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Les sources alchimiques de Vincent de Beauvais

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Academic year: 2021

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Submitted on 22 Apr 2013

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Moureau Sébastien

To cite this version:

Moureau Sébastien. Les sources alchimiques de Vincent de Beauvais. Spicae, Cahiers de l’Atelier Vincent de Beauvais, Nouvelle série, 2012, pp.5-118. �halshs-00816417�

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Nouvelle série, 2, 2012, p. 5-118

Les sources alchimiques de Vincent de Beauvais

1

Sébastien Moureau

Chargé de recherches au F.R.S./FNRS à l’Université catholique de Louvain

Résumé : Dans l’article, l’auteur inventorie, identifie et compare les sources alchimiques citées dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale de Vincent de Beauvais. Outre les traités spécifiquement alchimiques, généralement d’origine arabe, Vincent de Beauvais utilise également les passages consacrés à l’alchimie dans un certain nombre de textes dont l’art de la transmutation n’est pas le sujet principal. En annexe de l’article, on trouvera une comparaison exhaustive des citations sur l’alchimie identifiées avec le texte du Speculum maius de l’édition de Douai.

Abstract : The author inventories, identifies and compares the alchemical sources cited in the Speculum naturale and the Speculum doctrinale of Vincent of Beauvais. Apart from specifically alchemical treatises which are generally of Arabic origin, Vincent of Beauvais draws equally on passages devoted to alchemy in texts in which the art of transmutation is not the main subject. The appendix of the article contains a thorough comparison of alchemy-related citations identified in the text of the Douay edition of the Speculum maius.

Miroir de l’état des connaissances au milieu du XIIIe siècle, l’œuvre encyclopédique de Vincent de Beauvais ne cesse d’être étudiée depuis des années par les chercheurs. Mais l’abondance d’informations et de domaines couverts par le dominicain est loin d’avoir été épuisée. L’alchimie,

1 Cet article est le résultat de recherches menées lors d’un post-doc à l’Atelier Vincent de Beauvais du Centre de Médiévistique Jean-Schneider (ERL 7229) de l’Université de Lorraine en 2010-2011, et rédigées lors d’un post-doc à l’Université catholique de Louvain (depuis 2011). Je remercie avant tout Isabelle Draelants et Eduard Frunzeanu : plusieurs conclusions présentées dans cet article sont le fruit de discussions avec eux. La composition et la rédaction de ce dossier n’auraient pas été possibles sans eux. Je remercie également Catherine Arbuthnott, Charlotte Bodart, Cécile Bonmariage, Andrée Colinet, Marie-Christine Duchenne, Ilse De Vos et Jan Keymeulen pour leur aide précieuse. J’adresse aussi des remerciements à Jean-Marc Mandosio et Baudouin Van den Abeele pour leur relecture attentive et leurs suggestions pertinentes. Enfin, toute ma gratitude va à Vincent de Beauvais lui-même, entre autres pour s’être intéressé à l’alchimie et avoir indiqué ses sources sans trop d’obscurité.

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science encore jeune au XIIIe siècle, fait partie de ces champs de connaissance. Elle est introduite en Occident latin lors du mouvement des traductions arabo-latines des XIIe et XIIIe siècles. On considère généralement comme limite la première traduction latine d’un traité arabe alchimique complet qui soit datée, la traduction du Liber de compositione alchimiae, attribué à l’alchimiste légendaire Morien, réalisée en 1144 par Robert de Chester ; cependant, cette étape est un terme symbolique, car la plupart des traductions de textes alchimiques ne sont pas datées2. Mais l’art de la transmutation passionne rapidement les Occidentaux, et Vincent de Beauvais lui accorde une place considérable dans son œuvre, se faisant le témoin du statut de l’alchimie au XIIIe siècle.

Cependant, si quelques études ont été produites à ce sujet3, elles n’ont rien de systématique. En examinant toutes les citations relatives à ce domaine dans le Speculum maius, je tends à combler cette lacune en clarifiant les opinions émises pour apporter de nouveaux éléments de réflexion.

Cette étude se focalise ainsi sur l’identification et l’analyse des sources alchimiques du Speculum maius de Vincent de Beauvais ; elle porte principalement sur la version trifaria (terminée vers 1259), dans laquelle l’alchimie est abordée abondamment, mais s’attarde également quelque peu sur la version bifaria (antérieure à 1244)  ; le but n’est pas de définir une doctrine des métaux chez Vincent de Beauvais, exercice quelque peu artificiel et souvent périlleux, ni de cerner l’opinion de Vincent de Beauvais sur l’alchimie, ce qui a déjà été fait4. Mon intention est aussi de proposer aux chercheurs un outil précieux en annexe : la comparaison intégrale des extraits relatifs à l’alchimie du Speculum naturale (= SN), du Speculum doctrinale (= SD) et de leurs sources identifiées5. Ces outils ont été construits grâce au corpus Sourcencyme (Sources des encyclopédies médiévales) mis en œuvre par Isabelle Draelants à l’Atelier Vincent de Beauvais du Centre de Médiévistique Jean-Schneider (ERL 7229) de l’Université de Lorraine6, et permettent des études analytiques de l’utilisation des sources alchimiques dans le Speculum maius.

Après un rapide état de la question, les méthodes de délimitation du corpus et d’identification des sources sont présentées. Ensuite vient l’examen systématique de chaque autorité citée et

2 1144 est une date indicative pour l’amorce du mouvement de traductions de textes alchimiques. Pour plus d’informations, cf. Robert Halleux, « La réception de l’alchimie arabe en Occident », in Histoire des sciences arabes, III : Technologie, alchimie et sciences de la vie, Roshdi Rashed (dir.), Paris, 1997, p. 143-154 (ici, p. 143-146).

3 Cf. ci-dessous.

4 Cf. ci-dessous, l’état de la question.

5 Je mets en outre à disposition une base de données synoptique des extraits du Speculum naturale et du Speculum doctrinale correspondants, à titre informatif, qui pourra être utile d’ici à la mise en ligne de la base de données Sourcencyme : http://medievistique.univ-nancy2.fr/contentId%3D9213.Il s’agit d’un outil utilisé pendant l’élaboration de cette étude, et non de résultats définitifs tels que cet article et son annexe.

6 Il contient de grandes encyclopédies médiévales intégralement saisies et enregistrées, et permet aux spécialistes d’introduire les identifications des citations au fur et à mesure de leur travail. La mise en ligne est prévue en 2013. Sourcencyme a été financé lors d’une première phase par l’Agence nationale pour la recherche, de 2007 à 2011. Le dossier des identifications des sources alchimiques, réalisé par mes soins, est le fondement de cette étude. Cf. http://medievistique.univ-nancy2.fr/contentId%3D6819. Cf. Isabelle Draelants, avec la collaboration d’Emmanuelle Kuhry, « Les sources mises en ligne par des médiévistes à l’Université de Nancy. En particulier, le programme “Sourcencyme” de corpus annoté des textes encyclopédiques latins et de leurs sources », in Actes de la Journée d’étude ‘Digital Edition of Sources in Europe: Achievements, (juridical and technical) Problems and Prospects’, organisée aux Archives générales du Royaume à l’occasion des 175 ans de la Commission Royale d’Histoire, Th. De Hemptinne, J. L. De Paepe (dir.), Bruxelles, 2010 (Bulletin de la Commission royale d’Histoire), p. 121-150.

Disponible en ligne : http://www.crhistoire.be/portaHistoricaDoc/draelants.pdf.

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l’utilisation qu’en font Vincent de Beauvais et ses frères7 ; ces autorités sont classées selon le type de collecte puis selon l’ordre de longueur des citations, en ordre de fréquence décroissante, à partir de l’autorité la plus citée (à l’exception de l’Actor, placé à la fin de l’article).

Introduction

État de la question

La première étude de l’alchimie chez Vincent de Beauvais est celle de Marcellin Berthelot8. Dans son ouvrage sur l’histoire de la chimie au Moyen Âge, le célèbre chimiste consacre quelques pages au Speculum maius, dans lesquelles il s’intéresse avant tout à l’opinion de Vincent de Beauvais lui-même ainsi qu’au contenu des citations. Il y présente un bon résumé des passages du Speculum naturale sur l’alchimie. Mais l’essai de dégager une doctrine propre à Vincent de Beauvais tourne vite court ; Berthelot constate en effet que, si les textes cités par Vincent de Beauvais prônent le plus souvent les mêmes idées, ils diffèrent cependant en ce qui concerne les détails, ce qui rend incohérent le tout. On observe quelques généralisations, ainsi que quelques erreurs historiques : Berthelot voit en Vincent de Beauvais le témoin de la connaissance des alchimistes de son temps, et prône l’utilisation du Speculum maius pour dater le contenu des traités alchimiques, alors que Vincent de Beauvais n’utilise qu’un certain nombre de traités, et témoigne uniquement de la connaissance de l’alchimie par les non-alchimistes de son époque.

En 1944, Pauline Aiken s’intéresse secondairement à l’alchimie chez Vincent de Beauvais dans son article Vincent of Beauvais and Chaucer’s Knowledge of Alchemy9. Cet article consacré principalement à Chaucer présente quelques imperfections dans la mesure où Aiken tente de définir la doctrine alchimique de Vincent comme si c’était une composition propre, sans tenir compte du caractère encyclopédique du Speculum maius, et trahit un manque de connaissance des textes alchimiques (par exemple, le De anima attribué à Avicenne qui est cité par Vincent de Beauvais n’est en rien le De anima authentique d’Avicenne).

En 1976, Chiara Crisciani présente une brève étude sur les liens entre l’alchimie et les dominicains au XIIIe siècle10. Elle tire d’intéressantes conclusions sur la façon dont Vincent de

7 Je ne m’attarde pas sur les méthodes de travail de Vincent de Beauvais et sur les informations connues sur les socii qui l’entouraient. J’utilise le nom générique de Vincent de Beauvais pour désigner toute l’équipe qui travaillait avec lui. Cf. Isabelle Draelants, Monique Paulmier-Foucart, « Échanges dans la societas des naturalistes au milieu du XIIIe siècle : Arnold de Saxe, Vincent de Beauvais et Albert le Grand », in Par les mots et les textes, Mélanges de langue, de littérature et d’Histoire des sciences médiévales offerts à Claude Thomasset, Danièle James-Raoul, Olivier Soutet (dir.), Paris, 2005, p. 219-238.

8 Marcellin Berthelot, Histoire des sciences. La chimie au Moyen Âge, avec la collaboration de O. Houdas pour les textes arabes, Paris, 1893, 3 t. (ici, t. 1, p. 280-289).

9 Pauline Aiken, « Vincent of Beauvais and Chaucer’s Knowledge of Alchemy », in Studies in Philology, 41, 1944, p. 371-389.

10 Chiara Crisciani, «  I Domenicani e la tradizione alchemica nel duecento  », in Atti del Congresso Internazionale, n°2, S. Tommaso nella Storia del Pensiero, no 2, Napoli, 1976, p. 35-42 (ici, p. 37-38). Cf. également l’article de F. Sherwood Taylor, « Presidential Address: The Theory of Metals in the Works of the 13th-Century Encyclopaedists », in Bulletin of the British Society for the History of Science, 1, 1952, p. 195-204, dont Vincent de

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Beauvais considère l’alchimie comme un art mécanique.

Dans le même ordre d’idées, Jean-Marc Mandosio publie en 1993 un article consacré à l’alchimie dans la classification des sciences et des arts à la Renaissance11. Il propose au début de son article une brève étude de la place de l’alchimie dans les classifications du XIIIe siècle, et y souligne les opinions de Vincent de Beauvais. Ce dernier se fonde sur les classifications d’Hugues de Saint-Victor et de Richard de Saint-Victor, et considère l’alchimie comme un art mécanique, c’est-à-dire relevant des arts « qui, d’après les définitions courantes de la science, ne s’efforcent pas de comprendre en le théorisant le ‘pourquoi’ des choses  »12. Ainsi, Vincent de Beauvais tient l’alchimie pour un art qui se limite à de simples opérations manuelles, une pratique sans théorie, une technique qui manipule des forces sans chercher à les comprendre. Il en fait un art subordonné à d’autres (médecine, métallurgie). Il ne nie cependant pas la possibilité de l’existence d’une théorie des arts mécaniques, mais elle est d’une certaine manière extérieure à eux, les artisans ne la possèdent pas13.

En 1991, William Newman se penche brièvement sur la place de Vincent de Beauvais dans l’« Alchemical debate » du XIIIe siècle concernant la possibilité de la transmutation des espèces14.

C’est en 1998 que paraît un article plus spécifiquement consacré à l’alchimie chez Vincent de Beauvais et d’autres encyclopédistes du XIIIe siècle, publié par Marie Claude Déprez-Masson15. Il constitue une bonne contribution à la question ; son intérêt principal réside dans les résumés fiables de la structure des passages du Speculum maius sur l’alchimie (p. 133-135), et une esquisse de l’évolution entre la version bifaria du Speculum maius et la version trifaria (p. 136-142).

En revanche, l’identification est laissée de côté, et l’étude comporte plusieurs erreurs : Déprez- Masson considère comme primaires des sources internes, par exemple l’Armenides qui est en réalité une citation du De aluminibus et salibus qui contient elle-même une phrase attribuée à Armenides. En conséquence, les conclusions se révèlent douteuses voire erronées, mais peuvent être complétées par les articles de Chiara Crisciani et Jean-Marc Mandosio.

Dans son ouvrage Scolastique et Alchimie publié en 200916, Sylvain Matton offre aux pages 739-764 le texte des chapitres 105-133 du livre XI du Speculum doctrinale. Il utilise l’édition de 1591 de Venise, et propose en apparat les leçons des extraits correspondants du Speculum naturale.

Beauvais est hélas presque absent.

11 Jean-Marc Mandosio, «  La place de l’alchimie dans les classifications des sciences et des arts à la Renaissance  », in Chrysopoeia, 4, 1990-1991, p.  199-282 (ici, p.  200-206), et la version abrégée de l’article, Id., « L’alchimie dans les classifications des sciences et des arts à la Renaissance », in Alchimie et philosophie à la Renaissance. Actes du colloque international de Tours, 1991, Jean-Claude Margolin et Sylvain Matton (dir.), Paris, 1993, p. 11-41.

12 Barbara Obrist, « Art et nature dans l’alchimie médiévale », in Revue d’histoire des sciences, 49, 1996, p. 215-286 (ici, p. 224).

13 Cette conception n’est pas la plus répandue au XIIIe siècle, cf. Obrist, Art et nature..., p. 224.

14 William R. Newman, The Summa perfectionis of Pseudo-Geber, A critical edition, translation and study, Leiden, p. 15-25.

15 Marie-Claude Déprez-Masson, « L’alchimie dans les encyclopédies du XIIIe siècle : Vincent de Beauvais et ses confrères », in Encyclopédies médiévales, discours et savoirs, B. Baillaud, J. de Gramont et D. Hüe (dir.), Rennes, 1998, p. 117-142, en particulier les p. 131-142 consacrées à Vincent de Beauvais.

16 Sylvain Matton, Philosophie et Alchimie à la Renaissance et à l’Âge classique. I. Scolastique et Alchimie (XVIe-XVIIe siècles), Paris, 2009, (Textes et Travaux de Chrysopoeia, 10).

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Récemment, Jean-Marc Mandosio publie un article sur l’acier dans lequel il analyse plusieurs passages du Speculum maius de Vincent de Beauvais17 et les met en contraste avec les descriptions de l’acier dans le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré et le De anima alchimique du Pseudo-Avicenne, entre autres textes.

Le dossier sur l’alchimie chez Vincent de Beauvais présenté ici n’est pas la première étude exhaustive d’un domaine du savoir dans l’encyclopédie du dominicain : la logique a fait l’objet de la thèse de Serge Lusignan, la médecine a été analysée par Stefan Schuler, et le droit par Mario Cardinale18, mais aucun n’a offert une identification complète des sources employées par Vincent de Beauvais.

L’alchimie chez Vincent de Beauvais

Sur les citations consacrées à l’alchimie dans la version bifaria du Speculum maius, nous connaissons peu de choses. On trouve quelques passages sur la minéralogie au livre  V, qui concerne l’œuvre du troisième jour de la création (Quintus agit de inicio operis tercie diei id est de dispositione partium inferiorum huius mundi et habet (CXXXIII) capitula)19. On sait également que le livre XXV, perdu à ce jour, était consacré aux arts mécaniques (De mechanica et eius speciebus) ; il contenait peut-être des données sur l’alchimie (les manuscrits de la bifaria conservés ne couvrent que les livres I à VIII).

Dans la version trifaria du Speculum maius, l’alchimie est principalement abordée dans deux parties. Dans le Speculum naturale, au livre  VII, consacré à l’œuvre du troisième jour de la création, c’est-à-dire à la minéralogie, aux corpora mineralia20, Vincent de Beauvais élargit la matière du livre V de la bifaria, qu’il développe par ailleurs en quatre livres distincts dans la trifaria. On lit dans la citation de l’Actor au début du chapitre 1 du livre VII :

« Après avoir parlé de la nature de la terre, de sa fertilité et de sa culture, ainsi que des phénomènes qui l’affectent et des vapeurs, il reste à parler des corps terrestres qui apparaissent en partie dans les entrailles de la terre, en partie à sa surface, c’est-à-dire les minéraux, les couleurs naturelles et les pierres. Nous les avons en effet retranchés du livre précédent, pour éviter une désagréable prolixité, et les avons réservées pour les (présenter) de manière plus détaillée dans les (livres) suivants. Ainsi, nous allons maintenant commencer par les corps minéraux. »21

17 Jean-Marc Mandosio, « L’acier dans la minéralogie et l’alchimie médiévales », in L’acier en Europe avant Bessemer, P. Dillmann, L. Pérez et C. Verna (éd.), Toulouse, 2011, p. 95-109, en particulier p. 97-100.

18 Serge Lusignan, Le Speculum doctrinale, livre III : étude de la logique dans le miroir des sciences de Vincent de Beauvais, thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal, 1971  ; Stefan Schuler, « Medicina secunda philosophia. Die Einordnung der Medizin als Hauptdisziplin und die Gruppierung ihrer Quellen in Speculum maius des Vinzenz von Beauvais », in Frühmittelalterliche Studien, 33, 1999, p. 169-251 ; et Mario Cardinale, « Diritto canonico e diritto romano nella struttura dello Speculum doctrinale di Vincent de Beauvais (Premesse a una edizione critica) », in Apollinaris, 63, 1990, p. 681-727.

19 Pour plus de détails sur le livre V de la version bifaria, cf. le site de l’Atelier Vincent de Beauvais, page http://medievistique.univ-nancy2.fr/contentId%3D7973. Pour plus d’informations sur la version bifaria, cf.  la page http://medievistique.univ-nancy2.fr/contentId%3D7961.

20 Le livre VIII est consacré aux pierres.

21 Dicto de terre natura et eius fecunditate atque cultura, de ipsius quoque passionibus atque vaporibus, restat dicendum de quibusdam terrenis corporibus partim in visceribus terre, partim in eius superficie apparentibus, videlicet de mineralibus et marinis coloribus {nativis coloribus Paris, BnF Lat. 14387} atque lapidibus. Hec etenim a libro supe- riori, ob vitandum prolixitatis fastidium, rescindentes, in sequentibus prosequenda diffusius reservavimus. Nunc igitur a

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Dans le Speculum doctrinale, Vincent de Beauvais s’intéresse spécifiquement à l’alchimie au livre XI, consacré aux arts mécaniques22, aux chapitres 105 à 133. On trouve en outre quelques passages disséminés dans les autres livres : à la fin des livres V et VI du Speculum naturale, dans les descriptions du sel, de l’alun, du verre, et des corps terrestres, et au livre XV du Speculum doctrinale, dont les chapitres 57 à 65 portent sur les mineralia23.

Le livre VII du Speculum naturale s’articule de la sorte. Vincent de Beauvais commence par présenter des principes théoriques sur les métaux et leur origine (théorie du soufre et du mercure) ; puis il discute rapidement les applications concrètes des opérations alchimiques ; il donne ensuite une longue description des différentes matières (surtout les métaux, ainsi que les esprits et d’autres substances) selon un schéma régulier (définition et nature ; travail en alchimie ; usages médicaux). L’ordre des métaux cités est le suivant : or, argent, cuivre, (laiton), étain, plomb et fer, parmi lesquels sont insérées des descriptions de divers produits dérivés de ces métaux (sels, etc.). Du chapitre 81 au chapitre 97, il se penche sur des sujets plus directement alchimiques : l’élixir, la transmutation, les instruments des alchimistes, et différentes opérations. Aux chapitres 84 à 86, il fait écho au riche débat du XIIIe siècle sur la possibilité de la transmutation24. Les chapitres 98 à 104 reprennent des descriptions de diverses substances.

La structure des chapitres 105 à 133 du livre XI du Speculum doctrinale est assez proche de celle du livre VII du Speculum naturale, à l’exception de quelques points : tout d’abord, le nombre de citations est bien moindre dans le Speculum doctrinale, et Vincent de Beauvais commence par la question de la possibilité de la transmutation. Les opérations sur les substances sont insérées dans les chapitres contenant les descriptions des substances. L’ordre des métaux cités est légèrement différent : or, argent, cuivre, fer, étain et plomb. Le Speculum doctrinale propose un condensé synthétique du contenu du livre VII du Speculum naturale, plus directement axé sur l’alchimie, mais dont de nombreuses citations sur la métallurgie sont absentes.

Délimitation du corpus de citations25

Une des difficultés de ce travail a consisté à délimiter le corpus de citations. Se limiter aux citations purement alchimiques, c’est-à-dire aux citations ne traitant que stricto sensu de la transmutation ou de la teinture des métaux, n’était pas envisageable, car trop restreint pour apporter des résultats significatifs. J’ai donc élargi la collecte à la métallurgie, ou encore à la minéralogie, à l’exclusion des pierres (qui font l’objet du livre VIII et présentent des sources différentes)26 et les processus plus généraux (qui sont repris dans de trop nombreux endroits du Speculum maius). Le noyau a donc d’abord été collecté à partir du livre VII du Speculum

corporibus mineralibus exordium capiamus.

22 Le livre est intitulé : Liber undecimus agit de artibus mechanicis, videlicet de lanificio, de architectura, de arte fabrili, de armatura quoque et arte militari, de arte theatrica, de navigatione et mercatura, de venatione et agricultura et alchimia. Et habet CXXXIII capitula.

23 La matière minéralogique du Speculum maius est abordée dans I. Draelants, « La science encyclopédique des pierres au 13e siècle : l’apogée d’une veine minéralogique », in Aux origines de la géologie de l’Antiquité au Moyen Âge. Actes du colloque international 10-12 mars 2005, Paris Sorbonne (Paris IV), Cl. Thomasset, J. Ducos et J.- P. Chambon (dir.), Paris, 2010, p. 91-139.

24 Cf. ci-dessous p. 30.

25 L’explication détaillée du système d’abréviation et de référencement se trouve au début de l’annexe I.

26 Cf. note 23.

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naturale et des chapitres 105 à 133 du livre XI du Speculum doctrinale, puis étendu à quelques passages de la fin des livres V et VI du Speculum naturale et à quelques extraits du livre XV du Speculum doctrinale. Certaines citations ont été exclues : les sources qui n’ont pas de lien évident avec l’alchimie, qui ne sont pas des textes alchimiques ou qui ne sont pas liées assez directement à l’alchimie et la minéralogie. Ainsi, je n’analyse pas les citations de Pline et d’Isidore, ni les autorités médicales comme Hali (‘Alī ibn al-‘Abbās al-Majūsī), même lorsqu’elles portent sur les qualités thérapeutiques des substances également utilisées dans l’alchimie (mercure, etc.).

Toutefois, j’ai pris en considération les citations du Liber de natura rerum, du Philosophus, des Meteora, ainsi que du De vaporibus attribué à Averroès, car elles sont aussi employées comme des textes alchimiques dans le Speculum naturale, c’est-à-dire dans des chapitres spécialement consacrés à l’alchimie par Vincent de Beauvais.

Ainsi, deux groupes de citations se dégagent : les traités spécifiquement alchimiques, dont je collecte les citations de manière exhaustive dans le Speculum maius, que Vincent de Beauvais utilise pour décrire l’alchimie, et des traités plus généraux, dont je collecte les citations de manière exhaustive dans le Speculum maius, auxquels Vincent de Beauvais a recours dans différents domaines.

De la sorte, j’ai délimité un corpus de 178 citations27, 110 dans le Speculum naturale et 68 dans le Speculum doctrinale, divisées selon dix « marqueurs »28. Vincent de Beauvais cite ainsi : le De anima alchimique du pseudo-Avicenne, un Alchimista et une Doctrina alchimiae (non identifiés), le De aluminibus et salibus, l’Epistola ad Hasen regem de re tecta attribuée à Avicenne, les Meteora (c’est-à-dire les Météorologiques d’Aristote, livre III et IV, et le De mineralibus d’Avicenne), un De vaporibus qu’il attribue à Averroès (en réalité les Quaestiones Nicolai Peripatetici), un Liber de natura rerum (à savoir le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré et le Liber de naturis rerum du pseudo-John Folsham), un Philosophus (non identifié, qui cite le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré et le Liber de naturis rerum du pseudo-John Folsham), et l’Actor (vraisemblablement Vincent de Beauvais lui-même).

Dans le tableau et le graphique qui suivent sont notées les statistiques quantitatives des 178 citations analysées pour cet article. La première colonne contient le marqueur trouvé dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale29. Les lignes qui ne sont pas en gras sont une décomposition de la ligne précédente : par exemple, la ligne du marqueur Meteora en gras est suivie de trois lignes qui ne sont pas en gras qui notent les trois parties des Meteora qui sont citées dans notre contexte (le livre III et le livre IV des Météorologiques d’Aristote, et le De mineralibus d’Avicenne). La seconde colonne décrit le type de collecte que j’ai faite : exhaustive

27 On trouvera la liste complète de ces citations dans l’annexe, ainsi que leur texte complet avec identification et comparaison entre le Speculum naturale et le Speculum doctrinale. Pour plus de détails sur les citations relatives à la philosophie de la nature chez Vincent de Beauvais, cf. Isabelle Draelants, « La science naturelle et ses sources chez Barthélemy l’Anglais et les encyclopédistes contemporains », in Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum.

Texte latin et réception vernaculaire. Lateinischer Text und volkssprachige Rezeption, Baudouin Van den Abeele et Heinz Meyer (dir.), Turnhout, 2005 (De diversis artibus, Coll. de travaux de l’Académie internationale d’Histoire des sciences, t. 74, N.S. 37), p. 43-99.

28 Le terme « marqueur » doit être pris dans le sens technique précis : il s’agit de l’auteur ou du traité auquel Vincent de Beauvais attribue un texte, c’est-à-dire la source telle qu’elle est référencée au sein du Speculum maius.

29 A moins d’une coquille dans l’édition de Douai ou d’une erreur évidente dans la tradition manuscrite, que je corrige dans ce cas (par exemple la disparition d’un marqueur qui a pour conséquence que la citation est attribuée au marqueur précédent).

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(en bleu dans le graphique) ou non (en mauve). Les colonnes « mots SN » et « mots SD » indiquent respectivement le nombre de mots des citations dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale ; dans le même ordre d’idées, les colonnes « cit. SN » et « cit. SD » notent le nombre de citations. Les pourcentages donnés (de mots et de citations) sont calculés par rapport à l’ensemble du corpus de citations utilisé dans cette étude. La collecte est quantitative uniquement, elle suit le nombre de mots et le nombre de citations. Le graphique est établi selon le pourcentage du nombre de mots des extraits sous chaque marqueur par rapport au corpus total de citations. Les abréviations sont explicitées au début de l’annexe I.

Marqueur type identifié mots

SN mots

SD total

mots % nb.

mots cit.

SN cit.

SD total

cit. % nb. cit.

Alchimista / Doctrina alchimiae

exh. non 3155 3007 6142 26,41 % 19 18 37 20,79 %

Alchimista exh. non 1879 2347 4226 18,17 % 12 14 26 14,61 %

Doctrina

alchimiae exh. non 1256 660 1916 8,24 % 7 4 11 6,18 %

De anima exh. oui 2158 2108 4266 18,35 % 16 14 30 16,85 %

De aluminibus et

salibus exh. oui 1682 1594 3276 14,09 % 18 14 32 17,98 %

Epistola ad

Hasen regem exh. oui 456 406 862 3,71 % 4 3 7 3,93 %

Meteora* non exh. oui 1807 1407 3214 13,82 % 19 5 24 13,48 %

*Les nombres mentionnés de citations (et non de mots) en Meteora (total) sont inférieurs à la somme des nombres des citations de ses trois parties en raison des citations composites, c’est-à- dire des citations qui contiennent à la fois des passages du livre IV des Météorologiques d’Aristote et du De mineralibus d’Avicenne.

De mineralibus n o n

exh. oui 1556 1407 2963 12,74 % 14 5 19 10,67 %

Livre IV des

Mét. n o n exh. oui 199 0 199 0,86 % 5 0 5 2,81 %

Livre III des

Mét. n o n exh. oui 52 0 52 0,22 % 2 0 2 1,12 %

Liber de natura/is

rerum**

n o n

exh. oui 1793 464 2257 9,71 % 15 6 21 11,80 %

**Les nombres mentionnés de citations (et non de mots) en Liber de natura/is rerum sont inférieurs à la somme des nombres des citations de ses deux sources en raison d’une citation composite, c’est-à-dire d’une citation qui contient à la fois des passages du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré et du Liber de naturis rerum du pseudo-John Folsham.

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Liber de natura rerum de Thomas

de Cantimpré

n o n

exh. oui 442 436 878 3,78 % 6 5 11 6,18 %

Liber de naturis rerum du pseudo-

John Folsham

n o n

exh. oui 1351 28 1379 5,93 % 10 1 11 6,18 %

De vaporibus

(QNP) n o n exh. oui 2175 0 2175 9,35 % 10 0 10 5,62 %

Actor n o n

exh. oui 273 329 602 2,59 % 5 7 12 6,74 %

Philosophus*** n o n

exh. non 399 183 582 2,50 % 5 2 7 3,93 %

***Les nombres mentionnés de citations et de mots en Philosophus sont inférieurs à la somme des nombres des citations de ses deux sources identifiées en raison d’une citation non identifiée.

Liber de natura rerum de Thomas

de Cantimpré

n o n

exh. oui 120 183 303 1,30 % 2 2 4 2,25 %

Liber de naturis rerum du pseudo-

John Folsham

n o n

exh. oui 256 0 256 1,10 % 2 0 2 1,12 %

Total 13830 9442 23252 100 % 110 68 178 100 %

Alchimista / Doctrina alchimiae 26,3%

De anima 18,2%

De aluminibus et

salibus 14,0%

Epistola ad Hasen regem

3,7%

Livre III des Mét.

0,2%

Livre IV des Mét.

0,9%

De mineralibus

12,7%

Met.

14%

Liber de natura rerum

9,7%

De vaporibus 9,3% Actor

2,6% Philosophus 2,5%

Dans la suite de l’article, les sources sont ordonnées selon le type de collecte, puis selon leur longueur, de l’autorité la plus citée à la moins citée (à l’exception de l’Actor, placé en fin d’article).

L’Alchimista et la Doctrina alchimiae sont regroupées, en raison de certaines convergences expliquées plus loin.

Méthode d’identification des sources

L’identification s’est déroulée en deux temps. Une première phase, que l’on pourrait qualifier de traditionnelle, a consisté à identifier à partir du marqueur les traités susceptibles d’être des sources, à lire les ouvrages en question et à reconnaître les passages cités. Cette méthode,

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chronophage, présente des inconvénients : des passages échappent à l’attention du chercheur. En outre, les textes dont le marqueur est éloigné du titre authentique, ou dont le titre varie de façon importante, comme c’est fréquemment le cas pour les traités médiévaux alchimiques, restent souvent impossibles à identifier. L’exemple du De vaporibus attribué à Averroès le montre : ce texte, mieux connu sous le titre Quaestiones Nicolai Peripatetici, varie dans son titre et son attribution selon les manuscrits. Sans la vigilance de Stanisław Wielgus, l’éditeur des Quaestiones Nicolai Peripatetici, et le concours de la chance, les extraits du De vaporibus resteraient probablement non identifiés.

Les outils informatiques modernes peuvent ici apporter une certaine aide à l’identification textuelle de citations. J’ai ainsi utilisé le programme informatique élaboré par Ilse De Vos et Jan Keymeulen30 dans le cadre d’une thèse de doctorat : faisant appel à un algorithme établi pour les identifications automatiques de plagiat dans les travaux universitaires selon la distance Levenshtein-Damerau, ils ont développé un programme permettant d’identifier des proximités textuelles entre deux écrits. Une fois choisi le texte ou le corpus de textes à identifier, on propose un texte ou un corpus de textes que l’on sait ou que l’on soupçonne être une source, on configure le programme selon le degré de transformation supposé (distance Levenshtein-Damerau), et le logiciel trouve automatiquement les parallèles. Cette méthode est intéressante en particulier pour l’identification des sources internes : elle m’a permis de découvrir que le Liber de natura/is rerum que cite Vincent de Beauvais contenait des citations internes du De aluminibus et salibus.

Cependant, elle comporte également un inconvénient majeur : il faut lui proposer un corpus de textes susceptibles d’être des sources, et ce corpus doit être préalablement saisi31.

30 Le programme, en open source, est disponible sur le site https://sourceforge.net/projects/textcomparer/.

La thèse de doctorat est la suivante : Ilse De Vos, Good counsel never comes amiss. Nilus Doxapatres and the De oeconomia Dei: Critical edition of book I, chapters 164-263, thèse de doctorat, Katholieke Universiteit Leuven, 2010, publication à venir dans le Corpus Christianorum Series Graeca. Cf. également Andrea Ernst-Gerlach, Gregory Crane, « Identifying Quotations in Reference Works and Primary Materials », in Proceedings of the 12th European conference on Research and Advanced Technology for Digital Libraries, Heidelberg, 2008, p. 78-87. Disponible en ligne à l’adresse http://www.is.informatik.uni-duisburg.de/bib/pdf/ir/Ernst_Crane:08.pdf.

31 Les outils de reconnaissance automatique de caractères permettent toutefois de faciliter la tâche dans la plupart des cas. On imagine cependant les possibilités d’un tel programme d’identification automatique s’il était combiné à des bases de données telles que celles du Thesaurus Linguae Graecae ou de Googlebooks, pour ne citer que les plus importantes.

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Les sources alchimiques de Vincent de Beauvais

Les collectes exhaustives : les traités alchimiques L’Alchimista et la Doctrina alchimiae

Le traité

L’examen de l’Alchimista (= Alc) et la Doctrina alchimiae (= Dalc) sont conjoints, car on trouve cinq citations et/ou segments de citations qui sont attribués à la Doctrina alchimiae dans le Speculum naturale et à l’Alchimista dans le Speculum doctrinale32. En outre, on trouve une phrase d’un extrait attribué à la Doctrina alchimiae uniquement présent dans le Speculum naturale (SN, 7, 88a1) qui se retrouve dans un extrait attribué à l’Alchimista dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale (SN, 7, 91c – SD, 11, 128c)33. Ce faisceau d’indices indique qu’il s’agit selon toute vraisemblance d’un seul et même texte que Vincent de Beauvais nomme de deux manières distinctes, dont le titre serait Doctrina alchimiae et qui serait anonyme, d’où l’utilisation du terme Alchimista par le dominicain. Il faut ajouter que l’emploi de l’expression Alchimista pourrait désigner un contemporain, que Vincent de Beauvais ne cite jamais nommément. Ce texte n’est pas identifié.

L’Alchimista/ Doctrina alchimiae est un ouvrage plus tardif que d’autres textes cités par Vincent de Beauvais, car j’ai pu identifier différentes sources internes (cf. annexe pour la comparaison textuelle). Les citations marquées Alchimista comprennent les citations internes suivantes :

-deux citations du Canon d’Avicenne traduit en latin par Gérard de Crémone34 : une cita- tion non marquée, littérale35 : SN, 6, 79b – SD, 11, 121b2 ; et une citation marquée, ou plutôt une allusion au Canon, lib. 1, fen 1, doc. 3, c. II (De complexionibus membrorum)36 : SN, 7, 95a – SD, 11, 132a ;

-deux citations marquées37 de l’Epistola ad Hasen regem de re tecta (= EAHR) attribuée à Avicenne (cf.  ci-dessous p.  24), traduction latine non datée, qui sont assez littérales  : SN, 7, 91c – SD, 11, 128c ; et SN, 7, 91a – SD, 11, 128a ;

-deux citations non marquées de la version P du De aluminibus et salibus (= DAESP)

32 Il s’agit des passages SN, 7, 36d – SD, 11, 133a2 ; SN, 7, 60b1 – SD, 11, 105d1 ; SN, 7, 60b2 – SD, 11, 117b ; SN, 7, 60b3 – SD, 11, 105d3 ; SN, 7, 73a – SD, 11, 105d2.

33 Sed dicuntur improprie aduri, quoniam aduruntur sine denigratione et combustione.

34 Charles Burnett, « The Coherence of the Arabic-Latin Translation Program in Toledo in the Twelfth Century », in Science in Context, 14, 2001, p. 249-288 (ici, p. 280, n° 63). J’utilise l’édition de Venise 1507.

35 Cf. cependant l’annexe, car le texte cité ne se trouve pas dans le texte arabe tel qu’il nous est parvenu.

36 Signalée de la sorte dans le Speculum naturale  : Unde docet Avicenna in capitulo de complexionibus membrorum distillare ossa et capillos, ad sciendum in quo eorum plus humiditatis. Le chapitre se trouve en Avicenne, Liber canonis, trad. de Gérard de Crémone, lib.  1, fen  1, doc.  3, c.  2 (De complexionibus membrorum), dans l’édition Liber canonis Avicenne revisus et ab omni errore mendaque purgatus summaque cum diligentia impressus, réimpr. Hildesheim, 1998 (éd. de Venise, 1507), p. 3r-v.

37 Signalées dans le texte par les marqueurs de citations (Speculum naturale) : Dicit autem princeps aboali, scilicet Avicenna et princeps quidem dicit in epistola ad Arsem.

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(cf. ci-dessous p. 21), traduction non datée, qui sont également assez littérales : SN, 7, 91c – SD, 11, 128c ; et SN, 7, 91a – SD, 11, 128a ;

-une citation marquée38 du livre XXXIV (Liber reprehensionis) du Liber de LXX de Geber (nom latinisé de l’alchimiste légendaire Jābir ibn Ḥayyān39), peut-être traduit par Gérard de Crémone40, citation assez éloignée de l’original : SN, 7, 96a1 – SD, 11, 133a1 ;

-une citation marquée41 du Liber graduum de Constantin l’Africain († avant 1098/ 1099), citation assez éloignée de l’original : SN, 7, 96a3 – SD, 11, 133a3.

-une citation marquée Ioannes Damascenus, qui est en réalité une référence à la traduction latine des Aphorismi de Jean Mésué (Ibn Māsawayh), réalisée à la fin du XIIe siècle (qui a circulé sous le nom de Jean Damascène)42.

Les citations marquées Doctrina alchimiae, quant à elles, se limitent à une citation interne non marquée de l’Epistola ad Hasen regem, qui est assez éloignée de l’original : SN, 7, 88a1.

Le texte, un recueil selon toute vraisemblance, est forcément postérieur à ces sources, mais la plupart de ces traductions étant non datées, on doit se contenter de conjecturer une datation vers l’extrême fin du XIIe siècle ou dans la première moitié du XIIIe siècle.

En SN, 7, 82a – SD, 11, 125a, l’Alchimista fait allusion à la possibilité d’utiliser les œufs, les cheveux et le sang pour la confection de l’élixir ; cet élément de doctrine tire probablement son origine du De anima pseudo-avicennien ou de l’Epistola ad Hasen regem attribuée à Avicenne (cf. ci-dessous p. 24), dont l’influence dans le domaine du choix de la pierre (substance à partir de laquelle on fait l’élixir) est dominante jusqu’à la fin du XIIIe siècle (et l’arrivée de la Summa perfectionis du pseudo-Geber) : ces trois substances organiques sont en effet la base de leur élixir.

On observe en SN, 7, 88a2 – SD, 11, 107b une citation de la Doctrina alchimiae contenant deux italianismes (melangoli et arangii, qui désignent tous deux l’orange) ainsi qu’une référence à l’archevêché de Gênes, mais le caractère composite du texte ne permet pas de former une conjecture précise à partir de ces éléments ; il pourrait s’agir d’un texte cité dans la Doctrina alchimiae.

38 Signalée dans le texte par l’expression (Speculum naturale) : Nam in libro de LXX dicitur.

39 Cf. note 50.

40 Le Kitāb al-Sab‘īn (Livre des LXX) est attribué à l’alchimiste Jābir ibn Ḥayyān. Dans la liste des traductions de Gérard établie par ses socii, on lit « Liber divinitatis de LXX » (Burnett, « The Coherence of the Arabic-Latin Translation Program... », p. 280, n° 65) : le Livre de la divinité (Kitāb al-lāhūt) est le premier livre du Livre des LXX. On peut supposer que Gérard a en réalité traduit une plus grande partie du Livre des LXX, comme semble le montrer entre autres l’incipit du ms. Paris, BnF, lat. 7156, f. 66v « Liber de septuaginta translatus a magistro Renaldo Cremonensi de lapide animali », que cite Berthelot au début de son édition du Liber de LXX dans Marcellin Berthelot, « Archéologie et histoire des sciences », in Mémoires de l’Académie des Sciences de l’Institut de France, 49, 1906, p. 310-363 (ici p. 310).

41 Signalée dans le texte par l’expression (Speculum naturale) : ut dicit Constantinus in libro graduum, ubi agit de arsenico, id est auripigmento. Au sujet de Constantin l’Africain, cf. Constantine the African and ʻAlī Ibn Al-ʻAbbās Al-Mağūsī: The Pantegni and Related Texts, Charles Burnett et Danielle Jacquart (dir.), Leiden, 1995.

42 Aphorisme 9 dans Yūannā Ibn Māsawayh (Jean Mesue), Le livre des axiomes médicaux (Aphorismi), éd. du texte arabe et des versions latines avec trad. française et lexique par Danielle Jacquart et Gérard Troupeau, Genève, 1980, p. 119. Je remercie Eduard Frunzeanu pour son aide dans cette identification.

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L’utilisation par Vincent de Beauvais

L’Alchimista et la Doctrina alchimiae n’apparaissent pas dans les livres de la version bifaria qui sont conservés.

L’Alchimista est cité 26 fois (12 dans le SN, 14 dans le SD). La Doctrina alchimiae est citée 11 fois (7 dans le SN, 4 dans le SD), sous les marqueurs suivants : Alchimista (ou Alchymista), Ex verbis alchimiste ; Ex doctrina alchimie (ou alchymie). Les citations de l’Alchimista et de la Doctrina alchimiae se trouvent dans les livres 5, 6 et 7 pour le Speculum naturale (une citation pour le livre V et une pour le livre VI), et toujours dans le livre XI du Speculum doctrinale. La plupart des citations se retrouvent à la fois dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale, à l’exception de SD, 11, 121b, qui n’est repris que partiellement dans SN, 6, 79b et SN, 7, 88a, partiellement dans SD, 11, 107b.

Comme il a été dit, l’attribution est parfois différente entre le Speculum naturale et le Speculum doctrinale. Les chapitres dans lesquels on trouve ces citations sont surtout les chapitres purement alchimiques, tels que ceux sur l’élixir ou la transmutation, ainsi que sur diverses opérations.

Elles sont cependant aussi utilisées, mais très rarement, pour les descriptions de substances, notamment celles de l’alun et du laiton. La Doctrina alchimiae est la seule source citée pour décrire les instruments des alchimistes (SN, 7, 88a2 – SD, 11, 107b).

Dans la citation SN, 7, 91a – SD, 11, 128a, on trouve une citation interne de l’Epistola ad Hasen regem (attribuée à Avicenna), ce qui a causé une erreur de marqueur dans le Speculum doctrinale : l’extrait y est présenté comme une citation d’Avicenne, mais le Speculum naturale nous permet de voir qu’il s’agit bien d’une citation de l’Alchimista qui contient une citation interne de l’Epistola ad Hasen regem. En outre, le marqueur est « Dicit autem princeps aboali, scilicet Avicenna » : les marqueurs de Vincent de Beauvais ne sont pas structurés de la sorte, et ce marqueur n’est jamais utilisé pour l’Epistola ad Hasen regem. De plus, aucun passage de l’Epistola ad Hasen regem ne correspond à l’intégralité de la citation du Speculum naturale, et cette dernière contient aussi une citation de la version P De aluminibus et salibus non marquée par l’Alchimista.

Cf. également ci-dessous p. 24.

Le passage SN, 7, 70c – SD, 11, 130b1, quant à lui, est une citation de l’Epistola ad Hasen regem qui est attribuée à l’Epistola ad Hasen regem dans le Speculum doctrinale, mais à la Doctrina alchimiae dans le Speculum naturale. Cf. à ce sujet ci-dessous p. 24.

Il faut enfin mentionner la citation SN, 7, 67b, qui est une glose de Vincent de Beauvais (Actor) dans laquelle le passage SN, 7, 60b1 – SD, 11, 105d1 est partiellement repris (attribué à la Doctrina alchimiae dans le SN et à l’Alchimista dans le SD).

Le Liber de anima alchimique attribué à Avicenne

Le traité

Le De anima alchimique du pseudo-Avicenne, plus connu sous le nom de De anima in arte alchemiae (= DA), est la compilation et la traduction latine de trois traités arabes perdus à ce

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jour43. La traduction semble dater de 1226/ 123544, mais l’étape de compilation est impossible à dater. Par ailleurs, il est impossible d’affirmer si le traité a d’abord été compilé puis traduit, ou inversement : la date de traduction pourrait donc ne porter que sur une des trois parties de l’ouvrage. La première partie du De anima est un traité de physique élémentaire, la Porta elementorum ; l’original arabe (perdu à ce jour) a été rédigé avant le milieu du XIIe siècle, et a probablement été traduit en Espagne ou par un traducteur connaissant le castillan, en raison de la transformation linguistique de certains mots45. Il existe une autre traduction latine du traité arabe dans le manuscrit Cotton Galba E IV, sous le titre De elementis, attribuée à un certain Marius46. La deuxième partie du De anima, de loin la plus longue et la plus détaillée (environ 80 %), décrit l’alchimie du De anima : elle contient non seulement les principes théoriques de

43 L’édition critique, la traduction française et le commentaire du De anima alchimique étaient le sujet de ma thèse de doctorat : Sébastien Moureau, Le De anima in arte alchemiae du pseudo-Avicenne. Edition critique, traduction et étude, thèse de doctorat, Louvain-la-Neuve, Université catholique de Louvain, Institut orientaliste, 2010, bientôt publiée. Le titre De anima in arte alchemiae ne se trouve que dans l’édition de 1572 de Mino Celsi (cf. note 52), les manuscrits intitulant le traité Liber de anima ou De anima. Dans cet article, les citations du De anima sont extraites de mon édition critique, mais la pagination est celle de l’édition de Celsi. Pour des études plus anciennes sur le De anima, cf. Berthelot, Histoire des sciences..., t. 1, p. 293-305 ; Moritz Steinschneider, « Zur alchimistischen Literatur der Araber », in Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, 58, 1904, p. 299- 315 (pour Avicenne, p. 309-315), disponible sur le site http://www.dmg-web.de/?page=6 ; M. Steinschneider,

« Die europäischen Übersetzungen aus dem Arabischen bis Mitte des 17. Jahrhunderts », Vienne, 1904-1905, (Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften in Wien, 149 et 151), § 143 ; Julius Ruska, « Die Alchemie des Avicenna », in Isis, 21, 1934, p. 13-51 ; J. Ruska, « Zum Avicennatext des Cod. Vadianus 300 », in Sudhoffs Archiv, 27, 1934, p. 499-510 ; Georges C. Anawati, « Avicenne et l’alchimie », in Oriente e Occidente nel Medioevo : filosofia e scienze, Convegno internazionale 9-15 aprile 1969, Roma, 1971, p. 285-341 (ici p. 286-288) ; Manfred Ullmann, Die Natur- und Geheimwissenschaften im Islam, Leiden, 1972, (Handbuch der Orientalistik, erste Abteilung, Ergänzungsband VI zweiter Abschnitt), p. 222-224 ; G. C. Anawati, « L’alchimie arabe », in Histoire des sciences arabes, III : Technologie, alchimie et sciences de la vie, Roshdi Rashed (dir.), Paris, 1997, p. 111-141 (ici p. 134-135) ; S. Moureau, « Some Considerations Concerning the Alchemy of the De anima in arte alchemiae of Pseudo-Avicenna », in Ambix, 56, 2009, p. 49-56 ; S. Moureau, « Questions of Methodology about Pseudo- Avicenna’s De anima in arte alchemiae : Identification of a Latin Translation and Method of Edition », in Chymia:

Science and Nature in Early Modern Science (1450-1750), Miguel López-Pérez et Didier Kahn (dir.), Newcastle, 2010, p. 1-19 ; S. Moureau, « Ratio et sensus : les sens au service de l’acquisition des connaissances dans le De anima in arte alchemiae du pseudo-Avicenne », in Expertus sum : L’expérience par les sens en philosophie naturelle médiévale, Thomas Bénatouïl et Isabelle Draelants (dir.), Firenze, 2011, (Micrologus’ Library, 40), p. 269-288.

À cela s’ajoutent deux articles à paraître : S. Moureau, « The Porta elementorum of Pseudo-Avicenna’s alchemical De anima and Marius’ De elementis : two Latin versions of the same Arabic treatise », et S. Moureau, « Elixir atque fermentum. New investigations about the link between Pseudo-Avicenna’s alchemical De anima and Roger Bacon : alchemical and medical doctrines ».

44 La date de traduction est donnée dans le colophon de deux manuscrits : Bernkastel-Kues, Bibliothek im St. Nikolaus Hospital, Cusanus 299, f. 49v ; Montréal, McGill University, Osler 480, f. 225r (et dans l’édition de Celsi, p. 468, dont ce manuscrit est le modèle).

45 Alginz, transcription de al-jins (genre), De anima, p. 10.

46 Cette hypothèse d’un original arabe identique pour le De elementis de Marius et la Porta elementorum est défendue dans un article à paraître, avec le détail de la discussion sur le sujet : Moureau, « The Porta elementorum... ».

Pour de plus anciens travaux sur le De elementis de Marius, cf. entre autres Richard C. Dales, Marius: ‘On the Elements’. A critical edition and translation, Berkeley, 1976 ; et Charles Burnett, « Physics before the Physics : early translations from Arabic of texts concerning nature in MSS British Library, Additional 22719 and Cotton Galba E IV », in Medioevo. Rivista di storia della filosofia medievale, 27, 2002, p. 53-109.

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l’alchimie du De anima, mais aussi de nombreuses recettes. Elle a été composée entre le troisième quart du XIe siècle et le milieu du XIIIe siècle, en Andalus (Espagne islamique)47 ; elle a été traduite en Espagne ou par un traducteur connaissant le castillan, comme le montrent de nombreux mots castillans dans l’ouvrage. La troisième partie du De anima a vraisemblablement été insérée pour compléter la deuxième partie, dont la fin était manquante. On en ignore la date et le lieu de composition ; on peut émettre l’hypothèse d’une traduction en Espagne ou par un traducteur connaissant le castillan, en raison de traces linguistiques48. Le traité est faussement attribué à Avicenne49. L’alchimie du De anima est une alchimie de type jābirien50, basée spécifiquement sur les substances organiques : il propose de fabriquer les élixirs à partir de substances organiques, le sang, les cheveux et les œufs. Le traité est conservé dans huit manuscrits51. Le De anima a été publié par Mino Celsi en 1572 à Bâle, chez Pietro Perna, dans un recueil intitulé Artis chemicae principes, Avicenna atque Geber52.

47 Pour une analyse historique et philologique de la deuxième partie du De anima, cf. Moureau, Le De anima in arte alchemiae..., vol. 1, partie 1, p. 26-30.

48 Pour l’analyse historique et philologique de la troisième partie du De anima, cf. Moureau, Le De anima in arte alchemiae..., vol. 1, partie 1, p. 30-31.

49 La discussion concernant l’attribution est basée sur des arguments qui sont discutés plus amplement dans Moureau, Le De anima in arte alchemiae..., vol. 1, partie 1, p. 16-53. Les arguments peuvent être résumés de la sorte : 1) La première partie du De anima ne contient aucune mention d’Avicenne, contrairement au reste de l’ouvrage qui foisonne d’expressions du type « dixit Abuali Abincine » ; 2) Le lieu et la date de composition de la deuxième partie invalident l’attribution. À cela s’ajoute qu’Avicenne nie la possibilité de la transmutation des espèces, argumentant que l’art ne peut changer la forme spécifique d’une chose, dans une section du Kitāb al-Shifā’ (cf. Avicenne, Al-Shifā’. Al-Ṭabī‘iyyāt. 5, Al-ma‘ādin wa al-āthār al-‘ulwiyya (La physique. 5, Les métaux et la météorologie), éd. par ‘Abd el-Ḥalīm Montaṣar, Sa‘īd Zāyed et ‘Abdallāh Ismā‘īl, Le Caire, Organisation générale des imprimeries gouvernementales, 1964, p. 21-22), alors que la deuxième partie du De anima considère la transmutation des espèces comme possible pour l’homme ; 3) La troisième partie du traité porte spécifiquement sur la fabrication d’élixir pour la transmutation, dont Avicenne nie la possibilité ; et les phrases d’introduction du type « dixit Abuali Abincine » diffèrent et semblent être des interpolations plus tardives. La troisième partie semble avoir été ajoutée à l’ouvrage pour compléter la fin manquante de la deuxième partie.

50 Au sujet de Jābir ibn Ḥayyān et des traités alchimiques qui lui sont attribués, cf. Paul Kraus, Jābir ibn Ḥayyān, contribution à l’histoire des idées scientifiques dans l’Islam. Volume II, Jābir et la science grecque, Le Caire, 1942, (Mémoires présentés à l’Institut d’Egypte, t. 45) ; Paul Kraus, Jābir ibn Ḥayyān, contribution à l’histoire des idées scientifiques dans l’Islam. Volume I, Le corpus des écrits Jābiriens, Le Caire, 1943, (Mémoires présentés à l’Institut d’Egypte, t. 44) ; Syed Nomanul Haq, Names, natures and things, The Alchemist Jābir ibn Ḥayyān and his Kitāb al- Aḥjār, with a foreword by David E. Pingree, Dordrecht, 1994.

51 L = Oxford, Bodleian Library, Laud Misc. 734, ff. 1r-66r (fin XIIIe – XIVs.) ; H = Glasgow, University Library, Hunter 253, ff. 1r-28r (fin XIIIe – XIVs.) ; F = Paris, Bibliothèque Nationale de France, Lat. 6514, ff. 144r-171v (fin XIIIe – XIVs.) ; C = Bernkastel-Kues, Bibliothek im St. Nikolaus Hospital, 299, ff. 1r-49v (XIVs.) ; V = St Gall, Stadtbibliothek (Kantonsbibliothek), Vadianus 300, ff. 1r-37r (XIVs.) ; O = Montréal, McGill University, Osler Library, 480, ff. 1r-227r (XIVs.) ; S = London, British Library, Sloane 1754, ff. 186v-193r (XIVs.) ; D1 et D2 = Oxford, Bodleian Library, Digby 219, contenant deux versions, ff. 1r-27v et ff. 28r-74v (XVIs.). À cette liste s’ajoutent quelques extraits. Au sujet de la tradition manuscrite du De anima, cf. Moureau,

« Questions of Methodology about Pseudo-Avicenna’s De anima in arte alchemiae... », p. 5-12.

52 Il s’agit de la seule publication de Mino Celsi, qui ne s’intéressait pas outre mesure à l’alchimie et a probablement publié le traité pour attirer l’attention du roi de France Charles IX, cf. Moureau, Le De anima in arte alchemiae..., vol. 1, partie 1, p. 203-204. Je remercie Didier Kahn pour son aide à ce sujet. Pseudo- Avicenna, De anima in arte alchemiae, in Artis Chemicae Principes, Avicenna atque Geber, ed. Mino Celsi, Basel, Pietro Perna, 1572, 9 p. non numérotées + p. 1-471 (http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/?cote=75697&do=livre). Les autres

(17)

L’utilisation par Vincent de Beauvais

Le De anima n’apparaît pas dans les livres de la version bifaria qui sont conservés.

Le texte du De anima cité par Vincent de Beauvais s’apparente à la famille de manuscrits L C F V53 ; la version présente dans le Speculum doctrinale est beaucoup plus proche de mon édition du De anima que celle du Speculum naturale, probablement en raison d’une corruption du texte du Speculum naturale. Il est cité 30 fois (16 dans le SN, 14 dans le SD), sous les marqueurs suivants : Avicenna in libro de anima, Avicenna in libro alchimie qui dicitur de anima, Avicenna in alchymia de anima, Avicenna in libro alchymie de anima, Avicenna in libro alchymie. Le De anima est toujours cité dans le livre VII du Speculum naturale et dans le livre XI du Speculum doctrinale, et tous les extraits se retrouvent à la fois dans le Speculum naturale et le Speculum doctrinale.

L’attribution est toujours semblable entre le Speculum naturale et le Speculum doctrinale. Le De anima est principalement utilisé par Vincent de Beauvais dans les descriptions des substances et des types d’opérations qui s’y rapportent. Il est également cité dans les chapitres spécialement consacrés aux opérations sur les substances dans l’alchimie. Seule la deuxième partie du De anima est citée : plus précisément encore, tous les extraits proviennent des dictiones54 1, 4 et 5.

Vincent de Beauvais n’emploie que les parties théoriques du De anima, sans reprendre de recette, alors que le De anima est un traité plus pratique que théorique, qui contient avant tout des recettes et des conseils techniques. En outre, Vincent de Beauvais ne conserve que des extraits compréhensibles du De anima, dont de nombreux passages sont obscurs. Le dominicain va jusqu’à supprimer des expressions qui posent problème dans la phrase (par exemple en SN, 7, 61c – SD, 11, 119a1, où est supprimé le pro multo aere dont le sens est problématique à première lecture). Les citations ne sont pas toujours littérales, mais restent plus fidèles au texte que celles du De aluminibus et salibus (cf.  ci-dessous p. 21), en contractant les extraits  : Vincent de Beauvais omet des passages qui peuvent éloigner le lecteur du sujet qu’il traite (par exemple SN, 7, 4a – SD, 11, 110a, ou bien SN, 7, 54b – SD, 11, 114b, ou encore SN, 7, 82b – SD, 11, 125b55). Contrairement aux citations du De aluminibus et salibus, celles du De anima conservent plusieurs transcriptions de mots arabes (par exemple en SN, 7, 13c – SD, 11, 111b, le mot orizum correspondant au ebrizum du De anima qui transcrit l’arabe ibrīz, « or pur »). Parfois cependant, le résumé d’un long passage provoque la perte des arguments du texte, peut-être à cause d’une mécompréhension (comme dans le cas de SN, 7, 85b – SD, 11, 106b1).

Une citation particulière mérite qu’on s’y attarde. En SN, 7, 87a – SD, 11, 107a, on observe une liste de noms d’alchimistes qui font autorité dans le domaine, dont Vincent de Beauvais ne retient qu’une partie. Le De anima propose en effet une longue liste d’autorités alchimiques, dont de nombreux noms ont été transcrits de l’arabe sans qu’on puisse en deviner l’origine, en raison de leur trop grande déformation ; à cette liste d’autorités mythiques, bibliques et arabes a été ajoutée une série de noms chrétiens, probablement par le traducteur (et/ou compilateur ?)

traités du recueil sont : le De investigatione perfectionis Gebri (p. 473-497), la Summa perfectionis Gebri (p. 497-708), le De inventione veritatis Gebri (p. 709-735), et le Liber Fornacum Gebri (p. 736-767).

53 Cf. note 51.

54 Les chapitres du De anima sont appelés dictio, traduction littérale de l’arabe maqāla, qui désigne une section d’un ouvrage. Le De anima est divisé en dix dictiones (la Porta elementorum les précède et ne fait pas partie du compte), qui sont indépendantes de la division en trois parties décrite plus haut.

55 Suppression de la phrase : Non potest dici bonum magisterium absque bonis rationibus et bonus magister non potest esse nisi sciat omnes rationes.

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