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GlaxoSmithKline La multinationale de la pharmacie dirigée par un Français

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GlaxoSmithKline

La multinationale de la pharmacie dirigée par un Français

Gilbert Schorsch

laxo Wellcome et SmithKline Beecham fusionnent ». C’est par ce court communiqué cosigné que les deux sociétés d’origine anglo-américaine avaient annoncé, en janvier 2000, leur volonté de réunir leurs activités.

Dès le mois d’avril de la même année, Jean-Pierre Garnier (encadré 1) était nommé CEO (« chief executive officer », c’est-à-dire PDG) pour piloter l’opération. La constitution du premier groupe pharmaceutique européen, à l’enseigne de GlaxoSmithKline (GSK), était effective dès mai 2001.

Aussitôt, une plaquette de l’histoire de GSK était éditée [1]. Selon Jean-Pierre Garnier, elle « rappelle quelques- unes des grandes réussites du passé, garantes des réussites de demain. » La lecture de cette plaquette, dense et bien documentée, est instructive. Elle permet d’évaluer les atouts de la multinationale dans le peloton de tête des sociétés qui concourent pour la première place de l’industrie pharmaceutique mondiale.

Cinq ans après, le moment est venu de faire le point sur la situation du groupe.

Les racines de GSK :

une succession de mariages prospères

Il serait prétentieux de vouloir résumer l’histoire de GSK en quelques pages (encadré 2). Tentons plutôt d’identifier les racines qui ont contribué à la formation de cette multinationale de la pharmacie.

Le commerce en gros de médicaments au départ…

Comme celle de Merck ou de Schering, l’histoire de GSK débute dans des pharmacies et dans des circonstances très familiales. Retenons deux exemples :

- C’est en 1715, à Londres et plus exactement à Plough Court, que Silvanus Bevan crée sa pharmacie. Modeste au départ, elle changera de braquet avec l’arrivée en 1792 d’un Américain, William Allen, qui avait épousé Charlotte Hansbury, héritière d’une riche dynastie quacker. Durant plus de 150 ans, Allen & Hansbury Co se développera et prospérera dans le commerce en gros de médicaments, avant de disparaître en 1958, absorbée par Glaxo.

- En 1830, John K. Smith ouvre une pharmacie à Philadelphie avec son beau-frère. Elle deviendra rapidement, un leader de la vente de médicaments en gros de la côte est des États-Unis.

« G

Encadré 1

Jean-Pierre Garnier, l’artisan de la fusion

Le metteur en scène du nouveau visage de GSK est français. Il a fait ses études de biologie et préparé une thèse de pharma- cologie à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg et a complété sa formation scientifique par un « Master of Business Administration » à Stanford en Californie.

Il commence par faire ses classes pen- dant quinze ans chez Schering-Plough aux États-Unis et deviendra le président de la société américaine. En 1990, l’année sui- vant la fusion SmithKline/Beecham, il rejoint SmithKline Beecham en qualité de président de la filiale de SKB en Amérique du Nord. Il sera nommé président des activités pharmaceutiques, puis PDG en 1995.

Cette première expérience de fusion de deux entités anglo-amé- ricaines n’est certainement pas étrangère à sa désignation pour mettre en place la fusion suivante.

Bien entendu, il n’est pas le seul responsable de cette fusion. Il s’est beaucoup investi avec son directeur de R & D, déjà chez SmithKline Beecham, Tadataka Yamada, pour alimenter et ratio- naliser le pipe-line des innovations du nouvel ensemble. Ancien directeur du département de médecine de l’École de Médecine de l’Université de Michigan, « Tachi » Yamada quitte le groupe. A 60 ans, il va seconder Bill Gates dans ses opérations de mécénat sanitaire ! Il est remplacé dans ses fonctions depuis juin 2006 par Moncef Slaoui.

Encadré 2

Quelques dates clés de la constitution de GSK

1792 : Allen & Hansbury reprennent la pharmacie de Silvanus Bevan à Plough Court à Londres.

1823 : John K. Smith ouvre une pharmacie à Philadelphie.

1880 : Burroughs Wellcome & Compagny est fondé à Londres par deux pharmaciens américains, Silas Burroughs et Henry Wellcome.

1891 : Smith, Kline & Compagny acquiert French, Richards & Com- pagny aux États-Unis.

1945 : Glaxo, le nom de marque de la poudre de lait de la société de Joseph Nathan, donne le nom à la Société Glaxo.

1958 : Glaxo absorbe Allen & Hansbury.

1989 : Fusion de SmithKline Beckmann avec Beecham.

1995 : Fusion de Glaxo et de Wellcome.

2000 : Fusion ultime de SmithKline Beecham avec Glaxo Wellcome pour former GSK.

© Photo : Philippe Coeutte 2006.

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Sous l’enseigne de « wholesale druggists », ces entrepri- ses de gros isolent essentiellement des produits naturels – minéraux, végétaux et animaux, de l’huile de foie de morue par exemple – ou préparent des médicaments de confort – sirops contre la toux –, davantage pour se préserver des maladies que pour se soigner réellement. Ils proposent aussi des produits chimiques divers – pigments, vernis, parfums…

– et des gammes complètes de remèdes domestiques – produits d’entretien, de nettoyage… En cette fin du XIXe siè- cle, la frontière entre « druggist » et « chemist » n’est pas encore clairement tracée en Angleterre.

L’esprit d’entreprise

pour proposer ensuite de nouveaux produits

Les entreprises fondatrices de GSK ne se contentent pas de vendre des médicaments qui ont fait leurs preuves des générations durant. Plusieurs portent l’empreinte de l’oppor- tunisme ou de l’esprit d’observation de leurs fondateurs pour innover. Dans l’ordre chronologique, trois personnalités, dont les noms ont disparu dans les fusions successives, méritent reconnaissance :

- Thomas Beecham d’abord. Fils d’un ouvrier de ferme, il est berger dans l’Oxfordshire. Observant que ses moutons se régalent de certaines herbes bien précises, il veut en savoir plus. Dès 1847, sa curiosité débouchera sur la vente sur les marchés de pilules laxatives. Les fameuses

« Beecham pills » seront industrialisées et commercialisées à plus d’un million de pastilles par jour à leur apogée. Dans les années 1930, elles cèdent leur place à la vitamine D, extraite de l’huile de foie de morue, comme produit de référence de Beecham.

- Joseph Nathan ensuite. Fils d’un tailleur londonien, il émigre en 1853 en Australie puis en Nouvelle-Zélande, où il industrialise la séparation des ingrédients du lait. Il y fabrique simultanément du lait écrémé, du beurre et de la poudre de lait. Dès 1876, il ouvre un bureau à Londres pour revendre ces matières premières laitières en Angleterre. A partir de 1906, les qualités nutritives du lait en poudre sont revendiquées et vendues sous la marque Glaxo. Celle-ci donnera le nom à la société qui se développera à partir de 1947.

- Henry Wellcome enfin. C’est sous l’influence d’un oncle, médecin et pharmacien, qu’il obtient en 1874 son diplôme de pharmacien du Philadelphia College of Pharmacy. Il part aussitôt pour l’Amérique du Sud, comme vendeur pour une société pharmaceutique. Il explore les forêts de quinquina et découvre les propriétés pharmacologiques de la quinine qu’il développera par la suite. C’est à Londres qu’il fonde dès 1880, avec un collègue américain, la Burroughs Wellcome Co. Sa filiale de New York n’ouvrira qu’en 1918.

Londres est bien, au tournant du XXe siècle, la tête de pont du commerce en gros de médicaments !

Une vision stratégique et des innovations thérapeutiques pour rester compétitif

La pérennité de ces entreprises naissantes exige une gestion du quotidien. Elle passe souvent par l’extension de la gamme, sous la conduite de gestionnaires et de financiers avisés.

Dès 1890, Mahlon Kline, entré comme comptable chez John K. Smith, négocie l’acquisition de French Richards &

Company, un autre grossiste américain de renom. Il introduit aussi dans la nouvelle entreprise SmithKline, à laquelle son

nom est associé, des règles de norme de pureté et de respect des délais de livraison, très en avance sur leur temps.

En 1926, Beecham passe sous le contrôle d’un financier, Philip Hill. Il garde le nom mais se diversifie en étoffant la gamme des produits avec des dentifrices – rachat de Macleans –, des boissons énergétiques – celui de Lucosade – ou des lotions capillaires – celui de Brylcreem. L’hygiène et l’alimentation constituent en quelque sorte les deux piliers d’une bonne santé !

Mais pour proposer de véritables médicaments, les seuls efforts de gestion ne suffisent pas. Une approche scientifique des pathologies et de la préparation des médicaments s’avère indispensable.

L’illustration la plus précoce et la plus efficace d’une vision stratégique claire vient d’Henry Wellcome, encore lui ! Dès 1890, il crée simultanément à Londres les Wellcome Medical Research Laboratories et les Wellcome Physiological Research Laboratories. En 1901, il complète ce dispositif par l’ouverture d’un centre d’études des maladies tropicales à Khartoum. A partir de 1920, la réponse immunitaire, la pro- duction d’insuline et le lancement de nouvelles formes de vaccins contre la diphtérie et la fièvre jaune, par exemple, ouvrent la porte à de nouvelles thérapeutiques. Les résultats sont rapidement au rendez-vous.

Dès 1930, Sydney Smith de Wellcome isole la digoxine de la feuille de digitale. Celle-ci s’impose rapidement comme la référence du traitement des insuffisances cardiaques. En 1936, Henry Dale, embauché dès 1904, se voit attribué le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la transmission chi- mique des influx nerveux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, d’autres innovations et d’autres prix Nobel viendront couronner des travaux issus des laboratoires Wellcome. En 1982 d’abord, John Vane reçoit le prix Nobel de médecine avec deux autres scientifiques « pour leurs découvertes dans le domaine des prostaglandines et des substances actives biologiquement associées. » En 1988 ensuite, il est décerné à George Hitchings et Gertrude Elion, de Burrouhs Wellcome Inc., pour avoir découvert « les principes fondamentaux du traitement médicamenteux. » Certes, la périphrase du jury de Stockholm est vague. Elle est bien dans l’esprit des ambitions de Sir Henry Wellcome. Il s’agit en fait de la mise au point du Purinéthol (mercaptopurine), le médicament de Wellcome contre la leucémie. Encore récemment, en 1989, Wellcome s’est signalé par le lancement de l’AZT pour le traitement du sida et de l’infection à VIH.

Les autres laboratoires réagissent plus lentement, mais non moins efficacement. Ils ne commencent à afficher leurs ambitions en matière de recherche qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Glaxo renforce ses moyens de R & D et obtient rapide- ment des résultats spectaculaires : le premier vaccin combiné contre la coqueluche et la diphtérie, la première production de cortisone et la commercialisation, à partir de 1955, du premier d’une vaste gamme de corticostéroïdes pour les troubles respiratoires allergiques. Avec l’acquisition en 1958 de Allen & Hanbury avec sa Ventoline (salbuta- mol), Glaxo affirme ses positions dans le traitement de l’asthme.

Wellcome, d’origine américaine, et l’anglais Glaxo uniront leurs destinées et leurs talents d’innovateurs au sein de Glaxo Wellcome en 1995.

Dans le même esprit, H.G. Lazell défend et obtient en 1943 la création des Beecham Research Laboratories, consacrés à « la recherche fondamentale pharmaceutique. »

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La fabrication des premières pénicillines semi-synthétiques est issue de ces travaux. Ils permettent à Beecham de s’affir- mer comme le leader mondial des traitements anti- infectieux. Le Clamoxil, l’antibiotique à base d’amoxicilline, référence pour le traitement des infections des bronches, des oreilles et de la gorge des jeunes enfants, est lancé en 1972.

La stratégie de recherche de SmithKline&French est plus discrète, mais la société héberge au moins deux innovateurs de talent. Donald McDonnell d’abord, est le père de l’encap- sulation des médicaments, qu’il applique dès 1945 à l’administration de la Dexedrine pour le traitement de cer- taines manifestations psychiatriques. James Black ensuite, partagera le prix Nobel de médecine de 1988 pour ses recher- ches sur les bêta-bloquants. Lancé en 1976, le Tagamet, basé sur cette stratégie, révolutionne le traitement de l’ulcère peptique [2] et deviendra le premier « blockbuster » de l’industrie pharmaceutique.

SmithKline&French, l’américaine, et Beecham, l’anglaise, sociétés emblématiques du commerce en gros, ont bien négocié leur reconversion vers la recherche pharmaceutique de pointe. Elles uniront leurs destinées en 1989.

Le dispositif qui conduira en 2000 à GSK, au mariage de l’innovation et du commerce, est désormais en place...

Certaines références persistent dans l’intitulé du géant pharmaceutique. Exit Beecham – la pilule laxative n’étant pro- bablement pas assez prestigieuse pour figurer dans le nouvel emblème ? Exit Wellcome – pour ne pas porter ombrage, à l’opposé, au prestigieux Wellcome Trust, l’organisme de recherche médicale britannique qui avait pris le relais de la Wellcome Foundation dès 1936 ?

Tradition et modernité, commerce et innovation, ont ainsi contribué à la formation de GSK dans un contexte de mon- dialisation avant la lettre ! Londres abritera évidemment le siège social du nouvel ensemble. Quel groupe peut revendi- quer une succession d’innovations thérapeutiques aussi marquantes et une galerie de prix Nobel « home made » aussi prestigieuse ?

GSK aujourd’hui : deuxième groupe pharmaceutique mondial

Cinq ans après sa constitution, GSK pointe au deuxième rang des sociétés pharmaceutiques mondiales. Le groupe se place à présent derrière l’américain Pfizer – qui a racheté entre-temps le suédois Pharmacia – et devant Sanofi-Aventis – le franco-allemand issu du rachat récent d’Aventis (la pharmacie de Hoechst et de Rhône-Poulenc) par Sanofi.

Sa position et ses domaines thérapeutiques historiques sont préservés (tableau I).

Pour développer la position du groupe, Jean-Pierre Garnier et son équipe ont eu recours aux recettes qui avaient permis aux sociétés constitutives de grandir. Retenons deux exemples concrets.

Une gestion dynamique du portefeuille pour enrayer le choc des génériques

Dès la constitution de GSK, l’équipe dirigeante avait réussi à rationaliser la gamme des médicaments des deux partenai- res. Nous avions déjà rendu compte de cet effort d’intégration [3]. Mais assez rapidement, le groupe eut à gérer une situation inattendue et difficile. Dès 2003, ses ventes (31,2 milliards d’euros) avaient subi l’attaque de génériques sur deux de ses antidépresseurs majeurs : le Paxil (commercialisé en France sous le nom de Deroxat) et le Wellbutrin (vendu aux États- Unis). Cette attaque s’est amplifiée par la suite et en 2004, les ventes se sont repliées à 29,2 milliards d’euros. Le manque à gagner avait alors été estimé à 2,2 milliards d’euros par J.-P. Garnier.

Fort heureusement, les ventes de GSK ont retrouvé en 2005 leur niveau de 2003, avec les meilleurs résultats affichés depuis la création du groupe en 2001 (tableau II). « Une excel- lente année pour GSK » reconnaissait J.-P. Garnier lors de la conférence de presse du 8 février dernier à Londres. Mais ce redressement ne s’est pas fait sans peine. Des progrès rapi- des et significatifs dans la vente des autres médicaments majeurs et les programmes de réduction des coûts ont permis aux dirigeants de GSK d’afficher une satisfaction légitime.

Retenons les trois pathologies responsables du redres- sement du niveau des ventes et de la rentabilité de 2005 : - GSK, leader mondial incontesté du traitement des affections respiratoires

En 2005, les accroissements des ventes du Seretide/

Advair se sont chiffrés à 22 %. Avec un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros, Seretide/Advair, une combinaison de Serevent (salmétérol) et de Flixotide (fluticasone), repré- sente à présent 60 % des ventes des médicaments de GSK contre les affections respiratoires. Il s’agit d’un broncho- dilatateur et d’un anti-inflammatoire recommandés pour le

Tableau II – Quelques chiffres du GSK d’aujourd’hui (en milliards d’euros).

2004 2005

Chiffre d’affaires 29,180 31,624

R & D 10,513 10,585

Marge opérationnelle 8,404 10,036

Bénéfice avant impôt 8,437 9,829

Bénéfice après impôt 5,872 7,031

Bénéfice par action (euro) 0,993 1,197

Tableau I - Les principaux domaines thérapeutiques 2005 de GSK (en milliards d’euros).

Les médicaments avec ordonnance

Voies respiratoires 7,379

Système nerveux central 4,700

Antiviraux 3,793

Antibactériens/antimalaria 2,218

Troubles du métabolisme 2,184

Vaccins 2,028

Troubles cardiologiques et urogénitaux 1,943

Autres 1,518

Oncologie 1,483

Sous total 27,246

Les médicaments sans ordonnance

OTC (« over the counter ») (automédication) 2,098

Produits d’hygiène 1,377

Suppléments nutritionnels 0,904

Sous total 4,379

TOTAL 31,625

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traitement de l’asthme et de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, deux pathologies en progression constante dans le monde. Seretide/Advair est à présent le deuxième médicament le plus vendu dans le monde, loin cependant derrière le Lipitor, l’anticholestérol de Pfizer.

- Les médicaments contre les troubles du système nerveux central, dont les ventes restent constantes.

Mais ces ventes ont connu des variations brusques de production des diverses spécialités. Les ventes du Paxil/

Deroxat en France (chlorhydrate de paroxétine), l’inhibiteur

de la sérotonine indiqué contre les troubles de l’humeur et de l’anxiété, sont en chute libre (- 42 % !) du fait des génériques.

Par contre, les ventes de Wellbutrin restent globalement stables, mais avec une brusque inversion de tendance : celles des Wellbutrin IR et SR ont chuté de 68 % au moment où celles du Wellbutrin XL (noradrénaline/dopamine) augmentaient de 38 % !

C’est l’accroissement de 22 % des ventes du Lamictal (lamotrigine), un traitement anti-épileptique, qui a partielle- ment compensé la baisse des ventes du Paxil.

Encadré 3

GSK, l’automédication et la promotion de la marque

Un peu à part, la branche Santé Grand Public de GSK en France, née en 2001 de différentes fusions, est un acteur majeur des médicaments d’automédication (ayant une AMM et vendus sans ordonnance) et de la santé bucco-dentaire. En 2005, ce jeune laboratoire, présidé par Vincent Cotard, a réalisé un chiffre d’affaires de 161,5 millions d’euros, avec ses 160 collaborateurs.

GSK Santé Grand Public commercialise trente marques, souvent à forte notoriété, pour les mots du quotidien : tabagisme (Niquitin), irritation de la gorge, ecchymoses… et l’hygiène bucco-dentaire (Aquafresh, Sensodyne…). Certaines ont traversé les générations, comme Syn- thol ou Valda, dont le groupe a célébré respectivement les 80 et 100 ans en 2005. Leur aventure est associée à une personnalité.

Pour Valda, la célèbre pastille verte aux arômes d’eucalyptus et de menthe, l’histoire com- mence au tout début du XXe siècle, lorsque le docteur Henri-Edmond Canonne a l’idée de créer un nouveau médicament pour soulager les infections respiratoires. Il propose une association de cinq antiseptiques efficaces issus de plantes mélangés à de la gomme arabique. Il dépose la marque et se préoccupe du marketing et de la publicité de façon avant-gardiste. Par exemple, c’est l’un des premiers à créer un personnage publicitaire, sorte d’image récurrente de la marque : le Dr Valda, vieux monsieur aux favoris blancs et redingote, et il met en place des objets publi- citaires pour faire mieux connaître la marque. Dès 1920, devant le succès de la pastille, Canonne doit ouvrir une grande usine de fabrication pour produire près de 10 000 boîtes par jour. D’autres centres verront rapidement le jour. Un bel exemple de communication réussie !

Pour Vincent Cotard : « On n’a pas tous les jours 100 ans et très peu de médicaments peuvent afficher ce taux de longévité », et pour fêter dignement cet anniversaire, la célèbre pastille anti-grippale s’est expo- sée au printemps 2005 au Musée de la Publicité des Arts Décoratifs (Paris). Près d’une centaine de pièces origina- les y ont retracé l’histoire de la pastille : affiches, automates, plaques émaillées, boîtes… Cette campagne originale et ses nombreuses retombées dans la presse ont valu au groupe de recevoir le « Grand Prix des Rela- tions Presse Corporate ». On notera que le groupe GSK dans son ensemble s’emploie à pallier au déficit d’image de l’industrie pharmaceutique auprès du grand public et à collaborer de façon efficace avec la presse.

De son côté, Synthol voit le jour grâce à Monsieur Roger, pharmacien, qui cherchait à fabriquer une « potion » agissant localement pour à la fois atténuer la douleur et désinfecter. Pour cela, il associe dans une solution alcoolisée quelques éléments d’excellente réputation : menthol, vératrole, résor- cinol, acide salicylique… Il obtient une solution prometteuse, mais elle craint la lumière qui casse la stabilité de la formulation. Monsieur Roger a alors l’idée de la mettre dans un flacon de verre teinté pour la protéger. Le Synthol est lancé en 1925 et son immense succès dépasse rapidement son inventeur.

En 2005, la marque a donc célébré ses 80 ans, 80 ans que « ça fait du bien là où ça fait mal ! », le slogan qui fait mouche. Pour cela, GSK Santé Grand Public a associé le célèbre personnage de bande dessinée Gaston Lagaffe à une grande campagne de communication.

Séverine Bléneau-Serdel

© Marsu by Franquin 2005 - www.gastonlagaffe.com

Copyright Droits Réservés, Paris 2005.

La gamme GSK Santé Grand Public. © Philippe Couette 2006.

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Certes, Deroxat en France et Paxil et Wellbutrin aux États-Unis représentent encore 40 % des ventes de GSK de ce domaine.

- Le diabète de type 2 qui progresse partout dans le monde.

Adventia (rosiglitazone)/Avandamet (rosiglitazone/

metformine) est le médicament phare de GSK de ce domaine.

Ses ventes ont progressé de 18 %, à 1,9 milliards d’euros.

Elles représentent certainement un bon potentiel.

Il faut décidément faire preuve d’une grande réactivité pour gérer des variations de production aussi importantes aussi rapidement !

L’asthme – 3,5 millions de personnes concernées en France –, les dépressions – 5 % de la population mondiale concernée – et le diabète de type 2 – avec 600 000 patients non diagnostiqués en France et les ravages pressentis de l’obésité partout dans le monde –… voilà donc des affections

« modernes » qui touchent des populations de plus en plus nombreuses. Elles dépeignent le GSK d’aujourd’hui.

D’autre part, fidèle à ses racines, GSK continue à être pré- sent dans l’automédication ou dans la médecine de confort (encadré 3). Les ventes 2005 dans ce domaine représentent environ 3 milliards d’euros, soit environ 15 % du chiffre d’affaires du groupe, depuis trois ans. Est-ce pour compenser les fluctuations importantes des ventes des médicaments sur ordonnance ?

Les centres d’excellence pour alimenter le pipe-line des innovations thérapeutiques

Dès la création de GSK, « Tachi » Yamada, directeur de la R & D, avait proposé la mise en place de centres d’excel- lence. Ils délimitent les domaines thérapeutiques dans lesquels GSK souhaite se focaliser et permettent d’obtenir la masse critique pour faire des innovations décisives (encadré 4).

Les sociétés pharmaceutiques ont l’habitude de publier et de se faire la guerre par l’intermédiaire de leurs listes de projets de développement clinique. Les analystes financiers les comparent et s’en régalent. GSK participe évidemment à ce jeu.

Ne nous laissons pas impressionner, connaissant les aléas, même sur des produits approuvés depuis longtemps.

Soyons réaliste et contentons-nous de passer en revue les

lancements et les demandes d’autorisations de mise sur le marché prévus en 2006. Ils dessinent le GSK de demain :

Oncologie – Cervarix, un vaccin pour la prévention du cancer du col de l’utérus, et Tykerb, pour le traitement du cancer du sein et les métastases du cerveau –, migraine – Trexima, un nouveau médicament –, gastro-entérite – Rotarix, un vaccin en deux doses contre les gastro-enté- rites à rotavirus des nourrissons –, grippe aviaire – un vaccin qui complète le Relenza, proposé comme le Tamiflu de Roche contre le traitement de l’infection –, voilà une liste complémentaire de pathologies et de risques potentiels.

Incontestablement, Cervarix et Rotarix représentent les deux fers de lance des nouveaux vaccins GSK. Ils justifient la décision récente d’investissement à Saint-Amand-les- Eaux, qui renforce la position de GSK en France (encadrés 5 et 6).

GSK : palme d’or de la communication d’entreprise de L’Actualité Chimique

La position de GSK parmi les leaders de l’industrie phar- maceutique mondiale lui permet de mener de nombreuses actions dans le mécénat sanitaire. Mentionnons quelques- unes pilotées de France. La Fondation GSK France, présidée par Michèle Barzac, a initié et soutenu depuis sept ans près d’une quarantaine de programmes de soins concernant l’information, la prévention, l’éducation et la formation. Au niveau mondial, GSK s’est aussi engagé dans l’aide aux pays en voie de développement pour l’amélioration des soins : lutte contre la filariose lymphatique, le paludisme et le sida en particulier.

Ces pratiques sont courantes de la part des grands laboratoires. Au niveau du groupe, GSK consacre environ 5,5 % de ses bénéfices à ce type de mécénat.

Terminons en citant l’engagement de GSK pour l’informa- tion de la presse technique. Les informations mises à disposition par les groupes industriels chimiques et pharma- ceutiques sont de plus en plus discrètes et se limitent souvent à des invitations formelles à leurs conférences de présenta- tion des résultats financiers et à des communiqués de presse envoyés par courriels qui ne concernent pas directement notre lectorat.

A l’exemple des seuls BASF et Wacker dans la chimie, le groupe pharmaceutique GSK les complète par des invitations à des journées R & D (Londres en 2003), à des Encadré 4

Les centres d’excellence

Objectifs Localisation

Troubles respiratoires/inflammatoires Stevenage (G.-B.)

Troubles psychiatriques Vérone (It.)

Troubles neurologiques/gastro-intestinaux Harlow (G.-B.) Troubles cardiovasculaires/uro-génitaux U. Merrion (E.-U.) Troubles du métabolisme/antiviraux Triangle Park (E.-U.) Maladies prolifératives Providence (E.-U.)

Vaccins Rixensart (B.)

Maladies des pays en développement Tres Cantos (Esp.)

La recherche chez GSK : screening haut débit sur le site de Tres Cantos (Esp.) (à gauche), et développement de vaccins à Rixensart (Belgique) (à droite).

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Encadré 6

Glaxo investit 500 millions d’euros dans une unité de vaccins en France

L’investissement

Lors de sa conférence de presse du 29 septembre dernier, Christophe Weber, pré- sident de GSK France, a annoncé le projet de construction d’une unité de production de vaccins sur son site de Saint-Amand-les-Eaux (Nord-Pas-de-Calais). L’investis- sement industriel – 500 millions d’euros d’ici 2011, le plus important d’une société pharmaceutique étrangère en France depuis dix ans ! – permettra de créer une unité de production de vaccins d’envergure mondiale, d’une capacité de 300 millions de doses, appelée à produire majoritairement le Cervarix. La présence de Jean-Pierre Garnier, PDG de GSK, et de François Loos, ministre délégué à l’Industrie, témoignait de l’importance de l’annonce.

Cet investissement générera à terme 600 emplois, en deux étapes : 300 d’ici 2009, puis 300 à la fin des travaux. Le site de GSK à Saint-Amand emploiera ainsi 750 personnes à terme. Il traduit la confiance de la direction de GSK dans sa recherche, dans ses vaccins et dans la compétitivité de l’entreprise France. GSK vient défier Sanofi-Pasteur sur ses terres et marque ainsi sa volonté de dépasser son concurrent français pour prendre résolument la tête des fabricants mondiaux de vaccins.

Observons qu’il s’agit d’un investissement high-tech, à la croisée de la biologie (les vaccins), de la physico-chimie (les adjuvants de formulation dont GSK revendi-

que la compétence) et de la technologie (la lyophilisation à très basses température et pression).

Les raisons de l’investissement

Christophe Weber et Philippe Fabre, récemment nommé à la présidence de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), ont précisé les raisons du choix de Saint-Amand, à une vingtaine de kilomètres de Valenciennes :

- La qualité des infrastructures régionales et la situation géographique dans le Nord-Pas-de-Calais, région carrefour de l’Europe, à proximité aussi de Rixensart, l’actuel centre mondial de production et de recherche de vaccins, et à une quinzaine de kilomètres de Bruxelles.

- Ensuite, la tradition et le savoir faire technologique ainsi que la qualité de la formation dans une région à tradition industrielle.

- Le dialogue enfin et l’implication des autorités nationales et régionales qui se sont engagées, toutes tendances politiques confondues, comme l’a confirmé Alain Boquet, député-maire de Saint-Amand.

Les retombées co-latérales de l’investissement

Puissent les raisons évoquées servir d’exemples à d’autres régions. Elles sont d’autant plus motivantes qu’elles battent aussi en brèche certaines idées reçues, à plusieurs niveaux :

- Sur le plan international, la décision de GSK met en échec le discours des « déclinologues ». Elle offre un bel exemple d’attractivité de la France. Le montant de l’investissement est du même ordre de gran- deur que celui de Toyota à Valenciennes, qui a créé 2 500 emplois dans la même région. A première vue, la nature des deux investissements paraît différente, mais cette différence n’est qu’apparente.

N’ont-ils pas des racines communes, pour la tôlerie nécessaire sur les lignes de fabrication et pour la robotisation des procédés de fabrication ?

- Sur le plan national, l’investissement de GSK montre qu’il n’est pas obligatoire de se situer près d’un pôle de compétitivité pour décrocher des investissements et des emplois. Les pôles Santé sont à Stras- bourg, Paris et Toulouse. La décision de GSK doit servir d’encouragement à d’autres initiatives locales.

- Sur le plan régional enfin, Saint-Amand – la seule ville d’eau au nord de Paris comme l’a rappelé Alain Boquet – rompt aussi avec l’image de la ville d’eau traditionnelle pour devenir « ville d’eau high-tech », entièrement dévouée à la prévention. Elle ne lâchera plus le Prix national de la Fondation « Vieillir en France » décroché en 2006 !

En conclusion, le signal envoyé par GSK et son président est encourageant pour la France.

Les cinq acteurs majeurs dans les vac- cins en 2005 (chiffre d’affaires mondial du secteur : 5,8 milliards de dollars, soit + 16 % par rapport à 2004).

Encadré 5

La fiche d’identité de GSK France

Les marchés

- Chiffre d’affaires global de 2,587 milliards d’euros, dont 80 % à l’export ;

- 2e filiale du groupe après les États-Unis ;

- 3e groupe pharmaceutique en France, après Sanofi-Aventis et Pfizer, et 3e laboratoire à l’hôpital ;

- Effectifs : 5 575 personnes ;

- Effectifs R & D : 400 personnes, aux Ulis pour les maladies cardio- vasculaires et les dyslipidémies, et à Évreux pour le développement pharmaceutique des formes inhalées pour le traitement des maladies respiratoires.

Les sites de production

- Évreux (Eure), 2 000 personnes : conditionnement de formes inhalées (aérosols et poudres à inhaler) et de forme sèches, comprimés effer- vescents en particulier ;

- Notre Dame de Bondeville (Seine Maritime), 720 personnes : condi- tionnement de formes injectables (seringues pré-remplies, flacons lyophilisés, poudres et solutés) ;

- Mayenne, dans le département éponyme, 410 personnes : condi- tionnement de formes sèches à l’état de comprimés, sachets, ou poudres pour suspensions buvables ;

- Hérouville (Calvados), 210 personnes : préparation de formes liquides, solutions et suspensions, ou pâteu-

ses pour suppositoires ;

- Saint-Amand-les-Eaux (Nord-Pas-de-Calais), 150 personnes : vaccins, spécialisé dans le processus de lyophilisation.

Le dirigeant actuel

Christophe Weber est PDG de GSK France depuis juillet 2003. Docteur en pharmacie, sa carrière s’est déroulée chez Rhône-Poulenc Santé en Australie, puis SmithKline Beecham France, en marketing, management des ventes, puis directeur marketing Système

Nerveux Central. Christophe Weber,

PDG de GSK France.

Vue du futur site de production de Saint-Amand-les-Eaux.

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visites de presse dans ses centres d’excellence (Tres Cantos en 2004, vaccins en Belgique en 2005) ou à des réunions d’information bien ciblées (« Le progrès thérapeutique : à quel prix ? », le 28 juin dernier, à titre d’exemple).

Si L’Actualité Chimique avait les moyens de distribuer un prix de l’information d’entreprise dans le domaine pharma- ceutique, elle le remettrait sans hésitation à GSK. Souhaitons bonne chance au groupe pour défendre, avec Sanofi-Aventis, les couleurs de la pharmacie européenne dans le concert de l’industrie pharmaceutique mondiale.

Références

[1] Au fil du temps - Les grandes dates de l’histoire de GlaxoSmithKline, GSK France, Département Communication, 2001.

[2] Nayak P.R., Ketteringham J.M., Breakthroughs, Mercury Book, London, 1987.

[3] Schorsch G., GlaxoSmithKline, Rhodia, Total… des résultats 2003 très contrastés, L’Act. Chim., 2004, 274, p. 28.

Gilbert Schorsch

est chargé de la rubrique « Industrie » de L’Actualité Chimique*.

* 250 rue Saint-Jacques, 75005 Paris.

Courriel : cgschorsch@aol.com

Références

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