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L'arbre qui pleurait

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Academic year: 2021

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L'arbre qui pleurait

Poussé par ma curiosité, je partais en vacances dans un village quelque peu étrange. C'était un village sinistre, sombre et lugubre, en aucun cas un village où tout le monde voudrait passer ses vacances. Cela faisait plusieurs semaines que ce petit village faisait parler de lui. Dans les journaux, quelques légendes circulaient : celle d'un homme qui avait coupé la langue de son chien qui, pour se venger, l'avait tué, et une autre qui me marqua et me laissa perplexe. C'était l'histoire d'un homme, désespéré, qui s'en allait déposer des fleurs sur la tombe de sa bien aimée. Mais tandis qu'il se mettait à genoux et qu'il s’apprêtait à prier, face à un arbre, la tombe s'affaissa, l’homme disparut, englouti sans que personne ne le revit plus jamais ; et l'on racontait que chaque soir de pleine lune, l'homme reprenait vie à travers l’arbre. Voici la raison pour laquelle je me retrouvais dans cet endroit désert, aux bâtiments délabrés, abandonnés, disons le franchement ''fantomatiques'', oui, cette ville était ''fantomatique''. Et c'était dans cette épave sans lumière, sans l'ombre d'un chat, que je m’apprêtais à passer quinze jours de ma pauvre vie. Le jour venait à peine de se lever quand on me tendit les clés de ma chambre. J'installai mes affaires au pied de mon lit en bois vieilli. Je m'assis et réfléchis un instant : « Qui était donc l'homme de cette légende ? », « Où était situé cet arbre ? ». Je le saurais prochainement ! Puis, épuisé de mon voyage, je me laissai gagner par le sommeil.

En me réveillant le lendemain, je n'avais qu'une idée en tête : aller voir cet arbre et trouver des réponses à mes questions. J'étais donc reparti pour une grosse journée, sous la pluie cette fois, ce qui n'arrangeait en rien l'atmosphère qui régnait sur le village. Celui-ci sous la pluie était des plus tristes et déserts. Je me rendis donc à la bibliothèque. Là, j’y trouvai un livre sur les habitants décédés du quartier. J'y lus :

« Hugo Luri, 46 ans, décédé l'hiver dernier, cause ? Inconnue Connaissance : René, 5 allée de la truffe ».

Je relus ce passage plusieurs fois, histoire de bien mémoriser l’adresse. Et si j'allais questionner ce René, le doyen du village, qui sait, il répondrait peut être à mes questions. Je me trouvai rapidement devant une vieille maison (une cabane devrais-je plutôt dire), délabrée elle aussi, aux fenêtres cassées. Un vieillard m'ouvrit chancelant. Il me fit entrer et je m’expliquai. Il me répondit aussitôt,

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qu’il était l'un de ses anciens amis et qu'il était très seul, asocial, mal dans sa peau … Mais il avait une femme qui était sa joie de vivre, sa lumière, son chemin.

Mais lorsque cette femme mourut, l’homme n'avait plus aucune raison d’être, il n'allait plus voir personne. Puis arriva ce triste jour …

Je décidai dans la soirée, de me rendre sur les lieux du drame. Depuis cet accident, le village semblait sans vie, sans âme, comme figé dans le temps.

Pourtant il était là, l'arbre de la légende, majestueux, luxuriant, et son feuillage était imposant. Seul rescapé au milieu des caveaux de pierre emprisonnant toutes ses âmes éteintes pour l’éternité. Il trônait au milieu. Là, le silence était assourdissant, oppressant. Je n'avais qu'une envie, toucher ce bout de vie qui avait l'air si rassurant. Je ressentais les effets de l’alcool, le doyen savait recevoir. Avec prudence, je m’avançai à pas feutrés, comme pour éviter de réveiller ces fantômes du passé. Je fus stoppé par une force invisible qui me glaça le sang. Je laissai échapper un cri d’effroi. Je fus pris de panique comme si de nouveau, un événement inattendu allait se produire. J'étais tétanisé. Je pouvais ressentir une odeur fétide. La lune, pleine, triste dirigeait sa lumière vers ce géant comme pour lui insuffler son énergie et le rendre encore plus vigoureux, comme s'il devait se tenir prêt à affronter un danger imminent. La tête me tournait. Seul, j'entendis des voix, des cris furent poussés … Je vacillai.

J'étais étourdi, fait prisonnier de mes émotions, submergé par une peur irraisonnée. Et voilà que maintenant, tout autour de moi disparaissait peu à peu.

Tout se troublait, se parait de noir, tout, sauf lui. Omniprésent, éblouissant, vivant. Quand soudain, étouffé, essoufflé, les membres engourdis, je me sentis défaillir …

Il pleuvait fort. Où étais-je ? Un froid glacial me saisit. La seule chose dont je me souvenais, c'était l'apparition soudaine et si nette, d'un visage sur l'écorce de l’arbre. Il me semblait même l'avoir vu pleurer ? J'avais l'impression qu'il voulait me parler. Était ce possible? Était-il vivant ? Était ce simplement le fruit de mon imagination ou alors les effets de l'alcool ? Je ne savais plus, tout était si flou, si brouillon. Pour en avoir le cœur net, je me levai, me rapprochai, cette fois-ci sans que rien ne m'en empêchât, je le touchai. Tout était si paisible, aucun mouvement, aucune voix, aucune odeur. Tout était semblable à mon arrivée.

Avais-je donc rêvé ? Je m’apprêtais à quitter définitivement ce lieu austère quand mon regard s’arrêta net. Désormais, à la place du visage, je remarquai une entaille profonde d’où s’écoulait du sang !

Cet arbre avait-il réellement pleuré des larmes de sang ?

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