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Dévoiler le mal dans l'histoire: les recueils de vies des papes dans la Genève de Calvin

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Dévoiler le mal dans l'histoire: les recueils de vies des papes dans la Genève de Calvin

SOLFAROLI CAMILLOCCI, Daniela

SOLFAROLI CAMILLOCCI, Daniela. Dévoiler le mal dans l'histoire: les recueils de vies des papes dans la Genève de Calvin. In: La papauté à la Renaissance . Genève : Champion, 2007. p. 511-532

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:72917

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DÉVOILER LE MAL DANS CHISTOIRE:

LES RECUEILS DE VIES DES PAPES DANS LA GENÈVE DE CALVIN

Daniela SOLFAROLI-CAMILLOCCI

BIOGRAPHIES PAPALES

ET VISION « PROTESTANTE » DE L'HISTOIRE

Commencer en soulignant l'importance du thème antipapal dans les milieux culturels protestants du

xvx•

siècle pourrait paraître banal. Depuis le travail de Pontien Polman, plusieurs recherches mettent en effet ce thème au pre- mier rang de ces« lignes de rupture»- selon J'expression de Jean-François Gilmont -que 1 'historiographie protestante engendra dans la tradition his- torique de son temps, notamment par une clé de lecture du passé identifiant la papauté à la manifestation de 1 'Antéchrist1

Il me semble cependant qu'on n'a généralement pas prêté une attention suffisante aux premiers recueils protestants de vies des papes, que l'on a souvent considérés comme une production exprimant, de façon stéréoty- pée, la polémique qui prépara et accompagna la« révolution »de l'histoire ecclésiastique et sa proposition d'une méthode nouvelle2L'historiographie

1 Polman P., L'Élément historique dans la controverse religieuse du XVI' siècle, Gembloux, Duculot, 1932; Gilmont J.-F., <<La naissance de l'historiographie protestante», The Sixteenth-Century French Religious Book, Penegree A., Nelleis P., Conner P. (ed.),Ashgate, Aldershot, 2001, p. uo-126; voir aussi Dubois C.-G., La Conception de l'histoire en France au XVI' siècle (1560-1610}, Paris, Nizet, 1977 et Dompnier B., Le Venin de l'hérésie. Image du protestantisme et combat catholique au xvu< siècle, Paris, Le Centurion, 1985 (pour les réactions catholiques). Baclcus l., Historical Method and Confessionalldentity in the Era of the Reformation, Leiden, Brill, 2003, apporte désormais plusieurs éléments nouveaux pour une relecture critique de l'interprétation de Polman.

2 Sur cette production voir le jugement-négatif car découlant d'une perspective apolo- gétique-de Polman, L'Élément historique ... , op. cit., p. 149-I6o et, à l'inverse, l'article très utile de Gilmont, « La naissance », op. cil. Ce dernier considère la production de

(3)

512 DANIElA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

protestante affirmait en effet une lecture du passé privilégiant l'analyse des doctrines et des institutions, contre la vision traditionnelle des armalistes et des chroniqueurs, centrée sur l'éloge des hommes et de leurs œuvres3.

Dans la culture protestante, l'exemple de vie ne visait qu'à montrer, grâce au modèle des martyres et des précurseurs, comment l'Église de Dieu avait réussi à garder ses fondements dans 1 'histoire face aux persécutions de ses ennemis. De ce point de vue, la reconstruction historique centrée sur le récit biographique, telle qu'il est utilisé dans les recueils protestants de vies des papes, ne serait alors que l'exploitation polémique, dépourvue d'un travail original de recherche, d'une littérature prisée par les catholiques pour des raisons apologétiques.

Si 1 'on considère toutefois le nombre d'impressions de recueils de vies des papes au xvr• et au xvu• siècles, ainsi que leur emploi comme ouvrages de référence dans les travaux historiques, on peut remarquer que la biographie papale représenta longtemps un véritable succès éditorial chez les protestants, qu'il s'agisse, comme nous le verrons, de l'ouvrage de Platina et de ses con- tinuateurs, ou des versions anti-romaines du même genre, dont celles de John Baie et de Philippe Duplessis-Mornay sont sûrement les plus connues•. Cet intérêt des lecteurs et des historiens pour la papauté témoigne, à mon opinion, et de l'autonomie et de l'originalité d'une production historiographique qui devait se révéler d'une grande importance pour la lecture du passé.

recueils de vies de papes en tant que recherches qui préparent le travail historiographique des années suivantes par leur réécriture de l'histoire du moyen âge; il souligne toutefois moins la contribution du recueil de vies des papes à la lecture « protestante » du passé que l'importance et l'originalité du genre «martyrologe».

' Dans la grande entreprise de l'historiographie protestante de la moitié du siècle, à savoir les Centuries de Magdebourg, on affirma une coupure à l'égard de la vision traditionnelle de l'histoire de l'Église des annalistes et des biographes. La préface de 1559 souligne que les historiens, en s'intéressant surtout aux vies et gestes des hommes, soucieux souvent de les flatter, ne savent pas rendre raison de la genèse des doctrines ou de l'origine des institutions: Flacius Illyricus,« Pra:fatio in historiam ecclesiasticam », dans Ecclesiastica historia, Basile<~:, Oporinus, 1 559: « Tantum sunt persona/es, ut sic dicamus, historici. Plurimum enim occupati sunt in describendis et laudandis personis.

Commemorant qualis ac quam sanctus vir quis fueril, quam mirabilem vitam dw:erit, quam multumjejunarit et orarit, quœ miracula vivus et mortuusfecerit, quorum tamen nonnulla, an sint veritati consentanea, non prœter rem ambigitur. Non ibi dogmata, non certamina perspicue e.xponuntur >>.

Baie John, Acta romanorum ponrificum a dispersione discipulorum Christi, usque ad tempora Pauli IV. qui nunc in Ecclesia tyrannizat, Bâle, Oporinus, 1558; Duplessis- Mornay Philippe, Le mistère d'iniquité, c'est à dire l'histoire de la Papauté, par quels progrez elle est montée à ce comble, et quelles oppositions les gens de bien lui ont faict de temps en temps, Saumur, Thomas Portau, 16u.

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

Le récit des vies des papes a été en fait un instrument pour établir et dif- fuser certains aspects de l'identité religieuse à l'époque confessiormelle, et cela justement grâce à son caractère polémique ou apologétique: chez les catholiques aussi bien que chez les protestants, il a été un lieu littéraire de réflexion sur l'autorité et le pouvoir ecclésiastiques, ainsi que sur les origines et les finalités de ce pouvoir. C'est pour cette raison que ce genre se perpétua jusqu'au seuil de 1 'historiographie contemporaine, tant sous la forme d'ouvra-

ges de vulgarisation que sous celle d'écrits savants, comme le montrent, entre

le XIX• et le xx• siècle, les recherches sur la papauté de Leopold Von Ranke,

auxquelles Ludwig Pastor opposera son Histoire des papes5

Pour en revenir au xVI• siècle, il faut remarquer aussi que la polémique sur la papauté a souvent joué un rôle de premier ordre dans le débat poli- tique, comme le montre la controverse théologique sur le pape-Antéchrist entre la fin du xvi• et le commencement du xvu• siècle6Par ailleurs, la querelle autour de la papesse Jearme, suscitée par des auteurs protestants, a fait beaucoup progresser la recherche philologique et historique, grâce à laquelle les historiens romains ont finalement récusé ce pape-femme, en rejetant officiellement cette figure parmi les légendes du moyen âge

~récusation que la culture de la Réforme finit à son tour par accepter7.

A l'inverse, dans les mêmes années, la relecture des sources médiévales contre le pape Grégoire VII, qui, selon les historiens protestants, fut, par ses Dictatus papœ, le fondateur d'une vision de l'autorité papale révélant la marque véritable de 1 'Antéchrist, engendra une récupération de ce pape par les milieux romains - bien évidente dans 1 'apologie que lui consacra Robert Bellarmin-, qui alla jusqu'à sa canonisation entre 1583 et r6o68

Mais, pour mieux comprendre les raisons historiques de l'intérêt que suscitaient les recueils de vies des papes à l'époque moderne, il faut d'abord

' Ranke L. von, Die romischen Piipste in den letzten 4 Jahrhunderten (1834-1836), que j'ai lu dans la traduction italienne avec une introduction fondamentale de Delio Cantimori, qui reconstruit l'histoire de cet ouvrage et des réactions qu'il suscita dans les milieux savants catholiques et protestants: Id., Storia dei papi, Firenze, Sansoni, 1965; Pastor L., Geschichte der Piipste seit demAusgang des Mittelalters (1886-), tr. fr. Histoire des papes depuis /afin du moyen âge, 22 vol., Paris, Plon (puis librairie d'Argences), 1888-1962.

' Voir Barbuto G.M., Il principe e I'Anticristo. Gesuili e ideologie poli tiche, Napoli, Guida, 1994·

' Voir Polman P., L'Élément historique ... , op. cit., p. 158-160 et surtout Boureau A., La Papesse Jeanne, Paris, Flammarion, 1993, p. 241-276.

' Pour la controverse autour de Gregoire VD, cf. Bellarmin Robert: De summo pontefice.

Tertio controversia generalis (1586),/d., Opera omnia, Neapolis, r856, vol. 1,1. m; voir Miccoli G., « Gregorio VII », Bibliotheca sanctorum, VII, Roma, Città nuova editrice, 1966, col. 294-379 et Barbuto G.M.,ll principe, op. cil., p. 149-160.

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DANIELA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

se poser la question du statut de la biographie papale depuis ses origines romaines et curiales.

Déjà dans le Liber ponti.ficalis - chronique provenant des milieux curiaux et dont la première rédaction est assez ancienne - le récit biographique des papes illustre la doctrine de la succession à la chaire de Pierre et donne une image de Rome et de son souverain pontife en tant que moteurs de l'histoire de la Chrétienté9• À la fin du moyen âge, chez les humanistes qui travaillent pour la cour romaine aussi bien que chez les auteurs qui, par leurs critiques de certains papes ou de la curie, manifestent leur opposition politique et morale à Rome, derrière la représentation des hommes (et, souvent, de leurs limites), il y a toujours l'exaltation- ou du moins l'acceptation- d'une institution qui incarne l'« ubi Petrus ibi Ecclesia » et d'une ville qui inscrit la primauté dans son héritage ancien10

Le recueil romain de vies des papes le plus célèbre est le Liber de vita Christi et omnium ponti.ficum de Platina, imprimé à Venise en 1479· Son auteur est un homme de lettres au service des Gonzague à Mantoue et à la cour de Rome, devenu bibliothécaire-chef de la bibliothèque Vaticane sous Sixte IV 11 • Son ouvrage connut plusieurs éditions, traductions et

Son éditeur du XIX' siècle, Duchesne L., Le Liber pontifica/is, Paris, E. de Boccard, 1981, avance que le corps central du Liber daterait de la fin du VI' siècle; voir aussi l'article

«Liber pontificalis »,Dictionnaire historique de la papauté, Levillain P. (dir.), Paris, Fayard, 1994, p. 1042-1043· Sur les éléments de rupture et en même temps de continuité entre les premiers travaux histOriques qui sortent de la cour papale et l'historiogra- phie pontificale du xv' siècle, voir Miglio M., Storiografia pontificia del Quattrocento, Bologna, Patron, 1975, notamment les p. 1-30; sur certains points ce travail est à intégrer avec les remarques critiques et les données d'un compte-rendu de Fubini R., « Papato e storiografia nel Quattrocento. Storia, biografia e propaganda in un recente studio », Studi Medievali, s. 3 !81!, 1977, p. 321-351.

1

°

Cochrane E., Historions and Historiography in the /talian Renaissance, Chicago, Univ.

of Chicago Press, 1981, p. 52-58 voit, sur la base surtout de Miglio et Fubini, dans la

« biographical his tory »une caractéristique de l'historiographie curiale et romaine entre xv' et XVI" siècle. Il remarque néanmoins que ce modèle littéraire ne permet pas aux auteurs de percevoir la crise de J'institution papale face à la réforme. Il me semble, au contraire, que la perspective biographique de l'histoire témoigne moins d'un manque de profondeur de la part de ses auteurs que la distinction, traditionnelle dans la culture ecclésiastique, entre l'institution et les hommes qui la représentent ou l'animent. Par ce moyen, toujours réaffirmé dans la culture catholique, on peut ainsi exprimer des critiques, même sévères, sur l'état «historique» de l'institution papale qui ne visent toutefois à mettre en question ni sa légitimité ni son origine apostolique, à la différence de J'historiographie issue de la réforme.

11 Platina Bartolomeo, Liber de vita Christi ac omnium pontificum, Venetiis, 1479· Sur la vie et la carrière de l'humaniste Bartolomeo Sacchi (Platina) voir Lee E., Sixtus IV and Men of Letters, Rome, 1978, ainsi que l'article du même dans Contemporaries of Erasmus, vol. 3, Toronto, Univ. of Toronto Press, 1987, p. 100-101; Gouwens K.,

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

adaptations, et constitua également une sour . . . . .

protestants. Platina exprime le point de ce

p~vJlegt~e

chez les auteurs de la papauté comme l'in t' . . vue.romam et cunal dans une vision de Christ dont la . .s ~tud hon qUI represente la succession apostolique

• vte prece e dans le ·1 11

l'histoire. Cette vision

n'em~ êche pa/l:c;~l ' c~ ~de ;ou~

les papes de vie de certains papes, ou même de véritab rmu atlon e

res~rv es

sur la

raisons d'ordre personnel (on conn 't 1 h les

atta~ue~,

parfois pour des Paul Il) rfi . al a c ute en drsgrace de Platina sous

. . 'p.a OIS parce que Platina suit le modèle littéraire des h ecclestastlques camales qui était , l'. reproc es aux cercles intellectuels des

~uriaux

12

~ ~poque as~ez

répandu, même dans les qui, en pleine Contre-Réforme

s~sc~ta a~f:~ts~tlque

du .recueil de Platina, résistances dans les milieux

ro~ains,

est une des

:i:~::~un

embarras. et des les premiers protestants et les « spirituels ». les e . s de

so~

sucees chez ql ue no.us devons à William Tyndale (1530) et. à

Ro~:~~~:%~:s(;513e~)des p~pes

a section consacrée à 1 'histoire de la . a ms! que Franck (1531) utilisent l'ouvrage de $17'tm·auatecodans la Chronique de Sebastian

L · · . mme une sourcen.

e pnncrpal contmuateur romain de Platina est Onofrio p . . . dans les années de la conclusion du concile d T e rente, reçut de son pro-anvmlO, qui,

«Platina, Bartolomeo», dans The Oxford E .

York, Charles Scribner's Sons 1999 p 52 ncypcloped•a oJ.

th~ ~enaissance,

vol.

s .

New d P

· . · ·53 · our une nu se a JOur sur 1 fi l'

vre e latina vorr maintenant l'article de B S dan . . a gure et œu- Kirchenlexilwn vol

xxn

H be auer · s Bwgraph1sch-Bibliographisches

u r.:h· t · d

1.' · erz rg, 2003, col. 1098-uo3.

lS otre e ouvrage Vitœ pontifi d Pl .

la Contre-Réforme fait l'objet de

~:~~se ede ~~~~~

de sa réception dans la

cul~e

de

Fortuna of Platinas Lives of the Po es in thes· t de Ba uer S., The Censorshtp and tian of unpublished documents) Php D th . txteenth Century (wllh an annotated edi- 2003, dont les prémices ont

ét~ prês~ntée e s;sd~:rburg

lnstltute?

U~ivers~ty o~ London,

Stefan Bauer, «"Platina non vitas sed vt .

~~

ctmrnumcatlon tres stimulante: dans «Nunc a lia /empara, a/ii m~res >> 1 ta scnpstt : .e :ens~e sulle Vite dei papi», convegno intemazionale Torino 2 . Stonct e stona m eta postridentina, Atti del Olschki , , 4·27 settembre 2003 a cura di Firpo M F u . , , 2005, p. 27

9.289. ., trenze,

Vorr 1 analyse de l'ouvrage de Platina chez Cochr . .

op.

ci~.,

p. 53·56, qui souligne l'emploi que Luthe;;:lt

~IS~;';ns

.and

Hi~toriography,

Practice of Prelat es de 1'ynda!e (

1530) v . R' h d e a ma • pour 1 ouvrage The f B

, ou 1c ar son A « T\~dal d th o artolomeo Platina », The Tyndale Socie Jo 1 ·• ':t" e an e ordeal romanorum pontificum de Barnes (

?' .

urna • 23• 2002, p. 8-13; sur les Vitœ Use ofHistory » Bibliothe'que d''}535) . vou Pmeas R., «Robert Barnes's Polemical

' numamsme et Renaiss 6 6

la Chronica de Franck (1531), voir Seguenn A H' an:e, 2

~9

4, p. 55-69; pour remarques à propos de la chronique de S 'b y. ., « ISfona magtstra vitœ. Quelques réforme enA/sace. Mélanges offertes à Je e ;su~ Franck>>, Hori~ons Européens de la

S~sbourg,

1980, p. 107·118, ainsi que la

~:cti~:·

c:ni<J:oon

~· et

Ltenhard M. (ed.), Jstra, Dlssidentium, vol. VII, Baden-Baden Koemer 1 8 sacrée a cet auteur dans Bibliotheca nes de l'ouvrage de Platina voir Ba ' Pl . • 9 6,

P:

39-119. Pour les censures romai-

uer, << atma non vttas ,, (médit), op. cit.

(5)

DANIEL\ SOLFAROLI-CAMILLOCCI

tecteur Pie IV la tâche de mettre à jour les Vies des papes. Cette nouvelle édition date de 1562; Panvinio reproduit le texte de Platina, mais y intègre des notes philologiques et historiques savantes et de biographies des pa.~es du xv1• siècle1•. Cette version augmentée des Vies se veut une premtere réponse d'ensemble aux critiques contre la papauté et contre la primauté de Rome des histoires ecclésiastiques protestantes et de l'ouvrage de J. Baie.

C'est sur la même voie que s'engagerontles autres continuateurs de Platina et de Panvinio au xvu• siècle15

Par rapport à ces recueils romains, qui, dans leur reconstruction histori~ue du pouvoir spirituel et temporel des papes, exaltent l'ima~e ~onte~porame d'une monarchie pontificale à l'origine divine et d'u~e Eghse tnomph~nt des hérésies de toutes les époques, la critique de l'histoire de la papaute fatte par les milieux réformateurs exprime d'un côté la position théologique de Luther sur la succession apostolique et la primauté de Rome; de 1' autr~ •. une relecture polémique du passé selon le principe de la Scriptura sola, unhsant le livre de Daniel, l'Épître de Paul aux Thessaloniciens et l'Apocalypse pour montrer la corruption graduelle de l'Église par l'œuvre de Satan. DartS cette perspective, les ordonnances promulguées par le siège roma~n, ainsi que les vies des papes qui les ont imposées. afin

d'affermir~ po~vmr pe~o~el ~ux

racines diaboliques, montrent les stgnes de la manifestation de 1 ~techrist.

En d'autres termes, les auteurs des recueils protestants construisent leur méthode et leur modèle littéraire à partir d'une relecture critique des sources et de la production historique de leur temps sur la ~apauté.. .

Cette critique semble viser d'abord l'historiographie pontlfic~le du xv• siècle, qui a ses origines dans les milieux humanistes au ser;Ic_e de 1a cour romaine et qui avait posé la question des rapports entre ecnture biographique et récit historique, affirmant l'~mportan~e du lien entre ~it~

et res gestœ pour la connaissance de l'histmre et assignant, dans le recit

Platina Battista, De vitis pontificum romanorum ... cui Onuphrii Panvinii: .. , opera, reliquo- rum quoque pontificum vitœ ... adiunctœ sunt, Venetiis, 15~2; ~1 faut a~s1 rappeler que dans les années précédentes Panvinio avait déjà écrit des essats biOgraphique~ sur les pape~ de son siècle. Sur ses travaux d'érudition voir Boureau, La Papesse, op. c1t., p. 267, qUI en souligne l'engagement apologétique; Cochrane, Historions and li__istoriography, op. c1t., p. 398-399; voir aussi la contribution d'Édouard Bouyé dans. ce mem_e volume. .

" Platina Battista Historia delle vite dei sommi pontejic1 ... con l Annotation! del P.F. Honojr1o Panvinio ... a~iunte ... le vite degli a/tri papi ... scritte dai Signor Antonio Ciccarelli da Fuligno ... , Venezia, B. Basa c B. Barezzi, 1592. Chac6n Alonzo, Vitœ et ~esta summorum ponti.ficum a Christo domino usque Clemente VIII necnon S. R. E. cardmal1um, Roma:,

Stephanus Paulinum, 1601; Id., Vitœ et res gestœ pontificum romanorum et S. R. E card_l- nalium ab initia nascentis Ecclesiœ us que ad C/ementem Xl, Romre, Ph. et A. de Rube1s, 1677 (l'éditeur de cet ouvrage est Agostino Oldoini).

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE 5I7

biographique, un rôle important à l'éloge, à la laudatio, qui donne une valeur morale à 1 'exemple de vie16

Le geme biographique, selon le modèle classique des vies des hommes illustres, connut un grand essor dans 1 'Italie de la Renaissance. Ainsi, parmi les sources des recueils protestants de vies des papes que nous allons ana- lyser, nous trouvons souvent des hommes de lettres de la péninsule, tels Blonde, Platina, Pontano, Sabellicus, Volaterranus, Jove. Leurs ouvrages ont aussi représenté un modèle littéraire, mais ce modèle a toujours eu un caractère problématique, les écrits des milieux réformateurs se proposant comme une lecture renversée du genre biographique humaniste.

Ce renversement, d'abord déterminé par la réflexion théologique, s'ex- plicita aussi par 1 'emploi polémique de thèmes satiriques anticléricaux ou antiromains, qui offraient au lecteur le contre-chant de l'éloge courti- san. On sait que la littérature anticuriale, dans ses différentes expressions (notamment facéties et pasquins11), passionna, grâce à ses qualités péda- gogiques, des Italiens passés à la Réforme, tels C.S. Curione, B. Ochino et P.P. Vergeriou. En effet, le bon mot ou l'anecdote satirique d'ambiance curiale sont en même temps propres à la cour - car découlant souvent de celle-ci-et contre la cour, à cause de leur caractère critique à l'égard des prélats et des papes du jour; par conséquent, aux yeux de ces hommes de lettres et anciens ecclésiastiques, ils révèlent efficacement la mauvaise cons- cience et le manque de pi et as de la papauté.

A

côté des chroniques ancien- nes, des ouvrages humanistes et du recueil de Platina, certains pamphlets contre les papes, tels ceux de Vergerio contre Jules III, constituent, grâce à leur origine romaine paradoxale, la source de quelques récits biographiques des recueils protestants: on les retrouve, par exemple, dans l'ouvrage de Baie, qui a été le plus connu et le plus répandu au XVIe siècle.

JOHN BALE: LES ACTA ROMANORUM PONTIFICUM

En 1555, pendant son séjour bâlois, Baie publia un livre de son com- patriote R. Barnes, Vitœ romanorum pontificum, qui avait déjà paru en

16 Voir Miglio M., Storiogra.fia pontificia, op. cil.; Id., « Biografia e raccolte biografiche nel Quattrocento italiano », Atti dell'Accademia delle Scienze de/1'/stituto di Balogna

LXIIl, 1974-75, p. 166-199. ,

11 r:>ans ce domaine, je renvoie aux recherches de Chiara Lastraioli, ainsi qu'à sa contribu- tion dans ce même volume.

11 Cf. _par exemple les ouvrages suivants: Curione Celio Secondo, Les visions de Pasquille.

L~ JUgement d 'iceluy ou Pas quille prisonnier. Avec le dialogue de Probus, Genève, Jean Gtrard, 154 7; Ochino Bernardino, Apologi nelli qua li si scuoprano li abusi, sciocheze,

(6)

DANIELA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

1536 avec une préface de Luther, mais était resté néanmoins peu co:rnu jusque-là'9·

~ouvrage

de Barnes

inspi~a

à.Bale

u~e rec~er . che.

du meme genre, qui aboutit à un premier recueil

b10gra~h1q~e,

mtegre dans

~on

catalogue des écrivains anglais de 1 5 5720.

~annee

su1vante, B.ale trava1lla à cet écrit et le réimprima comme un livre à part, avec le t1tre de Acta romanorum pontificum2'.

La méthode et J'organisation de cet ouvrage sont assez nouvelles. En effet si, pour ce qui concerne les récits biographiques, Baie remarque

n'av~ir

pas fait une œuvre originale, puisqu'il s'est

.appuy~

sur de nom- breux historiographes et biographes précédents (dont il fournit le

catal~gue

dans les premières pages de son livre) il souligne en revanche avec ra~son la recomposition qu'il a faite de ses sour~es c~m~e dans un corps umque et le tri qu • il a opéré, rejetant les informations Jugees trop flatteuses ou peu crédibles et gardant surtout les donnés historiques22

Mais peut-être est-ce surtout le cadre interpréta~if de .cet ou~rage qUI explique sa nouveauté : en effet, Baie organise le matenel

b10~p~1qu~ d~nt

il dispose selon une structure découlant de l'

Apocal~se.

Il d1v1se a.msl le récit en trois parties: dans la première, il présente les

VI~S des.~< ouv~ers ~:

la vigne du Seigneur » à savoir les papes des

tr~is pre~mers

s1ecles JUsqu a Silvestre I; dans la deuxième, figurent les pont1fes qUI par leurs ordonnan- ces ont tracé le chemin de l'Antéchrist, comme des<< étoiles

.fi~~ntes

»-.Il

s'agit des papes du quatrième au sixième siècle-; dans. la tr01s1eme

part1e~

nous trouvons les « étoiles tombées à terre >>, la « racaille » des papes qUI incarnent l'Antéchrist, depuis le septième siècle jusqu'à l'époque contem-

superstitioni, errori, idolatrie et impietà della sinagoga del

~ap~,

et spetialmente

~e

suoi pre ti, monaci, et fra ti, Genève, Jean Girard, 1554; Vergeno

Pt~tro

Paolo,

~es fa~tz

et gestes du pape Jules Ill. Et ce qui se peut esperer de ce Concile, lequel tl pretent recommencer à Trente, [Genève, Jean G1rard), 1551. , , ,. Barnes Robert Vitœ Romanorum pontificum, quos Papas vocamus, Baie, ~ponnus,

155

5 Pour ces 'données et les suivantes sur l'activité éditoriale de J. Baie, votr surtout

Gil~onl, <<La naissance», op. cil., p. n6-u8; voir aussi Fairfield L.P., John Baie, Myth Maker for the English Reformation, West Lafayette Ind~ana Purdue Umv. Press, '.976.

,. Au début, il y a seulement une liste de papes, que Baie fa tt figurer dans la pre~mère edtnon de son Summarium des écrivains anglais, imprimé à Ipsw1ch en 1548. Dtx ans après, il imprime une version in-folio et considérablement augmentée de son _summar~um:

Baie John, Scriptorum illustrium majoris Britanniœ Catalogus, .2 vol., Baie, Oponnus, ,557-15

59, dans le premier volume duquel figure Je recue1l de v1es des ~apes. ~n 1559:

il y aura encore une nouvelle édition du Catalog11s, revue et augmentee par 1 auteur.

Gilmont, <<La Naissance», op. cil., p. n7.

,, Baie, Acta romanorum pontificum, op. cil. . .

,, J'ai lu l'ouvrage dans la traduction française: Bale John, Les vl~S des evesq11es et papes de Rome, Genève, Conrad Badius, 1561, cf. p. 7r" de la lettre dedtcatotre.

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

poraine. Cette dernière partie est divisée en cinq livres présentant chacun

q~arante papes: le premier livre, décrivant, selon Baie, le royaume de la Bete, est marqué par Boniface III, qui obtint de l'empereur Phocas le titre d'évêque universel sanctionnant la primauté de Rome; le deuxième livre,

~ur le royaume de la grande Paillarde, est consacré à la papesse Jeanne et a ses successeurs; le troisième livre présente le royaume du Dragon, avec ses papes« magiciens »tel Silvestre II; le quatrième, le royaume des saute- relles sous .le roy Abaddon le Destructeur, dont Jules II est la figure; enfin dans le cinquième livre illustrant la papauté de son temps, Bâle prévoit

1~

chute du «royaume papis tique» par la parole de Dieu.

La finalité polémique des Acta devient ainsi explicite: par une relecture apocalyptique du passé, le lecteur est amené à reconnaître, à travers les vies des papes, la véritable nature d'une institution vouée au Mal, institution dont il faut sortir, car elle appelle la vengeance finale de Dieu.

LES VIES DES PAPES À GENÈVE

Les Acta seront traduits en français et imprimés à Genève en 1561 par l'édi- teur Comad Badius, qui les augmente de deux appendices réaffirmant la fina- lité anti-romaine de l'ouvrage: une vie« malheureuse» de Alexandre VI d'après un récit de l'humaniste Pontano, et la version française du Libe;

generationis Antichristi, un texte d'origine vraisemblablement allemande qui propose, sur le modèle de la généalogie de Jésus-Christ dans l'Évangile

d~ Ma~hieu, la_ généalogie du pape-Antéchrist, fils du diable engendré par Srmome, en meme temps que« ses frères» les cardinaux2J.

Au-delà ~u caractère polémique de 1 'ouvrage de Baie, qui explique son passage rap1de sous les presses genevoises, il faut rappeler que Calvin figure parmi les dédicataires, à côté de Sulcer, Melanchton et Bullinger.

Dans l'épître initiale, l'éloge de l'auteur adressé à Genève et aux intel- lectuels des villes (Bâle et Zurich en particulier), qui 1' ont accueilli pendant ses deux exils sur le continent, manifeste l'engagement idéal qui a motivé sa recherche historique ainsi que celle des cercles qui 1 'ont soutenu. Pendant les années 1540 à 1550, J. Baie semble en effet avoir

,, Ibid. : Le livre de la generation du desolateur Antichrist fils du diable et Description de /afin et malheureuse du pape Alexandre si.xieme; les deux écrits sont ajoutés, sans numérotation de pages, après la « table des choses mémorables » à la fin de J'ouvrage.

Pour !:histoire du Liber generationis, voir Rotondà A., «Anticristo e Chiesa romana.

Dlffus10ne e metamorfosi di un libello romano del Cinquecento »,Formee destinazione

d~l messaggio religioso. Aspe/ti della propaganda religiosa nef Cinquecento, éd. Id., Fuenze, Olschki, 1991, p. 19-164.

(7)

520 DANIELA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

exercé le rôle d'un véritable passeur culturel: ses travaux et sa corres- pondance montrent qu'il arriva à construire un réseau intellectuel assez ample, auquel participaient des hommes de lettres intéressés, comme il l'était, par la recherche biographique et historique: parmi eux, John Foxe et 1 'organisateur des Centuries Flacius Illyricus2•.

Par rapport aux travaux historiographiques des auteurs anglais et alle- mands, qui datent de la première moitié du XVI• siècle, on remarque habi- tuellement la position d'arrière-garde des réformés fi:ancophones25En effet, en France aussi bien qu'à Genève, les premières publications historiques originales paraissent après les travaux de Melanchton et de J. Sleidan. Dans les années Cinquante, la participation idéale de Genève à la construction historiographique protestantes' exprimerait notamment par le travail de tra- duction et d'adaptation des ouvrages allemands et anglais, que les éditeurs Jean Crespin et Conrad Badius prirent en charge26Le rôle culturel joué par ces imprimeurs est bien connu; ici je voudrais rappeler que c'est au cours des années Cinquante que l'orthodoxie calviniste arrivera à s'affirmer à Genève contre ses opposants politiques, tandis que les intellectuels et les théologiens radicaux seront isolés ou réprimés. Et c'est surtout à partir de cette période que la construction d'une opposition culturelle entre Genève et Rome, notamment par le moyen d'une typographie genevoise très enga- gée sur Je front religieux, donnera à la polémique et à la satire antipapale une place de premier ordre27

'' Gilmont, 1< La Naissance», op. cil. Dans son article, Gilmont montre comment l'œuvre contemporaine des hommes de lettres protestants qui s'intéressent au travail bio- bibliographique et historique, ainsi qu'aux recueils et aux éditions de sources, se fait à partir d'échanges intellectuels assez ouverts. Il souligne le rôle de Baie dans la construction d'un réseau entre correspondants anglais et allemands, réseau dont les cercles suisses profiteront dans les années de son exil sur le continent, entre 1541 et 1547 et à l'époque de Marie Tudor entre 1553 et 1558, quand il séjourna à Bâle et à Zurich. Gilrnont avance aussi 1 'hypothèse que l'activité de Baie aurait exercé une certaine influence dans les travaux sur les martyres protestants de J. Foxe ainsi que dans la mise en place, par Flacius Illyricus, du projet des Centuries de Magdeburg.

» Gilmont, 1< La Naissance», op. cit., p. 110; sur le travail bistoriographique en France, voir Dubois, La Conception ... , op. cil.

" Voir Gilmont, «La Naissance», op. cit., p. 115-116, 122-125, ainsi que Id., Jean Crespin, un éditeur réformé du XVI' siècle, Genève, Droz, 1981; pour Badius, Shaw H.A., Conrad Badius and the 11 comédie du pape malade», PbD dissertation, Philadelphia, Univ. of Pennsylvania, 1934, offre une bonne introduction d'ensemble à son activité.

" Pour 1 'analyse du thème de 1 'opposition culturelle entre Genève et Rome, je me permets de renvoyer à: Solfaroli Camillocci D., « Lo sguardo dell' altra Roma. Ginevra e la capi- tale dei "papisti" », Sloria d'ltalia. Annali. Roma, la città del Papa. Vita civile e religiosa da/ Giubileo di Bonifacio VIII al Giubileo di Papa Wojtyla, Fiorani L. et Prosperi A.

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

521

Dans le domaine historique, le manuel d'histoire ecclésiastique du ministre genevois Jean de Hainaut, qui connut un bon succès éditorial, témoigne assez efficacement de c~t engagement anti-romain de Genève2s. Ce manuel est une chronologie de l'Eglise depuis le temps des apôtres, qui fournit aussi des ren- seignements sur la vie et les œuvres des papes, des empereurs et des princes.

r.:

organisation de ces données en trois niveaux textuels visualise efficacement les objectifs de l'ouvrage, à savoir présenter une synthèse des événements les plus remarquables du passé de 1 'Église et, en même temps, instruire le lecteur sur leur interprétation tout en l'édifiant. Ainsi, le corps du texte pro- pose la chronologie des évènements, dont le commentaire est marqué par l'indentation différente et une marque de paragraphe; en marge de la page, la :éférence des _sources et 1' indication des années s'accompagnent parfois de breves observations en italique, à caractère satirique ou polémique.

Cet ouvrage à vocation didactique se veut une introduction aux commen- taires de Sleidan sur 1 'époque de Charles V, texte qui venait d'être traduit en français par les soins de J. Crespin, également éditeur du manuel de Hainaut29.

Ces deux impressions répondent donc à un projet commun; Crespin en donne lui-même les raisons dans sa préface à l'ouvrage de Hainaut, où il rappelle la finalité spirituelle du travail des « bons » historiens:

[ ... J c'est de proposer aux lecteurs, comme en un miroir, la puissance, la s~gesse, la justice et bonté de Dieu : afin que ce grand Seigneur ne perde

~en entre les ho~es, de ce qui luy apartient. Comme de faict il ne propose nen au monde, sott en la personne des rois ou de ceux qui sont de basse condition, en quoy il ne vueille monstrer que c'est luy qui y a mis la main:

afin que les hommes apprennent à dependre de lui, à l'honnorer, à trembler sous ses jugements30

(cd.), T~rino, _Eina~d.i, ~~·p. 173-198. Sur l'image polémique de Genève à J'époque de Calvm, qw est a 1 ongme du mythe religieux de cette ville, voir Dufour A., Histoire politique et psychologie historique. Suivi de deux essais sur humanisme et réformation et le mythe de Genève au temps de Calvin, Genève, Droz, 1966; Higman F., «The Origins of the Image of Geneva )), The Jdentity of Geneva. The Christian Commonwealth 1564- t864, Roney J.B., Klauber M.I. (ed.), Westport, 1998.

u De Hainaut Jean, L 'Estat de l'Eglise avec le discours des temps depuis les apostres sous Neron, jusques à présent sous Charles V. Contenant en bref les histoires tant anciennes que nouvelles, celles specialement qui concernent l'Empire et le siege romain, la vie el

~ecrets des :apes, le commencement, accroissement et decadence de la religion chres- trenne? Gen~ve, Jean Crespm, 1556. Cet ouvrage connaît plusieurs impressions, ainsi que des rn1ses à JOur: cf. Cha1x P., Dufour A., Moeckli G., Les livres imprimés à Genève de 1550 à 1600, Genève, Droz, 1966, ad ind.

" Sleidan Johann, Histoire de l'estal de la religion et république sous /'empereur Charles v

Genève, Jean Crespin, 1556. '

'" H .

amaut, L'Estal de l'Eglise, op. cit., « Préface au lecteur cbrestien », p. iiv".

--

(8)

522 DANIELA SOLFAROLI -CAMILLOCCI

Selon Crespin, la connaissance du passé est donc utile à soutenir le lecteur dans sa compréhension d'un présent parfois difficile, voire calamiteux, puisque, si on sait les lire, les événements anciens révèlent toujours la pré- sence de Dieu dans l'histoire. Ainsi, dans une allusion assez transparente à la situation contemporaine de Genève, Crespin explique:

Si on rencontre un tel exemple, qu'une republique, qui autrement n'estait pas de grande force pour resister à beaucoup d'entreprises dréssées contre elle, toutesfois a subsisté, ne se faisant forte que par le secours qu'elle atten- dait de Dieu : voilà un autre miroir pour nous representer au vif, de quelle sagesse Dieu besoigne, en rompant les conseils des tyrans et orgueilleux, qui abusent de leur pouvoir, à vouloir confondre et opprimer ceux, au milieu desquels il a estably son siège, pour y estre honnoré31.

C'est donc à Dieu seul qu'il faut faire confiance, face aux paradoxes de l'histoire et à la mutabilité de la condition humaine. Car, affirme Crespin, Dieu donne « fermeté au milieu de son Église contre toutes tempestes et orages, contre les assaux et machinations des antechrists >>. De la même manière, conclut-il, grâce à la connaissance de l'histoire, on pourra juger

«les abus et blasphèmes que ce siège de l'Antechrist romain a mis en avant» comme un signe du jugement de Dieu à l'égard du mépris de Rome pour la pure doctrine32

Dans cette Genève calviniste des années 1550 à 1560, la polémique contre la papauté a toutefois exploré d'encore plus près que le manuel de Hainaut la biographie des papes, avec les écrits de deux personnages pro- ches de Calvin et qui ont été des protagonistes de la réformation de la cité: le ministre Pierre Viret (15II-1571) et le chroniqueur François Bonivard (1493-1570). Comme nous le verrons, leurs ouvrages s'intègrent bien dans le courant historiographique naissant, dont ils partagent, en général, les clés théologiques de lecture du passé.

" Ibidem, p. iiv0-iiir".

n Ibid., p. iiiv•; cf. aussi l'« Advertissement au lecteur» dans la conclusion de l'ouvrage.

On retrouve ici l'argumentation historique du traité des scandales de Calvin Jean, Des scandales qui empeschent auiourd'huy beaucoup de gens de venir à la pure doctrine de l'Evangile, el en desbauchent d'autres, Genève, Jean Crespin, 1550, éd. critique par Fatio O. avec la collaboration de Rapin C., Genève, Droz, 1984, p. 102-112.

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

PIERRE VIRET: LES ACTES DES VRAIS SUCCESSEURS Couvrage de Viret Des actes des vrais successeurs de Jésus-Christ paraît à Genève en 155433Ce livre précède donc le recueil de Baie et la plupart des travaux historiques allemands ainsi que le manuel de Hainaut, qui, d'ailleurs, intègre Viret dans ses sources. À ce que je sache, cet écrit n'est toutefois pas parmi les plus connus de ce réformateur, qui doit sa notoriété surtout à ses dialogues. Il faut toutefois remarquer qu'en Italie la connaissance de Viret passe à travers cet ouvrage, dont la traduction a suscité une réponse du polémiste Muzio34: en effet, en Italie, Viret a été mis à l'Index bien avant Bale3s.

Les Actes, qui constituent un ouvrage assez volumineux-864 pages in-octavo, sans compter les tables -, ont également une construction com- plexe. Viret l'explique dans la lettre dédicatoire aux officiers et au conseil de Neuchâtel, ville où il avait été pasteur dans les premiers temps de son ministère. Soulevant le problème de la succession de l'Église, qui constitue, affirme-t-il, un différend au sein du peuple chrétien, Viret remarque qu'il est très difficile d'expliquer cette question, assez technique, aux fidèles, et notamment « aux povres ignorans et aveugles, seduicts par ce siege de l'Antechrist romain »36Il voudrait leur ouvrir les yeux et leur montrer que ce Saint-Siège est Je chef des apostats de 1 'Église chrétienne en Occident.

Il estime que, pour ce faire, l'analyse historique offre un instrument péda- gogique très efficace et a donc écrit

( ... ] quelque discours, comme par maniere de chronique, touchant le gou- vernement qui a esté en l'Église Chrestienne, depuis le temps des Apostres,

" Viret Pierre, Des Actes des vrais successeurs de Jésus Christ et de ses apôtres et des apostats de l'Eglise papale, Genève, Jean Gérard, 1554· Une deuxième édition de ce livre paraît en 1559 à Genève, chez Estienne Anastase, tandis que la partie sur la messe, revue et augmentée dans l'édition de 1559, est ensuite publiée à part sous le titre: Id., Les Cautèles el canon de la messe. Ensemble la messe du corps de Jésus-Christ, Lyon, Claude Ravot, 1563.

14 Mu2io Gerolamo, Difesa del Mulio Giustinopolitano. Della messa. Desanti. Del papato.

Contra le bestemmie di Pietro Vireto, Pesaro, heredi del Casano, 1568, ouvrage qui répond à: Viret Pierre, De fatti de veri successori di Giesu Christo et de suai Apostoli et de gliApostati della Chiesa papale, [Genève], Giovan Pietro Paschale, 1556.

" Premières censures de Viret: index de Venise (1549) «opera ornnia »;index de Rome (1559) «Petrus Viretus Gallus scripsit contra purgatorium, suffragia mortuorurn, missarn, papam, transubstantiationem "· Premières censures de Baie: «opera ornnia ». index de. Parme (1580) et index de Rome (1596). Cf. Index des livres interdits, De Bujanda J.M (du.)., Sherbrooke, Éditions de l'univ. de Genève, Droz, vol.lll, 1987, p. 153; vol. Vlll, 1990, p. 645; vol. IX, p. 592.

" Viret, Des Actes, op. cit., p. Aiiiiv".

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524

DANIELA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

jusques à present: et singulierement touchant les ordo~anc_e~ app~en~ntes à la discipline, et à la fonne de la religion et du servtce dtvm, qut dotvent estre observées en icelle, lesquelles sont attribuées pour la plus grand part, aux Evesques et Papes Romains, et aux anciens Conciles. Car il m'est advis, que ce moyen est fort propre pour mettre clairement devant les ~~ux_ de chacun comme en un tableau, la façon et la maniere par laquelle 1 Eglise, qui s'appelle auiourd'huy Chrestienne, s'est abbastar?ie et est deven~e en J'estal auquel nous la voyons à present, sous la condUtcte et la tyranme des papes romains et des supposts d'iceux qui la soustiennentl7.

Les Actes sont donc dans 1 'intention de Viret, une chronique du développe- ment historique de l'institution-Église et de sa doctrine

concern~nt le~ ~tes

et les sacrements. À son opinion, c'est bien à partir de l'évaluatiOn cntique de cette tradition qu'on peut distinguer la doctrine évangélique et les usages des apôtres des contaminations par influence judaïque et paï~nne d ~~ne part et, d'autre part, des corruptions par l'œuvre d'hommes qut o~t b~tt et imposé aux fidèles des pratiques idolâtres. Pour Viret, l'ana~yse hts~~nq_ue permet de comprendre les raisons profondes de la corruptiOn _de _1 Eg_hse romaine. Il partage donc la vision protestante du déclin progressif; tl esttme par aiJleurs que les hommes y ont joué seulement un rôle d'acteurs et que 1 'histoire de la papauté est en fait « une Genese, et une Apocalypse de 1 'Antechrist » dont la messe marque le triomphe38

Ainsi c'est' sur 1' analyse de la messe que Viret greffe son recueil de vies des

pap~s,

qui comprend cinq livres et constitue

~a p~e

centrale du traité.

Viret veut montrer que le système de croyances tmpose par Rome comme étant d'origine divine, et qui trouve dans la messe son point de force ~t ~a s~­

thèse, puise sa source et ses motivations profondes dans ~e volonte dtabolt- que, qui s'est incarnée dans la papauté à partir d'une certame époque ,de ~on histoire. Les ordonnances des papes sur la messe témoignent donc de 1 actiOn surnaturelle de Satan dans Je monde, autrement difficile à discerner.

Bien que ce recueil reflète un intérêt qui est appare~ent pl~s institu- tionnel et doctrinal que biographique, la méthode chmste par Vuet, celle de la relecture critique des ordonnances des papes et des conciles, selon un

" Ibid .. p. Aiiiiv"-Aiiiiir".

" Ibid. p. Biir": «J'ai baillé le tiltre à ce livre pource qu'il contie~! co~e ~conference des vrais et faux peres, et des vra!s Pasteurs et Mmtstre~ de 1 Eghse anctenne, et des apostats qui leur ont succedé en l'Eglise papale. Parquoy tl peut amst estre tenu comme une Genese, et une Apocalypse de l'Antechrist en tant qu'il est monstré en ~celuy corn·

ment il a commencé à naistre, et à s' advancer et à croistre, besmgnant tout ours ca~l~·

leusemcnt ct couvertemenl en son secret d'iniquité, duquel Sainct Paul a propheuze, dressant sa Papauté, et bastissant la Messe, la vraye gloire et coronne d'icelle ».

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

ordre chronologique et un choix thématique (liturgie-messe/eucharistie), l'amène à unê description générale de l'histoire ecclésiastique à travers la vie et les gestes des hommes qui en ont été les acteurs.

Selon Viret, cette histoire décrit l'appropriation progressive de l'Église par Satan. Pour lui, seuls les évêques de Rome jusqu'à Grégoire

r•• ,

à la fin du VI• siècle, peuvent être considérés comme les successeurs des apôtres.

D'ailleurs, il n'y a que l'Église des trois premiers siècles qui ait conservé, encore que dans des limites humaines, la pure doctrine de l'Évangile. Les ordonnances des papes montrent dès la fin de l'époque des persécutions avec Constantin les signes de l'action de confusion du Malin. Parmi les signes de cette œuvre de Satan, il y a, selon Viret, l'introduction graduelle de certaines liturgies et de pratiques superstitieuses, notamment par le biais de saints hommes, comme le pape Grégoire

r••,

dont Je Mal s'est parfois servP9

Au septième siècle, l'affirmation de la primauté romaine avec Boniface Ill consacre l'incarnation de l'Antéchrist dans la papauté. La messe est l'arme que ce dernier a perfectionnée depuis lors, pape après pape, pour aveugler et ensorceler les fidèles, jusqu'à la formulation de la transsubstantiation, qui marque son triomphe. Mais, pour Viret, c'est surtout avec la papesse Jeanne que 1 'histoire de la papauté dévoile ouvertement la présence du Mal, car jusque là-affirme-t-il- Satan se fardait d'hypocrisie pour ne pas déranger la cons- truction du règne de son Antéchrist. Une fois celui-ci élevé au siège romain, il commença alors à se montrer de plus en plus ouvertement dans les personnes des papes, comme le montre cette figure de femme paillarde illustrant, sans allégorie et par son corps même, la Grande Ribaude de Babylone40

I.:attention portée par Viret à la vie de la papesse Jeanne confirme l'im- portance qu'il confère au récit biographique dans sa construction historique.

Son attention pour les anecdotes sur les papes augmente pour la période après l'an mille, à l'époque de Grégoire VII, quand la mise en place de la messe trouva son aboutissement dans la fixation définitive de la doctrine de la transsubstantiation. Chez Viret, la vie de Grégoire VII a, comme celle de Jeanne, une importance considérable pour la généalogie de l'Antéchrist.

V origine familiale de ce pape expliquerait déjà le fait qu'il succède de façon idéale à la papesse, puisqu'il était de naissance illégitime. Comme Viret Je relève avec ironie, le fils d'une paillarde affirmant être le vicaire du Christ, qui était, lui, le fils d'une Vierge, renverse d'une manière éclatante le modèle dont il se réclame41Par ailleurs, l'action politique de Grégoire VII contre

" Ibid., p. 312-323.

40 Ibid., p. 366-369.

41 Ibid., p. 392.

(10)

526 DANIELA SOLFAROLI-CAMILLOCCI

l'Empire, sa défense de la transsubstantiation, sa vision forte de l'autorité papale démasquent, selon Viret, 1 'œuvre de l'Antéchrist dans 1' institution.

Dans la suite des Actes, les éléments biographiques et anecdotiques sur les papes l'emportent, même dans les explications à caractère théologique ou institutionnel. Dès la fin du moyen âge, la narration est presque exclusivement biographique. En particulier, la description des vies impies et tyranniques des papes de Jules II à Jules III, établies principalement à partir des écrits de Jove et de Vergerio, montre chez Viret un emploi de la satire assez remarquable42

FRANÇOIS BONIVARD: LA SOURCE DE L'IDOLÂTRIE PAPALE

I.:ouvrage de Bonivard, qui est resté à l'état manuscrit et que nous lisons aujourd'hui dans une édition du xrx• siècle, est un recueil de plusieurs écrits, dont deux proches par leur argument et par des références mutuel- les: Des advis et devis de l'estal ecclesiastique et mutations d'icelluy et de /'idolatrie papale, et Des advis et devis des difformes réformateurs•3

I.:auteur de ces pamphlets, savoyard d'origine et ancien chanoine, reçut en 1542 du Conseil de Genève la charge de rédiger une chronique de la ville depuis ses origines jusqu'à son passage à la Réforme. Il acheva son œuvre entre 1549 et 1550, mais ne parvint pas à obtenir une licence d'impression.

Pour des motivations d'ordre politique, on refusa de publier son ouvrage, que les premiers lecteurs du Conseil de la ville jugèrent d'ailleurs trop long et d'un langage trop explicite44Pendant les années suivantes, Bonivard poursuivit ses études à caractère historique et littéraire, dont il montre les fruits dans une nouvelle version de ses chroniques genevoises ainsi que dans plusieurs opuscules, parmi lesquels figurent les deux ouvrages susmentionnés. Bien que ses écrits n'aient pas été imprimés du vivant de

" Ibid., p. 530-560. Il faut néanmoins noter que Viret ne cite pas les écrits de Vergerio contre Jules Ill, bien que ses jeux de mots polémiques sur Je nom de ce pape soient évidemment empruntés au pamphlet de Vergerio, Desfaitz el gestes de Jules Ill, op. cil., qu'à Genève on venait juste d'imprimer.

•> Bonivard F., Advis et devis de la source de 1 'idolalrie et tyrannie papale, par quelle

preclique et finesse les Papes sont en si haut degre montez. Suivis des difformes Reformateurs, de l'advis et devis de mensonge et des faulx miracles du temps present, éd. Chaponnière J.-J., Revilliod G., Genève, Fick, 1866.

44 On connaît deux versions de cette chronique: la première, écrite pour la ville, a été publiée au XIX" siècle: Bonivard F., Chroniques de Genève, éd. Revilliod, Gustave, Genève, Jules- G. Fick, 1867; la deuxième, que Bonivard écrivit quelque temps après, est maintenant en cours d'édition: Id., Chroniques de Genève, Tripet M. (ed.), Genève, Droz, 2001. Voir aussi

1'<< Introduction>> de M. Tripet au texte de Bonivard, p. Vll-XXV, où elle reconstruit toute

la question des rédactions des chroniques et du conflit avec le Conseil de la ville.

DÉVOILER LE MAL DANS L'HISTOIRE

l'auteur, la connaissance de l'œuvre de Bonivard à Genève est documentée par sa circulation sous forme manuscrite, ainsi que par son emploi par 1 'historiographie locale•,.

Les deux essais de Bonivard sur la papauté et sur la Réforme datent de 1562. Ils sont donc postérieurs aux premiers ouvrages historiques allemands ainsi qu'à la traduction française du recueil de Baie, qui date de 1561. En effet, Bonivard témoigne dans ces textes, d'une manière parfois critique, de sa lecture de la production historiographique protestante.

V introduction et le premier chapitre de L'idolatrie papale offrent un aperçu d'histoire ecclésiastique illustrant la naissance du pouvoir temporel des papes. Bonivard affirme que l'Église n'a gardé sa pureté qu'à l'époque des persécutions, allant, par la suite, de mal en pis, « si que mieux eust vallu a la Chrestienté que la persecution eust tousjours duré »46. Bonivard explique cette situation par 1 'œuvre de Satan, qui a entrepris son action de confusion déjà à l'époque de Constantin, afin d'affirmer la primauté de Rome et de consolider son pouvoir sur les fidèles par le moyen d'une monarchie papale. Après les persécutions, remarque-t-il,

[ ... ] commencerent les ministres des églises a estre en repos et transquilite non seullement, mais en playsirz et delices et monter de peu a peu en tel honeur que ce n'ha rien este des Empereurs, royz et princes a respect de eux jusques a nostre temps que Martin Luther ha commence l'es branler et ha este cestuy la segonde mutation en 1 'Église, que n'ha pas este de bien en mieux, mais de bien en mal, que ha tousiours augmente de mal en pis".

Bonivard assume donc la vision du déclin progressif de l'Église, mais, alors que Viret fait découler la corruption de l'Église d'une véritable possession diabolique, dont les victimes ont été parfois de saints hommes, Bonivard affirme que l'action de Satan a surtout exploité la tendance de l'homme à faire une idole de lui-même. La lecture de la Bible et de 1 'historiographie ancienne montre, à son avis, que l'arrogance humaine est une donnée récur- rente dans l'histoire: chez les païens, rappelle-t-il,« tout homme qui excel- loit en quelques chose estoit incontinent deiffié »48De la même manière, le culte des saints témoigne de cette prétention papiste d'attribuer aux hommes des pouvoirs et un statut qui ne sont pas propres à la nature humaine.

•• Voir Chaponnière J.-J., «Notice sur François Bonivard, prieur de Saint Victor et sur ses écrits» (1846), Bonivard, Chroniques, op. cit., p. V-LXXVI; Tripet, «Introduction», op. cit., p. XXV-XXXI.

.. Bonivard, Advis et devis, op. cit., «Introduction », p. Xl.

'1

Ibid., p. Xl.

.. Ibid., p.

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