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Les objets de l’immigration au musée

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Géographie et cultures 

91-92 | 2014

Géographie des objets

Les objets de l’immigration au musée

Serge Weber

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/3466 DOI : 10.4000/gc.3466

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 octobre 2014 Pagination : 251-253

ISBN : 978-2-343-07132-9 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Serge Weber, « Les objets de l’immigration au musée », Géographie et cultures [En ligne], 91-92 | 2014, mis en ligne le 06 novembre 2015, consulté le 28 novembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/gc/3466 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.3466 Ce document a été généré automatiquement le 28 novembre 2020.

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Les objets de l’immigration au musée

Serge Weber

RÉFÉRENCE

Musée de l’histoire de l’immigration, 2014, Guide de la Galerie des dons, Paris, Établissement public du palais de la Porte Dorée, Musée national de l’histoire de l’immigration, 256 pages, 15 euros.

1 La Galerie des dons a été ouverte au public en 2014 au Musée de l’histoire de l’immigration, sept ans après sa fondation au sein du Palais de la Porte Dorée. En soi, c’était une petite révolution que de « faire entrer au musée » des objets a priori sans valeur artistique et n’ayant pas droit de cité dans les préoccupations habituelles de la conservation. L’entrée de ces choses au musée ne s’est pas faite sur une politique d’acquisition (ni ethnographique, ni artistique), mais par un appel délibérément ouvert à dons. Les objets ont été transmis par des personnes de tout statut social, inconnues ou connues, ayant fait l’expérience de la migration vers la France ou, pour la plupart, descendant d’immigré-es. Environ 250 objets sont exposés, accompagnés d’un récit qui explicite le choix de l’objet, retrace l’histoire migratoire de la personne qui en était détentrice, le sens attribué par le donateur à l’objet et au don.

2 Le catalogue opère une sélection d’une cinquantaine de témoignages, à partir de la photographie d’un objet principal, complétée par d’autres qui élargissent la contextualisation. Certain-es donateur-trices ont choisi des objets liés à la musique : un cor chromatique, un violon, la baguette de la chef d’orchestre Zahia Ziouani) ; d’autres un vêtement (une robe traditionnelle, des châles, une parure de danse orientale, une veste de chef cuisinier), d’autres encore ont préféré des objets autrement prosaïques.

Les outils et autres instruments de travail sont bien représentés : une fraiseuse d’une tonne, un marteau, une truelle, une machine à coudre... Les jeux (un baby-foot), les ustensiles liés à l’alimentation (un mortier à pesto, une théière), les objets de piété (un

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chapelet bouddhiste, un visage du Christ), les objets intimes (un cahier de souvenirs, une bouteille de parfum), tous ces éléments hétéroclites voisinent avec d’autres plus clairement liés à l’histoire collective. Parmi eux, des témoignages d’anciens combattants (les bottes de Lazare Ponticelli, le « dernier poilu » qui était venu fêter ses cent-dix ans dans ce musée, une arme prise sur l’ennemi, le drapeau de l’union des anciens combattants et engagés volontaires juifs étrangers) ou de réfugiés devenus apatrides (titres d’identité et de voyage) et plus souvent de militants (carte de gréviste du mouvement des travailleurs sans papiers, cartes d’adhérents à la CGT). À chaque récit est accolé un « repère » qui résume l’enjeu historique particulier qu’il soulève (par exemple les petites Italies, l’exil algérien de la « décennie noire », la marche pour l’égalité de 1983, les cabarets orientaux dans le Paris des années 1930 ou encore le passeport Nansen) et qui renvoie à la collection du musée.

3 La commissaire de l’exposition chargée des collections, l’anthropologue Hélène du Mazaubrun, présente le catalogue en confrontant les enjeux de cette Galerie, qui est une première en France. Les objets sont regroupés en quatre thématiques selon le sens principal du don : « hériter » (interroger la transmission familiale et le lien de descendance), « partager » (mettre à disposition de tous des signifiants et référents culturels), « contribuer » (faire reconnaître les engagements et souffrances de celles et ceux qui par leur travail, leur participation aux combats et aux luttes, ont contribué à l’histoire collective) et « accepter » (intégrer les histoires migratoires à la construction de soi, au prix parfois d’une désacralisation des légendes familiales ou des fantasmes liés au lieu d’origine).

4 Ce guide apprend à regarder autrement : plus que les objets, c’est leur choix par les donateurs-trices qui ouvre des kaléidoscopes de réflexion. Certes ils décrivent des milieux sociaux (les enfants d’aristocrates, de diamantaires ou de commerçants n’ont pas eu les mêmes choix à opérer que les paysans ou les ouvriers), mais ils montrent qu’il y a mille manières de s’engager, de prendre conscience de ce que sont la reconnaissance et le déni de reconnaissance. La mobilité sociale est au cœur de la collection : il y aura eu autant de déclassements que de promotion professionnelle et cette renégociation intergénérationnelle des statuts est visiblement un vecteur de conscience politique. Ce qui fait de ces objets un patrimoine commun, c’est qu’ils sont porteurs des contradictions entre histoire familiale, histoire personnelle, histoire sociale et histoire nationale. Se reconnaître et reconnaître l’autre, c’est ce qui semble avoir surgi de ce moment délicat du don et du récit. À ce titre, la Galerie des dons et son catalogue permettent d’entrer dans un inconscient collectif où se combinent les émotions, les refoulements et les deuils de chacun-e.

Les objets de l’immigration au musée

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AUTEUR

SERGE WEBER

Laboratoire Analyse comparée des pouvoirs Université Paris-Est Marne-la-Vallée serge.weber@gmail.com

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