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LES PÉRIODIQUES SAVANTS GERMANOPHONES DES XVII

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GERMANOPHONES DES XVII

E

-XVIII

E

SIÈCLES ET LEUR TRAITEMENT DIGITAL

Une base de données de l’Académie des sciences et lettres de Göttingen

CLAIRE GANTET

Organes privilégiés de la culture savante allemande des XVIIe et XVIIIe siècles, les périodiques savants fragmentaient les livres en les réduisant en recensions – qui pouvaient avoir été rédigées sans consultation du livre premier –, disséminaient la discussion unissant lettrés, éditeurs et lecteurs, et faisaient l’objet d’une lecture entrecoupée, sautant d’un renvoi à un autre. Leur traitement digital effectué dans la base de données de l’Académie des sciences et lettres de Göttingen permet de reconstituer les modalités de la distribution du savoir et de renouveler notre approche de l’Aufklärung. Son maniement par les utilisateurs en révélera les potentialités digitales.

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En 1922, Victor Vogt en appelait à se détacher de la linéarité du livre pour miser sur les fiches et fichiers, et sur le gain de savoir que permettraient leurs renvois et couplages :

Comme la pensée relativement simple des siècles derniers se limitait constamment à une dimension, il n’est que naturel que le livre ait été en cette période seigneur en sa demeure. L’enregistrement de toute nature est alors unidimensionnel. Les chroniques sont simplement allongées. Le répertoriage de toutes données qui se suivent dans le temps est effectué de façon conforme dans un livre, les simples signes et lignes sont associés à tour de rôle au déroulement temporel. L’acte de lire, de penser, de parler est d’abord et avant tout unidimensionnel. […] Quant au contenu d’un imprimé en écriture alphabétique (livresque), chaque ligne est à apporter à la fin de la précédente. Si l’on découpait chaque page et collait les lignes aux lignes, comme nous lisons, on ferait de chaque page une bande extrêmement étroite, d’un mètre de long. Mais il faudrait décomposer toutes les pages en de telles bandes et les lier page après page. Un roman se dissoudrait en une bande d’un kilomètre de long et de 2 à 3 millimètres de large : une formation unidimensionnelle, puisque la largeur est infime par rapport à la longueur1. (Vogt 1922, 82-83)

L’extension des outils informatiques, en particulier du web 2.0., confère une actualité inédite à ce jugement. Avec eux se sont développés des modes de lecture et de production de textes nouveaux. Numérisés ou composés directement sur et pour l’ordinateur, véhiculés par des procédés télématiques, ils atteignent un lecteur via un écran et se prêtent à de multiples appropriations et manipulations individuelles, largement incontrôlables. L’écriture, en particulier l’écriture scientifique en sciences humaines, les méthodologies et l’administration de la preuve, la place de l’historien en tant que médiateur entre archives et lecteurs, enfin, s’en trouvent profondément affectées. En place et lieu des procédés discursifs linéaires appuyés sur des références livresques apparaissent des dispositifs digitaux, en ce sens qu’ils recourent à la visualisation des données traitées – en particulier par des organigrammes et graphes –, agencent le savoir au moyen de liens hypertextes, et ouvrent le raisonnement à la logique des

1. Sauf indication contraire, toutes les traductions en français sont de ma plume. Je remercie vivement le comité éditorial pour ses relectures.

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procédés proprement interactifs2. Le livre, à la fois dans sa matérialité – en tant qu’objet composé de feuilles de papier pliées, réunies en cahiers reliés les uns aux autres et muni d’une couverture – et dans ses fonctions de hiérarchisation, de transmission et de conservation du savoir, est à présent concurrencé, voire remis en cause. Autant de bouleversements essentiels, si l’on se souvient combien la relation physique de l’historien à l’archive via le toucher et la recopie à la main, aux boîtes comme instances de classement, et aux centres d’archives comme lieux physiques était encore en 1989 considérés comme constitutifs du métier d’historien (Farge 1989).

Les ruptures que nous vivons à tâtons sont sans doute plus radicales que celles qui ont accompagné l’apparition puis le développement de l’imprimerie. Tandis que l’imprimerie au moyen de caractères mobiles n’avait affecté que les techniques de reproduction des textes et de diffusion du savoir – les formes de support des textes (le livre existait depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne) et les modes de lecture (à voix haute et/ou silencieuse) restant largement inchangés –, l’avènement des ressources digitales modifie les structures et les formes des supports aptes à communiquer les textes à leurs lecteurs, partant les règles de l’écriture et le statut d’auteur (Chartier, 1996). Il met en cause la culture écrite discursive que nous a légué le XIXe siècle, tandis que la scolarisation de masse avait rehaussé le statut du livre jusqu’à en faire le véhicule par excellence de la culture, au détriment d’autres médias oraux ou visuels (Clivaz et al., 2012).

Il nous amène en retour à nous pencher vers des périodes antérieures au XIXe siècle pour étudier à nouveaux frais le statut et les fonctions du livre dans la définition, la hiérarchisation, la transmission et la distribution du savoir. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le savant était d’abord et avant tout un lettré caractérisé par sa formation universitaire et sa capacité à lire et à publier. Mais le livre ne s’en trouvait pas sacralisé. Les périodiques savants germanophones contemporains nous permettront, d’une part de sonder les rapports au livre avant l’ère de la scolarisation de masse, d’autre part de présenter les modes de reconstitution digitale de cette culture.

2. C’est ainsi que je distinguerai les termes « numérique » (renvoyant à un simple procédé technique) et « digital » (avec ses connotations épistémologiques). Nous reprenons ainsi un schéma et un terme employé par Marshall McLuhan, en le déplaçant pour l’appliquer aux procédés électroniques, McLuhan fondant son analyse sur la télévision et ses impacts (cf. McLuhan et al., 1967).

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1. Une distribution fragmentée du savoir

Dans le deuxième tiers du XVIIe siècle naquit un nouveau genre littéraire : le périodique savant. Les deux premiers exemples tracèrent d’emblée des voies distinctes. Fondé à Paris début 1665 par Denis de Sallo, conseiller au Parlement et placé sous le patronage de Colbert, le Journal des sçavans s’assignait pour dessein de rapporter tout ce qui était susceptible d’intéresser les lettrés ou savants. Trois mois plus tard, les Philosophical Transactions fondées à Londres par Henry Oldenburg étaient, elles, l’émanation d’une institution savante, la Royal Society dont elles devaient faire connaître les découvertes scientifiques. Suivant ce dernier modèle, parut dès 1670 les Miscellanea curiosa medicophysica édités par l’Academia Naturae Curiosorum de Leipzig. Même auparavant, Gottfried Wilhelm Leibniz avait imaginé la publication d’un périodique latin – la langue des universités allemandes – apte à porter à la connaissance de tous les lettrés les nouvelles parutions et leur contenu, le Nucleus librarius semestralis ; il appuya sa démarche sur le constat que les catalogues de foire ne pouvaient plus suffire à répondre aux besoins de la communication scientifique (voir Habel, 2007, 56-57).

Dans le Saint-Empire, le genre rencontra un succès inédit, favorisé par l’éclatement politique et confessionnel. Près de 1000 périodiques savants y furent fondés, certains édités par un homme à tout faire, d’autres reposant sur des équipes éditoriales très étoffées, certains de durée de vie brève, d’autres ancrés sur une solide assiette durant des décennies. Leur rôle fut tel qu’ils furent considérés par les contemporains comme le principal organe et vecteur de l’Aufklärung3. À une communication cloisonnée à des correspondants particuliers, et guidée par des autorités politiques et/ou

3. Ainsi Beutler et Guts Muths écrivaient en préface de leur Index raisonné général des journaux savants et hebdomadaires allemands : « Par les journaux savants, les connaissances, qui sans eux n’étaient que la propriété des érudits et étaient consignées dans des livres que la plus grande partie de la nation ne comprenait pas et ne pouvait lire – ces connaissances ont été en général mises en circulation, épurées et portées dans la langue vernaculaire générale […]. Les périodiques servirent aux petits et aux faibles de rempart et de protection contre les oppressions des grands. […] La […] somme des connaissances humaines s’est accrue grâce à eux, toutes les disciplines des sciences se sont développées par leur entremise […] ». Beutler et Guts Muths (1790-1792), t. 1, II, III.

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confessionnelles se substituaient une volonté d’émancipation et de coopération, et une ouverture commerciale à un public de lecteurs. Le titre même de Journal, repris à la lettre en allemand, suggérait l’idée d’un archivage quotidien en vue d’un réemploi de la matière réunie. D’entrée de jeu, les périodiques savants esquissèrent les contours d’humanités mixtes, à la fois dans et hors du livre.

1.1. Périodicité, actualité, disponibilité

Les éphémérides étaient d’abord marquées par la périodicité, empruntée aux journaux d’information, nés en 1605 à Strasbourg et qui se développèrent concomitamment. Appliquée au savoir, cette périodicité mettait le savoir en cadence. Le périodique savant était le registre – et l’agent – d’un sentiment d’accélération de l’information et de la densité accrue de la diffusion des informations. Face à l’érudition dite baroque, les périodiques entendaient établir un dialogue entre des acteurs géographiquement, politiquement et religieusement dispersés, un entretien bien plus ferme que ne l’avaient permis les correspondances, le mode jusqu’alors privilégié de communication scientifique, et surtout plus actuel.

Ils étaient distribués en feuillets bihebdomadaires, mensuels ou trimestriels, reliés ex post, en fin d’année, en volume, à des fins commerciales et de conservation. Autrement dit, ils relevaient temporellement d’abord d’« humanités dé-livrées ». Loin de développer un savoir discursif linéaire, ils mettaient en œuvre un savoir fragmenté via les recensions d’ouvrages savants et littéraires – et toutes les formes de répliques et anti-critiques –, une science disséminée entre éditeurs, recenseurs et savants, et invitaient leurs lecteurs à suivre un rythme entrecoupé de lecture.

La presse savante se singularisait de plus par son maillage large mais irrégulier. Parurent des journaux savants germanophones dans des régions périphériques, voire extérieures, dans des petites villes et des villes d’Empire d’Allemagne méridionale dénuées d’université, dans des monastères. Si, suivant la recherche sociologique sur les réseaux, l’on caractérise un réseau par la densité de ses échanges, ou ses hiérarchies et sa force d’intégration (Jansen, 2003), on peut caractériser les journaux savants comme des réseaux voués au savoir. À la fois produits et vecteurs d’échanges écrits et oraux, les périodiques étaient aussi employés à des fins

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de promotion de tel groupe ou telle université, ainsi Göttingen (Saada, 2009) ; par là, ils infléchissaient des hiérarchies personnelles et institutionnelles. Le berceau et le centre de gravité des périodiques savants furent au départ les territoires protestants d’Allemagne moyenne et du Nord. Mais d’autres régions du Saint-Empire et des contrées germanophones avoisinantes eurent aussi une importante presse scientifique. Cela vaut particulièrement pour l’espace catholique de l'Allemagne du Sud, mais aussi des pays étrangers non germanophones (Danemark, Suède, Pologne, Russie, espace des Pays-Bas). Autrement dit, le réseau issu et animé par les périodiques savants était polarisé – chaque périodique justifiant sa fondation par la nécessité d’une information locale sur les nouveautés scientifiques extérieures, voire étrangères – et beaucoup plus étendu que la recherche historique, centrée sur Halle, Leipzig, Göttingen et Berlin, ne l’a jusqu’à présent retenu. La structuration et les différentes formes de réseau mises en œuvre n’ont pas encore été réellement étudiées.

La périodicité, l’actualité et la disponibilité de cette presse permirent pour la première fois le développement d’une discussion savante publique, ouverte et critique. Ceci ne fut pas seulement le fait de Kant et de son célèbre article « Was ist Aufklärung » (Qu’est-ce que les Lumières ?), paru précisément dans un périodique, la Berlinische Monatsschrift (voir Kant, 1784, 481-494), mais un trait général observé dès la fin du XVIIe siècle.

Pour Christian Thomasius déjà, seul un périodique savant était apte à cristalliser une sphère publique ; il esquissait les contours d’une Aufklärung reposant sur des conversations privées dans divers lieux – éventuellement publics –, aptes à transmettre des connaissances et à mettre à nu ses propres erreurs et les erreurs d’autrui (voir Thomasius, 1688, 610-618).

L’étude des journaux savants permet de se pencher sur ce nouveau type de littératie. Une communication spécifique s’y développa, dans laquelle l’oral précédait et/ou prolongeait l’écrit, les recensions et nouvelles scientifiques se faisant l’écho de conversations dans diverses institutions (associations, salons, cercles divers), et les anti-critiques répondant aux critiques de livres. La culture de la recension qui y fut expérimentée entraîna surtout un débat sur cette littératie particulière prenant la recension pour le livre, apte à permettre à toute personne, y compris féminine, à s’emparer des débats scientifiques en dehors des institutions consacrées, et sur cette fragmentation, dissémination et mise en réseau du

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débat scientifique. En même temps qu’ils étaient le lieu d’essai de cette nouvelle culture, les journaux savants furent le lieu de leur mise en question.

1.2. Éclectisme et compilation

La naissance des journaux savants est non seulement à rapporter à la différenciation interne des journaux et aux besoins de communication scientifique, mais aussi à un nouveau rapport à l’autorité et la prédilection pour l’éclectisme.

Martin Gierl a montré que les controverses déclenchées par l’individualisation de la foi promue par le courant piétiste dans la seconde moitié du XVIIe siècle alimentèrent dans le Saint-Empire une remise en question générale de l’autorité et du rapport au savoir. Elles accentuèrent la réception d’une philosophie éclectique favorisée par la critique de la place centrale de la métaphysique dans l’ordonnancement des sciences, fondée sur les principes de collection et de vérification du savoir, et guidée par la volonté de mettre en œuvre une coopération entre lettrés. Au moyen des périodiques savants, mais aussi des compendiums et des lexiques, les savants entendaient ensemble collecter et vérifier le savoir, poser ainsi les fondements d’une nouvelle administration du savoir. Les journaux savants devinrent l’organe de la soumission conjointe et publique du savoir à l’expertise savante en vue de l’abriter de l’erreur et du dogmatisme (Gierl, 1997).

La forme de l’éclectisme et le genre des journaux savants répondaient de plus à l’élargissement du marché du livre et à la perception d’un « flot de livres » (Bücherflut) tel que personne, même les plus grands érudits, ne pouvait plus prétendre à une science universelle (Blair, 2010). Un grand nombre de journaux restèrent pour cette raison universaux – même lorsque dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle se développèrent des périodiques spécialisés, en réponse à l’institutionnalisation croissante des sciences4. À son tour, l’élargissement du marché du livre conduisit les lettrés à valoriser les compilations et à réduire le savoir en fragments (Gierl, 2001).

4. D’abord pour la théologie (journal spécialisé dès 1701 avec les Unschuldige Nachrichten), la jurisprudence, l’histoire, la médecine et les sciences naturelles, puis les belles-lettres.

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Avec les lexiques ou encyclopédies et compendiums, les périodiques savants furent l’expression de la compilation en tant que méthode critique et le fondement de l’historia litteraria ou histoire systématique des lettrés et de leurs publications5. Aussi se dénommèrent-ils souvent « bibliothèque »6. Ils devaient tenir lieu de bibliothèques virtuelles, formées non de livres, mais de recensions. Certaines éphémérides se spécialisèrent dans la traduction de recensions publiées dans des journaux étrangers, parfois avec une orientation géographique précise. Entre 1748 et 1804, 18 périodiques germanophones différents publièrent ainsi des extraits ou traductions issus de journaux français en matière de médecine et science naturelle (Kanz, 1998/99).

Il y eut aussi des journaux de journaux, proposant au public un digest des recensions jugées les meilleures publiées dans divers périodiques. Ces emprunts étaient en ce cas affichés. Parfois néanmoins, ils étaient implicites, l’anonymat pratiqué jusque dans les années 1770 facilitant les emprunts et changements de registre sans reproche de plagiat. Les articles étaient jusque dans les années 1770 anonymes. Chaque article portait en titre l’indication géographique du correspondant qui l’avait rédigé. Jusque dans les années 1770, la notion d’auteur resta flottante et indécise.

Les éphémérides de Göttingen et de Leipzig en Allemagne, de Paris, Londres et Amsterdam servirent particulièrement de réservoir de nouvelles et recensions, traduites, recopiées et parfois amendées sans recours au livre premier. Ainsi, dans les Acta historico-ecclesiastica de 1749, le recenseur des Pensées philosophiques de Diderot n’avait-il pas lu le livre mais repris les comptes rendus parus à Leipzig dans les Zuverlässige Nachrichten et à Halle dans les Nachrichten von einer Hallischen Bibliothek, tout en les augmentant par un développement de sept pages sur le débat suscité par ce livre, dont il avait eu connaissance par la presse érudite de Göttingen, de Leipzig et de Berlin ([Anonyme], 1749 ; Saada, 2003) : la compilation avait affranchi le recenseur du livre. On comprend ainsi mieux un topos inquiet développé dès le début du XVIIIe siècle : la lecture

5. Le premier, Daniel Georg Morhof, dans son Polyhistor (1688), rassembla des données bio-bibliographiques et institutionnelles sur les lettrés d’après leurs disciplines. Ses successeurs ne cessèrent d’accroître le matériel rassemblé en l’actualisant et le réorganisant.

6. Ainsi l’Unpartheyische Bibliothecarius (Leipzig 1713), le Neuer […] Büchersaal der gelehrten Welt […] (Leipzig 1710-1717), etc.

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des livres allait être remplacée par la lecture sur les livres (voir Hoffmann, 1715, 3-5). Or ces recensions formèrent le socle de la culture scientifique7.

1.3. Livres muets, lectures vivantes

Les périodiques savants n’étaient pas l’objet d’une lecture linéaire mais d’une appréhension ciblée, sautant d’entrées en renvois et mesurant les articles à l’aune de leur actualité. Surtout, elle ne se développait pas dans un espace intellectuel abstrait, mais mettaient en jeu paroles et corps.

Au XVIIe siècle, les notes de lecture ou extraits étaient considérés comme un antidote indispensable à la lecture fugitive oublieuse, mais en même temps comme un danger pour la mémoire. Les livres étaient considérés comme des maîtres morts ou muets qui ne pouvaient être

« saisis » que lorsque « les gestes, la voix, les mains et le corps entier s’efforcent d’imprégner une chose »8. Aussi tout texte scientifique requérait-il deux lectures consécutives : d’abord silencieuse pour rédiger des extraits, puis à voix haute pour mobiliser les affects aptes à imprégner la mémoire. Comme les extraits devaient être constamment lus à voix haute et disposer d’un ordre interne pour s’ancrer dans la mémoire, on évitait de les écrire sur des feuilles volantes. Dans le contexte du « flot de livres », le lettré, pour disposer du savoir apte à lui permettre de s’affirmer en tant que savant, était de plus en plus astreint à une bonne gestion de ses notes de lecture.

Dans le contexte de l’essor de la sociabilité savante, il importa au lettré de savoir intelligemment cacher ses faiblesses. Un deuxième type de lecture, complémentaire du premier, s’inspira de la culture aulique et des stratégies courtisanes de la simulation et de la dissimulation. Ce que le savant avait lu et pris en note devait, à l’image de la vie politique, être marqué du sceau du secret pour pouvoir produire un effet sur les auditeurs. Lire devait ainsi servir la formation d’une faculté de juger autonome, laquelle ne pouvait être entraînée et contrôlée que dans le cadre

7. Certains ouvrages, en particulier d’historia litteraria, sont formés d’une succession de recensions. Cf. Schmidt et Mehring (1795).

8. « gefasst… die Gebärden/ die Stimme/ die Hände/ und zugleich der gantze Leib bemühet ist/ eine Sache einzudrucken » Harsdörffer (1653), 21. Cf. aussi Zedelmaier (2001), 22, que je suis dans ce paragraphe.

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de la conversation « vivante ». L’apprentissage par cœur et l’érudition muette furent discrédités comme autant de traits de pédanterie. Les recensions et nouvelles scientifiques étaient discutées devant des « pairs » avant d’être livrées au public.

Lorsqu’au XVIIIe siècle, le marché du livre s’élargit considérablement, les techniques de lecture se différencièrent profondément. Un souci général de moralisation de l’acte de lecture s’affirma, parallèle à l’affirmation des jugements personnels du public des lecteurs. La lecture solitaire, à laquelle ces derniers étaient liés, fut considérée comme un danger. La période de l’Aufklärung prôna la socialisation de la lecture et sa réglementation dans des sociétés de lecture, salons et académies (voir Böttiger, 1787, 24, 34). Ainsi pourrait s’épanouir l’autonomie de la pensée.

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la lecture mit ainsi en œuvre la parole et le corps, hors du livre proprement dit.

2. Dynamique textuelle et traitement digital 2.1. Les grandes lignes de la base de données

La base de données Gelehrte Journale und Zeitungen als Netzwerke des Wissens im Zeitalter der Aufklärung (Les périodiques savants de l'époque de l'Aufklärung, réseaux du savoir, http://gelehrte-journale.adw-goe.de) élaborée depuis 2011 par l’Académie des sciences et lettres de Göttingen en coopération avec la Bibliothèque d’État et universitaire de Basse Saxe (Göttingen), la Bibliothèque universitaire de Leipzig et la Bibliothèque d’État de Bavière (Munich), s’assigne pour but non seulement d’exploiter et de numériser les périodiques germanophones les plus importants de cet énorme corpus – un échantillon de 128 périodiques, soit environ 1 275 volumes et 850 000 pages a été défini –, mais aussi de rendre visible leur éminente fonction dans la culture de l’Aufklärung et la dynamique des savoirs. Un simple traitement livresque ne serait en effet à même de rendre compte ni de l’organisation, ni des usages de ce matériau. Inversement et corrélativement, le numérique influence le travail quotidien de l’équipe de chercheurs rassemblée. Le choix numérique est guidé par trois considérations.

La première raison a trait à la masse de la documentation. Ce programme s’inscrivait au départ dans la continuité de deux projets

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précédents de l’Académie des sciences et lettres de Göttingen : l’Index des journaux germanophones 1750-1815 qui, entre 1975 et 1986 a dépouillé et exploité 195 journaux généraux, l’Index systématique des journaux critiques germanophones du 18e siècle qui, entre 1987 et 2007, a établi une banque de données sur 65 journaux parus entre 1700 et 17859. Ces deux programmes avaient fonctionné selon les méthodes et les contraintes de l’érudition du XIXe siècle et ressortaient d’une érudition livresque : seules les recensions avaient été prises en compte (non les nouvelles scientifiques : découvertes, contributions, personalia), aucune indexation par mots-clefs, aucun renvoi à toutes les formes de la critique, de la réplique et aux articles à suite n’avaient été prévus.

Le caractère très dispersé et lacunaire de la source impose, deuxièmement, le choix numérique. Les périodiques ont mal survécu aux aléas du temps. Aussi l’équipe10 a reconstitué des exemplaires collationnés

« virtuels ». Pour en rendre compte de manière appropriée, leur exploitation a été répartie sur les trois sites de Göttingen, Leipzig et Munich. Cette répartition vise tout d’abord à prendre en compte aussi les débuts méconnus de l’Aufklärung ainsi que le sud et les territoires catholiques, très peu étudiés. Les sites de Leipzig et de Munich sont localisés dans les grandes bibliothèques : Bibliothèque universitaire de Leipzig, Bibliothèque d’État de Bavière. La coopération intense avec les bibliothèques rend compte des redéfinitions actuelles des bibliothèques, celles de Göttingen et Munich étant les deux grands pôles de numérisation en Allemagne. Le travail d’équipe dans trois sites éloignés les uns des autres a poussé les chercheurs de l’équipe à définir des normes de travail, qu’ils échangent par des conférences vidéo et un forum interne, et à mettre en œuvre un manuel « wiki », en ligne, vite actualisable, extensible, et aisément manipulable au moyen de liens hypertextes internes.

Le choix du numérique découle enfin de la volonté de s’intégrer dans le débat scientifique. Pour éviter de travailler en îlot, l’équipe a décidé

9. Index deutschsprachiger Zeitschriften 1750-1815 (IdZ 18), Systematischer Index zu deutschsprachigen Rezensionszeitschriften des 18. Jahrhunderts (IdRZ 18). Ces deux projets se sont limités au fonds de la Bibliothèque d’État et universitaire de Basse Saxe (Göttingen).

10. Un coordinateur et un informaticien à plein temps à Göttingen, quatre chercheurs à mi-temps à Göttingen, deux chercheurs à plein temps à Leipzig, quatre chercheuses à mi-temps à Munich.

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d’intégrer la base de données au Catalogue collectif des bibliothèques l’Allemagne du Nord et de l’Est (GBV, Gemeinsamer Bibliotheksverbund, qui centralise les catalogues des bibliothèques de sept Länder et de la Fondation du patrimoine prussien). Ce parti-pris a eu pour conséquence l’adoption du logiciel de catalogage bibliothécaire WinIBW, aménagé aux besoins de l’étude des périodiques. La base de données sera ainsi accessible non seulement via le site internet, mais aussi dans tous les grands catalogues collectifs – à commencer par le Catalogue virtuel de Karlsruhe, consulté par tous les doctorants et chercheurs en Allemagne11. L’architecture technique globale du programme est donc complexe. Les données des programmes précédents IdZ 18 et IdRZ 18 ont été converties et importées. Les données du nouveau programme sont entrées dans le format PICA3 ; l’ensemble des données est converti ensuite en format bibliothécaire PICA + dans la base de données du GBV. Le programme a toutefois un moteur de recherche propre en vue de garder le contrôle de l’index, des synonymes, de la présentation des résultats, des masques de saisie et du thésaurus du programme.

Le logiciel WinIBW a pour intérêt de garantir la sécurité des données, leur enregistrement pérenne, une saisie contrôlée au moyen de catégories prédéfinies, et l’intégration des données. À chaque périodique est affecté un set de données générique, associé à chaque article par un lien hypertexte. On proposera ici, à titre d’exemple, une entrée de la base de données. Il s’agit de la recension d’une satire de l’état monacal, parue en 1784 dans la Litteratur des katholischen Deutschlands, éditée par des moines.

L’entrée est divisée en trois parties, lesquelles distinguent 1) la recension (avec un lien hypertexte vers les pages du périodique), 2) le livre recensé (avec ici un lien hypertexte vers la ressource numérisée du livre et un lien hypertexte vers la réplique à cette recension dans le même périodique), enfin l’exploitation scientifique (classement dans l’ordonnancement des savoirs, mots-clés, appréciation du recenseur).

11. Karlsruher Virtueller Katalog: http://www.ubka.uni-karlsruhe.de/kvk.html, qui intègre les grandes bibliothèques au niveau mondial. La base de données relie les données aux programmes de numérisation de périodiques au niveau mondial, recensés sur http://signets.bnf.fr/html/categories/c_011presse_histoire_sources.html, le signet de la BnF, et le site web de la base de données http://gelehrte- journale.adw-goe.de/fr/liens/liens-generaux/ (consultés le 25.01.2014)

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Illustration 1. Exemple d’entrée de la base de données

2.2. De nombreuses possibilités d’interrogation

La base de données est consultable sur le site internet http://gelehrte- journale.adw-goe.de en mode simple (premier champ) ou en mode avancé.

Le mode simple propose une interrogation en plein texte de toutes les entrées : 97 000 sets de données de l’IdZ 18, 76 000 de l’IdRZ 18, 23 800 de l’actuel programme (GJZ 18)12. Il se prête à de nombreuses enquêtes.

Même les interrogations les plus simples renouvellent notre vision de l’Aufklärung. Ainsi le « palmarès » des auteurs les plus cités révèle l’importance de l’ouverture à l’étranger – en particulier à la culture francophone – et la profondeur des incidences directes du format périodique sur la culture scientifique de l’Aufklärung.

12. Chiffres du 11 avril 2014.

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Tableau 1. La présence des philosophes dans le débat savant d’après la base de données (Données du 17 janvier 2014)

Philosophes  Nombre d’articles 

Johann Christoph Gottsched  Voltaire 

Albrecht von Haller  Christian Wolff 

Gottfried Wilhelm Leibniz  Jean‐Jacques Rousseau  Immanuel Kant  Johann Georg Sulzer  Isaac Newton  Samuel Formey  Johann Gottlob Krüger  Hermann Samuel Reimarus  Denis Diderot 

D’Alembert  David Hume 

Montesquieu (Charles de Secondat, baron de)  Pierre‐Louis Moreau de Maupertuis 

Christian Thomasius  John Locke 

1624  607  498  406  351  335  201  177  174  172  172  150  145  122  103  95  94  66  65 

Les philosophes les plus attendus – Leibniz, Wolff, Kant – sont largement surpassés par Gottsched, promoteur de la sociabilité scientifique

« vivante » qui fut le terreau des périodiques. La place d’Albrecht von Haller et de Samuel Formey est directement liée à leur rôle de charnière entre les sociétés savantes et les périodiques qu’ils éditèrent. Quant à la réception de Voltaire, elle semble déterminée par son engagement dans les médias en tant qu’intellectuel lors de l’Affaire du Jugement de l’Académie des sciences de Berlin en 1752 et plus encore lors de l’affaire Calas en 1762, ainsi que le montre le graphique suivant. Le rang des philosophes confirme en d’autres termes la fonction incarnée par les périodiques, de registre, d’agent et de multiplicateur de la communication scientifique.

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Graphique 1. La réception de Voltaire (Données du 27 septembre 2013)

Au-delà de cette interrogation simple, il est possible de combiner des catégories. La base de données peut rapidement donner de nombreux renseignements sur la réception de périodiques étrangers en Allemagne.

Elle permet d’établir le profil de certaines éphémérides, en particulier quant à la reprise d’articles étrangers – la base de données en recense plus de 12 000. Elle rend possible une étude de la critique et de son évolution temporelle, de la plus ou moins grande spécialisation thématique et/ou scientifique et ses inflexions temporelles. On peut ainsi comparer, au milieu du XVIIIe siècle, le profil des périodiques qui dominent le marché : les Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen (Göttingen), les Jenaische gelehrte Zeitungen (Iéna), les Freye Urtheile und Nachrichten (Hambourg), les Freymüthige Nachrichten von neuen Büchern (Zurich), enfin les Tübingische Berichte von gelehrten Sachen (Tübingen). Un rapide examen montre que la suprématie du périodique de Göttingen – largement repris au début de la période à Tübingen – n’a jamais été incontestée. Dans un contexte de très forte décrue de recensions de théologie, le journal de Tübingen, de dépendant, devient même prépondérant. Quant au spectre des sciences traitées, il est dominé par la théologie, la médecine, le droit, l’histoire et l’historia litteraria, les sciences naturelles suivant loin derrière.

Mais si le tableau est homogène quant à la place de la théologie ou celle de l’histoire, la médecine ainsi que les arts et belles-lettres dénotent des situations très contrastées. Ces résultats très simples à obtenir au moyen de la base de données révisent radicalement les études fondées sur des enquêtes livresques et limitées, en raison de l’ampleur de la

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documentation, à un cas particulier, extrapolé et considéré comme exemplaire voire unique– ainsi le cas de Göttingen, posé comme unique et dominant sur toute l’Allemagne, au point qu’il ne peut se concevoir qu’à l’échelle de l’Europe entière (Bödeker et al. (2010).

Graphique 2. La place de la théologie dans les journaux savants dominants, 1750-1763

Graphique 3. Profil comparé des journaux dominants en 1753

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2.3. Traitements digitaux

Depuis la seconde guerre mondiale, l’Aufklärung a été abordée en Allemagne d’un point de vue idéologique – en réaction notamment à la thèse de Max Horkheimer et Theodor W. Adorno du développement d’une conception instrumentelle de la notion de raison menant à une auto- destruction de l’Aufklärung, très reçue en Allemagne dans les années 1960- 70 – puis très idéelle. La redécouverte des périodiques et de leur rôle moteur, à la fin des années 1980, n’a pas foncièrement changé l’angle d’approche. Leur nature éparpillée et fragmentée nous invite à interroger la technique contemporaine fondamentale du couper-coller de notes de lecture (Blair, 2010) ; leur discussion d’ouvrages parfois clandestins ou disparus nous incite, plus généralement, à sonder la précarité du savoir aux XVIIe-XVIIIe siècles (Mulsow, 2012). La base de données et l’accès qu’elle offre aux ressources numérisées (qui seront-elles-mêmes de plus en plus interrogeables en plein texte) se prêtent aux études quantitatives, statistiques, textométriques. Si le choix du logiciel (n-gram, iRaMuTeQ, Yoyant Tools ou Mallet par exemple) guidera sans aucun doute la problématique et les résultats, de telles analyses de textes seront à même de formuler un questionnaire neuf de sémantique historique. Il serait loisible, ensuite, de reconstituer les réseaux relationnels tissés entre les contributeurs de revue et leurs identités plurielles (locales, institutionnelles, personnelles) et de les visualiser sous forme de graphes, ainsi au moyen du logiciel GEPHI. Ces graphes pourraient être publiés sur un support en ligne (avec des liens hypertextes), voire être conçus de façon interactive.

Conclure sur des évolutions que l’on pressent et qui relèvent de l’exploratoire, n’est pas une tâche aisée. La base de données est un outil en cours d’élaboration destiné à sensibiliser le public intéressé à une masse documentaire très peu connue et à encourager la recherche. Les chercheurs qui l’élaborent se réjouissent par avance de tous les échos d’utilisateurs et de toutes les expérimentations auxquelles elle pourrait donner lieu. Une utilisatrice, qui travaille à une thèse sur la réception du philosophe matérialiste La Mettrie dans les cercles savants et intellectuels allemands entre 1740 et 1850, a rédigé un billet dans lequel elle explique comment la base de données sur les périodiques lui a servi de point de départ pour l’élaboration d’une base de données propre sur les quelques 250 recensions

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qui le mentionnaient13. Un tel écho suggère que nous nous écartons de la littératie livresque traditionnelle. Le traitement et la narration historique tendent à se fonder sur des bases de données et l’appréhension de corpus étendus. Les études de réseaux et de sémantique historique pourront contribuer à mettre le livre en réseau, affiner et spécifier la forme du livre (Girard, 2014).

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Références

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