CALCUL DES INDEX DE SÉLECTION
DANS LE CAS D’INDIVIDUS CONSANGUINS ET APPARENTÉS QUELCONQUES
R. ROUVIER
Station de
Génétique quantitative
etappliquée,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Joass.
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Nous avons établi la formule de l’index de sélection pour un caractère à partir des valeurs
phénotypiques de ce caractère observées chez cet individu et ses apparentés mesurés. Nous
nous sommes placés dans le cas où les individus de l’échantillon considéré peuvent être consanguins et apparentés de façon quelconque, et pour un caractère dont la variation géné- tique est additive et de dominance.
La
plupart
des études concernant la théorie et le calcul des index de sélectionmassale,
familiale oucombinée,
seplacent
dansl’hypothèse
où les individus dontles
phénotypes
servent àétablir
l’index sont issus deparents
nonapparentés
entre eux, et non
consanguins. Cette hypothèse
semble être peu réaliste dans certains cas de sélection animale et notamment dans celui des souches avicolesqui sont
despopulations
ferméesd’effectif limité;
parailleurs, dans
celui desgrands
mammifèresdomestiques,
l’utilisationde, l’insémination artificielle
conduit à une réduction de l’effectifgénétique,
et, en montenaturelle,
on assiste fré-quemment
à l’utilisation d’unpetit nombre de reproducteurs
mâles par trou- peau.Quelques
auteurs(LusH ,
1947;JARDINS, 1958; H!ND!RSON, 19 6 3 )
ontabordé le
problème
de l’établissement des index de sélection pour des individus depopulations consanguines,
dans le casparticulier
où la variancegénétique
est strictement
additive.
GILLOIS(i96q.)
et HARRIS( 19 6 4 )
ont obtenul’expression
de la covariance
génotypique
entre deux individuspouvant
êtreconsanguins
et
apparentés
defaçon quelconque, lorsque
l’on considère aussi la variancegéné- tique
de dominance. Leurs résultatspermettent
de proposer une méthodeplus générale
d’établissement des index desélection,
dans le cas d’unepopulation consanguine.
Ces deux auteurs ont considéré lesquatre gènes
situés auxquatre
locihomologues
de deux individusconsanguins
etapparentés quelconques
i etj.
G
ILLOIS a considéré les situations d’identité et de non identité de ces
quatre gènes
considérés
simultanément,
deuxgènes
étantidentiques
s’ilsdérivent,
par descen- dance mendélienne et sansmutation,
d’un mêmegène
ancêtre. Il a ainsi défini 15 situationsd’identité,
caractérisées par 15probabilités (8 1
à!15) appelées
coeffi-cients d’identité
restreinte,
et nous utiliserons par la suite ses notations pourl’expression
de la covariance des valeursgénotypiques
de deux individus appa- rentés. Cette covariances’exprime
àpartir
desprobabilités indiquées
ci-dessuset des
composantes
de la variancegénétique
de lapopulation.
Nous
prendrons
ici commeexemple
le cas de la sélection sur un seul caractère.Soit
P i (i
= i àn)
la variable aléatoirephénotypique
attachée àchaque
individunuméro i considéré. Nous écrivons :
où
Z i
etE i
sontrespectivement
les variables aléatoiresgénotypiques
et du milieuque nous supposons non
corrélées,
cequi permet
d’écrire :Nous nous
plaçons
dansles hypothèses
où le caractèreenvisagé
nedépend
que degènes
autosomaux etoù,
suivant le modèleclassique,
la variable aléatoiregénotypique Z,
estégale
à la somme des deux variables aléatoireszygotiques Y
i
et de dominanceD i .
Deplus,
nous supposonsqu’il n’y
a pas d’interactionsentre loci non
homologues (pas d’épistasie),
et que lescouples
de locihomologues ajoutent indépendamment
leurs contributionsnumériques
à la valeur du ca-ractère. ,
La sélection s’effectue
parmi
les individus d’un échantillon issu d’une popu- lationqui
n’est pas engénéral
connue dans sa totalité et elle doit conduire à maximiserl’espérance
duprogrès génétique
du caractère considéré. Pourcela,
nous utilisons le modèle que nous avons
développé
dans le casgénéral
de la sélec- tion surplusieurs
caractères(RoUVŒR, ig6g)
maisqui
concernait des individusnon,consanguins
et nonapparentés
defaçon quelconque.
Nous devonsobtenir
à
partir
desphénotypes
observables de tous les individus del’échantillon,
desestimateurs non biaisés des valeurs
génétiques
additivesY,
dechaque
individunuméro 1 et sélectionner la fraction des valeurs les
plus
élevées. Si lesP i , Z,, F i
suivent une loi normale à
plusieurs variables,
l’estimateurIl
deY,
estl’équa-
tion de
régression multiple
deY,
sur lesP, (i
=1 , ... ,1, ...n).
Les fi, peuvent
être obtenus en résolvant lesystème d’équations
suivantqui
faitapparaître
les variances et covariancesthéoriques
de lapopulation :
Nous, avons,
pour deuxindividus
numéros iet j quelconques-:
Les
expressions
desvariances
varZ, et des covariances cov Z i Z j
ontété
obtenues
par
GILLOIS et HARRIS pour des individusconsanguins
etapparentés quelconques.
Il reste à calculer les termes de la forme covP i V,
ainsi quecov P I V I .
Le terme cov
E i Y i
est nul parhypothèse.
çii estégal
au coefficient deparenté
de MAL$COT
( 104 8). 8!, 8 z
et8 3
sont descoefficients
d’identité restreinte.8 1 est
laprobabilité d’identité des quatre gènes; s 2
et8 3 sont
lesprobabilités d’identité
de trois
gènes (dont
2pris
chez l’individu i et un chez l’individu1). 2 $(X 2 )
estla variance
génétique additive
etEc(XD)
estl’espérance mathématique,
condi-tionnée par l’identité des
gènes,
duproduit
desdeux variables aléatoires gamé- tique
et de dominance.où f est
le coefficient deconsanguinité
de l’individu numéro 1.Ces résultats
indiquent
que les formulesclassiques
de la sélection des carac-tères
polygéniques
sont évidemment modifiées dans le casd’apparentés quelconques consanguins. 1 / incidence numérique
sur la valeur des coefficients derégression théoriques
de la valeurgénétique
additive sur lesphénotypes
devraitcependant
être étudiée.
I,’utilisation pratique
de ces formules nécessiterait par ailleurs d’obtenir des estimateurs suffisammentprécis
des diversescomposantes
de la variancegénétique
utilisées. Il faut noter enfin que,d’après H ARRIS ,
l’utilisation de cesformules serait limitée à la
première génération
de sélection. Cet auteurindique
en effet
que
les formules de la covariance entreapparentés consanguins quelconques,
et de la variance
génotypique,
sont obtenues sousl’hypothèse
suivantlaquelle
il
n’y
a pas de sélection lors de l’obtention de lapopulation
actuelle.L’étude
de l’influence de la sélection sur ces formules mériterait donc d’être
approfondie.
Reçu pour publication en mars 1969.
SUMMARY
CALCULATION OF SELECTION INDICES FOR INBRED INDIVIDUALS AND ANY DEGREE OF RELATIONSHIP
The formula for the selection index for a trait using the phenotypic value of the trait recorded
on the individual and his measured relatives are developed. The case where the individuals in the sample studied can be inbred and related to any degree, and where the character has
genetic variation only of the additive and dominance kinds are considered. The coefficients of the equation of the index are obtained, using a linear model, by calculating the regression
of the individual’s additive genetic value on the phenotypic values of himself and his relatives.
The formulae for the index obtained up to now have been developed assuming that the genetic
variance is all additive; the present study indicates how the dominance variance can be taken into account.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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