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La fabrique des savoirs en Afrique subsaharienne Acteurs, lieux et usages dans la longue durée

Colloque international Appel à communications

Université Paris 7-Diderot / Inalco / Université de Lyon 13-14-15 mai 2009

S’inspirant d’un certain nombre de perspectives ouvertes par Christian Jacob dans Les Lieux de savoirs (A. Michel, 2007), ce colloque propose de réfléchir à la construction, aux formes d’appropriation, au maniement et aux usages des savoirs en Afrique sur la longue durée.

Il s’agira moins d’identifier des processus cognitifs et conceptuels que d’étudier l’incorporation et la mise en situation, par des acteurs, d’un corpus de connaissances et de pratiques spécifiques dans des contextes historiques, politiques et socioculturels variés. La notion de savoir ne se limitera pas à la sphère de l’écrit, au monde des lettrés et des scientifiques. Elle sera conçue dans une acception plus large, intégrant les compétences, les « manières de dire et de faire » (Jacob, 2007) qui déterminent des modes d’appartenance à une communauté dès lors qu’elles permettent de constituer un capital social, politique ou culturel perçu et transmis comme tel. Il ne sera pas non plus question d’opposer savoir « théorique » et

« pratique » (Lahire, 2006) mais d’examiner comment les acteurs et les actrices incorporent et mobilisent, simultanément ou en alternance, différents registres de savoirs (intellectuels, rituels, corporels…) à des fins particulières. On distingue les savoirs de l’information qui fait l’objet de processus d’élaboration voisins, mais relève d’enjeux différents dans l’espace social de communication.

Les organisateurs du colloque souhaitent mettre l’accent sur des modes habituellement négligés, des lieux interstitiels, voire clandestins, et des acteurs méconnus de l’élaboration des savoirs ; autant d’entrées qu’une approche par le haut néglige trop souvent. L’objectif est aussi de mieux comprendre les médiations, anciennes ou nouvelles, qui participent de la fabrique des savoirs en Afrique et ce, dès avant le XIXe siècle. Alors que l’horizon social ou politique des individus n’a cessé de s’élargir et de se complexifier, on examinera la façon dont les savoirs se sont recomposés et se recomposent aujourd’hui.

Trois thématiques seront privilégiées :

1/ Une approche sociale des producteurs de savoirs

En prenant en compte la variété des savoirs (marchands, agricoles, religieux, artisanaux...), les communications identifieront différents producteurs et/ou médiateurs et analyseront la façon dont ils

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s’intègrent, ou non, à des réseaux ou à des communautés au sens large (familles, cercles, écoles, universités, administrations, entreprises, diasporas…). On s’intéressera aux dispensateurs autorisés des savoirs, qu'il s'agisse d'individus ou de groupes sociaux. Sans exclure les savants au sens strict (desservants de culte, enseignants, érudits, « évolués », intellectuels...), les interventions pourront privilégier des acteurs et actrices moins souvent pris en compte : migrant(e)s, minorités, artisans, délinquants, commerçants, tradipraticiens, musiciens, combattants... Ces acteurs élaborent, héritent et transmettent des savoir-faire et des « modes d’être » (ethos) qu’ils mobilisent dans le cadre d’activités particulières : exercice de leur métier, pratiques rituelles, activités illicites, échanges sur les marchés, mobilisations festives, réunions politiques, luttes armées… Une série de réflexions pourra être menée sur la façon dont se construit et se perpétue leur légitimité « savante » au sein de leur groupe et parfois en dehors du groupe, sur les procédures de validation par leurs pairs des connaissances acquises.

2/ Spatialisation, supports et modes de circulation des savoirs

Une fois reconnu et validé, un savoir n’existe qu’en tant qu’il s’insère dans une dynamique de circulation et d’échange. On s’intéressera donc aux lieux en tant qu’ils favorisent l’élaboration et la transmission des savoirs en Afrique : les écoles mais aussi les radios locales, les lieux de sociabilité villageois et urbains (« arbres à palabres », cybercafés, ports, gares, marchés, bars, cours, maquis …), les lieux de rassemblements politiques ou festifs. On réfléchira à la façon dont les transformations historiques rendent périphériques des lieux de savoirs auparavant centraux et en font émerger d’autres. Comment coexistent et s’interpénètrent des savoirs urbains et ruraux par exemple ? On prendra également en compte les différentes échelles : dans quelle mesure des savoirs produits localement accèdent, ou non, à une dimension « universelle » ou « globale » ? Dans d’autres cas, comment l’enracinement local des savoirs devient-il précisément la source de leur légitimité vis-à-vis de l’extérieur ? Ces questions, liées à la transmission, à la circulation et aux axes de diffusion, posent également celles de la manière dont sont incorporés les savoirs. Par imitation, imprégnation, analogie… ? Comment acquiert-on des « techniques de soi » (Bayart, 2004) ou des règles de vie qui constituent autant de savoirs nouveaux nécessaires à la survie ou à l’insertion sociale ? On travaillera ainsi sur la multiplicité des supports et des vecteurs (écrits, oraux, corporels, souvent de manière conjointe) et sur la manière dont les sociétés africaines transforment, fixent, transmettent, collectent et conservent les savoirs, des plus anciens aux plus contemporains. Les notions de patrimoine et de mise en scène du passé pourront être interrogées ainsi que les stratégies orales et/ou écrites adoptées par les acteurs selon les usages qu’ils comptent faire des savoirs accumulés.

3/ Usages et fonctions des savoirs

Le colloque posera enfin la question du statut, de la légitimité et des opportunités qu’offrent l’acquisition et la maîtrise des savoirs à l’échelle des individus, des groupes, des organisations ou des États.

Il interrogera la manière dont se mettent en place des économies de la connaissance. Comment s’opèrent les investissements du capital savant dans la sphère privée ou publique ? Lesquels de ces capitaux sont privilégiés et dans quels contextes ? Inversement, peut-on identifier, dans certaines circonstances, une marginalisation des savoirs et de leurs détenteurs sous l’effet de transformations techniques et économiques qui menacent les savoirs professionnels de certains groupes (féminins par exemple) ou encore du fait des mutations sociales et politiques qui renouvellent, par exemple, les figures de la réussite (savoir religieux, savoir scolaire, savoir économique) ? Enfin, comment le contrôle de la diffusion des savoirs devient-il un

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instrument de reconnaissance et de distinction sociale ou politique ? On questionnera également les notions de « normes » et de savoirs « officiels », leur variabilité, les formes de résistance ou, au contraire, d’adhésion des acteurs sociaux. L’analyse des usages et des fonctions des savoirs permettra de réfléchir à la production et à la manipulation des identités sociales, politiques, géographiques ou de genre, de revenir sur la question ancienne mais centrale des rapports entre savoirs et pouvoirs en l’explorant à différentes échelles.

Ce colloque n’est exclusif d’aucune approche ni d’aucune période. Les communications pourront au choix s’intégrer dans l’un des axes proposés ou s’inscrire dans les différents axes et porter sur l’ensemble du processus. Les langues d’intervention sont le français et l’anglais.

Les propositions de communication de 2500 signes au maximum sont à envoyer avant le 30 août 2008 à : colloque-savoirs-afrique.sedet@univ-paris-diderot.fr. Elles seront accompagnées d’une courte notice biographique mentionnant le rattachement institutionnel.

Comité scientifique du colloque : Séverine Awenengo (SEDET), Pascale Barthélémy (ENS- LSH/Université de Lyon) Daouda Gary-Tounkara (SEDET), Jean-Luc Martineau (INALCO-SEDET), Didier Nativel (SEDET)

Quelques références :

- COPANS, Jean, La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie, Paris, Karthala, 1990, 406 p.

- BAYART, J.-F., Le gouvernement du monde : Une critique politique de la globalisation, Paris, Fayard, 2004, 448 p.

- BAYART, J.-F., WARNIER, J.-P. (dir.), Matière politique. Le pouvoir, les corps et les choses, Paris, Karthala, 2004, 256 p.

- DIAWARA M. (dir.), L’interface entre les savoirs paysans et le savoir universel, Le Figuier, Bamako, 2003, 246 p.

- FOUCAULT, M., L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, Ed. 1992, 257 p.

- GOODY, J., La Raison graphique : la domestication de la pensée sauvage, Paris, Minuit, 1978, 274 p.

- GOODY, J., Pouvoirs et savoirs de l’écrit, Paris, La Dispute, 2007, 269 p.

- HOLTEDAHL, L., GERRARD, S., NJEUMA, M. Z., BOUTRAIS, J. (eds), Le pouvoir du savoir de l’Arctique aux tropiques, Paris, Karthala, 1999, 535 p.

- JACOB, C. (dir.), Lieux de savoir. Tome 1, Espaces et communautés, Paris, A. Michel, 1280 p.

- LAHIRE, B., L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Hachette Littérature, Ed. 2006, 392 p.

- WAQUET, F., Parler comme un livre : l’oralité et le savoir, XVIe-XXe siècle, Paris, A. Michel, 2003, 427 p.

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Creating knowledge in Sub-Saharan Africa Players, sites and uses over time

International Conference Call for papers

Université Paris 7-Diderot / Inalco / Université de Lyon May 13-14-15, 2009

Using as a starting point a certain number of perspectives opened up by Christian Jacob in Les Lieux de savoirs (A. Michel, 2007), this conference would like to consider the construction, the forms of appropriation, the handling and the uses of knowledge in Africa over the long term.

We will be less involved with the cognitive and conceptual processes and more interested in studying the incorporation and the context setting by players of a corpus of knowledge and specific practices in varying historical, political, social, and cultural contexts. The notion of knowledge is not limited to the written word, the world of the learned and of scientists. It is considered here in a much broader scope integrating skills, « ways of saying and doing » (Jacob, 2007) which determine the modes of belonging to a community as soon as these skills constitute a cultural, political and social capital perceived and transmitted as such.

Our aim is not to oppose « theoretical » and « practical » knowledge (Lahire, 2006) but rather to examine how players, both men and women, incorporate and mobilize, simultaneously and alternatively, different levels of knowledge (intellectual, ritual, corporal…) towards specific ends. We do make the distinction between knowledge and information, which is the object of a similar elaborative process but whose stakes differ within the social context of communication.

The organizers would like to emphasize often overlooked modes, interstitial, even clandestine spaces and little known actors in the elaboration of knowledge; different approaches that are often overlooked by top-down studies. The goal is also to better understand the mediations, old and new, that participated in the creation of knowledge in Africa starting from before the 19th century. With the constant expansion and complication of social and political horizons of the individual, we are looking to examine the ways in which knowledge was and is recomposed.

The focus will be on the following three themes:

1/ A social approach of knowledge producers

Taking into account the diversity of knowledge (trade, agricultural, religious, craft…) papers should identify different producers and/or mediators with an analysis of the way in which they are integrated or not into networks or communities in their broadest definition (families, circles, schools, universities, administrations, companies, diasporas…). We are interested in authorized dispensers of knowledge, both men and women, be they individuals or social groups. Without excluding the learned in the strictest sense (religious incumbents, teachers, the erudite, the “evolved”, intellectuals…), papers should privilege less visible players: migrants, minorities, craftspeople, delinquents, shop keepers, traditional practitioners, musicians, warriors… These players elaborate, inherit and transmit skills and « modes of being » (ethos) that they tap into within the framework of specific activities: the exercise of their livelihood, ritual practices, illicit

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activities, exchanges on the market, festivities, political meetings, armed combat… A series of papers could deal with the way in which individual “knowledge” is legitimized, constructed and perpetuated within and sometimes without their group, on the validation procedures by their peers of acquired knowledge.

2/ Spatialization, bases and modes of circulation of knowledge

Once recognized and validated, knowledge does not exist until it circulates and is exchanged. We are therefore interested in places that encourage the elaboration and transmission of knowledge in Africa:

schools, but also local radios, urban and village social spaces (“talking trees”, cybercafés, ports, train stations, markets, bars, courtyards, maquis…), political or festive meeting grounds. Thought will be given to the way historical transformations have pushed aside previously central place of knowledge and allowed others to emerge. How does urban and rural knowledge coexist and interpenetrate one another? Different levels and scales must also be taken into account: in what measure does locally produced knowledge attain or not a “universal” or “global” dimension? In other cases, does the legitimacy of locally based knowledge extend beyond the geographic limits of its production? These questions, tied to the transmission, the circulation and axes of diffusion, also question how knowledge is incorporated: by imitation, by impregnation, by analogy…? How does one acquire “self techniques” (techniques de soi) (Bayart, 2004) or life rules that constitute new knowledge necessary for survival or social insertion? We will thus work on the multiplicity of bases and vectors (written, oral, corporal, often conjointly) and on how African societies transform, set, transmit, collect and conserve knowledge, from the oldest to the newest varieties. Notions of heritage and scene setting could be explored as well as oral and/or written strategies adopted by players according to the uses they have planned for their accumulated knowledge.

3/ Uses and functions of knowledge

Finally, the symposium will also question the status, the legitimacy and the opportunities that the acquisition and mastery of knowledge offers to individuals, to groups, to organizations or States. We will question how these knowledge economies are created. How is academic knowledge capital invested in the private and public sphere? Which of these capitals are favoured and in what contexts? Inversely, can we identify, under certain conditions, a marginalization of knowledge and its possessors under the effect of technical and economical transformations that threaten the professional knowledge of certain groups (women for example) or due to social and political mutations that renew for example the figures of success (religious, scholarly, economical knowledge). Finally, how does the control of the diffusion of knowledge become an instrument of recognition and social or political distinction? We will also question notions of

“norms” and “official” knowledge, their variability, the forms of resistance or, on the contrary, of adhesion of social actors. The analysis of uses and functions of knowledge will allow us to reflect on the production and manipulation of social, political, geographical or gender identities and to return to the ancient yet central question of the links between knowledge and power through a multi-level exploration.

This symposium is open to all approaches and all periods. Papers can adhere to one of the proposed axes or investigate other axes all the while discussing the process as a whole. Papers must be in either French or English.

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Proposals must be 2500 characters maximum and are to be sent before August 30th, 2008 to:

colloque-savoirs-afrique.sedet@univ-paris-diderot.fr. They should be accompanied by a short biography mentioning your institutional affiliation.

Scientific committee: Séverine Awenengo (SEDET), Pascale Barthélémy (ENS-LSH/Université de Lyon) Daouda Gary-Tounkara (SEDET), Jean-Luc Martineau (INALCO-SEDET), Didier Nativel (SEDET)

Partial bibliography:

- COPANS, Jean, La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie, Paris, Karthala, 1990, 406 p.

- BAYART, J.-F., Le gouvernement du monde : Une critique politique de la globalisation, Paris, Fayard, 2004, 448 p.

- BAYART, J.-F., WARNIER, J.-P. (dir.), Matière politique. Le pouvoir, les corps et les choses, Paris, Karthala, 2004, 256 p.

- DIAWARA M. (dir.), L’interface entre les savoirs paysans et le savoir universel, Le Figuier, Bamako, 2003, 246 p.

- FOUCAULT, M., L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, Ed. 1992, 257 p.

- GOODY, J., La Raison graphique : la domestication de la pensée sauvage, Paris, Minuit, 1978, 274 p.

- GOODY, J., Pouvoirs et savoirs de l’écrit, Paris, La Dispute, 2007, 269 p.

- HOLTEDAHL, L., GERRARD, S., NJEUMA, M. Z., BOUTRAIS, J. (dirs), Le pouvoir du savoir de l’Arctique aux tropiques, Paris, Karthala, 1999, 535 p.

- JACOB, C. (dir.), Lieux de savoir. Tome 1, Espaces et communautés, Paris, A. Michel, 1280 p.

- LAHIRE, B., L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Hachette Littérature, Ed. 2006, 392 p.

- WAQUET, F., Parler comme un livre : l’oralité et le savoir, XVIe-XXe siècle, Paris, A. Michel, 2003, 427 p.

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