FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1901-1902 N° 63
r>
u
LAME IITEMITLAIEE
PAR
INJECTION ET ASPIRATION SIMULTANÉES
après l'Opération de la Cataracte
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquementle 81 Janvier 1902
PAR
Elie-Henri DE V Y
Né à Toulon (Var), le 1er novembre 1878.
Élève duService de Santé de la Marine
Examinateurs dela Thèse:
\
^ POUSSONp.ofesseur... J
agrégé > Juges.
'
MM.BADAL professeur.... Président.
VERGELY piofesse POUSSON agrégé.
LAGRANGE agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1902
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen
honoraire.
PROFESSEURS
MM. M1CÉ
)
DUPUY ( Professeurshonoraires.
MOUSSOUS
\
Cliniqueinterne Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
Médecine légale
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
VERGEEY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
CANNIEU VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
Physique médicale...
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des
maladies des enfants Chimiebiologique...
Physiquepharmaceu¬
tique
MM.
BERG0N1É.
BLAREZ.
GU1LLAUL).
FIGUIER.
de NABJAS FERRÉ.
BADAU.
P1ECHAUD BOURSIER.
A. MOUSSOIJS DEN1GÈS.
S1GALAS.
A<;RÉG ÉW E.1 EXERCISE
section ukmédecine (Pathologie interneet Médecinelèqale.)
MM. SABRAZÈS. j MM. MONGOUR.
LE DANTEC.
j
CABANNES.HOBBS.
section de ch1kukgie et accouchements
Pathologieexterne.
MM.VILLAR.
I CHAYANNAZ.
I BHAQUEHAYE BÉGOUIN.
Accouchements.\MM '/
F1EUX.
ANDER0D1AS.
Anatomie,
section dessciences anatomiques et ehysioi.ogiques
JMM. GENTES. |
Physiologie MM. PACHON.
CAVALIÉ. I Histoire naturelle
BEILLlv
section dessciencesphysiques Chimie MM. BENECH. | Pharmacie....,
4 OUH<*i COlIPliÉSIIlNTlI R Clinique desmaladies cutanéeset
syphilitiques
Clinique desmaladies des voies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie Pathologieexotique
Le Secrétaire de laFaculté:
M. DUPOUY.
E* :
MM. DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCu.
FIEUX.
PACHUN.
PRINCETEAU
LAGRANGE.CARPES.
le dantec.
lemaire.
Pardélibération du 5 août 1879, la Facultéaarrêté que les opinions
émises ûanB 1
Thèsesquilui sontprésentées doiventêtreconsidérées commepropres h
leurs auteurs,
qu'elle n'entend leurdonner niapprobation niimprobation.
A MES PARENTS
A tousceux qui m'ont 'porté
quelque
intèrA mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BADAL
PROFESSEUR DE CLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE A LAFACULTÉ DEMÉDECINE DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE 1/lNSTRUCTIONPUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Nous voici arrivé au terme de nos études médicales, et c'est pour nous une occasion bien favorable pour témoigner
toute notre gratitude aux savants distingués et dévoués qui n'ont ménagé ni leur temps, ni leur patience pour nous enseigner les premiers principes de la médecine.
Dans notre première année de médecine, à Toulon, nous avonsconservé le meilleur souvenir de MM. Bousquet, Gi¬
rard et Boutinqui n'ontcessé de nous témoigner de l'intérêt;
à Bordeaux, les séjours, trop courts, hélas! que nous avons faits dans les services de MM. Picot, Lanelongue, Piécliaud, Boursier et Badal nous ont permis d'acquérir la majeure partie de notre faible bagage médical: nous avons toujours suivi avec intérêt les
leçons
de ces maîtres et nous sommesheureux de les remercier ici de leur bienveillance à notre égard.
Que M. le Prof. Badal, qui nous a inspiré le sujet de ce
travail,veuille
bienaccepter
icil'hommage
denotreprofonde gratitude pour l'honneur qu'il a bien voulu nous faire enacceptant la présidence de notre thèse.
Nous ne saurionsjamais trop remercier M. le Prof, agrégé Lagrange, qui n'a
ménagé
ni son temps ni ses conseils pour nous permettre de mener à bonne fin notremodeste travail.Nous sommes heureux depouvoir exprimer ici toute notre reconnaissance à MM. Dransart, Vacher, Fage et
Chibret,
lesophtalmologistes
distingués qui ont bien voulu- nous facili¬ter notretâche en nous donnant leur avis sur le
sujet que
nous traitons.
Nous adressons à tous nos maîtres de la
Marine
qui nous ont témoignéquelque intérêt l'assurance de notre profonde
gratitude etde notre profond respect.
Enfin noussommesheureuxd'adresser ici tous nos remer¬
ciements les plus
sincères à M. Aubaret, interne de la Clini¬
que
ophtalmologique du professeur Badal, qui n'a cessé de
nousguider dans
l'exécution de notre travail, et à notre
camarade, M. Sallet, qui a
mis gracieusement à notre dispo¬
sition ses brillantes connaissancesdes
langues étrangères.
Bordeaux, 18 janvier
1902.
H. D.INTRODUCTION
L'opération de la cataracte est certainement arrivée au¬
jourd'hui à undegré élevé de perfectionnement, et il semble qu'il n'y ait plus rien à dire sur une question où la techni¬
que et l'instrumentation sontréglées et perfectionnées d'une manière aussi parfaite. Les instruments, grâce à l'outillage moderne, ontacquis une légèreté et une élégance qui ren¬
dentencore plus vraie aujourd'hui la parole deWarlomont, qui appelait l'ophtalmologie la « bijouterie chirurgicale ».
Quantà la technique, elle est définitivement fixée et ce ne sont pas de légères modifications de détail qui lui feront faire un grand pas; d'ailleurs, il y a dans ces légères modi¬
fications une part considérable qui revient à la façon origi¬
naleet personnelle de l'opérateur. Chacun s'adapte à la
façon
d'opérer à laquelle son doigté s'habitue d'unefaçon
plus facile.Mais si cetteperfection semble atteinte aujourd'hui grâce à l'outillage et à la technique, nousne pouvons cependant
nousempêcher de constater qu'il 'existe encore un certain nombre de cas d'opérations défavorables, et le plus grand nombre d'entre elles, sans contredit, nous est fourni parle contingent des cataractes secondaires ou de celles qui, après
une
intervention,
ont vu survenir des massesopacifiéesdans lechamp
pupillaire, diminuant ainsi d'une manière consi¬dérable l'acuité visuelle qu'elles étaient en droit d'avoir.
Or, dans notretravail, nous nousoccuperons conséquem- mentd'un moyen de prévenir cescas défavorables, car l'on sait combien il est difficile,
lorsqu'une
opération n'a pas été- 10 —
immédiatement suivie d'un succès complet,
d'améliorer
un résultat, si peu incompletqu'il soit,
etquele meilleur
moyen deguérir la cataractesecondaire, c'est
encorede l'éviter.
Ce moyen consiste dans
la pratique judicieuse du lavage
intra-oculaire. De prime abord, et pour
des esprits mal pré¬
venus, on pensera que le lavage
intra-oculaire est
une questiondéfinitivement jugée:
on sesouvient trop,
eneffet,
qu'à une certaine époque un
véritable engouement paraissait
l'avoir définitivement consacréparmi les
méthodes d'extrac¬
tion des cataractes ; cette époque n'est pas encore
très éloi¬
gnée. Un
véritable engouement régna
enfaveur du lavage
pendant uncertain
temps,mais l'exagération de
sesbien¬
faits provoqua vite une
réaction
en sensinverse;
envérité,
on en avait trop abusé: d'un
simple procédé pratique
onavait voulu faire une méthode générale,
l'employer dans
tous les cas indistinctement, et bientôt cet
enthousiasme
général fit placeà
unabandon
presquecomplet.
Nous nedésirons donc pas dans notre
travail reproduire
des idées anciennes et rajeunir des opinions
surannées;
cela n'aurait d'autre avantage que de ne
rappeler
quedes
tentatives destinées à échouer et de ne grouper que
des
documentsd'un intérêt pratique
contestable. Notre but est
plus
simple
etplus pratique, et si
nous sommesobligé de
rappeler, très
brièvement d'ailleurs, les débats d'autrefois,
ce sera tout simplement pour montrer
combien notre opi¬
nion diffère,et que les résultats
auxquels ils ont abouti ne
pouvaientavoir qu'un
succès très éphémère. C'est, qu'en
effet, on a fait un tel abus du lavage
intra-oculaire, qu'on a
provoquédela
sorte un mouvementde réaction contre lui qui
n'a pas tardé à
s'affirmer
dansles années suivantes,
aupoint
que dansces
derniers
temps unvéritable discrédit semblait
jeté sur lui. Or, actuellement, nous nous trouvons
à une
époque assez
éloignée
de cettepériode d'engouement, pour
pouvoir jugerd'une manière
plusimpartiale de quelle fa¬
çon ceux qui ont voulu préconiser
la méthode
enexagérant
ses bienfaits à plaisir auraient pu en faire un
procédé émi-
— il —
nemment utile, susceptible de rendre de
précieux services, le
cas échéant, au coursd'une opération de cataracte.
En envisageant le lavage.intra-oculaire
pratiqué
par unprocédé
que nous allons démontrer commele plus perfec¬
tionné, en restreignant surtout ses indications aux cas
où
sonintervention rend des résultats décisifs, nous croyons non seulement faire plus qu'un travail de revue bibliogra¬
phiqueou historique, mais prendre résolument un parti des plus actifs pour faire triompher un procédé utile, pratique et parfois indispensable.
Pour peu que l'on ait pratiqué l'opération de la cataracte
on
s'apercevra
qu'à côté des inconvénients qui tiennent aux conditions d'asepsie ou d'antisepsie dans lesquelles s'accom¬plit
l'opération,
il en est un autre plus difficile à éviter: c'est celui relatif à la récidive de la cataracte, lorsquel'opération
a été pratiquée d'une manière incomplète.
Si on évite assez facilement aujourd'hui les infections ocu¬
laires consécutives au traumatisme chirurgical, si on s'est placé dans les conditionsles plus favorables pour que l'œil
se défendenon seulement contre le traumatisme de l'inter¬
vention, mais aussi contre les quelques agents infectieux dont il est difficile de débarrasser la conjonctive, il n'en est pasde même au point de vue opératoire. On n'a pas imaginé le moyen suret facile d'éviter d'une façon certaine la cata¬
ractesecondaire. Beaucoup d'yeuxque l'onconsidèrecomme
opérésd'une façon satisfaisante, présentent de nombreuses opacités secondaires qui atténuent considérablement leur acuité. Il est doncdu devoir du chirurgien
d'employer
tous les moyensque lui fournit l'arsenalchirurgical
pour éviternon seulementces récidives de la cataracte,maispourdébar¬
rasser d'une manière complète la chambre antérieure de tous les débris cristalliniens.
C'est pour fournil- un moyen de plus, dans des conditions bien
déterminées,
dans descas que nousallons nousefforcer de bien établir, que nous avons cru nécessaired'entrepren¬
dre le sujet du lavage
intra-oculaire;
mais, comme nousavions là une méthode déjà ancienne, qui,
malgré le discré¬
dit dans lequel
elle paraissait tomber dans
cesderniers
temps,
restait
encore en usageauprès d'un petit nombre de praticiens,
nous nous sommesempressé de
nousadresser à
la plupart
d'entre
eux.afin de leur demander les raisons qui
faisaientd'eux les fidèles adeptes d'une
méthode
que toutle
mondesemblait délaisser.
C'estainsi que nous nous sommes
empressé d'interviewer
MM. Fage,Vacher, Dransart, Lagrange,
qui ont été d'une
ama¬bilité parfaite
à
notreégard et qui ont bien voulu
nousdon¬
ner leuropinion
personnelle. Nous
nous sommesadressé
au docteur Cbibret, etnousle remercions ici, qui a bienvoulu
nous faireconnaître les résultats de sa pratique du
lavage
intra-oculaire à l'aide de sa méthode d'injection et
aspiration
simultanées. Nous avons pu nous
rendre
comptefacilement,
grâce à l'empressement
qu'ils ont mis à
nousrenseigner, des
réels avantages que l'on
pouvait tirer du lavage intra-ocu¬
laire
pratiqué
avecdiscernement et habileté.
C'est grâce àeux que nous sommes parvenu
à
nousfaire
l'opinion
personnelle
que nousallons
nousefforcer de sou¬
tenirau cours de ce travail, et qui tendra
à démontrer qu'en
rejetant de parti
pris le lavage intra-oculaire,
onse prive
d'un excellent moyen
(alors
quetous les autres ont pu échouer)
dechasser d'une façon parfaite les
massescristalli-
niennes souvent si tenaces dans l'intérieur de
l'œil.
Nous avons vu pratiquer
à la Clinique ophtalmologique de
M. le Prof. Badal le lavage intra-oculaire à
l'aide de la mé¬
thode à injection et
aspiration simultanées
:c'est de cette
dernière et des instruments qui ont été
imaginés pour la
réaliser que nousnous occuperons
surtout.
Nous adressons ici nos bien sincères
remerciements à
notre excellent ami, M. Aubaret, interne des
Hôpitaux et pro¬
secteur à la Faculté, qui a bien
voulu
nousfaire l'honneur
de décrire le premier son nouveau
modèle de seringue à
doublecourant, en usage depuisquelque temps
à la Clinique
ophtalmologique
de
M.le Prof. Badal.
Notretravail s'occupe surtout du lavage intra-oculaire à double courant. Néanmoins, dans un premierchapitre, nous
avons résumé, aucours d'un historique rapide qui sertd'in¬
troduction ausujet, quelles étaient les méthodes ancienne¬
ment préconisées de lavage intra-oculaire, dansquels buts et par quels moyens elles étaient pratiquées.
Dans un deuxième chapitre, nous étudions d'une façon généraleles irrigateurs de la chambre antérieure et les di¬
verses méthodes employées, nous plaçant surtout au point
de vue hydraulique, en faisant ressortir les avantages et les inconvénients de leur emploi.
Dansle troisième chapitre, nous nous occupons alors du lavage par la méthode à injection et aspiration simultanées
de Chibret: nous décrivons les instruments de Ghibret et d'Aubaret et faisons ressortir les avantages de cette instru¬
mentation.
Dans un quatrième chapitre, profitant des renseignements cliniquescommuniqués parMM. Dransart, Lagrange, Vacher, Fage, Chibret etBadal, nous traitons la question capitale des indications et des contre-indications du lavage intra-ocu¬
laire.
Dans le
cinquième
chapitre, nous donnons des résultats tout à l'avantage du procédéquenouspréconisons, et immé¬diatementnous tirons les conclusions pratiques qui parais¬
sentsedégagerde notre travail.
I
HISTORIQUE
Le lavage intra-oculaire est de date très ancienne. S'il taut
en croireHugo Magnus, il aurait été pratiqué dès la lin du
xviesiècle ou aucommencement du xvib, mais il ne cite pas
d'exemple à l'appui de son dire.
Le premier qui ait pratiqué le lavage intra-oculaire est
un Français nommé Saint-Yves; il l'employait dans le cas
d'hypopion pour débarrasser la chambre antérieure du pus qu'elle contenait (Saint-Yves, Traité desmaladies des Yeux.
Paris 1722). Un long intervalle de temps suivit cette applica¬
tion du lavage intra-oculaire, car cen'estqu'en 1773 qu'il tut employé de nouveau par un Françaiségalement, Guérin,
mais cette fois dans le but d'extraire les masses corticales après l'opération de la cataracte. Sommer (1779), puis Casa- înata imitèrentGuérin, mais la méthode ne fut guère amé¬
liorée que par Forlenze (1799), un Italien, qui le premier se servit d'un instrumentetd'un liquide spéciaux.Lesrésultats obtenus nedurent pas être satisfaisants, caril faut attendre la seconde moitié du xixe siècle pour entendre parler denou¬
veau du lavage intra-oculaire.
Heyman
(1864)
fait le lavage intra-oculaire pourdébarras¬ser la chambre antérieure des collections sanguines.Mais ce n'est guère qu'après l'avènement de l'ère
antiseptique
que l'idée denettoyerl'intérieur de l'œil sedéveloppe
plus parti¬culièrement.
Inouye
(1879)
au Japon,Abadie(1882)
en France,MacKeown(1884-85)
enAngleterre,
Wieherkiewicz(1885)
enAllemagne
découvrent presquesimultanémentde nouvelles et ingénieu-- 16 -
ses méthodes de lavage
intra-oculaire
;puis Vacher (1885)
etPanas
(1885-86), de Wecker (1886)
enFrance, Sattler (1885)
en Allemagne s'ingénient àtrouver de
nouveauxprocédés
pour généraliserla méthode. Le lavage intra-oculaire entre dès
lors dans la pratique,non sans
subir cependant de nombreu¬
ses modifications de la part de ceux
qui l'emploient, c'est-à-
direZancarol (d'Alexandrie en
Egypte, 1887), Grandclément
(1887), Terson(1887)
ceToulouse, Chodin (1887)
enRussie,
Gayet
(1888) de
Lyon,Iloffman, CJhle (1892)
enAllemagne.
Dans ces dix dernières années le lavage intra-oculaire a été
assezdélaissé; nous devons dire
cependant qu'il est employé
par un
certain nombre d'ophtalmologistes tels
queVacher (d'Orléans), Dransart (de Somain), Fage (d'Amiens), et sur¬
tout par
Chibret (de Clermont-Ferrand) qui
adécouvert une
méthode nouvelle d'irrigation des
cham-bres de l'œil destinée
à rendre degrandsservicesen
ophtalmologie. Enfin MM.Badal
etLagrange (de
Bordeaux)
ontpréconisé le lavage intra-ocu¬
laire, mais dans certains cas
spéciaux
que nousverronsau
cours de ce travail.
L'idée du lavage intra-oculaire n'a pas été
unanimement
acceptée,
elle
atrouvé
aucontraire de nombreux contradic¬
teurs, en Allemagne surtout.
Ainsi M. deWensel, dans son
Traité d'oculistique (1812),
disait : « Ceserait une preuve d'imprudence de
faire usage
des injections pour
laver, déterger
ouentraîner les résidus
de la lentille cristallinienne
opaqiie
après sonextraction.
Cette méthode,qui n'est point
nouvelle, recommandée et pra¬
tiquée par
quelques oculistes,
meparaît
uneinnovation dan¬
gereuse. Je suis bien
assuré
quegrand nombre de malades
affectés decataracte, etsurlesquelson aexercéces
injections après
l'extractiondu cristallin, s'en sont mal trouvés et ont
éprouvé
desaccidents plus
oumoins sérieux qui sans cela
n'auraient pas eu
lieu.
»Pauli, dans son traité
(Ueber die
grauenstaare. Stuttgard,
1838),
l'envisage
comme unelésion de l'œil.
Karl Himly, dans son
livre
:Die krankheiten iïber missbil-
— 17 —
dungen des Auges
underen Heilung (Berlin 184-3), prétend
queGasamata et Forlenze faisaient mal
d'éliminer
les restes de la cataracte par le lavage à l'eau tiède. «En général, dit-il,on ne recommandejamais assez d'éviterautant quepossible
de faire pénétrer des instruments ni de l'air dans la cham¬
bre antérieure, car il s'ensuit évidemment soit une irrita¬
tion, soit une inflammation, soit même une destruction de l'œil. »
On comprendra aisément que ces reproches étaient fondés si l'on songe que l'on ne connaissait pas encore les antisepti¬
ques.
Cependant Benedict, Richter, Beer, tout en étant moins intransigeants en ce qui concerne l'introduction d'instru¬
ments dans la chambre antérieure, tiennent les seringues pourplus dangereusesque la curette. Nous verronsplus tard
ce qu'il faut en penser. Dans ces derniers temps encore, et surtout, le lavageintra-oculaire rencontre
beaucoup
d'enne¬mis, mais cela tient probablement à l'imperfection des méthodes employées; nous verrons à la fin de ce travail commenton peuty remédier.
But du
lavage.
—Mais si les oculistes qui ont pratiqué lelavage
intra-oculaire sont nombreux, le but que chacun d'eux poursuivait en le faisant n'était pas le même.Les anciens
ophtalmologistes
n'avaient évidemment pas d'autre but en faisant le lavage de la chambre antérieure que de débarrasser mécaniquement l'intérieur de l'œil de tous les corps étrangers qui pouvaient s'y trouver, tels que pus, sang, bulles d'air, etc. C'est le but quevisaitSaint-Yves.Pour donner issue au pus dans les
hypopions,
il se servait d'une petite seringue et injectaitde l'eau tiède dansla cham¬bre antérieure
jusqu'à
complète évacuationdu pus; silepus se reformait, il ne craignaitpasde rouvrir laplaie et de faire
une nouvelle injection. L'injection d'eau tiède n'agissait ici évidemment qued'une façon mécanique. C'estaussi dansun
but
mécanique
que Guérin, Sommer,Casamata,
Forlenze pratiquaient lelavage intra-oculaire,
mais il faut remarquerD.
2
- 18 -
que pour
Guérin le lavage était destiné non plus à donner
issueau puscontenu
dans la chambre antérieure, mais bien
à évacuer au dehors les
débris cristalliniens provenant de
l'extraction de la cataracte;
c'est donc Guérin qui, le pre¬
mier, a eu
l'idée d'appliquer le lavage de la chambre anté¬
rieure à
l'opération de la cataracte. Heyman ne voulait-il
pas
débarrasser mécaniquement l'œil des collections san¬
guines contenues
dans la chambre antérieure quand il injec¬
taitavec uneseringue de Pravaz une
solution de sel marin
à la température
du corps? Mac Keown au début pratiquait
le lavage
intra-oculaire
avecde l'eau tiède dans un but exclu¬
sivement mécanique : «Mon
but, disait-il, est de substituer le
lavage des masses
corticales mûres et non mûres aux ma¬
nœuvresde pression
et de frottement, et même à l'extraction
par
les curettes, jusque là très employées ». Tous les oculis¬
tes
précédents,
nousl'avons vu, en pratiquant le lavage
intra-oculairene voulaient que
débarrasser mécaniquement
l'œil de tousles corps étrangers
inanimés contenus dans la
chambreantérieure : pus, sang,
bulles d'air, masses corti¬
cales.
Avec la découverte des
microbes,
avecla notion de l'anti¬
sepsie on ne se
contenta plus d'employer les lavages intra-
oculaires dans un but
exclusivement mécanique. On n'appli¬
qua plus
seulement l'antiseptique aux parties extrinsèques
cle l'œil:
paupières, cils, conjonctive, culs-de-sac conjonc-
tivaux, on voulut faire une
antisepsie plus complète encore;
et commeavec l'antisepsie
extra-oculaire les opérations de
cataracte
comportaient environ 2
casd'insuccès sur 100, on
voulut réduire ce chiffre à 0, eton
introduisit alors l'antisep¬
tiquejusque
dans l'intérieur de l'œil: on fit de l'antisepsie
intra-oculaire. Certains
oculistes n'employèrent le lavage
intra-oculaire que dans un
but uniquement antiseptique.
C'estAbadiequi le
premier
enFrance l'employa dans ce but:
dans le cas de plaie
pénétrante, il injectait dans l'œil une
solution de HgCl- à
1/3000
etd'acide borique à 4 0/0.
Puis ce futVacher
(d'Orléans) qui, dans la Gazette hebdoma-
— 19 —
daire de Médecine et de
Chirurgie
du 7 septembre 1885.indiqua,à propos de son article sur « le biiodure de mercure combiné à l'iodure de potassium comme pansement antisep¬
tiqueenchirurgie et particulièrementenchirurgie oculaire», qu'il ne manquait jamais d'injecter entre les lèvres de la plaie son liquide antiseptiquedans tous les cas de cataracte, d'iridectomie, ou de paracentèse de la chambre antérieure pour iritis ou
hypopion.
Mais le grandapôtre del'antisepsie
intra-oculaire est incontestablement M. Panas, qui,
depuis
le début de 1885, a employé méthodiquement le lavage intra- oculaire dans un but exclusivement antiseptique. M. Panas estimeen effet que c'est là le complément indispensable de
l'antisepsie
duchamp
opératoire dansl'opération
de la cata¬racte. « En effet, si on considère qu'on a dû introduire dans l'œil desinstruments donton n'est jamais absolument sur au point de vue
antiseptique,
que l'œil a été ouvert etexposéaux germes extérieurs, qu'unebulle d'aira pu pénétrer sous la cornée,on n'hésite pas à reconnaître que c'est une anti¬
sepsie illusoire que celle qui consiste à laver la conjonctive
et les lèvres de la plaie ». Panas a, en effet, vu des oplital- mites débuter parune iritis suppurative et n'a jamais vu de suppuration à la suite de son lavage
méthodique.
D'autres
ophtalmologistes
concilièrent les idées des deux groupes précédents, c'est-à-dire qu'ils pratiquèrent lelavage
intra-oculaire à la fois dans un butantiseptique
et dans un butmécanique.
Choseextraordinaire,
le premier qui ait sérieusement pratiqué le lavage de la chambre antérieure aprèsl'opération-de
la cataracte,Inouye,
réalisa ce double but : d'une parten injectantde l'eauboriquôe
tiède, d'autre parten employant sq curette injectante. CommeInouye,
et presque en même temps que lui, Wicherkievicz avait aussi pour buten pratiquant le lavage intra-oculaire de faire la toiletteaussi complèteque possible duchamp
pupillaire au moyen du liquideantiseptique
qu'ilinjectait;
ilirriguait largement
lesaccapsula ireavec unesolution d'acideborique
à 1 0/0 ou de sublimé à 1/20000, suivant qu'il craignait ou
- 20 -
non une inoculation. Il est à remarquer cependant qu'il ne
l'employait quepour
les
cataractes nonmûres.
En 1887, Vacher emploie le lavage
intra-oculaire après
l'opérationde
la cataractedans
unbut antiseptique, et aussi
dans un butmécanique. Presque tous
les
autresophtalmolo¬
gistes : Ghodin, Grandclément, Gayet, ont tous
pratiqué le
lavage de la chambreantérieure
avecdes liquides antisep¬
tiques.
Mais bientôt une nouvelle notion, celle de l'asepsie,
vint
modifier une fois de plus les méthodes de lavage
intra-
oculaire. Quand on eut démontré que les antiseptiques
n'étaient pas des agents sûrs,
qu'ils
nedétruisaient
pastous
les germes, qu'ils pouvaient mêmeen contenir,
quand
oneut
démontré que certains antiseptiques détruisaient
certains
germes qued'autres nedétruisaient pas,
enfin quand il fut
bien établi que seuls la chaleur au-dessus de 100° ou
l'au¬
toclavepermettaient de réaliser la destruction
complète de
tousles germes
pathogènes,
on laissa de côtél'antisepsie
pour
l'asepsie.
Leslavages intra-oculaires
nefurent plus
pratiqués
qu'avec
del'eau
stérilisée parla chaleur, et les
instruments les plus variés furent inventés pour
réaliser
l'asepsie la plus absolue. C'est actuellement avecde l'eau
bouillie stérilisée et filtrée que la plupart des
ophtalmolo¬
gistes, comme Vacher, Abodie, Gayet, Terson, Lagrange, Dransart, pratiquent le lavage mécanique de la
chambre
antérieure.
Un grand ophtalmologiste, de Wecker, pratique le
lavage
intra-oculaire dans un but tout à fait spécial. De
Wecker,
convaincu que la quantité d'antiseptique
injectée
dansl'œil
est toutà fait insuffisante pour détruire les germes, laisse
de
côté toute antisepsie et même tout nettoyage de la
chambre
antérieure
après
l'opération de la cataracte, pour nes'oc¬
cuper que d'une chose: c'est de provoquer par la
contraction
de l'iris et son étalementrégulier unecoaptation aussi
exacte
que possibledes
lèvres
de la plaie. Il réalise ce butenfaisant
dans la chambreantérieure uneinjection de quelques
gouttes
d'ésérine.
— 21 -
En résumé, nous pouvons
dire
quele lavage intra-oculaire
a été
pratiqué dans deux buts principaux
:un but antisep¬
tique et un
but mécanique. Les
unsl'ont employé unique¬
ment pour
faire l'antisepsie de la chambre intérieure,
d'autres, etce sontles plus nombreux,
l'ont fait
pourdébar¬
rasser mécaniquement
l'œil de tous les
corpsétrangers,
aii', sang, masses
cristalliniennes, qui
parleur présence
dans la chambre antérieure pouvaient
s'opposer
ausuccès
de l'opération de
la cataracte, soit immédiatement, en pro¬
voquant des
accidents d'inflammation du côté des mem¬
branes internes de l'œil, soitsecondairement, en
amenant la
formation de cataracte secondaire ; ceux-ci ne
diffèrent
que par la nature antiseptique ouaseptique du liquide qu'ils ont
injecté. Enfin nous avons
mentionné le but particulier de
de Wecker.
Liquides de lavage. —
Avant de
passer en revuel'appareil
instrumental qui a servi à
pratiquer le lavage intra-oculaire,
voyons quels sont les liquides
qui ont été injectés, et quels
sontceux qui paraissent
être les meilleurs.
Les anciens
ophtalmologistes ont injecté les liquides les
plus divers. Pour les hypopions,
Saint-Yves
ne seservait que
d'eau tiède. Sommer, Casamata faisaient
des injections d'esprit
de vin, d'alcool ensolutions
assezconcentrées; on
injecta mêmede l'huile éthérée, quià cette époque jouissait
d'une grande réputation.
Quels furent les résultats de
pa¬reilles pratiques ? Ils ne
durent certainement
pasêtre bril¬
lants, et l'on comprend
dès lors fort bien la répulsion que de
Wensel, Pauli, Himly, Benedict et
d'autres avaient
pourle lavage.
Forlenze injectait del'eau
pureà 32°. Heyman em¬
ployait la solutionphysiologique
deNaCl à la température du
corps.
Avec la notion d'antisepsie,
les antiseptiques les plus
divers ont été
employés, mais il faut reconnaître qu'ils
appartiennent surtout à deux grands groupes :
les sels de
mercure et l'acide borique.
Inouye,
Mac Keown,Wicherkiewicz, Chodin employaient
des solutions d'acide borique à l 0 0 ou à 3 et4 o 0. Sattler injectait une solution de HgCl2 saturé de HgF2 à 1/5000.
Panasse servait d'une solution de IlgT2 à 1/25000, dontvoici la formule :
Vacher, en 1886, injectait dans la chambre antérieure une solution
d'iodhydrargyrate
d'iodure de potassium.L'étude des liquides
employés
pour lelavage
intra-oculnire fut l'objetd'importants
travaux, parmi lesquels il convient de citer ceux de M. Gayet, de Lyon, et surtout ceux de MM. Bettremieux et Vassaux. Ces expérimentateurs ont montré que les sels de mercure sont des plus nuisibles, car ils produisent tous une opalescence de la cornée, partant des bords de la plaie et descendant en stalactites entre les lames de cette membrane. Cette opalescence, d'ailleurs pas¬sagère et ne durant guère que huitàquinzejours,seraitdue
a la formation entre les lames de la cornée d'un albuminale de mercure difficilement soluble. En outre, tous les sels de
mercure provoquent une légère injection
périkératique
pas¬sagère, un peu de myosis, et toujours un peu d'irritation de l'iris.
D'après leurs expériences, MM. Bettremieux et Vassaux ont été amenés à conclure que le meilleurantiseptique
à
employerest la solution d'acide borique à 3 0/0, qui estsuffi¬
samment
antiseptique
etneprovoque aucuneréaction inflam¬matoire. Après les expériences de Bettremieux, lespartisans
du lavage intra-oculaire ont presque tous employé la
solu¬
tion d'acide
borique
à 30/0,
et Panas affirme n'avoir eu que 2 cas de suppuration sur 361 lavages.Enfin il résulte des nombreuses expériencesde Rœthlis- berger (Thèse de Bâle 1893) sur les lapins, et de 238 lavages consécutifs àl'opérationdela cataractepratiquésparSchiess,
de Bâle : 1° quelameilleure solution
antiseptique
à employerEau ..
Alcool
1000 20
Hgl2 0,05
est la solution concentréed'acideborique, qui possède surla
solution physiologique de NaCl l'avantage
de
rester asep¬tique ; 2° que l'alcool, les solutions
de HgCl2
etde trichlo-
rure d'iode doivent être rejetés, car ils provoquent desopa¬
cités passagèresou persistantes de
la
cornée etl'irritation de
l'iris.
Il sembleraitdonc, d'après ce qui
précède,
que nousdus¬
sions nécessairement conclure qu'il ne faut
plus employer
pour les lavages intra-oculairesquede
l'eau boriquée à 3 0/0.
Il faut cependant remarquer que
l'acide borique est
peuanti¬
septique etque,de plus,on l'emploieen
bien
tropfaible
quan¬tité pour que sonactionbactéricide puissese
manifester; il est
plus rationnel de croire que les
liquides injectés agissent
plutôt par leur action mécanique que parleur action anti¬
septique ; aussi emploie-t-on
maintenant indifféremment
l'eau boriquée ou l'eau filtrée et
bouillie, mais plutôt cette
dernière, qui al'avantage de ne provoqueraucune
irritation,
comme il arrive nécessairement après
l'introduction d'un
produitchimique quelconque, mêmeà très faible dose, dans
l'intérieur de l'œil.
Enfin nousciterons, mais seulement pour
mémoire, d'au¬
tres liquides employés par
certains ophtalmologistes. C'est
ainsi queVacher se sert soit d'eau
boriquée à 40/1000 stéri¬
lisée, soit de sérum physiologique
stérilisé, soit de sérum physiologique
additionné de cyanurede
mercure pourobte¬
nir une solution à
1/3000. Enfin Vacher
aemployé l'eau
oxygénée. Chibret préconise
l'emploi d'une solution d'acide
borique
à 3 0/0 danslaquelle
onajoute 1/20000 de HgCy.
Irrigateurs
de la chambre antérieure. —Les instruments
employés pour faire le lavage dela chambre antérieure sont
presque aussi nombreux que les
ophtalmologistes qui 1 ont
pratiqué. Nous allons ici les passer
tous
en revueafin de
pouvoir mieux nous former une opinion sur
chacun d
euxetsur les irrigateurs de la
chambre antérieure en général.
Les seringues dont se servaient
Saint-Yves, Guérin, Som¬
mer,Casamata n'ont pasété
décrites.
— 24- —
Seringue de
Forlenze. —Forlenze,lepremier, jugea néces¬saire l'emploi d'un instrument spécial pour les injections intra-oculaires. «C'estuneseringue graduée avecuneaiguille plate à extrémité mousse. L'aiguille devait être plate pour être introduite plus facilement entre les lèvres de la plaie cornéenne, et mousse à son extrémitépourblesserlemoins possible. La graduation qui était selon Forlenze la partie essentielle de
l'instrument,
étaitdestinéeà ne permettre d'in¬jecter dans les chambres antérieure et postérieure de l'œil qu'autant de liquide qu'elles en pouvaient contenir toutes deux ensemble et pas
davantage
» (*).Heyman, pour débarrasser la chambre antérieure des col¬
lections sanguines, se servait d'une seringue de Pravaz.
Appareil d'Inouye.
— L'instrumentqu'employait
Inouye était plus approprié à l'extraction des débris de la lentille cristallinienne.C'est un récipient à deux ouvertures dont la forme rappelle
celle d'un arrosoir. L'ouverturesupérieure, la plus large,est ferméepar une membrane perméable à l'air ; l'autre ouver¬
ture, plus petite, est tubulée. A cette dernière s'adapte un
longtube de caoutchouc dont l'autre extrémité vient s'abou¬
cher à angle droit sur le milieu d'une curette de Critchett
creuse. Cette curettea l'une de ses extrémités taillée en bec de flûte et percée de trous, tandis quel'autre, qui en forme pour ainsi dire le manche, est aplatie. Voici comment on se sert de cet appareil : On insuffle de l'air avec la bouche à travers la membranequi obture l'orifice
supérieur,
leliquides'échappe
par la petite tubulure, le tube de caoutchouc, et passe à travers les trous dont est percéel'une desextrémités de la curette creuse ; on chasse ainsi tout l'air contenu dans la curette; cela fait, on introduit dans la chambreantérieure l'extrémité de la curette qui est percée de trous, et tout en insufflant de l'air dansl'appareil
et en lavant la chambre antérieure on imprime au manchede la curette des mouve¬ments destinés à enlever les massescorticales.
p) Rcethlisberger,Thèse de Bâle 1893,
Cet instrument, très ingénieux, a le graveinconvénient
de
cacher la vue du champ opératoire tandis qu'on a un
ins¬
trumentrigidedans
l'œil.
Tonnelet laveur de Vacher. — Vacher se servait, en 1885, d'un instrument laveur dont la description se trouve
dans
la Gazettehebdomadaire de novembre 1885.
«J'ai fait installer à 2m50 de hauteur un petit
tonnelet
enverre qui contient une
vingtaine de litres d'un liquide anti¬
septique au
1/12000 d'iodhydrargyrate d'iodure de potas¬
sium. Il est fermé à la partie
supérieure
par unbouchon de
verre entouré de ouate antiseptique
qui empêche les
germes extérieurs d'arriverjusqu'auliquide. A la partie inférieure
est un goulot muni d'un
bouchon de liège dans lequel passe
un tube de caoutchouc minéralisé, de 3 à 4
mètres de lon¬
gueur. Ce tube estmuni à son
extrémité d'un petit robinet à
canules mobiles. Les canules sont de calibre différent et se changentà volonté, suivant qu'on
veut pratiquer
unlavage
à grosjet dans les culs-de-sac, ou
instiller très légèrement
après l'opération du liquide entre
les lèvres de la plaie cor-
néenne et dans la chambre antérieure. »
En 1887, Vacher se servait d'un siphon
muni d'un tube de
caoutchouc, au bout duquel
s'adaptait
unecanule. On ré¬
glait la force du jet en élevant
plus
oumoins haut le siphon
au-dessus de la tète du malade.
Ondinede Wicherkiewicz. — L'instrument
dont
seservait
Wicherkiewicz
(i)
est unréservoir
en verre,de forme sphéri-
que, maisun peu aplati,
présentant deux tubulures
:l'une
effilée, à laquelleon fixe des
canules de calibre différent;
l'autre simplement tubulée, à
laquelle
onabouche le tube de
caoutchouc d'un insufflateurà poire.
Sur l'un des côtés du
récipient
se trouve un petitorifice
quel'on peut obturer avec
l'index. L'instrument
s'appelle ondine.
Voici quel est le manuel
opératoire. La canule étant vide
d'air,
l'opérateur prendl'ondine de la main droite, en obtu-
P) Revue d'ophtalmologie, 1889, p.97.
rantle petit orifice avec l'index; l'assistant tient tout près le ballon
élastique
déjà ajusté. L'opérateur introduit la canule dans la chambre antérieure en soulevant l'index qui bouche le petit orifice placé sur le côté de l'ondine. Il en résulteunfaible courant; s'il est insuffisant pour éloigner les résidus, l'opérateur ferme la petite ouverture latérale et ordonne de pomper lentement et faiblement. Quand cela suffit, l'opéra¬
teur relève son index, l'équilibre s'établit entre l'air com¬
primé dans le vase et l'air ambiant et lejet de liquide est
interrompu.
A
l'appareil
sontannexées trois canules différentes. L'une est terminée à son extrémité antérieure par un large orifice.Elleest utilequand on excise une grande partie de la cap¬
sule. On l'introduit à la partie supérieure de la chambre antérieure si l'on a fait la kératotomie supérieure, il en résulte un tournoiement du liquide dans la partie inférieure de la chambre et reflux du liquide qui entraine au dehors les masses cristalliniennes. On peut faire varier le sens du couranten
plaçant
la canule alternativement dans chaque angle de la plaie cornéenne.Si l'on n'a excisé qu'une petite partie de la capsule, on em¬
ploie la canule n° 2,qui est percée d'un trou sur la facesupé¬
rieure; on l'introduit avec précaution derrière l'iris: le cou¬
rant rétroversif entraîne les résidus au dehors.
Enfin, quand il y a des masses cristalliniennes adhérentes aux côtésde la pupille, on emploie la canule n° 3. Celle-ci est percée un peu avant son extrémité de deux ouvertures
longitudinales dirigées en sens inverse: elle provoque un tourbillonnement du liquide injecté qui entraîne au dehors les masses corticales.
Instrument de de Wecker. —Il ressemble àun otoscope de Politzer. La grosse extrémité est fermée par une membrane
sur laquelle on appuie la pulpe du doigt; à l'autre extrémité
s'adapte
une canule percée de deux orifices latérauxqu'onintroduit dans la chambre antérieure. Le tout est rempli
de
liquide. Il suffitd'appuyer
plus ou moins fort surla mem-brane pour amener l'écoulement du liquide. C'est pour de Wecker le plus sensible des appareils
(*).
Instrument de Mac Keown. — Mac K.eown décrit ainsi l'instrument dont il se servait : « Ma scoopsyringe est cons¬
truite de façon à donner un écoulement libre et large, en nappe ou en jet, suivant la pression exercée par le doigt,
commedans l'instrument de M. deWecker,aveccettedifférence qu'ici c'est sur un piston et non sur un tambour que
s'ap¬
puie le doigt régulateur de la force, aussi délicate dans
l'un
que dans l'autre. La boîte contient deux corps de pompe- seringue en verre et six bouts en bec de renard, de largeur
etde longueur différentes, pour
s'adapter à diverses mains
et à des sections différentes soit par la longueur,
soit
parla
position (section supérieure ou latérale, yeuxtrès sail¬
lants, etc.), détails dont 011 doit s'occuper. Les
doigts courts
de l'opérateur, les sections supérieures dans
les
yeuxsail¬
lants, les sections inférieures ou latérales dans tous les yeux exigent pour cause de fermeté le corps et
les bouts
courts.
» La forme des bouts en bec de renard a été choisie non pourfaire servirà titre delevier de curette,maissimplement
pour diriger la force et la direction du jet ou
de la
nappe d'eau. Ces bouls sont munis d'un petitrebord,
commela
curette de Critchett; on peut les
faire servir
pardes
mouve¬mentsde latéralité à aider à l'entraînement des masses cor¬
ticales adhérentes que l'action de
l'eau vient à détacher
»(2).
Instrument de Chodin. — C'est un instrument des
plus
simples. C'est un entonnoir en verre auquel estadapté
unlong
tube de caoutchouc, terminé par unecanule de
verrecoudée. On introduit l'extrémité de la canule dans la
cham¬
bre antérieureet l'on élève l'entonnoirplus ou
moins haut,
suivant la force dujet que l'on veut
obtenir. Le liquide est
<1J Dk Wecker, Lavageintra-oculâireavec de
l'ésérine (Annales d oculis-
tique,188G).
d) Annales d'oculistique, 1888.