOS , ig6g).
Dans chacundes deux
systèmes,
lesantigènes d’histocompatibilité
sont sous ladépendance
d’unerégion chromosomique comprenant
au moins 6 « subloci » pour la souris(Sxx!F!r,!R
et
K L E IN , 1970 ),
et au moins 2(Dnuss!T et al., 19 68) peut-être
3 « subloci » pour l’Homme(W ALFORD et al., 19 6 9 ).
Onpeut
supposerqu’il
en est de même pour le Porc.La différence de survie des
allogreffes
de peau entre porcsidentiques
et nonidentiques
pour lesystème lymphocytaire SI,-A
estsignificative
bien que relative- mentlimitée,
en valeur absolue. Ce résultat contraste avec ce que l’on observe pourl’homme,
oùfréquemment
deux frèresHI,-A identiques acceptent
lesgreffes
de peauréciproques
pour une durée de 20à 25jours (A MO S et al., ig68). (CEPPËi<l<iNi ! al., ig6gj.
Chez leChien, quelques expériences
dans ce domaine fontapparaître égale-
ment des survies nettement
allongées (Cox!rr
etK OZAK! , 19 6 9 ).
Par contre, danscertaines
combinaisons,
chez leRat,
lesgreffes
de peau entre animaux H-i compa- tibles ne survivent que 4jours
deplus
que chez des rats H-iincompatibles (B ILDSOE , ig
7
o).
Il estpossible
que lesallogreffes
cutanées chez le Porc et dans d’autresespèces,
résistent moins bien aux réactions de
rejet
de l’hôte. En faveur de cettehypothèse,
on
peut
remarquer lerejet rapide
desallogreffes primaires
de peau entre porcs nonapparentés
en 5 à 8jours (Birrrrs, zg6 7 ), (L UCK E
etal., zg68),
alors que chezl’Homme,
la survie moyenne des
greffes
de peauprimaire
est de 10à 12jours (CEPP!!!,INI et al., 19 6 9 )
pour des individuspris
au hasard.Enfin,
les porcs d’une mêmefratrie, SL-A incompatibles
secomportent
comme des porcs nonapparentés,
cequi
estéga-
lement le cas pour l’Homme
(CnPPFLLiNi et al., 19 6 9 ).
Tous les résultats obtenus chez le Porc ne concordent
cependant
pas avec lesnôtres.
Ainsi,
des survies de 14 à 20jours
ont été observées(SAISON
etI N G R A M , 19 6 3 )
entre porcs différents pour
plusieurs
facteursérythrocytaires étudiés ;
mais unpoint
important
est le critère derejet
retenu.La survie relativement courte des
greffes
de peau entre frèresSL-A identiques, pourrait
aussi être due à laprésence
d’autressystèmes
fortsd’histocompatibilité
nondétectés. Il semble néanmoins que le
système SL-A présente
toutes les caractéris-tiques
d’unsystème majeur
si onprend
comme référence lesystème HI,-A
de l’Homme.Seuls,
lesantigènes
dusystème SI,-A
se sont montrésjusqu’ici capables
de susciter la
production d’anticorps sériques,
tout au moins avec nos moyens d’inves-tigations.
Des résultatsd’expériences poursuivies
aulaboratoire (non publiés),
àl’aide de la
technique
de cultureslymphocytaires mixtes,
confirment bien queseul,
lesystème SL-A
estcapable
de provoquer une transformationblastique,
cequi
esten accord avec son rôle dominant dans le
rejet
desgreffes.
L’existence d’anticorps sériques
contre lesantigènes SI,-A
seuls et la stimulationlymphocytaire
par cesystème
confirmentl’hypothèse
selonlaquelle SI,-A
est en touspoints l’homologue
dessystèmes HI,-A
de l’Homme(A MOS
etB ACH , 19 68 a)
H-2 dela Souris
(H ODES
etS VEDMYR , 1970 )
ou encore H-i du Rat(W IL S ON , zg6 7 ).
Il est
possible
que dans un autresystème expérimental
que lagreffe
de peau, parexemple,
lagreffe
rénale ou lagreffe
d’autres organes, l’influence dusystème SI,-A
sur la surviepuisse
êtrebeaucoup plus
nette. Enfin onpeut
noter que lesystème SI,-A ségrège indépendamment
des facteursérythrocytaires étudiés, qui
nerepré-
sentent
cependant qu’une
fraction dessystèmes érythrocytaires
connus chez le Porc.La connaissance du
système SL-A
devraitpermettre
la clarification duproblème
actuellement
posé
par la toléranceparfois remarquable
du Porc auxallogreffes hépa- tiques (TERBI,ANCH! et al., ig68). (C ALN E et al., ig6g)
faitesjusqu’ici
sans test d’histo-compatibilité.
Dans unpremier stade,
seul letypage
des fratries estenvisageable,
mais à condition de ne pas
prendre d’élevages consanguins,
les différentsdegrés
decompatibilité
entreporcelets
frèresreprésentent peut-être
un matérielexpérimental
intéressant
permettant
uneextrapolation
à l’Homme.CONCLUSION
Le
système lymphocytaire allotypique SI,-A,
mis en évidence chez le Porcreprésente
lepremier système d’histocompatibilité
identifié dans cetteespèce.
Il secomporte
par son influence sur la durée de vie desallogreffes
de peau, sacomplexité,
son
immunogénicité
et aussi par sacapacité
de stimuler leslymphocytes
invitro,
comme le
système majeur
et doit être considéré commel’homologue
dessystèmes majeurs
décrits dans les autresespèces.
Ceci confirme que danschaque espèce
ani-male,
il y a certainement unsystème majeur
dont le rôlephysiologique
n’est pasencore entièrement
compris (D AU SSET
etR APAPOR T, 19 68),
bien que son rôle dansle
rejet
desallogreffes
soit essentiel. ,Reçu pour publication en octobre 1970.
, REMERCIEMENTS
Nous remercions le docteur Luba PODLIACHOUKqui a assuré la détermination des groupes
sanguins de nos animaux et M. GROSCLAUDE qui a bien voulu discutée notre manuscrit.
SUMMARY
DETERMINATION OF A HISTOCOMPATIBII,ITY SYSTEM IN THE PIG.
(THE
SL-ASYSTEM)
The current investigation was undertaken in order to determine one or more histocompa- tibility systems in the pig. Lymphocytotoxic antibodies were obtained from 17pairs of sibs and
f pairs of unrelated Large White pigs, and 2pairs of half sib Pitman Moove pigs given reciprocal immunosuppression by skin grafting. 7o Large white pigs from 5 families were tested with 4
6lymphocytotoxic antibodies by means of Terasaki’s microdroplet technique. Within each family, parent characteristics as detected by antibodies were transmitted to the progeny according to simple Mendelian proportion, as if depending on one locus. groups of piglets were obtained every time. The factors determined by this system are co-dominant and irrespective of sex. Genetic identity for the lymphocyte system between two littermates allows a significant 3-day survival
of skin allografts. This lymphocyte system therefore appears to be a histocompatibility system
with characteristics similar to the HL-A system for man. It is likely to represent the major his- tocompatibility system for the species. We termed it SL-A according to its zoological name :
Sus scvofa.
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