IVeCongrès International d’Épidémiologie « Du Nord au Sud » / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 58S (2010) S51–S98 S69
Session C4 – Santé - Travail
C4-1
Surveillance des lombalgies et de leurs facteurs de risque professionnels dans les entreprises des Pays de la Loire
N. Fouqueta,b, C. Haa, J. Bodinb, A. Leclercc, E. Imbernona, Y. Roquelaurea, 78 médecins du travail de la région des Pays de la Loire
aInstitut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France
bUnité associée InVS, laboratoire d’ergonomie et d’épidémiologie en santé au travail, université d’Angers, Angers, France
cInserm U 687, Villejuif, France
Mots clés : Lombalgie ; Activité professionnelle ; Prévalence
Introduction.– La lombalgie est définie comme une douleur s’étendant de la charnière dorsolombaire à la charnière lombosacrée. Près de 25 % des salariés européens déclarent souffrir de douleurs rachidiennes en lien avec le travail.
Grâce au programme de surveillance épidémiologique des troubles musculos- quelettiques (TMS), mis en œuvre dans les Pays de la Loire, les prévalences des lombalgies et de l’exposition à leurs facteurs de risque ont pu être estimées en population salariée.
Méthodes.– Cette surveillance épidémiologique est basée sur un réseau de 83 médecins du travail volontaires. Un échantillon de 3710 salariés (2162 hommes et 1548 femmes) âgés de 20 à 59 ans a été constitué par tirage au sort entre 2002 et 2004, au cours des visites médicales du travail. Les don- nées médicales et d’exposition professionnelle aux contraintes biomécaniques, organisationnelles et psychosociales ont été recueillies par autoquestionnaire.
Résultats.– La prévalence des lombalgies au cours des 12 derniers mois était élevée, davantage chez les hommes (59 %) que chez les femmes (54 %). Une prévalence élevée de douleurs quotidiennes est, pour les hommes, observée principalement parmi les employés et agents de service de la fonction publique et les ouvriers (de 10 % à 27 %) et, pour les femmes, parmi les ouvrières (de 9 % à 19 %). Les ouvriers et les employés civils et agents de service de la fonction publique étaient les catégories professionnelles les plus exposées aux facteurs de risque biomécanique de lombalgie (port de charges lourdes, postures pénibles du tronc, vibrations du corps entier lors de la conduite).
Discussion/Conclusion.– Cette surveillance des TMS confirme la forte préva- lence des lombalgies et de leurs facteurs de risque en population salariée et permet d’identifier les catégories professionnelles sur lesquelles la prévention devrait être prioritaire.
doi:10.1016/j.respe.2010.06.074
C4-2
La pénibilité du travail posté dans la survenue de maladies cérébrocardiovasculaires : une méta-analyse
J.-B. Henrotina, R. Bouvreta, P. Abecassisb, M. Giroudc, Y. Bejotc
aService de santé au travail MT71, Chalon-sur-Saône, France
bInspection médicale du travail, direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle de Bourgogne, Dijon, France
cService de neurologie, CHU, Dijon, France
Mots clés : Santé au travail ; Méta-analyse ; Travail posté ; Accident vasculaire cérébral ; Infarctus du myocarde
Introduction.– Réaliser une méta-analyse des études épidémiologiques sur le risque de survenue de maladies cérébrocardiovasculaires (MCCV), après expo- sition au travail posté (TP).
Méthodes.– Le recensement des études (cohorte, cas–témoins) sur TP et MCCV (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, insuffisance coronarienne aiguë) a été réalisé à partir de Medline de 1970 à 2009 et d’autres bases de don- nées (Pascal, openSIGLE, BDSP, INRS, Cochrane, Google Scholar), complété d’une recherche manuelle dans les articles clés. Le modèle à effets aléatoires de DerSimonian and Laird a été utilisé pour combiner les LnRR, les statistiques Q de Cochrane et I2de Higgins pour évaluer l’hétérogénéité des RR entre études.
Un biais de publication était recherché à partir d’un test de Begg, d’un « funnel plot » et d’une procédure « trim and fill » de Duval et Tweedie. Plusieurs analyses de sensibilité ont été pratiquées.
Résultats.– Cinq études cas–témoins et 14 études cohortes ont été sélection- nées. Pour toutes MCCV confondues, un RR combiné (RRc) à 1,18 (IC 95 % : 1,09–1,28) était observé. Le RRc était un peu plus fort [RRc = 1,25 (IC 95 % : 1,15–1,36)] pour les pathologies cardiaques ischémiques (cas fatal et non fatal) et un peu plus faible pour les pathologies cardiaques fatales uniquement [RRc = 1,06 (IC 95 % : 0,99–1,84)]. Un RRc augmenté significativement était également mis en évidence pour les pathologies cérébrovasculaires [RRc = 1,18 (IC 95 % : 1,02–1,36)]. Plusieurs études ont rapporté une relation dose-réponse.
Concernant les facteurs de confusion étudiés, le RRc était plus bas quand il était calculé à partir d’études prenant en compte la variable « statut socioécono- mique ».
Discussion/Conclusion.– Le TP est associé à une augmentation modeste mais significative du risque de survenue de MCCV. Des biais de sélection primaire difficiles à prendre en compte sur le plan méthodologique peuvent expliquer cette association. D’autres études sont nécessaires pour affirmer un lien causal entre TP et MCCV.
doi:10.1016/j.respe.2010.06.075
C4-3
Investigation épidémiologique d’une contamination collective par le plomb lors d’un chantier de rénovation de bâtiments anciens, région Centre, France, 2010
S. Aymerica, E. Laurenta, F. Braconnierb, C. Morelb, E. Morvana, M. Kergressec, J. Colyd, S. Rousseaue, D. Jeannela
aCellule de l’InVS en région Centre, Orléans, France
bSanté BTP, Blois, France
cCAP, Angers, France
dDdass Indre-et-Loire, Tours, France
eDRTEFP, Orléans, France
Mots clés : Saturnisme professionnel ; Professionnels du bâtiment ; Prévention Introduction.– La Cire Centre a réalisé une enquête de cohorte rétrospective incluant les populations ayant fréquenté trois chantiers de rénovation (travaux de décapage de peintures anciennes), en région Centre (départements d’Indre-et- Loire et du Loiret), entre décembre 2007 et décembre 2008, suite à la découverte de plusieurs cas d’intoxication au plomb chez des professionnels du bâtiment.
Méthodes.– Un questionnaire individuel a été élaboré, portant sur : (1) les exposi- tions au plomb lors des chantiers selon le poste, la durée et le respect des mesures de protection ; (2) les autres expositions au plomb, professionnelles et person- nelles ; (3) les connaissances du professionnel quant au risque plomb. Le taux d’attaque des contaminations (100g/L≤Pb) et intoxications (Pb≥400g/L), par le plomb parmi les ouvriers ont été calculés.
Résultats.– Cette enquête a concerné 51 personnes dont les professions étaient principalement : peintres (29 %), couvreurs (22 %) et électriciens (18 %). Parmi les 44 ouvriers prélevés, 24 ont été contaminés, soit un taux d’attaque de 54,5 % et 12 ouvriers ont été intoxiqués, soit un taux d’attaque d’intoxication de 27,2 %.
Concernant la prévention du risque, le port d’une protection respiratoire n’a été retrouvé que dans 27 à 50 % des cas selon le type d’activité et n’était adaptée que dans environ 25 % des cas en portant.
Quant à la relation entre la plombémie et la durée d’une part et le type d’exposition d’autre part, on observe que le risque de contamination/intoxication était significativement plus élevé chez les ouvriers ayant travaillé plus d’une semaine (p= 0,0044, RR = 6,45), ainsi que chez les ouvriers directement exposés au plomb durant leur intervention (p= 1,222e-07, RR = 11).
Discussion/Conclusion.– Cette étude a montré l’importance du risque de conta- mination par le plomb pour les professionnels du bâtiment intervenant sur des chantiers de rénovation sans protection adéquate. Une mauvaise connaissance du risque de contamination par le plomb ainsi que la présence de comportements à risque ont été mises en évidence. Des efforts de prévention du risque lié au plomb sont nécessaires.
doi:10.1016/j.respe.2010.06.076