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Remarques sur la réalisation de chambres à scintillations
J. Duflo
To cite this version:
65
REMARQUES
SUR LARÉALISATION
DE CHAMBRES A SCINTILLATIONSPar J.
DUFLO,
Laboratoire de Physique Atomique et Moléculaire, Collège de France.
Résumé. 2014 Des
précisions sont apportées sur les moyens de réaliser une chambre à scintil-lations à l’aide de la caméra électronique Lallemand-Duchesne, et de filaments d’iodure de césium refroidis. L’étude de la distribution de la lumière émise par les filaments a été faite et a permis des remarques concernant le dispositif de transmission optique entre le scintillateur et la caméra.
Abstract. 2014 Details
are given of the construction of a scintillation chamber utilizing
refri-gerated CsI filaments and a Lallemand-Duchesne electronic camera. The angular distribution of the light emitted by the filaments has been studied and remarks are made concerning
possible
optical systems to transmit the light from scintillator to camera.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET RADIUM PHYSIQUE APPLIQUÉE
SUPPLÉMENT AU NO 3. TOME 21, MARS 1960, PAGE
Le Laboratoire de
Physique Atomique
et Molé-culaire aentrepris,
en collaboration avecl’Obser-vatoire de Paris et le Centre
d’Études
Nucléaires deSaclay,
de réaliser une chambre à filamentsscintillants,
en utilisant la caméraélectronique
de de A. Lallemand et M. Duchesne[1, 2, 3].
Rappelons
que dans un teldispositif, chaque
fila-ment,
traversé par uneparticule chargée,
devientune source de lumière. Une
projection
de latrajec-toire de la
particule
est matérialisée par lesextré-mités des filaments
illuminés ;
unamplificateur
debrillance est nécessaire pour
permettre
l’enregis-trementphotographique
de cettetrajectoire.
L’amplification
de brillance de la caméra élec-tronique,
parrapport
à laphotographie classique
sur
plaque
103-0Kodak,
était de 50 à 100[2].
Cegain
était insuffisant pour la réalisation d’unechambre à
scintillations,
et L. Goldzahl aproposé
de l’améliorer par une meilleure utilisation de la
technique
des émulsions nucléaires. Nous sommesainsi parvenus à
distinguer
du bruit de fond lestraces des électrons accélérés sous 26 keV dans la caméra. Par
comptage
de ces traces nous avons,pour des poses de courte
durée,
porté
legain
à 10 000
et,
par mesuremicrophotométri que
clas-sique
à 1 000 environ[4].
Ces résultats sontillus-FIG. 1. - Microphotométrie d’une mire de Foucault obtenue
par
photographie
classique surplaque
103-0 KodakRochester. Pas de la mire : 200 y ; pose : 100 s. Dimensions du spot du microphotomètre : hauteur : 750 y
largeur : 18 [1...
FiG. 2. -
Microphotométrie
d’une mire de Foucaultobte-nue par photographie électronique sur plaque G. 5. Ilford. Pas de la mire : 200 [1., grandissement électronique 0,8 ;
pose : 1 s. Dimensions du spot du microphotomètrc :
largeur : 14 u, hauleur : 750 u..
FIG. 3. -
Microphotomètrie d’une mire de Foucault
obte-1
nue par
photographie
électronique surplaque G. 5. Ilford. Pas de la mire : 200 u ; grandissement électronique 0,8 ;pose 1/10 s. Dimensions du spot du microphotomètre :
largeur : 14 u, hauteur : 750 y.
trés par les
figures 1, 2,
3 et 4. Les mesures du bruit de fond nouspermettent
de direqu’à
l’aided’un obturateur
électronique
autorisant des poses de 10-3 à 10-4 s nous élimineronscomplètement
les traces
parasites produites
par l’émission spon-tanée de laphotocathode. Malgré
le voilechimique
desplaques
nous pourrons alors certainementdé-tecter une
image
parcomptage,
lorsque
cette66
image
sera formée deplus
de 4photo électrons
par10 000
(.L 2.
Parcontre,
30 traces par 10000 y2
seront nécessaires pour l’observation d’uneimage
par densité et comme nous utiliserons une
optique
électronique
degrandissement 1/10
et desphoto-cathodes de rendement
quantique
entre1/10
et1/5,
Fie. fi. -
Détection par comptage des traces électroniques
d’une mire de Foucault obtenue par photographie élec-tronique avec plaque Ilford G. 5. Pas de la mire : 200 u ;
grandissement électronique 0,8. L’ordonnée de chaque tiret horizontal est égal au nombre de traces électroniques
comprises à l’intérieur d’un rectangle de 26 X 170
mi-crons. Pose 1 /10 s.
c’est 150 à 300
photons
par mm2qui
devront arriver sur la couchephotosensible
pour obtenir un tel résultat.Pour
pouvoir
envoyer une tellequantité
de lumière sur laphotocathode
nous avons recherchéle scintillateur de meilleur rendement et étudié les différents
couplages
entre les filaments et la caméra.Nous avons choisi l’iodure de
césium,
nonactivé,
mais utilisé à 70
OK,
comme scintillateur[5].
Y. Koechlin et B.
Parlier,
du Centred’Études
Nucléaires deSaclay,
ont réalisé des filaments d’iodure de césium de section carrée de 1 à 2 mmde côté et de
quelques
cm delong,
et montré queces fils
permettaient,
pour uneparticule
aumini-mum
d’ionisation,
d’obtenir environ 1 000photons
par mm de
trajectoire.
En ce
qui
concerne lecouplage
entre le scintil-lateur et la caméraélectronique,
deuxpossibilités
s’offrent à nous :l’une est de mettre la chambre à scintillations et
le
support
de la couchephotosensible
en contact. Entenant
compte
des réflexions sur les lamestrans-parentes séparant
les filaments de cette couchephotosensible,
nous pensonspouvoir
recueillir 80%
de la lumière
émise ;
la seconde est de
placer
uneoptique
entre les filaments et la caméraélectronique.
Pour cette seconde
possibilité plusieurs
facteurs sont à considérer :a)
l’ouverture del’optique :
dans les meilleuresconditions elle
correspond
à un sinus de0,7
à0,8 ;
b)
le facteur de transmission : pour uneoptique
très
ouverte,
donc constituée de 5 ou 6lentilles,
il ne pourra
dépasser
60 à 70%,
même en traitantl’optique
pour l’intervalle delongueur
d’ondeuti-lisé ;
c)
legrandissement :
une réductions’impose
si nous désirons utiliser une chambre à scintillationd’un diamètre
supérieur
à celui de laphotocathode.
Or uneoptique
de faiblegrandissement
netrans-met
qu’une petite
fraction de la lumière émise par la source. J’ai donc été amené à étudier la struc-turegéométrique
et l’intensité du faisceaulumi-neux issu d’un filament. J’ai ainsi pu constater que
l’intensité de la lumière sortant suivant l’axe du
fil,
était le double de celle calculée par la loi de Lambert. L’ensemble des résultats obtenus estporté
sur lafigure
5,
danslaquelle :
la courbe 1FIG. 5. - Taux de lumière sortant d’un
filament
en fonction de l’angle solide limitant le faisceau.
Sinus r (r, angle de sortie de la lumière,
par rapport à l’axe du filament).
représente
la loi deLambert ;
la courbe 2corres-pond
à un filament d’iodure de césium dontl’extré-mité n’a pas été
parfaitement polie ;
la courbe 3 aété obtenue à l’aide d’un filament dont l’extrémité
a été rendue
parfaitement
plane
par la mise encon-tact
optique
avec unepetite
plaque
de verrede
2/10
de mm. Ungain
sensible de lumière estalors obtenu suivant l’axe du filament
(10
à 15%) ;
la courbe 4 a été obtenue avec un filamentplas-tique
dont l’extrémité avait été moulée(plane).
La surface latérale avait été
parfaitement
Ces mesures ont été faites à l’aide du
dispositif,
schématisé(fig. 6).
FIG. 6. - Schéma de l’appareillage. P. M. :photomultiplicateur.
D. : diaphragme variable. 0. : obturateur.S. : supports du filament (pointes) liés à la tige T. B. : boîte étanche à la lumière.
el. : source de
polonium
diaphragmée. ’F. : filament scintillant étudié.
T. : tige permettant le déplacement du filament et de
la source suivant l’axe du P. M.
Ces résultats
s’expliquent
facilement. Eneffet,
considérons un filament de 1 mm de diamètre etquelques
cm delong,
traversé par uneparticule
ionisante à 2 cm de la face de sortie. Les
trajets
optiques
sont dessinés sur lafigure
7.FIG. 7. - Réflexion de la lumière à l’intérieur d’un filament.
Nous
constatons
que la lumière sortant suivantun
angle
r 11° parrapport
à l’axe(à sin r 0,15)
ne s’est réfléchie sur lesparois qu’au
maximumdeux fois. La lumière
qui
s’est réfléchie deux outrois fois sort suivant un
angle r
compris
entre 110et 17o
(sin
r0,3).
Celle
qui
a subi 3 à 6réflexions,
entre 17 et 340(sin r
0,56).
Celle
qui
a subi 6 à 12réflexions,
entre 34 et 90°(sin r 1 ).
Les rayons
ayant
subi ungrand
nombre deré-flexions sont très
affaiblis,
les faces n’étantjamais
parfaitement
réfléchissantes. C’est le cas des rayonsdont
l’angle
de sortie estgrand.
Pour cette mêmeraison il ne sera pas
possible
d’utiliser des filsscintillants très
longs
ou à section trèspetite.
Les écarts des résultats obtenus avec les fils scin-tillants par
rapport
à la loi de Lambert sejustifient
aussi par les réflexions sur la face de sortie
(for-mules de
Fresnel).
Pour r’==50°,
la fraction delumière réfléchie est
respectivement
8 et 12%
pourle
plastique
et l’iodure de césium. Elle atteint100%
pour r = 900. Si l’extrémité n’est pas
optiquement
plane
la lumière est diffusée et l’émission serap-proche
de la loi deLambert,
ce que nous avons puconstater lors des mesures faites avec un filament
simplement poli
ou renduoptiquement
plan
à l’aided’une lame de verre
(courbes
2 et3).
Cespertes
par réflexion sur la face de sortiepourraient
êtresensi-blement diminuées à l’aide d’une couche anti-réflectrice..
Les différences
d’absorption
de lalumière,
sui-vant les
trajets empruntés
dans lescintülateur,
n’interviennent que faiblement. En effet un rayon
qui
sortaprès
s’être réfléchi 6 fois par cm(ce
rayonest alors réfracté
tangentiellement
à la face desortie)
voit sonparcours augmenté
de 25%
parrapport
à celui d’un rayon sepropageant
suivant l’axe du filament.Enfin
nous avons observéqu’en
rendantréflé-chissante la face
opposée
à celle utilisée commesource, par
exemple
avec une feuille d’aluminium en contactoptique,
nous obtenons avec un filamentde 4 cm de
long,
ungain
d’environ 30%
pour lalumière sortant
normalement,
et 15%
surl’en-semble du flux sortant. Ce
gain
devient nul pourun filament de 10 cm l’excitation lumineuse étant
à 25 mm de la face de sortie de la
lumière,
dans lesdeux cas. Ceci
s’explique
par lespertes
parabsorp-tion et réflexions.
A l’aide des résultats
ci-dessus,
nous allonsmain-tenant évaluer les rendements que l’on
peut
espérer
avec des
optiques
ouvertes à0,75,
et degrandis-sement 1 et
1/5.
Nous tiendronscompte
pour celadu
pourcentage
dephotons envoyés
parchaque
filament dansl’optique,
du facteur de transmission de cetteoptique,
et de l’aire de la couchephoto-sensible éclairée par un filament. Les
pourcentages
dephotons
sontindiqués
sur les courbes de lafigure
5. Pour ungrandissement 1,
60%
despho-tons émis
atteignent l’optique
et 4%
lorsque
legrandissement
est1/5 (la
loi de Lambert nousdon-nerait
respectivement
50 et2,25
%).
Le facteur de transmission est environ 70%
dans les deux cas.L’éclairement de la
photocathode
par desoptiques
ouvertes à
0,75
et degrandissement
1 et1/5
atteint doncrespectivement
42%
et 70%
de la brillance des filaments.(Dans
le second cas, la surfaceéclai-rée par un filament est évidemment 25 fois
plus
petite. )
L’utilisation de chambres à scintillations de
palus
-grandes
dimensions nécessiterait une réductionoptique plus importante.
Malheureusement nousdevons nous limiter actuellement à un facteur 5
pour deux raisons :
68
l’image
géométrique
est un cercle de diamètre 20 u.Les dimensions de
l’image
réelle sont celles del’image
géométrique,
augmentées
auplus
de lalongueur
des traces desphotoélectrons
dans l’émul-sionnucléaire, longueur qui
est de l’ordre de7 w
pour des électrons accélérés sous 30keV,
lesaber-rations
optiques
etélectroniques
étantnégligeables.
Dans ce cas
l’image
réellepeut
atteindre 34 u. Lerapport image
réelle surimage géométrique
estalors
1,7
et il semble raisonnable de ne pasl’aug-menter par une réduction
plus importante.
Tou-tefois,
nouspourrions
diminuer lalongueur
destraces des
photoélectrons
en les accélérant sous unetension moins
élevée,
mais la densité del’image
enserait affaiblie.
Les fluctuations
statistiques
créent une secondelimitation à une réduction
plus importante
car lenombre de
photons
par filamentatteignant
laphotocathode
devient trèspetit.
D’après
leséva-luations
précédentes,
sur 1 000photons
émis par unfilament d’un mm de
diamètre,
uneoptique 1/5
entransmet environ 30. C’est donc en moyenne 4 à
5 électrons
qui
formentl’image
d’un filament surl’émulsion. Une
optique 1/10
n’envoieplus
que 7 à8
photons,
soit 1 électron en moyenne pour formerl’image.
Des manques deplus
enplus
nombreuxrisquent
alors de conduire à uneinterprétation
erro-née du
phénomène enregistré.
Des remarques
précédentes
nous pouvons doncprévoir
que les troisdispositifs
de transmissioncon-sidérés
(optiques
degrandissement
1 et1/5,
etcontact) permettront
de déceler uneimage
parden-sité.
Toutefois,
uneoptique
degrandissement
infé-rieure à 1 estpréférable
pour construire deschambres à scintillations de
grandes
dimensions.Pour un tel
projet,
ledispositif
de transmission parcontact,
quoique
présentant
le meilleur rendement lumineux(80 %
au lieu de 60%
avec uneoptique
1/5
et 42%
avec uneoptique
1)
nécessiteraitd’aug-menter dans le même
rapport
la ‘caméraélectro-nique
et le bloc scintillant. En dehors des diffi-cultés deconstruction,
ceci nepourrait
se fairequ’au
détriment de la définition del’image,
carl’épaisseur
dusupport
de verre de la couchephoto-sensible
séparant
celle-ci desfilaments,
devrait êtreaugmentée.
Ceproblème
ne se pose pas avec uneoptique,
car nous pouvons mettre aupoint
sur lacouche
photosensible.
Manuscrit reçu le 11 décembre 1959. BIBLIOGRAPHIE
[1] LALLEMAND (A.), C. R. Acad. Sc., 1936, 203, 243 ; 1936, 203, 990.
[2] LALLEMAND (A.) et DUCHESNE (M.), C. R. Acad. Sc.,
1951, 233, 305 ; 1954, 238, 335 ; 1955, 240, 1329 ;
1955, 241, 360 ; 1956, 242, 2624. LALLEMAND (A.), DUCHESNE (M.), FEHRENBACH (Ch.), WLERICK (G.),
CHOPINET (Mlle M.) et AUGARDE (R.), C. R. Acad. Sc.,
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[3] LALLEMAND (A.), DUCHESNE (M.) et WLERICK (G.), Symposium sur les récepteurs
photoélectriques
d’images, Imperial College, London, 1958.[4] LALLEMAND (A.), DUCHESNE (M.), GOLDZAHL (L.),
DUFLO (J.) et BANAIGS (J.), C. R. Acad. Sc., 1959, 248, 2191-2193.