Evolution des quantités d’aliment ingérées par les brebis à la fin de la gestation et au début de la lactation
Incidences
surleurs performances
II.
—Ration à base d’ensilage de maïs
et
de foin distribuée à volonté
M. TISSIER M. THERIEZ G. MOLENAT
M. MAQUERE P. DACHEUX J. LEROUX
Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants,Centre de Recherches de Clermont-Ferrand, LN.R.A., .,
Theix, Saint-Genès-Champanelle, 63rro Beaumont (France)
Résumé
Au cours des 6 dernières semaines de la gestation et des 5 premières de la lactation, 40 brebis de race Limou!ine ont été nourries en cases individuelles. Elles ont reçu à volonté du foin de qua- lité moyenne, et de l’ensilage de maïs finement broyé à 33 p. 100de M.S.; en outie, 100 et 300 g de tourteau de soja étaient distribués respectivement pendant la fin de la gestation et le début de la lactation pour assurer la complémentation azotée.
La consommation volontaire de foin est peu variable dans le temps et faible, aussi bien
pendant la fin de la gestation (170g en moyenne /brebis jj) que pendant la lactation (160à 245g Î brebis /j suivant le nombre d’agneaux allaités). La consommation d’ensilage aagmente jusqu’à la
semaine - 4, puis diminue de façon importante jusqu’à l’agnelage. Au début de la lactation, elle s’accroît très rapidement (!- 30 % au cours des 3 i’’es semaines) pour atteindre des niveaux élevés à la 5e semaine : la consommation de matière sèche d’ensilage représente alors environ 3 % du poids vif.
Les brebis consommant beaucoup de foin ingèrent en général relativement moins d’ensilage
surtout pendant la fin de la gestation. Les quantités d’ensilage de maïs ingérées varient avec le poids des brebis (liaison consommation d’ensilage—poids vif : v = 0,3 à o,5) et leur âge. En
outre, lorsque les brebis portent 2 foetus, elles ingèrent la même quantité de foin et des quan- tités plus faibles d’ensilage (P < o,o5) que lorsqu’elles portent lseul foetus, pendant la fin de la
gestation. Pendant la lactation les brebis allaitant 2 agneaux ont une consommation de foin
supérieure (P < o,oi) et une ingestion d’ensilage de maïs comparable à celles qui n’allaitent qu’un
agneau.
En liaison avec les fortes consommations d’ensilage, les brebis effectuent des gains de poids importants pendant la fin de la gestation, mais aussi au cours de la lactation. Par contre, leur
production laitière et la croissance des agneaux ne sont pas en rapport avec les apports énergé- tiques.
Ces différents résultats sont discutés, en considérant le bilan estimé de l’énergie métaboli- sable, et en les comparant avec ceux d’expériences antérieures où les brebis recevaient des régimes classiques à base de foin et d’aliment concentré.
Introduction
La fin de la
gestation
et le début de la lactation sont deuxpériodes critiques
dans le
cycle physiologique
de la brebis. Au cours des 6 à 8 dernières semaines degestation,
les besoins pour la croissance du ou des foetus sont maximum(R AT -
TRAYet
al., I974 b)
alors quegénéralement
la consommation volontaire a tendance à diminuer(F ORBES , 1970 ).
Au début de lalactation,
les besoins pour laproduc-
tion du lait sont
brusquement
élevés(maximum
à la 2e semaineaprès
la mise-bas),
alors que les consommations s’accroissentplus lentement;
il en résulte un déficitprincipalement énergétique pendant
lespremières
semaines de la lacta- tion. Au cours de deuxexpériences
antérieures(T ISSIER ,
THERiEZ etlVIo LEVAT , 1975
),
nous avions étudié les consommations et lesperformances
de brebis de raceLimousine nourries avec du foin et de l’aliment concentré autour de la mise-bas.
Ce
type
de ration est leplus largement
utilisépendant
lapériode
hivernale.Cependant,
la maîtrise de latechnique d’ensilage
du maïs et son utilisation trèslarge
dans l’alimentation desbovins,
incite à introduiie cet aliment dans la ration desovins, particulièrement
dans celle des brebis. Mises àpart
les études dedigestibilité proprement dites, qui
ont d’ailleurs été effectuées sur des béliers cas-trés
(AND RIEU
etD EM ARQ UILLY , ig 7 q.c),
les résultatszootechniques précis
avec desrégimes d’ensilage
de maïs distribués à des brebis sont rares. Lesquantités
dematière sèche
ingérées
avec unrégime
constitué seulementd’ensilage
ont étégéné-
ralement variables et
plutôt
faibles dans les essais réalisés enAfrique
du Sud(RE
y
NExE, 19 67;
BoNSMnrr etal., zg6 7 ); l’apport d’énergie
ne couvre alors que les besoins d’entretien des animaux. Par contre auxÉtats-Unis, PA RKER ,
PoTTERet VANKEUREN
( 1971 )
observent des consommations et desperformances
zoo-techniques comparables
à celles obtenues avec desrégimes
à base de foin et d’ali-ment
concentré, lorsque l’ensilage
estsupplémenté
en soufre. La finesse dehachage
influence favorablement les
consommations,
comme l’ont montréégalement
DUL-PH
Y et
D EMA x Q mLLY ( 1973 ).
Par contre, avec unensilage
finement haché oubroyé,
les fermentations du rumen sont orientées vers laproduction
d’acides pro-pionique
etbutyrique (VÉRITÉ
etJ OURNET ,
1971,1973 )
moins favorables que l’acideacétique
à laproduction
de lait et des matières grasses chez la vache lai- tière. Onpeut
penser que l’associationfoin-ensilage permet
de meilleuresperfor-
mances, mais cela limite un peu l’intérêt de
l’ensilage
de maïs, car il faut distribuer deuxfourrages.
C’est dans cetteoptique
que nous avons étudié les consommations et lesperformances zootechniques
de brebis recevant à volonté del’ensilage
demaïs et du foin et une
quantité
limitée de tourteau desoja
au cours d’unepériode
allant de 6 semaines avant
l’agnelage
à 6 semainesaprès.
Matériel et méthodes
Animaux et alimentation
A
partir
de la 6e semaine avant la dateprévue
pourl’agnelage,
q.o brebis derace
Limousine, âgées
de 2 à 8 ans,pesant
en moyenne6 5 kg,
ont étélogées
etnourries en cases individuelles
(i
m x l,50m)
sur litière depaille
dans un han-gar fermé
(l’expérience
s’est déroulée du 3janvier
au 17 marsig 73 ).
Aupréalable,
pendant
3semaines,
les brebis ont étéadaptées progressivement
aurégime
d’ensil-lage
de maïs.Les brebis recevaient d’abord le tourteau de
soja ( 4 g %
deMAT/kg),
addi-tionné d’environ 10 p. 100 de
phosphate bicalcique,
à raison de 100g /brebis /j pendant
la fin de lagestation,
et 300g /brebis /jour
au début de la lactation.L’ensilage
de maïs, finementbroyé
à la mise en silo et le foin depré
dequalité
moyenne
(à
base degraminées
récoltées aupremier cycle
devégétation)
étaientdistribués à
volonté, après l’ingestion
du tourteau desoja.
Lesquantités
offertesétaient
ajustées chaque
semaine pour maintenir laproportion
de refus à 15 p. 100environ.
La
digestibilité
de la matièreorganique
del’ensilage
mesurée sur des agneaux mâlesâgés
de70 j environ
a été de70 ,8
p. 100. Celle du foin mesurée sur desagnelles
de 8 mois a été de 5g p. 100. Lespériodes
de mesures étaient de 5j.
La
composition
del’ensilage
de maïs est la suivante : matière sèche : 32p. 100, matières azotées totales :8, 44 (% MS),
cellulose brute :1 8,5 (% MS).
Les brebis
disposaient
en permanence depierres
à lécher du commerce conte- nant du sel et desoligoéléments.
Mesures
Les
quantités d’ensilage
de maïs et de foin offertes étaient mesuréesquoti-
diennement
pendant
5jours
parsemaine,
ainsi que la teneur en matière sèche des aliments et des refus.Les brebis étaient
pesées
toutes les deux semaines ainsiqu’au
début et à lafin des
périodes expérimentales
et, avant etaprès
la mise-bas. Les agneaux étaientpesés
à lanaissance, puis
toutes les semaines.La
production
laitière de 14 brebis(6
bessonnières et 8 allaitant un seulagneau)
a été estimée un
jour
par semaine durant 10 h par lapesée
des agneaux avant etaprès
chacune des 5 tétéesespacées
de 2 h(R ICORDE A U ,
BOCCARD etD ENAMUR , I9
6o).
Des échantillons de sang ont été
prélevés
à laseringue
dans la veinejugulaire
le matin avant la distribution des repas, au cours des semaines - 5, - 3, - 1 et --! 1, -! 3, -!- 5 par
rapport
àl’agnelage (signe
- avant,signe
!-après).
Lesacides gras non estérifiés
(AGNE)
duplasma sanguin
ont été dosés par la méthode de DOLE et MEINERTZ( 19 6 0 ),
les corpscétoniques (acide p-hydroxybutyrique
et acéto-acétique)
par la méthode deW ILLI A MS Orr,
MELLABY et KREBS( 19 6 2 ) adaptée
par REMESY et DEMIGrIE
(résultats
nonpubliés),
leglucose
et l’uréerespectivement
par les méthodes
colorimétriques
à laglucooxydase
et à ladiacétylmonoxime (MICHEL, 1971).
Pour
simplifier l’exposé
desrésultats,
nous utiliserons les notations suivantes : MSI pour matière sècheingérée
enprécisant l’aliment,
brebissimples
et doublespour les brebis
portant, puis
allaitantrespectivement
I et 2 agneaux.Inter!rétation statistique
des résultatsSur la
majorité
des variablesmesurées,
nous avons effectué uneanalyse
de variance et
covariance,
en utilisant le modèlemathématique
décrit par SEE-BECK
( 1973 )
et le programme de calcul sur ordinateur mis aupoint
par cet auteur.Ce modèle est le suivant :
dans
lequel
les deux facteurs A et B(importance
de laportée
et classed’âge
desbrebis)
ainsi queplusieurs
covariablesX l , X,...
ont été étudiés.Y
ijk
est la variable étudiée de l’animalijk
1 -
L est un terme constant commun à tous les animaux A
i est l’effet moyen de
l’importance
de laportée
i( 2
niveaux :simple
oudouble) B
j
est l’effet moyen de la classed’âge j (3 niveaux : !<,
2 ans, 3 et 4ans, >. 5ans) X
l ijk, X, ijk
... sont les valeurs de covariables de l’animalijk susceptible
d’ex-pliquer
unepartie
de la variation de Yijk.
b l , b
2
... sont les coefficients derégression
affectés à chacune de ces covariablese
ijk
... est le terme aléatoirecorrespondant
à l’animalijk.
Une
particularité
du programme de calcul est d’introduire les covariables par la méthode de larégression progressive ascendante,
c’est-à-dire par ordre décroissant designification statistique. Enfin,
les covariables nonsignificatives
ne sont pas introduites dans le
modèle,
et le programme réalise uneanalyse
decovariance sur les facteurs de variation
(importance
de laportée
etâge)
avec lescovariables sélectionnées.
Lorsqu’après analyse
un des deux facteurs(portée
ouâge)
n’avait pas d’effetsignificatif,
nous avonsrepris
les calculs avec un modèlesimplifié (ne comportant
pas cefacteur)
afin de calculer le modèlemathématique
le mieux
ajusté
à nos résultats.Résultats
Au cours de
l’expélience,
nous avons éliminé 6 brebis pour des raisons diversesindépendantes
de la distributiond’ensilage
de maïs : brebisvides,
mort de brebis(perforation
del’utérus)
ou du(ou des)
agneaux.Quantités
def ourrages ingérées Évolution
suivarzt le stadephysiologique (fig.
r, tabl.i)
A
partir
de la semaine - 4 etjusqu’à l’agnelage,
la MSId’ensilage
diminuedans des
proportions importantes (entre
16 et 20%
de la consommation à la semaine- 4 ) (fig. I b).
La consommation de foin diminuejusqu’à
la4 e
semaineavant
l’agnelage puis
reste constantejusqu’à l’agnelage (environ
130 à 140 g de matière sèche/brebis /jour,
soit 10 à 12%
de la MSI defourrages) (fig. ia).
La MSI de foin
augmente après
lamise-bas;
dès la semaine + i, elle estplus
élevée que
pendant
les 3 dernières semaines de lagestation ( 1 6 0
à 200 g contre 130g).
Elle se stabilise àpartir
de la semaine -!- 2( 1 6 0
et 240 g pour les brebissimples
et doublesrespectivement).
Par contre, la MSId’ensilage augmente
toutau
long
des 6 semaines de mesure, trèsrapidement
au cours des 3premières
semai-nes
(+
35%
parrapport
à lapremière
semaine delactation), puis plus
lente-ment par la
suite;
elle atteint i,75o à i 800 g de matière sèche en moyenne par brebis et parjour
à la fin del’expérience.
La MSI de
fourrages
diminue par suite de la diminution de consommation àpartir
de la semaine - 4 essentiellement(fig. la).
Elle estplus
élevée dès le début de la lactation(de
r6 à 34%
suivant letype
deportée),
etaugmente
trèsrapidement pendant
les 3à 4 premières
semaines. Les niveauxd’ingestion
atteintsà la semaine -! 5 sont
élevés,
si l’on tientcompte également
del’apport
du tour-teau de
soja.
La consommation totale de matière sèchereprésente
alors environ3,5
%
dupoids
vif(fig. id).
Facteurs de variation des
quantités
individuelles defourrage ingérées
Substitution
foin-ensilage
La
majorité
des brebis consommantbeaucoup
defoin, ingèrent
relativement moinsd’ensilage,
surtoutpendant
la fin de lagestation.
Pendant cettepériode,
uneaugmentation
de consommation de 100 g de foin se traduit par une diminutionvariant
de 127 à 200g de MSId’ensilage
de la semaine - q. àl’agnelage.
La substi-tution est
plus
faible au début de la lactation : i5o g au cours des deuxpremières
semaines et de 100 g au cours des deux semaines suivantes.
Le taux de substitution
augmente
doncquand
ons’approche
de la mise-bas, puis
diminue au cours despremières
semaines de lactation.Age
des brebisBien que les différences ne soient pas
significatives,
on observe un effet del’âge
sur les consommationsjournalières
defourrage
parbrebis, pendant
la finde la
gestation :
les brebis lesplus jeunes
consomment peud’ensilage,
sans doute enliaison avec leur
poids
vifplus
faible. Pour les brebisadultes,
cellesqui
ontplus
deans ont tendance à
ingérer
moinsd’ensilage
etplus
de foin. Ces différences deviennentsignificatives (P
<0 , 05 ) lorsque
les consommations sontrapportées
aupoids métabolique (respectivement
50,56,5
et 47 g de matière sèched’ensilage
demaïs par
kg
de PVO,75 pour les classesd’âge suivantes : £
2ans, 3-4ans et>5
ans, en moyennependant
les 5 dernières semaines degestation) (voir
tabl.2 ).
Au début de la
lactation,
on observe les mêmestendances,
mais elles sont atténuées et les différences ne sontplus significatives.
Poids des bvebis
Quel
que soit le stadephysiologique,
la consommationd’ensilage
s’accroîtsignificativement
avec lepoids
desbrebis,
ce que l’on n’observe pas pour le foin.Le coefficient de corrélation entre le
poids
et la MSId’ensilage
varie selon le stadephysiologique
entre o,3et o,5. La meilleure liaison est observéependant
la fin de lagestation.
Lepoids
à la semaine -!- i rend mieuxcompte
de la variabilité de la MSId’ensilage
liée aupoids
que celui à la semaine - 8. Nous nedisposions
pas dupoids
à la saillie pour l’inclure dans ces
comparaisons.
Nombve
d’agneaux portés, puis
allaitésPendant la fin de la
gestation,
de la semaine - 5 àl’agnelage,
la MSI de foinn’est pas affectée par le nombre
d’agneaux portés;
par contre les brebis doubles consomment, àpoids
vif et consommation de foinégaux,
zqo g de MSId’ensilage
de moins par
jour
que les brebissimples
au cours des 5 dernières semaines de ges- tation(P
<0 , 05 ) (tabl. i).
Au début de la
lactation,
le nombred’agneaux
allaités n’affecte passignifi-
cativement la MSI
d’ensilage,
mais les brebis doubles consomment8 5 g /j
deplus
de matière sèche de foin que les brebis
simples (P
<0 , 01 ).
La consommation totale defourrages
n’est pas affectéesignificativement,
bien que les doubles aientune consommation
légèrement plus
élevée que les brebissimples (tableau i).
Équations
reliant la matière sèched’ensilage ingérée
et sesfacteurs
de variation Ceséquations,
calculées suivant le modèle décritprécédemment,
et dontles mieux
ajustées
sontreportées
dans le tableau 2,permettent
uneanalyse plus approfondie
des facteurs de variation. Ces relationsexpliquent
entre 5r et y p. 100 de la variabilité desquantités d’ensilage ingérées
à la fin de lagestation
et audébut de la lactation.
La
présence
des foetus se traduit par deux effetsopposés
sur les consomma-tions
d’ensilage
des mères : celui du nombre de foetusdéjà signalé,
et celui deleur
poids :
la consommation des brebisaugmente
avec lepoids
de laportée qu’elle
soit
simple
ou double. L’examen deséquations séparées
pour lessimples
et lesdoubles confirme cette observation.
Au cours de
la lactation,
la variabilitéexpliquée
est moindre et le niveaud’ingestion
atteintpendant
lagestation
a un rôlesignificatif.
Cela traduit vrai- semblablement des variations individuelles decomportement
des brebis vis-à-vis del’ensilage indépendamment
des autres facteurs(stade physiologique, poids, âge
oubesoins).
On a pu observer en effet que certaines brebis consommaient peud’ensilage
tout aulong
del’expérience,
et inversement.Nous avons
également
calculé deséquations
faisant intervenir lesproduits
des variables
explicatives
pour tester leurinteraction;
certains de cesproduits
cnt un effet
significatif,
mais leséquations
trouvées sont alors trèscomplexes
sans améliorer sensiblement la
part
de variabilitéexpliquée;
c’estpourquoi
nousne les
présentons
pas dans ce texte.Pey f ormances
des animauxÉvolution
dupoids
des brebis(fig. i)
Au cours des 5 dernières semaines de
gestation,
lepoids
des brebisaugmente
de
façon importante;
cegain
depoids
estplus
élevé pour les brebissimples
que pour les doubles(6, 45 kg
contre 5,ykg - 0 , 10 >
P >0 , 05 ) (fig. ie).
Pendant les 4
premières
semaines de lalactation,
les brebisgagnent également
du
poids :
cesgains
sontprobablement
dus en bonnepartie
àl’augmentation
dupoids
des contenusdigestifs compte
tenu del’augmentation
de la consommationd’ensilage
aussitôtaprès
la mise-bas d’unepart,
et au cours des 3premières
semai-nes de lactation d’autre
part (fig. zb).
Mais legain
depoids plus
faible des doubles parrapport
auxsimples ( 2 ,o
contre 3,2kg — NS) malgré
desaugmentations
de
poids
de contenusdigestifs probablement plus importants, témoigne
des besoinsplus
élevés despremières
pour leurproduction
laitière(fig. ie).
La consommation
d’ensilage explique
unegrande partie
des différences individuelles degains
depoids,
comme le montrent les relations entre cesgains
d’une
part
et lepoids
vif desbrebis,
leur consommationd’ensilage
ou de fourra-ges, la croissance des agneaux d’autre
part (tabl. 3 ).
Ces relations montrent par ailleurs que lesgains
depoids
au cours de lagestation
ou de la lactation sont d’au- tantplus
élevés que lepoids
des brebis estplus
faible au début de cespériodes.
Ceci n’est pas dû
uniquement
aux différencesd’âge
desbrebis,
car ce facteur n’in- tervient passignificativement
dans les relations.Production laitière et
poids
des agneauxLa
production
laitière est maximum dès lapremière
semainequel
que soit le nombred’agneaux
allaités. Dans l’ensemble elle est médiocre euégard
aux quan-tités d’aliment
ingérées (fig. 2 a).
Elle est inférieure à celle obtenue avec les brebis de la même race nourries avec un foin dequalité
moyenne, etqui
consommaient moinsd’énergie
métabolisable(T ISSIFR ,
THERIEZ etM OLENAT , 1975 ) (tabl. 4 ).
Corrélativement,
la croissance des agneaux est médiocre :respectivement
225 et195g
jj
en moyenne au cours de leurs 3premières
semaines de vie pour les agneauxsimples
et doubles. Elle est laplus
faible au cours des3 e
et4 e
semaines en liai-son avec la décroissance
rapide
deproduction
laitière cbservée sur lafigure
2a,mais
peut
être aussi à cause d’une vaccination faite au début de la 3e semaine.Bilan
énergétique (tabl. 5 )
et critèressanguins (fig. 2 c)
Au cours des 5 dernières semaines de
gestation,
le bilanénergétique
estiméest
supérieur
de 25 à 75 p. 100aux besoins d’entretien estimés à 100kcald’énergie
métabolisable par
kg
depoids métabolique.
Les brebissimples disposent
deplus d’énergie
en raison de leur consommationd’ensilage plus
élevée(tabl. 5 ).
Ceciexplique
sans doute leurgain
depoids supérieur pendant
cettepériode (tabl. 4 ) .
Pendant la
lactation,
le déficit est relativement faible et de courtedurée,
même pour les brebis doubles(tabl. 5 ). Ainsi, compte
tenu del’augmentation
depoids
des contenusdigestifs,
les brebis maintiennent ouperdent
trèslégèrement
du
poids corporel
selonqu’elles
allaitent I ou 2 agneaux.Le taux d’A.G.N.E.
augmente
àpartir
de la4 e
semaine avant la mise-bas(fig. 2 c);
cet accroissement estplus important
pour les brebis doubles que pour lessimples,
en liaison avec leurs besoinsplus
élevés pour la croissance desfoetus,
maisprobablement
aussi en raison de leur moindre consommationd’ensilage
demaïs. Les taux maxima atteints ne sont
cependant
pas très élevés(8 00
à 900 yeq/1)
même pour les doubles au début de la lactation. Pendant cette dernière
période,
l’évolution du taux d’A.G.N.E. suit de
façon
assez étroite l’évolution observée de laproduction laitière,
aussi bien pour lessimples
que pour les doubles. Aussi bienpendant
la fin de lagestation qu’au
début de lalactation,
on a pu mettre en évidence des liaisons linéaires étroites entre le taux d’A.G.N.E. et le bilanénergé- tique
calculé dans le tableau 5. La liaison la meilleure est observéependant
la finde la
gestation
comme le montrent leséquations
suivantes : fin degestation
y = —0 , 39
x +
9 8 0
r2 =0 , 9 8
début de lactation y = —
0,19 x + 570 Y2 ! 0,75 où y est le taux d’A.G.N.E.
(ueq /1).
x est le bilan
énergétique (kcal
d’EM/brebis /jour) : apports énergétiques
au-dessus des besoins d’entretien à la fin de la
gestation,
et différence «apports
moins besoins d’entretien et de
production
de lait » au début de la lactation.La teneur
plasmatique
en acide!-hydroxybutyrique
esttoujours
inférieureà 3 mg
/ioo ml,
même pour les doubles en début de la lactation(fig. 2 c)
etmalgré
la consommation de
l’ensilage qui
favorise laproduction
d’uneplus grande
propor- tion d’acidebutyrique
dans le rumen que lesrégimes
à base de foin(VÉRITÉ
etJOURNET,
1971; ANDRIEU etDEMnRQmLL y , 1 974 ).
Ce résultat montrequ’à
aucunmoment la
cétogénèse
associée à une sous-alimentationénergétique
n’a étéimpor-
tante.
La teneur en
glucose (fig. 2 c)
suit d’unefaçon
très atténuée l’évolution desquantités ingérées.
Les brebis doubles ont des teneurs moinsélevées,
vraisem- blablement en liaison avec une demande deglucose importante
pour la croissance desfoetus,
et par la suite pour laproduction
de lait.La teneur
plasmatique
en urée(fig. 2 c)
variegrossièrement
comme lesquanti-
tés d’azote
ingérées.
Celles-ci sontégales
àapproximativement
110 et 100 g de matières azotéesdigestibles
par brebis parjour
à la fin de lagestation,
et 200 et20
6 g au début de la lactation
respectivement
pour les brebissimples
et doubles.Compte
tenu de cesapports,
il est vraisembable que l’alimentation azotée des brebis n’est pas le facteur limitant lesperformances.
Discussion
Nous avons
déjà analysé (T ISSIER ,
THr.xlFZ etMoLE!TAT, 1975 ),
les différents facteurs(stade physiologique, poids
etâge
desbrebis,
nombred’agneaux portés puis
allaités) qui
influencent lesquantités
defourrages ingérées
par les brebis. Comme dans cesexpériences,
les trois derniers facteurspermettent d’expliquer
environ50 p. 100 de la variabilité de la MSI de
fourrages
etplus particulièrement
d’ensi-lage.
En ce
qui
concerne l’évolution desquantités ingérées
suivant le stadephysio- logique,
nousobservons,
comme dans lesexpériences
antérieures(T ISSIFR ,
THE-RIEZ et
MoLE:vnT, 1975 )
une diminution del’ingestion
au cours des 3 dernières semaines de lagestation.
Cette diminution estplus
accentuéequ’avec
lesrégimes
à base de foin
puisqu’elle atteint,
avecl’ensilage
de maïs,jusqu’à
20 p. 100 de laquantité ingérée
à la semaine - 4. Ellecorrespond
aux limitationsphysiques
oumétaboliques (augmentation
du volume de l’utérusgravide
ou du tauxsanguin d’oestrogènes) rapportées
par FORBES( 1970 )
comme unphénomène
commun àtoutes les
espèces
de ruminants recevant différentesrations,
bien que FooT(com-
munication
personnelle)
ne l’ait pas observé avec une ration defourrages déshy-
dratés.
Au début de la
lactation,
la consommationd’ensilage
de maïs, et par consé-quent
defourrages,
estrapidement
élevée(augmentation
de 50%
au cours des5
premières
semaines contre 17%
avec les rations à base de foin -T ISSIER ,
TliE-mEZ et
M OLEN A T , 1975 );
l’accroissement desquantités ingérées
au début de lalactation est un
phénomène général
consécutif à l’accroissementimportant
desbesoins et à
l’augmentation progressive
de l’activité du tubedigestif (F ELL et al., 1972
).
Ildépend cependant
del’ingestibilité
de la ration defourrages
et cetteconsommation
rapidement
élevée est sans doute due à la bonnequalité
de l’ensi-lage
que nous avons distribué. Eneffet,
POTTER et PARKER(1973)
ainsi que A:!vrtmu etD EMARQUILLY ( 1974 )
ont montré l’effet favorable del’augmentation
de la finesse de
hachage
et de la teneur en matière sèche(lorsque
celle-ci est infé-rieure à 35
%)
sur lesqualités
de conservation etl’ingestibilité
desensilages
demaïs.
Parallèlement,
laquantité
de foin consommée estréduite, probablement
dufait de sa valeur alimentaire
plus
faible que celle del’ensilage
de maïs. Le modede
présentation
du foin dans un seau de faible volume apeut-être également
limitéla consommation de cet aliment par les brebis.
Cependant,
de faibles consom-mation de foin ont
déjà
été observées sur vaches laitières par VÉRITÉ etJ OURNET (
1973
) lorsque
cet aliment est distribué avec del’ensilage
de maïs de bonnequalité.
Les variations liées au
poids
sont dans cetteexpérience
du même ordrede
grandeur
que celles trouvées avec les rations à base de foin(T ISSIER ,
THERIFzet
M OLENAT , 1975 )
ou cellesrapportées
par VÉRITÉ etJ OURNET ( 1971 )
sur vacheslaitières recevant une ration
comparable.
Les variations liées aux autres facteurs
(âge
etimportance
de laportée)
sont
plus
difficiles àinterpréter,
d’autantplus qu’elles
diffèrent suivant le stadephysiologique (gestation
oulactation).
Elles font sans douteappel
àplusieurs types
de
régulation
desquantités ingérées.
Pendant la fin de la
gestation,
unerégulation physique
semblejouer
par l’inter- médiaire des volumesrespectifs
de la cavité abdominale et de l’utérusgravide
cequi
a pu limiter la consommationd’ensilage
desjeunes
brebis et des brebisdoubles;
mais pour ces
dernières,
FORBES( 197 o)
aégalement
montré l’existence derégu-
lations
métaboliques :
le tauxsanguin d’oestrogènes
notamment estplus
élevéchez les brebis
doubles;
dans le sensopposé
les brebis semblentajuster,
dans unecertaine mesure, leur consommation à leurs
besoins,
comme le montre la liaisonpositive
entrel’ingestion d’ensilage
et lepoids
de laportée (tabl. 2 )
observée aussi bien pour les brebissimples
que pour les doubles. Au cours de cettepériode,
il estégalement possible
que d’autres facteurs interviennent dans larégulation
des quan- titésingérées,
comme pour les brebis lesplus âgées qui
semblent moins biens’adap-
ter à consommer ce nouvel aliment
qu’est l’ensilage
de maïs.Au cours de la
lactation,
bien que les brebis semblentaugmenter
leurs quan- titésd’ensilage ingérées
en fonction dupoids
de leurportée (tabl. 2 ),
nous n’avonsobservé de différences
significatives,
entre les brebissimples
etdoubles,
que sur les consommations de foin(fig. i). Aussi, compte
tenu des besoins différents des bre- bissimples
et doublespendant
lalactation,
onpeut
se demander cequi
limite laconsommation
d’ensilage pendant
cettepériode
hormis la vitesse de transit desdigesta
dans le réticulo-rumen. Onpeut
penser à unerégulation métabolique
par l’intermédiaire des acides gras volatils formés dans le rumen; la consommationd’ensilage
de maïs aboutit à uneproduction importante
d’acidespropionique
etbutyrique
surtout sil’ensilage
est finementbroyé (Bn L wnNi et al., 19 6 9 ;
ArrDxiEuet
D EM A RQ UI LLY , 1974 ). Or,
il a été montré(B AILE
etF ORBES , 1974 )
que des taux élevés d’acidepropionique
dans le rumenpouvaient
causer une baisse del’inges-
tion. Il est donc
possible
que dans notreexpérience,
les brebis allaitantes aientingéré l’ensilage
à la limitepermise
par le taux d’acidepropionique
dans le rumen,en consommant
plus
de foinlorsque
leurs besoins étaientplus
élevés(cas
desdoubles).
Nous nedisposons cependant
pas desanalyses
d’acides gras volatils dans le rumen,qui pourraient peut-être permettre
de confirmer cettehypothèse.
Un autre
point important
estl’analyse
desperformances zootechniques
en liaison avec le bilan
énergétique.
Eneffet, pendant
la fin de lagestation
-mises à
part
les 2 dernières semaines pour les brebis doubles - lesapports
éner-gétiques
estimésdépassent
de 5o p. 100 ouplus
les besoinsd’entretien; pendant
lalactation,
le déficiténergétique
est relativementfaible,
et de courtedurée,
même pour les doubles. Il s’ensuit ungain
depoids important
des brebis surtoutpendant
la fin de la
gestation,
mais aussi au cours de la lactation. Par contre, laproduction
laitière des brebis et la croissance des agneaux ne sont pas aussi élevées que l’on
pourrait espérer.
Ces résultats sont médiocres parrapport
à ceux obtenus avec unrégime
à base de foin dequalité
moyenne(tabl. 4 ),
où le bilanénergétique
montraitun déficit élevé et durable
pendant
les 5premières
semaines de la lactation(Tis-
SIER
, THERiEZ et
MoLErrnT, 1975 ).
Avec unrégime
à based’ensilage
de maïs,et par
opposition
auxrégimes
à base defoin,
les fermentations dans le rumenétant
plus
de naturepropionique
etbutyrique, l’énergie
est utiliséeplus
effica-cement pour
l’engraissement
que pour laproduction
laitière. VÉRITÉ etJ OUPNET
concluent à une « moindre valeur laitière n de
l’ensilage
de maïs parrapport
àl’ensilage
d’herbe ou à des rationsplus classiques
à base de foin et d’alimentsconcentrés,
bien que ces observationss’appliquent
surtout à desensilages
de maïsà faible teneur en matière sèche. Dans notre cas, il est très
probable
que la finesse desparticules d’ensilage haché, puis broyé
à la mise en silo ait accentué l’orien- tation du métabolisme versl’engraissement,
comme VÉRITÉ etJ OURNE T ( 1971 )
l’ont
signalé
sur vaches laitières.En
pratique,
d’autres études concernant l’utilisation des rations à based’ensilage
de maïs par les brebis sont nécessaires. Il estimportant
de ne pasbroyer trop
finementl’ensilage;
desensilages
hachés normalement avec des ensileuses à couteaux doivent être étudiés pourqu’ils
soientingérés
enquantité
élevée etfavorisent
plus
laproduction
laitière. Lacomplémentation
de cetype
de rationest encore mal connue. POTTER et PARKER
( 1973 ),
ainsi que LAMAND(1974)
ontmontré l’effet favorable de l’enrichissement de
l’ensilage
en soufre sur soninges- tibilité,
et sur l’utilisation des matières azotées. Parailleurs,
comme pour les vacheslaitières,
onpeut
penser àcomplémenter l’ensilage
avec des aliments favorisant une fermentation detype acétique (pulpes
enremplacement
des céréa-les par