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Le défi des investissements français en Chine. Livre Blanc

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Le défi des investissements français en Chine

Livre Blanc

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© Imagine China

Le China World Trade Center, le cœur du quartier d’affaires, dans le district de Chaoyang.

Cet ouvrage a été réalisé en collaboration entre les Missions Economiques de Chine, les Conseillers du Commerce Extérieur et la Chambre de Commerce Française en Chine.

L’édition de l’ouvrage a été financée par la section Chine des CCE et réalisée par la CCIFC.

Il se fonde sur des entretiens individuels réalisés auprès de 88 entreprises françaises, dont la liste figure en annexe page 57 (à l’exception de 3 entreprises qui n’ont pas souhaité être citées). Ces entretiens ont été réalisés par Hubert Testard, Benjamin Dubertret, appuyés par Marie-Chantale Piques, Hélène Hovasse, Alain Berder, Thibaut Fabre, Stéphane Piskorz pour les Missions Economiques de Chine, ainsi que par Emmanuel Suquet, stagiaire ENA et Cécile Stos, directrice du développement de la CCIFC, en collaboration avec Bathilde Delafuys, Camille Giraudo et Melinda Sellin. Le document de synthèse a été rédigé par Benjamin Dubertret pour les trois premiers chapitres et Hubert Testard pour le dernier chapitre.

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N

os relations économiques avec la Chine, entend-on souvent dire, n’ont pas la même intensité, la même qualité que notre relation politique, qui s’est enracinée depuis dix ans dans un partenariat stratégique global ambitieux. Ce Livre Blanc, réalisé conjointement par les Conseillers du Commerce Extérieur, les Missions Economiques et la Chambre de Commerce Française en Chine, concernant l’implantation de nos entreprises sur le continent chinois, permet d’enrichir et d’améliorer notre vision de cette relation économique.

La présence de nos entreprises en Chine est certes récente, puisqu’elle ne remonte guère en moyenne à plus de 10 à 15 ans, mais elle est déjà considérable, tant par les chiffres d’affaires réalisés qui représentent deux fois et demie nos exportations directes, que par l’emploi créé qui atteint 250 000 salariés. Et les témoignages rapportés dans le Livre Blanc montrent que nous ne sommes qu’au début de cette histoire. Les rythmes de progression de l’activité sont rapides (+20 à 25% en moyenne), les prises de participations stratégiques se développent, de plus en plus de nos entreprises, grandes comme petites, nourrissent des perspectives très ambitieuses.

La Chine n’est pas seulement une opportunité de marché, elle est aussi une composante stratégique de la compétitivité de nos entreprises, qui doivent faire face à des exigences croissantes de globalisation des achats et des plates formes de production, et d’innovation.

Leurs activités sont dès lors multiformes, alliant achats de composants, production locale, importations d’équipement clés à partir de France ou d’Europe, création de centres de recherche-développement. Mais, contrairement aux idées reçues, seule une infime minorité d’entreprises voit la Chine comme une terre de délocalisation.

Les témoignages recueillis montrent également qu’il n’est pas facile de travailler en Chine.

Les pièges sont nombreux, qu’il s’agisse des problèmes de partenariat, de concurrence déloyale, d’obstacles non tarifaires, de contrefaçons, d’incertitudes juridiques. Mais l’un des messages principaux de ce Livre Blanc est que les difficultés d’accès au marché chinois n’empêchent pas nos entreprises de réussir et d’avoir de vastes projets. Etre en Chine comporte des risques, mais pour la quasi-totalité de nos entreprises, ne pas y être se traduirait par une perte d’opportunité, et dans de nombreux cas par un risque compétitif majeur.

Je voudrais en conclusion remercier les Conseillers du Commerce Extérieur, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine et les Missions Economiques pour avoir réuni leurs forces dans cette œuvre collective. J’espère que toutes celles de nos entreprises qui s’interrogent actuellement sur l’intérêt d’une présence en Chine trouveront dans ce Livre Blanc matière à réflexion et inspiration. Elles trouveront toujours en « l’équipe France » en Chine aide et conseil : plus que jamais, nous sommes à leurs côtés pour les aider à mener leurs projets à bien.

Préface

Hervé Ladsous Ambassadeur de France en Chine

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S

i, depuis le milieu des années 90, nombreux sont ceux qui débattent de l’opportunité, des risques et des avantages d’être présent en Chine, un millier d’entreprises françaises - de la PME personnelle a la grande multinationale - ont déjà franchi le pas et participent directement sur place à l’ouverture de ce grand pays.

L’objet de notre Livre Blanc est de faire un point d’étape de cette grande aventure, car il faut bien appeler cela une aventure. Ses conclusions peuvent se résumer en deux points forts: la Chine est aujourd’hui

un pays incontournable, et s’y développer nécessite pour les entreprises françaises de travailler en équipe soudée.

Quelle que soit la nature de son activité, une PME ayant décidé de s’implanter en Chine se trouve confrontée à un vrai parcours d’obstacles auquel elle ne peut pas faire face par ses propres moyens. La nécessaire mutualisation de ces moyens est illustrée par le concept de “chasse en meute” développé par les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCE).

Impliqués dès l’origine dans le développement des implantations françaises par le biais du conseil aux entreprises et au gouvernement français, les CCE ont aujourd’hui une mission beaucoup plus ciblée d’aide aux PME. Spécialistes de l’international, les quelques 80 CCE de Chine sont prêts à apporter leur expérience et leurs réseaux, en essayant de rassembler les PME pour améliorer leur efficacité et diminuer leur vulnérabilité et, plus concrètement en parrainant certaines entreprises, en leur offrant un portage ou en hébergeant des VIE.

Avant propos

Gérard Deleens Président de la section Chine des Conseillers du Commerce Extérieur

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D

epuis sa création en 1992, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine (CCIFC) s’est donné comme double objectif d’accompagner le positionnement des entreprises françaises sur le marché chinois, et d’appuyer celles qui ont fait le choix de s’y implanter dans leur développement.

On recense désormais plus de 1 800 implantations françaises en Chine.

Près de onze cents sont enregistrées à la Chambre de commerce, ce qui nous permet de vous présenter un « portrait robot » de l’entreprise

française implantée en Chine. En effet, 60% de nos membres sont installés depuis moins de 5 ans sur le territoire chinois. Majoritairement contrôlés à 100% par des capitaux français, ils sont également massivement installés à Shanghai ou dans les régions avoisinantes. 65% de ces entreprises emploient moins de 100 salariés en Chine, et 40%

d’entre elles moins de 250 personnes dans le monde. Enfin, plus de deux tiers des maisons- mères de sociétés implantées localement sont originaires de la région parisienne.

Le marché chinois reste très attractif pour les PME françaises, qui sont toujours plus nombreuses à nous rejoindre. La CCIFC a enregistré cette année plus de 130 membres supplémentaires, et aura accompagné, à la fin de l’année, environ 200 nouvelles entreprises sur le marché chinois. Plus de 50% d’entre elles mènent des projets d’export.

La valorisation de l’investissement français en Chine passe désormais par la remise en cause de certaines idées reçues. C’est donc avec enthousiasme que nous nous sommes associés à la démarche initiée par les Missions Economiques de Chine et les Conseillers du commerce extérieur, visant à mettre en valeur les retombées positives pour la France de l’investissement de ses entreprises en Chine.

Avant propos

Annick de Kermadec-Bentzmann Présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

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Les trois vagues successives d’implantation ü Les précurseurs des années 1980

ü La grande vague des années 1990 ü L’approfondissement des années 2000

La présence géographique de nos entreprises se diversifie pro- gressivement

ü La Chine de l’Est consolide son rang de première destination des implantations françaises

ü Pékin intéresse toujours nos entreprises pour sa proximite du pouvoir central et son accès à la Chine du Nord-Est

ü La province du Guangdong est la 3eme province d’accueil de nos investissements

ü La diversification vers le Centre et l’Ouest est encore timide, sauf sur les pôles de croissance de Chongqing, Chengdu, Wuhan et Xian

ü Historiquement, Hong Kong est souvent utilisée comme base d’approche du marché chinois

Le poids de la Chine pour nos sociétés est encore modeste, mais son importance est stratégique

ü A quelques exceptions près, la Chine ne contribue encore que faiblement à l’activité globale de nos sociétés

ü La Chine représente néanmoins déjà un enjeu jugé stratégique

8 8 5

18 8 8 9 9 0

21

Sommaire

LE DEVELOPPEMENT DES IMPLANTATIONS FRANÇAISES EN CHINE EST UN PHENOMENE ENCORE RECENT

INTRODUCTION 6

8

Les implantations répondent principalement à une ambition commerciale en Chine

ü La production locale n’est en moyenne que très faiblement exportée ü Quel marché ?

Dans une moindre mesure, la Chine est aussi pour nos entreprises une base d’exportation, essentiellement régionale

ü Pour une minorité d’entreprises, la Chine est principalement une base d’exportation à bas coût d’investissement et de production

ü Les exportations de nos entreprises depuis la Chine pourraient se développer, malgré la croissance du marché chinois

24 6

28 8 9 L’ACCES AU MARCHE CHINOIS DEMEURE LA MOTIVATION PRINCIPALE DE L’IMPLANTATION, MAIS LES AUTRES FACTEURS JOUENT UN ROLE

CROISSANT 24

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La Chine est d’ores et déjà pour nos entreprises une plate-forme mondiale d’achats qui leur permet d’améliorer leur compétitivité globale

ü La Chine est devenue le pivot des politiques d’achat de nombreuses sociétés

ü Cette tendance devrait s’accélerer au cours de prochaines années La Chine commence à accueillir quelques centres d’innovation d’entreprises françaises

ü Certaines sociétés ont mis en place de véritables moyens de recherche en Chine

ü Les motifs et les limites de cette évolution

30 0 32

33 34 35

L’IMPLANTATION : DIFFICULTES RENCONTREES ET

SOLUTIONS TROUVEES 36

Les freins à l’implantation se sont récemment plutôt renforcés ü L’investissement reste contraint dans certains secteurs sensibles, qui sont autant de points forts de nos entreprises

ü Le cadre général des investissements étrangers s’est resserré depuis 2006

Les principaux risques d’une implantation en Chine ü La question centrale du partenariat capitalistique ü Les atteintes à la propriété intellectuelle

ü Le défi des ressources humaines

36 6 9 41 43 50 55

L’IMPACT DES IMPLANTATIONS EN CHINE EST GLOBALE- MENT FAVORABLE POUR LES ENTREPRISES COMME POUR

L’ECONOMIE FRANÇAISE 59

Contrairement à une idée reçue, de nombreuses entreprises fran- çaises sont profitables en Chine

Du point de vue de l’économie française ü Les effets sur l’emploi

ü L’effet d’entrainement des PME ü Les flux financiers rapatriés ü Les effets induits

59 60 60 63 63 64

CONCLUSION: DEMAIN, QUELS ENJEUX? 65

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Introduction

L’importance des investissements français en Chine est largement méconnue.

Les statistiques n’en rendent que très imparfaitement compte : selon les chiffres publiés par la Banque de France, le stock d’investissements directs français en Chine atteignait1 2,7 Mds d’euros fin 2005, avec des flux en nette augmentation ces dernières années par rapport à la moyenne des années 1990. Les statistiques chinoises dressent pour leur part un tableau assez différent de la situation, avec un stock d’investissement français estimé à 6,8 Mds de dollars US en 2005 et un flux 2005 de 600 M de dollars US, en stagnation. Que retenir de ces chiffres qui ne convergent pas? Rapportés à des données comparables, ils tendent à montrer que l’investissement français en Chine est encore relativement marginal, d’un point de vue français comme d’un point de vue chinois : la Chine ne représenterait que 0,3 % du stock total de nos investissements à l’étranger, nos investissements ne s’y élèveraient qu’à 1,2% du total accueilli par la Chine ; la France ne serait ainsi que le 10ème investisseur mondial en Chine et le 3ème européen.

Est-ce à dire que nos investissements en Chine sont encore insuffisants, au moins en termes comparatifs ? Certainement. Mais à l’inverse, ces chiffres minorent considérablement le poids réel de nos investissements, qui transitent en grande partie par des pays tiers (Pays-Bas ou parfois paradis fiscaux) et ne sont donc plus comptabilisés comme français. Surtout, l’investissement tel qu’il est mesuré ne donne pas une image fidèle de la présence et de l’activité de nos entreprises, dont l’intensité capitalistique est extrêmement variable selon les secteurs.

La présence française en Chine peut être estimée, selon les dernières données recueillies par les Missions économiques de Chine à la mi-2007 à près de 1 800 implantations réalisées par 850 entreprises. Ces sociétés appartiennent pour moitié à l’industrie, à 40%

au secteur des services et à 10% à l’agro-alimentaire et aux biens de consommation.

Elles emploient près de 250 000 personnes. Mais pour mieux saisir l’importance relative de la présence économique française en Chine, il faut rapporter le chiffre d’affaires des filiales chinoises d’entreprises françaises au montant des exportations depuis la France.

Ce chiffre d’affaires cumulé a été évalué par la Mission économique de Pékin à plus de 20 Mds d’euros en 2006, sur la base d’une enquête spécifique auprès de 109 groupes français, à comparer à près de 8 Mds d’Euros d’export la même année. Autrement dit, le chiffre d’affaires de nos entreprises en Chine représente au moins deux fois et demie celui qu’elles réalisent sur ce pays à partir de la France. Alors que l’attention se focalise souvent sur notre seul commerce extérieur – et sur le creusement de notre déficit avec la Chine – le véritable enjeu économique paraît plutôt aujourd’hui tenir à la capacité de nos entreprises à développer leur activité sur le territoire chinois.

La véritable nature des investissements français en Chine est également trop souvent mal comprise.

Alors que l’émergence économique et commerciale de la Chine inquiète et que les

Données les plus récentes disponibles à la date d’édition de ce document.

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délocalisations industrielles hors de France sont une réalité dans plusieurs secteurs, certains assimilent hâtivement les investissements en Chine à des délocalisations. Or la réalité est tout autre : la Chine n’est pas une destination privilégiée pour les délocalisations.

Celles-ci sont plus fréquentes vers les pays de l’Est ou le Maghreb, pour des raisons de proximité et de facilité de réalisation de l’investissement et l’on peut affirmer que les cas de délocalisations vers la Chine sont extrêmement rares. Quant à l’idée que l’implantation se substituerait à l’exportation depuis la France, et que l’investissement en Chine serait donc nuisible à notre commerce extérieur et à l’emploi en France, si elle peut être exacte dans quelques rares cas, elle ne résiste pas globalement à l’épreuve des faits, comme le savent de nombreuses entreprises qui continuent à exporter depuis la France, voire ont accru leurs exportations depuis leur implantation. Investissement et commerce extérieur apparaissent bien plus complémentaires que substituables.

Pour donner une image plus fidèle du développement de la présence des entreprises françaises en Chine, dans toutes ses dimensions, les Missions économiques de Chine, les Conseillers du commerce extérieur de Chine et la Chambre de Commerce et d’Industrie française en Chine ont conjointement décidé de la rédaction d’un livre blanc. Ce document, public, a été établi principalement sur la base d’entretiens en face-à-face avec les responsables de 88 sociétés françaises implantées en Chine.

Ces sociétés ont été sélectionnées pour obtenir un échantillon représentatif de notre présence – même s’il est nécessairement imparfait – en termes de secteur d’activité, de taille et de localisation géographique. On y retrouve aussi bien Carrefour, premier employeur français du pays, avec 40 000 salariés, que des entreprises qui y comptent moins de 10 salariés. Même si aucune entreprise ayant échoué dans son implantation en Chine n’a été interviewée – l’intégralité du travail de recherche pour ce rapport ayant été réalisé sur place – il a été pris soin de ne pas écarter les témoignages d’entreprises qui ont connu ou connaissent encore des difficultés, parfois importantes, du fait de leur implantation en Chine. La liste des entreprises interviewées figure en annexe à ce rapport ; s’y ajoutent quelques autres qui ont souhaité témoigner de manière anonyme.

Le rapport s’articule autour de quatre grandes questions, auxquelles il s’efforce de répondre objectivement, à la lumière des expériences vécues par les entreprises rencontrées :

ß Depuis quand et où les entreprises françaises s’implantent-elles en Chine ? ß Pourquoi ces entreprises viennent-elles en Chine ?

ß Quelles sont les difficultés rencontrées et quelles solutions ont pu être trouvées ? ß Quel est l’impact de ces implantations, pour les entreprises comme pour l’économie française ?

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Les trois vagues successives d’implantation Les précurseurs des années 980

Il n’existe quasiment pas d’entreprises dont la présence en Chine continentale puisse être retracée, de manière continue, antérieurement à l’ouverture économique du pays, amorcée en 1979 par Deng Xiaoping. Si des entreprises françaises avaient bien sûr abordé le marché chinois auparavant, le cas échéant en s’y implantant physiquement, les bouleversements du XXème siècle en ont effacé les signes.

Ó Dans la chronologie des implantations françaises, deux entreprises font figure de pionniers, avec une implantation antérieure à 1979

Air France, après avoir ouvert une ligne sur Hong Kong en 1938, a ouvert une ligne sur Shanghai dès 1966 ; celle-ci a été fermée en 1973 au profit de Pékin, la Chine n’autorisant à l’époque qu’une seule ligne par compagnie étrangère. Il faudra attendre 1998 pour que la liaison sur Shanghai soit réouverte, puis 2004 et 2006 pour relier respectivement Canton et Chengdu à Paris (via Amsterdam par un vol KLM).

Technip est la seconde exception notable. A la suite de la reconnaissance de la République populaire de Chine par le Général de Gaulle en janvier 1964, un accord a été trouvé pour faire réaliser par la France un complexe pétrochimique à Liaoyang, dans le Liaoning.

Technip qui, allié à Speichim, emmène un consortium d’entreprises françaises, ouvre un bureau de représentation en 1975 après avoir signé un premier contrat au début de la décennie et fait venir sur site un grand nombre d’expatriés avec leurs familles ; une école est ouverte. Le complexe, construit par l’armée, sera achevé en 1979. Jusqu’à la fin des années 1980, le bureau de représentation s’avèrera adapté pour soutenir le flux d’exportations d’études et d’équipements depuis la France. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 que le tarissement de ce flux impose de créer une véritable filiale pour relancer l’activité.

C’est donc seulement à la toute fin des années 1970 que remonte le premier véritable mouvement d’implantation de nos entreprises en Chine. Encore ne s’agit-il que de cas isolés, qui concernent quasi-exclusivement des grands groupes, essentiellement dans le secteur industriel. Les premiers résultats ont d’ailleurs été parfois modestes, marquant une forme de faux départ.

Ó Les grands groupes industriels ouvrent la voie

Dès 1979, Alstom ouvre son bureau de représentation à Pékin. La même année, Elf et Total font leurs premiers pas en Chine dans l’exploration offshore, en partenariat avec une société chinoise qui est devenue par la suite la China National Offshore Oil Company (CNOOC). Les recherches d’Elf sont restées sans résultat ; Total a exploité pendant 4-5 ans un petit champ pétrolier jusqu’à sa restitution à CNOOC. Le véritable retour du groupe Total dans l’exploration en Chine ne s’effectuera que plus de 20 ans après avec le contrat

Le développement des implantations françaises

en Chine est un phénomène encore récent

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signé en 2006 avec Petrochina pour l’évaluation d’un gisement de gaz piégé dans des réservoirs très compacts à Sulige, dans le bassin de l’Ordos, qui pose des problèmes techniques délicats de forage et d’extraction des gaz, pour lesquels une expertise étrangère est jugée nécessaire.

En 1980, Rhône Poulenc installe un bureau de représentation à Shanghai. Le groupe chimique français, devenu aujourd’hui Rhodia, fut le pionnier de la chimie de spécialités en Chine.

En 1983, Alcatel crée à Shanghai une joint-venture majoritaire avec Shanghai Bell, entreprise d’Etat. Alcatel Shanghai Bell, qui a connu depuis une réussite remarquable, reste à ce jour la seule société à majorité étrangère sous la supervision de la State-owned Assets Supervision and Administration Commission (SASAC), autorité de tutelle des entreprises publiques. La même année, Sanofi s’implante en Chine.

En 1985, Peugeot s’implante à Canton avec la création de la co-entreprise Guangzhou Peugeot Automobile Company. Mais cette première expérience n’est pas un succès : la joint-venture produit 100 000 voitures (des 505 familiales et des pick-up 504) au cours des 12 années de son existence avant de fermer en 1997, l’outil industriel étant cédé à Honda. L’inexpérience des autorités locales, les interférences politiques, mais aussi le faible degré de priorité du côté du groupe français, qui est alors en pleine période de redressement en Europe et n’est pas en mesure de se concentrer sur cette aventure lointaine, expliquent cet échec. Le groupe PSA reviendra en Chine les années suivantes par le biais de la marque Citroën.

© DR

Un complexe de polyéthylène construit en Chine par Technip.

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Schneider Electric réalise en 1987 son premier investissement à Tianjin, en joint-venture, pour la fabrication et la vente sur le marché chinois de l’un de ses produits-phares, le mini- disjoncteur. Ce « ballon d’essai » s’avère une réussite commerciale, sinon économique.

Thomson a débuté en Chine dès les années 70 via son unité « Thomson-CSF » qui correspond aujourd’hui à la division « Thales Traffic Management » par la vente d’un radar à Pékin. Le premier bureau de représentation s’est ouvert ensuite, dès 1980.

Mais l’aventure la plus emblématique de ces années reste celle vécue par Framatome2, EDF, Alstom et Vinci pour la construction de la centrale nucléaire de Daya Bay, dans la région de Canton (cf. encadré). L’importance du projet conduira à y installer la principale communauté d’expatriés français de l’époque. Cette réalisation aura été la première pierre dans l’édification du partenariat stratégique qui lie aujourd’hui encore la France et la Chine dans l’industrie nucléaire civile.

Ó Dans les services, la présence française se développe encore peu

Les banques suivent naturellement leurs clients industriels, notamment à travers l’accompagnement des grands projets et le financement du commerce extérieur. En 1980, BNP a ouvert son bureau de représentation à Pékin, suivi d’autres bureaux dans le courant de la décennie à Shanghai, Canton et Shenzhen. La banque participe ainsi notamment au financement sur crédits export de la centrale nucléaire de Daya Bay. Pour sa part, la Société Générale, après avoir mis un pied à Hong Kong en 1979 avec un bureau de représentation qui dispose déjà d’une antenne à Canton, ouvre en 1981 un bureau de représentation à Pékin, puis en 1983 à Shanghai et Shenzhen. Elle finance en 1986 le premier achat d’un appareil Airbus par l’aviation civile chinoise.

Les cabinets d’avocats français s’implantent également, dans la même logique d’accompagnement de leurs clients, mais sont contraints par le cadre juridique, qui les empêche à l’époque d’ouvrir des bureaux de représentation. Des solutions sont trouvées pour s’implanter néanmoins, à petite échelle : en 1986, DS Avocats ouvre un bureau de consultant à travers une association créée en France, tandis que Gide Loyrette Nouel s’implante un an plus tard sous la forme d’une société de moyens.

Dans les services au consommateur, peu d’entreprises tentent encore l’aventure de la Chine et elles se heurtent alors au manque de maturité du marché.

Ainsi, après avoir ouvert son premier hôtel en 1985 en joint-venture, Accor a connu une série de déconvenues, les joint-ventures mises en place dans les années suivantes n’ayant pas produit de résultats. Si le groupe développe progressivement sa présence dans le pays, le tournant n’interviendra qu’au début des années 2000, avec la suppression de l’obligation de s’implanter sous la forme de joint-ventures dans ce secteur.

France Telecom ouvre fin 1986 son bureau de représentation à Pékin, dans une optique de veille et de contacts. Ce n’est que dix ans plus tard que la société sera autorisée – malheureusement momentanément, cf. infra – à créer deux co-entreprises avec China Unicom.

Snecma (intégré aujourd’hui dans le groupe Safran) ouvre un bureau de représentation à Pékin dès 1989, cinq ans avant Airbus.

Intégré par la suite dans le groupe AREVA NP

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Le principe d’une coopération franco-chinoise pour la production d’énergie d’origine nucléaire fut acquis dès 1980 par un accord entre Valéry Giscard d’Estaing et Deng Xiaoping.

En octobre 1986, le contrat pour les deux centrales de 1 000 mégawatts de Daya Bay est signé. EDF supervise, pour le compte de la China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC), la construction et la mise en service de ces deux réacteurs, tandis que Framatome fournit l’îlot nucléaire, GEC-Alsthom3 l’îlot conventionnel et Campenon Bernard4 réalise le génie civil. Une base vie est créée, avec une école et des logements pour 500 familles françaises (envoyées par les différentes entreprises en charge du projet) : c’est à l’époque la principale implantation d’expatriés français en Chine, loin devant Pékin et Shanghai.

Les Français, persuadés d’être dans un pays d’un faible niveau technique et connaissant mal le pays (aucun ne parlait chinois), voulaient faire par eux-mêmes et réagissaient avec méfiance aux initiatives de leurs partenaires. Les Chinois voulaient déjà acquérir leur autonomie, envoyant en masse leurs cadres techniques en formation en France, et posant de multiples questions. L’accoutumance mutuelle passa par une série de crises.

Toute la documentation technique était rédigée en français (contraignant les ingénieurs à formaliser de nombreuses procédures) et traduite à grand’peine par une armée d’assistantes sur des machines à écrire, avec de multiples allers-retours pour corriger des milliers d’erreurs, jusqu’à ce que la partie chinoise fournisse une installation entièrement neuve dotée d’ordinateurs dernier cri.

Un conflit interne entre deux entreprises chinoises conduisit à la paralysie des travaux d’installation des digues du port pendant un an, jusqu’à une intervention de Li Peng (à l’époque vice-premier ministre) qui permit de réaliser la totalité des travaux en un temps record (5 mois) pour, en définitive, respecter le calendrier initial. Une crise similaire se produisit pour les travaux de montage, montrant à la fois les difficultés du consensus interne en Chine et l’extraordinaire rapidité d’action une fois qu’une instruction claire venue d’en haut mettait un terme aux débats.

Les ingénieurs français traitaient distraitement les nombreuses questions techniques posées par leurs interlocuteurs, jusqu’au moment où ils ont réalisé qu’elles étaient souvent pertinentes et qu’elles mettaient le doigt sur des améliorations possibles.

C’est en définitive grâce à certaines personnalités fortes, comme par exemple Gao Shenyan, responsable du personnel chinois et représentant du parti, que la coopération entre responsables français et chinois devint efficace après une phase initiale d’incompréhension. La centrale de Daya Bay est entrée en opération en 1994.

Devenu Alstom

Intégré par la suite dans le groupe Vinci

L’aventure de Daya Bay

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La grande vague des années 990

Le premier afflux significatif d’implantations françaises en Chine intervient dans le courant des années 1990, dans tous les secteurs, mais avec une intensité qui dépend de la maturité des marchés et des conditions d’accueil des investissements étrangers. La première implantation en Chine continentale a souvent été précédée d’une implantation à Hong Kong, qui a servi de base de découverte du monde chinois.

Ó La présence française se diversifie sectoriellement, mais les grands groupes prédominent encore

Dans l’automobile, Citroën signe en 1990 avec Dongfeng Motors un contrat de joint- venture qui débouche en 1992 sur la création de la société Dongfeng Citroën Automobile Company (DCAC). Cette société produit la ZX, premier modèle commercialisé à la fois en France et en Chine. Deux unités de production sont créées à Wuhan (assemblage) et à Xiang Fan (moteurs et boites de vitesse), avec une capacité de production de 150 000 véhicules/an à partir de 1996. C’est précisément sous l’impulsion du groupe PSA que Valeo, qui disposait de quelques licenciés en Chine au début des années 1990, s’implante à partir de 1994, sous la forme d’une demi-douzaine d’usines, installées principalement à Wuhan et dans le Zhejiang, avec comme clients la joint-venture de Citroën ou encore Volkswagen. Faurecia, filiale du groupe PSA, s’est également implantée en 1998, créant depuis lors une à deux usines par an. Hutchinson, filiale de Total, s’est d’abord implantée en 1995, sur le segment automobile, à Wuhan.

Dans différents secteurs industriels, les premières implantations remontent souvent à cette époque : Airbus crée un bureau de représentation à Pékin en 1994, avant de mettre en place un centre de formation et un centre de services clients en 1997. Dès 1994 également, Delachaux s’implante à Wuhan, en créant une joint-venture majoritaire dans le domaine de la conductique. En 1996, Bacou-Dalloz, leader mondial des protections individuelles en milieu industriel s’implante, tout comme Lafarge Gypsum, filiale plâtre de Lafarge (qui constituera dès 1999 une joint-venture avec l’australien Boral) et Moret Pompes5. En 1997, Aldes, société familiale lyonnaise aujourd’hui leader européen du confort de l’habitat installe en Chine un bureau de représentation, puis une filiale l’année suivante. La même année, Somfy, leader mondial des systèmes d’automatisation et de motorisation pour la maison et les bâtiments ouvre en 1997 un bureau de représentation à Shanghai pour distribuer ses produits en Chine.

Dans les biens de consommation, Seb ouvre sa première usine en Chine en 1995. Deux ans auparavant, Sitram, fabricant d’articles et ustensiles de cuisine en inox, a créé une usine avec un fabricant de casseroles, également en joint-venture.

Dans les nouvelles technologies, Ubisoft installe en 1996 une filiale de vente et de production de jeux vidéo.

Dans le domaine de la santé, Ipsen crée un bureau de représentation en 1992, avant d’installer une usine à Tianjin en 1997. Essilor s’implante en 1995, avec un démarrage effectif de son usine en 1997.

C’est aussi la décennie où les grands acteurs du secteur des services s’implantent.

Carrefour crée sa première implantation en 1995 et Auchan en 1999. La compagnie

5 Devenu à partir de l’an 000 la société Ensival-Moret comme nous l’indiquons dans la suite du texte.

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maritime CMA CGM s’implante dès 1992 pour profiter de l’essor du commerce extérieur chinois, tandis que Sodexho crée sa première structure en Chine au milieu des années 1990.

Dans le domaine des services à l’environnement, le groupe indépendant d’ingénierie et de conseils Sogreah, après deux premiers projets financés par l’Union européenne puis la France en 1990 et 1994, ouvre son premier bureau de représentation à Pékin en 1997.

Dès 1995, Veolia a créé une présence en Chine sur trois de ses métiers : l’eau, l’énergie et le traitement des déchets.

La présence de l’assureur Groupama remonte à 1994, à travers le bureau de représentation du GAN, racheté en 1998, tandis qu’AXA ouvre en 1999 sa première joint-venture d’assurance-vie à Shanghai, avec le chinois Minmetals.

Le cabinet d’audit Mazars s’implante en Chine continentale en 1997, tandis que les cabinets d’avocats officialisent leur présence, à la suite d’une évolution de la réglementation en 1992, autorisant les avocats étrangers à ouvrir des bureaux de représentation. Adamas est ainsi le premier cabinet français à obtenir une licence, dès 1992 ; Gide Loyrette Nouel fait de même en 1993.

Dans l’agro-alimentaire, la PME Grimaud Frères, leader mondial de la sélection génétique des palmipèdes, s’est installée en 1996 à Chengdu, dans le Sichuan, après avoir établi au cours des années précédentes un courant de ventes régulier avec la Chine.

© Joris ZYLBERMAN

Carrefour a créé sa première implantation en 1995.

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Ó Les sociétés qui avaient déjà investi développent leur présence

Technip parvient, en s’appuyant notamment sur ses effectifs de Malais d’origine chinoise, à surmonter les barrières à l’implantation dans le domaine de l’ingénierie pétrolière et crée une filiale en 1996 ; elle reste à ce jour l’une des trois seules sociétés étrangères autorisées dans sa spécialité. Elf et Total se lancent en Chine sur leurs métiers autres que l’exploration-production au cours de cette période, avec le raffinage en 1992 (prise de participation de 22% dans la raffinerie de Wepec), la pétrochimie au milieu des années 1990, et la distribution, dans la région de Wuhan, en 1999. Elf Atochem (devenue par la suite Arkema) s’installe en Chine en 1995 et développe en quelques années une présence importante dans la chimie fine, avec une quinzaine d’unités industrielles et une société holding en 1997. Elf Atochem employait près de 2000 salariés dès la fin de la décennie Schneider Electric, fort de la réussite de sa première joint-venture, décide en 1991 de se développer en Chine sur toute la gamme de ses produits. Après avoir mis en place des bureaux conséquents à Hong Kong puis Pékin, elle connaît une croissance externe rapide en multipliant les joint-ventures industrielles de 1994 à 2000.

Les années 1990 marquent aussi pour Thomson un virage stratégique et surtout un changement d’échelle, avec la délocalisation vers la Chine des usines précédemment situées en Asie du Sud-Est (Singapour et Malaisie notamment), pour servir les grands marchés d’exportation dans les domaines des radios réveil, de la hi-fi, puis des téléviseurs et de tubes, avec un effectif qui atteindra un pic de 30 000 salariés en 2002 et un CA export de plus de 2 Mds €.

Dans le secteur bancaire, les années 1990 voient s’étoffer la présence de la Société Générale, toujours autour de grands projets – comme la participation à la constitution de la joint-venture de Citroën à Wuhan, puis le financement de l’extension de l’usine.

BNP pour sa part (et Paribas parallèlement) développe des succursales sur des activités de banque commerciale, à Shanghai en 1992, Tianjin (1994), puis Pékin (1997).

Dans l’aéronautique, Snecma ouvre un centre de formation et de maintenance aéronautique dans le Sichuan en 1996 et crée une joint venture avec Air China en 1999.

© DRLe groupe PSA est implanté en Chine depuis les années 1980.

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L’approfondissement des années 000

Les années 2000 sont marquées par l’adhésion de la Chine à l’OMC en décembre 2001.

Au-delà des baisses tarifaires, celle-ci améliore le cadre des investissements et permet l’accélération du mouvement d’implantations françaises. La croissance de l’activité locale des cabinets d’avocats, fortement corrélée aux projets d’investissements français, en témoigne : depuis 2000, ceux-ci connaissent une nette accélération de la croissance de leur chiffre d’affaires, qui s’établit à +30/+40% par an.

Ó Des entreprises de taille plus modeste s’implantent

Certains groupes de taille intermédiaire, présents depuis longtemps à Hong Kong, comme la Cnim (spécialisée dans les industries mécaniques de haute précision pour les transports, l’énergie, l’environnement et la Défense), Saft (fabrication de batteries de haute technologie) ou encore Biomérieux (fabrication de tests réactifs et de machines de diagnostic pour le médical et l’agroalimentaire), s’implantent en Chine continentale.

D’autres, comme Oberthur Card Systems (fournisseur de solutions à base de cartes à puce) ou encore Roquette (producteur de dérivés de l’amidon et de co-produits à base de blé, maïs, pomme de terre et fécule de manioc), qui exportaient déjà de manière significative vers la Chine, y créent un site industriel.

Sur cette période s’implantent aussi : AFE Technologies (fonderie pour l’aéronautique et l’automobile ; 2007), Avantec (formulation de spécialités chimiques ; 2005), Axon Cable (production de cables plats flexibles et de cordons électroniques ; 2000), Business Inter- actif (marketing en ligne ; 2005), Chapellet (distribution de fixations, visserie, boulon- nerie, etc. ; 2005), DMC (fabrication de fils de broderie ; 2005), Easybox (packaging pour le luxe ; 2005), G2J.com (services de conférence à distance ; 2005), La boîte à Pizza (restau- ration ; 2006), Masaï (sourcing ; 2005), Manitou (chariots élévateurs tout terrain ; 2006), Onduline (matériaux de toiture légers ; 2001), Sogal (façades coulissantes et rangements sur mesure ; 2004) et Uniross (batteries rechargeables et chargeurs ; 2003). Le cabinet d’avocats Bignon Lebray et Associés obtient sa licence d’exercice et ouvre un bureau à Shanghai en février 2007.

Ó Les investissements changent d’échelle et les structures se rationalisent Pour beaucoup de sociétés déjà présentes, les années 2000 marquent le changement d’échelle de leur investissement.

La conjugaison de la levée d’obstacles réglementaires et de la maturation du marché conduit en effet à y intensifier le rythme d’investissement.

De nombreuses PME et groupes intermédiaires déjà implantés font la transition du bureau de représentation à une filiale commerciale ou industrielle. A titre d’exemple, Somfy transforme en 2002 son bureau en WFOE6, avant de prendre une participation majoritaire dans une usine chinoise en 2005. De même, Pillard implante une filiale en 2004, dix ans après la création de son bureau de représentation.

Pour une bonne partie des grands groupes, le rythme de croissance en Chine s’est accéléré depuis une demi-douzaine d’années.

Alcatel crée son siège Asie Pacifique à Shanghai dès l’an 2000 et prend en 2002 la majorité

6 Wholly Foreign Owned Entreprise

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du capital de sa filiale Shanghai Bell.

Le développement de Carrefour l’illustre : après une période de stagnation de sa croissance due à des restructurations internes, Carrefour Chine se développe depuis 2005 au rythme extrêmement rapide de 20 nouveaux hypermarchés par an, passant de 45 à 100 sites en 4 ans seulement. C’est aujourd’hui, avec près de 40 000 employés en Chine, le premier employeur français du pays.

C’est aussi, depuis la levée de l’obligation d’avoir un partenaire dans le secteur hôtelier au début des années 2000, le cas d’Accor : selon ses responsables en Chine, la société ne s’est jamais développée aussi vite que dans ce pays. L’entreprise prévoit à partir de 2007 d’ouvrir 20 à 25 hôtels filiales et 10 à 15 hôtels en gestion simple par an. Accor a commencé à ouvrir des hôtels Ibis en WFOE en 2004 et estime le potentiel du marché chinois sur ce segment à 500 hôtels.

L’ouverture, encore limitée, du secteur financier a permis aux banques françaises d’amorcer leur véritable développement en Chine à partir de 2002/2003, tout en restant très en-deçà de leur potentiel.

Dans le domaine du luxe, une société comme LVMH a constaté le décollage du marché à partir de 2000, alors même que le secteur de la distribution avait entamé son évolution dès 1993. De même, dans l’environnement, le développement de Veolia s’est nettement accéléré à partir de 2000/2001.

Face à l’explosion du marché automobile chinois, PSA définit au cours de cette période une nouvelle stratégie d’expansion : en 2001 le capital de sa joint-venture – qui devient Dongfeng Peugeot Citroën Motor Company – est porté à 700 M€ ; en 2004 est décidé le doublement de la capacité de l’usine d’assemblage, puis en 2006 la création d’une nouvelle ligne d’assemblage à Wuhan, qui portera en 2009 la capacité de production annuelle totale à 450 000 véhicules.

Quant à Airbus, l’année 2007 marque une étape décisive avec la signature du contrat portant création à Tianjin d’une joint-venture pour la chaîne d’assemblage final de l’Airbus A 320. Troisième ligne de production du consortium après Toulouse et Hambourg, cette chaîne permettra de faire face à la demande chinoise d’appareils mono-couloirs.

Ó Plusieurs groupes sont actuellement dans une phase de restructuration de leurs sociétés chinoises, pour leur donner plus de cohérence. Le renforcement et la diversification des investissements ont souvent conduit à la multiplication des entités juridiques, aux statuts parfois hétérogènes. Deux axes sont privilégiés :

ü la mise en place d’une véritable structure de pilotage et de moyens partagés pour l’ensemble du pays. Ainsi plusieurs groupes transforment ou remplacent leurs bureaux de représentation par une « société de conseil en management » pour mutualiser les ressources fonctionnelles : entre autres, Thales a ouvert une nouvelle société, Thales Beijing Services, qui regroupe progressivement les fonctions ressources humaines, finances, informatique, sécurité, marketing, ainsi que le lobbying. Carrefour appuie et pilote ses différentes joint-ventures grâce à une telle société, basée à Shanghai, tandis qu’Areva, après en avoir créé une première à Pékin, en met une autre en place à Shanghai.

LVMH est également en cours de transformation de son bureau de représentation, tandis

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qu’EADS commence à mutualiser certaines fonctions jusqu’à récemment déconcentrées dans les entités du groupe.

ü de manière plus ambitieuse, la constitution d’une holding locale. Elle permet de consolider les comptes des entités chinoises et donc de compenser les pertes des entités récentes par les profits générés par les sociétés plus anciennes et, le cas échéant, d’autofinancer les investissements au lieu de faire appel à la maison mère : depuis la fin 2005, Auchan a créé une société holding qui rachète progressivement toutes les entités du groupe en Chine ; ce processus s’accompagne également de la création de fonctions support communes. EADS ou LVMH envisagent également la création d’une holding.

Les exigences de capitalisation d’une holding en Chine - 30 millions de dollars sur les 3 premières années - sont cependant jugées excessivement lourdes par certains groupes, qui privilégient Hong Kong comme siège de leur holding ou continuent à gérer leurs participations depuis la France.

© Anne-Severine DOUARD

Une boutique Hermès à Pékin

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La présence géographique de nos entreprises se diversifie progressivement

La présence française en Chine peut être estimée, selon les dernières données recueillies par les Missions économiques de Chine à la mi-2007 à près de 1 800 implantations pour 850 entreprises. Si la majorité des bureaux de représentation reste localisée à Pékin (39%) et Shanghai (31%), les implantations industrielles sont plus concentrées dans les régions de Shanghai (31%) et Canton (16%). Les entreprises françaises ont donc largement choisi les trois principales portes d’entrée du marché chinois pour conquérir une clientèle encore essentiellement concentrée sur la façade Est du pays. En quatrième position, le Jiangsu totalise une centaine d’implantations françaises devant le Hubei (une cinquantaine d’entreprises), le Sichuan, la Municipalité de Tianjin, le Shandong et le Liaoning. A noter également que de nombreux investisseurs continuent d’utiliser Hong Kong pour approcher le marché chinois.

La Chine de l’Est consolide son rang de première destination des implantations françaises

La Chine de l’Est (Shanghai, Jiangsu, Zhejiang, Anhui) concentre à ce jour pas moins de 43% des implantations françaises sur le territoire chinois ; à Shanghai, la présence française a été multipliée par 2 depuis 2002.

Ce développement a bien entendu profité de la politique d’accueil des IDE depuis l’ouverture de la Chine dans les années 80, avec la création de zones spéciales de développement offrant un environnement économique et juridique privilégié aux investissements étrangers. Ces zones ont drainé la grande majorité des capitaux étrangers en Chine, mais aussi la technologie et le capital humain occidentaux. L’entrée de la Chine à l’OMC en 2001 et la perspective d’harmonisation des taxes sur l’ensemble du territoire chinois en 2008 ne devraient pas atténuer les multiples avantages qu’offrent ces zones.

La logique fiscale entrera moins en compte dans la décision des opérateurs de choisir telle ou telle implantation, ce sont des considérations plus stratégiques qui guideront ces options.

Le choix de Shanghai pour accueillir l’exposition universelle 2010 devrait par ailleurs offrir d’intéressantes opportunités d’affaires pour les entreprises françaises.

Pékin intéresse toujours nos entreprises pour sa proximité du pou- voir central et son accès à la Chine du Nord-Est

Avec une augmentation de la présence française de 70% depuis 2002, Pékin est toujours en 2007 la seconde destination de nos entreprises.

Les quelque 330 implantations françaises recensées à Pékin en juin 2007 sont essentiellement des sièges d’entreprises ou des bureaux de représentation et dans une très faible mesure des installations industrielles. Siège du gouvernement et des principales institutions chinoises, la capitale reste le choix naturel de la plupart des grands groupes qui disposent de plusieurs unités de production sur le territoire pour la base de leurs opérations en Chine.

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Pékin joue également un rôle majeur dans le domaine des hautes technologies et de la R&D. Plus de 50% des centres de R&D étrangers en Chine sont à Pékin et plus de 50%

d’entre eux sont dans les TIC.

Le gouvernement tente désormais d’utiliser les IDE pour soutenir sa politique d’aménagement du territoire, enjeu fondamental compte-tenu de l’ampleur des déséquilibres géographiques en Chine. Il s’agit donc notamment pour les autorités de revitaliser les provinces industrielles du Nord-Est. De par sa position géographique privilégiée, Pékin joue véritablement son rôle de moteur du commerce international du Nord-Est chinois, en même temps qu’elle profite en retour d’un élan de développement économique de l’ensemble de cette région.

Autour de Pékin, les villes de Tianjin, Dalian, Shenyang constituent trois autres pôles d’attraction avec de véritables installations industrielles. Le Shandong est également devenu une destination importante des investisseurs français.

La province du Guangdong est la

ème

province d’accueil de nos investissements

Les grandes réformes économiques et la création de Zones Economiques Spéciales ont également profité à la Chine du Sud en entraînant dès 1984 l’arrivée de nombreux investissements étrangers. Aujourd’hui, la province du Guangdong – en particulier le Delta de la rivière des Perles (Canton/ Shenzhen) – est la 1ère province d’accueil des investisseurs étrangers et la 3ème province d’accueil des implantations françaises avec près de 15% de nos investissements industriels et commerciaux dans le pays. La France est aujourd’hui, avec un nombre d’implantations multiplié par 2 depuis 2002, le 4ème investisseur européen de la province derrière l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume Uni.

Si les investissements à destination du Guangdong se portent aujourd’hui très bien, il convient de rappeler les enjeux de diversification de ces investissements au secteur tertiaire, encore trop négligé, par rapport au secteur industriel, ainsi que la concurrence des autres provinces prospères du Sud comme le Fujian ou l’île de Hainan, ainsi que des provinces intérieures comme le Yunnan et le Guangxi, ou encore les provinces nouvellement les plus attractives au Centre et au Nord du pays (Sichuan, Chongqing, Liaoning,…).

Enfin, il ne faut pas négliger non plus le rôle croissant joué, en termes d’IDE, par Dongguan mais aussi par d’autres villes du Delta de la rivière des Perles, comme Foshan, Huizhou, Shunde, Zhongshan et Jiangmen.

La diversification vers le Centre et l’Ouest est encore timide, sauf sur les pôles de croissance de Chongqing, Chengdu, Wuhan et Xian

Le développement des régions du Centre et de l’Ouest, restées largement à l’écart de la forte croissance qui a transformé le paysage économique et social de la Chine côtière au cours des vingt dernières années, est une priorité affichée des autorités chinoises.

Il figure également parmi les politiques prioritaires du XIe plan quinquennal (2006-

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2010). La volonté d’encourager les investissements dans le Centre et l’Ouest du pays a également conduit à l’adoption, en juin 2000, d’un catalogue spécial pour ces zones (le Catalogue du Centre et de l’Ouest). Ainsi, des investissements étrangers qui seraient tout juste permis dans l’Est du pays, sont encouragés dans l’Ouest. Il en résulte notamment une plus grande souplesse de la procédure d’approbation et des avantages fiscaux.

Or les régions du Centre et de l’Ouest du pays ont des difficultés à faire valoir leurs atouts en comparaison des provinces côtières développées. Outre leur enclavement naturel que ne contrebalance pas encore un réseau de communications insuffisamment développé, elles ne bénéficient pas toujours d’une main-d’œuvre qualifiée abondante. Leur avantage comparatif réside bien souvent dans la possession d’importantes réserves de matières premières. Au-delà des déclarations politiques, le rôle que les investisseurs étrangers sont appelés à jouer dans cette “ruée vers l’Ouest” reste mal défini. Ainsi, les incitations proposées par le gouvernement n’ont pour l’instant pas porté leurs fruits compte tenu de l’éloignement et du sous-équipement en infrastructures de ces provinces.

Il faut toutefois préciser que les régions concernées ne sont pas homogènes et plusieurs pôles de croissance attirent depuis déjà une dizaine d’années les investissements français, tant pour leur marché local que pour leur tissu industriel et le niveau d’éducation de leur population. C’est ainsi que Chengdu (capitale du Sichuan), Chongqing (ville-province enclavée dans le Sichuan), Wuhan (capitale du Hubei) et Xian (capitale du Shaanxi) reçoivent à elles quatre la majorité des investissements effectués dans l’Ouest. La présence française à Wuhan est considérable avec près d’une cinquantaine d’implantations, qui font de notre pays le troisième investisseur dans cette province. Celles-ci se situent principalement dans la filière automobile et l’énergie, avec notamment le rôle central joué par Dongfeng Peugeot Citroen Automotive (DPCA) qui y emploie plus de 8000 salariés, et l’acquisition récente de Wuhan Boiler Group par Alstom, avec une diversification récente dans les télécommunications, le ferroviaire, l’électronique, l’hôtellerie, ou la grande distribution.

Dans le Sichuan, la France occupe la 10ème place des investisseurs étrangers ce qui fait d’elle le premier investisseur européen, avec près d’une vingtaine d’entreprises françaises implantées ( dans des secteurs diversifiés allant de l’agro-alimentaire à l’aéronautique, en passant par l’industrie lourde, l’électronique et les services financiers).

Historiquement, Hong Kong est souvent utilisée comme base d’approche du marché chinois

Plus de la moitié des 551 implantations françaises recensées fin 2006 à Hong Kong se déclarent comme “centre régional”, dont un quart ne couvrant que la Chine et les trois quarts couvrant tout ou partie de l’Asie-Pacifique. Sans surprise, la proportion d’entreprises à vocation régionale est plus élevée dans le commerce que dans les services. Environ 30% des implantations françaises de Hong Kong sont des sociétés créées localement et contrôlées par une personne de nationalité française. Ces entreprises sont le plus souvent des bureaux commerciaux faisant du “sourcing” en Chine continentale et des sociétés de service aux entreprises. Nombre de ces entreprises qui ont souvent commencé sous la forme de bureaux d’achat, puis ont évolué vers la sous-traitance, ont désormais des

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filiales de production en Chine, notamment dans le Guangdong, et certaines d’entre elles y emploient, chacune, plusieurs milliers de salariés.

Cette approche du marché chinois via Hong Kong devrait se poursuivre pour plusieurs raisons :

ü les accords commerciaux CEPA (Closer Economic Partnership Agreement) signés depuis juin 2003 entre la Chine et la RAS de Hong Kong offrent à Hong Kong un avantage concurrentiel en permettant aux produits, aux particuliers et aux entreprises un accès privilégié au marché chinois. Il n’est toutefois pas facile pour une entreprise française de répondre aux critères d’origine prévus dans cet accord.

ü la possibilité de contourner les contraintes de la réglementation chinoise sur les JV en créant une société commune de droit hongkongais, dont les statuts sont beaucoup plus flexibles, qui peut parfois investir elle-même sous forme de WFOE en Chine continentale.

ü l’intérêt de faire jouer certains avantages fiscaux (notamment si la Chine réintroduit le principe d’une retenue à la source sur les dividendes).

Le poids de la Chine pour nos sociétés est encore modeste, mais son importance est stratégique

Le caractère récent du phénomène d’implantation des sociétés françaises en Chine et le manque de maturité de certains marchés, qui commencent juste à décoller, expliquent que la Chine ne représente encore, bien souvent, qu’une petite fraction de l’activité mondiale de nos sociétés.

A quelques exceptions près, la Chine ne contribue encore que faiblement à l’activité globale de nos sociétés

Quelques groupes se singularisent par le fait que la Chine représente déjà une fraction très importante de leur chiffre d’affaires, supérieure à 10%.

Le cas le plus emblématique est celui de CMA CGM, qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires avec la Chine ; cette situation reflète le poids du commerce extérieur chinois.

Sur le marché immense des liaisons maritimes entre la Chine et le reste du monde (le tiers du marché mondial), CMA CGM a réussi à prendre la place de deuxième société étrangère, derrière Maersk Line, avec 2 millions de TEU transportées en 2006. A un niveau moindre mais néanmoins très élevé, le marché chinois contribue actuellement à hauteur de 20% aux ventes d’appareils Airbus. Sur le métier de la fabrication du ciment, Lafarge réalise 14% de sa production mondiale en Chine. Avant la fusion avec l’américain Lucent, le chiffre d’affaires d’Alcatel en Chine dépassait également 10% de son chiffre d’affaires mondial.

Quelques autres groupes réalisent en Chine un chiffre d’affaires significatif, compris entre 5% et 10% de leur total mondial.

C’est le cas de Rhodia (10% de son chiffre d’affaires), Ensival Moret (10%), d’Alstom (8%), PSA (7%) Delachaux (7%), Schneider Electric (7%) ou encore de JC Decaux (7%) et Ipsen (6%).

Pour l’immense majorité des groupes, la contribution de la Chine au chiffre d’affaires

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mondial demeure modeste, atteignant moins de 5%.

Appartiennent notamment à cette catégorie : Areva (4%), Biomérieux (3%), Veolia (environ 3%), Lafarge plâtre (près de 3%), Faurecia (2,5%), Carrefour (2,5%), Seb (moins de 2%), Essilor (un peu plus de 1%), Sanofi Aventis (moins de 0,5%), tout comme Total, EDF, Thomson, France Telecom, Accor, l’ensemble de nos banques et de nos compagnies d’assurance.

Pour les PME, la situation est en réalité assez peu différente, même si certaines ont connu un développement suffisamment rapide pour que la Chine contribue significativement à leur chiffre d’affaires. A titre d’exemple, une société comme G2J.com, dès son premier exercice complet en Chine, y a réalisé 8% de son chiffre d’affaires.

La Chine représente néanmoins déjà un enjeu jugé stratégique

Ó La Chine fait figure de relais de croissance pour nos entreprises

L’activité en Chine de la majorité de nos entreprises est encore modeste en termes relatifs, mais sa croissance est bien souvent telle que celles-ci anticipent une situation radicalement différente d’ici quelques années seulement.

Il « suffit » en effet d’un taux de croissance de 19% par an pour doubler de taille en quatre ans, et bien des sociétés françaises enregistrent aujourd’hui des taux de croissance

Un porte conteneurs prêt à partir

© CMA-CGM

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annuels supérieurs à 20% voire 30%. Tel est d’ailleurs le cas aussi bien d’entreprises déjà fortement implantées, comme CMA CGM, dont le taux de croissance en Chine ralentit certes, mais à des niveaux exceptionnels (45% en 2005, 31% en 2006 et probablement 27% en 2007), que d’entreprises moins présentes, comme Sanofi Aventis, dont la croissance des activités en Chine devrait atteindre 38% en 2007 après 50% en 2005 puis 2006.

Autrement dit, si la contribution à la croissance des entreprises françaises de leurs implantations chinoises est encore modérée, parce qu’elle est atténuée par la taille relative des opérations en Chine, elle pourrait devenir majeure d’ici quelques années, sous réserve naturellement de profiter de la croissance du marché chinois.

Ce réservoir de croissance, qui existe dans d’autres pays émergents, au premier chef l’Inde, est d’autant plus valorisé que la croissance demeure atone et en tout cas structurellement inférieure sur les marchés européens et américains, qui sont plus matures, voire saturés. Seuls deux secteurs font sans doute aujourd’hui véritablement exception à cet égard : le nucléaire civil et le BTP. Les projets de construction de centrales se sont en effet multipliés dans divers pays depuis 2004, alors que la Chine était quasiment le seul pays à avoir un programme d’équipement électronucléaire en 2000. Dans le BTP, la demande internationale a déjà explosé, saturant les carnets de commande.

Mais pour le reste, les analystes financiers ne s’y trompent pas : comme l’ont indiqué plusieurs groupes interrogés, ceux-ci font preuve d’une grande sensibilité à toute nouvelle, bonne ou mauvaise, sur leurs activités en Chine. Et certains laissent entendre que leur implantation en Chine, sans avoir été dictée par la communauté des analystes financiers, a du moins été confortée, voire hâtée par celle-ci. Mais loin d’être le simple fruit d’une mode ou d’une focalisation excessive sur le potentiel du marché chinois, cette attention témoigne de ce que l’enjeu d’une implantation en Chine est plus large.

Ó L’impact de la présence en Chine dépasse l’enjeu du seul marché chinois Le caractère stratégique d’une présence en Chine ne se résume en effet pas à un pari sur un gain de croissance – profitable si possible. Certaines caractéristiques du pays

- notamment la faiblesse de ses coûts conjuguée à un niveau de développement déjà élevé dans certaines régions – expliquent en effet qu’une implantation puisse avoir des effets sur la compétitivité d’ensemble d’une entreprise. Ces effets peuvent être de deux ordres :

- directs, si l’implantation en Chine permet soit d’améliorer la compétitivité-prix par l’optimisation de la politique d’achat ou par l’exportation de produits finis à moindre coût, soit de développer des capacités d’innovation ;

- induits, et souvent initialement non prévus lors de l’implantation, si celle-ci favorise l’obtention de marchés en pays tiers, par le contact avec des clients ou des prescripteurs chinois, ou plus profondément la réévaluation de la stratégie de développement international en fonction de l’analyse des forces et des faiblesses des principaux concurrents chinois.

L’analyse des motifs de l’implantation de nos entreprises en Chine montre précisément la richesse de l’enjeu qu’elle revêt.

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Les implantations répondent principalement à une ambi- tion commerciale en Chine

Chaque entreprise a certes des produits, une culture et une histoire qui lui sont propres et qui influencent son modèle de développement en Chine. Il existe néanmoins des grandes tendances et beaucoup suivent des schémas d’implantation comparables. La

L’accès au marché chinois demeure la motivation principale de l’implantation, mais les autres facteurs jouent un rôle croissant

La production locale n’est en moyenne que très faiblement exportée

Un examen d’ensemble des motivations des sociétés françaises dans leur démarche d’implantation en Chine permet d’en distinguer quatre, qui correspondent chacune à la recherche de l’optimisation d’une fonction de base de l’entreprise :

ü vendre : l’implantation permet d’aborder le marché chinois dans les meilleures conditions, en prolongeant une démarche d’exportation depuis la France qui rencontre souvent des limites ;

ü produire : dans un certain nombre de cas l’établissement d’une capacité de production en Chine ne répond pas seulement – voire aucunement – à une stratégie de vente en Chine, mais à la volonté de créer une base d’exportation à faible coût d’investissement et de fonctionnement.

ü acheter : certaines sociétés consacrent une part significative de leurs moyens en Chine au « sourcing » ou recherche de fournisseurs pour l’ensemble de leurs entités mondiales ;

ü innover : certaines entreprises commencent à développer en Chine une véritable capacité d’innovation, qui va au-delà de l’adaptation des produits au marché local.

Pour nos entreprises, la Chine est donc à la fois un marché – potentiellement le premier dans le monde –, une base de production à bas coût, une plate-forme d’achat au meilleur prix et un réservoir de capacité d’innovation. Plus marginalement, pour quelques grands groupes, l’implantation en Chine répond également à des considérations stratégiques d’identification et d’observation de concurrents ou de partenaires chinois émergents ; mais si la plupart des entreprises françaises implantées en Chine assurent localement une telle veille, peu la citent comme un motif central d’implantation.

Les témoignages des entreprises consultées montrent que les poids relatifs des quatre principaux motifs d’implantation sont très inégaux. L’attrait du marché chinois est en effet fortement prépondérant ; il est d’ailleurs probable qu’il le reste durablement, à mesure que le développement économique accroît les débouchés commerciaux sur place. En dynamique toutefois, l’implantation de nos entreprises semble se complexifier et s’enrichir, prenant mieux en compte les possibilités d’exportation, d’innovation et de sourcing qu’offre la Chine.

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dynamique de développement la plus fréquente commence par des exportations vers la Chine depuis une base française ou européenne ; à ce stade, un simple bureau de représentation peut suffire pour assurer la liaison avec les clients ou avec un réseau de distribution externe. Une deuxième étape est parfois franchie avec la création d’une filiale commerciale permettant de facturer en monnaie locale et surtout d’étoffer la présence commerciale, pour démarcher plus activement les clients ou mieux contrôler les distributeurs.

Mais rapidement, les entreprises font un constat partagé : pour vendre en Chine il faut y produire, pour de multiples raisons : compétitivité-coût, maîtrise des délais de livraison, offre d’un service après-vente performant, réactivité à l’évolution de la demande ou encore exigences des autorités en termes de localisation. Rares sont donc les entreprises qui parviennent encore à servir le marché chinois seulement depuis la France : parmi les entreprises interviewées, tel est le cas d’Acteon, DMC, Biomérieux ou encore Onduline.

Plus rares encore sont celles qui n’ont pas l’intention, au cours des prochaines années, de s’y implanter industriellement. Parfois encore rendue difficile par la réglementation ou par les politiques industrielles chinoises, l’implantation d’une production – de biens ou de services – en Chine est néanmoins l’horizon partagé de nos entreprises.

A l’appui de ce schéma, il est frappant de constater que l’essentiel des capacités de production des entreprises françaises présentes en Chine répond à cette logique commerciale, ce qu’atteste la faiblesse des taux d’export. La quasi-totalité des entreprises

On peut distinguer quatre phases dans l’implantation d’Airbus en Chine, toutes destinées à accompagner au mieux le développement commercial de l’entreprise sur le marché domestique :

ü création en 1994 d’un bureau de représentation pour développer les ventes auprès des compagnies aériennes ;

ü création en 1997 d’un centre de formation et d’un centre de support client pour rendre l’offre commerciale plus compétitive ;

ü développement d’une coopération industrielle avec les constructeurs chinois, portant à la fois sur la sous-traitance (à hauteur de 60 M USD en 2007 et le double en 2010) et l’ingénierie (création d’un centre d’ingénierie conjoint avec AVIC I et AVIC II en 2005) ;

ü établissement en 2007 d’une joint-venture qui accueillera une nouvelle chaîne d’assemblage final de l’Airbus A 320.

Assez représentatif des étapes commerciales puis industrielles d’une implantation en Chine, le développement d’Airbus est en revanche original en ce que les décisions de coopération industrielle puis d’implantation d’une ligne d’assemblage ne relèvent nullement d’une logique de minimisation des coûts, mais répondent exclusivement à la demande des autorités chinoises, qui y voient un enjeu de partenariat stratégique et de rattrapage technologique.

Airbus en Chine, le cas-type d’une implantation par étapes successives, pour servir uniquement le marché chinois

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