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PROGRESSER PLUS VITE AU PIANO

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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JOHANN PUPPETTO

PROGRESSER PLUS VITE AU PIANO

Guide complet de l'efficacité du travail pianistique

Textes additionnels

2014

Héliantia Éditions

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Vitesse de rotation oculaire et positionnement : une aide précieuse pour le déchiffrage

a lecture d’une partition appelle un nombre considérable de mouvements oculaires. En observant attentivement le comportement de vos yeux lors d’un déchiffrage, vous constaterez aisément que la vue n’observe pas un déplacement fluide et linéaire, mais plutôt qu’elle se concentre par saccades.

L’œil navigue sans cesse d’un point de focalisation à un autre.

Ces centres d’attention sont constitués de zones d’informations différentes ; ainsi la vision porte-t-elle sur un groupe de notes avant d’aborder le suivant en un éclair. L’œil doit sans cesse viser des points distants, basculer d’une portée à une autre, retourner à la ligne après la fin d’un système.

Par nature, les yeux observent des mouvements désordonnés qui n’obéissent pas à une progression intelligente et optimale.

Cette problématique a été traitée ailleurs. Ici, nous apprendrons à optimiser la vitesse de déplacement oculaire, grâce à l’étude de son mécanisme physique et biologique.

Qu’advient-il lorsque le regard change de cible ? Les yeux doivent effectuer une rotation dans leur orbite. Ce mouvement est obtenu grâce à six muscles appelés oculomoteurs, eux- mêmes attachés sur le pourtour de chaque globe.

L

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Nous utiliserons ce schéma pour y voir plus clair

trouve l’œil ; à droite, le plan vertical représente la partition.

Cette figure nous permettra de saisir ce qu réellement lorsque l’œil doit transiter du point La direction du regard figure en pointillés, d’abord sa position d’origine, enfin en noir sur la ligne Observez le globe oculaire en position A. Comme vous

le constater, il devra tourner sur son axe d’environ 30 degrés pour effectuer la migration attendue.

Considérons maintenant l’œil à l’emplacement Z

utiliserons ce schéma pour y voir plus clair : à gauche se , le plan vertical représente la partition.

Cette figure nous permettra de saisir ce qu’il se passe œil doit transiter du point 1 au point 2.

abord en clair sur la ligne d’arrivée.

A. Comme vous pouvez environ 30 degrés

emplacement Z :

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Ce nouveau schéma utilise la même échelle ; la distance entre les points 1 et 2 reste donc identique. Cette fois-ci, l’œil se trouve beaucoup plus près de la page. À l’observation, un phénomène se dégage, et mérite d’attirer toute notre attention.

Si nécessaire, prenez un peu de temps pour bien comprendre les schémas, et n’hésitez pas à relire les dernières phrases avant de poursuivre la lecture.

Pour effectuer le même transfert visuel, la rotation du globe oculaire devra se montrer beaucoup plus importante. En position Z, l’œil doit tourner dans son orbite d’environ 90 degrés, soit près de trois fois plus qu’au point A !

Bien qu’extrêmement rapides, les rotations des yeux ne sont pas instantanées pour autant. Toutes exigent, sans exception, un temps pour être réalisées entièrement. Plus l’angle de rotation s’accroit, et plus le temps nécessaire au cheminement de l’œil augmente.

De ces multiples constats, tirons profit pour obtenir un meilleur positionnement ! Nous pouvons accélérer notablement le confort et la vitesse de lecture. Si vous avez bien suivi nos explications jusqu’à présent, vous devriez être parvenu à cette conclusion : plus le lecteur se tient éloigné de la partition, moins il faut de temps à l’œil pour effectuer son parcours.

(Puisque le même déplacement nécessitera un mouvement plus faible des yeux.)

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Ainsi, profitez au quotidien d’une position suffisamment éloignée du pupitre : ce recul vous concèdera de précieux bénéfices. De loin, les yeux balayent leurs pages sans effort… La célérité du regard n’exige plus que très peu d’énergie… Elle s’obtient dorénavant sans difficulté !

Comme rien ne surpasse l’expérience, nous vous conseillons de réaliser quelques séances d’essai, afin de bien appréhender l’impact de la distance de lecture. Choisissez une œuvre nouvelle, qui ne soit ni trop simple, ni trop complexe en regard de vos capacités, puis déchiffrez-la sans aucune préparation.

Exagérez tout d’abord votre positionnement, en éprouvant un placement sensiblement rapproché. Puis, au contraire, assez éloigné du texte. Vous amplifierez ainsi les effets de la distance.

Le contraste obtenu vous permettra de saisir tous les bienfaits de la position éloignée, et le grand désavantage du placement initial.

Une fois le phénomène bien compris, il vous sera relativement facile de mettre ce savoir en pratique. Veillez simplement à maintenir suffisamment d’attention sur le placement de votre tête, afin de corriger de mauvaises habitudes passées, ou d’inadéquats réflexes.

En cas de difficultés de lecture, certaines personnes approchent instinctivement leur visage du pupitre : un passage impossible survient, et illico, la tête bondit pour se placer plus près du texte !

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C’est un réflexe naturel, compréhensible, mais en définitive préjudiciable au déploiement de nos capacités. (Nous nous rapprochons naturellement d’un objet pour en apprécier les détails lorsque ceux-ci apparaissent trop petits.)

Si le texte de votre partition est minuscule, autant le remplacer immédiatement sans état d’âme. Vous pouvez à profit considérer cette caractéristique dès l’achat. Les textes trop petits vous abîmeront la vue ; ils sont désagréables et fatigants à utiliser. Comme vous l’aurez compris, ils ne permettent pas de pratiquer la lecture à vue dans des conditions optimales, puisque vous devrez vous placer plus près d’eux... Et donc réduire sensiblement la vitesse à laquelle vos yeux pourraient prétendre.

Si vous ne disposez malgré tout que de visuels microscopiques, vous pouvez sans hésiter utiliser les fonctions d’agrandissement d’une photocopieuse, ou effectuer un zoom informatique, au besoin par l’intermédiaire d’une numérisation. C’est aussi une bonne astuce si vous disposez de peu de temps pour préparer un concert. Car n’oublions pas : une personne qui déchiffre rapidement accumule au fil des semaines des gains de temps considérables. Mieux lire, c’est réduire d’autant la durée de mise en place d’une composition.

Les personnes dyslexiques seront davantage pénalisées par un graphisme de petite taille. Les enseignants doivent se montrer particulièrement consciencieux à leur égard, en leur fournissant des pages adaptées. S’il ne dispose pas de partitions ajustées, un

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enfant dyslexique éprouvera énormément de difficultés en apprenant la lecture de notes, malgré des capacités intellectuelles tout à fait normales et un investissement suffisant. Les documents gagneront beaucoup à être clairs et aérés, avec des portées et des signes plus larges que la normale.

Ajoutons à ce chapitre une dernière remarque : en mettant à profit l’action de la distance de vue, le bon sens exige que votre posture générale reste correcte. Vous ne devriez donc pas perturber l’équilibre général de votre positionnement.

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Le défaut de conscience digitale : un écueil terriblement chronophage

e titre évoque une confusion aussi fréquente que redoutable… qui devrait mériter journalièrement notre attention. Étudions-la à travers un exemple simple. Nous utiliserons ce fragment, extrait de la fameuse toccata en ré mineur de Jean Sébastien Bach :

Imaginons que vous soyez un pianiste

convenablement les gammes. Malgré votre acquis technique, le premier fa de la main gauche ne sonne pas correctement, devient presque inaudible. Émises correctement

voisines ne présentent pas de difficulté. Vous avez beau répéter le trait inlassablement, rien n’y fait, et le travail à différentes vitesses n’améliore pas la situation : le fa joué par l

reste bien capricieux !

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Le défaut de conscience digitale : écueil terriblement chronophage

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un pianiste maîtrisant . Malgré votre acquis technique, le correctement, ou correctement, les notes Vous avez beau répéter y fait, et le travail à différentes joué par l’index

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Confrontées à ce cas de figure, nombre de personnes émettront l’idée que leur technique de gammes s’avère insuffisante.

Cette analyse éclot bien souvent de manière systématique, réflexe, sans aucun raisonnement pour la justifier pleinement.

Ce type de déduction présente néanmoins un grave danger, pouvant entraîner des pertes de temps parfaitement substantielles.

Si une insuffisance technique n’était pas en cause, quelle explication alternative pourrait éclairer notre question ? Tout simplement un manque de conscience digitale. Jouez à nouveau le fragment, cette fois-ci en portant toute votre attention sur l’action de votre main gauche, et plus précisément sur celle de votre majeur. Peut-être découvrirez-vous avec surprise que ce troisième doigt demeure excessivement suspendu, que vous ne l’aviez pas suffisamment mis en action pour qu’il remplisse la tâche attendue. Vous n’aviez pas assez entrainé ce majeur vers le fond du clavier. Une articulation faible ou indécise, il n’en fallait pas davantage pour escamoter notre fa !

Voilà donc l’énigme résolue en un éclair, puisque quelques minutes suffiront à clore la digression. Généralement, un faible nombre de répétitions permet de s’approprier le geste adéquat.

(Quand bien entendu, le défaut de conscience s’avère la véritable source du problème.)

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Si nous retournons à notre exemple, il suffira d’appliquer au geste toute la conscience possible, en observant une meilleure propulsion individuelle du majeur.

Cette confusion ne manque jamais de piéger les musiciens expérimentés, puisque pour eux, la technique ne se décompose pas en une succession de mouvements.

La gamme de ré mineur ci-dessus se considère et se restitue en un geste unique ; avec l’habitude, l’action des cinq doigts ne s’appréhende plus de manière indépendante. Elle forme un tout indivisible avec l’ensemble des sections corporelles qui doivent entrer en jeu pour composer le mouvement exact.

(Bras, poignets, épaules, etc.)

C’est pourquoi les pianistes ayant acquis de correctes notions techniques peuvent aisément perdre de vue le détail, l’infime qui ne transparaît plus dans la globalité, devenue familière et généralement fonctionnelle.

Mais qu’importe votre niveau ! Inquiétez-vous !

Car ce vil traquenard ne manque pas d’affliger les pianistes moins chevronnés. La confusion est réellement terrible, puisqu’elle vous entraine généralement vers la programmation de nouveaux exercices. Vous voilà maintenant accablé d’un fardeau supplémentaire, composé de deux heures de gammes

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quotidiennes et d’inextricables études ! Bien pire encore, vous vous heurterez à la même incapacité en reprenant votre pièce quelques mois plus tard… Que votre technique se soit globalement améliorée n’y changera rien. C’est dire le gaspillage de ressources que le défaut de conscience corporelle occasionne… Et combien il importe de choisir le chemin approprié dès le commencement !

« Ce qui reste inconscient demeure imperfectible. » Marie Jaëll *

Cette sentence vous aidera sans doute à jeter davantage de lumière sur notre question. Méditez-la sérieusement, et vous en tirerez de beaux profits. Elle ne signifie pas que vous deviez accroître votre kinesthésie à tout va. Le but de tout un chacun reste de jouer du piano, et non de développer une attention corporelle sans limites. Atteindre un palier de conscience supérieure devient nécessaire seulement lorsqu’un problème spécifique l’exige.

* Pianiste et compositrice française, Marie Jaëll (1846-1925) a beaucoup contribué au développement de la pédagogie du piano. Elle fut une amie particulièrement proche de Franz Liszt et de Camille Saint-Saëns.

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Certains lecteurs nous demanderont comment distinguer un manque technique d’un défaut d’esthésie. C’est souvent au travers de minimes détails que se révèlent les imperfections natives d’une forme de non-conscience. Ce peut être une ou deux notes, comme dans notre exemple, mais beaucoup plus rarement tout un ensemble. Lorsque vous doutez de la réponse à adopter, vérifiez systématiquement le souci de conscience. Cela demande un temps infime, et en cas de succès, vous ne stagnerez pas indéfiniment devant l’obstacle. Si le problème ne se résout pas de cette manière, vous saurez que la clé est ailleurs.

Parce que les racines d’un obstacle insoluble demeurent intemporellement hors de son champ de perception, une personne abandonnera souvent une œuvre, peut-être même pour quelques mesures inintégrables, au milieu d’un texte parfaitement su. Aucun pianiste ne peut contourner cette problématique.

Un petit défaut d’attention, et voilà six mois de travail gaspillés ! Nous avons connu un nombre important d’élèves pour qui les pertes avaient atteint une année entière d’approfondissement superflu, pour quelques passages fautifs contractés çà et là.

L’acuité de conscience constitue un outil de premier ordre en matière d’efficacité. Conservez toujours ceci à l’esprit, et vous recueillerez par application un temps considérable. Vous éviterez de vous perdre dans des dédales obscurs, où les erreurs

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s’imbriquent sournoisement les unes dans les autres… Une mauvaise décision en entraîne facilement une autre. Avec l’expérience, vous saurez toujours diriger votre attention correctement : à l’endroit voulu, et au bon moment.

Ainsi, le développement d’une conscience digitale et corporelle juste facilite toute notre vie pianistique. Par ailleurs, il constitue l’antipode de l’attitude mécanique de travail.

Le comportement automatique fonde son essence sur la répétition… et se trouve entretenu par les germes invisibles de l’incompréhension. Loin de cela, le regard sur soi-même illumine magistralement les problèmes, en révélant toutes les dynamiques inconscientes… Quand de surcroit, il limite toujours les répétitions à leur strict minimum.

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© 2014 Johann Puppetto

© 2014 Héliantia Éditions

Héliantia Éditions

7 place du Bourgneuf 71 640 MERCUREY

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