• Aucun résultat trouvé

LES HERBES ROUGES / POÉSIE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LES HERBES ROUGES / POÉSIE"

Copied!
21
0
0

Texte intégral

(1)

FRÉDÉRIC MARCOTTENOTRE-DAME-DU-VERTIGELES HERBES ROUGES La poésie ne vole bien que contre le vent dominant. C’est

à l’ordre établi, et aux discours qui le cautionnent, qu’elle oppose son objection. Par-delà l’évidence indiscutable, force est de constater qu’un monde parallèle – irréel, fabuleux – tient bon. La poésie l’affirme haut et fort : « un monde se crée où n’importe qui peut habiter après avoir penché la tête sur les mots, et abdiqué la forme dite réaliste des choses ».

Pour créer, repousser les limites de la réalité même est requis.

Rarement a-t-on vu un poète s’y employer aussi ardemment que Frédéric Marcotte. Comme ses recueils précédents, Notre- Dame-du-Vertige propose son foisonnement, exalte l’esprit créateur.

Frédéric Marcotte est né à Montréal. Il a publié deux livres de poésie aux Herbes rouges, Évangile (finaliste au prix Émile- Nelligan) et Théorie de la crise.

FRÉDÉRIC MARCOTTE NOTRE-DAME-DU-VERTIGE

LES HERBES ROUGES / POÉSIE

Extrait de la publication

(2)
(3)

NOTRE-DAME-DU-VERTIGE

Extrait de la publication

(4)

DU MÊME AUTEUR

chez le même éditeur Évangile, poésie, 2010.

Théorie de la crise, poésie, 2011.

(5)

FRÉDÉRIC MARCOTTE

Notre-Dame-du-Vertige

poésie

LES HERBES ROUGES

(6)

© 2013 Éditions Les Herbes rouges

Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2013 ISBN : 978-2-89419-367-9

Les Herbes rouges remercient le Conseil des arts du Canada, ainsi que le Fonds du livre du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec, pour leur soutien financier.

Les Herbes rouges bénéficient également du Programme de crédit d’im pôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

L’auteur remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son soutien à l’écriture de ce livre.

Données de catalogage disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Extrait de la publication

(7)

Je dédie ce livre à mes parents en guise de remer ciement pour leur amour et leur confiance en moi.

Extrait de la publication

(8)

Extrait de la publication

(9)

Première partie

Extrait de la publication

(10)
(11)

11 1

Certes, des rêves se succèdent. Mais il n’existe qu’un rêve, qu’une possible définition où l’évolution devient visible. Elle paraît éloignée comme n’importe quel rêve où se défont les complexes. L’aspect humain seul compte, jusque dans les jeux d’enfance qui ressemblent à la plus probable et rapide reconnaissance de sa propre matière, se comparant à une substance qui se délite dans les doigts du magicien qui veut posséder les réponses.

Comme des prières proches des trouvailles d’un talent très jeune, les bras, posés sur la table, laissent se mou- voir les éventualités de l’avenir. Les soleils et les lunes restent muets dans les champs célestes où se cache le moindre mot qui commence un poème. Ceci vaut pour les mains fébriles qui cherchent une parole mature qui tourne son œil vers un propos acquis, difficilement ex- primable dans les conditions des saisons froides. Avec la croyance à un printemps, aux couleurs hallucinogènes, tout repose dans la paix mortuaire d’un questionnement.

La balance penche vers une issue allégorique. Tandis que les portes s’ouvrent sur une seulement plus vaste confu- sion, cette dernière s’explique par l’écart d’âge avec les parents. L’indifférence des faibles moyens trottine d’un parc à l’autre avec entre eux les chemins philosophiques, questionnés comme le sage au terme de sa vie et au climax de ses années, plus mêlé que dans le silence des petits.

Le souffle, volant d’une saison à la suivante, résiste grandement à travers les amis. Seuls les mensonges

Extrait de la publication

(12)

12

ouvrent des perspectives qui font croire que, dans la montagne, des hommes courent avec leur connaissance, débattue depuis des origines vaincues. Ils s’expriment avec des mots qui répondent et qui comblent le mystère, qui patiente comme un sphinx au portail des vingt ans.

Ils gardent l’œil usé des sorcières. Leur volonté a long- temps réfléchi aux océans blancs qui suivent l’innocence.

Ils ont piétiné leur pureté et leur orgueil dans ce geste qui défie l’infini de façon si succincte lorsqu’on songe aux quelques mois qui les séparent du désespoir.

Il reste à se lever de bon matin pour remarquer l’abandon des parents dans leurs métiers. Oui, le pain dur à gagner et l’essence à laquelle répondre, comme un jeu de fantaisie et comme si la vie se marie à l’humour de mourir à petit feu. Mais le sérieux paraît inévitable.

Dans les bords de mer, des casse-têtes se laissent déconstruire. Les lèvres, tremblantes dans les embruns, respirent le regard de la pluie où le soleil souffle une mé- lancolie hâtive. Les réponses deviennent sables humides et contrastés, comme les prisonniers à qui le crime cède sa fausse empreinte. Ils souffrent d’avoir reconnu la liberté.

L’enfance recèle son vide. Elle entraîne la négation de sa personne. Le mystère apparaît trop profond pour s’en aller. La culpabilité attend au tournant d’un jour, et les pleurs, qui cherchent à la chasser, ne font qu’amener une plus grande appartenance au contenu caché par les pénates. Ce sort, jadis emprunté aux vases chinois, per- met à des chansons de violer la nuit et de trahir ces éveils pleins d’auréoles.

L’état propitiatoire laisse entendre des haïkus qui résument en peu l’ordre et les lois. Les beautés se nuisent

Extrait de la publication

(13)

13 lorsque les jardins bruissent dans les matins et dans la frange manipulée de la rosée. Tombée comme un mar- teau, elle clame le souvenir d’hier et son impossible accès à un autre monde, projeté dans des futurs où les défenses deviennent lymphatiques. Le passé semble impertur- bable dans sa virginité. La faute n’en retombe que plus durement. Les nuages murmurent aux cadavres qui ne connaissent rien de l’heure passée, comme une porte condamnée et des sourires planant parmi les éclairs où la lucidité attend le silence définitif. La douleur de voir le miroir des waters prononcer de faibles mots… comme ceux qui, refoulés avec patience, se substituent aux mons- tres de passions plus viriles. La conscience chasse des papillons noirs dans l’esprit, vaincu aux premières heures du jour où ils reposent, tranquillement pacifiques.

Extrait de la publication

(14)

14

2

Les semaines passent, des jours emplis, dans leur crédit, de folie incomparable. Désincarnés, les immeu- bles retiennent leurs souffles dans l’esprit de conserva- tion. Les plaisirs se mêlent à leurs pierres. La tristesse, émanant de ces murs sans regret, dit la vieillesse, qui vous prend par le bras pour une de ces conversations dans le calme des après-souper et quand les téléviseurs ronronnent dans les fenêtres.

Il y a ces automnes dans les passages dorés de feuilles écrasées. Ces branches rachitiques, qui s’amorcent dans les vents. Les laideurs des espaces mal fréquentés cou- lent dans les puisards pour laisser vaincre ces couleurs.

Elles donnent de l’âge aux vitrines. Les passants sont déjà dans l’esprit des villes futures. Ils saignent d’un rouge mordoré aux pieds, salis dans l’humidité des trottoirs.

Dans la buée des fenêtres apparaissent les buveurs de climats nordiques, toujours assoiffés d’un plus impor- tant oubli, loin des proches du foyer. Les flammes s’allu- ment derechef dans les tendres confessions des étés morts et si éloignés. Comment oublier la tendresse de cette maladie du temps en quatre battements de cœur dont l’un souffre ? Le ciel exprime une sécheresse blanche qu’il convient de nommer noirceur de l’année. Les écoles, emplies de fiers surgeons, voient grandir la menace de plus grandes confrontations, amenées dans les mystères de l’histoire et des mathématiques sans issues…

Extrait de la publication

(15)

15 Reste cette clairvoyance à travers les choses, un cer- tain sentiment. Lorsque appelle le déracinement, les yeux s’élèvent et questionnent les frondaisons et les étoiles.

Le travail commence ainsi. Vient le moment de la soli- tude quand tout ne prédit rien de l’amour. L’avenir en est abandonné. Comme un enfant qui rebrousse chemin vers les syntagmes du bas âge, il voudrait faire appel à une justice inexplicable. La chaleur calme ses ardeurs ; son ouïe change de direction. Les jeux puérils prennent l’allure disproportionnée d’une vérité avant son temps. La fan- taisie demeure le fondamental désir de l’homme. Mais lui, frêle et sans amertume, possède toujours le talent vierge des grandes défenses. Il recule vers les abîmes qui lui laissent le goût d’un calme en face du danger. Puis il psalmodie des mots, appelant dans les cieux la survie de sa parenté. Le divorce déjà enfouit ses mains dans les racines pour tout arracher. Sa tristesse devance les maux comme les équinoxes. Il ne peut larmoyer puisque, dans ces déchirements, il peut apercevoir sa stature prendre l’assurance des mythes. Il finit toujours par dépasser avec étonnement l’intelligence qui lui est cachée. Il reste à pleurer l’éloignement d’un ami, qui prend peur – résis- tant qui réussira à garder son innocence, emprisonné dans la bêtise, sécurisé par son manque d’audace.

Cette vision ressemble à l’automne. La mort s’y figure comme ultime destination. Tout le reste ne semble que dégradation. Peut-être est-ce une histoire de pays qui résiste à travers l’absence d’hiver ? Qui ne montre que la croissance et les verts éclatants de la perpétuelle renais- sance ? Ou l’écrasement dans la torride température, avec

Extrait de la publication

(16)

16

ces continuels espaces de jeux ludiques qui transforment l’humeur en eau claire ? Toujours est-il que les vagues ne se saisissent point des pointes négatives de température qui arrivent en janvier. L’espoir de voir son regard déli- vré se défait comme une pelote de laine. Il reste peu de fil pour s’amuser… Ici, il n’y a que les courants de voi- tures, les files indiennes, l’attente perpétuelle, le silence devenu glace, les symptômes de l’art régressif, qui cher- chent toujours à expliquer le mal en différentes allégo- ries. La fleur du sexe féminin fait place à des chambres mortuaires. L’eau régénératrice invite à une reformula- tion de son état de vivre, impossible sans le décès violenté et augural.

Les recherches nous amènent à lire des livres si pro- fonds et des musiques si expressives ! Tout le froid montre que le sentiment d’une personne ne peut mourir sans son emportement entre deux pierres. Elle expire la souffrance d’avoir voulu deviner le cours des jours si inexorables.

Extrait de la publication

(17)

17 3

Les premiers hivers de neige ressemblent à la tris- tesse qui coule comme un navire à l’approche du port.

Dans ces tempêtes, une fois sorti dehors, le souffle heurte avec la violence de paroles mièvres, rassurantes à l’égal des âtres rencontrés dans les maisons du nord. Elles figu- rent des chalets et des cantines, comme ces églises si majestueuses qui laissent trembler les flocons autour d’elles. Les pages tournées du missel en appellent aux déserts de Judée et de Samarie et remplacent la Promesse, autre face de cette conférence sur les climats des pays égyptien et israélien.

La souffrance de tant d’amours menaçantes, des vents, des glaces perpétuelles, des parcs amoncelés comme des dunes de sable, des trottoirs comme des gorges trop épaisses, des dimanches inutiles où les rafales frappent les fenêtres avec un rare acharnement, des promenades où on affronte le front froid avec un baladeur qui donne du rythme aux giboulées, dansantes dans le désordre du jazz ou des violons… La nuit, sur la causeuse assis, les réver- bères écoutent un piano, seul et ayant survécu aux mélo- dies si calmes d’où elles sortent, bousculant en douceur l’aire vespérale. Derrière les auréoles talonnées dans la rue, le pont, plus imposant que les églises ou les dieux, veille sur le fleuve dont l’eau glacée trempe la base, toujours dormante, comme si l’objet de son rêve était l’homme, capable de rien devant elle.

Extrait de la publication

(18)

18

La radio produit une sortance de la même manière chaque matin. L’identique train-train des céréales venues de plaines lointaines, des jeux sur les motifs du tapis : cela donne une musique comme Le carnaval des animaux de Saint-Saëns. Les frères sont partis sur des bateaux vers n’importe où dès qu’ils en ont eu la chance. Sans savoir pourquoi, il y a, dans la neige, ces courses en taxi avec une grand-mère, qui font penser à celles d’un autre siècle, du temps où les voitures patientaient à la porte pendant que les chevaux bavaient des naseaux dans le froid inconcevable des avenues, ville pareille dans sa blancheur à un rêve d’enfant qui, loin de ses parents, observerait la vie et le faire des gens inconnus.

Des squares demandent comment l’on peut choisir de jouer au dur dans ces conditions quand les métros rappellent à l’été l’esprit de ces gens tassés…

L’école, placée sur le flanc de la montagne, pratique les alertes d’incendie. Il s’agit de se rendre à un carré plus bas. Les élèves se réjouiraient que le gardien, qui fume des Gitanes, mette le feu à la place. Entonnant des chansons sur le retour, ils rêvent de ces quelques heures du vendredi qui, gloire de la directrice, offrent un peu d’exercice dans ce congé préventif.

Ce détachement – quand New York, Chicago ou Philadelphie frissonnent ; quand, dans la fumée des bars, le blues continue à se faire l’écho de la pauvreté… La musique possède ce caractère intemporel : jour, nuit, automne, été, hiver… Tous ces standards à la Billie Holiday qui voient l’assonance éternelle aussi bien sur les Champs-Élysées que dans le ciel gris – qu’une vie à plaindre par cette voix unique. Peut-être parce que l’hiver

(19)

19 signifie le frisson de la drogue ? Tout trouve son écho.

Autant un solo de Lester Young que les riffs du Hot Club de France.

Cela nous réjouit. Peu de choses nous réjouissent comme une balade sur la rue Sherbrooke, de Westmount à Ville-Marie, avec les musées et les hôtels en perspec- tive. Cela n’est pas important. Le pouvoir de connaître les classiques se fait grandement attendre. Le sang coa- gule mal dans la bêtise. Seulement alors le monde peut trouver un sens. Chaque époque possède le sien. Mais voilà : la musique arrive, les mots prennent l’allure des notes, les phrases le dynamisme des gammes. Plus rien ne survit en dehors de ces univers qui, entiers, englobent tout, de la moindre pensée au moindre geste, de la fête civique au cri d’extase.

Un peu par tricherie, les premières phrases s’alignent tardivement. Elles deviennent davantage mélodie que sens, ce qui flatte dans le sens du poil certains linguistes.

Extrait de la publication

(20)

Éditions Les Herbes rouges C. P. 48880, succ. Outremont Montréal (Québec) H2V 4V3 Téléphone : 514 279-4546 Document de couverture :

Anneaux d’interférences obtenus avec un Michelson réglé en lame à faces parallèles

Distribution : Diffusion Dimedia inc.

539, boulevard Lebeau Montréal (Québec) H4N 1S2

Téléphone : 514 336-3941 Diffusion en Europe : Librairie du Québec

30, rue Gay-Lussac 75005 Paris (France) Téléphone : (01) 43-54-49-02 Télécopieur : (01) 43-54-39-15

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer sur les presses de l’Imprimerie Gauvin

à Gatineau en avril 2013 pour le compte des Éditions Les Herbes rouges

Imprimé au Québec (Canada)

Extrait de la publication

(21)

FRÉDÉRIC MARCOTTENOTRE-DAME-DU-VERTIGELES HERBES ROUGES La poésie ne vole bien que contre le vent dominant. C’est

à l’ordre établi, et aux discours qui le cautionnent, qu’elle oppose son objection. Par-delà l’évidence indiscutable, force est de constater qu’un monde parallèle – irréel, fabuleux – tient bon. La poésie l’affirme haut et fort : « un monde se crée où n’importe qui peut habiter après avoir penché la tête sur les mots, et abdiqué la forme dite réaliste des choses ».

Pour créer, repousser les limites de la réalité même est requis.

Rarement a-t-on vu un poète s’y employer aussi ardemment que Frédéric Marcotte. Comme ses recueils précédents, Notre- Dame-du-Vertige propose son foisonnement, exalte l’esprit créateur.

Frédéric Marcotte est né à Montréal. Il a publié deux livres de poésie aux Herbes rouges, Évangile (finaliste au prix Émile- Nelligan) et Théorie de la crise.

FRÉDÉRIC MARCOTTE NOTRE-DAME-DU-VERTIGE

LES HERBES ROUGES / POÉSIE

Extrait de la publication

Références

Documents relatifs

[r]

Bon, c’est sûr que la motricité fine, effectivement dans tous les exercices de motricité fine où on peut voir… parfois, c’est pas flagrant, il y a un enfant qui peut tout à

Chance (n.) Possibilité, risque La chance Luck (fortune). Change (n.) La

Avec cinq graduations intermédiaires au minimum, celui-ci donne 40 configurations possibles qui incluent les deux qui viennent d’être mentionnées.. Pour L variant de 24

• Conjugaison : Les verbes au présent (3ème pers. Plur.) - Les pronoms personnels (savoir retrouver le nom qu'ils reprennent).. • Grammaire : accord dans le GN (déterminant

Elle a fait ses études à l´Université Bolivarienne du Venezuela, crée par Hugo Chávez en 2003, pour donner la possibilité aux enfants de classes populaires

Nous etions 25 personnes a partager cette aventure, celle du bonheur de partir a la d ecouverte d'une nouvelle culture mais aussi a la rencontre de chacun d'entre nous, dans

Cette phrase montre que Solvay prend appui sur son référentiel de compétences dans son nouvel accord de GPEC pour saisir les différentes sources de compétences : lors de la