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Seigneur Capitaine Charles ó

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Academic year: 2022

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(1)
(2)

ó

De la 'Biblioteque de Nob.

\ Charles Emmanuel de Rivaz ' Seigneur du Miroir , Capitaine '•

¡ général de la Bannière de Q

| Monthey* jj

M M ^ ^ • >* »hh »h^ahA^A. "—" * ..*..*... ..

Bibliothèque Cantonale du Valais Sion

Don Charles de Rivaz

(3)
(4)

¿)4H

(5)

E r P A T

E T

D E L I C E S LA SUISSE,

ou . ,

DESCRIPTION HISTORIQUE ET

G É O G R A P H I Q U E DES X I I I . CANTONS SUISSES E T DE LEURS ALLIÉS.

NOUVELLE EDITION:,

Corrigée & confidérablement augmentée Par plujîiurs Auteurs célèbres', 6c enrichie de Figures en Taille- douce Se de

Cartes Géographiques.

TOME T RO ISIE

S

M&

A B A S L E ,

*»s- -§•»

C h e z E M A N U E L T O U R N E I S E N ,

M. DCC LXXVI.

Avec Aip'obation gf Privilège des Supérieur!.

R2-IIÍ6 •

(6)

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O J H O T ?, 1

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: A

(7)

T A B L E

D E S

A R T I C L E S

Contenus dans les Parties troifième, qua- trième & cinquième, comprifes dans le

T O M E HT.

P A R T I E T R O I S I E M E . IX.

Le Canton de B A s-

L E . Basle.

Farnfperg.

Au&

Munchenfleln.

Liechtflall.

Walletibotng.

X.

Le Canton de ï

B O U R G .

Fribourg.

LÎIermitage de bourg.

I S 31 32 34 3f ibid.

' R I - 37 38 Fri-

47

La Partie Orientale du Canton de Fri-

bourg.

Gruyère.

SO f2 Tome UT.

Romont. 'f4 F.Jhivayer. f %

Le B a i l l i a g e de Schwartibourg. f7

XI.

Le Canton de So-

L E U R E . <\%

Soleure. 6 0

Olten. 69:

X I I

Le C a n t o n d e

SCHAFFHOUSE. 7 }

Schaffîntife. 74 XIII.

Le Canton d'AppEtf-

ZELL. 84 Àppenzell. 8ç) fierijaw. ç «

*

P A R -

(8)

T A B L E

P A R T I E Q_U A-

T R I EXM E.

L E S S U J E T S des

Suijfes. 93 Bailliages communs,

qui font dans l'en- ceinte de la Suffi.

I.

9f

Le Comté de B A -

D E . 96

Bade. 98 Klingnau. 107

Keyjerjloul. 109 Zurzach. 110

113

II.

Les P r o v i n c e s Li- , bres, en Allemand,

F R E Y E N - ^ H P -

T E R . I l 8 Bremgarten & MeJlin-

gen. 119 Mûri. 122

III.

LeTnouRGAW. 124

Arbon. 128 Wfchotfzell. 130

Wettingeh.

Frcmenfeld. 131 Diefehàffen. 133 Pfin. 134 Weinfelden. 1 3 ^ Stubborn. 136 Rhynaiv. 137 Rychenaw. 142

IV.

Le R H E I N T H A L .

149 Rhynech. I f I La Baronnie d'ALT-

S A X . 1^2

Forjleck. 153 V.

Le Comté de S A R-

GANS. 1^5"

Le Lac de Wahle-

fiatt. iy6 Wahkftatt. i?7 Flums. 1S9 Sargans, 160 L'Abbaye & les Bains

d e Pfeffets. 161

VI.

Le Comté de ¥ E R -

DEBB ERG. l 6 f

Wsrdáerg. 166

VIL 1

(9)

D E S A R T I C L E S . VIL

Les deux Bailliages

de G A S T E R & de

G A M S . 167

jfcfeu, ï68 Schenuis. 169

Vtznach. 17°

Les Bailliages d'Ita-

lie. 173 Mendrijîo. 174 Lugano. ibid.

Le Bailliage de Lo-

carno. 176 Locarno. 177

Val-Madia. 180 1. Bellinzone. 186 2. Riviera. 187 3. Val - Èr e 1171 a.

ibid. •

P A R T I E C I N -

Q_U I EV M E.

Les ALLIE'S des Sttis- fes dans l'enceinte

de la Suijfe, Se leurs Sujets. ior

I. La Souveraineté de Neuchatel & Valen-

gin. 194 Neuchatel 197

Valenghu 203 IL L'Evèque Titulai-

re de fliw/e, Prince deForentru. 216 Forentru. 219 -Si. Urfaue. ibid.

Lauffen, 220 Arlesheim. Jbid.

Delemont. 223 Bellelay, . ibid.

Pierre»*- Pertuis. 22 f Bienne & la Bonne-

Ville. 227 III.' La Ville de » .

(?<i#, 234 IV." L'Abbaye de » .

£?«#. 239 Wyl. 2 s" 1

Rhofchach. 272 Le Comté de Ibcíe-

¿0/ÍTf. 2 > f

Province Supérieure.

260

Liccbttnfteig, ibid, Pio-

(10)

T A B L "E &c.

Province Inférieure.

2<5?

Exfrait du Traité de Paix entre les Can- tons de Zurich

&de Berne d'une

part, & le Prince

& Abbe de & Gall.

277r Metmire far la. Guer-

re arrivée en Suijfe Pan 1712. 293

-

• •

ETAT

{

^

(11)

E T A T

E T

D E L I C E S

LA SUISSE.

T R O I S I E M E P A R T I E , Contenant la Description des Cantons

de Basle, Fribourg , Soleure, Schaffhoufe & Appenzell.

I X .

L E C A N T O N D E B A S L E .

^ ^ ^ k O u s avons parcouru jufqu'i- B A S L t.

% ]sj IF ci les VIII. Anciens Can- dil U tons, qui fe font ligués les QpQPQp premiers, & qui ont com- pote feuls le Corps Helvétique, durant î'efpace d'environ cent- trente ans} fa-

Tome III. A voir,

(12)

a E T A T E T D É L I C E S B A S L E , voir , depuis l'an mille - trois - cens-

cinquante - deux, jufqu'en l'année mil- le- quatre- cens- quatre- vingt- un.

Il nous relient encore à décrire les cinq derniers, Basle, Fribourg, So- leare , Schaffhoufe & Appenzeu. Les Villes de Fribourg, & de Soleure ont été reçues au nombre des Cantons en mille - quatre - cens- quatre - vingt - un.

Basle & Schajjhoufe feulement vingt ans après; l'une & l'autre en mille-cinq- cens-un. Enfin Appenzell, en mille- cinq - cens - treize.

Je trouve, autant que je puis le con- jecturer, la première fource de l'ami- tié , & enfuite de l'Alliance de cette Ville avec le Corps Helvétique, dans la tenue du Concile de Basle. (*) Cela me donne occafion de rapporter un trait d'hiftoire, où l'on verra un échantil- lon de la valeur des Suijfes , & dont on auroit de la peine a trouver beau- coup d'exemples. Charles VU, Roi de France, ayant envoyé devant Basle, fon Fils ¿ouïs , alors Dauphin, à la tète d'une puiiTante Armée , tant à des- fein de faire diflbudre le Concile de

Bask, pour complaire au Pape Eugène, que

( * ) Elle avoit pourtant de tems en tems fait quelques Alliances , avec une partie des Villes ie hSuitfe.

-

(13)

!) E L A S U I S S E. P. 111. J que dans l'intention de réduire la Ville BA - fous la Domination de la Maifon à'Au-

triche ¡ les SuiJJès au nombre de 1600.

feulement furent au devant de cette Armée , forte de trente-mille hom- mes , felon la moindre fupputation.

Ils fe battirent avec tant de bravoure, qu'ils étendirent morts fur la place huit- mille François. Du côté des SuiJJès il n'en reda que feize hommes. Ceux- ci contens de leur Vicloire , & accablés de fatigue , prirent le parti de retour- ner chez eux ; mais ils y furent rcqus comme des lâches & des poltrons. Peu s'en fallut même , qu'on ne leur fit fau- ter la tête. Cependant on leur accor- da la vie, & l'on fe contenta de les déclarer infames ; de forte qu'ils paifè- rent le relie de leurs jours dans l'ou- bli, & dans le mépris de leurs Conci- toyens. Je ne crois pas qu'il foit né- ceiraire d'en dire davantage , parce qu'on peut avoir recours aux Hifto- riens, qui ont écrit l'Hiltoire du Con- cile de Basle.

D'autre part, l'Empereur Maximi- lien , ayant eu dans la fuite quelque chofe à démêler avec les Suijfes , ceux de Basle ne prirent aucun parti -; ce qui leur attira la bienveillance des der- niers , mais irrita fi fort la Noblelfe,

A 2 fur-

(14)

'4 E T A T E T D É L I C E S

fe A s L E. fur - tout celle qui demeurent dans la Ville, qu'elle en fortit avec menaces de fe venger des Bourgeois. Pour fe garantir du reflentiment des Nobles , Basle demanda alors à entrer dans l'Al- liance des Suffis, & elle y fut requë avec d'autant plus de facilité, qu'elle étoit déjà liée d'amitié avec le Corps Helvétique. Depuis ce tems - là on n'a point v u , ou du moins bien peu de Nobleffe à Basle. Il n'y en a plus eu dans la Magiftrature, ni dans les Char»

ges du moins en qualité de Nobles, car tous ceux qui remplilTent les Char- Ces publiques, n'ont d'autres titres

que celui de Bourgeois.

Quoique dès lors Fribourg & Solea- re eulTent déjà été reçues dans l'Al- liance , Basle néanmoins obtint le neu- vième rang en ordre , quoique felon la date de fon incorporation, elle n'eut que l'onzième ; ce qui fut ainfi réglé à Lucerne, du confentement unanime de tous les Suffis , en l'année i f o i . Cette prérogative lui fut accordée , à caufe de fa grandeur, de fa richeife &

du rang confidérable qu'elle tenoit, à tous les autres égards, entre les Vil- les de l'Empire. Comme nous venons de voir cinq Cantons de fuite , qui n'ont que des Bourgs & des Villages, &

dont

(15)

V

/

I

J\ i^mtj.

(16)

Su.'Bu.chelcà.Vhturamtici -1763.

VUE ETPERSPECTIVE DE LA VILLE A EBASLE DU COTÉ DU LEVANT

/4..ây> .T^œchtfrruiliL .JcidpSit.ijb

(17)

D E L & S U I S S E . P. I I I . f

donc le Gouvernement eft Démocrati- B A U X

que, nous en allons voir auiîî quatre de fuite, qui ont de belles Villes, &

dont le Gouvernement peut être appel- lé, en quelque manière, Arijiocratiqite.

Le Canton de Basle eft proprement hors de l'enceinte de l'ancienne SuiJJe,

& il occupe le Pais des anciens Rau- raques i mais comme , déjà du tems des Romains, les Rauraques étoient al- liés des Helvétiens , ainli qu'on le voit dans les Commentaires de Cèfar, de même aulfi aujourd'hui le Pais étant entré en Alliance perpétuelle avec les Cantons, il fait une partie honorable du Louable Corps Helvétique. Ce Can- ton eft borné au Midi par celui de Solaire y à Y Orient par le Fricigau, qui eft Terre de l'Empire , & par le Territoire de Rhinfelden, Tune des IV.

Villes Forejliêres i au Nord il s'avance au-delà du Rbin fur les Terres d'Alle- magne y & eft borné par le Brifgav J

& Te Territoire du Prince de Baden,

& à Y Occident il confine avec YAlface.

Il a environ g. Lieues de long, fur f. ou 6. de large, & polfède 7. Bailliages.

B A S L E .

L

A Capitale du Canton eft Basle t

Bitfei en Allemand, & Bajîlea en

A ? Latín.

(18)

6 E T A T E T D É L I C E S

SA S I- E. Latin. Sans m'amufer à chercher l'o- rigine du nom , dont on ne fait rien

de certain, je dirai que Basle eft l'une des Villes les plus confidérables de la Suffi, loit à l'égard de fon antiquité, fort à l'égard de fa beauté, de fa gran- deur & de fes Richefles, foit à caufe de l'Univerfitc fameufe dont elle eft ornée , qui a produit une infinité de Savans hommes en toutes fortes de Sciences , & qui lui ont attiré une gloire immortelle. Depuis une vingtai- ne d'années elle eft ornée de quantité de bâtimens tant publics que particu- liers , faits avec la plus grande ma- gnificence.

Basle eut autrefois un Evèque, qui infenfiblement joignit la Jurifdiétion temporelle à la fpirituelle. L'Evèché ne devoit pas fa nailfance à l'Empe- reur Henri II, comme quelqu'un l'a écrit, mais feulement fa puiîfance &

fes richefles. Ce fut cet Empereur qui lui accorda du vivant de l'Evêque Adalberon, quantité de beaux Privilè- ges, & qui lui fit des dons confidéra- bles. Mais il fut encore beaucoup en- richi par Rodolphe, Roi de Bourgogne, l'an looo. C'eft de cette manière qu'il a, peu - à - peu , acquis différentes Do- nations, ainfi que faifoient les Moines

&

(19)

D E L A S U I S S E . P. I I I . 7

& les Couvcns, qui favoient dans ces B A tcms d'ignorance profiter de la crédu- lité & de la (implicite des Peuples, pour s'enrichir. Mais à la Reforma- tion de cette Ville, l'Evèque abandon- na la Ville de Basle, & y perdit pour }"amáis tout fon pouvoir. Il transféra on Siège à Porentru ; & le Chapitre fixa fa réfidence à Arlesheim. Cepen- dant l'Evèque retient encore la Souve- raineté d'une grande partie de fon Dio- cèfe ; il poflede une alfez grande éten- due de Pais, depuis le Lac de Bienne, iufqu'auprès de la Ville de Basle. Mais la partie des Habitons, qui ont em- bralfé la Religion Réformée, ont de (i grands Privilèges, qu'il feroit fort dif- ficile à l'Evèque , de leur faire de la fieine. Cependant ceux de Berne, qui ont alliés aux Réformés de ces en- droits-là par plulieurs Traités , déci- dent des dirférens lî jamais il s'en pré- fentent. Je m'étendrai un peu plus fur ce fujet, lorfque je parlerai de la Ville de Bienne. Je me borne préfen- tement à dire que l'Evèque de Basle elt Membre de l'Empire, qu'il a féance dans le Collège Impérial , après le Prince de Luttich ; & que fes Armes font , d'argent à un Etui de Bourdon de Pèlerin, ou felon d'autres, Etui de Croffed'Eveijue, de Sable.

A 4 On

(20)

8 E T A T E T D E U C E S

i i ï t . i . On regarde comme les premiers In- ftrumens de la Réformation, en cette Ville, Wolfgang Fabrice Capiton, en - Allemand Kœpfflin, & Jean Hausfchein ,

qui ayant tourné fon furnom en Grec , s'appella Oecolampade : ce qui fignifie , Lumière Domeftique.

Le premier étoic né à Haguenau en Ï47S, & aveit pris le degré de Doc- teur dans les trois Facultés de Théo- logie , de Médecine & des Droits. Ap- pelle à Bask i en l'année tfta. pour y être Prédicateur de PEglife Cathédrale, il prêcha fur PEpkre aux RQMMM , &

à mcíüre qu'il la mêditoit pour Pex>

phquer au Peuple , il crut trouver des erreurs dans PEglife Rmtmue, ce qui le détermina fur la a n de Pannce tf 17.

à ne plus dire la Melîk

Qemlampade^ ne en 1482- à Wmts~

berg dans la Franconie, étoit originaire de Basle & iíTu de parens riches. Il le rendit tellement recommandable à Hei- delberg , où il avoit étudié la Juris- prudence , qu'il fut choifi pour Pré- cepteur des Enfans de l'Electeur Pala- tin, Philippe. Dès l'an ifi4- il prê- cha dans fa Patrie avec PapplaudiiTe- ment des Savans , mais ayant conçu quelques foupçons fur la pureté de la Doétri-

(21)

D E L A S U I S S E . P. I I I . 9 «

Doctrine reçue , il fc rendit à Stout- B A S L E .

gard > Capitale du Wirtemberg , au- près du fameux Jean Reuchlin , ou Capnion , pour y apprendre de lui le Grec & l'Hébreu, afin de pouvoir lire l'Ecriture Sainte dans l'Original. En 1 f 1 f. Capiton qui étoit lié d'amitié avec lui, ayant fait connoitre fon mérite à

Chrtjlophle à'Uttenheim , Evèque de

¿We, ce Prélat lui adrelïa une Voca- tion pour y être Prédicateur. L'année fuivante, Oecolampade, ayant reçu de Capiton le Bonnet de Docteur en Théo- . logic, fut appelle à Augsbourg pour y remplir la Charge de Prédicateur de PEglife Cathédrale. Mais au bout de trois ans il revint à Basle, où il avan- ça la Réformation, avçc autant de vi- gueur que de fuccès»

Conrard PeUican, autrement Kirfner, natif de Rujfac en A/face, qui étoit à

Basle dans le même tems , féconda par- faitement Oecolampade ¡ l'on attendoit la même choie du célèbre Erajine de

Rotterdam, qui fe trouvoit alors dans la même Ville , pour y faire imprimer divers Ouvrages importans i mais foit que ce Savant homme n'approuvât pas le projet de la Réformation , ou la mé- thode des Réformateurs , foit qu'il crai- gnit la persecution & la perte de fes

A s peu-

(22)

r 10 E T A T E T D É L I C E S BASLE, peníions, il demeura conftamment dans

le fein de PEglife Romaine. Il fembla même fe repentir de ce qu'il avoit écrit contre les erreurs, les abus & les iu- perftitions de l'Eglife Romaine, puis- qu'il tourna fa plume contre les Ré- formateurs, écrivant contre eux avec une rigueur extrême.

Basle eft regardée comme la première Ville de la Suijjè, où il y ait eu quel- ques Imprimeurs. On croit qu'il y en a eu dès l'Etabliífement de fon Univer- fité faite en l'année 1460. par le Pape Pie II. à la demande du Magiftrat de la Ville.

. La Ville de Bask eft fituée au bord du Rhin , près de l'endroit où ce Fleu- ve ayant long-tems coulé d'Orient en

Occident, comme pour faire une Bar- rière à la Suijfe, & étant parvenu au bout de ce Pais , fait une courbure, . & tourne fon cours au Nord , pour

aller porter fes eaux dans l'Océan j tel- lement que la bande Septentrionale de la Suijfe fait comme une ligne , qui a le Rhin, pour folle, & aux deux bouts deux Villes importantes & fortes , qui en font comme les clés , Basle à Y Oc- cident, ¡k Schajfhoufe à l'Orient. Basle eft compofée de deux Villes, qui. oc-

cupent

(23)

DE L A S U I S S E . P. III. u

cupent les deux bords du Rhin, & font B A S L E

jointes par un beau Pont : la grande Ville cit du côte de la Snijfe , & la pe- tite du côté de VAllemagne ¿ & c'eft en- core en quoi il faut corriger quelques Cartes ordinaires, qui les placent tout au rebours. Cette Ville eft fans con- tredit la plus grande de toute la SuiJJe.

On y compte deux- cens- vingt rués , fix Places démarché, & quarante-fix belles fontaines publiques , trente & un moulins ou bâtimens à rouages, dont vingt & un fervent à moudre le blé,

& lix à faire du papier. La grande Ville a fept- mille- cinq - cens pas de circuit, neuf ou dix Eglifes , & fept ou huit Couvens, qui fervent à d'au- tres ufages. Son circuit depuis la Por- te de St. Jean jufqu'à celle de St. Al- bim eft mis par Th. Zwinger, dans fa Méthode Académique , fur deux - mille pas. Mais il ièmblc avoir pris le cir- cuit de la Ville intérieure , qui eft aulît l'ancienne. La petite, Il elle étoit ail- leurs, pourroit palfer pour une gran- de Ville j mais on l'appelle petite par rapport à la grandeur de l'autre. Elle a près de trois-mille pas de circuit, &

trois Couvens, avec autant de belles Eglifes , outre PEglife Paroilfiile de St. Théodore. Cette Ville eft aulfi très- belle t je veux dire #;«Ze toute entière,

A S foit

(24)

12 E T A T E T D E L I C ES B A S L E , foit pour la propreté & la netteté de

Tes rués, foit pour la beauté des Edi- fices Religieux & Civils, publics & par- ticuliers , qu'on y voit. Les Princes de haden s'y réfugient fouvent, lors- que leur Pais eit expofé aux défolations de la guerre. Ils y ont un beau Pa- lais , qui fut brillé il y a bien des an- nées ; l'incendie arriva de nuit , par un accident imprévu, & le feu fut í\

violent, que la Princeffe pût à peine fe fauver en chemife. Depuis ce tems- là il a été rebâti , & augmente d'un grand & beau jardin.

Les Eglifes de la grande Ville font la Cathédrale, qu'on appelle ordinairement le Mtoi/fer , St. Léonard, St. Pierre, St. Martin, St. Alban, & Sie. Llifabelhe.

Outre cela, il y a divers Couvens, dont lesEgliiès fubfiftent en leur entier, com- me ceux des Cordeliers, desDominicains,

&c. De ces Eglifes , les trois premières font Paroilïiales ; & comme la Ville ell de la Religion Réformée, auifi-bien que tout fon Canton , on célèbre le Sacrement de l'Euchariftie tous les mois une fois dans chacune de ces trois Egli- fes, comme auifi dans celle de Ste. Théo- dore au petit Basle, non pas un même Dimanche , muis fucceffivement ; de forte que les ames pieufes peuvent avoir

l'avan-

(25)

, -L—

(26)

Em Jiw/ir/ Pe¿.- ¿.f&Ë.

P L A C E DE L A CATHEDRALE \m BALE

SA//MzJ*Ub/¿4i' Múnúi

(27)

D E L A S U I S S E . P. I I I . M

l'avantage de communier au St. Sacre- B A S L E .

ment tout le long de l'année , toutes les fois qu'elles s'y Tentent difpofées.

Il y a dans toutes ces Eglifes un nom- bre prodigieux d'Infcriptions & d'E- pitaphes, de toutes fortes de Perfonnes illultres; c'eft ce qui fait que je ne les rapporterai pas, car pour les rappor- ter toutes il faudroit faire un Livre à part , comme en erFct on les trouve toutes dans un Livre imprimé fous ce titre : Bajilieu/iitm Momtmentorum Au- tigrapha a Simone Grtmœo Ligio, Li- gnicii 1602. mais plus complètes dans Job. TonjoU Bafilea J'epttlta, 4to, 1661.

Il y a trois Eglifes au bord du Rhin, celle du Couvent de St. Alban , au bout méridional de la Ville , celle de St. Jean, qui n'eft qu'une Chapelle de l'Ordre de Malte , au bout feptentrio- tial; & la Cathédrale, prefque au mi- lieu des deux. La Cathédrale clt gran- de & ornée de deux beaux Clochers parallèles & de même forme, qui s'é- lèvent à côté de fon grand Portail, &

qui font d'une Architecture très - mi- gnonne; au lieu que la Sculpture de l'Kglife elt très - mauvuifc. Dans le Temple, on remarque entr'auercs un Autel de marbre , <¿ un beau Baptiftè- re. La Sale où les Profeilcurs en Théo- logie font leurs leçons, & où l'on gra-

A 7 due

(28)

14 E T A T E T D É L I C E S B A S L E , due les Docteurs , eft un appendice de

ce bâtiment. On l'a réparée tout nou- vellement , Tan 1711. Il y a aulîî dans ce Temple de très - belles Orgues, qui font ornées de peintures de la main du fameux Holbein. On s'en fert pour le chant des Pfeaumes, dans le fervice divin, à la manière des Eglifes de Hol- lande. On voit dans cette Cathédrale les tombeaux de plufieurs Perfonnes confidérables , de l'impératrice Anne , née Comtelfe de Hochbourg , Epoufe de

Rodolf de Habsbourg, I. Empereur de ce nom ; de Charles l'un de fes fils j d'Arnold de Rothberg, Evëque de Bas- le; & de plufieurs'Savans du XVI.

Siècle, entr'autres celui du fameux Erafme. Son Epitaphe eft fait d'une table de Marbre, à la frife de laquel- le il y a un Detts Terminus, qu'il avoit pris pour fon Cachet & pour fa Devi- l e , avec ce mot, cedonuïli. Ce grand Homme aimoit beaucoup le féjour de Basle. Il y a fait imprimer prefque tous fes Ouvrages, auiîi-bien que ceux de plufieurs Pères, qu'il a mis au jour. Mais comme il ne s'accordoit pas tout- à-fait avec le deiTein de la Réformation , il quitta cette Ville. Ce- pendant il y revint peu de tems après:

pour y finir fes jours,, & il y mourut l'an ijTîS.

Derrière.

(29)

D E L A SU I S SE. P. I I I . If Derrière cette Eglife Cathédrale , on B a élevé , fur le bord du Rhin , une magnifiqué terraife, revêtue de mu- railles d'une hauteur prodigieufe , &

qui s'élèvent au - deííiis de la terraiïè , à hauteur d'appui. On y jouit d'une

très-belle vue, qui s'étend fur le Rhin, le petit Basle, & fur les campagnes voi- fines. Cette Place étoit autrefois ornée d'un beau tilleul , dont les branches repliées & élargies horizontalement fai- foient un couvert agréable de 300. pies de circuit ; à préfent elle a un double rang de Marroniers : on y voit, du cô- té du Rhtn , la lfatué de l'Empereur Henri le Suint, qui efl: de pierre. A côté de la vieille Porte de St. Jean il y a une Maifon appellee Seidenhof, re- marquable par la i\:tué de l'Empereur Rotlolf de Habsbourg, qui y eft en pier- re , aifis fur le thrône, tenant d'une main la Pomme Impériale, de l'autre le Sceptre , & l'Epée entre les genoux : en mémoire de l'heurcufe délivrance de la Ville, qui étant aifiègée par ce Prince , l'an 127?, qu'il n'étoit que fim- plc Comte de Habsbourg, lui r'ouvrit de bonne gr.ice fes Portes , lorfqu'on eut reqù la Nouvelle de fon élection à l'Empire, & fut ainfi la première Ville- Impériale , qui lui rendit hommage.

L'Eglifa

(30)

i6 E T A T E T D É L I C E S

ÇA s LE. L'Eglife de St. Pierre eft à l'une des extrémités de la Ville. Ce qui la rend plus remarquable , eft une place ma- gnifique qu'il y a fur le derrière, &

qui s'étend jufque vers les murailles de la Ville ; ont l'appelle la Place de St.

Pierre j elle eft quarrée ; longue de 289. pies & large de 2 f f , ornée de deux belles fontaines , & de cent-qua- rame-quatre, tant ormeaux que tilleuls

& marroniers , qui font un charmant ombrage , où l'on fe promène à plaillr,

& où l'on jouit d'un frais-délicieux, au milieu de la plus grande chaleur.

On y voyoit autrefois un vieux chê- ne , d'une groifeur & d'une hauteur prodigieufe , qui étoit une merveille de la Nature. D'un tronc haut de ièpfc pies s'élevoient d.-K groifes branches , dont chacune auroit fait un bel arbre à part, & elles fe fubdivifoient en plu- ileurs rameaux, qui faifoient un bran- chage touffu d'une étendue admirable.

Il étoit foutenu de trois rangs de pi- liers de bois. L'an. 1474. l'Empereur

Frédéric d'Autriche, étant venu à Basle, avec fon fils Maximilien, voulut dîner fous ce chêne avec toute fa Cour. A la fin il a été obligé de fuccomber ibus;

le poids des années.

L'un des côtés de cette Place eft bor- dé par l'Arfenal, qui. elt grand , bien

CQtt«

(31)

'

fin 3ii<íi¿ del .ITUd

L A PLACE P E St. PIERRE DE BÂEE

JAB .v/cAsmuhtfaiLpsit.ijfy

y

(32)

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(33)

D E L À S U I S S E . P. I I I . 17

conftruit, & bien fourni de munitions B i u i . de Guerre & d'Artillerie. On y mon-

tre entr'autres chofes, la Cuirafle du Duc Charles de Bourgogne , fes trom- pettes , fes timbales , & fon équipage de cheval. A l'oppoíke de l'Arfenal il y a une belle Maiibn , dans laquelle fc trouve le célèbre Cabinet de M*. Fefcb.

Dans la même rue eft le Jardin des Médecins, & plus bas vers le Rhiu le Couvent & le Temple des DwmmcaiHs, qui fertaux Alfemblées de PEglife Ftaw- foîfc. Cell - là que Pon voit Pur une muraille du Cimetière» cette fameufè peinture, qui repréfente la Daufe dei Morts i dont le dcilcin eft lï beau, que les Peintres le vont étudier. Comme le tems Pavoit prefque à demi eflàcée , on Pu Fait raccommoder & remettre en couleurs, il y a plus de cent ans. On croit communément que cette peinture eft du fameux Holbein. Mais on s'y trompe. Car elle étoit faite long-tenis avant la naidàncc de ce Peintre.

L'Hôtel de Ville n'eft pas bien loin de la Cathédrale ; il eft orné de diver- fes belles peinture*. On tait voir à la Maifon de Ville la ftatué de Munatitts Platicus , Général Ro»iai)i, qui fonda la Colonie des Rauraquesi qui eft main-

tenant •

(34)

j § E T A T E T D É L I C E S B A S L E , tenant Augfï, une cinquantaine d'an-

nées avant la naiiTance dejéfits- Chrifl.

Cette ftatuë fut faite l'an i f 28. & ac- compagnée d'une Infcription Latine, compofée par Beatus Rhenanus. Elle eft alfez curieufe pour mériter d'avoir place ici :

t . MVNATIO PLANCO CIVI ROMANO VIRO CONSVLARI

E T PRAETORIO ORATORIQUE AC M. CICERONIS DISCIPVLO QVI POST DEVICTOS RHiETOS JEDE

SATVRNI DE MANVBIIS EXTRVCTA NON MODO LVGDVNVM

ET RAVRICAM

COLONIAM DEDVXIT , 0.VJE AVGVSTA FVIT APPELLATA

AB OCTAVIO A V G V S T O TVM RE- RVM POTIENTE. S P. Q.

BASILIENSIS TAMKTSI ALEMÁN- . NORVM TRANSDVCTI

C O L O N I SVBACTIS ET DEPVLSIS RAVRICIS AMORE TAMEN VIRTVTIS, QVJE ETiAM IN HOSTE

VENERATIONEM MERETVR, VETVSTISSIMO TRACTVSHVJVS IL- LVSTRATORI , CVLPA TEMPORVM

PRORSVS ABOLITAM MEMORIAM POSTLIiMINIO RENOVARVNT.

ANNO M D XXVIII.

Au haut de l'eicalier de cet Hôtel de Ville on voit, peint en frefque, le Ju- gement dernier, où l'on a repréfenté les Diables, qui, après l'arrêt pronon- cé, pouffent dans les Enfers les Dam- nés j entre leiquels on remarque un

Pape

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D E L A S U I S S E . P. I I I . 19

Pape avec desEccléfiaftiques. Pi&tira B A S H .

ejl Lutheranijjhna : cette peinture ejl très- Luthérienne , difoit un Savant, du terns de Luther , nommé George Wicelius.

Cependant elle a été faite , alfez long- terns , avant la Reformation , favoir l'an if 10, après que cet Hotel fut ache- vé de bâtir.

Après l'Hôtel de Ville, ce qu'il y a de plus remarquable eft 1' Universite.

Elle fut fondée par le Pape Pie II, l'an HfQ. & depuis ce tems- là , mais principalement depuis le retour des Sciences , elle a toujours été florilïan- t e , & remplie de Savans hommes, en toutes lurtes de Sciences. Celt ici que fe font rendus célèbres les Zwin- çers , les Platers, les Wetjieins, les Buxtorjfs, les IVerenfels , les Harder s , les Vejœs, les Battie}-s, les Bemoullis,&c.

Théodore Zmngcr ctoit natif de Basle,

& His d'un Pelletier. Son Pere vou- lant l'obliger dans fa jeuneife à appren- dre fon métier, il quitta le Pais, &

s'en alla à Lyon, où il demeura trois ans chez un Imprimeur, donnant à l'étude tout le tems qu'il pouvoit mé- nager fur fon travail d'Imprimerie ; il fut enfuite à Paris , où il apprit la Phi- lofophic; de-là il fe rendit à Padouë,

(36)

ao E T A T E T D E M G I S

où il s'attacha pendant fix ans à l'étu- de de la Médecine. Enfin il retourna à Basle , où il enfeigna premièrement la Langue Grecque, puis la Morale &

la Politique, & enfin la Médecine ; il y mourut l'an if88- âgé de f4- ans.

Il a donné plufteurs Ouvrages au pu- blic , ainfi que plufieurs de l'es Defcen- dans ; favoir Jacques Zwinger fon fils , Docteur en Médecine , Théodore Zwin- ger fon petit - fils, Miniftre & Profes-

feur en Théologie, Jean Zwinger, 1 héo- logien , Théodore Zvinger III. Méde- cin , avec iès deux fils Jean Rodolf &

Frédéric , tous les deux aufli fameux Médecins, &c

Felix Plater ou Platner, Médecin de Basle, naquit en i f ? 6 , il enfeigna lonç- temsavec réputation dans PUniverfité de Basle, & y mourut, en 1614, âgé de 78 anís. Il a laiffë divers Ouvrages,

& entr'autres : Praxeos medica Tmni III.

novis aliqnibtts affîèStibits , obfervationt- bus & remedas loatpletati, & ab innit- meris menais repurgati ¡ cut acce/Jit Prœ- fatio Emanuelis Kànig, ¡tto, Bajil. Ce

Plater étoit fils d'un Thomas Plater de Sion, qui s'établit à Basle, & frère d'un autre Thomas, qui enfeigna après lui la Médecine. Celui-ci fut Pere d'un autre Felix Plater, qui a de même en-

feigné avec réputation. Le

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D E L A S U I S S E . P. I I I . 11

Le Cabinet de Platner ne fubfifte B A S L E .

plus : Les principales Pièces en Anato- mic & Botanique, particulièrement un Herbarium vivían t r è s - c u r i e u x , font reitées entre les mains de Mr. Claude Fajfavaut , Docteur en Médecine &

Médecin de S. A. Sérénilfime Monfei- gneur le Margrave de Baaden- Dottr- - lach i le relte Te trouve partagé dans

dirl'érens Cabinets ici & ailleurs.

La Famille des ïVetJleins a produit trop de grands hommes, pour n'en taire pas ici une mention honorable.

Jean Rodolphe Wetfiein parvint par fon mérite à la Charge de Bourguemai- t r e , dans un âge ii peu avancé, que cette République a eu peu de pareils exemples, & il rendit de grands fer- vices à fa Patrie en différentes occa- fions. Il eut de fon Epoufe Aime Ma- rie Yalckner, d'une Famille Patricien- ne , & qui a occupé les premières Pla- ces dans la République, un fils, ap- ficllé aulfi Jean Rodolphe ; qui fut très-

iivant, & enfeigna la Théologie avec réputation ,1'elpace de ^o. ans. Celui- ci eut plulleurs enfans de Marguerite Zsslin, fon Epoufe, aulfi d'une Famil- ie Patricienne. L'un d'eux fut Henri

M'etjkin, niort en 1726, qui s'établit en

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i l , E T A T E T D É L I C E S "

S A. s L E. en Hollande, & ayant appris la Librai- rie & l'Imprimerie doit avec jultice être mis au rang des célèbres de cette profeifion , par les belles Editions, dont il a enrichi le Public ; quelques autres des Citoyens de Basle one mar- ché fur fes traces , & fe font rendus recommandables par les mêmes en- droits. Un autre fils du Théologien Jean Rodolphe Wetfiein, nommé auffî Jean Rodolphe, après avoir rempli di- verfes Charges de l'Univerfité, fuccé- da à fon Pere dans celle de Profeifeur en Théologie , pour l'explication du N. Teftament. Nous avons de lui di- vers Ouvrages ; favoir des Notes ajou- tées au Nomocanon de Photius , qui eft en Manufcrit dans la Bibliothèque pu- blique de Basle. Il publia, en 167?, le Dialogue à'Origène, contre les Mar- cionites, avec l'Exhortation au Marty- re & la Lettre à Africanus touchant l'Hiftoire de Sufanne, qu'il tira le pre- mier des Manufcrits Grecs ; il corrigea en partie les Verrions Latines, ou en fit de nouvelles; il y a ajouté des No- tes , des Indices, des Variantes, avec fes Conjectures. On vit enfuite pa- roître de lui plufieurs Harangues, fur différens fujets , & il eut enrichi la République des Lettres de.divers autres Ecrits , entre autres d'une Edition

d'Honw-e ,

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D E L A S U I S S E . P. I I I . a?

d'Homère, & d'un Traite Tur les Ser- B A S L E .

nions des Anciens Chrétiens, & fur les applaudiifemens publics que le Peuple donnoit aux Prédicateurs , pendant leurs Sermons. Mais il rut attaqué d'un il grand mat aux yeux, qu'il ne put plus lire ni écrire ; il travailla ce- pendant jufqu'à fa mort, exerçant les Etudians à foutenir publiquement des Thèfcs , qu'il leur faifoit compofer à eux - mêmes , & à s'exercer dans la prédication. Sa mort arriva le 24. Avril

1 7 1 1 .

L'Illuftre Mr. Samuel Werenfels a eu cette gloire peu commune, & même très - rare , de fe voir Profeifeur en Théologie avec Pon Pere fierté Weren- fels, dans une même Univerfité , dans

une même Faculté , & pour comble de bonheur dans la Patrie. Il mourut en Mlîrs. Jaques & Jean Bernoulli, frè- res, qui ont profelfé les Mathémati- ques , fuccciïïvement l'un après l'au- tre , fe font attirés la réputation des • plus grands Mathématiciens de YEu- rope.

On a vu quatre ProfcrTeurs de la Langue Hébraïque, du nom de Eux-

tuf,

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24 E T A T E T D E L I C E S B A S L E , torff, & cette Familie a été en poiTes-

iîon de la Chaire Hébraïque, depuis plus d'un Siècle.

Mr. Jean Louis Frey , célèbre Théo- logien , & très - favant dans les Lan- gues Orientales, mort en 17^9 , a fait une excellente fondation pour l'avance- ment de l'étude de la Théologie , en y deftinant une partie confidérable de les Biens , fa nombreufe Bibliothèque,

& la Somme d'argent, que Mr. Jean Grynœus, Théologien, mort en 1744, lui avoit laiifé pour cet ufage.

Ce feroit un Ouvrage infini, que d'entreprendre ¿'enumeration de toutes les perfonnes, qui fe font diitinguées dans cette Univerfité. Leur réputa- tion , leur habileté , auffi bien que l'a- vantage de l'Univerfité , ont attiré de touttems, & attirent perpétuellement à Basle plúíieurs Etrangers, de toutes conditions, qui y viennent, ou com- mencer , ou achever leurs Etudes. Les Collèges publics ne font pas ce qu'il y a de plus beau à voir. Il y en a un qui a été auparavant un Couvent d'Au- gujîins, auquel on donne, fans fav.oir pourquoi , le nom d'Erafme, où un certain nombre de pauvres Etudians font entretenus. Mais il y a beaucoup

avoir

(41)

D E L A S U I S S E . P. III. a /

à voir dans la Bibliothèque publique, B A S L E .

qui eft fort belle, & remplie particu- lièrement d'un grand nombre de Ma- nufcrits, dont plusieurs l'ont fort cu- rieux. On y montre par exemple un Livre des IV. Evangiles en Grec, qui a mille ans d'antiquité : les Actes du Concile de Basle, en a. Tomes in Fo- lio, avec plulieurs autres pièces, qui regardent ce Concile : les Canons de l'Eglife Grecque : plufieurs Lettres de Jean Hnfs t &c. L'an 1661. l'on en- richie cette Bibliothèque de celle à'A- merbach , que le Magiftrat acheta des héritiers de ce dernier , pour le prix de neuf mille écus, avec un Cabinet de Peintures & d'Antiquités. Il s'y trouve entr'autres plufieurs Tableaux excellens de la main de Holbein i com- me en huit Compartimens toutes les parties de la Paifion de Notre Seigneur, que divers Princes ont fouhaité ardem- ment pour fa beauté. Maximilie*

Electeur de Bavière en offrit ?o. mille Gouldes en fel } la Figure de Jéfus- Ciwijl mort, dont on a voulu donner mille ducats ; le dernier fouper du Sei- gneur, où il inftitua le Sacrement de l'Euchariftie ; une Lais de Corbithe,

Venus avec CupiHon, fous laquelle on trouve écrit : Verbtim Domini manet in œternum i Holbein l u i • même, &

Tome III. ,, Ü fa

(42)

45 E T A T E T D É L I C E S

fi A s L E. fa femme ; Erafme , Amerbach fon ami &c.

La Sale de la Bibliothèque fut le lieu où s'aíTembla le fameux Concile de Basle, qui fut convoqué l'an 14?I.

& dura 17. ans. Comme dans ce tems- là l'on n'avoit point encore l'ufage de l'Imprimerie, les Prélats, qui allèrent au Concile, y apportèrent grand nom- bre de Livres Manufcrits , Grecs &

Latins, & les laiiTèrent, étant morts de la pefte, en cette Ville ; & c'eft , d i t - o n , ce qui a tant enrichi de Ma- nufcrits la Bibliothèque. Dans ce Con- cile , l'an 14?9. on élut pour Pape Ame- dee VIII, Duc de Savoye, qui prit le nom de Félix V, après qu'on eut dé- pofé le Pape Eugène IV, avec tous les Cardinaux & les Evèques de fon parti.

On croit que ce fut à l'occafion de ce Concile, que l'on prit la coutume à Basle, de faire fonner les horloges une heure trop tôt i car comme les Pères du Concile alloient tard à l'Aflcmblée , pour les obliger de fe hâter, on ne trouva point de meilleur expédient que d'avancer les horloges d'une heure. Et la coutume en eft reftée , & dure en- . core. D'autres l'attribuent à un cer- tain tems qu'on avoit fait une confpi- tation contre la Ville, & que les Con- jurés

(43)

D E L A S U I S S E . P. I I I . Vf

jures dévoient y entrer à certaine heure B A. S L K>

de la nuit. Un Bourguemaître en étant averti, s'avifa, pour rompre leurs me- fures , de faire avancer les horloges d'une heure, tellement que quand les Conjurés eurent entendu l'horloge, ils crurent leur coup manqué, pour être venus trop tard, & fe retirèrent. J'en laiile le jugement aux Leéteurs.

On traverfe de la grande Ville dans la petite fur un grand & beau Pont de bois, long de deux-cens-cinquante pas , qui fert de promenoir aux Habi- tans , & où l'on a une très - agréable vûé fur le Rhin. Le petit Basle n'étoit autrefois qu'un Village, qui fut fermé de murailles par un Evèque de Basle , vers la fin du XIII. Siècle. Environ 120, ans après , favoir l'an 1391 , le Magiftrat l'acheta pour une certaine fomme d'argent, & l'unit à la grande Ville, pour ne foire qu'un même corps avec elle. On y voit, à l'une des extrémités, la belle Eglife Paroiifiale de St. Théodore , & près de là , vers le bord du Rhiu , la Chartreufe, qui étoit bâtie de telle manière , que cha-

3

ue Religieux avoit fa Cellule & fon Jar- in. Il y a dans l'Eglife de ce Couvent quantité de tombeaux de Prélats qui moururent durant la tenue du Concile.

£ 2 Avant

(44)

ag E T A T E T D É L I C E S B A S H . Avant que de fortir de la Ville , il ne

faut pas oublier la proximité ÜAuguJl*

Rauracorum, ci-devant fameufe Colo- nie Romaine j dans les ruines de la- quelle on a trouvé en tout terns une grande quantité de Médailles, & autres curioíltés antiques ; ce qui a fans doute donné occafion aux Savans de cette

Ville de fe former des Cabinets d'An- tiquités , qui ont audi été embellis par des curioíltés naturelles. Le plus cé- lèbre de ces Cabinets eft fans doute le Cabinet de feu Mr. Rémi Fefch , de fon tems Docteur & ProfeiTeur en Droit:

il eft particulièrement remarquable par le grand nombre de Médailles Romai- nes, de Pierres gravées , & d'autres Antiquités Romaines. Ce Cabinet de- meure toujours entre les mains de la Famille de Fefch dans une belle maifon fituée fur la Place de St. Pierre. Cette Bibliothèque paiTe fucceilîvement, d'un homme de Lettres de cette Famille à l'autre. La fondation porte, qu'il n'y aura que les hommes de Lettres de cet- te Famille , qui pourront en hériter „

& s'ils viennent à y manquer, elle tournera au profit de l'Univerfité.

Monfieur Bruckner , Archivifte de la Ville, poflède auifi une belle Collec- tion d'Antiquités Romaines, trouvées dans le Canton & beaucoup de très-bel-

les Pétrifications, &ç, La

(45)

D E L A S U I S S E . P. I I I . >9

La Ville de Basle n'eft pas trop peu- B A S L *

plée. Il y a vers l'extrémité Méridio- nale un grand efpace de terrein , qui cil occupé par des Jardins. Elle eft aulfi fortifiée avec des battions & d'au- tres ouvrages. On voit aux murailles des folles intérieurs de la Ville des Pier- res avec des Caractères Hébreux. Elles ont été tirées des tombeaux des Juifs,

& contenaient leurs Epitaphes. Les Juifs avoient anciennement une habi- tation à Basle, leur Synagogue au Mar- ché aux bœufs, & leur Cimetière au- près de la Place de St. Pierre , dans l'endroit où cft maintenant PArfenal.

Hors de la Ville de Basle, à un quart de lieue , on voit fur le bord de la Birfe , ( petite Rivière qui fe jette dans le Rhin, & dont un Canal parle dans la Ville ) une Maifon de Ladres, avec une Eglife. On la nomme St. Jacques.

Celt ici la place de cette fanglante Ba- taille, qui fut livrée l'an 1444. oùfeize cens Suiffes combattirent dix heures du- rant contre trente mille François, con- duits par le Dauphin de France, qui fut enfuite le Roi Louis XI. La va- leur furprenante que ce Prince remar- qua dans les Suijjis, en cette occalion, fut la raifort pourquoi il rechercha leur amitié, dès qu'il fut devenu Roi.

B ? Le

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30 E T A T E T D É L I C E * .

1 À s 11. Le Gouvernement de Basle approche de YAriJiocratique. La Ville eft parta- gée en quinze Corps, qu'on appelle des

Tribus j de chacune defquelles on prend 16, perfonnes , auxquelles on ajoute trente-fix des trois Communautés de la petite,Ville , qui avec les quatre Chefs de la République, c. à. d. 2. Bourgue- maîtres, ç^ 2. Tribuns, compofent le Grand-Çonfeil de deux - cens - quatre- vingt Perfonnes , entre les mains du- quel eft la Souveraineté. De ce Con- feil , on en tire un Petit de 64. Con- feillers, y compris les 4. Chefs. Pour l'adminiftration de la juftice dans les affaires civiles, chacune des deux Vil- les a fa Chambre à part , avec fon A voy èr à la tête. L'Uni verfité en a auiîi une, à laquelle le Recteur pré- , fide , comme à toutes les autres as- femblées académiques. Mais pour les afïaires criminelles , elles font toutes portées par - devant le Petit - Confeil.

Avant la Réformation, il y avoit beau- coup de NobleiTe dans Basle ¡ mais parce qu'elle y caufa beaucoup de trou- bles, & pour d'autres raifons , elle fortit de la Ville. Depuis ce tems-là les Nobles font exclus du Gouverne- ment de l'Etat. Les Baslois ont été portés à établir cette Loi par la confi- dération, que le fondement d'une Ré- publique

(47)

D E LA S U I S S E . P. I I I . ?ï

publique confide dans l'union de fes BAS I B ; Membres , & le fondement de leur

union dans leur égalité; car il eft cer- tain que dans cette différence de con- ditions entre les Nobles & les Bour- geois , il y a toujours de la jaloufie,

& par conléqùcnt de la divifion , qui peut avec le tems devenir fatale à l'Etat.

• En voilà bien alfez pour la Ville de

Bask, il eft tems de dire quelque cho- fe de fon Canton. Elle poifède un joli Pais , agréable, riche, & fertile en toutes les chofes néceilaircs à la vie.

On y recueille d'excellent grain, &

de bon vin , fur-tout aux environs de la Ville. Ces environs font de bel- les campagnes unies, qui aboutiifenc à l'extrémité du Mont Jura. Ce Pais cft partagé en fept Bailliages, dont 2.

font intérieurs, Riehen & petit Htoûtu gîte, Si f. extérieurs Liechtjiall, Parus- ptrg, IVallebourg , Hambourg & Mun-

cheujiebt.

F A R N S B E R G .

F

A R N S B E R G , Tarnfperg , ou F A R M t- Farnsbottrg, cft un Chateau fitué » E R <••

fur une haute Montagne, à f. lieues de la Capitale du côté de Rbhifelden.

L'an 1444. les Suijfis Palliégèrent & ce

B 4 Siège

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3 * E T A T I T D É L I C E S

FAINS-Siège fut bientôt fuivi de la célèbre a s 16. Bataille de St. Jacques, entre le Dau-

phin & les Suijjis , dont j'ai parlé ci- delïus. C'eft maintenant le plus grand Bailliage du Canton.

A U G S T.

Au s ST. A U G S T , Augufia Ratiracorum ,

<** étoit anciennement une grande

& belle Ville avec Colonie Romaine, bâtie au bord du Rhin , par Munatius Plancuf. L'Infcription fuivante, qui fe trouve à Gajète au Royaume de Ña- fies , en fait foi.

L. MVNATIUS L. F. L. N. L. PRON.

PLANCUS COS. CENS. IMP. ITER. VII.

VIR EPUL. TRIUMPH. EX RAETEIS AEDEM SATURNI

FECIT DE MANUBIIS AGROS DIVISIT IN ITALIA

BENEVENTI IN GALLIA COLONIAS DEDUXIT

LUGDUNUM ET RAURICAM.

Mais cette Ville fut ruinée dans le V.

Siècle, durant les défolations de l'Em- pire Romain. Aujourd'hui ce n'eft plus qu'un Village à deux lieues au- deíTus de Basle , où la petite Rivière â'Ergelz fe joint au Rhin. On y voit quantité de mazures , de ruines, &

de monumens de fon ancienne gran- deur,

(49)

DE LA S U I S S E . P. III. ?*

deur, aux deux bords du Rhin, par- Au ticulièremcnt neuf Tours fakes eu de- mi - cercle , que l'on croit avoir été partie d'un Amphitheatre; beaucoup d'anciennes Monnoyes Romaines, &

quelques Infcriptions. Il y a quelque tems qu'on y trouva une pierre avec l'Infcription fuivante , qui fut trans- portée dans le Cabinet de Mr. Fefcb.

D. M.

LABERIAE TRENE V. A. XI. DIEBVS XXVII.

VETVRIVS HELIX ET LABERIA SYNTICHE FILIAE PIENTISSIMAE

FECERUNT.

Ce qui furprend le plus les curieux qui vont à Attgfi, ce font de grandes Voûtes fouterraines , qui conduifent depuis ce lieu jufqu'à Liechtfiall. El- les font revêtues de murailles de pierre de taille, fi hautes & Il larges, que deux hommes y peuvent marcher de front. Le Vulgaire ignorant les ap- pelle HeUenlocb, c'eit - à - dire, Trou Aes Payent. On croit qu'elles fervoient de _ conduit à la petite Rivière á'Ei-gelz, qui y paife pour laver & emporter les immondices de la Ville. Il y a beau- coup d'apparence , que la Ville de Basle s'efl; accrue des débris ÜAugji. Cert

B f dans

(50)

34 JE T'A.T E T D É L I C E S

Au G ST. dans ces Environs que les Baslois ont été obligés de tems en tems de mettre des troupes , pour obferver une exacte neutralité, lorfque la France s'eft trou- vée en guerre avec VEmpire Romain ou avec la Maifon d'Autriche. C'eft auilî par-là qu'en 1709. le Général Mercy fe fraya un paflage pour enva- hir le Suniîgau } où il fut "pourtant très- mal reçu.

M U N C H E N S T E I N .

.: • • . •

M u K" \A U N C H E N S T E i N eft un joli Vïlii. i V^..Bourg, au bord de la Byrn &

au pié d'un rocher élevé , au - deflus duquel on voit le Château où réfide le Baillif, à une lieue de Basle, & une demi- lîeuë ftArlesheim. Les environs font fort rians , & garnis de plufieurs Mai- sons de Campagne très - agréables } la . Chauffée nouvellement conftruite de-

puis la Ville jufqu'au Pont de Mun- (.henfiein eft une des plus belles,, &

fait l'éloge de celui qui a eu le foin de Ci conitruclion. , Cette Place apparte- noit anciennement à la Maifon noble des Miinch de Basle. Dans ce Baillia- ge fe trouve encore le beau Bain de fíen - Schauenbourg, qui doit être bon . , pour la fièvre & d'autres maladies.

L I E C H T -

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D E L A S U I S S E . P. J 1 1 . ?f

L I E C H T S T A L L .

L

I E C H T S T A L L , en François LIECHT-

Liejlell, eft une jolie Ville, mé- s r A L L- diocrcment grande mais très - bien peu-

f

)lée , compofée de trois rués parafé- es, avec un Temple au milieu. Elle eft à trois lieues de Basle, près du bord de la Rivière iVErgelz. Cette Ville fut confumée par le feu. l'an i?8i- mais clic s'eft bien relevée de Tes ruines,

& les maifons y l'ont bien bâties. On y trouve quelques Antiquités Roniai- nes, de vieilles murailles , & des Voû- tes fouterraiiics & murées , qui répon- dent à celles à'AugJl. Comme Liejlell c(l fur la grande route qui parle de la France & de Y Allemagne en SitiJJè & en Italie, il y a toujours grand abord de inonde. Celui qui commande au nom duMagiltrat de Basle eft appelle Avoyer, il a encore difîérens Villages fous fes ordres, il garde la place à vie, & n'eft pas relevé tous les 8- ans, comme les autres Baillifs. Dans le Bailliage de

Liechtjlall on trouve encore les beaux Bains de vieux Schauenbourg & de Bu- be>iJorjf.

W A L L E B O U R G .

^ / A L L E B O U R G eft une p e t i t e w n u - Ville au pic du Mont Jura, qui BOU a G.

B 6 s'ap-

(52)

35 E T A T E T D É L I C E S W A L L E - s'appelle en cet endroit Oberhawinflein.

s o u B. G. £ije eft. défendue par un fort Château, fitué fur un rocher fort élevé, & qui la commande entièrement. On croit que cette Place a été une forterelfe des anciens Ranraques , pour garder leur Païs contre les Romains. Elle eft en effet à la gorge des Montagnes, dans un Vallon étroit , & par conféquent un paflage important. C'eft la grande route de Genève, de Berne, & de So- lettre à Basle. Cette Ville appartenoit autrefois aux Comtes de Homberg, aufli- bien que Liecbtjîall.

Hambourg eft un Château fitué fur un tocher, à la defcente du Mont Ju- ra , à l'Orient de Wallebourg. Il ne faut pas le confondre avec Homberg, Château fitué dans le Frickguw, ou frickthal, terre d'Empire, où demeu- roient les anciens Comtes de Homberg, qui dans la fuite bâtirent ce Hambourg, dont je parle.

Au - delfus de ce Château les Baslois ont un Bain d'eau minérale, nommé Ramfer • Bad , qui eft bon contre la galle, les obstructions, la débilité des nerfs &c. Us en ont encore un autre près du Village d'Eptingen, à 6. lieues

de Basle j qui charrie beaucoup de cui- vre

(53)

D E L A S U I S S E . P. I I I . u

vrc & im peu de bitume. Il eft bon W ALLE-

pour guérit des consultions,, pour fou- B ° u * c#

lager les etiques, fortifier le ventricu- le débile, &c.

Rajnjleiu eft un Château fitué dans une Montagne, à la deicente du Mont Jura, à l'extrémité du Canton, vers les frontières de celui de Soleure.

X.

L E C A N T O N D E F R I B O U R G .

L

'O R D R E des lieux ne règle pas F «. i- celui des rangs, entre les Cantons, « o u i » . 11 faut faire un grand faut pour pas-

fer de celui de Basle à celui de Fri- bourg , qui eft le dixième, entre les X111. Il n'eft pas fort difficile d'en marquer les frontières ; car il eft de toutes parts environné du Canton de Berne, li l'on en excepte le feul Bail- liage á'Ejfavayer , qui eft au bord du Lac de Neuchatel. Car de quelque côté, que les Fribourgeois veuillent aller, ils ne peuvent fortir de chez eux que par ce lèul endroit, fans palier par les ter- res de Berne. Il y a même des endroits dans le Pais de l'aud, comme depuis

B 7 Mondon

(54)

38 E T A T E T D É L I C E S

F R I- Moudon jufqu'à Avenche , où le Can-

B O U Ï G . t o n ¿e Fribourg eft comme enchatfé dans celui de Berne, par de petites langues de terre , qui fervent de com- munication , de la partie Orientale du Canton de Fribourg à la partie qui eft à YOccident. Cela vient de ce que l'an I f ^ 6 , lors de la guerre des Bernois, contre le Duc de Savoye , ceux - là croyant le Duc plus fort & plus redou- table qu'il n'étoit, & s'attendant à trou- ver plus de réfittance dans le Pais de Vaud, qu'ils n'en trouvèrent, follici- tèrent les Fribourgeois à fe joindre à' eux, en leur offrant de leur laifler pren- dre certaines Places du Duc, pendant qu'ils lui feroient la guerre d'un autre côté. Ainfi les Fribourgeois prirent les armes , & fe faifirent de Romont, de - Rue j de Surpierre, d'EJlavayer , & de

quelques autres lieux qui étoient à leur bienféance.

F R I B O U R G .

F

R I B O U R G , Frybourg, ou Frei- burg , la Capitale du Canton, eft une grande & belle Ville, à iix lieues de Berne, au bord de la Rivière de Satie, qui l'environne de deux côtés. Salîtua- tion eft tout-à-fait extraordinaire; il n'y a qu'une petite partie à Y Occident, qui

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Ï R Y B O U R G

"Villa Capitale du Guvttm du ,m¿me 0\Com 'Vers k i \ o r 9 .

(56)

> ü «

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D E L A SU ISSE. P. I I I . ?9 foit dans la plaine & un peu unie; tout F ai- le refte eft Ixui parmi ties rochers & des B ° u a G i

coteaux , tellement que de quelque cô- te qu'on y marche, il faut monter ou defeendre. Du rede, elle eft fort agréa- ble : les rués y font propres & larges, bordées de belles mailbns, & de divers édifices publics , la plupart religieux , oenés autant qu'il fe puiife. La Ville cft partagée en 4. quartiers, que l'on nomme Bannières. Ce font le Bourg , Y Auge y la Neuve- Ville, & les Places.

On y remarque principalement la Caffjé- drale y dédiée à St. Nicolas, qui eft au milieu de la Ville. Elle eft grande , &

fort parée, & dorée en dehors & en de- dans. Le grand Portail eft garni, de filulieurs ftatués de Saints j leurs têtes ont couronnées de couronnes dorées

& d'autres. Au - delfus de ce Portail s'élève un magnifique Clocher , fort haut, qui fut fondé l'an 128?. On lit dans le Temple l'Epitaphe fuivante.

SOLI DEO GLORIA SISTE VIATOR.

MONUMENTUM VIDES MORTIS TIRl

IMMORTALITATIS VIRO QUEM POST MORTEM TUAM

SUA DECORA AEÏERNABUNT.

FUIT

(58)

4P E T A T E T D É L I C E S

F * i- FUIT IS GENERE NOBILIS ,

BOURG. VIRTUTE SERENUS

JACOBUS FEGELI.

REGII ORDINIS DIVI MICHAE- LIS EQUES

REIPUBLIC^ FRIBURGENSIS SENATOR

CLARISSIMUS, PACE CONSVL- TISSIMVS, BELLO FORTISS.

DUX ERAT MILITVM COHOR- TVM CAPITANEVS QVA AETATE VEL SEQVI MEMO-

RABILE EST

ANNOS NATVS DVODEVIGINTI POSTMODVM

LEGIONIBVS HELVETICIS SVB H.; MAGNO ET LVDOVICOXIIL CHRISTIANISSIMIS GALLIiE RE-

GIBVS

COLONELLVS MVLTOTIES PRJEFVIT.

DEMVM EJUS REGIS PRAEFECTI PRAETORIO VICES AGENS.

HONORE VIRTVTE AETATE PLENVS

INTER MORTALES ESSE DESIIT DIE X. JAN. A. DN. MDCXX1V.

AETATE LXVIII.

On voit auffi, derrière le grand Au- tel , une Infcription, par laquelle les

íribour-

(59)

D E L A S U I S S E . P. I I I . 41

fribourgeois & les autres Cantons Ça-Fu- tholiques ont voulu perpétuer la mémoi- » 0 u a. t . re de leur Alliance avec YEfpagne.

PHILIPPO II. HISPANIARVM RE- GI, TERRA MARIQVE VICTORI,

FIDEI CATHOLICAE PRO- TECTORI, POMPONIVS DE LA CROIX HELVETIOS FOE-

DERE JVNXIT ANNO M. D.

LXXVII.

L'Eglife de Notre-Dame eft tout près de celle - là , n'y ayant que la rue entre deux, mais elle elt petite , & ne paroît pas plus auprès de l'autre, que comme un entant auprès d'un géant.

Les Jéfuites ont un fort beau Cou- vent à Fribourg ¡ il eft fitué fur une hnuteur, dans le quartier le plus éle- vé de la Ville, qui la commande toute ;

& Ton en pourroit faire en cas de befoin

«ne Citadelle. Cette Maifon fut fon- déel'an 1604, avec un Collège & une belle Eglifc. Elle eft bordée d'un grand

& profond Etang , qu'il faut pafler fur un Pont pour y entrer. Q[\ y monte de la Ville par un efcalicr couvert de quelques centaines de marches. On voit dans l'Eglifc le tombeau du révé- rend P. CiUiifitts. On peut aulli voir

encore

(60)

4 Î E T A T E T D É L I C E S

F i l - encore dans Fribourg, le Couvent des s o u a G. rfuguftins, fondé l'an I24f , où il y a

un magnifique Autel : celui des Corde- deliers fondé l'an i2?7, où l'on voit une repréfentation de Danfe de Morts : celui des Religienfes , qui eft parmi des rochers, fur une pointe de terre, au bord de la Rivière à l'extrémité de la Ville.

La Sane coule ici dans un lit profond, au pic des rochers efcarpés dont la Ville eft en partie foutenué & en partie défen- due. L'Hôtel de Ville eft fur un des rochers, ayant la vûé fur la Sane par derrière. Il a été bâti , l'an i fof. à l'endroit où étoit autrefois un Château fort, nommé Breye-Burg, qui fut le commencement de la Ville. On voyoit jadis , dans la Place qui eft devant l'Hô- tel de Ville, un beau tilleul, dont les branches repliées faifoient un bel om- brage ; mais depuis quelque teins il n'y eft plus; il a été contraint de fuccom- ber, comme le chêne de Basle, fous le poids des années, & l'on en a planté un autre à fa place.

Vers Pan i f 2 2 , il fe trouva à Fri- bourg quelques perfonnes qui prirent goût pour la Doctrine de la Réforma.

"lion, mais les premiers, qui s'avifè- rent

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D E L A S U I S S E . P. III. 4i

rent de la prêcher, n'eurent pas grand F » i fuccès. Les principaux Réformés B ° u

étoient Pierre Falk, ou Faucon, Avoyer, Magiftrat fore confidéré dans la Ville,

& intime ami de Zwingle ¡ Jean Hoie- lard, Chanoine, & enfuite Doyen du Chapitre; Jean Vawiiiis, Chantre, &

Jean Kother, Organifte. Aujourd'hui la Ville de Fribourg eft attachée, avec tout fou Canton, à la Religion Catho- lique i ainli pour le Gouvernement Spi- rituel elle dépend de l'Evèque titulaire de Liiufanne , qui y fait fa rélidence, depuis le tems que Sébajlien de Mont- faucon , dernier Evèque de Laufanne, fut obligé par les Bernois de le retirer à Fribourg.

Fribourg fut fondé, l'an 1179. par Btrcbtofd IV, Duc de Zéringueu , dans la même vue' & dans la même inten- tion , que fon Fils fit enfuite bâtir Berne ; c'eft - à - dire , pour être un azyle contre la violence & les entre- prifes des Nobles. Sa iîtuation étoit propre dans ce* tems - là , pour fe met- tre a couvert de leurs infultcs. D'un côté cette Ville étoit fortifiée par la Rivière & de l'autre par un grand fos- fé. Elle fut nommée Fribourg; c'eft- à-dire, Château de la liberté.

Comme

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44 E T A T E T D E L I C E Í

I i- Comme il y eut, dans ce terns - là, o u i » , plufíeurs Villes de la SuiJJe, bâties par

les Berchtolds, je crois devoir dire quel- ques chofes de l'origine de cesSeigneurs.

Je le fais d'autant plus volontiers,qu'au- cun Auteur de la Nation, ne s'eft enco- re avifé de les écrire. Je commence par Berchtold / , appelle Duc de Zérin- guen y parce qu'il fit bâtir, proche de

Fribourg en Brifgcn», un Château qui fut nommé Zéringuen. Il fut Duc de Souabe, & eut trois Fils. Berchtold 11.

le plus jeune de tous devint Duc de Zéringuen. Il devoit de droit , ainfi que fon Pere, être Duc de Souabe ; mais ce Duché lui fut enlevé par Frideric de Hoherrjïaujf, Grand-Pere de Frideric

Barber oujje. Frideric , pour dédom- mager en quelque manière Berchtold 11.

du tort qu'il lui faifoit, lui donna le Patronage de Zurich. Voilà de quelle manière les Berchtolds font venus en SuiJJe, & voilà leur origine.

Berchtold IL fut Pere de Berchtold III. entr'autres ; & celui-ci, qui avoit fuccédé à fon Pere , étant mort fans en- fans, laifla fon Duché au Fils de fon Frère Conrad, lequel prit, pour cette raifon , le nom de Berchtold IV. Ce fut un Seigneur plein de feu, de force &

de valeur. Il aida beaucoup Frideric Barbe-

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