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Andocide et ses amis dans le discours Sur les Mystères

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Andocide et ses amis dans le discours Sur les Mystères

SCHUBERT, Paul

Abstract

Cet article vise à mettre en lumière un aspect fondamental de l'argumentation du discours Sur les Mystères d'Andocide, à savoir la notion de philia (comprise ici comme amitié, mais aussi rapport d'obligation réciproque). L'orateur choisit de manière précise les termes qu'il utilise pour décrire ses rapports sociaux ; ce choix constitue un point crucial de son dispositif de défense, même s'il n'est pas explicité par l'orateur. L'argument principal utilisé ici pour soutenir l'hypothèse qu'il s'agit bien d'un choix et non d'une série de phénomènes fortuits tient à la fois à la multiplication des occurrences qu'il est possible d'observer et à la cohérence de l'usage lexical de l'orateur pour tous les passages pertinents dans le cadre du modèle proposé. L'article commence par un rappel sur les contours de l'affaire ; puis le concept de philia est esquissé et mis en contexte ; enfin, l'on procède à l'examen plus spécifique des passages où l'orateur présente, de manière positive ou négative, ses rapports respectifs avec des amis et avec d'autres personnes qu'il exclut de son amitié.

SCHUBERT, Paul. Andocide et ses amis dans le discours Sur les Mystères. Revue des Études Grecques, 2013, vol. 126, p. 371-389

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:36749

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REGtome126(2013/2),371-389.

ANDOCIDE ET SES AMIS DANS LE DISCOURS SUR LES MYSTÈRES

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RÉSUMÉ. – Cet article vise à mettre en lumière un aspect fondamental de l’argu- mentation du discours Sur les Mystères d’Andocide, à savoir la notion de philia (comprise ici comme amitié, mais aussi rapport d’obligation réciproque). L’ora- teur choisit de manière précise les termes qu’il utilise pour décrire ses rapports sociaux ; ce choix constitue un point crucial de son dispositif de défense, même s’il n’est pas explicité par l’orateur. L’argument principal utilisé ici pour soutenir l’hypothèse qu’il s’agit bien d’un choix et non d’une série de phénomènes fortuits tient à la fois à la multiplication des occurrences qu’il est possible d’observer et à la cohérence de l’usage lexical de l’orateur pour tous les passages pertinents dans le cadre du modèle proposé. L’article commence par un rappel sur les contours de l’affaire ; puis le concept de philia est esquissé et mis en contexte ; enfin, l’on procède à l’examen plus spécifique des passages où l’orateur présente, de manière positive ou négative, ses rapports respectifs avec des amis et avec d’autres personnes qu’il exclut de son amitié.

ABSTRACT. – This article aims at shedding new light on a fundamental aspect of Andocides’ argument in the speech On the Mysteries, namely the concept of philia (i.e., here, friendship, but also reciprocal obligation). The orator makes a precise choice of the wording he uses in order to describe his social relationship with others ; although this choice is not made explicit by the orator, it constitutes a central point of his defense strategy. The hypothesis that this is indeed a choice

1 La rédaction de cet article fait suite à un séminaire donné à l’Université de Genève.

Dans l’impossibilité de citer nommément tous les participants, je tiens néanmoins à les remercier collectivement pour les discussions fructueuses et stimulantes que nous avons eues pendant tout le semestre d’automne 2012. J’exprime aussi ma gratitude envers deux maîtres, collègues et amis, les professeurs Adalberto Giovannini et André Hurst, qui ont bien voulu relire cet article et me faire part de plusieurs suggestions très utiles ; j’assume évidemment la responsabilité des erreurs qui pourraient subsister.

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of the orator and not a series of fortuitous phenomena relies mainly on the multi- plicity of cases where such choices occur ; also, Andocides displays a striking consistency in his use of words in all passages taken into consideration here. The article starts with a summary of the case ; then the concept of philia is described and put into context ; finally, we shall examine more specifically those passages where the orator depicts – in a positive or negative fashion – his relationship with both friends and those who are excluded from his friendship.

Introduction

La double affaire de la profanation des Mystères et de la mutilation des Hermès en 415 av. J.-C. a compromis de nombreux représen- tants éminents de l’aristocratie athénienne, dont Andocide. Celui-ci, confronté une quinzaine d’années plus tard à une tentative de règle- ment de comptes, a dû défendre sa vie en prononçant le discours qui nous a été transmis sous le titre SurlesMystères.2 L’objet de cet article sera de mettre en lumière un aspect fondamental de l’argumentation de l’orateur, à savoir la notion de philia (comprise ici comme amitié, mais aussi rapport d’obligation réciproque).3 Il apparaîtra qu’Andocide choi- sit de manière précise les termes qu’il utilise pour décrire ses rapports sociaux, et que ce choix constitue un point crucial de son dispositif de défense, même s’il n’est pas explicité par l’orateur. L’argument principal utilisé ici pour soutenir l’hypothèse qu’il s’agit bien d’un choix et non d’une série de phénomènes fortuits tient à la fois à la multiplication des occurrences qu’il sera possible d’observer et à la cohérence de l’usage lexical de l’orateur pour tous les passages pertinents dans le cadre du modèle proposé.

Il sera nécessaire de commencer par rappeler les contours de l’af- faire, tout en intégrant le personnage d’Andocide dans ce développe- ment. Le concept de philia sera esquissé et mis en contexte avant que l’on ne procède à l’examen plus spécifique des passages où l’orateur présente, de manière positive ou négative, ses rapports respectifs avec des amis et avec d’autres personnes qu’il exclut de son amitié.

2 La date précise du procès d’Andocide n’est pas établie avec certitude : on hésite entre 400 et 399, ce qui – en soi – n’est pas sans importance, puisque l’événement pourrait s’être produit soit avant, soit après le procès de Socrate ; cf. Todd (2007) 409-410. Cette variation n’a toutefois pas de pertinence directe pour le propos du présent article.

3 Les orateurs attiques, commentateurs de premier ordre de la société athénienne, recourent fréquemment à la notion de philia. Si les considérations qui suivent portent plus spécifiquement sur le discours SurlesMystères, d’autres discours pourraient se prêter à des réflexions similaires. À titre d’exemple, on peut citer Scheid-Tissinier (2011) ; l’auteure examine notamment le Discourséginétique d’Isocrate.

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Andocide, la profanation des Mystères et la mutilation des Hermès Nous sommes relativement bien renseignés sur le double scandale qui a secoué la cité athénienne peu avant l’envoi de la flotte en Sicile sous le commandement d’Alcibiade : outre le récit de Thucydide, nous disposons notamment de l’écho tardif de Plutarque, sans oublier l’ex- posé – fortement biaisé – auquel Andocide s’est livré devant le tribunal de l’Héliée en prononçant son discours SurlesMystères  ; finalement, nous possédons le discours de la partie adverse, un Contre Andocide attribué à Lysias.4 De cette affaire très complexe, il ne sera pas pos- sible de donner un compte rendu exhaustif ; un bref aperçu devrait toutefois faciliter la compréhension du développement argumentatif qui suivra.

En 415, au moment où la flotte athénienne est sur le point d’appa- reiller, les citoyens découvrent stupéfaits que les piliers hermaïques qui ornent les carrefours ou les entrées de diverses maisons ont été mutilés.5 L’enquête permet de mettre au jour un second scandale : un esclave révèle en effet que des membres de bonnes familles athé- niennes – entre autres Alcibiade – se seraient livrés à des parodies des rites célébrés en l’honneur des deux déesses éleusiniennes, Déméter et Koré. Ces actes illicites sont perçus comme des tentatives de déstabi- lisation de la cité.6 Paradoxalement, il ne se produit pas de coup d’État en 415, mais ces craintes semblent annoncer le renversement tempo- raire de la démocratie qui surviendra en 411 (régime oligarchique des Quatre Cents).

Lorsque le scandale éclate, les magistrats procèdent à une série d’arrestations au cours desquelles Andocide se retrouve emprisonné.

Dans des circonstances que nos sources antiques présentent de manière

4 Thuc. 6, 27-29 ; 6, 53 ; 6, 60-61 ; 8, 53 ; Plut. Alc. 18, 6 – 19, 7. Le discours Surles Mystères d’Andocide est commenté par MacDowell (1962). Pour un excellent état de la recherche sur le double scandale de la mutilation des Hermès et de la profanation des Mystères d’Éleusis, cf. Hornblower (2008) 367-372. Pour une approche dans la perspective du discours attribué à Lysias, cf. Todd (2007) 399-411. Sur les aspects politico-religieux de l’affaire, cf. Graf (2000). Sur le contexte familial et social dans lequel évolue Andocide en 415, on se reportera au tableau dressé par Von Blanckenhagen (1992), ainsi qu’à Davies (1971) 27-32. Enfin, pour une appréciation des aspects sociologiques de l’affaire au sein de la cité, cf. Murray (1990b).

5 On trouvera un riche dossier de représentations figurées de piliers hermaïques chez Siebert (1990), nos 92-187.

6 C’est notamment la vision de Thucydide 6, 60, 1 : ἐπὶξυνομοσίᾳὀλιγαρχικῇκαὶ τυραννικῇ, que l’on peut traduire librement par « en vue d’une conjuration oligarchique indésirable par sa ressemblance avec la tyrannie ». L’historien fait manifestement un amalgame entre la tyrannie (qui a laissé un mauvais souvenir à la fin du VIe siècle) et l’oligarchie (qui menace et se concrétisera en 411) au moyen d’une tournure apparentée à un hendiadis. Cf. Hornblower (2008) 453 ; Seaford (2000) 34.

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confuse, il semblerait qu’il ait alors négocié son salut en dénonçant certains de ses concitoyens. Ceux-ci sont soit condamnés à mort soit – dans bien des cas – forcés à l’exil ; quant à Andocide, il a la vie sauve mais doit lui aussi quitter sa patrie. Il passe une quinzaine d’an- nées loin d’Athènes, notamment à Chypre où il se refait une fortune.

Une tentative de retour dans les années 410 / 405 – la date précise reste inconnue – se solde par un échec ; nous en conservons la trace dans le discours Sur son propre retour prononcé par Andocide devant ses concitoyens.7 Finalement, ce n’est qu’après la révolution oligarchique de 404/403 (régime des Trente) et la restauration de la démocratie l’année suivante qu’il parvient à reprendre pied à Athènes. Le ressen- timent ne s’est toutefois pas effacé et, formellement parlant, Andocide est toujours sous le coup d’un décret prononcé en 415 sous l’instigation d’Isotimidès, décret qui excluait notre homme de toute participation à la vie politique et religieuse de la cité. Or vers 400, Andocide participe à la célébration des Mystères à Éleusis, provoquant ainsi un nouveau scandale. Sommé de s’expliquer dans l’Éleusinion, en ville d’Athènes, il subit une accusation de plus : on lui reproche d’avoir déposé un rameau de suppliant sur l’autel des deux déesses, un geste interdit en vertu des lois coutumières garanties par l’autorité d’une famille sacer- dotale, les Kéryces.

Dans le discours SurlesMystères, Andocide va donc poursuivre un double objectif : à la fois repousser l’attaque ponctuelle sur ses agis- sements récents et obtenir la levée des mesures prises à son encontre en 415 (décret d’Isotimidès). Sa défense se structure de la manière suivante :

• § 1-10 : exorde fait de lieux communs.

• § 11-28 : premier récit des faits (parodie des Mystères), bien évidem- ment orienté en faveur d’Andocide.

• § 29-33 : interruption du récit pour aborder une partie plus argumen- tative. Andocide analyse les conséquences du récit et présente sa défense.

• § 34-69 : second récit (mutilation des Hermès).

• § 70-109 : retour à l’argumentation. Andocide s’applique à démon- trer les défauts formels de l’accusation portée contre lui, en s’atta- quant notamment au caractère non écrit de certaines lois contrôlées par la tradition sacerdotale.8

7 Il est possible que le retour provisoire d’Andocide ait coïncidé avec celui – tout aussi provisoire – d’Alcibiade en 408.

8 Cette partie, la plus faible et la plus fastidieuse, est placée au centre du discours, selon une pratique qui sera codifiée par les maîtres de rhétorique. On trouve une trace du procédé notamment dans un argument (ὑπόθεσιϛ) du discours Sur la couronne de Démosthène :

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• § 110-116 : Andocide aborde un aspect plus vivant, celui de l’accu- sation qui a été formellement portée contre lui (dépôt d’un rameau de suppliant dans l’Éleusinion).

• § 117-129 : première explication de la prétendue raison de l’inimitié de Callias envers Andocide (rivalité autour d’une fille épiclère).

• § 130-143 : seconde explication de cette inimitié (rivalité dans une affaire de marché public pour une ferme d’impôt).

• § 144-150 : conclusion du discours, sur un ton plus émotionnel.

Les obstacles qu’Andocide doit surmonter sont multiples ; l’auditeur ancien tout comme le lecteur moderne doit le plus souvent lire entre les lignes d’un discours empreint de mauvaise foi. Sans entrer dans des détails qui ne sont pas directement pertinents pour la suite, on peut néanmoins identifier un certain nombre de points qui constituent des enjeux indirects de l’affaire.

Tout d’abord, ce procès pour impiété ne peut pas être entièrement dissocié de celui qui aboutira à la condamnation à mort de Socrate.9 Plus largement, ces deux procès s’inscrivent dans un mouvement de règlement de comptes après une période troublée par la défaite athé- nienne dans la guerre du Péloponnèse en 404, la révolution oligar- chique et enfin le rétablissement de la démocratie en 403. Pour atténuer les effets des tensions inhérentes à de tels événements, le peuple athé- nien adopte diverses mesures d’amnistie que l’on peut résumer par l’expression consacrée μὴ μνησικακεῖν « oublier le souvenir des maux du passé ».10

La restauration des institutions démocratiques s’est accompagnée de diverses mesures concrètes, notamment la réforme de l’orthographe sous l’archontat d’Euclide ainsi que l’obligation de ne recourir désor- mais qu’à des lois écrites. Ce dernier point, sur lequel Andocide insiste lourdement, doit se comprendre aussi dans la perspective d’un affai- blissement des anciennes prérogatives dévolues à certaines familles aristocratiques qui assuraient des charges sacerdotales : c’est le cas des Kéryces et des Eumolpides, responsables du bon déroulement des rites éleusiniens.11 Attaqué par Callias, Andocide réplique vivement et s’en

« Mais, saisissant cette loi, la troisième, qu’il utilisa comme ancre de salut, notre orateur jeta à terre son adversaire par un procédé très habile et redoutable pour son accusateur ; car c’est par là qu’il eut prise sur son ennemi et put l’abattre. En effet il jeta au milieu du discours les deux autres lois (sur les magistrats responsables et sur la proclamation), par une stratégie habile, ‘ayant mis les mauvais au milieu’ [cf. Il.4, 299]. Il utilise aux extrémités l’argument le plus fort qui soutient de chaque côté ce que les autres ont de chancelant. »

9 On a vu plus haut (n. 2) que les interprètes modernes hésitent à situer le procès d’Andocide avant ou après celui de Socrate. Sur la notion d’impiété, cf. Rudhardt (1960).

10 Cf. p. ex. § 90 et 91 : οὐμνησικακήσω ; 109 : μὴμνησικακῆσαι.

11 Cf. Mylonas (1961) 229-230 et 233-235.

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prend à ses fonctions de prêtre, ridiculisant au passage les droits arbi- traires encore dévolus au Kéryces.

Par ailleurs, il paraît clair qu’Andocide, tout en s’efforçant de mini- miser son rôle dans le scandale de 415, ne peut pas complètement nier toute participation aux événements, même s’il tend dans cette direc- tion ; son premier et seul aveu de culpabilité n’apparaît qu’au para- graphe 145 (sur les 150 que compte le discours), et il est prestement escamoté dans la suite.12 La tâche délicate à laquelle s’attelle Andocide consiste donc à faire accepter par ses concitoyens l’idée selon laquelle il devrait bénéficier de l’esprit des mesures d’amnistie consécutives au rétablissement de la démocratie en 403, même si – à strictement par- ler – le décret d’Isotimidès de 415 n’a pas été abrogé.

Dans ce climat de règlement de comptes, Andocide doit cependant faire face à une difficulté encore plus grave : comme il a dénoncé des concitoyens pour sauver sa peau, il a sans doute provoqué un pro- fond ressentiment à son égard. Certains Athéniens sont allés jusqu’à l’accuser d’avoir dénoncé son propre père.13 De manière générale, sa manœuvre aurait causé la mort de plusieurs personnes dont les descen- dants sont encore vivants ; d’autres individus, forcés à un exil tempo- raire, sont revenus à Athènes pendant les quinze ans qui se sont écou- lés. Or les victimes des dénonciations d’Andocide pouvaient avoir des raisons de se sentir profondément trahies en vertu d’un rapport de solidarité, voire d’amitié, unissant les participants aux événements de 415. On ne sait pas exactement quelles ont été les intentions des pré- tendus conjurés, ni la portée de leurs actes : s’ils l’avaient pu, auraient- ils renversé les institutions démocratiques comme cela s’est produit quatre ans plus tard ? Ou s’agissait-il de simples bêtises commises par des membres d’une jeunesse athénienne gâtée ? Quoi qu’il en soit, il semble qu’Andocide ait préféré trahir ses compagnons d’infortune pour bénéficier de la clémence des enquêteurs. Par conséquent, en présen- tant sa défense quinze ans plus tard, l’orateur va chercher à répondre implicitement au reproche de trahison en prenant à son compte la notion de philia.

La philia mise en contexte

La langue grecque contient plusieurs manières d’exprimer les concepts d’amitié ou d’amour, et plus généralement les liens de bonne

12 Au début du discours, Andocide niait toute forme de culpabilité. § 10 : οὔτ󰆇ἐμοὶ ἠσέβηταιοὐδὲνοὔτεμεμήνυταιοὔτ󰆇ὡμολόγηται « Je n’ai pas commis d’impiété, je n’ai procédé à aucune dénonciation, je n’ai rien admis. »

13 § 19. Plus loin cependant (§ 47), Andocide fera la liste des membres de sa parenté qui ont été dénoncés – par d’autres.

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volonté qui créent les rapports sociaux.14 Laissant de côté des mots tels que – par exemple – agapé ou érôs, qui dénotent respectivement l’af- fection et le désir amoureux, il paraît plus pertinent d’insister sur un des aspects fondamentaux de la philia  : celle-ci se construit dans une relation d’échange et de réciprocité s’exprimant notamment par une charis, c’est-à-dire un agrément ou une faveur. Les cadeaux mutuels que se font des amis relèvent de la philia ; les liens d’hospitalité (xenia) peuvent parfois participer du même contexte ; même le processus de supplication (hiketeia) crée des obligations qui ne sont pas étrangères à la philia. Ce qui distingue toutefois la philia de la xenia, c’est le caractère électif de la première : on choisit ses philoi d’un accord mutuel, tandis qu’une relation d’hospitalité peut consister en une obli- gation héritée des générations antérieures. Un individu entretient dans certains cas un lien d’hospitalité avec un inconnu, lequel apportera la preuve de la relation, par exemple en produisant la moitié d’un tesson qui se collera parfaitement à la moitié détenue par l’autre personne.

Quant à la supplication, elle établit le plus souvent une forme d’asymé- trie plus marquée que dans la philia.

Il ne s’agit pas d’une invention de l’Athènes classique : dès l’épopée homérique, les rapports sociaux sont construits sur l’idée de récipro- cité, même si l’usage du mot philos diffère quelque peu de ce qu’il deviendra à la période classique.15 Outre le sentiment subjectif de bien- veillance, la philia unit des individus, voire des groupes, qui partagent un intérêt à faire cet échange. Autrement dit, la philia représente « une façon de marquer la position d’un individu dans la société à travers ses relations. Le terme ou la catégorie de philos est utilisé pour dénoter non seulement l’affection, mais – de manière prédominante – une série complexe d’obligations, de devoirs et de prétentions. »16 On pourrait ajou- ter une autre forme de caractérisation : « le lien d’amitié implique bien, dès l’époque archaïque, une dimension affective, souvent associée,

14 Plusieurs tentatives de définition de la philia figurent dans nos sources antiques, notamment Xen. Hell. 2, 4, 21 ; Aristot. Pol. 3, 9 (1280b) ; cf. Scheid-Tissinier (2011) 165, n. 2. Pour un aperçu général de la question, cf. Konstan (1997) ; Konstan (2011) ; cf.

également Millett (1991) chap. 5, 109-126. Le concept a fait l’objet d’études plus ciblées, notamment dans le contexte de la tragédie ; cf. Goldhill (1986) chap. 4, 79-106 ; Stanton (1995) 16-19.

15 Cf. Konstan (1997) 24-42, où l’on peut constater, dès Homère, la présence de mots tels que philos, xenos, hetairos ou encore erôs. Konstan (31) relève que le mot philos a toujours une connotation positive dans l’épopée homérique, mais qu’il ne se réfère pas spécifiquement aux amis dans le sens où l’entendront les auteurs de la période classique.

16 Cf. Goldhill (1986) 82, cité par Millett (1991) 114 : « (…) a way of marking a per- son’s position in society by his relationships. The appellation or categorization philos is used to mark not just affection but overridingly a series of complex obligations, duties and claims. »

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d’ailleurs, à des relations contractuelles ou institutionnelles qui assurent la solidarité entre les membres du groupe donné. »17

Précisons cependant que, même si la dimension de réciprocité conte- nue dans le terme philia est fondamentale pour le propos qui suivra, elle n’est pas une condition toujours nécessaire : il arrive que la philia traduise un sentiment à sens unique.18 En outre, les interprètes modernes ne sont pas tous d’accord sur la nature fondamentale de la philia  : s’agirait-il seulement d’une forme de lien social reposant sur la réci- procité, à l’exclusion d’une dimension affective ? ou au contraire, l’altruisme ne constituerait-il pas un élément central de la philia ? La seconde thèse a été défendue avec talent par David Konstan.19 Il n’est vraisemblablement pas nécessaire d’adopter l’une des deux interpré- tations de manière exclusive : les deux aspects de la philia peuvent coexister dans une même relation. Toutefois, il convient d’insister sur le fait que, dans la brève étude qui suivra, c’est bien la dimension d’obligation réciproque consentie qui prédominera.

La philia offre aussi des rapprochements avec une autre valeur, celle d’hetaireia, que l’on pourrait traduire par « relation de compagnon- nage ». Des liens d’hetaireia se forment dans le cadre de l’activité militaire, politique, ou encore dans des écoles, souvent entre des per- sonnes de même âge ; c’est aussi le terme utilisé dans l’Athènes clas- sique pour identifier des complices participant à des activités secrètes et illégales.20 Or nous verrons plus bas qu’Andocide porte une attention particulière au choix des termes qu’il utilise pour désigner les per- sonnes avec lesquelles il a frayé dans le cadre des événements de 415.

Le mot hetairos en est aussi arrivé à désigner – par euphémisme – la prostituée sous le nom d’hetaira, tandis que le verbe hetaireô glisse vers un sens analogue. Il apparaîtra sous peu qu’Andocide lui-même exploite l’ambiguïté de ce mot en s’attaquant à l’un de ses adversaires.

Il reste à souligner la différence entre philia d’une part, et d’autre part oikeiotès et sungeneia. L’oikeiotès « familiarité, affection » consiste au départ en un rapport établi, littéralement, entre personnes d’un même oikos, c’est-à-dire d’une maisonnée au sens large du terme.

Le terme présente une analogie avec sungeneia, mot recouvrant la parenté au sens large, à savoir les membres d’un même genos (qui ne partagent toutefois pas forcément le même oikos) ; les liens du sang ne se choisissent pas, et ne sont pas négociables. C’est donc à nouveau la dimension élective de la philia qui constitue l’élément déterminant

17 Cf. Allaux (2011) 179, se référant à Konstan (2011) ; sur la notion de solidarité, voir aussi Scheid-Tissinier (2011) 167-168.

18 Cf. Konstan (2011) 219.

19 Cf. Konstan (1997) 3-6 pour l’histoire de l’étude anthropologique de la philia.

20 Id., 60-61.

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pour faire la différence : on choisit ses philoi, mais pas ses oikeioi ou ses sungeneis  ; et la philia peut être révoquée, tandis que la sungeneia – et dans une certaine mesure l’oikeiotès – ne peuvent être remises en question. A priori, la sungeneia et la philia ne se recoupent donc pas entièrement du point de vue des réseaux. Toutefois, une personne peut utiliser le verbe phileô pour l’appliquer à un sungenès  : le cas échéant, c’est la dimension affective – et non élective – qui est mise en avant.

Ces précisions revêtent une certaine importance dans la mesure où elles apportent des nuances non négligeables à la position de Konstan :

« Dans l’idéal (…) l’amitié (à la période) classique fournissait une occasion d’intimité personnelle aussi forte et gratifiante que l’amour entre proches parents. En outre, il est peu fait mention de conflits entre les diverses formes de prétentions portant sur les sentiments d’un indi- vidu. Siège d’un sentiment et de rapports entre égaux non obligatoires et altruistes, l’amitié trouvait une place confortable parmi les divers liens et obligations envers la famille, les voisins, les membres d’un même dème et les concitoyens, rapports qui définissaient l’ordre social de la cité. »21 Il ne fait aucun doute que l’altruisme a dû dicter les comportements de nombreuses personnes au sein d’une même famille ; mais les obligations l’ont aussi souvent emporté sur le sentiment désin- téressé, créant ainsi des conflits que chacun a cherché à résoudre au mieux selon les circonstances.

Andocide et ses philoi

Dans l’analyse qui va suivre, il sera possible de constater que la notion de philia sous-tend une bonne partie de l’argumentation déve- loppée par notre orateur : non seulement elle permettra de faire la distinction entre deux groupes, présentés sous un jour respectivement positif et négatif (philoi / hetairoi), mais elle définira le comportement passé d’Andocide, pour finalement lui permettre de proposer une nou- velle relation qui devrait l’unir à sa cité.

a) Avantlesamis,lesennemis

Le discours SurlesMystères s’ouvre sur des lieux communs qui ont vraisemblablement été empruntés à des manuels d’exemples circulant dans la cité : les neuf premiers paragraphes trouvent en effet un paral- lèle presque exact dans l’ouverture du discours de Lysias Sur les biensd’Aristophane. L’orateur insiste sur la malveillance des personnes réunies sous le vocable d’« ennemis » (echthroi).22 Dans le cadre d’un

21 Traduit de Konstan (1997) 92.

22 Cf. And. Myst. 1 et 2 : τῶνἐχθρῶντῶνἐμῶν ; 4 : οἱἐχθροί. Le mot sera uti- lisé à profusion dans le discours (et jusqu’à l’avant-dernier paragraphe) pour désigner les

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modèle générique destiné à être utilisé par des orateurs dans différents contextes, le mot a l’avantage d’être suffisamment vague pour per- mettre une adaptation à diverses situations. Andocide va cepen- dant mettre à profit ce thème en l’opposant de manière très marquée à la notion de philoi, sur laquelle le discours se terminera d’ailleurs.

À l’acharnement de ses ennemis, Andocide répond en clamant son attachement pour Athènes dès l’entrée en matière : il affirme préférer vivre là plutôt que dans n’importe quelle autre cité (§ 5). Cette reven- dication trouvera un écho dans la conclusion du discours, lorsque l’ora- teur proposera un lien nouveau entre Athènes et lui-même. Il dépasse donc d’emblée le caractère très général du passage pré-fabriqué pour lui donner une nouvelle dimension, comme on le verrra dans la suite ; pour l’observer, il faut se transporter jusqu’à la seconde partie du récit des événements.

b) Andocideetlesfauxamis

Andocide est arrivé au point où les dénonciations pleuvent sur les notables athéniens. Un certain Diocleidès a affirmé avoir assisté à un rassemblement de près de trois cents hommes pendant la nuit au cours de laquelle les Hermès ont été mutilés (§ 38-39). À la lueur du clair de lune, il aurait été en mesure d’identifier une bonne partie des conjurés présumés. D’après notre orateur, ce Diocleidès serait venu trouver un membre de la famille d’Andocide pour exercer un chantage à peine voilé : comme il était en position de dénoncer ceux qu’il avait vus, et que par ailleurs les autorités de la cité avaient promis une prime à celui qui dénoncerait les coupables de la mutilation des Hermès, Diocleidès aurait suggéré qu’il serait heureux de toucher, en échange de son silence, un montant un peu plus élevé que la prime (§ 40) : οὔκουν δέοιτο παρὰ τῆς πόλεως χρήματαλαβεῖν μᾶλλον ἢ παρ󰆇 ἡμῶν, ὥσθ󰆇 ἡμᾶς ἔχειν φίλους « il ne lui était donc pas nécessaire de rece- voir de l’argent de la cité plutôt que de notre part, afin de nous avoir pour amis ».23 Diocleidès aurait donc proposé l’établissement d’un lien dont les deux protagonistes pourraient tirer profit, le premier en tou- chant de l’argent, le second en évitant d’être inquiété au moment où le scandale était sur le point d’éclater.

adversaires d’Andocide. On retrouve le même motif de la προθυμίατῶνἐχθρῶν « achar- nement des ennemis » chez Lysias, Surlesbiensd’Aristophane (disc. 19, 2). Sur la notion d’echthroi, cf. Konstan (2011).

23 La conjecture de Dalmeyda (ἕλοιτο « il choisirait », à la place de δέοιτο « il était nécessaire »), bien que plausible d’un point de vue paléographique, n’est pas vraiment indispensable sur le plan grammatical ; pour le sens, elle s’accorderait bien avec le contexte qui est celui d’un dilemme.

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Diocleidès se présente alors à la maison de Léogoras, père d’Ando- cide, afin de négocier les détails de la transaction. Il arrive au moment précis où Léogoras est en train de sortir, ce qui fait dire à ce dernier (§ 41) : ἆρά γε σὲ οἵδε περιμένουσι; χρὴ μέντοι μὴ ἀπωθεῖσθαι τοιούτουςφίλους « Ah ! C’est donc toi que ceux-ci attendent ? Il ne faut certes pas repousser de tels amis. » Dans la citation faite par Andocide, on perçoit aisément une pointe d’ironie, ce d’autant plus que l’orateur ajoute que, par ces simples mots, Léogoras se retrouve perdu.

L’accord ne sera cependant pas respecté et, peu de temps après, Diocleidès choisira de dénoncer l’affaire aux magistrats. Ici, Andocide nous dépeint un faux ami, c’est-à-dire un citoyen qui aurait prétendu établir une relation de réciprocité avec lui, mais aurait fini par le trahir et le perdre. L’orateur serait donc la victime de cette proposition per- verse ; en fin de compte, il se serait trouvé dénoncé par Diocleidès et mis en prison. On apprend plus loin que le mouchard est aussi un menteur qui trompe la cité pour de l’argent (§ 60), et qu’il a fini par être condamné à mort (§ 66).

Cet épisode n’est pas le seul où Andocide prétend qu’il a dû choisir son camp et prendre ses distances vis-à-vis de faux amis. Évoquant l’affaire de la mutilation des Hermès, il affirme que Mélétos et Euphilé- tos seraient venus le trouver (§ 63) : après lui avoir révélé qu’ils ont commis l’acte sacrilège, ils lui enjoignent de se taire afin qu’ils restent ἐπιτηδείους ὥσπερ καὶ πρότερον « ses familiers comme dans le passé ». Ils lui présentent l’alternative suivante s’il refuse : χαλεπώτε- ροί σοι ἡμεῖς ἐχθροὶ ἐσόμεθα ἤ ἄλλοι τινὲς δι󰆇 ἡμᾶς φίλοι

« Nous serons pour toi des ennemis pires que ne seraient amis ceux que tu te concilierais en nous dénonçant. » Ici aussi, Andocide a pris soin de finement distinguer ceux qu’ils veut appeler – même sur un mode éventuel – ses amis, et il procède en trois étapes qu’il convient de différencier. Tout d’abord, ses fréquentations du passé ne sont pas appelées philoi, mais epitedeioi  ; ici, c’est l’absence du mot philoi qui est particulièrement importante lorsqu’il s’agit de désigner des gens qui admettent sans réticence avoir participé à la mutilation des Hermès.

Ensuite, Andocide cite Mélétos et Euphilétos : s’il ne se tait pas, ces mêmes epitedeioi pourraient devenir des echthroi et par conséquent se retrouver dans la catégorie générale de ceux qui, dès l’exorde du dis- cours, en veulent à notre orateur. Finalement, celui-ci fait dire à ses deux interlocuteurs que, en dénonçant les sacrilèges, il aurait la pos- sibilité d’acquérir des philoi parmi les tenants du droit. Si, selon les dires attribués à Mélétos et Euphilétos, il est attendu d’Andocide qu’il tranche en faveur de ses deux familiers et renonce donc à ces philoi potentiels, en revanche pour lui-même c’est l’option inverse qui s’im- pose : ces amis, il ne pourrait les acquérir qu’en refusant de se laisser intimider par les menaces de ses deux compères. L’intérêt de ce passage

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réside notamment dans le fait qu’il permet de faire l’épreuve du modèle proposé aussi bien sur un mode positif (qui sont les amis d’Andocide ?) que sur un mode négatif (qui Andocide exclut-il de son amitié ?) : l’usage lexical est cohérent dans les deux modes.

c) Ledilemmed’Andocide

Revenons au moment où Andocide est incarcéré, vivant des moments de forte angoisse dont il fait le récit à ses juges. Sa détresse aurait été rendue encore plus profonde par les cris et les plaintes de la parenté venue rendre visite aux prisonniers (§ 48). C’est aussi un parent proche, Charmidès, qui tente de persuader Andocide qu’il aurait intérêt à dénoncer certains conspirateurs afin de sauver son père ainsi que le mari de sa sœur. Le rapport entre Charmidès et Andocide correspond d’assez près au terme oikeiotès  : συνεκτραφεὶς ἐν τῇ οἰκίᾳ τῇ ἡμετέρᾳἐκπαιδός « élevé avec moi dans notre maison depuis l’en- fance » (§ 48). On relèvera le fait que, dans le récit parallèle de Plu- tarque (Alc. 21, 4), le conseiller d’Andocide est un ami du nom de Timée. Il semblerait donc qu’Andocide ait voulu insister sur la pression familiale qui s’exerce sur lui : s’il refuse de dénoncer les conspirateurs pour le bien de la cité, il va perdre sa propre famille, dilemme que ne renierait pas le Créon de l’Antigone de Sophocle. Or voici comment Charmidès, cité par notre orateur, évoque les rapports qui unissent Andocide à sa famille (§ 50) : τὸν πατέρα, ὃν εἰκός ἐστί σε μάλι- σταφιλεῖν, εἶταδὲτὸνκηδεστήν, ὃςἔχεισουτὴνἀδελφὴνἥπερ σοιμόνηἐστίν, ἔπειταδὲτοὺςἄλλουςσυγγενεῖςκαὶἀναγκαίους τοσούτουςὄντας, ἔτιδὲἐμέ, ὃςἐνἅπαντιτῷβίῳἠνίασαμένσε οὐδὲνπώποτε, προθυμότατοςδὲεἰςσὲκαὶτὰσὰπράγματάεἰμι, ὅ τι ἂν δέῃ ποιεῖν « Ton père, dont je présume que tu l’aimes au plus haut point, puis ton beau-frère, marié à ton unique sœur, puis les autres parents et proches, qui sont si nombreux, et enfin moi, qui de ma vie ne t’ai jamais causé la moindre contrariété, mais qui montre les meilleures dispositions envers toi et tes affaires, quoi qu’il faille faire. »

Un point mérite d’être précisé d’emblée : lorsque Charmidès dit à Andocide que « selon toute vraisemblance, tu aimes ton père » (τὸν πατέρα, ὃνεἰκόςἐστίσεμάλισταφιλεῖν), il ne fait sans doute pas référence à une dimension élective de la philia  : le père d’Andocide est son père, quels que soient les sentiments qu’ils peuvent nourrir l’un à l’égard de l’autre ; mais Charmidès suppose que son cousin éprouve de la bienveillance envers son géniteur, sentiment qui s’exprime par le verbe phileô. Ce choix lexical permet cependant de creuser le fossé entre les personnes auxquelles Andocide est redevable et celles envers lesquelles il n’a pas d’obligations : les vrais philoi d’Andocide ne seraient pas les conspirateurs qu’il va dénoncer, mais sa famille, à

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laquelle il devait de toute manière donner sa préférence. Le cousin Charmidès est un ami d’enfance ; comme il le dit lui-même par la bouche d’Andocide, il a tout partagé avec ce dernier sans rien lui demander en retour. Dans ces circonstances particulières, il l’implore de s’acquitter d’une dette qui s’est constituée par une enfance partagée dans la même maison : Andocide n’a d’autre choix que de sauver sa famille.

On remarquera la manière dont, dans le récit d’Andocide, Charmi- dès désigne les prétendus complices de l’orateur : ceux qui ont été mis à mort ou ont choisi l’exil reçoivent l’appellation οἷς (…) ἐχρῶ καὶ οἷς συνῆσθα ἄνευ ἡμῶν τῶν συγγενῶν « ceux avec lesquels tu entretenais une relation et que tu fréquentais, exception faite de nous, ta parenté » (§ 49). L’expression οἷς ἐχρῶ est une périphrase pour désigner une relation de quasi amitié, sans toutefois utiliser le mot : au

§ 122, on trouve φίλουςὄνταςἐμοὶκαὶχρωμένους « étant mes amis et mes familiers » (nous y reviendrons). Le contexte du § 49 à lui seul suggère que la périphrase n’est pas fortuite : Andocide évite apparem- ment d’accorder aux coupables avérés une relation de philia avec lui, et il va encore plus loin en les distinguant clairement de sa parenté, comme il le fait au § 63, évoqué plus haut. Inversement, lorsque Ando- cide fait état du dilemme auquel il a été confronté, il déclare qu’il a dénoncé certaines personnes προνοίᾳ (…) τῶν συγγενῶν καὶ τῶν φίλων « par sollicitude envers ma parenté et mes amis » (§ 56). Ando- cide tâche ainsi de concilier ses obligations envers deux groupes : sa loyauté envers sa famille ne saurait être remise en question ; quant à ses vrais amis, il leur doit aussi fidélité.

Si Andocide prend de telles précautions pour garder à distance les individus appartenant au cercle de ceux qu’il a dénoncés, et s’il se garde bien de reconnaître une relation de philia avec eux, c’est selon toute vraisemblance parce que ses accusateurs lui ont précisément reproché d’avoir trahi le lien de philia qu’il entretenait avec eux. Sur ce point en particulier, il est utile de disposer du discours de la partie adverse, le Contre Andocide attribué à Lysias, qui vient confirmer l’hypothèse. Dès l’entrée en matière, l’auteur du discours déclare en effet (§ 3) : δίκαιον οὖν μοι δοκεῖ εἶναι νῦν ἐπὶ τούτῳ τὰ τότε λεχθένταἀναμνῆσαι, καὶμὴμόνοντοὺςτούτουφίλουςὑπὸτού- του καὶ τῶν τούτου λόγων ἀπόλλυσθαι, ἀλλὰ καὶ αὐτὸν τοῦτον ὑφ󰆇 ἑτέρου « Il me semble donc juste de rappeler à son encontre ce qui s’est dit à l’époque : non seulement ses amis ont été perdus par lui et par ses paroles, mais il a lui-même été perdu par un autre. » Et plus loin (§ 23) : ἐμήνυσε δεδεμένος κατὰ τῶν αὑτοῦ συγγενῶν καὶ φίλων « Alors qu’il était emprisonné, il a fait une dénonciation contre ses propres parents et amis. » Ces deux passages constituent une forme de contre-épreuve qui confirme que les choix opérés par Andocide ne

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relèvent pas du hasard, mais qu’ils sont dictés par une volonté cohé- rente de répondre à une accusation spécifique. L’expression κατὰτῶν αὑτοῦ συγγενῶν καὶ φίλων « contre ses propres parents et amis » constitue un parallèle exact à celle utilisée par Andocide : προνοίᾳ (…) τῶνσυγγενῶνκαὶτῶνφίλων « par sollicitude envers ma parenté et mes amis » (§ 56).

Pour en revenir au discours SurlesMystères, la philia régissant les rapports entre les membres de la famille d’Andocide refait son appari- tion plus loin, au moment où l’orateur rappelle la rivalité à propos d’une fille épiclère. Son oncle maternel Epilykos est mort en laissant deux filles, lesquelles représentent apparemment le dernier espoir de donner des héritiers à la famille d’Andocide.24 Si l’on en croit l’orateur, Epilykos aurait laissé un passif financier assez lourd, ce qui n’empêche pas Andocide de chercher à se mettre d’accord avec son cousin Léa- gros pour que chacun des deux prenne l’une des filles en mariage ; dans l’intérêt de la famille, il aurait été prêt à subir une importante perte (§ 118) : ὅμωςδ󰆇ἐγὼκαλέσαςΛέαγρονἐναντίοντῶνφίλων ἔλεγον, ὅτι ταῦτ󰆇 εἴη ἀνδρῶν ἀγαθῶν, ἐν τοῖς τοιούτοις δεικνύναι τὰςοἰκειότηταςἀλλήλοις « J’invitai néanmoins Léagros et, en pré- sence de nos amis, je lui dis qu’il était du devoir d’honnêtes hommes, dans de telles circonstances, de manifester notre affection les uns envers les autres. » Ici aussi, le comportement d’Andocide serait dicté par des obligations de famille, et ce comportement est sanctionné par la présence de ses philoi. Il parvient habilement à regrouper les deux catégories dans le même réseau : l’oikeiotès lui dicte un comportement désintéressé envers la fille épiclère, et ses philoi sont présents pour le constater.

L’affaire tourne mal au moment où l’une des deux filles, celle qui avait été attribuée à Andocide, meurt soudainement ; quant à l’autre, elle fait l’objet de la convoitise de Callias, lequel n’est apparenté à la famille d’Andocide que par alliance. Callias voudrait que Léagros la lui laisse, mais Andocide s’y oppose et fait valoir ses prétentions sur la fille si Léagros ne souhaite pas l’épouser. Ce conflit entre Callias et Andocide constituerait, aux dires de ce dernier, l’une des raisons cachées du procès qui lui a été intenté ; l’accusation de sacrilège ne serait qu’un prétexte. Lorsque Callias constate qu’il ne parviendra pas à ses fins, il approche les amis d’Andocide pour proposer un règlement de l’affaire à l’amiable (§ 122) : τότε δὴ προσιὼν Λυσίστρατον, Ἡγήμονα, Ἐπιχάρη, ὁρῶν φίλους ὄντας ἐμοὶ καὶ χρωμένους

« alors s’approchant de Lysistratos, d’Hégémon et d’Épicharès, voyant

24 L’arbre généalogique complet de la famille d’Andocide est fourni par MacDowell (1962) App. L, 207.

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qu’ils étaient mes amis et mes familiers ». Alors que, au § 49, Andocide désignait les coupables avérés comme οἷς (…) ἐχρῶκαὶοἷςσυνῆσθα ἄνευ ἡμῶν τῶν συγγενῶν « ceux avec lesquels tu entretenais une relation et que tu fréquentais, exception faite de nous, ta parenté », en se gardant bien de parler de philoi, ici au contraire, l’usage du verbe chraomai est couplé avec le terme philos  : Andocide définit ainsi un cercle constitué par ses amis, tandis que ses adversaires en sont exclus.

d) Lesphiloi etleshetairoi

Il n’est pas toujours aisé d’établir une distinction claire entre philoi et hetairoi. De fait, divers savants ont affirmé que les groupes de ten- dance aristocratique qui ont conspiré pour renverser la démocratie athénienne à la fin du Ve siècle étaient constitués de réseaux de philoi.25 Or dans le discours SurlesMystères, Andocide va précisément éviter de donner cette appellation à des gens auxquels il a manifestement été associé en 415, et dont il se distancie désormais.

S’ils ne sont pas des philoi, on peut se demander comment sont décrits ceux qu’Andocide, par sa dénonciation, a fait condamner soit à la mort soit à l’exil. Outre l’expression οἷςἐχρῶ « ceux que tu fré- quentais » (§ 122), ces individus apparaissent certes aussi avec la dési- gnation de philoi  ; mais il est frappant de constater que leur rapport de philia s’exerce entre adversaires d’Andocide, et non avec ce dernier (§ 53) : τούτωντῶνἀνδρῶνοὓςἐμήνυσεΔιοκλείδης, φίλουςὄντας τῶνἀπολωλότωνἤδη « ces hommes que Diocleidès a dénoncés, qui étaient les amis de ceux qui avaient déjà péri. » L’orateur renforce ainsi le clivage entre deux groupes de philoi  : d’une part, le groupe auquel Andocide lui-même appartient, c’est-à-dire ceux avec lesquels il estime qu’il existe des obligations réciproques ; d’autre part, les conjurés, aussi bien ceux qui ont déjà été reconnus coupables que ceux qu’Andocide est sur le point de dénoncer. Mais Andocide ne serait-il pas des leurs, et n’aurait-il pas une dette à leur égard ? Les termes qu’il utilise pour les décrire montre qu’il se garde justement de leur accorder un rapport de philia (§ 54) : ὡςἄραἐγὼἐμήνυσακατὰτῶνἑταίρων τῶν ἐμαυτοῦ « (on prétendrait) que j’ai porté une accusation contre mes propres compagnons. » Les conjurés sont donc peut-être philoi entre eux, mais pour Andocide, ce sont tout au plus des hetairoi.

Or plus loin dans son discours, l’orateur ne manquera pas de renier le rapport d’hetaireia en le laissant glisser vers le sens de « prostitu- tion » dans une attaque directe contre son accusateur, Kephisios (§ 100) : εἶτασὺπερὶἑταιρείαςἐμοὶμνείανποιῇκαὶκακῶςτιναςλέγεις;

25 La question est résumée par Konstan (1997) 61.

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ὃςἑνὶμὲνοὐχἡταίρησας (καλῶςγὰρἄνσοιεἶχε), πραττόμενος δ󰆇οὐπολὺἀργύριοντὸνβουλόμενονἀνθρώπων, ὡςοὗτοιἴσασιν, ἐπὶ τοῖς αἰσχίστοις ἔργοις ἔζης, καὶ ταῦτα οὕτως μοχθηρὸς ὢν τὴν ἰδέαν. « Ensuite, c’est toi qui fais mention de mes rapports de compagnonnage et qui médis des gens ? Toi qui ne t’es pas contenté d’avoir des rapports avec une seule personne (tu t’en serais bien trouvé), mais qui te vendais au rabais au premier venu ! Pour que tous le sachent, tu vivais de l’activité la plus honteuse, alors même que tu es si laid ! » Ici, Andocide joue sur le double sens du verbe hetaireô, qui décrit à la fois le lien de compagnonnage et la prostitution. Ce glissement est analogue à celui que fera plus tard Eschine (Contre Timarque 52) : οὐκέτι φαίνεται μόνον ἡταιρηκώς, ἀλλὰ καὶ πεπορνευμένος « de toute évidence, il ne s’est pas contenté d’un compagnonnage, mais s’est aussi adonné à la prostitution ». Andocide se distancie ainsi de l’hetaireia honteuse pour se réfugier dans ce qu’il veut faire percevoir comme la vraie philia.

e) Andocide,philos d’Athènes

S’il souhaite échapper à l’accusation portée contre lui, Andocide gagne à prôner la réconciliation au sein de la cité après les durs évé- nements des années précédentes : il espère ainsi que l’amnistie décré- tée au lendemain du rétablissement démocratique lui profitera et qu’on oubliera ses erreurs passées. C’est pourquoi, en concluant son discours, il élève le débat en recommandant à ses concitoyens de se rappeler qu’ils sont capables de tourner la page (§ 140) : καὶεἴτιςφίλοςὢν τυγχάνει καὶ εἴ τις ἐχθρός, μὴ μεταγνῶτε, μηδὲ βούλεσθε τὴν πόλιν ἀποστερῆσαι ταύτης τῆς δόξης « Que l’on soit ami ou ennemi, ne changez pas d’avis, et sachez ne pas priver la cité de cette réputation. » Il s’agit donc de transcender les clivages : tant les rap- ports de philia que les inimitiés ne devraient plus dicter la conduite de la cité.

À la place de ces anciennes amitiés, devenues désormais caduques, Andocide va proposer à sa cité un nouveau pacte : ces liens seront bénéfiques à tous, dans une relation fondée sur la réciprocité. En effet, Andocide n’est pas revenu à Athènes les mains vides ; au cours de ses années d’exil à Chypre, il a su construire des rapports de philia dont sa cité pourrait profiter, pour autant qu’elle accepte l’échange avec l’orateur (§ 145) : πολλοῖςσυγγενόμενοςκαὶπλείστωνπειραθείς, ἀφ󰆇ὧνἐμοὶξενίαικαὶφιλότητεςπρὸςπολλοὺςκαὶβασιλέαςκαὶ πόλεις καὶ ἄλλους ἰδίᾳ ξένους γεγένηνται, ὧν ἐμὲ σῴσαντες μεθέξετε, καὶ ἔσταιὑμῖν χρῆσθαι τούτοις, ὅπουἂν ἐνκαιρῷ τι ὑμῖν γίγνηται « Je me suis associé avec beaucoup de gens et j’ai connu de nombreuses personnes qui m’ont procuré des liens d’hos- pitalité et d’amitié avec nombre d’entités, rois, cités et hôtes à titre

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privé ; si vous me laissez la vie sauve, vous participerez à ces liens et vous pourrez en jouir dans quelque circonstance où cela vous sera opportun. »

Andocide s’efforce de fondre ses intérêts avec ceux de la cité. De même qu’Athènes a connu des revers et s’est redressée, de même il a subi l’exil mais compte rétablir sa situation (§ 144). Ce qu’il propose désormais à ses concitoyens, c’est un véritable rapport de réciprocité dont Athènes profitera autant que lui. Cette partie conclusive fait ainsi écho aux déclarations du début du discours, où Andocide manifestait son profond attachement envers la cité (§ 5).

Le discours se termine de manière assez abrupte par une sorte de coup de théâtre : l’orateur demande à un groupe de proches de monter à la tribune pour lui manifester leur soutien (§ 150) : δεῦροἌνυτε, Κέφαλε, ἔτιδὲκαὶοἱφυλέται οἱᾑρημένοιμοισυνδικεῖν, Θρά- συλλος καὶ οἱἄλλοι « Allons, Anytos, Céphalos, et aussi vous les membres de ma tribu que j’ai choisis pour me soutenir dans mon pro- cès, Thrasyllos et les autres ! » Nous avons vu précédemment (§ 140) qu’Andocide a tourné la page sur l’opposition entre les philoi et les echthroi pour déplacer la philia au niveau d’un lien avec la cité ; il semble donc normal de ne pas trouver désormais la philia invoquée lorsque l’orateur veut nommer ses proches qui le soutiennent : le déplacement peut être considéré comme effectif. Cela n’empêche tou- tefois pas l’orateur d’insister sur le fait qu’il n’est pas isolé : un traître ne jouirait pas de tels appuis.26

Conclusion

Dans l’argumentation développée par Andocide, la notion de philia joue un rôle fondamental. Pour commencer, l’accusé n’aurait pas lâché ses amis comme certains voudraient le faire croire : il aurait au contraire choisi de privilégier les vrais rapports d’obligation, ceux qui relevaient de sa famille ; et dans ces rapports, les vrais philoi ne sont jamais loin.

De plus, il s’efforce de prendre ses distances vis-à-vis d’un groupe de conjurés auxquels il ne concède que du bout des lèvres un rapport d’hetaireia avec lui-même. Finalement, il propose aux Athéniens un nouveau rapport de philia, bénéfique pour les deux parties, tournant ainsi la page sur le passé. En dépit de la mauvaise foi évidente de l’accusé, l’argument a dû impressionner les Athéniens puisque tout porte à croire qu’il a été acquitté.

26 Sur le soutien des proches à l’accusé dans des actions judiciaires, cf. Scheid-Tissinier (2011) 174.

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Figurant au nombre des plus anciens orateurs attiques dont nous ayons conservé des discours complets, Andocide n’est cependant pas un professionnel à proprement parler : il ne prodigue pas un enseigne- ment de rhétorique, n’exerce pas d’activité mercenaire de logographe.

Comme nombre d’Athéniens fortunés de son époque, il a tout de même reçu une éducation rhétorique largement suffisante pour lui permettre de présenter sa défense devant un tribunal ; il aurait pu aussi, dans d’autres circonstances, débattre de politique devant ses concitoyens réunis en assemblée. Forcé de présenter sa défense dans des condi- tions adverses, il recourt – comme on l’a vu – à un manuel d’exemples pour préparer l’exorde de son discours. Toutefois, dès qu’il aborde les aspects propres à l’affaire qui le concerne, il s’affranchit de ces béquilles et construit avec soin un argumentaire serré digne d’un maître de l’art oratoire ; il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il se soit fait aider par un logographe. La brève étude qui vient d’être présentée démontre que, au-delà des aspects purement formels, Andocide sait aussi exploiter des concepts implicites qui lui permettront de rallier les Athéniens à sa cause : le rétablissement de la concorde dans la cité après les graves événements du passé récent trouve un parallèle dans la réhabilitation d’Andocide lui-même, grâce à la notion de philia qui sous-tend tout le discours.

On peut enfin se demander comment situer le discours SurlesMys- tères dans le débat lancé par David Konstan à propos de la nature même de la philia en Grèce ancienne : réseau d’obligations ou sentiment altruiste ? On serait tenté de répondre que les deux aspects sont recon- naissables chez Andocide. De toute évidence, l’orateur a fortement insisté sur des relations d’obligations réciproques, que ce soit envers sa parenté directe, un cercle plus large d’amis, ou encore le corps civique athénien dans son ensemble ; mais peut-on nier qu’Andocide ait réellement aimé son père, sa famille, ses proches ou même Athènes ? En vérité, c’est probablement le caractère ambivalent de la philia qui en faisait un instrument de choix pour un orateur lorsque celui-ci voulait en appeler aux émotions de ses concitoyens.

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Paul Schubert

Facultédeslettres UniversitédeGenève

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