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Comportements alimentaires et situation de précarité : le point de vue des enfants d’après une étude en milieu scolaire

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Academic year: 2021

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CONSEIL REGIONAL ILE-DE-FRANCE

Alimentation,

santé, précarité : état des lieux,

actions,

perspectives

5 décembre 2014 – Hémicycle du conseil régional d’Ile-de-France, Paris

Synthèse

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2

Sommaire

Ouverture ... 4

Contexte et objectifs de la journée ... 4

Corinne RUFET ... 4

Propositions du Conseil régional des jeunes d’Ile-de-France ... 5

Hedi CONDROYER... 5

Introduction ... 6

Inégalités sociales de santé et nutrition ... 6

Catherine VINCELET ... 6

L’enjeu des inégalités sociales de santé ... 7

Thibaut DE SAINT POL ... 7

Table ronde / Alimentation sous contrainte économique ... 8

L’alimentation des personnes en situation de grande précarité ... 8

Sophie LAURENCE ... 8

L’alimentation des ménages les plus modestes ... 9

Jessica LABRADOR ... 9

L’aide alimentaire, pilier de la lutte contre l’insécurité alimentaire, la pauvreté et l’exclusion ... 9

Jacques BAILLET ... 9

Les effets de la crise sur les comportements alimentaires ... 10

Pascale HEBEL ... 10

L’insécurité alimentaire : un mal trop répandu ... 11

France CAILLAVET ... 11

Echanges avec la salle ... 12

Table ronde / Quels leviers d’action aujourd’hui pour une alimentation saine et accessible à tous ? ... 14

Animation vidéo ... 14

 Présentation de l’association Le Chaînon manquant ... 14

Témoignages ... 14

 Actions mises en place par le Secours populaire ... 14

Brigitte BERLAN ... 14

 Allier quantité et qualité chez les Restos du cœur ... 15

Michel GUEGUEN ... 15

 Justice sociale et restauration scolaire ... 16

Henriette ZOUGHEBI ... 16

 Enquêtes sur la précarité alimentaire ... 16

Pierre CHAUVIN... 16

Echanges avec la salle ... 17

Introduction ... 19

Hélène COMBE DE LA FUENTE MARTINEZ ... 19

Table ronde / Comportements alimentaires et situation de précarité ... 21

La socialisation alimentaire : le point de vue des enfants d’après une étude en milieu scolaire ... 21

Christine TICHIT ... 21

Les circuits courts chez les Restos du cœur ... 22

Martine FRANCOIS ... 22

Le rôle social de l’alimentation ... 23

Magali RAMEL ... 23

Echanges avec la salle ... 24

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Table ronde / Quelles perspectives ? Un regard sur l’alimentation, facteur de bien-être et

de cohésion sociale ... 26

Animation vidéo ... 26

 La Park Slope Food Coop : une initiative new-yorkaise inspirante… ... 26

 … pour la coopérative Les Amis de la louve ... 26

Brian HORIHAN ... 26

Les AMAP d’Ile-de-France ... 27

Hélène VILLEMANT ... 27

Les Femmes relais d’Antony ... 28

Colette COVI ... 28

Djikel BA ... 28

Animation vidéo ... 29

 Présentation des Potagers de Marcoussis ... 29

 Valoriser l’individu au travers de la qualité de son travail ... 29

Patrick PRIGENT ... 29

Echanges avec la salle ... 30

Clôture ... 32

Cyril DION ... 32

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Ouverture

Animation : Jean-Louis LE CORVOISIER

Contexte et objectifs de la journée

Corinne RUFET

Vice-présidente de l’environnement, de l’agriculture et de l’énergie, conseil régional Ile-de-France Au nom du Président Jean-Paul Huchon, je vous souhaite la bienvenue dans cet hémicycle, un lieu hautement symbolique où se font et se défont les politiques régionales. En 2013, suite au rapport « Alimentation, du champ à l’assiette des Franciliens », l’assemblée régionale a souhaité élargir le champ d’action de la Région, déjà fortement engagée depuis 2009 sur la question de l’aide alimentaire. Dès 2003, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avaient en effet démontré l’impact d’une mauvaise alimentation sur les maladies chroniques. En mars 2012, le rapport « Le droit à une alimentation adéquate : les liens entre agriculture, alimentation et santé » présenté en 19e session du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) rappelait la nécessité de garantir l’accès à une « alimentation adéquate, assez riche, équilibrée et variée afin de mener une vie active et en bonne s anté ».

Aujourd’hui les maladies chroniques liées à l’alimentation pèsent considérablement sur l’espérance de vie. La situation régionale est préoccupante, puisque près d’un quart des Franciliens se déclare atteint d’une maladie chronique. Le retour de la précarité en Ile-de- France nous inquiète, car malgré un contexte de profusion alimentaire, des groupes sociaux connaissent des difficultés considérables et croissantes pour accéder à une alimentation saine. Selon l’Observatoire régional de la santé (ORS), les personnes qui perçoivent les aides alimentaires sont touchées par les pathologies liées à la nutrition, car les inégalités de revenus se traduisent par des inégalités de qualité nutritionnelle, aux impacts sanitaires néfastes.

Depuis les années 1950, le changement de modèle agricole a modifié les habitudes alimentaires. Les collectivités locales et les acteurs du secteur agroalimentaire doivent renouer des liens entre le consommateur et son alimentation. C’est pourquoi les terres agricoles franciliennes doivent être préservées afin de remettre des produits locaux au cœur des territoires. Les circuits courts de production et de distribution doivent être rénovés, afin de permettre l’accès à des produits de qualité. Voilà l’ambition des politiques régiona les.

La Région a inscrit son action dans une perspective solidaire et intervient de manière ciblée contre la fracture alimentaire. En 2014, elle a érigé l’alimentation en grande cause régionale de santé et a financé 24 projets associatifs d’aide au change ment de comportement alimentaire. La Région a également lancé le dispositif Alimentation solidaire (ALISOL), permettant aux plus précaires l’accès aux paniers de fruits et légumes bio locaux et de qualité. En 2014, la Région a investi plus de 1 million d’euros en faveur de l’aide alimentaire, sur la grande cause de santé et sur ALISOL, qui s’avèrent les prémices d’une stratégie régionale globale de prévention des maladies chroniques liées à l’alimentation. Par des initiatives simples, réalistes et concrètes, il est possible d’obtenir des effets probants, comme c’est le cas en Finlande ou au Japon, où les facteurs de risques ont nettement reculé et la fréquence des maladies chronique a chuté par le biais de politiques publiques très volontaristes.

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Propositions du Conseil régional des jeunes d’Ile-de-France

Hedi CONDROYER

Membre du Conseil régional des jeunes (CRJ), membre de la commission santé

Il y a 30 ans, en 1984, des artistes regroupés autour d’un célèbre humoriste chantaient

« aujourd’hui, on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid ». Deux ans plus tard, les associations persuadaient l’Europe de redistribuer les surplus alimentaires de la Politique agricole commune (PAC) aux plus démunis. Pourtant, aujourd’hui, des milliers de personnes en Ile-de-France ont toujours froid et ont toujours faim. Des milliers de personnes précaires, dont des jeunes, affluent de plus en plus nombreuses dans les permanences de ces associations. Aussi, à l’approche d’un hiver rugueux, le CRJ d’Ile -de-France leur témoigne sa sympathie à défaut d’une aide matérielle. Nous soutenons tous ces jeunes qui ne peuvent pas déjeuner faute d’horaires décalés, tous ces jeunes obligés de considérer leur alimentation comme une variable d’ajustement, tous ces étudiants qui n’ont pas les moyens de consommer un repas équilibré au restaurant universitaire.

Le CRJ connaît l’engagement de la Région vis-à-vis de la sécurité alimentaire des Franciliens.

Nous avons pu apporter notre modeste contribution et nous aimerions partager les travaux de notre commission santé. Alors que l’Ile-de-France est la région la plus riche de notre pays, l’accès à une alimentation correcte y est le plus inégal. Une grande partie de la population pense que les produits les plus onéreux sont les plus intéressants sur le plan nutritionnel, ce qui est une idée reçue. Les plats préparés les moins chers, consommés de manière plus importante par les personnes aux revenus modestes sont souvent ceux contenant le plus de sucres, de graisses saturées, d’acides, voire d’éléments cancérigènes. Les personnes précaires ont souvent des emplois ne leur permettant pas de prendre des repas équilibrés de manière régulière. Les lycéens et étudiants sont victimes d’un emploi du temps ne respectant pas un temps de repas raisonnable.

Face à ce constat, le CRJ a dégagé trois axes de propositions destinés aux jeunes : favoriser l’accès à une alimentation correcte, sensibiliser aux enjeux sanitaires d’une alimentation de qualité et informer sur les rythmes alimentaires. Face à la précarité grandissante, il semble nécessaire de développer les épiceries sociales, les coopératives étudiantes et lycéennes, les libres relais solidaires, de favoriser la collecte alimentaire pour éviter le gaspillage, de créer des contrats locaux de sécurité alimentaire, d’éduquer à la santé, d’impliquer les jeunes par le biais d’ateliers de cuisine dans les lycées, les universités et enfin d’être exigeant sur le respect par les employeurs, les lycées et universités d’un temps de repas minimum.

C’est une véritable bataille que nous menons, mais la précarité n’est pas une fatalité. L’accès à une alimentation de qualité pour tous reste du domaine du possible. Le CRJ d’Ile -de-France souhaiterait lancer un appel à tous les participants de ce colloque : restons en contact, continuons à mutualiser pour interpeller davantage. Face à la précarité, à la morosité ambiante, il est de notre devoir de tout faire pour que demain soit plus humain.

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Introduction

Inégalités sociales de santé et nutrition

Catherine VINCELET

Médecin épidémiologiste, chargée d’études à l’ORS Ile-de-France

L’Ile-de-France est le théâtre d’importantes inégalités sociales de santé qui ne cessent de s’amplifier. Le gradient social se constate en effet pour la plupart des indicateurs de santé, non seulement pour l’espérance de vie, mais aussi pour les pathologies chroniques. Or la nutrition est l’un des déterminants majeurs de santé, contribuant potentiellement à ces inégalités.

L’impact des contraintes économiques sur l’alimentation a fait émerger le concep t d’insécurité alimentaire : « accès restreint, inadéquat ou incertain des personnes et des ménages à des aliments sains, nutritifs et personnellement acceptables, tant sur le plan de la quantité que celui de la qualité, pour leur permettre de combler leur s besoins énergétiques et de mener une vie saine et productive ». En 2008, le Baromètre santé nutrition de l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) observait déjà des consommations alimentaires moins favorables à la santé lorsque le revenu est bas et signalait 3,4 % des Franciliens en situation d’insécurité alimentaire quantitative . Par ailleurs, la probabilité d’appartenir à un foyer en situation d’insécurité ou d’insatisfaction alimentaires est également liée à des facteurs de sexe, de niveau d’études, de situation familiale et de revenus.

L’ORS a comparé les deux études Alimentation et l’état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire (ABENA) réalisées en 2004-2005 et en 2011-2012, apportant leur éclairage sur l’alimentation des populations précaires. Parmi les résultats, le profil socio -économique des usagers montre une augmentation de la part des bénéficiaires les plus âgés, un faible niveau de diplôme et une part très importante de familles monoparentales. Par ai lleurs, plus de la moitié des usagers déclaraient en 2011 avoir recours à l’aide alimentaire depuis plus de deux ans, ce qui souligne la persistance des difficultés auxquelles sont soumises les populations vulnérables. La dégradation de l’état santé est un constat majeur, avec une prévalence de l’obésité, notamment chez les femmes, du diabète et de l’hypertension artérielle. Cependant, quelques améliorations sont remarquées sur l’é volution favorable de certains marqueurs biologiques (baisse de l’anémie) et sur une légère amélioration de la consommation de certains aliments favorables à la santé (fruits et légumes, laitages).

En conclusion, ces motifs de préoccupation persistants incitent à renforcer les actions menées auprès des populations précaires, notamment en poursuivant l’amélioration de l’aide alimentaire, dans le cadre d’une politique globale visant à réduire les inégalités sociales de santé.

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L’enjeu des inégalités sociales de santé

Thibaut DE SAINT POL

Chef de bureau « état de santé de la population », Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)

Au cours des 50 dernières années, l’ensemble des pays occidentaux a connu une très nette amélioration de l’état de santé de sa population. Cependant, tous les individus au sein de nos sociétés n’en ont pas profité également. Quels que soient les indicateurs considérés, de très grands écarts sont constatés, en termes de santé, de mortalité ou de handicap, dont les plus démunis sont les premières victimes.

Les inégalités sociales se traduisent également au niveau géographique, avec des d ifférences entre les régions et les départements, mais aussi entre les quartiers. En Ile-de-France, les situations demeurent très contrastées notamment entre la Seine -Saint-Denis – département où près de quatre enfants sur dix vivent dans une famille pauvre – et les Hauts-de-Seine.

Par ailleurs, les inégalités sociales se creusent dès l’enfance. Le bilan de santé scolaire réalisé à l’âge de six ans permet d’en mesurer l’impact sur les enfant s des catégories sociales les moins favorisées, avec l’observation d’une prévalence de surpoids et de caries dentaires. C es écarts sont certes liés aux niveaux de revenu, mais reflètent aussi des différences d’habitudes de vie déjà marquées à l’enfance. Les mauvaises conditions de vie et de logement, les conditions de travail des parents, la qualité de l’environnement sont à l’origine de nombreux problèmes de santé touchant les enfants. Or l’enfance est une période extrêmement sensible au sujet de l’alimentation et de la santé, car de nombreuses habitudes de l’adulte y sont acquises, risquant d’engendrer à long terme des problèmes de santé.

La précarité est une réalité complexe, correspondant à une multiplicité de situations organisées selon différents types de logiques. Les enjeux financiers existent mais d’autres ressources se révèlent importantes, comme le temps disponible et les transports. La précarité entraîne souvent une désocialisation alimentaire se poursuivant par la dégradation des liens socioculturels. La réduction des inégalités sociales de santé est une problématique globale liée aux conditions de vie, aux inégalités de revenus et de logement. Le rôle des pouvoirs publics est de créer des conditions propices abordables permettant d’opérer les bons choix en matière de santé. Toutefois, les politiques de recommandation ont parfois des effets pervers, notamment en matière de culpabilisation ou de stigmatisation des plus précaires.

En conclusion, les politiques de santé publique se sont longtemps concentrées sur l’amélioration de la santé des populations en moyenne, en mettant moins l’accent sur sa distribution. L’enjeu en France aujourd’hui n’est pas tellement l’augmentation de ces pathologies que celles des inégalités sociales face à elles, et en p articulier celle des plus précaires. Les inégalités de santé rejoignent les autres inégalités sociales et la lutte contre ces inégalités ne peut se faire qu’en intégrant ces dimensions et en combattant aussi ces autres inégalités.

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Table ronde / Alimentation sous contrainte économique

L’alimentation des personnes en situation de grande précarité

Sophie LAURENCE

Référente Santé, Direction des Missions France, Médecins du monde

Implanté sur 32 villes, Médecins du monde développe 70 programmes d’aide. En 2013, ses 20 Centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) ont reçu 63 500 visites, dont 84 % concernaient des demandes de santé. Neuf personnes sur dix sollicitant l’assistance n’ont aucune couverture sociale.

En avril-mai 2014, l’association a mené une enquête dans sept CASO. Elle a été engagée suite à des constats nouveaux, mais fréquemment renouvelés. Les personnels d’accueil signalaient en effet de plus en plus de personnes leur déclarant qu’elles avaient faim et souhaitaient de la nourriture. La situation était confirmée par la difficulté rencontrée par les médecins de prescrire certains médicaments à absorber au moment des repas trois fois par jour, avec des patients leur indiquant qu’ils ne prenaient pas trois repas par jour.

346 questionnaires ont été recueillis à l’occasion d’une consultation médicale. Les résultats quantitatifs montrent une sous-nutrition alarmante : une personne sur deux déclarait n’avoir pas mangé pendant une journée complète au cours du mois, un tiers des usagers affirmait n’avoir pas suffisamment à manger, pour une moyenne de deux repas quotidiens bien souvent composés d’un plat unique. Ce premier constat est renforcé par l’analyse qualitative pointant une faible part consacrée aux protéines animales, aux laitages, aux fruits et légumes, selon une consommation bien en deçà des recommandations.

L’insécurité alimentaire pour raisons financières touche près de 80 % des foyers interrogés.

Elle se manifeste par de faibles ressources et un budget alimentaire quotidien de 2,5 0 euros par personne. Pour mémoire, Nicole Darmon, docteur en nutrition, directrice de recherche à l’Institut national de recherche agronomique (INRA), considère qu’un budget alimentaire quotidien inférieur à 3,50 euros présente un risque pour la santé. D’autres contraintes accentuent cependant ces freins économiques, en particulier le logement et l’accès à l’eau.

Par ailleurs, la santé, notamment l’état bucco-dentaire ou le diabète, détermine le choix de l’alimentation. Enfin, contrairement aux idées reçues, l’accès aux structures d’aide alimentaire est compliqué en raison d’un manque de connaissance des dispositifs existants.

Les conséquences se mesurent sur la santé et renforcent alors le processus d’exclusion.

L’alimentation des personnes en situation de précarité est doublement impactée par leur situation économique et leur situation sociale. Deux leviers d’action sont à privilégier en améliorant d’une part les conditions d’aides par l’alimentation (information des personnes, aides adaptées et ciblées, fin des arrêtés anti-glanage) et en agissant d’autre part sur les déterminants sous-jacents de la malnutrition (faciliter l’accès au logement, à l’eau et à l’hygiène, pratiquer des dépistages systématiques, adapter les actions de prévention).

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L’alimentation des ménages les plus modestes

1

Jessica LABRADOR

Chargée d’étude de l’action régionale, Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE)

En 2011, les ménages modestes franciliens allouent 23 % de leurs dépenses de consommation à l’alimentation. Ils dépensent moins que les ménages aisés pour les repas pris à l’extérieur et consacrent donc une part plus importante de leur budget aux repas pris à domicile. Cependant, en Ile-de-France, la plupart des ménages actifs déjeunent à l’extérieur, les déplacements domicile-travail étant plus élevés. Cette contrainte pèse davantage sur les ménages modestes franciliens que sur les ménages modestes de province.

Les dépenses en viande représentent toujours le premier poste du budget alimentaire, quel que soit le niveau de vie. Les plus modestes achètent toutefois les produits carnés les moins chers, principalement des viandes séchées ou fumées de la charcuterie. Ils consomment moins de poisson et de fruits de mer et privilégient les produits en conserve, moin s chers. Ils consacrent le même budget en proportion aux achats de fruits et légumes, mais achètent des produits différents dont les prix sont moins élevés : agrumes, bananes et pommes de terre.

Par ailleurs, les plus modestes sont de plus gros consommateurs de boissons sucrées non alcoolisées (boissons gazeuses, jus de fruits et sirop), et leur principale boisson alcoolisée est la bière, contre le vin pour les plus aisés.

Les hypermarchés sont les principaux lieux d’achats des produits alimentaires, quel que soit le niveau de revenu des ménages, mais les paniers se composent différemment. Néanmoins, les plus modestes fréquentent davantage les enseignes « discount ».

Les dépenses alimentaires sont de plus en plus soumises à la contrainte économique. En 2012, 25 % des ménages les plus modestes indiquent qu’ils consacreraient en priorité un surcroît de revenu à l’alimentation, alors qu’ils n’étaient que 13 % en 2005. Pour faire face à leurs besoins alimentaires, les ménages modestes ont recours à l’aide alime ntaire.

En conclusion, ce n’est pas l’alimentation qui est un indicateur d’inégalité sociale, mais la composition du panier alimentaire. Il existe en effet de fortes disparités entre les ménages aisés et les plus modestes concernant les types et les quant ités de produits consommés, les lieux d’achat et les prix des produits achetés.

L’aide alimentaire, pilier de la lutte contre l’insécurité alimentaire, la pauvreté et l’exclusion

Jacques BAILLET

Président de la Fédération française des banques alimentaires.

La définition de la sécurité alimentaire a été précisée en 2012 par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourritu re suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. »

1 Ces résultats sont issus d’une enquête réalisée par l’INSEE en partenariat avec la Mission d’information sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Ile-de-France (MIPES)

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10 En 2012, la France compte 8,5 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, soit 13,9 % de la population2, mais seulement 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire.

Par ailleurs, le rapport du Conseil national de lutte contre l’exclusion (CNLE) sur le « reste à vivre » publié en juin 2012 précise que l’alimentation est la variable d’ajustement des budgets des personnes en situation de précarité face à d’autres dépenses incompressibles, comme le logement.

L’aide alimentaire est très encadrée en France. L’ensemble des associations habilitées transmettent leurs indicateurs à l’Etat. Ces données permettent de constater d’une part la forte sous-représentation statistique des personnes âgées de plus de 65 ans parmi les bénéficiaires, alors que ce groupe atteint 20 % de la population totale. De plus, les bénéficiaires de l’aide alimentaire, dans leur grande majorité, disposent d’un logement. S’il fallait dresser le profil type d’un bénéficiaire, ce serait une mère de famille isolée de 43 ans, sans emploi, vivant en foyer avec ses enfants, dont le revenu est inférieur 868 euros par mois.

Le monde associatif constitue un moyen indispensable de lutte contre l’insécurité alimentaire, la pauvreté et l’exclusion en initiant des actions de retour vers l’autonomie et d’inclusion sociale qui utilisent l’alimentation comme un levier. L’aide alimentaire accompagne également ses bénéficiaires en leur délivrant des informations et en organisant des ateliers d’éducation nutritionnelle afin de limiter le gaspillage, notamment des fruits et légumes par manque de connaissances culinaires.

En 30 ans, les banques alimentaires ont distribué trois milliards de repas, délivrent aujourd’hui environ l’équivalent de 200 millions de repas par an et voient une augmentation annuelle de 7 à 8 % du nombre de repas. Les banques alimentaires n’achètent pas les denrées qu’elles redistribuent, mais sont approvisionnées principalement par les dons des industriels agroalimentaires, de la grande distribution, du fonds d’aide européen, des agriculteurs, des particuliers, la part provenant de l’Etat ne représentant que 2,4 % du total collecté.

Les effets de la crise sur les comportements alimentaires

Pascale HEBEL

Directrice du département consommation, Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC)

Installée depuis sept ans, la crise économique ne frappe pas uniquement les plus défavorisés mais aussi les classes moyennes et depuis 2008, les pratiques de consommation ont subi de grands changements. Face à l’augmentation du prix des matières premières et des produits de base, l’alimentation est devenue une variable d’ajustement chez les plus démunis et chez les plus jeunes, avec la mise en place d’une frugalité alimentaire. Depuis 2012, la forte diminution du pouvoir d’achat a entraîné une baisse de la consommation alimentaire en volume et en calories. Pour la première fois, la part de l’alimentation dans les dépenses totales augmente et un ralentissement de l’obésité est constaté.

Le niveau de diplôme influence considérablement le contenu de l’assiette. L’éducation est un facteur plus différenciant que le niveau de revenu, les meilleurs indices d’alimentation saine se remarquant toujours chez les plus diplômés. Ces résultats, confortés par les

2 Source INSEE, septembre 2014

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11 consommations des enfants, démontrent que les points clés sont l’éducation et l’information, notamment au niveau de l’impact des messages véhiculés par les politiques publiques générales, qui touchent principalement les plus diplômés. Ces derniers ont tendance à cuisiner davantage, alors que les plus modestes passent le moins de temps à cuisiner, sans doute en raison d’un taux d’équipement moindre.

Les populations les plus modestes se détachent de plus en plus du modèle alimentaire français caractérisé par sa diversité alimentaire et ses trois repas journaliers. Le nombre de repas quotidien diminue, avec notamment la suppression du petit-déjeuner, voire du goûter, chez les enfants, impactant d’autant la diversité alimentaire puisque moins d’aliments différents sont proposés. Ce phénomène est amplifié par la suppression de la pause de 10 heures en milieu scolaire. Par ailleurs, le lien social représenté par les repas pris en commun est distendu, puisque les plus modestes prennent davantage de repas seuls

Une des principales conséquences de la crise actuelle est d’éloigner une grande partie de la population française du modèle alimentaire traditionnel. A revenu égal, le niveau d’études est déterminant sur l’alimentation. L’enjeu majeur des politiques de santé devra porter sur le volet éducation à l’alimentation.

L’insécurité alimentaire : un mal trop répandu

France CAILLAVET

Directrice de recherche en économie à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), unité Alimentation et sciences sociales (ALISS)

Depuis 40 ans, les achats alimentaires pour la consommation au domicile suivent une tendance globale à l’amélioration, avec toutefois une qualité moindre pour les ménages modestes (25 % de la population) malgré un contexte de progression. Si les inégalités nutritionnelles diminuent en fonction du niveau d’éducation, elles demeurent en définitive fortement marquées selon le revenu. Bien avant la crise économique de 2008, les inégalités de revenu continuaient de produire des inégalités alimentaires.

L’insécurité alimentaire ne concerne pas uniquement les bénéficiaires de l’aide alimentaire et frappe plus de 10 % de la population générale. Elle recoupe les statistiques de pauvreté monétaire, mais touche aussi toute une diversité de situations bien au -delà de simples ressources financières inadéquates. Les conditions de logement ou les priorités budgétaires peuvent en effet créer une situation d’insécurité alimentaire.

Les personnes en situation d’insécurité alimentaire consomment statistiquement moins de fruits et légumes, mais davantage de féculent et de produits sucrés que celles en situation de sécurité alimentaire. Par ailleurs, le lien entre insécurité alimentaire et obésité est établi en Ile-de-France.

Plusieurs axes permettraient d’améliorer la sécurité alimentaire. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire ne sont pas les seuls touchés par l’insécurité alimentaire, toutefois le recours aux services de proximité permettrait de mieux identifier les populations concernées. Des dispositifs collectifs spécifiques pourraient intégrer les ménages qui échappent actuellement à l’aide alimentaire en raison de leur niveau de revenus, notamment par des initiatives de paniers solidaires ou de jardins partagés. En outre, des aides financières temporaires associées à un accompagnement à la gestion budgétaire pourraient être envisagé es. Le développement d’antennes itinérantes favoriserait également la distribution de l’aide alimentaire envers les personnes peu mobiles ou les travailleurs pauvres subissant de fortes

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12 contraintes horaires. Enfin, des mécanismes participatifs se substituant aux simples remises de colis permettraient d’améliorer le lien social, de réduire l’isolement des personnes ainsi que le sentiment d’assistanat.

Echanges avec la salle

Jean-Louis LE CORVOISIER

Existe-t-il des pistes pour améliorer l’accès à l’aide alimentaire des personnes de plus de 65 ans ?

Jacques BAILLET

Le problème essentiel, en milieu urbain comme rurbain, voire rural, est l’isolement des personnes qui n’ont alors pas accès à l’aide alimentaire alors qu’elles auraient besoin. Si je devais opérer un choix politique, je privilégierais les moyens de portage de l’aide alimentaire. Par exemple, dans les Alpes-Maritimes, nous avons financé en partie un camion utilisé par les pompiers pour distribuer l’aide alimentaire dans l’arrière -pays. Je pense qu’il faut cibler les priorités, à chacun son métier. Notre pays produit des biens agricoles de manière efficace, en revanche nous ne sommes pas efficients en matière de portage de l’aide alimentaire auprès d’un grand nombre de bénéficiaires.

De la salle (Christine TICHIT, démographe à l’INRA)

Un résultat me semble contradictoire quand Pascale Hébel évoque l’augmentation de la consommation de pâtes, de riz et de pommes de terre chez les populations modestes alors qu’elle constate une régression des pratiques culinaires. Pourtant, ces produits nécess itent d’être cuisinés.

Pascale HEBEL

J’ai plutôt dit que la cuisine était très peu présente dans les milieux défavorisés par rapport aux autres milieux. La cuisine a progressé dans les autres milieux, chez les cadres notamment. Le « fait maison », très à la mode en raison des différents programmes télévisés qui lui sont consacrés, est une pratique des classes moyennes, les professions intermédiaires ayant un niveau d’éducation élevé mais un revenu inférieur à celui des cadres. Par ailleurs, c’est la consommation de pâtes qui a progressé, plus que celle du riz qui serait plutôt typé

« cadre supérieur ». Faire bouillir de l’eau est à la portée de tous, les milieux modestes sont en revanche souvent dépourvus de fours traditionnels, alors qu’ils sont typiquemen t équipés d’un réfrigérateur, d’une plaque de cuisson et d’un four micro -ondes. Je rappelle que 50 % des déjeuners et des dîners sont pris seuls chez ceux qui gagnent moins de 900 euros par mois, et manger seul n’incite pas à cuisiner. Le pain est certes surreprésenté mais n’est pas le seul composant du bol alimentaire.

De la salle (Claude BOVET, Secours catholique)

De nombreuses actions de lutte contre les conséquences de l’insécurité alimentaire ont été évoquées, mais je souhaiterais savoir quelles sont les actions entreprises pour lutter contre les causes de l’insécurité alimentaire. Je pense que la revalorisation des minima sociaux associée à la lutte contre le travail précaire augmenterait les revenus et permettrait ainsi aux gens de se détacher de l’aide alimentaire. Améliorer l’accès à l’aide alimentaire est important, mais agir sur des leviers en amont serait préférable. On constate un phénomène identique à propos du gaspillage alimentaire, où la lutte se concentre sur les conséquences et non les causes, à savoir les modes de production et de distribution. Toutes les initiatives de jardins partagés, de circuits courts ou de cantine bio sont aujourd’hui des alternatives

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13 pertinentes. Je rappelle enfin que les dons alimentaires provenant des « généreuses » industries agroalimentaires sont défiscalisés à 60 % de leur valeur marchande.

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Table ronde / Quels leviers d’action aujourd’hui pour une alimentation saine et accessible à tous ?

Animation vidéo

Présentation de l’association Le Chaînon manquant

Le Chaînon manquant est une association qui vient en aide aux plus démunis en luttant contre le gaspillage alimentaire. La production de nourriture est très importante à Paris et des denrées sont parfois jetées. Parallèlement, 50 % des Parisiens en situation de grande précarité souffrent de la faim. La vocation de l’association est de relier ces deux constats afin de résoudre cette impossible équation, en récupérant les surplus des professionnels de l’alimentation pour les livrer immédiatement aux associations. Il s’agit du premier système pérenne de revalorisation des surplus alimentaires.

Des partenariats ont été noués avec de grands traiteurs parisiens. Les surplus collectés sont de très grande qualité. Les produits sont triés en amont par catégories, puis prés entés de façon digne, afin de respecter également les personnes bénéficiant de la redistribution. Un procédé de fiches de transferts permet d’assurer une parfaite traçabilité des denrées garantissant la sécurité sanitaire.

Jean-Louis LE CORVOISIER

Depuis 2009, la région Ile-de-France s’est engagée aux côtés de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Dans ce cadre, le service prévention et gestion des déchets propose des formations aux collectivités territoriales et accompagne également des porteurs de projets.

Témoignages

Actions mises en place par le Secours populaire

Brigitte BERLAN

Présidente du conseil de région du Secours populaire d’Ile-de-France

Le Secours populaire accompagne 140 000 personnes en Ile-de-France, essentiellement des enfants jusqu’à 18 ans. Extrêmement démunis, la plupart des bénéficiaires franciliens de cette aide ne disposent d’aucune ressource et n’accèdent même pas aux minima sociaux. Le Secours populaire constate sur le terrain les réalités douloureuses indiquées par les différentes enquêtes et relève notamment des comportements d’urgence chez ces personnes qui se battent au quotidien pour nourrir leur famille dans des conditions extrêmement difficiles où le choix alimentaire n’existe pas. Le Secours populaire développe une action d’aide alimentaire – le colis d’urgence – en complément de l’accompagnement des familles dans leurs démarches administratives d’accès aux droits.

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15 Les 15 000 bénévoles franciliens de l’association sont amenés, parfois au détriment de l’accompagnement des familles, à parer aux situations d’urgence alimentaire qui émergent notamment de la part de personnes hors statistiques. L’approvisionnement des 160 antennes de l’association est assuré par le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), ses propres actions de « ramasse » auprès des professionnels locaux et de collecte, ainsi que par l’achat de denrées au meilleur prix grâce à des partenariats développés avec les industriels agroalimentaires.

La distribution est assurée dans les libres services solidaires du Secours populaire, où les bénéficiaires viennent choisir les produits qu’ils consommeront. L’association mène également des actions d’éducation aux denrées, notamment auprès des pe rsonnes venant de l’étranger qui ne sont pas familiarisées avec les usages culinaires français, dans un climat constructif d’échange réciproque et respectueux. Par ailleurs, l’association met en place un projet d’aide alimentaire ciblée correspondant le plus possible aux besoins et aux souhaits des bénéficiaires afin de maintenir la notion de convivialité et de plaisir autour des repas.

Enfin, il est indispensable au maintien de leur santé que les plus précaires aient accès à tout moment à la restauration collective, en particulier les enfants scolarisés. De plus, les politiques sociales des communes révèlent de forts écarts selon les orientations et les choix des municipalités, alors que la mise en place d’une solidarité obligatoire est nécessaire.

Allier quantité et qualité chez les Restos du cœur

Michel GUEGUEN

Président des Restos du cœur, Paris

L’aide des Restos du cœur s’articule autour de la distribution de colis alimentaires et de repas chauds, notamment auprès de familles migrantes. L’approvisionnem ent en nourriture est une réalité quotidienne puisque les besoins augmentent de 4 % par an, avec 130 millions de repas distribués à 1 million de bénéficiaires, alors que les ressources de l’association s’accroissent moins vite et présentent un déficit pour l’année 2013. L’association n’entend toutefois pas renoncer à l’aspect qualitatif des repas, même si les quotas de distribution de six repas par personne par semaine ne couvrent pas les besoins. A Paris et en Seine -Saint- Denis, 750 000 repas chauds sont servis chaque année à des personnes isolées, sans logement, bien souvent des migrants en situation très précaire. L’effort est également porté sur l’offre d’un repas équilibré et complet.

Certains bénéficiaires refusent le porc et la viande non certifiée h allal et repartent avec des quantités de nourriture inférieures à ce qui leur était prévu car, en raison de son mode d’approvisionnement l’association connaît des difficultés à leur proposer du poisson en remplacement. Par ailleurs, les bénéficiaires réclament davantage de qualité alimentaire et se montrent très vigilants à propos des dates limites de consommation des produits et de leur composition. En revanche, la présentation des produits exposés n’est source d’aucune hésitation, malgré des locaux parfois exigus et des denrées brutes.

Les Restos du cœur passent des marchés afin d’acheter de grandes qualités de produits, sans concession sur leur qualité. L’association parvient également, par l’intermédiaire de l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES) à récupérer des produits frais de qualité sur le marché de Rungis. Face à la demande, les Restos s’efforcent de trouver des sources complémentaires d’approvisionnement, notamment auprès des agriculteurs qui pourront bientôt défiscaliser leurs dons alimentaires.

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Justice sociale et restauration scolaire

Henriette ZOUGHEBI

Vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France chargée des lycées et des politiques éducatives La France n’est pas un pays pauvre et l’Ile-de-France est l’une des régions les plus riches d’Europe. Cependant, la pauvreté est une réalité que les politiques ne doivent pas négliger.

La France est fière de son école, qui accueille tous les enfants, sans distinction. Responsable de la restauration des 450 000 lycéens des 472 lycées d’Ile-de-France, la Région a demandé une étude au sujet de la fréquentation des restaurants scolaires. Les résultats confirment les tendances, puisque les enfants des cadres fréquentent deux fois plus la restauration scolaire que les enfants d’ouvriers. Consultés à leur tour, les lycéens ont affirmé leur volonté de rétablir des conditions d’égalité sociales entre jeunes. C’est pour cette raison qu’en février 2014, alors que les collectivités voyaient diminuer leurs dotations de l’Etat, la Région a décidé d’instaurer le paiement de la restauration scolaire selon le quotient familial. Il s’agissait d’établir des tarifs évitant la banalisation de la nourriture sans pénaliser les familles, avec des repas vendus entre 1,50 euro et 4 euros, avec dix tranches intermédiaires.

Consciente que certaines familles seraient dans l’impossibilité de payer, la Région a demandé au ministère de l’Education nationale d’abonder le Fonds social pour les cantines tombé en désuétude. Tous les enfants, quel que soit le revenu des parents, pourront ainsi bénéficier de la restauration scolaire. Le dispositif a été complété par une mesure sociale prévoyant qu’en cas d’impossibilité pour les familles de fournir les justificatifs, il suffisait que le lycée se porte garant pour que les enfants accèdent à la restauration au tarif le plus bas.

Dans un souci de justice sociale, cette décision politique s’est concrétisée par la refonte tarifaire de la Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise. De plus, la Région compensera les prix des repas auprès de chaque lycée, la priorité étant d’assurer un repas à tous les enfants. La structure de la restauration scolaire permet également d’améliorer la qualité nutritionnelle et gustative des repas fabriqués dans les lycées par les agents régio naux, en favorisant notamment les circuits courts et les produits agricoles bio. Par ailleurs, les jeunes seront associés au projet en participant aux commissions de menus. Enfin, les lycées, inscrits dans une pratique éco-responsable, luttent efficacement contre le gaspillage alimentaire

Cette mesure novatrice concerne la globalité de la chaîne de restauration et associe les équipes éducatives comme les jeunes. Elle s’applique sur plusieurs champs en améliorant notamment la justice sociale, la santé et le goût, et suscite la prise de conscience collective par rapport au gaspillage alimentaire. Elle touche massivement les jeunes puisque le lycée scolarise 85 % des enfants d’une même classe d’âge.

Enquêtes sur la précarité alimentaire

Pierre CHAUVIN

Directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), responsable de l’Equipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES)

L’INSERM a réalisé une enquête auprès de plusieurs missions locales pour l’emploi, qui accueillent en moyenne entre 15 et 25 % des jeunes entre 16 à 25 ans. Le public concerné est sorti du système scolaire sans qualification et se trouve sans emploi, ni formation. Cette population très précaire n’a pas encore accès aux minima sociaux, sort du cadre de la médecine scolaire et n’est pas encore suivie par la médecine du travail. Cette tranche d’âge ne dispose d’aucun recours institutionnel sur les questions sanitaires. L’enquête a montré qu’entre 20 et 30 % de ces jeunes se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire et

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17 cumulaient par ailleurs plusieurs facteurs de risques liés notamment au manque de revenus, à la faiblesse de liens sociaux et à l’absence de soutien parental.

L’enquête a souhaité vérifier la fréquence de l’insécurité alimentaire chez ce rtains publics.

L’Ile-de-France recense en moyenne 6 % d’insécurité alimentaire, ce qui représente 250 000 adultes. Ce pourcentage relativement faible atteint parfois le double, voire le triple ou plus dès qu’il s’applique à certaines catégories sociales, comme les résidents en HLM, les bénéficiaires de minima sociaux ou encore la population générale des immigrés en Ile -de- France. Toutefois, seulement 9 à 15 % de ces personnes repérées en situation d’insécurité alimentaire ont eu recours à un dispositif d’aide alimentaire dans l’année écoulée. Le renoncement aux besoins élémentaires pour raison financière se constate par ailleurs sur les soins de santé. Si en pourcentage global, les taux sont relativement faibles par rapport à la population générale, une fois ramenés aux populations spécifiques, ces phénomènes extrêmement fréquents se révèlent inquiétants.

Plusieurs travaux ont cherché à déterminer pourquoi ces personnes en situation d’insécurité alimentaire ne s’adressaient pas spontanément aux services d’a ide. Les résultats montrent qu’il est humainement compliqué de demander de l’aide, en raison d’un coût symbolique très fort. Bien souvent, les besoins des enfants provoquent cet appel à l’aide, ce qui signifie que la plupart des personnes isolées ou des couples sans enfants renoncent à ces dispositifs.

Le repérage actif de ces publics en situations d’urgence, au travers des systèmes d’aide sociale, se révèle finalement peu efficace. Il existe par ailleurs des inégalités très fortes de prises en charge selon les territoires, notamment au niveau des centres communaux d’action sociale, directement liées aux possibilités financières des collectivités locales ou à leurs choix d’attribution de budgets sociaux. Des changements d’échelle s’avèrent nécessaires pour toucher toutes les populations, afin soit de pratiquer des subventions à l’alimentation, soit de multiplier les épiceries sociales qui sont les dispositifs à plus bas seuil d’accès.

Les missions locales représentent le meilleur dispositif d’accompagnement alimentaire des jeunes en situation d’insécurité alimentaire. Les travailleurs sociaux n’étaient pas destinés à repérer les difficultés familiales, de logement ou d’emploi conduisant à cette prévalence d’insécurité alimentaire. Par ailleurs, certaines de ces missions sont en train d’intégrer ces mesures de diagnostic social à leur vocation initiale.

Echanges avec la salle

De la salle (Ghislaine CASTOR, Secours catholique)

Les mesures régionales favorisant l’accès à la restauration scolaire concernent -elles uniquement les lycées ? Nous constatons que les enfants des familles en grande précarité hébergées en hôtel en grande banlieue, sont certes scolarisés, mais n’ont pas droit à la restauration scolaire puisque leurs parents ne travaillent pas. J’attire votr e attention sur ces familles dépourvues de tout et parfois sans minima sociaux, qui ne peuvent même pas cuisiner les colis de l’aide sociale, et pour lesquelles la cantine représente le seul repas chaud de la journée à leurs jeunes enfants, souvent scolarisés en classe de maternelle.

Henriette ZOUGHEBI

Peut-être que la réforme territoriale étendra les compétences de la Région, mais je vous rappelle qu’actuellement, la Région est compétente pour les lycées, les conseils généraux pour les collèges et les communes pour les écoles primaires. Je suis révoltée par la situation que vous évoquez. Par ailleurs, l’aide sociale est de la responsabilité des départements. La

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18 situation de ces enfants est une question de solidarité nationale, où les élus pourraient être davantage impliqués pour leur permettre d’accéder à la restauration scolaire. Les enfants ne sont jamais responsables de la situation de leurs parents.

De la salle (Association Le Chaînon manquant)

Je m’indigne à vos côtés. Tout le monde a souligné le manque de denrées, la précarisation et la paupérisation accrues de populations parfaitement identifiées. Parallèlement, le gaspillage alimentaire est deux fois plus important en Ile-de-France que sur le reste du territoire. Je souhaite souligner le paradoxe entre la mobilisation mise en place pour lutter contre le gaspillage et l’aide alimentaire auprès des plus précaires. Nous ne prétendons pas régler l’un grâce à l’autre, nous présentons juste un levier d’action qui fonctionne.

De la salle (Jeanne BOUCHER, conseil général du Val-de-Marne)

Les choix politiques sont nécessaires autour de la restau ration scolaire. Depuis 1991, le conseil général du Val-de-Marne a mis en place une aide à la demi-pension, mais la fréquentation des enfants des cadres reste majorita ire. Nous avons constaté une mauvaise diffusion de l’information auprès des populations potentiellement concernées pouvant expliquer cette désaffection, sans doute amplifiée par la barrière administrative du dossier à remplir. Actuellement, ce sont les services administratifs des collèges qui assurent l’information des familles, mais nous pensons au relais que pourraient constituer les associations ou les épiceries sociales, plus proches des populations.

De la salle (Association Les petits Frères des pauvres)

Je souhaiterais connaître les dispositifs mis en place au profit des personnes âgées de plus de 65 ans, contraintes de rester à leur domicile en raison de leur faible mobilité.

Brigitte BERLAN

Les personnes âgées éprouvent des difficultés pour solliciter de l’aide auprès des associations, en raison de freins culturels mais aussi parce qu’elles ont pris l’habitude de vivre pauvrement en se privant depuis des années. Notre réponse associative consiste à organiser des animations festives en leur faveur, au cours desquelles nous pouvons ainsi discuter avec elles et mieux connaître leurs besoins. Par ailleurs, cela leur permet de rompre leur isolement et de tisser des liens entre elles. Grâce à leurs actions d’accompagnement, les associations représentent un support de médiation, mais la solidarité associative ne se substitue pas à solidarité nationale. Je tiens à signaler que la multiplication des différents dispositifs complique notre mission d’information.

De la salle (Valérie NORMAND, association Aurore)

Existe-t-il des leviers d’actions dans d’autres pays pouvant être transposés en France ?

Pierre CHAUVIN

Les différences culturelles sont considérables, en particulier aux Etats -Unis, où les pouvoirs publics affichent une forte réticence aux aides financières et se manifestent par une aide essentiellement en nature, avec des bons alimentaires. Notre système d’aide sociale s’est construit en opposition à ce type de charité très paternaliste.

Henriette ZOUGHEBI

L’aide associative complète l’aide de l’Etat, car c’est au service public de rétablir l’égalité, quels que soient les champs concernés. Des interactions plus fortes doivent se construire entre les collectivités et les associations. Par ailleurs, la réflexion doit s’élargir à la refonte du système de distribution agroalimentaire, très coûteux et générateur de gaspillage, dans un esprit de solidarité nationale et humaine.

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Introduction

Hélène COMBE DE LA FUENTE MARTINEZ

Sociologue et politiste, déléguée générale de l’Observatoire de la décision publique, titulaire de la chaire partenariale développement humain durable et territoires, université de Nantes

Il me paraît difficile d’aborder la place de l’alimentation sans évoquer le projet de société dans lequel elle s’inscrit, et surtout, le type de société que nous souhaitons. Patrimoine universel de l’humanité, les biens communs correspondent à l’accès aux ressources indispensables à la vie en société, équitablement partagées entre tous. Les biens communs doivent être protégés, car traiter un bien commun comme un bien privé conduit à sa destruction. L’air est essentiel à la vie, cependant lorsque la solution des jardins urbains bio est envisagée pour faciliter l’accès à une alimentation saine pour tous, je ne peux m’empêcher de penser à la pollution atmosphérique. Autre bien commun, l’eau devrait être gratuite pour tous, mais elle est captée et commercialisée par les industriels agroalimentaires. Lorsqu’elle a été inscrite dans la constitution, la propriété commune des sols a permis à certains peuples de lutter contre les exploitants miniers. De plus, la biodiversité est malmenée par les brevets des entreprises privées déposés sur le vivant, sur les végétaux et les animaux. La diversité culturelle comme l’éducation participent également à l’existence d’une société en soudant les intérêts communautaires.

Au cœur du bilan systémique, l’alimentation nous renvoie à la responsabilité individuelle et collective de chacun de nos actes et de leurs impacts, dans une vision novatrice globale. Cela signifie qu’il s’agit de « faire usage de » dans un esprit de mesure et non de consommer frénétiquement. Par ailleurs, la solidarité est un cercle vertueux où chacun s’engage en faveur du bien-être collectif. La solidarité ne signifie pas « assistanat » et je préfère la notion de partage alimentaire plutôt que d’aide alimentaire, condition basique du partage des richesses et de l’équilibre de notre société. Il s’agit de passer d’une société du cumul des richesses pour quelques-uns, à une société du bien-vivre pour tous dans un environnement préservé et partagé.

La question de l’alimentation et de la santé nous renvoie à des références familiales, géographiques, sociales, communautaires ainsi qu’à des repères de valeurs. Cela signifie qu’avant d’agir, nous devons déterminer quelle est la place de l’alimentation au cœur du système social, afin d’éviter le risque de la pensée unique. Le respect des valeurs et des repères garantit la démarche d’altérité de toute action.

L’organisation des pratiques alimentaires, depuis la production agricole jusqu’à la répartition des denrées, est également influencée par les questions humaines et culturelles, avec la reconnaissance individuelle de ceux qui contribuent au travail collectif. Culturellement, les femmes assurent plutôt l’aspect vital – approvisionnement en eau ou en nourriture – alors que les hommes se chargent des aspects techniques – la cuisine. D’ailleurs, l’assemblée de ce colloque en est la preuve, avec une majorité de femmes présentes pour discuter de questions vitales. Les pratiques d’achat, de préparation et de consommation des repas sont également très influencées par les cultures. L’accès à l’énergie émerge des contraintes économiques qui pèsent sur les familles précaires : l’acte de cuisson n’est pas anodin et pèse sur les budgets.

Les comportements alimentaires concernent les relations de l’humain à la nourriture. Le comportement alimentaire des sociétés occidentales évolue et place aujourd’hui la nourriture, non plus comme un objet vital, mais comme un objet central. Pour agi r

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20 collectivement et construire les politiques alimentaires, il s’agit d’identifier ce qui relève de l’intime et du public, de l’individuel et du partagé, de l’institutionnel et de l’adhésion volontaire.

L’alimentation et la santé représentent une question fondamentale de justice d’égalité. La répartition des richesses est un enjeu majeur, non pas au titre de la solidarité et de l’assistanat, mais à celui de la justice et de l’égalité. Il s’agit de parvenir à un équilibre entre l’accès aux droits fondamentaux tout en respectant le libre arbitre et l’altérité de chacun. Par ailleurs, le croisement des cultures permet la reconnaissance des expertises en plaçant à valeur égale les différents types de savoirs.

Je terminerai mon propos par quelques mises en garde. Méfiez-vous de la pensée unique, même si elle part d’un bon sentiment. Prenez garde à l’hypocrisie : les initiatives sont certes intéressantes, mais resteront vaines si elles ne sont pas renforcées par une véritable mobilisation politique, notamment au niveau agricole. Les fausses évidences constituent également un piège tout comme les conclusions hâtives.

Il n’y aura pas d’évolution majeure des politiques alimentaires de santé sans une intelligence collective et sans la création d’une vision commune. Le changement de regard est autant nécessaire que le courage décisionnel. Le monde associatif est obligé de prendre le relais à très grande échelle des politiques publiques qui ne jouent plus leur rôle sur les questions de santé. Enfin, sans impôt, la redistribution n’existe pas, le système a certes besoin de transparence.

Pour conclure, la difficulté de l’accès à l’alimentation en dit beaucoup sur notre société et comme disait Nelson Mandela : « une vision sans action est un rêve, une action sans vision est du temps perdu, une action et une vision peuvent changer le monde ».

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Table ronde / Comportements alimentaires et situation de précarité

La socialisation alimentaire : le point de vue des enfants d’après une étude en milieu scolaire

Christine TICHIT

Démographe et chargée de recherche à l'INRA

J’ai mené une enquête sur la socialisation alimentaire familiale à partir du point de vue d’enfants interrogés en milieu scolaire. L’étude a associé les enfants à l’enquête en les intéressant à la construction du questionnaire et en valorisant leur point de vue, afin d’initier un débat et une discussion autour de leur alimentation. Ils ont également participé à l’analyse des résultats en exprimant leurs propres commentaires. Cette approche sortait de la statistique pure pour se placer sur l’aspect qualitatif de la remontée de terrain.

L’échantillon regroupait 119 enfants scolarisés en CM2 et en 6e dans une Zone d’éducation prioritaire (ZEP) de Paris, dans un quartier en voie d’embourgeoisement, présentant une grande diversité sociale. Le questionnaire demandait aux enfants de décrire leur dîner de la veille. Bien plus que leur appartenance culturelle, c’est leur origine sociale qui qualifiait la description, avec des termes particulièrement différenciés. Les enfants is sus des classes supérieures utilisaient plutôt un registre « diététique » en énumérant des listes d’ingrédients, alors que les enfants des familles modestes détaillaient les plats.

Quel que soit leur milieu, tous ces enfants scolarisés connaissent les enj eux liés à l’alimentation. Ce premier constat montre cependant la parfaite intériorisation du discours nutritionnel et diététique chez les enfants des classes favorisées, le sujet étant sans doute régulièrement débattu dans le cadre des discussions familia les. Peut-être assiste-t-on également à une simplification des repas dans les familles aisées, avec une juxtaposition d’aliments ; alors que chez les plus modestes, les descriptions correspondent plutôt à un modèle très séquencé.

Ensuite, les enfants savent parfaitement ce qu’ils mangent. S’ils sont capables de décrire plusieurs sortes de pâtes différentes, ils reviennent toutefois au répertoire alimentaire générique lorsqu’ils évoquent leurs préférences, sans doute peut -être pour évoquer les pâtes sous toutes leurs formes. Les pâtes sont effet le plat préféré des enfants, quels que soient le sexe ou l’appartenance sociale, mais ce goût se masculinise avec l’âge. Toutefois, le riz est l’aliment préféré des enfants des familles chinoises les plus populaires de l’échantillon. Le riz représente également la base alimentaire des familles sahéliennes, mais curieusement, les enfants ne le mentionnent jamais et citent les frites comme plat favori.

Les anthropologues ont travaillé sur le phénomène d’acculturation a limentaire et ont créé le concept de plat totem3 qui consiste à recomposer dans le pays d’accueil un plat portant la

3 Plat totem : plat ethnique culturellement très spécifique qui subit une revalorisation culturelle suite à l’émigration.

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22 mémoire du pays d’origine, avec une valeur symbolique très forte. Force est de constater que l’acculturation alimentaire s’observe déjà dans le pays d’origine, en raison de l’omniprésence d’une alimentation quotidienne de modèle occidental. La littérature indique que le plat totem est plutôt réservé aux grandes occasions. Les résultats de l’étude montrent qu’il est cependant présent dans l’alimentation quotidienne, surtout pour les familles les plus récemment installées en France. Il revient également dans les plats préférés des enfants des familles de migrants les plus populaires, en particulier les ouvriers chinois ou africains.

En revanche, chez les familles installées de longue date en France ayant accès à des métiers plus rémunérateurs, l’attrait de produits typiquement français ressort dans les préférences des enfants. Le tiers des enfants de toutes origines migrantes issus de Catégories socioprofessionnelles (CSP) d’employés cite d’ailleurs le steak frites comme plat préféré parmi les plats cuisinés au domicile.

Enfin, les enfants sont parfaitement au courant du prix des denrées alimentaires. Cette connaissance très précise représente un indicateur de précarité puisque les familles sont obligées de compter quotidiennement leur budget alimentaire. Par ailleurs, les enfants sont bien souvent chargés de l’approvisionnement alimentaire de la famille.

L’enquête a aussi révélé des disparités quantitatives dans les discours des enfants, notamment au sujet de leur participation aux tâches domestiques. Si les enfants des familles françaises et africaines déclaraient participer, quel que soit le sexe, la pratique couvre des réalités complètement différentes. Les investissements sont plutôt occasionnels et légers pour les enfants français, alors que les enfants africains au contraire participent à hauteur des adultes.

Les circuits courts chez les Restos du cœur

Martine FRANCOIS

Responsable du programme agriculture et alimentation durables, Groupe de recherches et d’échanges technologiques (GRET)

Débuté en 2012, le projet de recherche-action national pluriannuel (2012-2015) « Circuits courts en Europe : opportunités commerciales et dialogue avec la société » (CODIA) est financé par le ministère de l’Agriculture et piloté par le GRET. Avec un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur, le circuit court élimine ainsi tous les produits de l’agro-industrie commercialisés par la grande distribution et favorise les produits distribués directement à la ferme, par les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) ou par les magasins de producteurs.

Dans le cadre du programme CODIA, une enquête a été menée sur les habitudes des consommateurs. Elle a montré que 42 % des ménages avaient recours, au moins une fois par mois, à des produits issus de circuits courts, reconnus pour leur fraîcheur et leurs qualités nutritionnelle et gustative. Afin de toucher également les familles à peti ts budgets, le projet a introduit les circuits courts dans le dispositif d’aide alimentaire, mené dans le cadre du programme régional d’offre alimentaire en Languedoc-Roussillon, autour d’un partenariat entre l’INRA Montpellier, les Restos du cœur, deux grossistes du marché d’intérêt régional de Montpellier et, bien sûr, les producteurs locaux de fruits et légumes.

Les bénéficiaires de l’aide alimentaire ont reconnu la plus-value des produits distribués et apprécié le soutien qu’ils procuraient ainsi aux p roducteurs locaux, parfois en difficulté. Par ailleurs, au-delà de l’amélioration de leur travail de tri, les bénévoles étaient très fiers de distribuer des vivres de qualité tout en contribuant au développement des filières locales.

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