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LE RAPPORT INACCEPTABLE

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THÉLOT :

LE RAPPORT INACCEPTABLE

ÉDITO

L’HEBDOMADAIRE DU SYNDICAT NATIONAL DES ENSEIGNEMENTS DE SECOND DEGRE

La FSU condamne avec la plus grande indignation la prise d’otage de deux journalistes français en Irak.

Cet acte criminel est injustifiable et inacceptable. Elle exprime sa solidarité avec les victimes et leurs proches et exige la libération immédiate des otages.

L’odieux chantage mis en avant par

les ravisseurs ne doit pas conduire à des amalgames.

La FSU appelle les personnels à continuer de défendre et de faire vivre les valeurs de la démocratie, de la laïcité, de la tolérance et du respect de l’autre en recourant prioritairement au dialogue et à l’éducation.

Paris, le 30 août 2004

OTAGES

UNE RENTRÉE FORMIDABLE !*

ACTION P. 3

NON-TITULAIRES

Dans de nombreuses académies, les non-titulaires se sont mobilisés, des collectifs se constituent, les actions se multiplient.

ÉDUCATION P. 4

PRÉRAPPORT THÉLOT

Le SNES vous propose des extraits de ce prérapport et des premiers éléments d’analyse.

MÉTIER P. 10

MUTATIONS 2005

Le projet envisagé par le ministère

est un bouleversement d’une ampleur inégalée depuis la déconcentration de 1999.

VIE DU SNES P. 11

FORMATION SYNDICALE

Premiers éléments du programme des stages académiques.

N’hésitez pas à vous inscrire.

SOMMAIRE

N°606 18 SEPTEMRE 2004

La logique d’ensemble du rapport est extrêmement préoccupante car il propose une transformation radicale de l’école, renonçant au processus de démocratisation enclenché alors qu’il faudrait au contraire sérieusement le relancer.

À

une conception pyramidale de la société correspondent trois niveaux d’enseignement et de qualification : un socle extrême- ment réduit, avec un dressage comportemental pour ceux qui occu- peront les emplois les moins qualifiés , un socle plus des options dès le collège pour ceux qui poursuivront des études longues et une voie générale fermée pour l’élite.

Ignorant les déficits prévisibles de qualification supérieure (pourtant signalé dans le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de l’École), abandonnant l’objectif de 80 % au niveau d’une classe de bacca- lauréat, sous-estimant l’importance des diplômes et prônant une for- mation tout au long de la vie qui se substituerait à une formation ini- tiale plus élevée, le pré-rapport propose pour tous les élèves de collège : un « socle de l’indispensable(1)» dominé par l’utilitarisme étroit et le formatage des comportements.

Il fait ainsi l’impasse sur l’importance des contenus et des pro- grammes, la nécessité de les repenser pour les rendre réellement accessibles au plus grand nombre. Il substitue à cette réflexion le choix plus ou moins arbitraire d’un « socle des indispensables » appauvri qui ne peut prétendre constituer une culture commune. Il ignore qu’aucune compétence solide, ayant l’ambition de servir de base à une formation tout au long de la vie, ne peut reposer exclusive- ment sur des savoir-faire. L’accès à la liberté, la citoyenneté s’ap- puient sur l’enrichissement personnel et l’apprentissage du sens, des valeurs et des repères historiques qu’apporte l’assimilation d’une vraie culture.

Loin de lutter contre la hiérarchie actuelle des savoirs scolaires, il la renforce en répartissant ces derniers entre « socle des indispen- sables », « enseignements fondamentaux hors socle » et enseigne- ments optionnels. Le rapport propose une sélection précoce puisque certains jeunes se contenteront du socle, pendant que d’autres bénéficieront d’enseignements plus complets et d’options dès la Sixième ; la diversification du curriculum intervient fortement dès la Cinquième et la classe de Seconde abandonne tout caractère de détermination.

Dans le même sens, il cloisonne fortement la finalité des forma- tions, en distinguant celles qui ont vocation aux poursuites d’études longues, celles qui ont vocation aux poursuites d’études courtes et celles qui n’ont vocation qu’à l’insertion professionnelle.

La mise en œuvre de ce programme éducatif se fait dans le cadre d’un

Le rapport Thélotfait l’impasse sur l’importance des contenus et des programmes

il cumule le renoncement pour les élèves et la provocation

pour les personnels

©Clément Martin

DR

Condamnation unanime

renforcement considérable de l’autonomie des établissements, de la hiérarchie et de la négociation locale des politiques éducatives. Il pro- pose la création de nouveaux emplois d’encadrement (directeur de la vie éducative, directeur des études, directeur technique, direc-

teur administratif !) augmentant le pouvoir des chefs d’établissements au sein d’une « collectivité d’éducation » pilotée par un cadre inter- médiaire entre l’IA et le chef d’établissement .

S’inspirant des logiques managériales, le rapport propose la création de nouveaux emplois d’encadrement.

L’accent intensif mis sur l’éducation et la civilité se traduit par la mise en place de toute une série d’instances (conseil d’orientation, conseil de la communauté éducative, conseil pédagogique...), la dénaturation du métier enseignant et la déqualification, l’alourdis- sement du temps de présence dans l’établissement, la dilution des missions des personnels spécialisés de l’équipe, l’appauvrissement de la formation.

Ce rapport doit être finalisé et publié le 12 octobre, présenté le 14 octobre au Conseil supérieur de l’éducation dans lequel siège la FSU. Nous entendons dès maintenant faire entendre notre voix pour rejeter ce prérapport, pour construire sur d’autres bases la loi d’orientation.

Gisèle Jean, Frédérique Rolet, gisele.jean@snes.edu – frederique.rolet@snes.edu 1. Voir p. 4, article collège.

À

l’image de la télé réalité, avec faux retour sur un passé reconstitué, pour mieux nous vendre des réformes rétrogrades, le ministre essaie de nous vendre une rentrée qui serait formidable.

Or, au fil des réunions syndicales dans les établissements, des rencontres avec les collègues, il est désormais impossible au ministère de cacher que cette rentrée, avec 4 500 postes supprimés, s’est faite au détriment des conditions d’enseignement, des conditions d’étude des élèves, de l’offre d’options, en lycée professionnel, en STI, en BTS, en langues anciennes et vivantes.

La situation s’est encore dégradée pour l’encadrement éducatif avec 10 000 jeunes adultes en moins.

C’est le suivi des élèves qui est remis en cause. Certes, il y a un professeur devant chaque classe mais c’est parce que les TZR ont été employés à l’année sur poste. Il faudra de nouveau recourir massivement à des vacataires tout au long de l’année, pour remplacer les collègues absents ou renoncer au remplacement.

Le choix du gouvernement, ce sont des effectifs chargés en collège (30 élèves), 35 à 38 élèves en Seconde, des sections d’enseignement technologiques et professionnels fermées, des classes de langue regroupées ou très chargées (32) dès le collège, des élèves qui ne trouvent pas d’affectation.

Ce sont également des dédoublements refusés,des heures de labo ou de première chaire «oubliées» ou remises en cause,des HSA imposées,des HSE pour tous les projets...Dans le même temps les non-titulaires se retrouvent massivement au chômage.

Les réunions dans les établissements, dans les villes ont rassemblé de nombreux collègues, notamment le 8 ; de nouvelles initiatives sont organisées pour l’emploi, pour des recrutements à la hauteur des besoins. Il nous faut montrer les effets pervers des réductions budgétaires auprès de l’opinion publique, lui faire connaître notre projet éducatif, débattre avec la profession des actions à mener. L’école est et doit demeurer un service public accessible à tous et partout sur tout le territoire avec une qualité égale. Gisèle Jean,cosecrétaire générale

*Formidable :du latin formidare« craindre, redouter, qui inspire une grande crainte ».

(2)

ACTUALITÉ

ACTION

Montreuil : pas plus de 30 élèves !

Le 12 juillet, suite à une erreur de gestion, au lycée Jean-Jaurès de Montreuil-sous-Bois (93), l’Inspection académique affecte 34 élèves supplémentaires sans moyen supplémentaire. Résultat : les classes de Seconde entre 30 et 34 élèves.

Devant cette situation, les enseignants, unanimement, ont refusé d’accueillir les élèves et ont revendiqué les moyens d’une classe supplémentaire en Seconde et de dédoublements en Terminale S et Terminale STT.

Les parents et les élèves ont été très présents : 350 à la réunion de rentrée, devant

l’Inspection académique.

Alors que depuis des mois, nous alertons inspection académique et rectorat, après le dépôt d’un préavis de grève le 10 juillet, l’administration a joué la politique du pourrissement et n’a reçu une délégation que le mardi 7 septembre... et ce jour-là s’est engagé sur 2, 4, ou 6 h (il fallait voir!!!) supplémentaires...

Il a fallu le blocage par les parents et les élèves avec la FCPE du lycée pour obtenir 14 h 30 supplémentaires permettant le dédoublement en Terminale S et STT.

Parents, élèves, enseignants ont pris acte et les cours ont repris samedi matin. Pour autant, ils n’entendent pas en rester là : la revendication principale, n’étant pas atteinte.

Dominique Balducci

Assemblée générale au collège de Pignan

Le 1erseptembre, l’assemblée générale du collège Marie-Curie de Pignan, a fait un état des lieux et établi un premier bilan de cette rentrée.

• Les emplois précaires : 12 SES ou SEC en juin, 2 en septembre. L’administration a déplacé des personnels et adapté les emplois du temps pour que les élèves souffrent le moins possible de ce manque d’adultes et l’encadrement des collégiens semble assuré, du moins pour l’instant. Mais nous ne savons pas comment la cantine, la gestion,

le secrétariat, l’entretien des locaux et des espaces verts vont pouvoir fonctionner normalement.

• Les effectifs : à part les Cinquièmes, les classes sont très chargées et même surchargées, certaines Sixièmes sont déjà à 28 élèves.

Nous avons décidé de rester vigilants et d’arrêter les cours au moindre incident, nous allons également rencontrer une nouvelle fois les parents d’élèves, la FCPE les avait déjà alertés en juin sur les difficultés pour cette rentrée.

Rémi Thuillier

8 septembre

Plus d’une centaine d’initiatives, souvent unitaires, de rassemblements (IA et rectorats) et de réunions.

Plusieurs milliers de collègues, dont beaucoup de contractuels au chômage, ont répondu à l’appel du SNES et sont venus témoigner des difficultés rencontrées à cette rentrée.

Ci-dessous quelques échos du 8 et de sa préparation dans les établissements.

HÉR A UL T SEINE-SAINT-DENIS

La FSU a été reçue en audience par le ministre de l’Éducation nationale le lundi 6 septembre :

au menu, le projet de budget pour 2005 et la future loi d’orientation.

C

urieusement, le ministre s’est refusé à confirmer, mais sans les démen- tir, les informations qui circulent depuis juillet sur le projet de budget 2005. Il s’est borné à rappeler, une fois de plus, que la contrainte budgétaire l’obligeait à prendre en compte les évolutions démographiques et qu’il

entendait tenir ses engagements sur les recrutements, tout en esquivant les arguments que lui opposait la FSU : les suppressions de postes prévues sont sans commune mesure avec la réalité des évolutions d’effectifs, les départs en retraites progressent beaucoup plus vite que les recrutements.

Le ministre a annoncé l’ouverture de discussions sur des questions, déjà évoquées ces derniers mois avec la direction des personnels enseignants et qui pour certaines ont déjà fait l’objet de sérieuses controverses : remplacements, non-titulaires, secondes carrières, début de carrières, attractivité du métier, amélioration des recrutements et des affectations.

F. Fillon, tout en prenant à demi-mot certaines distances avec le rapport provisoire de Thélot, a affirmé qu’il assumerait la totalité de la responsa- bilité de la préparation de la nouvelle loi dès le lendemain de la remise officielle du rapport (12 octobre). Il devrait tracer dès la fin de ce mois quelques grandes orientations à partir desquelles une concertation serait engagée. Le projet de loi serait soumis au Conseil des ministres fin novembre et examinée à la session de printemps du parlement. La FSU lui a fait remarquer qu’il avait déjà pris le point de vue du rapport sur la question essentielle des objectifs globaux que pourrait se fixer le système éducatif.

Le SNES a enfin attiré l’attention du ministre sur le cas de Roland Veuillet, CPE dont la santé est menacée par la grève de la faim dans laquelle il s’est engagé depuis la fin août. Il a demandé que le ministère renonce à son intransigeance, reçoive Roland Veuillet en présence des organisations syndicales qui le soutiennent et lève la sanction de mutation d’office prise depuis plus d’un an.

Bernard Boisseau,bernard.boisseau@snes.edu

6 SEPTEMBRE

RENCONTRE AVEC F. FILLON

S

oucieux de montrer (certes tardivement) son sens aigu de la solidarité après la tragédie de la canicule, Raffarin avait décidé qu’un jour férié serait désormais travaillé gratuitement afin de financer une caisse dite de solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées, extérieure à la Sécu- rité sociale.

Le SNES et la FSU, comme l’ensemble des organisations syndicales, avaient dès le mois de novembre tiré la sonnette d’alarme et contesté ce dispositif injuste, supporté par les seuls salariés.

François Fillon, en décidant précipitamment à cette rentrée, sans la moindre concertation,que le jour férié choisi pour l’Éducation nationale serait le lundi de Pentecôte, ne poursuit aucun but pédagogique, et ne s’intéresse nullement aux rythmes scolaires ! Il sait également que cette mesure n’a aucun intérêt financier: sans doute produirons-nous ce jour là de la matière grise,mais aucun

euro supplémentaire ne tombera dans l’escarcelle de la Caisse pour l’autonomie.

Il est d’ailleurs amusant de constater que dans le même temps, certains envi- sageaient... de nouveaux jours fériés pour les religions présentes en France.

Cette mesure démagogique n’a qu’un seul but : en prenant les devants, F. Fillon contraint les administrations à s’aligner sur ce jour et force la main des entre- prises, théoriquement libres de leur choix. Il s’agit bien de faire appliquer la modification de la loi sur les 35 h, qui a fait passer la durée du travail de 1 600 à 1 607 h* – dans un contexte où tous les moyens sont bons pour allonger le temps de travail, dans le public et dans le privé.

Elizabeth Labaye,elizabeth.labaye@snes.edu

* Alors que l’OFCE avait estimé à plus de 30 000 le nombre de chômeurs que pourrait entraîner cette mesure.

PENTECÔTE 2005

DÉMAGOGIE

Intersyndicale de l’Éducation nationale

Les Fédérations de l’Éducation nationale (FSU, SGEN-CFDT, UNSA- Education, FERC-CGT) se sont rencontrées le mardi 7 septembre. La volonté de maintenir la démarche unitaire des fédérations a été réaffirmée par tous.

Mais si les constats sur la rentrée 2004 et le budget 2005 sont largement partagés, des nuances sensibles se sont exprimées sur le rapport Thélot et la démarche à suivre concernant la loi d’orientation. La FSU a fait la proposition d’un appel commun pour l’Éducation nationale. Dans l’immédiat,

lesfédérations ont décidé de tenir une conférence de presse commune le 23septembre au lendemain de l’examen en Conseil des ministres du budget 2005. Elles ont aussi incité leurs organisations au plan local à se rencontrer pour recenser les besoins, engager et poursuivre les actions unitaires à chaque fois que possible. Elles feront le point après l’annonce des décisions budgétaires (cf. appel commun sur le site du SNES).

POUR RECONSTRUIRE UN GRAND MOUVEMENT SOCIAL

CONSEIL NATIONAL DU SNES

2

Les 120 délégués au CN ont fait le point les 14 et 15 septembre sur les derniers développements de la politique d’un gouvernement toujours aussi décidé à ne pas tenir compte sur le fond de ses défaites électorales

P

réparation du budget 2005, effectifs de la Fonc- tion public, décentralisation, remise en cause des 35 h et chantage aux délocalisations, remise en cause du droit de grève et service minimum, menaces sur le service public de la Poste, évolution du capital de France Télécom, etc.

Ils ont aussi fait le constat de la situation d’ur- gence dans laquelle se trouve le second degré à cette rentrée avec, en plus, un projet de budget 2005 qui promet bien pire encore et un rapport Thélot qui augure mal de la future loi d’orientation.

Les représentants des départements et des aca- démies ont fait état d’une forte participation aux réunions et AG organisées depuis la rentrée, même si continuent à s’exprimer des interrogations sur les modalités et l’efficacité de l’action syndicale. La journée d’interpellation des pouvoirs publics orga- nisée par le SNES le 8 septembre, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes devant les IA et rectorats, est un encouragement à aller plus loin.

Le CN a confirmé les objectifs du SNES :

Faire revoir les décisions et projets gouverne- mentaux de remise en cause des acquis sociaux et des services publics.

Faire de l’Éducation une des premières priorités de la nation ce qui implique :

– un tout autre budget 2005 ;

– de prévenir une crise sans précédent du sys- tème éducatif en programmant les recrutements nécessaires ;

– une loi d’orientation reposant sur des choix ambitieux pour le système éducatif.

Atteindre de tels objectifs implique que soient réunies les conditions d’un nouveau grand mou- vement social et de tout mettre en œuvre pour y contribuer dans notre propre secteur. C’est le sens des décisions du CN :

donner toutes ses dimensions à la campagne de contacts avec la profession dans les établis- sements, de mener une campagne d’opinion publique auprès des parents, d’appeler au déve- loppements d’actions locales sur les effectifs, les

8 septembre,400 manifestants devant le Rectorat de Créteil.

HS, les remplacements, les enseignements sup- primés, le réemploi des non-titulaires etc.,

poursuivre l’action pour un autre budget 2005 en utilisant au mieux l’appel des fédérations de l’Édu- cation,à l’occasion notamment de la présentation du budget au Conseil des ministres du 22 septembre,

donner un cadre national,concernant les contractuels au chômage, à une opération de rassemblements hebdomadaires, « les mercredi de la précarité »,

publier dans des matériels, pour la profession et pour l’opinion, nos critiques du SNES du rapport Thélot et nos propositions pour la loi d’orientation.

Organiser d’ici la fin de l’année 2004 trois forums décentralisés (qualifications et objectifs du sys- tème éducatif, le métier et ses évolutions, les éta- blissements).

Enfin le CN a décidé de mettre en débat avec la profession ainsi qu’avec les organisations syndi- cales partenaires de la FSU dans l’Éducation et dans la Fonction publique le principe d’une action à la hauteur des agressions subies et permettant d’entrer dans un processus d’action continu. Le débat doit à la fois porter sur les modalités et sur la plate-forme, et sur le moment le plus approprié de sa mise en œuvre d’ici la fin du 1ertrimestre. Le CN a retenu plus particulièrement 2 hypothèses :

Grève Fonction publique sur le pouvoir d’achat, la défense des services publics , l’emploi public et la défense du droit de grève à laquelle la FSU devrait appeler de la manière la plus unitaire possible et, à défaut, à sa propre initiative

Grève Éducation sur la rentrée 2004, le budget 2005, le rapport Thélot et la loi d’orientation.

Un BN élargi aux secrétaires de S3 permettra le mardi 12 octobre de faire un bilan d’étape de ce débat.

Bernard Boisseau, bernard.boisseau@snes.edu

©Daniel Maunoury

L’US N° 606 •18/09/2004

(3)

BREF

MARSEILLE LILLE ARLES

L’US N° 606 •18/09/2004 3 ACTUALITÉ

Fonction publique

Les fédérations interpellent le gouvernement

Les organisations syndicales de la Fonction publique (CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC, CGC) se sont réunies le 14 septembre. Elles ont constaté ensemble :

• Un recul du pouvoir d’achat d’une ampleur encore jamais égalée.

La valeur du point d’indice a perdu près de 5 % depuis 2000.

• Une suppression massive d’emplois et des manque d’effectifs dans de nombreux secteurs.

• Des abandons, transferts, externalisations, privatisations de missions de service public.

• La remise en cause des garanties statutaires qui fondent la nature même du service public.

Elles proposent au personnel de débattre de cette situation et des moyens d’y mettre un terme. Elles ont décidé de s’adresser ensemble au gouvernement pour exiger l’ouverture d’urgence de négociations portant notamment sur une mesure immédiate de rattrapage du pouvoir d’achat des salaires et des pensions au regard de la hausse du coût de la vie depuis le 1erjanvier 2000, et également sur :

• Le traitement du contentieux accumulé.

• Des mesures permettant d’assurer maintien et progression sur la période à venir.

• Un relèvement significatif du minimum Fonction publique, véritable

« sous-Smic ».

• La question des pensions et de leur revalorisation doit également être traitée.

Les fédérations se retrouveront dans les tous prochains jours pour évaluer les réponses du gouvernement, et décider des dispositions à prendre en conséquence (cf.le site du SNES, le texte de l’appel

dès qu’il sera rendu public). Bernard Boisseau

Augmentations très en deçà de l’inflation, nouveaux prélèvements en vue :

le pouvoir d’achat des salaires et des pensions est plus que jamais une question d’actualité.

L

a baisse des revenus est particulièrement ressentie dans nos professions, et la dévalorisation salariale des métiers de l’éducation alimente un puis- sant besoin de reconnaissance sociale de nos qualifications.

La question salariale revient donc au centre des préoccupations. Le gouver- nement a prétendu distribuer du pouvoir d’achat aux classes moyennes par « la baisse des impôts », mais ces mesures fiscales (baisse de l’impôt sur le revenu, hier, successions, aujourd’hui) accroissent essentiellement le revenu et la capacité d’épargne des plus privilégiés, signent une politique inégalitaire, tout en asphyxiant les finances publiques. Et il vient nous dire ensuite qu’il n’y a pas d’argent pour financer l’éducation ou augmenter les fonctionnaires.

Comment affaiblir le mécontentement des personnels ? La réponse gou- vernementale est simple : la hausse des revenus passerait par une somme de mesures individuelles qui concernent les uns et pas les autres. Salaire au mérite, heures sup, tâches particulières, ... l’enseignant sera amené à contrac- tualiser son niveau de vie avec sa hiérarchie.

Pourtant, seules les mesures collectives peuvent apporter des garanties à chacun. D’autant que la reprise économique actuelle est conditionnée par la dynamique de la consommation.

Mais le doute existe sur la possibilité de bousculer aujourd’hui le blocage poli- tique sur les finances publiques. Le conseil national du SNES a décidé d’en débattre lors de la campagne de rencontres avec les personnels. Présentons la politique gouvernementale pour ce qu’elle est. C’est ainsi que nous recons- truirons des mobilisations unitaires sur ce dossier.

Daniel Rallet remunera@snes.edu

SALAIRES

UNE BATAILLE LÉGITIME

Le CSE réuni le 8 septembre

examinait les volets apprentissage et éducatif du projet de loi

de programmation pour la cohésion sociale.

Les débats ont porté sur l’ensemble du plan, ses insuffisances, les problèmes de financement, le contexte économique et social marqué par le chômage.

Sur le volet apprentissage, la FSU a voté contre ; le projet de loi privilégie en effet l’apprentissage comme moyen d’insertion alors qu’il existe d’autres voies pour accéder à une qualification profes- sionnelle reconnue et que l’apprentissage est loin d’avoir fait ses preuves pour les publics les plus en difficulté. Pour faciliter l’accès à l’insertion, il ne faut se priver d’aucun levier et l’enseignement professionnel sous statut scolaire a un rôle fon- damental à jouer dans la cohésion sociale.

Quant à la réforme proposée de la taxe d’appren- tissage, elle risque de profiter uniquement à

l’apprentissage, au détriment des formations tech- nologiques et professionnelles.

Sur le volet éducatif, la FSU a refusé de se pro- noncer ; aucune concertation n’a en effet eu lieu avec l’Éducation nationale dans la définition des objectifs, la constitution des équipes de réussite éducative, les missions des différents personnels, le pilotage. L’absence de recrutements suffisants et la saignée actuelle dans l’éducation nationale en matière d’emploi rendent peu crédible la mise en place d’équipes de suivi stables.

Frédérique Rolet,frederique.rolet@snes.edu

APPRENTISSAGE À TOUT VA

Le SNES dénonce le plan de licenciement, l’absence de programmation des titularisations

et recrutements, l’instauration d’une nouvelle précarité par le projet de « CDD-CDI ».

L

e Conseil national du SNES a décidé de mobiliser les non-titulaires et toute la profession sur la précarité.Il s’agit à la fois de répondre à l’urgence du chô- mage et d’organiser la riposte contre le recours à la vacation dans le cadre d’une campagne pour le remplacement et la défense de nos garanties statutaires.

Les non-titulaires ne veulent pas repartir pour un tour de précarité et nous ne pouvons accepter les nouveaux projets de loi sur l’instauration d’un CDD-CDI à l’Éducation nationale.

Dans de nombreuses académies, les non-titulaires se sont mobilisés avec le SNES,des collectifs se constituent ou se renforcent.Des actions se multiplient :par- ticipation à la journée d’action du 8 septembre,actions reconduites devant les rec- torats, témoignages et interventions auprès des médias et des parlementaires...

Le SNES fait de la résorption de la précarité un objectif prioritaire et organise dès à présent les conditions d’une action d’ampleur sur cette question mobilisant les personnels non-titulaires en poste ou au chômage, au sein notamment de ses collectifs, et avec les outils pour s’informer et agir (site, mémo, publications).

Il amplifiera sa campagne contre la vacation et le refus des HS dans les établis- sements et mobilisera l’ensemble des personnels dans le cadre de son action sur le budget.Des actions concrètes sur la question du remplacement,notamment pour refuser le recours à la vacation (pétition,interventions CA,défense des col- lègues précaires) seront menées.

Le SNES appelle d’ores et déjà à renouveler et amplifier les actions dans le cadre académique et national avec notamment l’organisation des : « mercredis de la précarité à l’Éducation nationale ».

Ces actions hebdomadaires, dont le coup d’envoi a été donné les 8 et 15 sep- tembre, se poursuivront le 22 septembre, avec en particulier le rassemblement intersyndical des 3 académies de la région parisienne au ministère,et dans la pers- pective d’une nouvelle action nationale le 13 octobre...

Florence Dursapt, Jean-Marie Barbazanges ma@snes.edu

NON-TITULAIRES

MERCREDI DE LA PRÉCARITÉ

D I R E C T I O N N AT I O N A L E D U S N E S

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL

Bernard Boisseau(relations avec la FSU, relations avec les S3/S2, action, coordination du secrétariat général, contacts avec le ministre, porte-parole du SNES).

Gisèle Jean(grands dossiers éducatifs, projet éducatif (SNES-FSU), suivi des secteurs pédagogiques, contenus, observatoires, suivi des secteurs hors de France, international, Europe, suivi du secteur juridique, suivi des CO-Psy).

Claudie Martens(secteur communication du SNES, suivi des secteurs FTS et formation syndicale, suivi du secteur Droits et Libertés,

Mornettas (trésorier), Luc Muller (secrétaire administratif), Monique Parra-Ponce,

Thierry Reygades, Daniel Robin, Frédérique Rolet, Nicole Sergent, Francis Valenti.

Secrétaires nationaux adjoints Gérard Anthéaume, Marylène Cahouet,

Vincent Caussé (S. cat. MI-SE), Annie Clavel (S. cat.

Retraités), Jean-Hervé Cohen, Nathalie Duceux, Fabrice Giovanazzi, Didier Pihoué (S. cat. Agrégés), Daniel Rallet, Catherine Remermier (S. cat.

CO-Psy), Piedade E Silva (S. cat. Non-titulaires), Evelyne Salé (S. cat. CPE), André Thomy.

Les responsables de catégorie peuvent être remplacés au Secrétarait national par leurs adjoints.

suivi des MI-SE et des assistants d’éducation).

Frédérique Rolet(Fonction publique, suivi des secteurs emploi, rémunérations, carrières, métier, suivi des secteurs formation des maîtres, recrutements, titularisation, suivi des CPE et des non-titulaires).

SECRÉTARIAT NATIONAL Secrétaires nationaux

Christophe Barbillat, Bernard Boisseau, Francis Berguin, Eugenio Bressan, Odile Cordelier, Françoise Dumont, Bernard Collongeon, Anne Feray, Roger Ferrari, Roland Hubert, Gisèle Jean, Elizabeth Labaye, Claudie Martens, Jean-Jacques

BORLOO

État d’urgence en Arles

Comme partout ailleurs dans l’académie, le SNES peut déclarer l’état d’urgence en pays d’Arles.

Urgence quand dans les collèges les effectifs des classes atteignent des niveaux de plus en plus insupportables et cela même quand ils sont en ZEP.

Urgence quand on doit accueillir en SEGPA de nouveaux élèves en privant les autres élèves de Cassin à Tarascon ou de Morel à Arles de locaux dont ils auraient besoin pour travailler dans des conditions normales.

Urgence quand on voit des lycées au bord de l’explosion comme les lycées Pasquet à Arles et Daudet à Tarascon

Urgence quand on voit 35 élèves dans la plupart des classes de Seconde du bassin.

Urgence quand on voit l’internat du lycée Montmajour privé d’infirmière.

Urgence quand on voit les administrations préparer la mise à mort des langues anciennes et des langues vivantes autres que l’anglais ou l’espagnol : une classe de latinistes de Cinquième par collège et pas davantage, fermeture du grec en Seconde au lycée Montmajour.

Urgence quand on voit les capacités d’accueil si insuffisantes des LEP du pays d’Arles.

Urgence pour les primo-arrivants toujours parqués dans des tunnels sans issues.

Oui, il est urgent de ne pas attendre la loi d’orientation et les coupes claires du budget 2005 pour réagir ! Maurice Blanc

Lycée Artaud à Marseille, où va-t-on ?

Moins de profs, moins de CPE, moins d’options et plus d’élèves...

Un lycée prévu pour 1 200 élèves en accueille 1 650 à la rentrée 2004, et chaque année d’avantage : des familles du secteur qui ne peuvent scolariser leurs enfants en Seconde, des élèves de Terminale STI qui sont obligés d’aller s’inscrire dans le privé, des options qui ferment, des classes de langue surchargées, un CPE que le rectorat nomme ailleurs, des postes de profs qui sont supprimés en lettres, une série littéraire qui se meurt, à quand l’implosion ou l’explosion... ? Il est temps de changer de politique.

Il est temps de se mobiliser massivement.

A. Barlatier

Trois cents manifestants devant le rectorat de Lille

À l’appel de l’intersyndicale et de la FCPE, le 8 septembre. L’objectif a été atteint : alerter l’opinion sur la situation de l’éducation et de ses personnels dans l’académie.

Lors de l’audience chez le nouveau recteur, l’air de la baisse démographique a été une énième fois entonné et les 5 points de la plate-forme revendicative ont fait l’objet de réponses dont le dénominateur commun est

« tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Disparition des MI-SE et des aides-

éducateurs : les assistants d’éducation c’est mieux ! Chômage de plus de 50 % de contractuels qui seront indemnisés en octobre, le budget et les

recrutements : il ne faut pas s’affoler ! Décentralisation : les personnels sont d’accord, vous n’avez rien compris ! Crédits de fonctionnement des CIO : il y aura une rallonge ! Situation des TZR : beaucoup n’ont pas travaillé l’an dernier !

La scolarisation des 2 ans mise en cause : phantasme...

Retour à la réalité avec les secrétaires d’une cinquantaine de S1 réunis ensuite en AG : augmentation des effectifs disparate mais réelle, options sacrifiées, emplois du temps profs et élèves sidérants, déréglementation des horaires disciplinaires dans un même établissement et invention de seuils de dédoublement, non-remplacement des CES- CEC, situation dramatique au niveau de la vie scolaire, baisse générale de l’AOG...

Jean-Claude Millecamps

DR

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EXTRAITS

R APPOR T THÉL O T

Adaptation formation emploi

A défaut de calquer son offre de formation sur une prospective d’emplois, l’École devra intégrer les deux éléments prévisionnels suivants :

• les performances économiques futures de la Nation dépendront de la richesse du « capital humain », ce qui conduit à justifier l’ambition d’accroître le niveau de formation et de qualification des individus ; mais l’incertitude de l’avenir conduit à souhaiter que cet accroissement ne se produise pas lors de la « formation initiale » : il devrait au contraire résulter de l’essor de la formation tout au long de la vie ;

• la part des emplois « peu qualifiés » ou requérant une qualification d’ordre « comportemental » ou « relationnel » demeurera considérable dans l’avenir : certains domaines d’activité (vente, services à la personne, etc.) devraient donner lieu à une création d’emplois importante ; dans les métiers d’employés et d’ouvriers peu qualifiés, la destruction des emplois sera plus que compensée par la nécessité de remplacer les départs massifs à la retraite qui vont intervenir à partir de 2005.

Définir le socle commun de l’indispensable,

les enseignements obligatoires et les enseignements optionnels

L’école doit d’une part transmettre à tous les élèves un socle commun à travers des enseignements obligatoires et d’autre part conduire chacun sur son terrain de réussite à travers des enseignements

complémentaires. (...) Il ne s’agit donc pas de contenus de

programmes, mais plutôt des éléments constitutifs d’un bagage, dont il convient de munir les jeunes, afin qu’ils aient acquis les éléments de savoir et les aptitudes de base nécessaires pour réussir leur vie d’adulte.

La Commission propose que le socle soit constitué de deux piliers (la langue française et les mathématiques), de deux compétences (l’anglais de communication internationale et les technologies de la

communication et de l’information), et de l’éducation à la vie en commun dans une société démocratique.

Une réorganisation de la scolarité obligatoire proposée par la Commission et qui repose sur :

– une différenciation des enseignements fondée sur un double partage entre des enseignements obligatoires et des enseignements optionnels, et, au sein des enseignements obligatoires, entre ce qui relève du socle et ce qui n’en relève pas.

– des parcours personnalisés pour les élèves au cours de la scolarité obligatoire

L’éducation à la vie en commun dans une société démocratique

L’éducation au vivre ensemble, dès l’école primaire, engage activement tous les élèves. Son champ s’étend de la politesse au politique. À partir du début du cycle de diversification, un créneau horaire sera plus particulièrement consacré à la formation de la personne et à l’éducation du citoyen.

L’organisation possible de la scolarité obligatoire

Cycle d’approfondissement.Il correspond aux quatre classes : Cours élémentaire II, Cours moyen I et II, auxquelles s’ajoute la Sixième. Les éléments de base sont approfondis tandis que de nouveaux champs sont introduits. Dans ce cycle la maîtrise du socle conditionne la possibilité de suivre des enseignements optionnels.

Cycle de diversification. Ce cycle regroupe les classes de Cinquième, Quatrième et Troisième de collège (...). Un certain nombre

d’enseignements sont proposés de manière optionnelle (...).

Ce cycle prépare aux futurs choix d’orientation.

La validation [Le brevet]

À l’issue du collège, un brevet d’études fondamentales aura pour double fonction de certifier la réelle maîtrise par les élèves du socle commun et d’évaluer les acquis des élèves dans les autres enseignements suivis, qu’ils soient obligatoires ou optionnels.

Il se compose de deux volets : un « certificat de maîtrise du socle » et une validation des autres enseignements.

Les élèves qui n’ont pas validé le socle n’ont pas vocation à poursuivre leur formation initiale parce qu’elle ne peut conduire qu’à l’échec. Ils ont, en revanche, une créance leur permettant ultérieurement de bénéficier d’une formation qui, articulée avec leur expérience, complètera leur maîtrise du socle et pourra déboucher sur une validation adaptée à leur projet professionnel.

Diversifier dès la première année du lycée

La Commission recommande que la diversification propre au lycée et qui soit favorable à la motivation des lycéens se marque de deux manières :

- une division en trois grands ensembles de voies, définis par leur finalité différente : les voies professionnelles conduisant directement à une insertion dans la vie professionnelle, les voies conduisant à des études supérieures courtes articulées à des professions ou des domaines identifiés, enfin les voies conduisant à des études supérieures longues ; - une « coloration » des voies dès la première année du lycée. (...) l’actuelle seconde de détermination serait donc abandonnée.

Les conseillers d’orientation

Ils assurent au sein des équipes éducatives un rôle de conseillers techniques, ils les aident à construire le dispositif et y participent, en tant que de besoin.

4

P

our la Commission Thélot, la réforme du système éducatif doit répondre à la nécessité de « faire vraiment réussir tous les élèves » (p.2).Pourtant,nombre de propositions vont totalement à l’encontre de cet objectif puisque la réussite, pour certains élèves, se réduirait à leur seule insertion professionnelle dans des

« emplois peu qualifiés ou requérant une qualification d’ordre comportementale » (p. 5).

L’organisation des enseignements proposée trahit bien cette régression. Le socle commun exigible à l’issue de la scolarité obligatoire dénote une vision indigente de l’indispensable, où savoir-être et éducation prennent le pas sur les savoirs. Pire : certains élèves seraient cantonnés à ce seul socle appauvri (lire, écrire, compter, s’exprimer... cliquer et vivre en société), tandis que d’autres pourraient suivre les autres enseignements

obligatoires, voire des enseignements optionnels. De plus, l’histoire-géographie n’est jamais citée, l’anglais s’imposerait à tous mais dans une version utilitariste, et le travail manuel ferait son retour.

C’est la mise en place d’un enseignement à la carte et d’une spécialisation précoce par le jeu des options dès la Cinquième, mais aussi le retour, pour certains, aux

« cours complémentaires » et « Écoles Primaires Supérieures » d’antan. D’ailleurs, la classe de Sixième serait rattachée au cycle d’approfondissement du primaire.

Avec un socle de base réduit au plus petit dénominateur commun,la Commission renonce à garantir une culture commune à tous les jeunes. Une hypothétique formation tout au long de la vie se développerait ainsi sur les cendres de la formation initiale.

L

e rapport s’inscrit complètement dans les recom- mandations européennes concernant l’Éducation nationale et l’orientation : capital de formation, for- mation différée sous couvert de formation tout au long de la vie, éducation à l’orientation assurée par les enseignants, suppression de la spécificité de psycho- logue jugée trop coûteuse.

L’instauration d’un cycle de diversification aboutirait à profiler les classes, dès la Cinquième, en fonction des orientations futures. Au lycée, le resserrement des sec- tions technologiques, notamment STT, pose problème.

Le silence sur la réorganisation de S est éloquent.

L’idée d’une « Éducation à l’orientation » devant abou- tir à un « projet réaliste et éclairé » en fin de collège cor- respond toujours aux mêmes conceptions erronées : Linéarité du projet, vision des adolescents comme des sujets uniquement cognitifs, prépondérance de l’in- formation dans l’élaboration des projets, égalité des élèves devant la projection dans l’avenir, égalité devant les « suggestions réalistes » induites par l’éducation à l’orientation (cf.étude effectuée par l’INETOP en Rhône-

Alpes). Elle est d’ailleurs contradictoire avec la situation d’incertitude que le rapporteur lui même met en avant concernant l’emploi.

On reste dans une logique de bilan d’une « person- nalité déjà là » plutôt que dans une perspective de développement et d’enrichissement. Les « rapides » prendront plusieurs options alors que les « lents » se consacreront au lire, écrire, compter !

On note le retour du conseil d’orientation des années 60 avec comme innovation la participation du privé,des CFA.

Le rapport propose la fusion de l’orientation et de l’af- fectation, et la perte du statut de psychologue pour les CO-Psy. La fonction est ouverte aux enseignants, les missions sont réduites à la mise en place technique de l’EAO et à l’information, au contact avec le monde pro- fessionnel. Plus rien sur le suivi, l’observation conti- nue, la contribution à la réussite scolaire qui sont dans nos missions.

Limitation de la prévention et du suivi au relationnel assuré par les infirmières.

COLLÈGE

APPRENTISSAGE DE LA CIVILITÉ

ORIENTATION

S

i la mission éducative de l’école est incontestable, on ne peut que s’inquiéter de l’importance attri- buée par la commission à l’éducation à la civilité. Pour

« faire face au défi que représente la montée de la violence, des incivilités et du communautarisme » (page 2) et afin de tenir compte de la « montée des inquiétudes face aux incivilités » (page 14), la com- mission serine à longueur de pages la nécessité de développer « l’éducation à la civilité et à la citoyen- neté » qui s’apparente, en fait, davantage à du dressage qu’à un apprentissage de la citoyenneté (dont la com- mission a une vision réactionnaire) : « L’école doit cul- tiver la civilité et préparer à l’exercice de la citoyenneté.

Civilité et citoyenneté ne peuvent être confondues.

L’apprentissage de la politesse doit précéder l’initiation à la politique » (page 18) ; « la commission insiste sur la présence des règles de comportement dans le socle des indispensables » (page 7). L’accent mis sur l’édu- cation à la civilité, qui constitue le 1erdes trois grands principes que la commission entend assigner à l’école, s’explique par la volonté de prendre en compte les demandes du patronat : « Le monde de l’entreprise – à travers son insistance sur les règles de socialisation dans le processus de formation d’actifs qualifiés – paraît plus demandeur en « éducation » que d’autres acteurs ou partenaires de l’école » (page 16).

L’US N° 606 •18/09/2004

Le prérapport Thélot n’a plus grand chose à voir avec le « Miroir du débat ».

Il propose une réponse en huit programmes d’actions qui conduisent à l’abandon d’une véritable ambition pour le système éducatif (substitution du socle commun aux objectifs des 80 % et d’une qualification pour tous les jeunes sortant

du système éducatif ; voir p. 1), à une redéfinition des missions des enseignants et à l’alourdissement de leurs tâches, à de nouveaux modes de gestion

et d’organisation des établissements qui en alourdiront le fonctionnement.

La nouvelle loi d’orientation est décidément bien mal partie !

RAPPORT THÉLOT ET LOI D’ORIENTATION

VRAIMENT TRÈS M

(5)

EXTRAITS

5

F

ormation des enseignants, services et missions sont conçus dans le rapport Thélot en lien avec le projet éducatif prôné, celui d’un socle dominé par l’utilitarisme, celui aussi d’un cloisonnement des dif- férentes formations.

Pour dispenser le « socle », en particulier dans le cycle d’approfondissement (du CE2 à la Sixième), les nou- veaux PLC nommés en collège seraient polyvalents.

Recrutés dès après l’obtention de la licence, dans le cadre d’un concours national à affectation régiona- lisée, ils auraient ensuite droit à deux années de for- mation professionnelle en IUFM, pendant lesquelles serait aussi dispensée une discipline complémen- taire d’enseignement.

Bien loin de renforcer la liaison nécessaire entre IUFM et Universités, ce schéma réduit ces derniers à des écoles professionnelles, ne laisse pas de place aux approfondissements disciplinaires, organise la biva- lence, mettant ainsi en musique une régression sans précédent de la qualification enseignante.

Quant à la formation continue, elle est rendue obli- gatoire hors temps d’enseignement et devrait être

évaluée, avec des incidences sur la carrière, avec le risque d’un renforcement du contrôle des chefs d’éta- blissement.

Ces derniers voient d’ailleurs leur rôle accru dans toute une série de domaines, sur fond d’autonomie des établissements. Ainsi, c’est au niveau de l’éta- blissement que le temps de présence des ensei- gnants serait fixé, en l’allongeant de 4 à 8 heures/semaine, en fonction des tâches à effec- tuer, elles aussi définies localement !

Ces tâches, pour beaucoup déjà effectuées par les enseignants (heures de vie de classe, aide individua- lisée, remise à niveau...), au lieu d’être intégrées dans le service seraient assurées en plus, au mieux rému- nérées en HS.

La conception du métier sur laquelle reposent ces pro- positions privilégie l’empilement des tâches, fait l’im- passe sur la relation pédagogique et la construction des savoirs en décentrant fortement le métier, en l’encadrant au lieu de favoriser l’initiative des équipes, en le saturant de charges d’éducation hors la classe, en niant la réalité des équipes éducatives.

MISSIONS

DES ENSEIGNANTS

L

e chapitre 5 préconise « La valorisation de ceux qui à côté des enseignants se consacrent à des tâches d’éducation » et accorde une dimension importante à la fonction éducative. Sa déclinaison ne peut que nous inquiéter. Les MI-SE sont totalement ignorés dans cette nouvelle conception de la vie de l’établissement, pourtant, la présence de jeunes adultes est reconnue précieuse dans l’encadrement des élèves mais seuls les assistants d’éducation sont cités.

Ils assureront de la surveillance, et investiront éga- lement le champ d’intervention des CPE. Quant aux CPE, ils intégreront l’équipe de direction dans un

grand nombre d’établissements dans une nouvelle fonction, ainsi libellée : directeur de la vie éducative.

Mais pas tous, puisqu’il faudra être choisi par le chef d’établissement. Ces nouvelles missions seront plus proches de celles des surveillants généraux que des CPE. Est-ce véritablement une valorisation ? Cette fonction pourra également être assurée par un ensei- gnant en reconversion... Nous sommes très éloignés de notre conception de la vie scolaire «sticto sensu», de l’aide et du soutien que nous apportons aux élèves, de la complémentarité avec les enseignants.

C’est une transformation profonde de nos métiers qui ne peut que nous inquiéter.

VIE DE L’ÉTABLISSEMENT

L’organisation des collèges et des lycées

... [Un] nouveau directeur de la vie éducative, choisi par le chef d’établissement parmi les CPE se verrait confier l’organisation de la vie scolaire et la mise en œuvre de plusieurs fonctions : la surveillance, l’apprentissage de la civilité et l’éducation à la citoyenneté, l’orientation (en collaboration avec les conseillers d’orientation et les enseignants) ainsi que, en liaison avec les enseignants responsables de la pédagogie, l’accompagnement pédagogique des élèves.

La Commission propose de faire émerger dans les collèges et les lycées un niveau de responsabilité supplémentaire au sein de l’équipe pédagogique en instituant un directeur des études intégré à l’équipe de direction, la Commission propose de définir la dotation horaire globale de chaque établissement à partir de trois « corbeilles » : une dotation identique pour tous permettant d’assurer les enseignements communs ; 8 % à 10 % de la dotation horaire globale laissés à son libre usage contractualisé ; une dotation supplémentaire (qui pourrait aller de 0 % à 25 % de la dotation horaire globale) dévolue sur critères spécifiques, de manière à promouvoir la mixité sociale et le soutien des types d’élèves les plus défavorisés.

La Commission préconise de donner aux collèges et aux lycées eux- mêmes la responsabilité de trouver les ressources nécessaires pour pallier dans les 48 heures l’absence ou l’indisponibilité d’un professeur.

Agir de façon dérogatoire dans les établissements très difficiles

... La Commission recommande alors de ne pas hésiter, dans ces cas, à l’accompagner de mesures dérogatoires : nominations (de chefs d’établissement, d’enseignants, de personnels ATOS), pratiques pédagogiques (réduction du service des enseignants, concentration sur quelques points du programme, individualisation et mise en œuvre de dispositifs spécifiques, etc.), partenariats renforcés (avec les élus, avec les entreprises, avec la police et la justice, etc.).

Par exemple, le chef d’établissement doit pouvoir émettre une préférence sur l’ensemble des personnes amenées à travailler dans l’établissement, ou émettre un avis défavorable sur un départ précoce qui romprait l’équipe pédagogique.

Dans l’équipe éducative, redéfinir le métier d’enseignant

La Commission préconise une nouvelle approche de l’enseignant du

XXIesiècle :

– une organisation du travail des enseignants prenant en compte les autres missions que celle de l’enseignement : suivi des élèves, relations avec les parents, travail en équipe, etc. Dans le cas des professeurs de collège et de lycée, cette nouvelle organisation implique un allongement du temps de présence dans l’établissement scolaire ; elle sera proposée aux enseignants en place, qui pourront la choisir ou non, à leur gré, mais elle s’appliquera en revanche à tous les jeunes recrutés ;

– une vraie gestion des ressources humaines qui consiste en :

• une formation initiale plus professionnalisante, conduite sur deux ans et en alternance ;

• de meilleurs débuts de carrière : seuls les volontaires seront affectés, à la sortie de leur formation, dans les établissement difficiles ;

• un accroissement de la rémunération au prorata de l’allongement du temps de présence ;

• une évaluation régulière, renouvelée et suivi d’effets.

La Commission... suggère une certaine polyvalence pour les PLC, lorsqu’ils enseignent en collège et une certaine spécialisation des PE lorsqu’ils exercent dans le cycle d’approfondissement. Il s’agit de permettre des interventions de PE en Sixième et des interventions de PLC dans les années élémentaires de ce cycle.

Aussi la Commission propose-t-elle que le cadre national de la définition du service d’un professeur de lycée et collège soit redéfini et qu’à côté du service actuel, les missions relevées ci-dessus soient régulièrement inscrites et rémunérées. Cette proposition devrait se traduire par un allongement du temps de présence des enseignants de second degré dans les établissements, de quatre à huit heures par semaine par exemple. La définition précise de la distribution de ce temps de travail complémentaire s’inscrirait dans le contexte du contrat d’établissement, elle varierait en fonction des besoins des élèves et des compétences des enseignants. Dans le prolongement de pratiques existantes, mais disséminées, cette proposition, parce qu’elle bouleverse les habitudes, devrait être la règle pour les PLC nouvellement recrutés et simplement proposée au choix des autres.

La formation professionnelle initiale de deux ans

Dans le second degré, l’organisation de la formation [professionnelle initiale] pourrait se dérouler de la manière suivante : douze heures hebdomadaires de service pendant deux ans dans deux types d’établissements différents...

Les 360 heures de formation sur deux ans (une journée par semaine) sont consacrées à la didactique de la discipline de recrutement, à celle de la discipline complémentaire de choix et aux éléments de législation, déontologie, d’éthique et de connaissance du système éducatif.

La formation continue

La formation continue devrait devenir une obligation professionnelle...

Une partie importante de cette formation doit se dérouler dans le cas du service renouvelé des enseignants du second degré pendant le temps de travail des professeurs, mais hors du temps consacré à l’enseignement.

R APPOR T THÉL O T

©Clément Martin

L’US N° 606 •18/09/2004

MAL PARTI

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