Adolescence et Sexualité
Définitions
La sexualité des adolescents Sexualité et loi
Questionnements des adolescents sur la sexualité
Rôle de l’éducation à la sexualité
Définitions
Préambule : la sexualité « normale » Adolescence
Puberté
Aspect psycho-social
Je me sens attirée par une autre fille
du cours de musique
Mon pénis est trop petit, c’est sûr … j’ai
honte sous la douche avec les
autres
Je n’ai pas d’orgasmes lors
des rapports sexuels
Je suis encore vierge alors que j’ai 20
ans …
Une de mes petites lèvres dépasse de
ma vulve et
« pendouille » J’ai éjaculé trop vite
… elle n’a rien dit mais je sais qu’elle
a été déçue. Je ne suis pas à la
hauteur J’aime ma copine mais j’ai couché avec une autre fille
?
?
?
? ?
La sexualité « normale »
Derrière toutes ces questions s’en cache une seule … « suis-je
normal(e)? »
C’est quoi la normalité ?
Normalité ou normalitéS
NormalitéS
Statistique :
Enquêtes, sondages
Clinique :
Anatomique, Physiologique psychologique
Morale :
Loi règles
Personnelle :
Vécu, expériences individuelles
Culturelle :
Traditions, usages
Normalité clinique : correspond aux normes anatomiques, physiologiques, psychiques définies par manuels
scientifiques/médicaux
Normalité culturelle : s’élabore en fonction d’un certains nombre de
valeurs et de pratiques qu’un groupe de personnes partage. Grande
variabilité !
Normalité morale : correspond aux lois, aux règles (ex âge du
consentement, mono ou polygamie, inceste)
Normalité statistique : pratiques
avérées ou supposées du plus grand nombre. (ex: stats sur âge du premier RS, nombre de partenaires, pratiques)
Normalité personnelle : manière de penser les choses en lien avec ses propres valeurs, ses propres
représentations. Liée à ses
expériences propres. Influencée par ce que l’on entend dire par entourage proche (amis, partenaires)
Le contrôle social
FORMEL
Ensemble des règles, lois, émises par un
groupe social afin de maintenir
l’ordre, réguler les
comportements sociaux et prévenir les comportements
déviants.
INFORMEL
S’exerce de manière continue par
les
interactions.
Chacun participe à réguler les comportement
s
sociaux(sourire s sarcasmes, approbation ou
non)
Adolescence
Dictionnaire : « âge qui succède à l’enfance »
OMS-1974 : période selon laquelle l’être humain:
◦ Passe du stade de la première apparition des
caractères sexuels secondaires à celui de la maturité sexuelle.
◦ Acquiert des structures psychologiques et des modes d’identification qui transforment l’enfant en adulte.
◦ Passe d’un stade de dépendance sociale et
économique totale à celui d’une indépendance relative.
Débute avec la puberté/maturité sexuelle et prend fin avec la maturité sociale
Période de 10 à 20 ans.
Adolescence (2)
Phénomène récent et très dépendant de la culture.
Age « préfabriqué » qui correspond à un choix de société (prolongation de la scolarisation, transition)
Sociétés primitives : adolescence
n’existe pas. Passage directement de l’enfance à l’âge adulte le plus
souvent par le biais d’un rituel
Aspects biologiques : La puberté
Maturation des caractères sexuels primaires
(Permet la fonctionnalité des appareils sexuels)
Apparition des caractères sexuels secondaires
(modifications morphologiques)
Variations selon le sexe (environ 2 ans plus tôt chez les filles)
Des modifications corporelles …
Filles Garçons
Taille adulte vers 16 ans
Développement mammaire
Elargissement bassin
Répartition masse graisseuse (fesses, cuisses, hanches)
Pilosité
Menstruations
Acné
Taille adulte vers 18/20 ans
Augmentation volume testiculaire et
allongement de la verge.
Ejaculations
Pilosité
Voix qui mue
Masse musculaire
Pomme d’Adam
Acné
… qui ont des répercussions
Puberté = avalanche de bouleversements
Lui « tombe dessus » à un moment de sa vie où il ne sent pas sûr de lui
Aspect psycho-social
« L’enfance sait ce
qu’elle veut, elle veut
sortir de l’enfance »
Ce n’est pas la puberté qui témoigne de l’entrée dans l’adolescence mais l’adoption de comportements
(langage, attitude, goûts, choix
vestimentaires etc.) dont le jeune va petit à petit s’imprégner afin de
s’identifier à ses « grands pairs ».
Françoise Dolto : l’événement
marquant n’est pas la puberté, mais la première expérience sexuelle qui signe résolument la sortie de
l’enfance
La « crise » d’adolescence
Adolescence est aussi un
développement culturel et social
Pas d’explication biologique de la
« crise ». N’existe pas dans les sociétés primitives.
Michel Fize parle de la « culture adolescente » : goûts et intérêts
communs, stéréotypes vestimentaires, comportementaux.
(Le peuple adolescent, Paris, Milliard, 1994)
L’adolescent se cherche
Tente de trouver des images de lui qui lui corresponde
Cherche à s’identifier à ses pairs : importance du groupe, sortir de la famille et se confronter à la société.
« Etre comme » certains modèles, stars, héros …
Choix vestimentaire : mettre en valeur sa sexuation ou au contraire la
dissimuler
Un adolescent …
Se pense Indestructible
Aime flirter avec le risque et le danger (alcool, vitesse, défi, etc.)
Notion de risque très différente selon les groupes et les personnes
Qui a dit … ?
« Notre jeunesse (...) est mal
élevée. Elle se moque de l'autorité et n'a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d'aujourd'hui (...) répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout
simplement mauvais. » Socrate (470-399 av. JC)
Qui a dit … ?
« Je n'ai aucun espoir pour l'avenir de notre pays (…) parce que cette
jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible. »
Hésiode (720 av. JC)
Sexualité(s) de l’adolescent
Identité sexuelle
Orientation sexuelle Masturbation
Première fois
Sentiment amoureux
Pornographie et internet
Identité sexuelle
Cis-genre ?
N’est pas un choix
Question se pose bien souvent avant l’adolescence mais apparaît de façon cruciale à cette période
Identité sexuelle (2)
Transidendité : genre vécu
(sentiment d’être un garçon ou une fille) ne correspondant pas à identité sexuée biologique (chromosomique, organique) et au genre assigné à la naissance
Vécue comme une « erreur » de la
nature, « être enfermé dans un corps qui n’est pas le bon »
Le plus souvent ressentie dès l’enfance
Identité sexuelle(3)
Adolescence : crise identitaire et
conflits liés à la pression familiale et sociale
Puberté vécue comme un traumatisme (apparition des
caractères sexuels secondaires)
Dépression, TDS
Orientation sexuelle
Questionnement important chez les adolescents. Notion de « normalité »
Homosexualité peu fréquente avant 18 ans ( 5% des lycéens et 3% des lycéennes). En hausse
Et pourtant, fantasmes et pulsions homosexuelles très fréquents à
l’adolescence
Expérience homosexuelle « pour essayer »
Orientation sexuelle (2)
80 % des jeunes homosexuels
mènent une double vie et n’assument pas leur homosexualité
Homosexualité masculine pourquoi ? (Écologie humaine) ; 1998 – SOFRES 1997 pour le Nouvel Observateur "Les français et l’homosexualité" repris par Têtu ; octobre 2000
Souffrance psychique avec TDS, automutilation, anorexie,
comportement sexuel chaotique
Retentissement social, échec scolaire, rejet familial, etc
Masturbation
Pratiquée par 80 à 95% des garçons et 30 à 60% des filles (Chiffre déclaratif)
Aide l’ado à mieux connaître et comprendre son corps
Souvent conduit à la première
éjaculation chez le garçon (68%) et au premier orgasme chez les filles (84%)
C’est plutôt l’absence totale de
masturbation qui doit alerter (inhibition, état pathologique)
La «première fois »
Enquète INSERM INED Mars 2007
Age du premier rapport sexuel stable depuis 30 ans
◦ 17 ans pour les garçons
◦ 18 ans pour les filles
Chez les filles, notion d’engagement affectif plus développé et relation plus longue avec le premier partenaire
15 ans 18 ans
- Plus de la moitié flirtent - 1/3 a eu une expérience
sexuelle
- Les ¾ ont eu des relations sexuelles
La « première fois » (2)
Protection : 90 % des premières fois sont protégées par préservatif et/où contraception.
Les comportements varient peu selon les milieux
Le sentiment amoureux
En quelques chiffres :
◦ 78% sont déjà tombés amoureux
◦ Pour 83%, la première fois s’est faite par amour
◦ 91% estiment que le fait d’aimer et d’être aimé est plus important que le sexe
Sexualité pas aussi débridée qu’imaginée par les adultes
◦ Age du premier rapport ne baisse pas
◦ Hétéronormativité et morale toujours de mise
Le sentiment amoureux (2)
L’adolescent est très en phase avec le sentiment amoureux. Exaltation
Alberoni (sociologue) « Le choc amoureux » 1979
Le premier amour serait une des
expériences les plus fortes de la vie (neurobio : plaisir comparable à celui provoqué par cocaïne)
Recherche de grande intimité, de tout partager. Mêmes goûts, mêmes idées, cherche de la ressemblance et en
produisent. Illusion de trouver son double.
Serge Hefez « La danse du couple » 2002
Expériences amoureuses selon 4 axes
S’amuser : plaisir gratuit, amours de vacances
Expérimenter : chercher à acquérir des compétences conjugales et
sexuelles
Se poser : aimer, se sentir en osmose avec le/la partenaire
Se réassurer : point de vue du couple et personnel
Internet et pornographie
Les mots sexe et porno sont dans le top 5 des requêtes internet chez ado
9/17 ans : en moyenne 1h45 sur internet par jour
Moins de 1/3 des parents parlent d’internet avec leurs enfants
Accessibilité(smartphone).
Omniprésence du Web.
Pas de filtrage des contenus visionnés
Les SMS
En moyenne 80 / jour
◦ Langage SMS
◦ Multiplier les échanges permet de fuir l’angoisse de solitude
Sexting : envoie de message et/ou d’image sexuellement explicite au moyen d’un téléphone portable
Les Chatroulettes
Site de messagerie instantanée et de visionnage par webcam. Particularité, mettre en contact les profils de façon aléatoire. Vient de « chat » discuter et
« roulette » hasard.
Exemple : Bazoocam, Chatrandom, Roulettechat
Avalanche de visages, de morceaux de corps, images défilent, zappent,
« next »
Risques de pédophilie
Les Youtubeurs et Youtubeuses
Véritables stars chez les ado. Tutos très suivis
Personnes non compétentes, non formées à l’éducation à la sexualité, ne parlent que de leur propre
expérience
Contenus anxiogènes
Idées reçues, mauvais conseils …
Contenus anxiogènes
Léa Choue crée des vidéos sur la sexualité des jeunes. Avec près de 250 000 abonnés, ses vidéos pouvant atteindre jusqu'à 1,5 million de vues. Un gros succès pour une jeune fille qui n'aime pas que le buzz.
Pornographie
2002 : âge moyen du 1er film X ? 13 ans
Porno de + en + accessible
Conséquences :
◦ Vision mécanique et génitale de la sexualité
◦ Mécanisation des relations sexuelles
◦ Relations hommes/femmes faussées
Homme dominant, toujours capable de donner du plaisir à sa partenaire
Femme : créature toujours prête à dire oui et assouvir les désirs de l’homme
Angoisse de performance
Complexes physiques (taille du sexe chez les garçons, demande de
nymphoplastie chez les filles)
Pose la question du consentement
Pratiques hard, extrêmes, violence (qu’ils essaient de reproduire)
Porn-addiction avec incapacité à avoir des relations sexuelles dans la vrai vie.
Recherche d’excitation très forte et très vite (comme binge-drinking)
« Alice au pays du porno » Claude Rozier et Michela Marzano . 2002
« Pornographie , un jeu d’enfant »
Documentaire d’AM AVOUAC, France 2
Loi et Sexualité
Majorité sexuelle Contraception / IVG
Agressions Sexuelles / Viol Secret professionnel
Majorité sexuelle
Mineurs de 15 ans.
◦ Interdiction de relations sexuelles entre adulte et mineur de moins de 15 ans
◦ Art 227-25 du Code Pénal
◦ Peines aggravées si adulte est un
ascendant ou exerce autorité de fait, de droit ou lié à ses fonctions
Mineurs de plus de 15 ans.
◦ Relations autorisées
◦ Sauf si adulte est ascendant
Droit à la contraception et à l’IVG
Contraception autorisée en France
◦ Loi Neuwirth. 1967
◦ Remboursement 1974
Contraception d’urgence
◦ Vente libre 1999
◦ Gratuité et anonymat (mineurs) 2000
Interruption Volontaire de Grossesse
◦ Dépénalisation Loi Veil 1975
◦ Remboursement 1982
◦ Mineures, 2001: pas d’obligation
d’autorisation parentale, accompagnement par une personne majeure de son choix
Agressions sexuelles
Tout acte sexuel commis avec violence, contrainte, menace ou surprise. Art 222- 27 du Code Pénal
◦ Actes impudiques exercés directement sur le corps de la victime
◦ Comportements immoraux ou obscènes
◦ Tentative condamnée de la même manière
Sanction :
◦ Tribunal correctionnel, délit.
◦ 5 ans de prison. 75 000 euros
Viol
Acte de pénétration, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne
d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Art 22-23 du code pénal
◦ C’est l’acte de pénétration qui distingue le viol de l’agression, et ce peut être tout type de pénétration, utilisation d’objet.
◦ Acte à connotation sexuelle
Sanction : viol = crime. TGI.
◦ 15 ans de réclusion
◦ Circonstances aggravantes : 20 ans
Secret professionnel
Secret professionnel = relation de confiance.
Article 334-3 : obligation de signalement de tout mauvais
traitement ou privation infligé à une personne mineure ou vulnérable.
Cela concerne les professionnels de santé : levée du secret professionnel et signalement obligatoire
Questionnement des ados sur la sexualité
Acceptation de son propre corps et des changements physiques
Relations à l’autre
Acceptation de son propre corps et des changements physiques
Souvent décalage entre les réalités anatomiques et les représentations mentales
Provoque des inquiétudes
Questionnement sur la « normalité »
Représentations du corps masculin
Du côté des garçons
◦ Taille du pénis et son fonctionnement
◦ Erections intempestives
◦ Ejaculations, quantité de sperme
Inquiétudes par rapport à la normalité
◦ Conversations avec copains
◦ Références à la pornographie
◦ non rassurantes
Du côté des filles :
◦ Questions plus discrètes mais présentes
◦ taille du pénis qu’elles imaginent beaucoup plus grand (exagération des garçons)
◦ crainte des rapports sexuels
Représentations du corps féminin
Du côté des filles :
◦ Vagin imaginé comme une petite fente
◦ Hymen comme une barrière
◦ Méconnaissance du clitoris
Du côté des garçons :
◦ Représentation de la vulve fantaisiste
◦ Vagin = trou 30 cm (d’où inquiétude sur la taille du pénis !)
◦ « Trou noir » peur de « s’y perdre », d’y
« rester coincé », réactivation de l’angoisse de castration
◦ Méconnaissance du clitoris
Le clitoris … cet inconnu !
Relations à l’autre
Enjeux différents pour les garçons et les filles
◦ Garçons : performance
◦ Filles : émotion, sentiments
Stéréotypes sexuels masculins et féminins.
◦ Rôles sexuels / Normes sociales
◦ Discrimination à l’égard des différences
Générateur de beaucoup de stress et angoisse
Les garçons et la performance sexuelle
Le rapport sexuel est une obligation, urgence de passer à l’acte, ne plus être « puceau »
Questions autour de la « technique »
◦ Meilleures positions
◦ Temps du rapport
Angoisses / représentations de leur virilité.
Peur de l’impuissance, de l’éjaculation prématurée, peur d’être défaillant
Les filles et l’idéalisation du premier rapport
Très forte attente affective et émotionnelle … déception
Apprendre à dire « oui » et « non »
Si pas d’orgasme : peur de la frigidité.
◦ Survalorisation de la pénétration vaginale.
◦ Méconnaissance du clitoris et du rôle des préliminaires
Education à la sexualité
Rôle de l’éducation sexuelle dans la prévention des troubles
Des peurs installées à l’adolescence peuvent perdurer à l’âge adulte
Causes psycho-comportementales des troubles sexuels
Manque d’information sur le corps et la sexualité
Éducation dévalorisante en ce qui concerne la sexualité (tabou, nudité, masturbation, plaisir en général)
Rapports régulièrement douloureux ou insatisfaisants
Anxiété / angoisse de performance / peur de l’échec
Trop forte tension émotionnelle
Education à la sexualité
Loi du 4 juillet 2001, Article 22
3 séances annuelles, par groupes d’âge homogènes, d’information et d’éducation à la sexualité, en écoles, collèges et lycées
Objectifs : aider les jeunes à
développer leurs connaissances, leur autonomie et leurs compétences pour un passage à l’âge adulte en bonne santé sexuelle.
Education à la sexualité
La sexualité doit être abordée comme naturelle, une partie intégrante et
positive de la vie
Elle doit comprendre des infos sur :
◦ Anatomie, physiologie
◦ Puberté
◦ Grossesse / IST
◦ Relations garçons/filles
◦ Rappels à la loi / notion de consentement
◦ Respect de soi / respect de l’autre
Education à la sexualité
Ne doit pas être uniquement une information sur les risques liés à la sexualité
Mais doit aborder ces risques et donner les ressources pour s’en protéger :
◦ Contraception / IVG
◦ Prévention des IST / Dépistage