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162 Trimestriel 2009-I

GRUYÈRE PAYS-D'ENHAUT

(2)

Parc naturel régional

Gruyère Pays-d'Enhau PRÔJH

(3)

PARC NATUREL RÉGIONAL

GRUYÈRE PAYS-D'ENHAUT

Pages de couverture:

1. Le Rubli 2285 m, le Rocher à Pointes et le Rocher Plat (Rougemont).

2. Visuel du Parc, Mise en Œuvre, Rossinière.

3. Narcisses à fleurs rayonnantes.

4. L'Intyamon, au premier plan les alpages de Tsermon, Chalet Neuf, la Moille (Bas-Intyamon).

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SOMMAIRE

3 Préface

5 Les Parcs d'importance nationale, une politique fédérale 11 Têtes de Parc, Sonia Lang

13 La genèse d'un Parc

22 Têtes de Parc, Jean-Robert et Anne Henchoz 23 Un nouveau territoire cohérent

41 Têtes de Parc, Ariane Favre 42 Photos de Parc

46 Têtes de Parc, Vincent Grangier 47 2009-2011, la création d'un Parc

50 Têtes de Parc, Frédéric et Yannick Deschenaux 51 Tavillons et anseilles de la Gruyère au Pays-d'Enhaut 57 Têtes de Parc, Bruno Clément

59 Les vergers haute tige 64 Tête de Parc, Philippe Randin 65 Géotopes: cinq lieux d'exception 70 Tête de Parc, Didier Girard 71 Biodiversité, un réel patrimoine 77 Tête de Parc, Martin von der Aa

79 Le réseau écologique de l'Intyamon, un exemple 84 Tête de Parc, Rémy Fischer

Gérard Bourgarel Julien Vuilleumier Pierre Raboud François Margot et Patrick Rudaz Pierre Raboud François Margot et Patrick Rudaz Pierre Raboud François Margot Pierre Raboud François Margot et Patrick Rudaz Pierre Raboud Julien Vuilleumier Pierre Raboud Grégoire Pasquier Pierre Raboud Valentine Duhem Pierre Raboud Jérôme Gremaud Pierre Raboud Jacques Studer Pierre Raboud Crédits photographiques:

Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut, Daniel Aubort (8), Reynald Delaloye (68), Valentine Duhem (66, 67), Christophe Dutoit (30, 31, 32, 33, 34, 38), François Emmenegger (15), Eric Fookes, www.char- mey.org (37, 40), Jérôme Gremaud (72, 73), Parc National Suisse (6), Daniel Pittet (21), Sébastien Morard (68), Benoît Renevey (74, 75), Jacques Studer (78, 80, 81, 82)

IMPRESSUM PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 E-mail: profribourg@

greenmail.ch CCP 17-6883-3 Abonnement Ordinaire:

Fr. 55.- (€36.-) De soutien : Fr. 88.- (€ 58.-) Réduit:

Fr. 44.- (€29.-) (AVS, étudiants, apprentis) Rédaction

Responsables:

Patrick Rudaz et François Margot, coordinateurs du projet de Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut Mise en page

Alors, espace de création, Caroline Bruegger, Givisiez

Impression Imprimerie MTL, Villars-sur-Glâne Tirage: 5500 ex.

Prix: 25 francs ISSN: 0256-1476

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UN PARC NATUREL RÉGIONAL?

UN CHAMP D'ACTION ! Gérard Bourgarel, secrétaire Pro Fribourg

Rien d'une réserve: rien de figé, rien d'artifi¬

ciel, rien de clinquant.

Un vaste espace naturel d'une grande homo¬

généité aux limites bien marquées: en aval avec Broc l'industrielle et Gruyères, icône touristique, entre bourg médiéval et Moléson- Village. En amont, avec la région de Gstaad, prestigieuse emprise urbaine au cœur des Alpes, façon Davos, St. Moritz ou Zermatt.

Alors serait-ce un arrière-pays, un entre-deux?

Assurément non. Les 12'000 habitants qui vivent dans ce territoire de plus de 500 km2, pour moitié sur Fribourg, pour moitié sur Vaud, ont une histoire ancienne commune, sous les Comtes de Gruyère. La conquête bernoise les a séparés, la géographie et le mode de vie les a réunis.

Ils ont en commun une longue tradition de savoir-faire alpestre, dans le travail du bois et la tenue des alpages. Ils ont maintenu,

développé, des produits du terroir de qualité, appréciés loin à la ronde. Ils forment une popu¬

lation vigoureuse, dure à la tâche, à l'identité forte. Aujourd'hui, par delà les anciens cliva¬

ges imposés, ces habitants se découvrent un destin commun dans cet espace de vie qui est et restera le leur.

En accueillant dans ses pages le projet de Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut, Pro Fribourg salue cette ouverture intercan¬

tonale et souhaite bon vent à cette initiative humaine porteuse d'espoir.

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CANDIDATURES DE PARCS D'IMPORTANCE NATIONALE DÉPOSÉES (2008-2009) AUPRÈS DE LA CONFÉDÉRATION

geodata © swisstopo PARC NATIONAL

1 Parco del Locarnese e Vallemaggia PARC NATUREL PÉRIURBAIN

2 Wildnispark Zurich Sihlwald PARCS NATURELS RÉGIONAUX 3 Biosfera Val Müstair 4 Parc Eta

5 Biosphäre Entlebuch 6 NaturparkThal 7 Parc régional Chasserai 8 Regionaler Naturpark Gantrisch

9 Regionaler Naturpark Diemtigtal 10 Naturpark Thunersee-Hohgant 11 Landschaftspark Binntal 12 Naturpark Beverin

13 Parc naturel régional du Doubs

14 Parc naturel régional Gruyère Pays d'Enhaut 15 Parc naturel Pfyn-Finges

16 Jurapark Aargau 17 Parc Jurassien vaudois 18 Biosphère Val d'Hérens 19 Parc National Suisse (1914)

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UNE POLITIQUE FÉDÉRALE NOVATRICE EN MATIÈRE DE PROTECTION DE LA NATURE LES PARCS D'IMPORTANCE NATIONALE Julien Vuilleumier, ethnologue

Au début du siècle dernier, scientifiques et protecteurs de la nature militent pour la créa¬

tion d'une grande aire naturelle protégée en Suisse. La «Ligue Suisse pour la Protection de la Nature» voit alors le jour en 1909 (elle célè¬

bre cette année son centenaire sous sa nou¬

velle appellation «Pro Natura»), Son premier objectif: créer un parc national en Engadine.

Fort d'une pression populaire et médiatique, le parlement institue officiellement le Parc National Suisse en 1914. Il devient le premier de son genre dans les Alpes et en Europe centrale. La Suisse fait alors figure de pionniè¬

re dans la préservation des espaces naturels.

Fierté des naturalistes et destination prisée des randonneurs, le Parc National connaît un fort attachement de la population helvétique.

Il faudra attendre les années 1990 pour que les milieux proches de la protection de la natu¬

re relayés par le monde politique évoquent la possibilité d'un deuxième parc national et dénoncent le retard pris par la Suisse dans ce

secteur. En Europe, le mouvement est évi¬

dent depuis une cinquantaine d'années. En France, Italie, Allemagne et Autriche, les poli¬

tiques environnementales et territoriales ont généré des formes distinctes de parcs (natio¬

naux, régionaux). Et leur succès est impres¬

sionnant qui y attire même et en nombre une clientèle suisse. Fort de ces expériences, la Confédération a introduit lors de la révision de la «Loi fédérale sur la protection de la nature»

(2007) la notion de parc d'importance nationa¬

le. Elle opte pour une organisation centralisée qui réunit les divers types de parcs labellisés et soutenus financièrement par l'office fédé¬

ral de l'environnement (OFEV).

Nouveaux moyens de préservation d'espaces naturels et de paysages exceptionnels, les parcs doivent également prendre en comp¬

te un développement économique durable.

Cumulant des objectifs environnementaux, économiques et sociaux, ils seront davanta¬

ge que des réserves et visent une nouvelle

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forme de développement régional fondé sur une gestion responsable des richesses naturelles et paysagères. En lieu et place de mesures contraignantes, de nouvelles pres¬

criptions légales coercitives, la nouvelle loi sur la protection de la nature et son ordonnance préconisent trois types de parcs d'importance nationale (parc national, parc naturel périur- bain et parc naturel régional).

Vers un deuxième parc national

«Un espace où la nature reste livrée à elle même, un milieu préservé à la faune et à la

flore indigène, une évolution naturelle du pay¬

sage», telles sont les exigeantes conditions que doit remplir la zone centrale d'un parc national.

Au Tessin, le projet «Parco nel Locarnese e Vallemagia» relève ce défi et se profile comme candidat au titre de deuxième parc national suisse. Pour y parvenir, son terri¬

toire se constituera d'un noyau principal

«sauvage» d'au moins 100 km2 dont l'accès sera limité au public et soumis à des règles strictes. Réglementé mais pas fermé, bien au

Le parlement fédéral en visite au futur parc national en 1913 dans le Val Cluozza.

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contraire. Destiné à la recherche scientifique, l'éducation à l'environnement et la détente de la population, ce parc sera un lieu d'accueil.

Les activités humaines n'en sont pas exclues;

elles se situent dans une zone périphérique constituant le véritable cadre de vie. Cet espa¬

ce complémentaire est régi selon le principe du développement durable qui «satisfait les besoins des générations présentes, sans com¬

promettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire leurs propres besoins».

A la porte des agglomérations: les parcs naturels périurbains

En bordure de la plus grande zone urbaine du pays, le Park Sihlwald sera le premier parc périurbain. Offrant aux Zurichois la décou¬

verte d'une forêt particulièrement bien pré¬

servée, il se présente comme un parc natio¬

nal «miniature» avec un noyau central où les processus naturels sont laissés à leur libre évolution et strictement protégés. Décrit comme un «Wildnis Park», il présente une nature à l'état «sauvage» et proposera des programmes d'éducation à l'environnement.

Proche et facilement accessible en transports publics, il contribuera à améliorer la qualité de vie des citadins. La ville de Lausanne compte également offrir à ses habitants une portion de nature certifiée avec un projet dans les Bois du Jorat.

Les parcs naturels régionaux, des atouts pour les régions rurales

Situés en zone rurale, les parcs naturels régio¬

naux se distinguent par leur riche patrimoine naturel et culturel. Reflets de l'histoire de ces régions, leurs paysages démontrent une inté¬

gration des activités humaines dans un envi¬

ronnement préservé.

Contrairement aux deux autres catégories, aucune zone centrale n'est ni prescrite, ni obligatoire. Un parc naturel régional fonction¬

nera sur le mode contractuel entre la région concernée, les cantons et la confédération.

Le législateur insiste sur l'importance du pro-

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cessus démocratique: un tel projet ne peut émaner que des communes elles-mêmes et devra donc y être validé par la population. Les fonctions et utilisations du territoire (habitat, artisanat, agriculture, forêts, loisirs, protection naturelle) sont maintenues et assurent une diversité paysagère dont la cohérence doit être conservée.

A l'évidence, de nombreuses régions se reconnaissent dans ce portrait et ses buts.

Le parc naturel régional semblait attendu du plateau aux Alpes en passant par le Jura et les Préalpes. Ce n'est pas moins de seize pro¬

jets qui ont été déposés (en 2008 et 2009) auprès de l'OFEV. En Suisse romande, sept projets sont sur orbite: Chasserai (BE/NE), Doubs (JU/NE/BE), Gruyère Pays-d'Enhaut (FR/VD), Parc Jurassien Vaudois (VD), Binntal, Pfyn-Finges et Val d'Hérens (VS). On remar¬

quera l'émergence de nouveaux ensembles territoriaux marqués par l'intercantonalité de nombreux projets. Le Park Gantrisch dans les Préalpes bernoises intègre deux communes singinoises (Planfayon et Oberschrot).

Cette densité de projets fait écho aux atten¬

tes et aux besoins des régions rurales décen¬

trées: formes alternatives de gestion, valo¬

risation d'espaces ruraux confrontés à de nombreux défis. Véritable «boîte à outils» de développement durable, un parc naturel régio¬

nal vise une mise en synergie de la préser¬

vation des qualités naturelles et paysagères (par la sensibilisation et la découverte de ces Un paysage typique richesses) avec un renforcement des activités du Parc du Chasserai économiques (agriculture, tourisme, mobilité, (BE-NE). énergie). Doté d'une vocation «marketing»,

un parc constitue une plateforme régionale initiant et fédérant des mesures pour la créa¬

tion de valeur ajoutée dans le tourisme ou la promotion des produits du terroir.

Régies par des instruments légaux existants (fédéraux, cantonaux et communaux) et sou¬

vent largement protégées (réserves naturel¬

les, districts francs, protections patrimonia¬

les, etc.), ces régions ne souhaitent pas de nouvelles réglementations, mais cherchent à valoriser ces espaces. Et c'est ce que la nou¬

velle loi propose avec l'instauration du statut de parc naturel régional. Les parcs auront une vocation de sensibilisation et de transmission d'informations autour d'un patrimoine socio¬

culturel, de la nature au paysage et aux villa¬

ges. Cela impliquera toutefois une cohérence du propos dans les politiques sectorielles de l'aménagement du territoire ou l'énergie.

Parcs: mode d'emploi

Les parcs d'importance nationale sont des outils dont la qualité est garantie par la Confédération, ils sont d'ores et déjà utilisés dans toute la Suisse. En effet, leur création repose sur une démarche volontaire; un parc ne s'autoproclame pas, mais se construit de manière concertée et démocratique. D'une initiative locale à l'obtention d'un label fédé¬

ral (et des soutiens financiers en découlant), une procédure vise à vérifier que les candi¬

dats remplissent les exigences en terme de qualités territoriales et de gestion du projet.

La réalisation d'un parc requiert évidemment un territoire adapté mais surtout un ancrage et une adhésion au sein de la population.

Porté par un organe responsable (associa-

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tion, groupement de communes), un projet va suivre une croissance (réalisation d'actions concrètes, définition du contenu et des axes de travail) ponctuée par des examens dont le principal reste la soumission de la charte (le programme et les objectifs) du parc aux législatifs communaux. Cette approbation démocratique couronne le travail prépara¬

toire et autorise la demande du label «parc»

à la Confédération. Cette reconnaissance est obtenue sous forme de label (marque «parc suisse») accompagné de financements fédé¬

ral et cantonal accordés pour une phase de gestion de dix ans.

PARC NATUREL REGIONAL

Cette marque (un label) accompagnera la ligne graphique de tous les parcs suisses.

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Sonia Lang, directrice de l'office du tourisme de Rougemont, membre de la commission tourisme de l'association Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut.

Pour cette enthousiaste de la première heure, le Parc peut se révéler un apport extraordinaire pour la région.

Il permettra de se profiler dans un créneau qui a le vent en poupe. En professionnelle du tourisme, elle lance son slogan: «utiliser le bon côté de la médaille.» Les zones naturelles protégées apparaissent souvent comme des contraintes. Le Parc doit les transformer en force par la promotion des richesses du patrimoine et d'un

«tourisme doux». Ce projet sera profitable comme produit touristique et aussi pour les habitants du terri¬

toire, car il représente la garantie du «maintien d'un cadre de vie phénoménal au milieu de paysages magni¬

fiques qui permet d'élever sa famille dans des conditions exceptionnelles».

Sonia Lang est admirative face à ce qui a déjà été accompli: le projet des vergers haute tige ou la sensibili¬

sation des écoliers. Elle est persuadée qu'à terme, le Parc sera un «trampoline pour rebondir plus haut.» Ça donne de l'énergie, ça fait naître des idées, s'enthousiasme-t-elle. Sur sa lancée, elle affirme que c'est aussi une opportunité fantastique de multiplier les contacts dans tout le périmètre, de créer des liens à une échelle plus importante.

«Personnellement, c'est également un très beau défi professionnel. Le Parc apportera une touche nature bienvenue au positionnement de Rougemont, basé sur le patrimoine bâti et l'histoire.»

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L'edelweiss, symbole des Alpes est arrivé d'Asie et tend parfois à nous faire oublier qu'elle a ses origines dans l'Himalaya où l'on en trouve au moins dix autres espè¬

ces. On en trouve dans le Parc.

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DE DEUX PROJETS TERRITORIAUX À UNE ASSOCIATION INTERCANTONALE LA GENÈSE D'UN PARC

En 1997, le Conseil fédéral développe son concept «Paysage suisse». Dix ans plus tard la révision de la loi sur la protection de la natu¬

re (LPN) entre en vigueur avec l'introduction de la notion de parcs d'importance nationale.

Dans cette mouvance, en Gruyère et au Pays- d'Enhaut, des pionniers rêvent éveillés. Le parc naturel régional, la réserve de biosphère (UNESCO) aiguisent les envies et les appétits dans ces zones décentralisées. A l'horizon se dessine donc l'opportunité de conjuguer pro¬

tection du paysage et développement dura¬

ble. L'argument économique n'est pas étran¬

ger à ce soudain intérêt motivé par le désir et la nécessité de profiler ces régions dans un nouveau marché touristique en expansion constante.

En Gruyère, cette initiative puise son origine dans un projet pilote de trois services fédé¬

raux: secrétariat à l'économie (SECO), l'office fédéral de l'agriculture (OFAG) et de l'office fédéral de l'environnement (OFEV). Ce con¬

cept se fonde sur l'inventaire fédéral des pay¬

sages (IFP) et l'harmonisation de la protection de la nature, de l'agriculture, du tourisme et de l'économie. Autour du Vanil Noir (IFP 1504, territoire situé sur les communes fribour- geoises de Jaun, Charmey, Bas-lntyamon et Grandvillard et vaudoises de Château-d'Oex et Rougemont), se constitue un groupe de travail en 2001 (12 communes de la vallée de la Jogne et de l'Intyamon, donc exclusi¬

vement fribourgeoises) qui dépose l'année suivante le «projet paysager IFP Vanil Noir»

auprès du SECO par le truchement de Regio Plus, un fond d'aide à la réalisation de pro¬

jets régionaux destinés à soutenir les milieux ruraux. Un financement de 370'000 francs est alors accordé en 2003 sur un total de 740'000 francs dont le solde devait être financé à parts égales par les communes engagées et le can¬

ton de Fribourg. Au moment où l'«Association régionale La Gruyère» (ARG) inscrit dans son concept directeur du tourisme gruérien (2003) la création d'un parc naturel régional et

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où l'OFEV publie ses premiers critères pour la réalisation de ses parcs (2004), le projet s'enlise et peine à concrétiser le financement communal et cantonal. La méfiance, la rela¬

tive nouveauté d'un concept mieux connu à l'étranger provoque un certain scepticisme et seul trois communes (Charmey, Crésuz, Haut-lntyamon) présentent le projet à leur assemblée communale qui l'accepte à la quasi unanimité. Isolées, elles devront renon¬

cer au financement accordé quelques années auparavant par le SECO.

Dans le Pays-d'Enhaut, la réflexion a été con¬

duite par un groupe «label nature» mis sur pied par l'association pour le développement du Pays-d'Enhaut après une table ronde orga¬

nisée en 1998 par les offices du tourisme.

Les municipalités et les offices du tourisme de Château-d'Oex, Rougemont et Rossinière, en 2000, se lancent dans la création d'une réserve de biosphère de l'UNESCO. Ces aires reconnues au niveau international sont des sites privilégiés pour la promotion et la démonstration de relations équilibrées entre êtres humains et nature. Elles constituent un réseau mondial de référence et de renommée sous le contrôle de l'UNESCO. Après un con¬

sidérable travail d'information, le groupe de pilotage verra sa dynamique interrompue lors du passage devant les conseils communaux.

En effet, en avril 2002, Rougemont, par deux petites voix, refuse de se lancer dans l'aven¬

ture. Les municipalités de Châteaux-d'Oex et Rossinière où le projet a été largement accep¬

té renoncent à la réserve de biosphère et se prononcent en faveur de la création d'un parc naturel régional.

Un label de l'UNESCO pour le Pays-d Enhaut.

! RÉSERVE

DE BIOSPHÈRE

Parc naturel régional Gruyère

Pays-d'Enhaut: l'enthousiasme retrouvé Ce projet de Parc se dessine au moment où les deux projets gruériens et damounais, au printemps 2005, peinent à rebondir. Deux communes fribourgeoises (Charmey et Haut- lntyamon) et deux vaudoises (Château-d'Oex et Rossinière) refusent l'échec et décident d'unir leurs efforts et leurs forces dans la proximité et dans une nouvelle cohésion terri¬

toriale. Et une idée surgit: obtenir ensemble le soutien financier de Regio Plus (SECO) pour la création d'un parc naturel régional. Elles se rencontrent pour la première fois le 8 juillet 2005 à Rossinière et tout va s'accélérer dans un enthousiasme enfin retrouvé. Le dépôt

2001, un prospec¬

tus d'informations qui n'aura pas l'effet escompté.

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Un titre descriptif qui annonce la réunion de deux régions typiques des Préalpes fribour- geoises et vaudoises, bassin d'une économie alpestre emblématique représentée graphi¬

quement par un soleil de tavillons, cette couverture si typique des chalets d'alpage des deux régions.

Des tavillons prêts à être posés sur un chalet d'alpage avec ce «soleil de bois» si caractéris¬

tique qui a inspiré le logo du futur parc.

Parc naturel régional

Gruyère Pays-d'EnhauL pROïiX d'une étude de faisabilité et d'une demande auprès du SECO et respectivement de l'OFEV aboutit, au printemps 2006, à un finance¬

ment fédéral sur deux ans (2007 - 2008) de 390'000 francs (50% du budget total). Le 16 février 2006, les quatre communes fondatri¬

ces créent une association de droit privé qui connaît un succès immédiat avec quelques 200 adhésions le soir même de l'assemblée constitutive. La volonté est de créer une association ouverte où se côtoient privés et collectivités publiques, personnes physiques et morales, acteurs et porteurs de projet sous le contrôle et l'animation des commu¬

nes. L'aspect participatif et l'intégration des acteurs locaux en sont les ferments mêmes.

Le territoire du futur Parc prend alors une allure quelque peu «biscornue», mais répond déjà aux exigences légales avec ses 275 km2. Dans la foulée, la commune de Montreux s'est annoncée pour adhérer au Parc et y inté¬

grer les hauts de son territoire, un ensemble agro-sylvicole en parfaite adéquation avec le périmètre dessiné par les quatre communes fondatrices. Elle adhère en 2007. La mise en œuvre provoque une telle dynamique que de nouvelles communes voisines se rapprochent du Parc et Cerniat en devient commune mem¬

bre en 2008.

Vers un périmètre idéal et la réunion de 14 communes

Le Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut est situé sur deux portions des vallées de la Jogne et de la Sarine reliées par le Vanil Noir regroupant le Pays-d'Enhaut vaudois et la Gruyère fribourgeoise au cœur d'un ensem¬

ble particulièrement bien situé entre Bulle, Gstaad, Montreux-Vevey et Aigle. Son péri¬

mètre d'intention comprend les communes de la vallée de la Jogne (de Broc à Jaun), de l'Intyamon (avec Gruyères en guise de porte), du Pays-d'Enhaut et trois communes de l'ag¬

glomération Vevey - Montreux (une part de la vallée de l'Hongrin et du massif des Rochers de Naye). Seize communes sont concernées par ce territoire idéal. Treize ont répondu à l'invitation: Charmey, Cerniat, Crésuz, Châtel- sur-Montsalvens, Bas-Intyamon, Grandvillard, Haut-lntyamon, Rossinière, Château-d'Oex, Rougemont, Montreux, Villeneuve, Veytaux.

Et une quatorzième commune, Ormont- Dessous (les Mosses) a demandé spontané¬

ment son adhésion.

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Extrait de l'invitation à la fondation de l'as¬

sociation Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut en février 2006. La carte du premier territoire encore composé par les seuls communes fondatrices: Charmey, Château-d'Oex, Haut-Intyamon et Rossinière. Le péri¬

mètre avoue des lacunes importan¬

tes (Bas-Intyamon, Grandvillard, Rougemont) qui seront comblées en janvier 2009.

geodata © swisstopo

La carte de la Suisse avec positionnement du Parc.

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Une vue surpre¬

nante sur le château de Chillon (Veytaux), depuis les pentes d'éboulis qui surplom¬

bent le Léman couver¬

tes d'étonnantes forêts thermophiles. Le Parc revendique son identi¬

té alpestre et forestière avec une ouverture sur le lac Léman.

L'ordonnance fédérale sur les parcs prévoit que l'on doit participer à un parc avec la tota¬

lité du territoire communal qui doit satisfaire aux critères de haute qualité paysagère. Pas question, d'inclure une zone protégée et de garder à l'extérieur une zone commerciale ou industrielle, ou encore une station de sports d'hiver. Il existe toutefois une exception pour les communes d'agglomération au sens de la statistique fédérale. En effet, ces dernières peuvent y intégrer «la partie rurale d'une grande commune à caractère urbain afin d'ar¬

rondir la surface d'un parc naturel régional»

(OParc, article 19). C'est le cas de Montreux,

Veytaux et Villeneuve. Pour ces communes d'agglomération, l'intérêt d'intégrer au péri¬

mètre non seulement la partie située dans le bassin de l'Hongrin, mais aussi celle mon¬

tagnarde (versant Léman) s'est rapidement imposé. Elles sont dépositaires d'un impor¬

tant patrimoine alpestre et forestier, confron¬

té aux mêmes problématiques de gestion que les communes montagnardes du Parc.

Par ailleurs, les liaisons historiques entre les Préalpes et le Léman ont toujours été impor¬

tantes. En quittant le cours de la Sarine, ces échanges franchissaient le col de Jaman, vers le marché de Vevey ou le col de Chaude vers

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Ormont-Dessous, vue du Pic Chaussy vers le nord. Au premier plan Vers les lacs à gauche, et le lac Lioson à droite. Bien que situées dans la même entité paysagère les eaux du premier s'écoulent dans le bassin de la Grande Eau et celles du second dans le bassin de l'Hongrin.

En arrière plan, la vue se prolonge sur le Parc avec les plateaux marécageux de la Lécherette et de Pra Cornet, les vallées de l'Etivaz, le massif de la Gummfluh, la vallée de la Sarine devant le versant sud des Vanils, le passage du Gros Mont avec à sa gauche la Dent de Ruth.

celui de Villeneuve. Le col de Jaman a joué un rôle important pour l'éclosion du tourisme dans l'Intyamon et le Pays-d'Enhaut, sur l'axe Montreux - Interlaken. Le col, non carrossa¬

ble, est franchi dès 1904 par un tunnel sur la ligne du MOB (Montreux - Oberland bernois).

Cette ligne demeure l'axe de transport public direct entre le Pays-d'Enhaut, l'Intyamon et l'arc lémanique. La limite définitive devrait respecter le critère identitaire d'un Parc à vocation pastorale et fromagère, montagnar¬

de et forestière.

Autre exception: «un grand territoire délimité naturellement est intégré dans sa totalité à la superficie d'un parc naturel régional». (OParc, article 19). Cela concerne l'intégration partiel¬

le de la commune d'Ormont-Dessous dont la frontière avec Château-d'Oex ne correspond à aucune cohérence territoriale divisant bru¬

talement en deux l'espace touristique de «La Lécherette - Les Mosses». Cela ne corres¬

pond guère mieux à la réalité des exploitations agricoles. La vallée de l'Hongrin présente, mal¬

gré une place de tir et un barrage, un vaste espace montagnard, agricole et forestier au caractère exceptionnel, sans axe de circula¬

tion, ni village, ni infrastructure touristique.

Afin de proposer une entité paysagère visuel¬

lement cohérente, il est prévu d'intégrer dans le périmètre l'ensemble du Mont d'Or et du versant nord, nord ouest du Chaussy, ce qui inclut naturellement l'ensemble des Mosses et de la Comballaz.

Le Parc à l'essai: 2007 - 2008

Les communes fondatrices rejointes par Montreux ont obtenu une aide financière du

SECO et des cantons de Vaud et Fribourg. Et fortes de leur propre participation, elles ont pu, parallèlement à la préparation d'un dossier de candidature, réaliser divers projets dans cette phase 2007 - 2008. Ils se sont déclinés sur les trois axes principaux que sont la pré¬

servation du paysage, la valorisation par des activités économiques (développement dura¬

ble), la découverte et l'éducation à l'environne¬

ment. Trois commissions (nature - agriculture - tourisme) ont piloté les divers groupes de projets dans lesquels près d'une centaine de personnes ont été actives. Petit inventaire de quelques actions emblématiques.

LE GRAND TOUR, une randonnée pour bons marcheurs reliant par les hauts les communes du Parc. En dix étapes, il parcourt depuis août

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2007 les vallées de la Jogne et de l'Intyamon, le Pays-d'Enhaut et les hauts de Montreux.

Une offre d'une richesse naturelle étonnante, de la faune à la flore, dans un décor superbe ouvrant sur de surprenants points de vue.

Une expérience unique de rencontre avec la nature et l'univers des armaillis. Depuis l'été 2008, des forfaits de 3 à 10 jours accompa¬

gnent cette offre.

La carte de sensibilité nature. Gardes faune et responsables des réserves Pro Natura situées sur le territoire ont réalisé une carte afin de prévenir les risques de dérangement de la faune lors d'activités touristiques déve¬

loppées par le Parc. Elle a servi dans l'élabora¬

tion des parcours du GRAND TOUR et a, par exemple, abouti à la décision de promouvoir ce circuit uniquement de juin à septembre afin de laisser aussi la nature (faune et flore) se «reposer».

Les chemins du gruyère, le retour aux sour¬

ces. Ce produit de découverte des patrimoi¬

nes (réalisé en collaboration avec ViaStoria, un organisme spécialisé dans les voies de communication) de découvrir la culture tradi¬

tionnelle de la région notamment celle liée au Gruyère et à L'Étivaz: transhumance, fabrica¬

tion et échanges commerciaux.

Vergers et arbres fruitiers haute tige est un projet qui vise par la plantation d'arbres frui¬

tiers greffés de variétés locales, à une prise de conscience de la valeur paysagère, patrimo¬

niale, culinaire et écologique de ce territoire.

En 2008 et début 2009, plus d'une centaine d'arbres ont été plantés. Une journée du fruit

avec identification des fruits amenés par la population s'est déroulée à Lessoc en 2007 et à Charmey en 2008.

Les réseaux écologiques dans l'agriculture.

Inspiré par l'expérience pionnière du «mou¬

vement agricole de l'Intyamon», ce projet vise à permettre aux agriculteurs, sur une base volontaire, de mettre en réseau les sur¬

faces de compensations écologiques de leur domaine. Le Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut finance l'étude de faisabilité.

Le réseau est concrétisé à Charmey et en phase d'étude de faisabilité à Château-d'Oex et Rossinière.

Ecoles & journée de la biodiversité. Découverte et sensibilisation à l'environnement par les

Journée de la biodi¬

versité, les écoliers du Parc en pleine décou¬

verte.

(23)

Chasseurs et randon¬

neurs en observation de la faune dans le vallon des Mortheys (réserve naturelle Pro Natura du Vanil Noir) en août 2008.

Philippe Randin, président de l'asso¬

ciation Parc naturel régional Gruyère Pays- d'Enhaut, sous l'œil du Conseiller d'Etat fribourgeois Georges Godel remet le dossier de candidature à Willy Geiger, vice-directeur de l'office fédéral de l'environnement (OFEV).

paysages de proximité. A partir du thème du verger, un dossier pédagogique a servi de base à un travail avec 25 classes du Parc.

Pour couronner l'année scolaire, le 13 juin 2008 à Montbovon, la journée de la biodiver¬

sité a réuni 21 classes (environ 375 élèves) à la découverte de la biodiversité de la vallée au travers d'animations spécialement conçues pour l'occasion.

Randonnées «chasseurs, faune et flore». En été 2008, les chasseurs de la Gruyère et du Pays-d'Enhaut ont emmené les promeneurs observer la faune et la flore locales lors de quatre randonnées gratuites.

LAAO Open air de photographies. Une triple exposition de photographies grand format, sur trois sites de montagne (Vounetz à Charmey, La Braye à Château-d'Oex et le col de Jaman).

Dans des zones très fréquentées par les tou¬

ristes, cet événement (été 2008) invitait à la réflexion autour de la culture, des cultures et du paysage.

Dépôt d'une candidature officielle

Le 9 janvier 2009, l'association Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut, forte des expériences menées, déposait auprès de l'OFEV son dossier de candidature. Il se décli¬

ne en trois volumes comprenant la description du territoire, le plan de gestion et les fiches de projets. Le projet entre ainsi définitivement dans sa phase de création et attend désor¬

mais le verdict de l'OFEV. Prochaine étape en hiver 2009, le passage devant les législatifs communaux (conseil communal dans la partie vaudoise et assemblée communale dans la partie fribourgeoise). Le label est attendu au cours de l'année 2011.

(24)

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Jean-Robert et Anne Henchoz, fromagers, producteurs du Sapalet (un fromage frais au lait de brebis), membres de l'association Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut.

«Ce projet n'a rien à voir avec des zones de réserve où tout devient interdit.» Les paysans fromagers de Rossinière en sont convaincus. Le Parc doit met¬

tre en valeur le patrimoine local et mieux le faire connaître et reconnaître dans la région et au-delà.

Ils songent là par exemple à l'entretien des chemins pédestres. Anne y ajoute la touche sentimentale:

«Il y a en fait la notion d'amour et de don. Moi, je suis amoureuse des tavillons. Je pense que si on connaît mieux quelque chose, on va l'aimer et alors on voudra le préserver. Il faut faire découvrir et faire aimer.» Et vœu du couple: «Il faut aider les projets de restauration de bâtiments».

Enchantés de vivre en harmonie avec leurs animaux (brebis, chèvres, chiens, âne) dans la tranquillité du Pays-d'Enhaut et de pouvoir y produire un fromage bio de brebis, ils espèrent que le Parc les préservera d'un tourisme de masse qu'ils craignent plus que tout. «Il nous faut un tourisme naturel» assurent-ils en chœur.

Pour leur fromage, le Sapalet, ils imaginent avec plaisir utiliser comme label le logo du Parc. «Cela serait un plus pour notre produit. Et puis le logo du Parc est superbe avec ses tavillons en soleil.»

Anne et Jean-Robert Henchoz vivent à Rossinière produisent un fromage au lait de brebis.

(25)

DEUX CANTONS, QUATRE RÉGIONS, QUATORZE COMMUNES ET UN PARC

UN NOUVEAU TERRITOIRE COHÉRENT

Articulé entre les vallées de la Jogne et de l'Intyamon, le Pays-d'Enhaut et le massif des Rochers de Naye, le territoire du futur Parc compose une zone de montagne représen¬

tative des Préalpes calcaires septentrionales.

Doté d'une bonne cohérence géographique politique et économique, il a une identité préalpine et rurale très claire. Sa plus gran¬

de localité, Château-d'Oex, compte environ 2000 habitants pour une population totale de 11 '840. Malgré la présence de nombreux vil¬

lages et hameaux, sa densité demeure très faible, moins de 23 habitants au km2. Avec environ 518 km2, le Parc est plus vaste que chacun des neuf plus petits cantons! Il est composé de quatre unités géographiques:

les régions du Parc.

Transition entre le plateau molassique et les reliefs alpins, dans un climat tempéré forte¬

ment influencé par le relief, il correspond au berceau de la «civilisation du Gruyère». La vocation de ces vallées est essentiellement

forestière et herbagère. Et le paysage témoi¬

gne de ces activités et de leur évolution tem¬

porelle. Proche de l'état naturel, il est toutefois marqué par l'histoire, la culture et l'économie, avec une nette dominante pastorale.

Géologie et géomorphologie

Le territoire du Parc est géologiquement constitué de plusieurs nappes de couverture caractéristiques de la formation des Préalpes.

La plus importante est la nappe des Préalpes médianes constituée de nappes calcaires plas¬

tiques, zones plissées comme la chaîne des Vanils, et rigides, zones hérissées en écailles comme la Gummfluh ou les Gastlosen.

L'ossature du paysage est caractérisée par l'alignement de cinq chaînes montagneuses, plus ou moins continues, d'axe sud-ouest - nord-est: la chaine du Moléson - La Berra, puis celle formée par Rochers-de-Naye - Dent de Corjon - Pointe de Cray - chaîne des Vanils.

Viennent ensuite la chaîne Pointe d'Aveneyre - Planachaux - La Laitemaire - Rochers des

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RÉGIONS COMMUNES SUPERFICIE % POPULATION %

EN HA (2007)

JOGNE Cerniat 3'370 6 375 3

Charmey 7'840 15 T713 14

Châtel-sur-Montsalvens 200 0.4 223 2

Crésuz 180 0.3 279 2

TOTAL 11'590 22 2'590 22

INTYAMOIM Bas-lntyamon 3'330 6 1*070 9

Grandvillard 2'420 5 653 6

Haut-lntyamon 6'040 12 I'415 12

TOTAL 11'790 23 3'138 27

PAYS-D'ENHAUT Château-d'Oex 11'360 22 3'212 27

Rossinière 2'340 5 504 4

Rougemont 4'860 9 885 7

Ormont-Dessous 4'060 8 190 2

(Ormont-Dessous total) 6'410 1'024

TOTAL 22'620 44 4'791 40

ROCHERS-DE-NAYE Montreux 2'510 5 1'300 11

(Montreux total) 3'350 23'758

Veytaux 620 1 21 0

(Veytaux total) 670 826

Villeneuve 2'720 5 - 0

(Villeneuve total) 3'210 4'382

TOTAL 5'850 11 1'321 11

PARC NATUREL RÉGIONAL GRUYÈRE PAYS-D'ENHAUT 51'850 100 11'840 100

24

(27)

COMMUNES VALLÉES (ou bassins versants)

VALLÉE DE LA JOGNE Charmey,

Cerniat, Crésuz,

Châtel-sur-Montsalvens

INTYAMON Haut-lntyamon, Grandvillard, Bas-lntyamon

PAYS-D'ENHAUT Rougemont, Château-d'Oex, Rossinière, Ormont-Dessous (Les Mosses)

MASSIF DES ROCHERS-DE-NAYE Montreux,

Veytaux, Villeneuve

Vallée de la Jogne Vallée du Javro Vallée de Motélon Vallée du Gros Mont Vallon des Mortheys Piasselbschlund et Breccaschlund (bassin de la Singine) Vallée de la Sarine Vallée de l'Hongrin (cours inférieur) Vallon de la Tana Vallon de la Marive Vallée de la Sarine

Vallée des Fenils (Grischbachtal) Vallées des Sciernes Picat, de la Manche et de Flendruz Vallon de la Gérine

Vallées de la Torneresse et de l'Eau Froide

Vallée de l'Hongrin (Hongrin de Lioson et Petit Hongrin)

Vallée de l'Hongrin (bassin de la Sarine) Bassins alimentant directement le Léman:

Vallée de la Baye de Montreux, Vallée de la Baye de Clarens (vallon de Villard),

Vallée de la Veraye Vallée de la Tinière, Vallée de l'Eau Froide

VILLAGES ET

PRINCIPAUX HAMEAUX ALTITUDES

Charmey, Cerniat, Crésuz, Vanil Noir: 2388 m Châtel-sur-Montsalvens Gorges de la

Jogne: 709 m

Montbovon, Les Allières, Vanil Noir: 2388 m les Sciernes-d'Albeuve, Albeuve, Auge de la Sarine Neirivue, Lessoc, Grandvillard, (Enney): 700 m Estavannens, Villars-sous-Mont,

Enney

Rougemont, Le Crêt, Flendruz, Le Tarent: 2548 m Les Granges, Gérignoz, Gorges de la Château-d'Oex, Les Moulins, Tine: 830 m L'Étivaz, La Lécherette,

Les Mosses, La Comballaz, Rossinière, La Tine

Les Avants, Caux, Les Rochers de Villard-sur-Chamby, Sonchaux Naye: 2041 m

Gorges du Chauderon: 500 m

(28)

ry-devant-Pont7)

Vuippens ji Cerniat

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Charmey

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Haut-lntyamon i"

Rougemont

Rossinière

(29)

Partie supérieure de la vallée de la Torneresse (L'Etivaz) dont la forme en U est carac¬

téristique des vallées formées par l'action abrasive des glaciers.

Formation caracté¬

ristique des roches calcaires dissoutes par l'eau, lapiés de l'Urqui (Haut-Intyamon).

Rayes, la chaine Mont d'Or - Rochers du midi - Rübli, puis enfin la chaîne du Chaussy - Wittenberghorn. Les processus glaciaires, inactifs de nos jours, l'ont façonné par leur action d'érosion, de transport et de dépôts.

Par abrasion et arrachement, les glaciers ont creusé des vallées (la vallée de la Tornesse près de l'Étivaz par exemple).

Les systèmes torrentiels complets y sont fré¬

quents. De l'amont vers l'aval, on trouve un bassin de rétention, un chenal d'écoulement et lorsque la pente diminue: un cône de déjec¬

tion. Le village de Lessoc est établi sur un cône de déjection inactif. L'érosion liée aux

phénomènes fluviaux entaille des gorges et des cluses dans la roche, comme c'est le cas à la Tine, dans les gorges du Pissot ou celles de la Jogne. Des phénomènes karstiques, liés à la dissolution chimique des roches calcaires par l'eau, ont créé d'étranges dessins dans la roche. Les formes les plus visibles en sont les lapiés: roches calcaires creusées de rigoles et de chenaux.

Aspects historico-culturels

Héritiers de 1000 ans d'occupation paysanne, les paysages du Parc témoignent de l'écono¬

mie pastorale et fromagère. Dès le XVe siè¬

cle, les pâturages de la haute Gruyère sont de

(30)

plus en plus sollicités par le développement de la production de fromages, dont l'âge d'or se situe au XVIIe et XVIIIe siècles avec l'inten¬

sification des exportations et l'instauration d'une «monoculture du fromage» façonnant durablement le paysage. Cette croissance économique influence non seulement le défri¬

chement de la région et l'économie alpestre, mais aussi le patrimoine bâti, avec des bâti¬

ments aux volumes généreux aux façades finement décorées et des voies de commu¬

nication reliant le Pays-d'Enhaut et la Gruyère au Léman et au-delà au marché européen. Ce paysage préalpin peut être considéré comme

«remarquable» autant pour ses valeurs cultu¬

relles que naturelles. Il est investi du statut de patrimoine collectif comme paysage «arché- typal», miroir à la fois d'une société vécue et idéalisée.

Milieux naturels et biodiversité

Le Parc comprend une grande diversité de biotopes dont l'influence sur le paysage est importante. Sur le bas des communes du ver¬

sant lémanique on trouve des châtaigniers, des forêts de ravins ainsi que des forêts thermophiles d'éboulis pentus d'une grande richesse botanique (tilleuls et érables, ifs et houx à l'ombre des feuillus dominants). On rejoint alors l'étage collinaire avec encore la présence de chênes, puis le montagnard infé¬

rieur (forêt de feuillus dominée par l'hêtre), le montagnard supérieur (1000 à 1200 m) avec des hêtres et des érables, sur les pentes ins¬

tables. Plus haut encore se situent les étages subalpins, celui de la «pessière» (forêt d'épi¬

céas) de 1200 à 1800 m et alpin au-dessus de 1800 m où les landes et pelouses alpines suc¬

cèdent aux derniers arbres (parfois des pins de montagne, des arolles ou des mélèzes).

L'existence de nombreux biotopes et paysa¬

ges d'importance nationale confirme cette qualité et cette diversité: site et paysage marécageux d'importance nationale, nom¬

breux hauts et bas-marais, zones alluviales, prairies et pâturages secs. Ainsi que quatre inventaires fédéraux des paysages (IFP):

• Le Vanil Noir, région caractéristique des Préalpes calcaires septentrionales compre¬

nant des falaises rocheuses, ainsi qu'une flore montagnarde, subalpine ou alpine remarquable, riche et typique, forêt d'aroles du Lapé, érablaies des Morteys.

• La Pierreuse - Gummfluh - Vallée de l'Éti- vaz: région montagneuse comprenant plusieurs vallées dominées par de hautes parois calcaires, dont la végétation subal¬

pine et alpine comprend notamment des pelouses et des bas marais remarquables.

• Tour d'Aï - Dent de Corjon: paysage carac¬

téristique des Préalpes calcaires septen¬

trionales s'élevant de la plaine à l'étage

Atypiques en région calcaire, les arolles s'installent en limite de végétation, là où les forêts d'épicéas ne sont plus concurrentes.

Réserve naturelle de la Pierreuse, avec la chai- ne de la Gummfluh (sommet de gauche) caractéristique des Préalpes médianes rigi¬

des (Château-d'Oex).

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La Bra, 1461 m, alpage et site protégé de reproduction des batraciens (Haut- Intyamon).

alpin. Le bois de la Latte offre aussi un rare exemple de peuplement d'arolles sur calcaires.

Breccaschlund: vallée glaciaire en enton¬

noir subdivisée en plusieurs compartiments sans écoulement superficiel. Paysage originel caractérisé par de nombreuses crêtes morainiques, des éboulis et débris de pente, des formations karstiques ainsi que des érables isolés qui parsèment les pâturages.

Le périmètre fait l'objet de nombreuses mesures de protection: quatre districts francs fédéraux (réserves de chasse) et près de 200 biotopes d'importance nationale (hauts et bas marais, zones alluviales, prairies et pâturages secs, sites de reproduction de batraciens).

Les réserves naturelles (Pro Natural du Vanil Noir, de La Pierreuse (créée en 1945) et de la Vallée de L'Étivaz constituent le cœur de ce patrimoine naturel protégé. Les vastes espa¬

ces protégés par la législation fédérale cou-

29

(32)

vrent à eux seuls environ 40% du périmètre du Parc. S'y ajoutent diverses zones proté¬

gées au niveau cantonal ou communal.

Chartreuse de la Valsainte (Cerniat). Fondée en 1294, seule l'église est construite en dur.

Les bâtiments conventuels et les cellules sont en bois dans un positionnement typique en Z. Des incendies tragiques et meurtriers ponctueront son histoire en 1381, 1601 et 1732. La Chartreuse est fermée en 1778. A leur retour à La Valsainte en

1862, les Chartreux reconstruisent entièrement leur monastère en pierres. De 1863 à 1903, la Chartreuse subit des agrandissements successifs, le dernier pour accueillir les Chartreux chassés de France. Cette aile de cellules a été démolie en 2007 afin d'assainir le site du couvent.

Patrimoine culturel

Un descriptif du patrimoine architectural du Parc implique une incursion dans l'histoire des vallées de la Jogne et de l'Intyamon, du Pays- d'Enhaut et du massif des Rochers-de-Naye, une histoire à la fois commune et distincte. Au Moyen-Âge, le Comté de Gruyère en réunit pra¬

tiquement tout le territoire, à l'exception d'AI- beuve et du massif des Rochers-de-Naye. De la fondation du Prieuré clunisien de Rougemont en 1080 à la faillite du Comte Michel en 1554, quatre siècles vont imprégner la mémoire et le patrimoine. Le partage du Comté entre Fribourg et Berne donne lieu à une multitude de baillia¬

ges qui éclatent les divers territoires comtaux:

bailliage bernois du Gessenay, bailliage du Val et Pays de Charmey, baillage de Gruyères. La Réforme a influencé durablement le patrimoine religieux du Pays-d'Enhaut. Eglises, temples et cures en sont les témoins. La partie gruérienne demeurée fidèle au catholicisme voit son terri¬

toire tissé d'un réseau de chapelles, de sanc¬

tuaires, de croix et d'églises évoquant aussi bien la dévotion populaire qu'une certaine réus¬

site économique.

L'essor économique dû à la production et au commerce du fromage se vérifie aussi bien en Basse qu'en Haute Gruyère. Cette intense activité dans les alpages et l'enrichissement de marchands a laissé des traces majeu¬

res dans le paysage et le patrimoine bâti:

un ensemble remarquable de chalets d'al¬

page, de granges, de caves. Les villages ont

En haut: Prieuré Clunisien de Rougemont. Fondé entre 1073 et 1085, il comprenait l'église Saint-Nicolas et ses deux chapelles, le bâtiment conventuel, une grange construite en pierres en 1342, des étables et des greniers.

Le prieuré fut suppri¬

mé en 1555. En 1572, un château, résidence du bailli du Gessenay, remplace le prieuré.

Propriété privée dès 1803, incendié en 1973, il fut reconstruit l'année suivante.

(33)

Le pont couvert de Lessoc (Haut- Intyamon). Sur le vieux chemin empierré qui relie le village de Lessoc à celui de Montbovon le pont le mieux conservé et le plus original du canton de Fribourg. Sa date de construction est gravée dans le chêne du portique sur la rive droite: 1667.

aussi été marqués par cette période comme en témoignent des bâtiments aussi presti¬

gieux que la Grande Maison (Grand Chalet) de Rossinière ou la Maison du Banneret à Grandvillard. Les échanges commerciaux liés au fromage (exportation vers Lyon et Turin) ont provoqué un développement des voies de communication avec la construction d'ouvra¬

ges d'art tels que les ponts (pont couvert de Lessoc, pont de la Tine) et l'amélioration de chemins comme les sentiers muletiers du col de Jaman.

Dès la première moitié du XIXe siècle, après la publication de «La nouvelle Héloïse» de Jean- Jacques Rousseau (1761) dont les amours s'ébauchent dans le cadre idyllique du col de Jaman, le tourisme s'impose progressi¬

vement comme une ressource économique.

Son développement provoque la réalisation

d'un réseau de transport public: la diligence 31 Bulle - Charmey, Bulle - Château-d'Oex; le

train Montreux - Oberland bernois; le chemin de fer de la Gruyère. Les hauts de la Riviera deviennent alors une destination romantique

(34)
(35)

A Rossinière, le Grand Chalet (1754) a été construit à l'usage de deux familles par Gabriel Henchoz, marchand de froma¬

ges. Au rez-de-chaus¬

sée inférieur se situe une immense cave à fromages. De 1857 à 1976, le bâtiment est converti en hôtel pen¬

sion où Victor Hugo a séjourné. Le peintre Balthus l'acquiert en 1977, s'y installe et y travaille jusqu'à la fin de sa vie en 2001.

La Maison du Banneret (1666), Grandvillard. Elle possède une magnifi¬

que façade d'apparat en pierres de la région.

Son propriétaire, le banneret Pierre de la Tinaz, a fait fortune dans le commerce des fromages qu'il vendait jusqu'à Lyon.

privilégiée, ce qui implique la construction d'hôtels à l'architecture remarquée (Caux, Les Avants).

L'agriculture

L'agriculture du Parc est essentiellement axée vers l'élevage et la production laitière bovine. La presque totalité des surfaces de la surface agricole utile (SAU), est constituée d'herbages fauchés ou pâturés dans un sys¬

tème d'exploitation traditionnel où le potentiel alpestre tient un rôle prépondérant.

En 2000, 765 personnes étaient occupées dans le secteur primaire (567 équivalents plein

temps). La prégnance de l'agriculture dans le paysage et le caractère familial des exploita¬

tions ne doivent pas dissimuler une mutation rapide et structurelle. Entre 1990 et 2000, la diminution du nombre d'exploitations agrico¬

les, la rationalisation du travail et l'affaiblisse¬

ment des marges ont entraîné la disparition de 212 emplois (en équivalent plein temps), soit une perte de 27,2%! A Charmey et Crésuz, l'emploi agricole a diminué de moitié durant cette décennie. Ces mutations affec¬

tent la structure démographique des villages ainsi que l'occupation du territoire (regroupe¬

ment des domaines agricoles). En 2007, les 241 exploitations agricoles des communes

33

(36)

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34 entièrement intégrées au Parc sont situées en zones de montagne 2 à 4 et toutes répon¬

dent aux critères des prestations écologiques requises (PER, production intégrée) ou de l'agriculture biologique.

La production laitière bovine des exploitations agricoles du Parc atteint les 26 millions de kilos de lait par an.

Les exploitations de base à Château- d'Oex, Rossinière, Flendruz, L'Étivaz et les Mosses produisent du lait de centrale. Produit en zone d'en¬

silage, ce lait quitte la région sans aucune transformation. Aux Moulins, en zone de non ensilage, la froma¬

gerie est exploitée pour la fabrica¬

tion de Gruyère AOC biologique. A Rougemont, également en zone de non ensilage, le lait est transformé en différentes spécialités fromagè- res, dont la tomme Fleurette. Sur la Gruyère, l'ensemble de la production laitière des communes du Parc, entiè¬

rement en zone de non ensilage, est transformé en fromage: Gruyère AOC et Vacherin fribourgeois AOC.

Les communes du Parc se trouvent au cœur d'une zone alpestre avec une densité exceptionnelle de fabri¬

cation traditionnelle de fromages d'al¬

page. Plus de 80 «trains d'alpage»

y fabriquent de L'Étivaz AOC ou du Gruyère AOC d'alpage, dans plus d'une centaine de chalets. Cette pro¬

duction est vitale pour l'économie agricole régionale. Il s'agit de produits à forte valeur ajoutée, affinés dans la région et commercialisés avec une plus-value correspondant à ses qualités spécifiques:

lait d'alpage, caractère authentique. De plus, elle est garantie par les AOC. La production de L'Étivaz AOC, (61 producteurs dans le

Le Caux Palace (Montreux) est inau¬

guré en 1902. Il est considéré comme un chef-d'œuvre de l'architecture hôtelière suisse. Conçu par l'ar¬

chitecte Eugène Jost, ces façades évoquent les châteaux médié- Funiculaire Les Avants — Sonloup (Montreux). Le funi¬

culaire électrique Les Avants - Sonloup a été mis en service en 1910. Il franchit une dénivellation de 180 mètres pour atteindre l'altitude de 1156 mètres. Il permet d'accéder au belvé¬

dère de Sonloup et au sommet de la piste de luge. Transformé en 1951 et entièrement automatisé en 1980, il a gardé tout le charme des anciennes voitures rouges.

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Alpage du Grand Clé, 1837 m, (Château- d'Oex) avec les toiles à fromage qui, avec la cheminée fumante et la meule de bois, témoi¬

gnent fidèlement de la fabrication quotidienne du fromage sur feu de bois. En arrière plan la Cape au Moine (VD) chère aux habitants de L'Etivaz, selon la légende c'est à son pied, sur l'al¬

page voisin de Sazième, que finissait la grande coraule du Comte de Gruyères.

Parc: 31 à Château-d'Oex, 9 à Rossinière, 9 à Rougemont, 7 à L'Étivaz, 4 à Villeneuve et 1 à Ormont-Dessous), est entièrement affinée aux caves de L'Étivaz. Elle augmente régu¬

lièrement depuis une trentaine d'années. La coopérative a réalisé plusieurs agrandisse¬

ments successifs des caves d'affinage. Sa capacité atteint les 400 tonnes de fromage par saison. Plus de 10% de la production est certifiée biologique. La dynamique commer¬

ciale de la coopérative et ses perspectives intéressantes d'exportation ont conduit, en 2005, à un nouvel agrandissement des caves et à l'augmentation du droit de produire accor¬

dée par le Conseil fédéral. L'ensemble de la

production de Gruyère AOC d'alpage des Préalpes (21 producteurs sur le territoire du Parc dont la majeure partie sur des alpages de Charmey et Haut-lntyamon) est affiné par la coopérative des producteurs de fromages d'alpage à Charmey (caves historiques de la Tsintre) et à Bulle. La production de fromage d'alpage de Jaman (Montreux) sera prochai¬

nement mise en valeur par une fromagerie de démonstration (chalet d'alpage rénové et adapté à l'accueil des visiteurs).

Plusieurs exploitations agricoles se sont spé¬

cialisées ces dernières années dans de nou¬

velles branches de production, souvent en

35

(38)

production biologique: fromages fermiers de brebis, de chèvre ou de vache, vaches allai¬

tantes, élevage de cerfs, cultures de plantes aromatiques et médicinales.

La production de viande bovine, jadis répu¬

tée avec l'élevage de races mixtes, reste peu développée. Toutefois, plusieurs agriculteurs ont pris l'habitude d'élever un ou deux «brou¬

tards» issus de races à viande. Quelques troupeaux de vaches allaitantes côtoient

aujourd'hui les troupeaux de vaches laitières.

Une production porcine, liée à la valorisation du petit lait issu de la fabrication du fromage, est également présente. Au Pays-d'Enhaut, une association des producteurs de porcs a été créée pour promouvoir cette spécialité. Le cheptel de moutons est lui aussi en augmen¬

tation, notamment dans les alpages, cepen¬

dant la transformation régionale de cette production reste marginale. La production de viande présente encore un beau potentiel

Début de saison sur l'alpage des Clous (Rossinière) avec fabrication de fro¬

mage. En arrière plan Planachaux avec les alpages de Crau et du Cottard.

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de développement sur le périmètre du Parc.

Deux abattoirs (aux Moulins et à Charmey) permettent l'abattage des bêtes destinées à une commercialisation locale. C'est un atout important pour une valorisation régionale de la filière viande.

L'agrotourisme y est encore relativement peu développé, à l'exception de quelques buvettes d'alpage ou de quelques chambres d'hôtes en vallée. L'accueil dans les alpages est toujours bien vivant et de nombreux agri¬

culteurs le pratiquent dans le but de mieux faire connaître leur travail et de promouvoir leur production. En été, plusieurs randonnées sont proposées avec visite de la fabrication du fromage et dégustation, parfois même avec repas et nuit à l'alpage. Ces lieux d'échange entre l'agriculture et la population représen¬

tent un potentiel important pour la création d'une valeur ajoutée dans le tourisme dura¬

ble: randonnées et vente directe. Ils sont éga¬

lement précieux pour favoriser la compréhen¬

sion du travail de l'agriculture de montagne auprès des hôtes ou des enfants.

Forêt et filière du bois

La forêt et l'économie du bois, cédant pro¬

gressivement leur place aux surfaces her- bagères et à l'économie fromagère, n'ont pas connu une réelle valorisation culturelle.

Pourtant, comme dans toute contrée où elle est généreuse, la forêt a régulièrement fourni un matériau précieux à la région: dans la vie quotidienne (constructions de tout genre, toitures, meubles, outils et instruments de transports, objets de l'art religieux ou popu-

Fabrication du Gruyère d'alpage AOC au chalet de Vounetz au-dessus de Charmey.

37

(40)

la ire, chauffage des bâtiments et du lait pour la fabrication du fromage); dans les relations commerciales (exportation de grumes et de charbon de bois, industrie gruérienne du bois). Si l'apogée du défrichement à des fins de production herbagère se situe certaine¬

ment à la fin du XVIIIe siècle, la forêt a encore connu une phase d'exploitation intensive jus¬

qu'à la fin du XIXe, liée à l'exportation du bois (planches, billons et bûches) en réponse à l'in¬

dustrialisation du Plateau suisse. Dès la fin du XVIIe siècle, les forêts des hauts de Villeneuve sont exploitées pour alimenter en bûches les anciennes salines de Roche.

Le flottage du bois sur la Sarine a marqué la région. Après avoir épuisé les forêts de l'Em¬

mental et de la Singine, les hauts fourneaux de Von Roll à Soleure se tournent vers la Gruyère et le Pays-d'Enhaut. La forêt est alors exploitée dans les contrées les plus retirées, inaptes au défrichement, où elle était demeu¬

rée vierge. Généralisé à la plupart des rivières alpines, le flottage a été interdit en 1896.

Protégée dès la fin du XIXe siècle par la légis¬

lation nationale, et en particulier par la loi forestière de 1902, la forêt a reconquis des surfaces importantes, suite à des plantations volontaires ou, plus simplement, à l'abandon de prairies et pâturages d'intérêt marginal pour l'agriculture. Soucieuses de restaurer la forêt dans sa fonction de protection, les col¬

lectivités publiques ont réalisé divers projets de reboisement de surfaces nues dans les parties supérieures de la forêt, parfois avec des ouvrages paravalanches.

La forêt couvre actuellement plus de 20'300 ha du Parc, soit 40% du périmètre. Elle a, dans sa majeure partie, une fonction de protection, mais la production est loin d'être négligeable.

De nombreuses routes et pistes forestières ont été construites tout au long du XXe siècle pour garantir l'exploitation et l'entretien des massifs. Le rôle de la forêt pour la biodiversité n'est plus à prouver: lieu de refuge pour cer¬

taines espèces emblématiques et menacées, liaison essentielle d'un vaste réseau biologi¬

que. Dans la réserve naturelle de la Pierreuse, les forêts situées au-dessus de 1500 m sont laissées à elles-mêmes depuis 1946. La réa¬

lisation d'une réserve forestière est à l'étude pour ce secteur, de même que pour la forêt exceptionnelle du Lapé (Charmey). Dans la partie fribourgeoise, il existe trois réserves forestières: Vanil du Paradis (Bas-lntyamon), Motélon (Charmey), Grand Paine (Cerniat).

Scierie de Gérignoz (Château-d'Oex).

L'exploitation fores¬

tière procure une soixantaine d'emplois dans le Parc, plus une activité hivernale pour une bonne vingtaine d'agriculteurs. Les bois sciés dans la vallée sont encore des résineux, principalement de l'épicéa, abattus en hiver, lorsque la sève est descendue. Pour certains usages tels le bois de résonance ou le bois pour tavillons les bûcherons consul¬

tent en outre l'alma- nach pour abattre «en bonne lune».

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Gorges du Pissot, Château-d'Oex. La forêt couvre une part importante du Parc, elle protège villages et voies de communica¬

tion (ici la route du col des Mosses) des avalanches et limite les crues des rivières aux régimes torrentiels. Sa fonction écologique est également précieuse (ici la zone refuge du Dégottiau, site natu¬

rel protégé au niveau cantonal).

La production de bois dépend du type de forêts, des conditions d'exploitation, du mar¬

ché et des objectifs du propriétaire. A l'échelle du Parc, elle constitue un volume considérable (près de 60'000 m3 par an). Les entreprises du bois représentent un employeur important des communes de montagne du Parc, procu¬

rant des emplois qualifiés et décentralisés et offrant souvent des places d'apprentissage pri¬

sées par les jeunes. Dans l'Intyamon, à l'instar de l'évolution du secteur en Gruyère, quelques entreprises diversifient leurs activités dès la seconde guerre mondiale (baraquements mili¬

taires, constructions de chalets et maisons en bois, agencements de cuisine). Au Pays-d'En- haut et dans la vallée de la Jogne, les entre¬

prises misent plutôt sur le marché intérieur, dopé par la construction de résidences secon¬

daires toujours plus luxueuses. Menuisiers et charpentiers se spécialisent dans le travail sur

mesure et rivalisent de finesse dans la qualité de leur travail, dans le sillage des lignées de charpentiers des siècles précédents.

Tourisme

Le tourisme s'est imposé dès la première moitié du XIXe siècle et devient l'activité éco¬

nomique prépondérante de cette région des Préalpes. Son développement est parallèle à celui des transports publics (diligence Bulle - Château-d'Oex, construction d'un pont en bois sur le Javro en 1850, train Montreux - Oberland bernois en 1904, chemin de fer de la Gruyère). Des rives du lac Léman, les touristes s'aventurent sur les hauteurs et les stations d'altitude vont se développer au XIXe siècle.

Les Avants et Caux attirent des visiteurs dans ces résidences d'altitudes. Le tourisme sera d'abord estival, romantique et alpestre, à la recherche d'une civilisation pastorale idyllique

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avec chalets et armaillis aux mœurs rudes.

Progressivement se développe une industrie hôtelière qui s'accompagne d'infrastructures touristiques. Après la seconde guerre mon¬

diale, cette activité s'affirmera avec l'essor et la popularisation des sports d'hiver et la construction de remontées mécaniques, par¬

ticulièrement à Château-d'Oex, Rougemont et Charmey.

Cinq domaines skiables de taille et d'impor¬

tance diverses sont présents sur le territoire du Parc. Ces installations de remontées mécaniques sont, en partie, exploitées en été et permettent une diversification touristique.

Les domaines de Charmey (Dents Vertes), Château-d'Oex (la Braye) ou des Rochers-de- Naye fonctionnent comme des entités indivi¬

duelles non reliées à des domaines plus vas¬

tes, de même que le domaine des Mosses

- La Lécherette, en liaison par bus avec celui de Leysin. Le domaine de Rougemont (La Videmanette) est intégré à celui de Gstaad dont il constitue une entité propre. D'autres installations locales, destinées uniquement aux sports d'hiver, existent à Grandvillard et près des Avants (Orgevaux).

Le périmètre du Parc a totalisé 394'215 nui¬

tées touristiques en 2007, celles-ci se répar¬

tissent en 20% de nuitées hôtelières et 80%

de nuitées en parahôtellerie (camping, héber¬

gement collectif, B&B, locations, résidences secondaires). Les régions du Parc connaissent des situations différentes: le secteur hôtelier occupe une proportion plus importante dans le Pays-d'Enhaut (29%) que dans la vallée de la Jogne où la part de la parahôtellerie (en par¬

ticulier les résidences secondaires) domine à hauteur de 89%.

Ski à Vounecz au dessus de Charmey, et télécabine au-dessus du brouillard.

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Ariane Favre, présidente de la société de développement de l'Intyamon, membre de l'asso¬

ciation Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut.

«Le Parc va permettre aux habitants de la région d'explorer leurs savoir-faire. Ils en ont tous un, mais ils le gardent pour eux», s'exclame cette amoureuse de l'Intyamon. Ariane Favre estime que cela s'explique par la présence d'une part de citadins qui ignorent tout des produits régionaux et de l'autre d'agriculteurs qui sont dans l'impossibilité, faute de temps, de communiquer leur passion. Ce projet peut et doit améliorer cette situation en devenant un «trait d'union» entre ces différents protagonistes. «Le Parc va permettre à chacun de sortir de l'esprit de clocher en s'intéressant aux autres et à leurs savoir-faire.» Le maître mot de cette femme engagée est le partage. «Le Parc me rassure car il va préserver les valeurs de la région: la nature, l'amour du métier, de la terre. Il va donner une image positive du territoire tout en maintenant l'authenticité des lieux.»

Née à Pully, Ariane Favre, à son arrivée dans l'Intyamon, a d'abord été surprise par l'aspect «cloisonné»

du paysage. Après quelques années de rencontres, elle dit avoir découvert toute la richesse et la beauté de cette région. «Le Parc va aider les communes à accomplir le même chemin que celui de ma démarche personnelle.»

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Rossinière, Planachaux et la Dent de Corjon 1967 m vus de la Pointe de Cray. Au deuxième plan: la Pointe d'Aveneyre 2011 m et le col de Chaude (Villeneuve), les Rochers de Naye 2041 m (Veytaux), la Dent de Hautaudon (Haut-Intaymon), la Dent et le col de Jaman (Montreux).

Le Vanil d'Arpille (2085 m), Charmey.

Au second plan de gauche à droite:

Hochmatt 2132 m, la vallée du Gros Mont, les Dents de Brenlaires et Foilleran et le Vanil Noir 2387 m (Charmey), Tsermon (Grandvillard), les Dents de Bourgo et du Chamois (Bas- Intyamon) et la Dent de Broc. Au loin: la Laitemaire (Château- d'Oex), la Dent de Lys (Haut-Intyamon) et le Moléson.

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Vallées du ruisseau de l'Essert et du Javro. A l'arrière: la commune de Cerniat du Vanil des Cours à la Berra 1719 m. Et au loin le plateau suisse et le jura.

Alpage de Cray du Milieu 1747 m (Rossinière). Au deuxième plan de gau¬

che à droite: le Biolet 2293 m, La Braye et le Rocher du Midi, la vallée de la Torneresse, Les Arpilles, la Cape au Moine (VD), la Tornettaz et le Tarent, point culminant du Parc à 2548 m. Au fond l'Oldenhorn et le glacier des Diablerets.

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La vallée de la Baye de Montreux vue du col de Pierra Perchia. De gauche à droite: les alpages des Grésalleys, le village de Caux, Les Mosses 1508 m, l'alpage de Pleigne, le Mont Cubly.

Au centre de la réserve Pro Natura de la Pierreuse: la tête de la Minaude et l'alpage de la Plane (Château-d'Oex). Au premier plan prai¬

rie de la Videman, au fond, derrière le Rocher du Midi: Tour d'Aï, la Pointe d'Ave- neyre (Villeneuve), les Rochers-de-Naye, la Dent de Corjon (Rossinière) et la Cape au Moine (FR) (Montreux et Haut Intyamon).

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