R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
G. D ARMOIS
Historique du centre de formation des ingénieurs et cadres aux applications industrielles de la statistique
Revue de statistique appliquée, tome 2, n
o4 (1954), p. 25-27
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HISTORIQUE DU CENTRE DE FORMATION DES INGÉNIEURS ET CADRES
AUX APPLICATIONS INDUSTRIELLES DE LA STATISTIQUE.
par
G. DARMOIS
Professeur à la Faculté des Sciences
Directeur de l’Institut de Statistique de l’Université de Paris
La décision de créer le Centre de Formation a été
prise
enjuin 1952,
au coursd’une réunion du Conseil d’administration de l’Institut de
Statistique
de l’Université deParis,
sous laprésidence
de M. le recteur SARRAILH.J’ai tenu à mettre ce Centre au c0153ur de l’Université. En
effet, je
pensequ’il
fautdonner à ces recherches toute la base
scientifique poss:ble.
Il ne resteplus
ensuite qu à résoudre desproblèmes pédagogiques
- extrêmement difficiles d’ailleurs.En
juin 1952,
nous avons donc décidé que ce Centre serait créé. On peut se demander d’ailleurspourquoi
nous avons attendu silongtemps.
Enréalité,
nous n’avonspas tellement attendu. Plusieurs tentatives ont eu lieu avant d’arriver à cette solution que
je
crois être lameilleure.
Pourréussir,
deux conditions étaient absolument nécessaires.Elles se sont ensuite révélées très
suffisantes.
Il fallait que
l’atmosphère
soit devenue favorable.Il fallait avoir constitué des
équipes
de statisticienscompétents.
J’entends par là des gens connaissant bien lesprincipes
de lastatistique
et lesayant déjà appliqués
dansdes
entreprises.
Il est évident que les
application
industriellespratiques
de lastatistique
se sontdéveloppées depuis
au moinsvingt
ans aux Etats-Unis et enAngleterre,
avant d’être intro-duites en
France.
En
1937, j’ai entrepris quelques
efforts pourdévelopper
les contacts avec leschefs
d’entreprise.
J’ai incontestablement rencontré dessympathies
sans toutefoistrouver
beaucoup
de solution.En
1939,
nous avons commencé à travailler au ministère del’Armement,
maistout a été
interrompu
en1940.
Le fait que nous
ayions
dû attendre n’a pasprésenté
que desinconvénients;
il aeu aussi des
avantages, beaucoup d’avantages.
En
effet,
au-delà de nosfrontières,
on s’estchargé
d’administrer les preuves de l’efficacité de ces méthodesstatistiques.
Au moment de la création de ceCentre,
nousavons donc bénéficié de
l’expérience
de nos devanciers.Dans le cas
qui
nous occupe, lemot « enseignement »
n’est pas suffisant. Nousavons donc
adopté
le mot de 4: formation ».26
Le véritable
problème
est en fait unproblème pédagogique particulier, exigeant
une solution
adaptée
à ses nécessités propres.J’étais très habitué à
l’enseignement classique
- que l’onappelle académique
-. et,
cependant,
deux ans m’ont été nécessaires pourcomprendre
cequ’il
fallaitfaire.
I! y a trente ans, 1’1 nstitut de
Statistique
de t’Univers’té deParis,
dontje
suisdirecteur,
a été créé par des personnes aux idées trèssaines, qui
se sont dit que son but étaitl’application
des méthodesstatistiques
à tous lesdomaines;
c’est ainsi que la voienous a été ouverte au doma:ne des
statistiques
industrielles.Le programme des fondateurs de l’Institut nous
oblige
à surveillerl’horizon,
quej’appellerai
4: l’horizonstatistique »
et à nous tenirprêts
à accueillir et àenseigner
toutes les nouveautés.Nous avons
depuis longtemps
introduitl’enseignement
desapplications
desméthodes
statistiques
à labiologie,
àl’agriculture,
ainsi quel’enseignement
aux tech-niques
et recherchesindustrielles,
mais ils’agissait
là d’un vaste mouvement destiné auxétudiants.
Cetenseignement
comporte évidemment des travauxpratiques,
mais ceux-cine sont pas tout à fait suffisants.
J’ai
pensé
que cette formation que nousdispensions
aux étudiants était encoreplus
utile à ceux quej’appellerai
« les adultes ». Ils’agit
desingénieurs déjà engagés
dans la
production
et dans lelsentreprises.
Ceux-ci rencontrent très souvent des pro- blèmesstatistiques auxquels
ils ne sont paspréparés.
Nous avons donc créé en 1950 un cours
spécial
destatistiques
pour lesingé-
nieurs. Ce cours, suivi par les
ingénieurs
de larégion parisienne,
a eubeaucoup
de succès.J’ai
pensé
-depuis longtemps
- que nous aurions dû faire unenseignement appli-
cable à tout le
monde,
c’est-à-dire non seulement auxingénieurs,
mais à leurs collabora-teurs. En
effet,
lesingénieurs
ne peuvent travailler seuls. Ils ont besoin d’être entourés de personnes ayantcompris
cesproblèmes
ainsi quel’esprit
danslequel
les observations doivent être faites.J’ai donc
pensé qu’il
fallait créerquelque
chose de nouveau afin depouvoir
toucher le maximum de gens, leplu’s
loinpossible.
Pour
cela,
il fallait créer desenseignements,
de courtedurée,
afin que les entre-prises puissent
seséparer
de leurs élément,s de valeur pour les former à Paris.L’atmosphère, déjà favorable, s’est
encore améliorée par l’envoi de nombreuses missions deproductivité
aux Etats-Unis.En
1952,
nous avons annoncé notre intention de créer ces cours. Pourcela,
ilfallait trouver de
l’argent.
Deplus,
unproblème pédagogique
queje
vous aisignalé
seposait. L’équipe
existante devait avoir le temps d’étudierlonguement
la formequ’il
convenait de donner à cet
enseignement.
Je vous
répète
que cesproblèmes pédagogiques
sont d’une extrêmeimportance :
en
effet,
leproblème
n’est pas résolu parcequ’un professeur
croit avoir trouvé la solution.Le
problème
est de toucher les gens àqui
unenseignement
estdestiné.
Il fautemployer
leur vocabulaire et leur faire assimiler un vocabulaire nouveau.L’enseignement
doit être donné d’une
façon
à la foi’s efficace etattrayante.
Aucune idéeimportante
ne doit être abandonnée et il faut rester absolument concret.Il faut fixer les idées fondamentales dans la mémoire de ces gens par des
faits,
et cela d’une
façon
vivante et durable.Nous avons étudié le
problème pendant
neuf ou dixmoi’s, et,
en mai1953, après
des discussions assez
sévères,
nous avonsessayé
de mettre cetenseignement
aupoint,
mai’s il n’était pas encore
définitif.
A l’heure
actuelle,
il estpassé
par le Centreplus
de 150 personnes.Nous
leur demandonstoujours
de nousdire,
d’unefaçon
très nette et mêmebrutale,
cequi,
dans cesstages,
leur aplu
oudéplu, quelles
sont lesquestions qu’ils
n’ontpas
comprises,
etc...Cette méthode nous a
permis
de recueillirbeaucoup
d’informations et d’améliorer notablement notreenseignement.
27 Celui-ci
comprend
deux sortes destages :
-
Stages
dupremier degré
comprenant unenseignement
sous une forme extrê-mement concrète.
Nous
enseignons
le calcul desprobabilités
auxstagiaires
par des méthodesexpéri- mentales.
Ils apprennent cequ’est
un échantillon. On leurfabrique
des échantillons. Ils les voient. Puis on leurapprend qu’il
existe telleexpression mathématique.
-
Stages
du seconddegré
destinés à desingénieurs
ayant une bonne formationscientifique.
Le
premier stage
dure environ deuxsemaines;
ledeuxième,
deux à trois semaines : ilenseigne
un peu le calcul desprobabilités,
sans abandonner les méthodesconcrètes;
puis,
au contrôle desfabrications,
viennents’a jouter
des élémentsplus élevés,
tels que l’étude des corrélations entre caractères et l’étude des méthodes del’expérimentation statistique.
Tels sont nos deux outils de
formation.
Il y a encore deux autres
points :
la liaison nécessaire pour assurer leperfection-
nement continu et la mise au
point,
dans unepériode
trèscourte, d’éléments sûrs,
des-tinés aux chefs
d’entreprise.
Nous avons donc créé cette année la Revue de
statistique appliquée.
Ce dernierpoint
estindispensable :
nous voulions avoir une liaisonpermanente
avec lesentreprises.
Ne
pouvant répondre
assezrapidement
à toutes les demandes de conseils élé- mentaires surl’application
des méthodesclassiques,
nous avons créé une section desapplications
destinée à l’étude desproblèmes
difficilesqui peuvent
se poser aux entre-prises
dansl’emploi
des méthodesstatistiques.
Voici ce que nous avons voulu faire :
je
crois que ça ne marche pastrop mal.
Si cette affaire a
réussi, je
dois dire ici que c’estgrâce
àl’équipe
que nous avonseu la chance de former. Celle-ci se trouve très
largement
encontact,
d’une part, avec lesproblèmes
del’industrie,
et d’autrepart,
avec ceux de la recherchescientifique.
Cette
équipe
est à vrai dire constituéedepuis
au moinsquinze
ans.C’est