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Submitted on 1 Jan 1992
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Les bovins laitiers
J.-J. Colleau
To cite this version:
J.-J. COLLEAU
INRA Station de
génétique quanti.tatiue
etappliquée,
78352Jouy
en Josas CedexCet article n’a pas pour but de faire une
présenta-tion exhaustive du secteur bovins laitiers dans
l’éco-nomie
nationale,
sonhistorique
et sesperspectives,
mais de tenter dedégager
lespoints
essentiels per-mettant de mieuxcomprendre
les motivations etprio-rités des recherches effectuées par les
généticiens
quantitatifs
concernés.1
/ Les bovins laitiers
enFrance
et
dans la
CEE
Les vaches
françaises
sontmajoritairement
(60 %)des vaches laitières. La
proportion
de vaches traitesest encore
plus grande
au niveau de la CEE (74 %) du fait que dans certains pays del’Europe
du Nordl’éle-vage bovin est
presqu’exclusivement
laitier. Avec un total de5,5
millions de têtes (1990),l’élevage français
est le
plus grand d’Europe,
suivi de peu parl’élevage
allemand (5 millions avant la réunification).La
participation
du secteur bovins laitiers dans l’ensemble desproductions agricoles
estimportant :
19 % du
produit agricole d’origine
animale et solde très nettementpositif
du commerce extérieur (de l’ordre de 10 milliards de Francs). Acela,
il fautajou-ter
qu’environ
50 % de laproduction
de viande bovineprovient
du secteur laitier sous forme de vaches de réformes et de veaux deboucherie,
accessoirement de taurillons.L’amélioration
génétique
enFrance :
le
contexte et
les
acteurs
Les
bovins laitiers
2
/ Répartition géographique
et
génétique
des bovins laitiers
Les deux
grands pôles
deproduction
sont le GrandOuest
(Bretagne - Pays
de Loire -Normandie),
avec de l’ordre de 50 % desvaches,
et la Franche-Comté.La densité
importante
ducheptel
est favorable audéveloppement
de programmes de sélectionperfor-mants.
Au niveau
génétique,
la concentration est encoreplus
élevéepuisque
3 races(Holstein, Normande,
Montbéliarde) se
partagent
plus
de 90 % deseffectifs,
avec une forte
prédominance
de la Holstein. Ils’agit
là encore d’une structure favorable à la sélection.La taille moyenne des
élevages
(40 vaches) se situeà un niveau
modéré,
inférieur notamment à celui desélevages anglais
(90 vaches).3
/ Performances
laitières
moyennes
du
cheptel
Le tableau 1 montre
l’importance
des différences interraciales pour lesprincipales caractéristiques
lai-tières. La race
Holstein,
en faitd’origine
Nord-Américaine par
absorption
(processus
appelé
défi-ciente pour la richesse du lait.
Conjugué
à desdiffé-rences interraciales pour les
aptitudes
bouchères,
qui
vont dans le même sens, ce faitmajeur
explique
la permanence duproblème posé
auxgénéticiens
et aupays de
l’importance
et de lagestion
optimale
de cespopulations
(moins résolu quejamais
au moment oùla redéfinition très récente de la
Politique Agricole
Commune de la CEEperturbe
considérablement lecontexte
économique).
4
/ Importance économique
des
caractères à
sélectionner
Depuis
trèslongtemps
lesystème
depaiement
du lait à laqualité
(tauxprotéique,
tauxbutyreux,
contamination microbienne) est
généralisé.
Le lait est essentiellement transformé vu la faibleconsomma-tion de lait
liquide
dans notre pays (15 % de lapro-duction). La différence relative entre le
paiement
à lamatière
protéique
et à la matière grasse (actuelle-ment les barèmes sontrespectivement
de l’ordre de0,03
F et0,02
F en raisonnant aug/kg)
a tendance às’accroître,
sans doute pour tenircompte
d’une trans-formation croissante enfromages
(45 %) et en pro-duits frais. Ce fait est suffisamment ancien et continu(quelles qu’en
soient les causes) pour que lesgénéti-ciens estiment devoir en tenir
compte.
C’est d’ailleurspratiquement
uneexigence
du secteur, industriels etproducteurs
confondus.Le
premier
durcissement de lapolitique agricole
européenne
date de 1984 avec l’instauration desquo-tas
laitiers,
dont la traduction est, dans notre pays., une limitation stricte au niveau dechaque
ferme,
du droit àproduire,
d’abord du laitpuis
maintenant de la matière grasse. De cefait,
la rentabilité de la pro-duction laitière a chuté d’environ 30%,
mais elle est encore le&dquo;gagne-pain&dquo;
essentiel des éleveurslaitiers,
comme on aurait pu s’en douter.D’autres caractères sont utiles à
sélectionner,
(etfigurent
depuis
longtemps
dans une liste bien connue) : leurimportance
individuelle estobjective-ment
modeste,
même dans le nouveau contexte, mais leurimportance globale
est loin d’êtrenégligeable.
Sans entrer ici dans lesdétails,
onpeut
donner l’ordre degrandeur
des résultats fournis par lesana-lyses
génético-économiques
de la manière suivante : si l’on donne par convention lepoids économique
1 à unécart-type génétique
deproduction
laitière (en y incluant les variations concomitantes derichesse),
ilfaudrait
théoriquement
donner lepoids
0,15
à0,20
àla
production
deviande,
lepoids
0,15
à0,20
à lareproduction,
lepoids
0,20
à0,30
à lamorphologie
fonctionnelle (c’est-à-dire l’ensemble &dquo;conformation de
la mamelle + vitesse de traite +
qualité
desmembres&dquo;),
lepoids
0,20 à l’ensemble &dquo;numérationleucocytaire
+ résistance auxmammites&dquo;,
en raison-nanttoujours
en unitéd’écart-type génétique.
La réalisation d’une
politique
de sélectionoptimale
par rapport à cet
équilibre
(1’&dquo;objectif
de sélection&dquo;)est un exercice très
difficile,
pourbeaucoup
de rai-sons, et constitue une desprincipales
difficultésposées
augénéticien.
5
/
Outils de sélection utilisés
dans les
racesbovines
françaises
A labase,
le contrôle laitier nationalprend
encompte
76 000élevages
sur environ 200 000élevages
laitiers
(1990), regroupant 2,6
millions de vaches sur5,5
(soit environ 1 vache sur 2).L’insémination artificielle (4 millions
d’insémina-tions
premières)
permet
à la fois diffusion etévalua-tion du matériel
génétique
mâle. Latransplantation
embryonnaire
(34 000transferts,
cequi
estpratique-ment la valeur la
plus
élevée pour un payseuropéen)
procède
essentiellement d’une demande individuelle des éleveurs pour leurs propres besoins mais elle commence à être utiliséesignificativement
dans des programmes de sélection raisonnés.Environ 1000
jeunes
mâles sont contrôléschaque
année dans des stations de contrôle individuel dont la finalité estd’apprécier
lesaptitudes
de croissance(cas essentiellement des races
françaises).
Au tableau 2
figurent quelques
paramètres
per-mettant de matérialiser l’effort de sélection
global
des3
principales
racesexploitées.
Il faut retenir quechaque
année environ 1000 nouveaux taureaux sontmis au
testage
sur descendance et que seulement 100 à 150 d’entre eux seront effectivement utilisés parl’éleveur,
à l’issue du processus de sélection.Quand
on sait que leprix
de revient d’un taureau au moment où l’ondispose
de sonpremier
index se situeentre 250 000 FF et 350 000
FF,
on mesure ladimen-sion financière de la sélection bovine. Au
total,
chaque
éleveurpaie
environ 60 FF (soit le bénéficeprocuré
par environ 60kg
de lait) par insémination pour l’améliorationgénétique.
6
/ Acteurs de la
sélection
des
racesbovines
laitières
La structure essentielle de la sélection des races bovines
procède
de la loi surl’Elevage
(1966).Au niveau
professionnel,
les programmes de sélec-tion sont menés par des groupesagréés,
unions àdivers
degrés
decoopératives
d’insémination. Cesmaîtres d’oeuvre sont
appelés
&dquo;Unités de sélection&dquo;. Les unités depromotion
de race (UPRA) se sont vues confier par la loi les tâches de coordination ) et depromotion
commerciale pour une race donnée.Au niveau
national,
et avec le financement del’état,
l’INRA et l’Institut del’Elevage (Département
de
Génétique)
assurentglobalement
le suivi des informations debase,
des programmes desélection,
l’indexation desreproducteurs. L’implication
del’INRA (Station de
Génétique quantitative
etappli-quée,
Centre de Traitement de l’InformationGénétique)
est très lourde et va bien au-delà de larecherche,
cequi
est une situationspécifique
auniveau international.
7
/ Evolution
du
contexte
de la
sélection
Alors
qu’on
peut
saluer lesprogrès
spectaculaires
effectués ces 20 dernières années dans le domaine
scientifique
utile à la sélection des bovins laitiers(conception
et réalisation de traitementsstatistiques
performants
desdonnées,
impact
significatif
etcrois-sant de
biotechnologies
de toutordre),
on estobligé
de relever concurremment ungrand
nombre depoints
qui
constituent autant de défis pour les acteurs de lafilière,
chercheurs inclus.Qu’on
le veuille ou non, dans le domaine de la sélection des bovinslaitiers,
les frontières del’Hexagone
n’existentdéjà plus.
L’incidencecroissan-te de la race Holstein a habitué les acteurs de la sélection à raisonner leur
stratégie
en termesprati-quement
mondiaux. Celapermet
de bénéficier deniveaux
génétiques
intéressants et deperspectives
de marché.Cependant,
àlong
terme, il devient nette-mentplus
difficile d’exercer une sélectionrigoureuse-ment conforme aux intérêts nationaux. Contrairement à la situation des ovins
laitiers,
laFrance n’est pas en
position
de force. Enpratique,
l’évolution àlong
terme de la race est conforme aucontexte
économique
Nord-Américain.L’ouverture du
grand
marchéeuropéen
en1993,
avec une très nette orientation libérale (et mêmelaxiste),
desréglementations
communautaires pour lecommerce du matériel
génétique
(semences,
embryons),
constitue unrisque
pour les programmes de sélection (baisse du niveau derigueur scientifique,
pénétration
commercialesignificative possible
avec diminution corrélative des ressources financières pour les programmes nationaux). Enfait,
la filièrenationale doit absolument améliorer et
développer
lapolitique exportatrice, déjà
entamée,
de matérielgénétique.
La réduction des marges, du nombre de vaches suite aux
quotas,
le trouble certain des éleveurs faceà la nouvelle
politique agricole
commune sont des fac-teurs bienplus
redoutables. La seule réaction pos-sible est de continuer àdévelopper
les servicesfour-nis aux
agriculteurs :
améliorer l’information concer-nant lesreproducteurs,
enquantité
(nombre decarac-tères évalués) et en
qualité (intégration rapide
etsys-tématique
des derniersdéveloppements statistiques
connus)
permettra
à la fois de satisfaire lesexigences
des éleveurs et de résister à la concurrence.Le dernier défi concerne