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La lutte antivectorielle

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Academic year: 2022

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Bull Soc Pathol Exot, 2001, 94, 2 bis, 165-168 165

La résistance aux insecticides chez les vecteurs du paludisme.

Guillet P

Prévention,Lutte et Eradication, O M S, 26 av A p p i a ,C H - 1 2 1 1 , Genève 27

D

e nombreux cas de résistance aux insecticides ont été observés chez les anophèles. Au cours des années 60 et 70, pendant la phase d’éradication du paludisme, une fort e résistance à la dieldrine a été observée chez la plupart des vec- teurs majeurs du paludisme. Aujourd’hui, cette résistance est e n c o re très largement répandue. Elle n’aurait qu’un intérêt historique si la cible de la dieldrine (récepteurs GABA) n’était pas la même que celle d’une famille d’insecticides entière m e n t nouvelle, les phényl-pyrazoles. De ce fait, il y a résistance croisée entre la dieldrine et les insecticides de cette nouvelle famille, ce qui a fortement réduit, voire annihilé, les espoirs nés de son apparition.

La résistance au DDT est nettement moins répandue. Le plus souvent, elle est due à un mécanisme spécifique de résistance par détoxification (Gst). Toutefois, dans certains cas, elle est due à une mutation ponctuelle (K d r) au niveau des canaux sodiums, la cible du DDT et des pyréthrinoïdes. Cette muta- tion, héritée de l’usage intensif du DDT, induit une résistance c roisée à l’ensemble des pyréthrinoïdes, une famille d’insecti- cides très largement utilisée dans la lutte antipaludique, notamment pour le traitement des moustiquaires imprégnées.

Les cas de résistance aux organophosphorés et aux carba- mates sont peu nombreux. Toutefois, la répartition exacte de ces résistances, notamment aux carbamates, reste mal connue faute d’enquêtes systématiques récentes.

La résistance aux pyréthrinoïdes est d’autant plus préoccu- pante que ce sont actuellement les seuls insecticides dispo- nibles pour imprégner les moustiquaires. En Afrique, la mutation Kdr a été observée chez An gambiae s.s., largement répandue en Afrique de l’Ouest mais présente également en Afrique de l’Est. Des résistances par détoxification enzyma- tique ont été observées chez cette même espèce (Afrique Centrale, Afrique de l’Est, probablement Afrique de l’Ouest) et chez An. funestus en Afrique Australe (Afrique du Sud, Mozambique). Une résistance aux pyréthrinoïdes a aussi été observée chez An. albimanus, An. sacharovi (multi- résistance) ainsi qu’A n. s t e p h e n s i dans la Péninsule Arabique.

Dans la plupart des cas, la résistance des anophèles n’est pas induite par la lutte antipaludique mais par l’usage agricole des insecticides. Un eff o rt particulier doit être fait pour mieux connaître la répartition de ces résistances en mettant en place des réseaux de surveillance dans les régions impa- ludées. Les mécanismes de résistance impliqués doivent être identifiés et l’impact de la résistance sur l’efficacité des opé- rations de lutte antivectorielle doit être systématiquement étudié. Dans les zones où la résistance aux pyréthrinoïdes est due à la mutation K d r, les moustiquaires imprégnées g a rdent malgré tout leur efficacité protectrice. L’impact des a u t res mécanismes de résistance n’a pas encore été évalué.

Toutefois, la résistance d’A n. f u n e t s u s en Afrique du Sud

s’est accompagnée d’une forte re c rudescence des cas de paludisme.

Des stratégies doivent être testées visant à maîtriser les phé- nomènes de résistance chez les vecteurs du paludisme. Il peut s’agir d’utilisations alternées d’insecticides agissant sur des cibles diff é rentes (rotations), de mosaïques ou éventuellement de mixtures d’insecticides. Toutefois, leur efficacité risque d ’ ê t re compromise par l’utilisation intensive des pyréthri- noïdes en agriculture. La mise en œuvre de ces stratégies nécessitera la présence sur le terrain de techniciens qualifiés et d’un support efficace de re c h e rches opérationnelles au sein même ou en marge immédiate des Programmes nationaux de lutte contre le paludisme. La mise en place et le fonctionne- ment des réseaux de surveillance sont essentiels.

Abstract: Resistance of malaria vectors to insecticides.

Numerous cases of resistance to insecticides have been observed among anopheles. In the 1960s and 1970s, during the years of malaria eradication, a strong resistance to dieldrine was observed for most of the major vectors of malaria. Today, this kind of resis - tance is still very wide spread. Resistance to DDT, on the other hand, is much less so. Usually, it is due to a specific mechanism of resis - tance by detoxification (Gst). In some cases, however, it is due to a phenomenon of mutation (Kdr) as a result of intensive use of DDT.

This mutation brings about crossed resistance for the entire family of pyrethrinoids which are very largely used in anti-malarial efforts, especially for treating impregnated mosquito nets. This resistance to pyrethrinoids is particularly preoccupying since they are at the moment the only available insecticides for impregnating mosquito nets. In most cases, anopheles resistance is not brought about by anti-malarial efforts but by the agricultural use of insecticides.

Special efforts should be made to acquire a better understanding of the distribution of resistance by setting up special surveillance net - works in areas of endemic malaria. Resistance mechanisms need to be identified and the impact of resistance on anti-vectorial efforts should be systematically studied. Strategies should be tested for controlling resistance phenomena in malaria vectors. For example:

alternate and mixed use of insecticides, rotations. However, their effectiveness may well be compromised by the intensive use of pyrethrinoids in agriculture. The application of strategies will requi - re qualified technicians and operational research as part of national programmes for malaria control. The establishment and functio - ning of surveillance networks remain absolutely essential.

La prescription des répulsifs

P. Combemale

L

es insectifuges ou répulsifs sont des substances re p o u s s a n t les insectes. Ils agissent sur de nombreux art h ro p o d e s (moustiques, mouches...), mais sont inefficaces sur l'abeille et la guêpe. Le choix d'un répulsif est difficile car il n'existe pas de molécule universellement active. L'efficacité, la toxicité de diff é rents répulsifs sont étudiées en s'appuyant sur les don- nées de la littérature que ce soit les répulsifs oraux, physiques ou de contact soit d'origine naturelle surtout les huiles essen- tielles soit de synthèse avec le diméthyphtalate, l'éthylexane- diol, le diéthyltoluamide (DEET) insectifuge de référence ou

La lutte antivectorielle

[Anti-vectorial efforts]

Modérateurs : A. C

HIPPAUX

& M. C

OOSEMANS

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Modérateurs :A. CHIPPAUX& M. COOSEMANS

Situation et perspectives en prophylaxie antipaludique 166

les nouvelles molécules le 35/35, la pipéridine, le bayerepel ou KBR 3023. Mais le DEET reste la plus efficace. Il n'y a pas d'ef- fet synergique entre ces molécules mais les associations (éthyl- hexanediol et le DEET) optimisent la protection. A l'issue de cette analyse, nous proposons une aide décisionnelle pour la prescription d'un répulsif tenant compte du niveau de pro- tection souhaité en fonction du lieu de séjour et du rapport bénéfice/risque. Des conseils sont aussi donnés sur l'utilisa- tion pratique d'un répulsif et sur les précautions à pre n d re surtout pour les enfants.

Abstract: To prescribe repellents.

Repellents are chemical products designed to ward off insects. They are effective against a wide range of arthropods including mosqui - toes and flies but not against bees and wasps. Choosing the proper repellent can be difficult because no single product repels all pests.

This article compares the performance and toxicity of various repel - lents based on reports describing systemic, topical, or physical repellents made from natural or synthetic ingredients. Essential oils are the most common natural ingredient. Synthetic ingredients range from dimethyphtalate, ethylexanediol, and diethyltoluamide (DEET) to new molecules such as 35/35, piperidine, bayerepel, and KBR 3023. Our findings indicate that DEET, used as the gold stan - dard in most studies, is still the most effective repellent. There is no synergy between any of these products but combinations (e.g.

ethylhexanediol and DEET) can optimize protection. In conclusion we propose guidelines for prescribing repellents to achieve the required level of protection in function of the duration of exposure and benefit-to-risk ratio. Several recommendations are made on the safe use repellents for adults and children.

L’imprégnation vestimentaire.

Lichtenberger JM

SMI,9,rue Ambroise Thomas, 75009 Paris, France.

N

ous considére rons l’histoire et l’actualité de l’imprégna- tion vestimentaire par des produits en termes d’eff i c a c i- té, de toxicité, de modes d’emplois, de disponibilité commerc i a l e , d’écologie, de rémanence et de tolérance.

L’accent sera mis sur la perméthrine qui est le produit le plus com- munément employé à fin d’imprégnation vestimentaire à travers le monde. En effet, le premier insecticide pyréthrinoïde photo- stable à avoir été développé a été la perméthrine, et ce dès 1974.

Les nombreuses propriétés de ce puissant insecticide l’ont fait re c o n n a î t re comme le plus adapté à l’imprégnation en vue d’une p rotection vestimentaire contre les insectes. Il n’est pas dange- reux à manipuler, n’a pas d’odeur et n’est pas absorbé par la peau chez l’homme. Au contact de la perméthrine, les insectes subissent un choc dit " knock down " qui les sidère, et ils sont tués dans les minutes qui suivent.

À doses inférieures, sub-létales pour les insectes, la perm é t h r i- ne a un puissant effet excito-répulsif, associant chez l’insecte un e ffet d’excitation et de répulsion.

L’action de la perméthrine est rémanente, bien que diminuée par les lavages, surtout itératifs.

Des kits d’imprégnation vestimentaire sont disponibles sur le marché grand public. Ils peuvent être utilisés à cette fin sans risques par tout un chacun qui a besoin de se pro t é- ger contre les piqûres d’insectes ou d’acariens, non seule- ment dans les zones d’endémie paludéenne mais également en pique-nique, en promenade, en camping ou en tout autre e n d roit où les piqûres d’insectes hématophages peuvent poser pro b l è m e .

La perméthrine reste le produit qui offre la meilleure combi- naison d’avantages en vue de l’imprégnation vestimentaire , (rapidité de l’effet knock-down, efficacité répulsive et insec- ticide, sécurité chez les mammifères, absence d’odeur ou de risque de tache, durée d’efficacité et biodégradabilité).

La réimprégnation reste nécessaire, dont la fréquence sera fonction des conditions d’utilisation.

Les produits autres que la perméthrine, disponibles (ou sur le point de l’être) pour l’imprégnation vestimentaire, sero n t présentés, et leur rapport avantages/ inconvénients décrit.

Abstract: I m p regnation of clothing.

We consider the history and present-day situation of impregnated clothing in terms of effectiveness, toxicity, usage, market availabi - l i t y, ecology, permanence, and tolerance. Special attention is paid to permethrine as the most commonly used product throughout the world for impregnating clothing. The first photostable pyre - thrinoid insecticide to have been developed was permethrine, as early as 1974. To d a y, permethrine is still the best product for a combination of advantages in impregnating clothing (quick knock- down effect, effective repulsive and insecticide capacities, security for mammals, odourless, stain-proof, long-term effectiveness and biodegradability). Re-impregnation remains necessary, with fre - quency depending on conditions of use. Products other than per - methrine, available (or about to become so) for impregnating clo - thing, are also presented, together with their respective advan - tages and disadvantages.

L’expérience des tenues de combat imprégnées.

Deparis X

IMTSSA,Marseille, France.

L

es maladies à transmission vectorielle, avec en particulier le paludisme et la dengue, représentent un risque sanitai- re majeur pour les forces françaises en zone intert ro p i c a l e . Lors d’une opération militaro - h u m a n i t a i re en Afrique, en 1996, une épidémie de paludisme est survenue parmi les t roupes françaises, mettant en jeu leur capacité opérationnel- le. L’analyse des facteurs de risque a démontré que, compte tenu du contexte opérationnel obligeant à effectuer de nom- breuses missions de nuit, les moyens de lutte antivectorielle avaient été insuffisants, en particulier au niveau individuel.

Les moyens de lutte individuelle consistaient, en 1996, en l’usage de répulsif cutané et en celui de la moustiquaire indi- viduelle imprégnée de deltaméthrine.

En 1997, l’état major de l’armée de terre décidait d’adopter, au p rofit des troupes servant en zone tropicale, le port de tenues de combat fabriquées avec du tissu traité par imprégnation industrielle de perméthrine 25/75. Les tenues de combat impré- gnées de perméthrine par pulvérisation mécanique, indivi- duelle ou collective, étaient déjà utilisées avec succès depuis plusieurs années dans les armées américaines, australiennes et britanniques. La perméthrine 25/75 est un insecticide très bien toléré et très peu toxique pour l’homme. Plusieurs études ont démontré que le port des tenues de combat imprégnées de perméthrine, associé ou non à l’usage de répulsif cutané type D E E T, réduisait de 70 à 90 % le nombre de piqûres de mous- tiques reçues par des militaires exposés sur le terrain. Les tenues de combat imprégnées de perméthrine sont également efficaces pour prévenir les piqûres de tiques, de poux et de puces. Il y a donc un impact majeur à l’égard des nuisances re s- senties par les personnels et le risque de maladie à transmis- sion vectorielle est réduit. Les tenues, une fois imprégnées industriellement, restent efficaces après 50 lavages. A l’avenir, d’autres insecticides dérivés des pyréthrinoïdes (cyfluthrine, é t o f e n p rox ou bifenthrine) pourraient être utilisés pour l’im- prégnation des tenues de combat.

Abstract: Experience with impregnated combat wear.

Ve c t o r-spread disease, in particular malaria and dengue fever, repre - sent a major threat for French troops in inter-tropical zones. During a military-humanitarian operation in Africa in 1996, an outbreak of malaria seriously threatened their operational capacity. In 1997, the

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La lutte antivectorielle.

Bull Soc Pathol Exot, 2001, 94, 2 bis, 165-168 167

French army decided to adopt combat uniforms made of fabric industrially impregnated with permethrine 25/27. Several studies have shown that combat uniforms impregnated with permethrine, associated or not with exogenous repellents of the DEET type, redu - ced by 70 to 90% the number of mosquito bites for troops in the field. Permethrine-impregnated combat uniforms are also effective against tick, lice, and flea bites. They have thus a major impact on discomfort for military personnel and the risk of vectorial transmis - sion is also greatly reduced. Combat wear impregnated industrially remains effective after 50 washings. In the future, other insecticides derived from pyrethrinoids (cyfluthrine, etofenprox or befenthrine) might be used for impregnating combat uniforms.

An evidence-based vector control policy for military deployments:

the british army experience.

A. M.Croft, D. Baker & M. J. Von Bertele

Key words: malaria - pyrethroids - insect repellents - British Army

W

e describe the British Arm y ’s current policy for contro l- ling art h ropod vectors of disease during overseas deploy- ments. Military commanders and medical officers have d i ff e rent, but complementary responsibilities in achieving vec- tor control. In this paper we define a hierarchy of evidence- based vector control guidelines. Field guidelines must be based on the best available re s e a rch evidence, preferably that derived f rom pragmatic randomised controlled trials (RCTs), and fro m systematic reviews of trials. Assessing the effectiveness of dif- f e rent vector control strategies involves a trade-off between the benefits and harms, the advantages and disadvantages, of alter- native strategy options. There is compelling scientific eviden- ce that bed nets and screens treated with a pyre t h roid insecticide a re highly effective in protecting against nocturnally active, a n t h ropophilic art h ropods (including ectoparasites), and will reduce the incidence of malaria, leishmaniasis, lymphatic fila- riasis and Chagas’ disease. Etofenprox and deltamethrin are the safest pyre t h roids, and permethrin the least safe. Vector contro l strategies of probable effectiveness are the use of insecticide- t reated clothing, the wearing of protective clothing, and the cor- rect use of DEET-based topical insect repellents. Aero s o l insecticides are of debatable effectiveness. Other effective vec- tor control strategies, of limited usefulness during deploy- ments, include electric fans, mosquito coils / vaporising mats, and smoke. “Biological” vector control measures, and insect buzzers / electrocuters are ineffective. Practical insect avoi- dance measures, based on an understanding of insect ecology, complete the military vector- c o n t rol arsenal. We conclude that practical insect avoidance measures, combined with pyre- t h ro i d - t reated nets and clothing, and DEET-based topical repellents, can achieve almost 100% protection against biting a rt h ro p o d s .

R é s u m é : Une politique de lutte antivectorielle adaptée aux déploie- ments militaires selon des résultats d’études : l ’ expérience de l’armée b r i t a n n i q u e.

Nous décrivons la politique actuelle de lutte contre les anthropodes vecteurs de maladies utilisée par l’armée britannique lors des déploiements outre-mer. Le commandement militaire et les autori - tés sanitaires ont des responsabilités différentes mais complémen - taires dans la mise en œuvre de cette lutte. Dans cet article, nous présentons une liste hiérarchisée de directives de lutte antivecto - rielle définies selon les résultats d’un certain nombre d’études. Les directives mises en application sur le terrain doivent s’appuyer sur les meilleurs résultats de la recherche: essais pragmatiques rando - misés et contrôlés de préférence et revues systématiques des essais effectués. L’évaluation de l’efficacité des différentes stratégies de lutte antivectorielle doit tenir compte des effets bénéfiques et

néfastes, avantages et désavantages, de toutes les options dispo - nibles. Il semble désormais clairement démontré que les mousti - quaires de lit et les rideaux traités avec un pyréthroïde sont haute - ment efficaces contre les insectes nocturnes anthropophiles, y com - pris les ectoparasites, et réduisent l’incidence du paludisme, de la leishmaniose, de la filariose lymphatique et de la maladie de Chagas. L’étofenprox et la deltaméthrine sont les pyréthroïdes les plus sûrs et la perméthrine la moins sûre. Les stratégies de lutte antivectorielle dont l’efficacité semble probable sont l’utilisation de vêtements imprégnés d’insecticide, le port de vêtements protec - teurs et l’utilisation correcte d’insectifuges cutanés à base de DEET.

L’efficacité des insecticides en aérosol est encore débattue. D’autres stratégies de lutte antivectorielle qui semblent efficaces mais d’in - térêt limité pour des forces en opération sont les ventilateurs élec - triques, les serpentins, la fumée. Les mesures de lutte “biologique”

et les systèmes d’électrocution des insectes sont inefficaces. Des mesures pratiques d’évitement des insectes, fondées sur la connais - sance de leur écologie, complètent l’arsenal militaire de lutte anti - vectorielle. Nous concluons que ces mesures pratiques d’évitement, associées aux moustiquaires et aux vêtements imprégnés d’insecti - cide, ainsi qu’aux insectifuges cutanés à base de DEET, apportent à peu près 100 % de protection contre les piqûres d’anthropodes.

Mots-clés: paludisme - pyréthrinoïdes - insectifuges - Armée britannique

Malaria prophylaxis in the French armed forces : Evolution of concepts

J.E Touze, D.Baudon, J-P. Boutin

Key words: malaria - chemoprophylaxis - Plasmodium falciparum - Army

M

alaria is still a serious public health problem in the world and control remains a major priority for the approxi- mamiological surveillantely 13 000 French troops deployed, mostly on permanent assignment, in malaria transmission regions. Epidemiological surveillance of malaria provides data necessary to assess morbidity, monitor changing patterns of Plasmodium falciparu m d ru g - s e n s i t i v i t y, and evaluate the eff i- cacy of malaria control measures. About 540 cases were obser- ved in 1999 for an incidence of 4.1 p. 100 men.year. Since 1991, strong emphasis has been placed on prophylaxis. In addition to vector control measures and individual pro t e c- tion against mosquito bites (impregnated bednets, pro t e c t i v e clothing, application of repellents, and indoor insecticide spraying), drug prophylaxis has been recommended using a combination of 100 mg of chloroquine and 200 mg of pro- guanil chlorhydrate (CQ+PG) in a single capsule manufacture d by the French Health Army Service. Initially this policy led to a significant decrease in malaria cases among French sol- diers. However the incidence of malaria rose in 1995 and 1996. This recrudescence was attributed to poor compliance with chemoprophylaxis and to the declining efficacy of the CQ+PG combination. In response to these problems, a new policy was developed and implemented especially in central and east Africa where a significant increase in cycloguanil- resistant Plasmodium falciparu m was noted in local re s i d e n t s and French soldiers. The CQ+PG combination was still eff e c- tive in sub-Saharan countries. The new regimen calls for the use of mefloquine or doxycycline monohydrate. Short-term use of doxycline monohydrate is made during operations in countries with high chloro q u i n e - resistance. Protective methods and vector control measures continue to be used in associa- tion with chemoprophylaxis.

Résumé :Prophylaxie du paludisme dans l'armée française : évolution des concepts.

Le paludisme reste un problème majeur de santé publique dans le monde et la prévention constitue toujours une priorité pour le service

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de santé des armées françaises qui déploient environ 13000 mili - taires, dont la plupart en mission longue durée, dans des zones à forte transmission de paludisme. La surveillance épidémiologique du paludisme dans les armées permet de préciser l'importance de la morbidité, de suivre l'évolution des chimiosensibilités de Plasmodium falciparumaux antipaludiques et d'étudier l'efficacité des actions de lutte. Avec environ 540 cas signalés, l'incidence de paludisme en 1999 était de 4.1 p. 100 hommes.année. Depuis 1991, le service de santé a mis l'accent sur la prophylaxie. En plus des dispositions de lutte antivectorielle et de protection individuel - le (les moustiquaires de lit imprégnées d'insecticide, les vêtements protecteurs, les insectifuges cutanés, et les insecticides en aérosol), chaque soldat a bénéficé d'une chimioprophylaxie utilisant 100 mg de chloroquine base et 200 mg de chlorhydrate de proguanil dans une seule gélule conditionnée par le service de santé des armées françaises. Dans un premier temps, cette stratégie a réussi à faire baisser significativement l'incidence du paludisme. Cependant le taux a augmenté de nouveau en 1995 et 1996 probablement à cause de l'inobservance du régime de chimioprophylaxie et d'une diminution de l'efficacité de l'association chloroquine-proguanil.

Pour répondre à cette situation, une nouvelle stratégie a été déve - loppée et mise en place surtout dans les régions du centre et de l'est de l'Afrique où on a constaté une augmentation de la résis - tance du Plasmodium falciparum à cycloquanil aussi bien dans la population autochtone que chez les soldats français. L'association chloroquine-proguanil restait efficace en Afrique sub-saharienne.

Le nouveau régime repose sur la méfloquine ou sur le monohydra - te de doxycycline. Le monohydrate de doxycycline est utilisé de façon ponctuelle pendant des opérations dans des pays à forte résistance à la chloroquine. Les mesures d'évitement et de lutte antivectorielle associés à cette chimioprophylaxie restent les mêmes.

La stratégie de lutte antivectorielle dans les armées françaises.

X. Deparis, J-P. Boutin, R. Michel,

L. Galoisy-Guibal, J-B. Meynard, F. Pages, T. Matton, A. Spiegel & D. Baudon

Mots-clés: lutte antivectorielle - désinsectisation - armées - France

A

vec environ 23 000 hommes stationnés en zone inter- t ropicale et la multiplication des opérations militaire s ou humanitaires dans le monde, la lutte antivectorielle dans les armées françaises s’inscrit comme une priorité de santé mili- t a i re. La stratégie en place fait appel à des moyens individuels et collectifs. Les moyens individuels consistent en port de tenues de combat imprégnées de perméthrine, l’utilisation de répulsifs cutanés et de moustiquaires de lits imprégnées de deltaméthrine. Les moyens collectifs sont domiciliaires et p é r i d o m i c i l i a i res. La lutte antivectorielle domiciliaire s’ap- puie sur l’aménagement physique des locaux (grillage mous- t i q u a i re aux ouvert u res, climatisation) re n f o rcé par des moyens chimiques (aspersion régulière d’insecticides rémanents sur les murs, les rideaux et les grillages moustiquaires). La lutte p é r i d o m i c i l i a i re repose surtout sur la lutte antilarv a i re et l’éli- mination des gîtes larv a i res potentiels. En cas d’épidémie, elle

peut être complétée par la mise en œuvre de pulvérisations spa- tiales par volume ultra faible d’insecticide imagocide. Dans les unités stationnées en zone intert ropicale, la lutte antivectorielle est mise en œuvre et supervisée par le comité de lutte anti- moustiques qui réunit les personnels de l’unité directement concernées par la lutte antivectorielle. Les stratégies choisies sont adaptées aux conditions climatiques, matérielles et mili- taires spécifiques de chaque unité. L’évaluation de l’efficaci- té de la lutte antivectorielle est faite chaque année au vu des variations d’incidence dans les armées des principales maladies à transmission vectorielle, le paludisme, la dengue et les leish- manioses. L’information et la formation des personnels sont réalisées dans toutes les unités en zone intert ropicale. Les médecins d’unité bénéficient d’une remise à niveau dans le c a d re des trois stages annuels de formation continue à la lutte antipaludique organisés à l’Institut de médecine tropicale du Service de santé des armées, Le Pharo, à Marseille. Des pro- tocoles de re c h e rche appliquée menés en collaboration avec des organismes militaires ou civils extérieurs au Service de santé des armées permettent de proposer aux états-majors une évo- lution de la stratégie de lutte antivectorielle qui soit toujours adaptée aux conditions de la vie militaire en zone intertropi- cale ou en opération.

Abstract:Disease vector control strategy of the French armed forces.

Disease vector control is a major priority for the Medical Health Corps of the French Armed Forces which maintains around 23,000 troops in tropical areas and is involved in numerous military and humanitarian missions throughout the world. Control strategy includes both general and personal control measures. Personal control measures include wearing permetherin-impregnated com - bat uniforms, application of repellents to the skin, and use of del - tamethrin-impregnated bednets. General measures are implemen - ted in facilities and in the environment. Measures in facilities inclu - de not only physical deterrents such as screens on openings and air- conditioning but also application of chemical insecticides to walls, curtains, and screening. Environmental measures include control of larval deposits and elimination of potential breeding areas. Low- volume wide-area spraying of imagocides is a supplemental option used in case of disease outbreak. For units stationed in tropical areas, command and surveillance of vector control operations is under the responsibility of the mosquito control committee which includes personnel from the affected field unit. Strategies are cho - sen in function of local climate and operational conditions. The effi - cacy of vector control programs is assessed annually by reviewing the incidence in armed forces personnel of the main vector-trans - mitted diseases: malaria, dengue fever, and leishmaniasis.

Documentation and training are dispensed to all units stationed in tropical areas. To ensure that knowledge of military physicians remains current, three courses on malaria control are offered each year at the Tropical Medicine Institute of the Armed Forces Health Corps (Le Pharo) in Marseille. Field research conducted in collabo - ration with military or civilian organizations independent of the Armed Services Health Corps makes it possible to keep chiefs of staff informed of state-of-the art vector control measures adapted to use by personnel on assignment or mission in tropical areas.

Key words: disease vector control - insect control - armed Services - France Modérateurs :A. CHIPPAUX& M. COOSEMANS

Situation et perspectives en prophylaxie antipaludique 168

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