• Aucun résultat trouvé

UN ROI D'ALLEMAGNE DANS LA NUIT D'OCCIDENT

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "UN ROI D'ALLEMAGNE DANS LA NUIT D'OCCIDENT"

Copied!
36
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

UN ROI

D'ALLEMAGNE DANS LA NUIT

D'OCCIDENT

(3)

DU MÊME AUTEUR

GEIJIN, r o m a n - Éditions France-Empire.

(4)

ROBERT SAINZ

UN ROI

D'ALLEMAGNE DANS LA NUIT

D'OCCIDENT

FLAMMARION

(5)

Pour recevoir régulièrement, sans aucun engagement de votre part, l'Actualité Littéraire Flammarion, il vous suffit d'envoyer v o s nom et adresse à :

Flammarion, Service ALF, 26, rue Racine, 75278 PARIS Cedex 06.

Pour le CANADA à :

Flammarion Ltée, 163 Est, rue Saint-Paul, Montréal PQ H2Y 1G8

Vous y trouverez présentées toutes les nouveautés mises en vente chez votre libraire : romans, essais, sciences humaines, documents, mémoires, biographies, aventures vécues, livres d'art, livres pour la jeunesse, ouvrages d'utilité pratique...

© Éditions Flammarion, 1981.

Printed in France ISBN 2-08-064409-2

(6)

Cela ne veut pas dire, les schlégéliens passant en somme à l'acte, que /'« Athenaeum » renonce aux formes classiques d'exposition : ce à quoi s'emploient les premiers romantiques, c'est à rendre coprésents le fragmentaire et le systéma- tique. S'ils ne définissent pas le fragment comme tel, c'est pour ne pas barrer ce à quoi il faudrait finalement, bon gré mal gré, l'opposer, ou, autrement dit, c'est pour laisser la fragmen- tation produire son propre effet dans ce qui s'écrit et dans ce qui se lit. L'hypothèse schlégé- tienne appelle une vérification pratique : seule la lecture des fragments doit nous donner à saisir, malgré tout, ce que /'« Athenaeum » risque avec le fragmentaire : une écriture qui ouvre l'époque.

Curieuse leçon : la confusion que l'œuvre (et d'abord celle de l'« Athenaeum ») trouve en se reconstituant ne doit pas être résorbée, mais

(7)

portée à son comble, à son maximum, à son extrême, à sa limite, etc. Que l'écriture arrive, qu'elle ne cesse pas d'arriver, alors, ne reste, au juste, qu'un moment intense et chanceux de désorganisation, ou d'instabilisation. Si le texte romantique commence quelque part (parce qu'il faut bien (...) qu'il commence), c'est à ce moment, c'est juste à ce moment-là.

Daniel Wilhem, Les Romantiques allemands

(8)

AVANT

(9)
(10)

Sils, Engadine.

Richard Wagner est mort. Enfin le monde rit. Musi- que !

Depuis que le mouvement de pendule a cessé, le solitaire, l'homme, est heureux. Ses notes, martelées, s'accumulent. Le livre à faire et à finir est en train d'avancer en cadence. Et un ! Et deux ! Et trois !

— Musique ! vient de crier l'homme.

Debout, en bras de chemise, tournoyant de la table aux carreaux de la fenêtre, son hublot de faction, dans la mansarde du chalet de montagne, voici l'homme.

Depuis la veille que, funambule, il parle aux dieux et aux rois, et un ! et deux ! et trois ! son inspiration d'insomniaque fait un bruit de brodequins, et de coups de marteau, sur le parquet de bois.

À la lueur des bougies de la niche retrouvée, juste assez de bougies, son logeur est économe, pour qu'il

(11)

puisse y voir clair entre ses notes et lui — Grande Guerre, vieux règlement de comptes : les hommes ne le regardent plus mais il faut qu'ils le sachent—, ici enfin, loin, très loin de l'Allemagne, il respire. Vivant. Survi- vant. De nouveau, il existe, et il est ! Demeuré maître d'une forteresse : sa vie, rien que sa vie, qu'une ano- nyme providence l'a dissuadé de rendre sans honneur aux chacals et aux hyènes du Gange. Issue de la mort volontaire qu'une mauvaise nuit, la plus noire de toutes (était-ce après la fille de Bonn ? ou à la fin de son aventure avec la jeune Russe ?), l'avait enclin à conce- voir, par reddition, capitulation de sa foi assiégée de batailles et de guerres, dans les murs de Messine.

« Moi, forteresse abandonnée ! » avait-il osé dire sous ce ciel d'Italie où tout est immortel.

Bienfaiteur et ami, le chloral, hydrate de chloral

« puro », est venu soulager de son renfort l'horrible mouvement de pendule dont la géhenne d'oscillations vertes, verdâtres, avait recommencé, à l'instant, dans sa tête. Une fois de plus, comme à Messine et sous d'autres toits malfaisants, il a failli abandonner. Mou- rir. Son livre, dédié à personne, serait mort avec lui, inhumé pour les chiens et les louves de la postérité sous la braise des étoiles. Les Français disent : les chiens aboient... Mais vient une heure aussi radicale que possible, car souveraine, purifiante, où les aboiements doivent cesser, à l'aube du silence et de son règne. Avec lui, et ce qu'il prémédite : la plus colossale explosion de l'âme européenne, ils vont voir ! Ils verront.

À présent, il va mieux. Enchanté d'une solitude qui ne sera plus la défaite, et retrouve l'euphorie. Ses mains ont repris l'improvisation de ses notes portées à leur comble, futures feuilles blanches à faire vivre de ce qu'il veut donner. Ici, où tout est calme, musical, la vie

(12)

ne s'entend plus, elle s'écoute. Il n'a plus qu'à traduire ce que des voix lui soufflent, en regardant la nuit par la fenêtre, trou d'encre dont ses yeux ne voient rien mais prodigieusement criblé d'étoiles. De ce côté-ci des Alpes, il a toujours eu, pour lui, l'inspiration de ce qui le touche et qu'il aime. Le repos du monde et des sommets, sur les créneaux de l'air des cimes. Froid.

Neige. Glace. Ici. Dans la maison de Sils. Au milieu du village, son couvent, sa cellule de cloître. Une abbaye.

— Miséricorde des clôtures ! m u r m u r e l'insomnia- que. Des cloîtres vont devenir nécessaires.

Des cloîtres. Pour quoi faire, des cloîtres ! Quand donc, en quel instant de faiblesse a-t-il eu cette pitié ? Lui qui s'est donné de la peine à imprimer, faire i m p r i m e r ses livres, tous ses livres, pour l'amour des étoiles, n'ayant de son vivant jamais rien su faire d'autre (sauf enseigner des langues mortes, jouer folle- ment, passionnément, au piano et, depuis toujours, marcher ! marcher ! marcher ! au point de faire peur, à Nice, sur la promenade des Anglais), pourquoi, pour quelles pauvres raisons sa pitié d'autrefois en a-t-elle appelé aux cloîtres, ces asiles trop doux, ces grottes condamnées, du souci de guérir ceux qui ne le regar- dent plus, alors que, dans le prochain siècle, rien n'est moins incertain, des boucheries et des fosses commu- nes « deviendront » nécessaires ! Futur impératif. Ils vont voir ! Ils verront !

Les yeux lui brûlent. Il a mal à la tête. L'instant devient insupportable. Douleur de ses paupières rou- vertes sur le sarcophage de sa vieille mémoire, l'horri- ble mouvement de pendule s'est reproduit, irradiant

(13)

cette oscillation de lueurs verdâtres, vertes, dans l'obs- cénité de la soupente de la maison de Bonn, avec la fille, la femme, la petite fille...

Mais ce n'est pas le moment de faire son autobiogra- phie. À la niche, sa chienne d'autobiographie ! Heureu- sement, bienfaiteur et ami, il y a le chloral. Prosit ! Ses livres, tous ses livres sont plus beaux que sa vie. De toute façon, elle doit être morte, la fille. Il y a si longtemps. Si loin. C'était à Bonn, ou à Leipzig.

Non. Il se trompe. Exactement, c'était à Bonn, en 18...

Aussi radieuse que l'étoile du matin, aussi troublante que la noce d'un premier matin avec la tristesse d'un ciel déjà corrompu, et souillé, la petite femme de la maison de Bonn avait les cuisses chaudes, plus brûlan- tes, encore plus douloureuses, impossibles à toucher, que les boulets de braise dans le brasero de Pforta.

Avec son pied, une aile d'oiseau, du bout de ses ongles d'orteils peints en rouge, elle, la fille, presque une enfant, faisait aller et venir la lampe à abat-jour d'opaline, verte, verdâtre, dont la suspension pendait bas. Juste au-dessus du lit — niche aux chiens !

La fille lui a dit :

— Tu veux pas recommencer, peut-être...

Après l'abîme, la sale chose — Intercourse comme dirait M. Herbert Spencer, le fakir évolutionniste —, il a fait monter du champagne en l'honneur de Ninive, cette enfant, la fille qu'il avait baptisée de ce nom.

La fille lui a dit :

— Nini, elle veut qu'tu fasses le cheval ! Nini veut t'donner l'fouet ! Des coups de martinet. Nini veut qu'tu la montes au ciel.

Il a rectifié la mauvaise prononciation de la fille.

(14)

— Pas Nini — Ninive ! Tu t'appelles Ninive.

Le pied de la fille. Joli. Parfait. Comme une aile d'oiseau. Puis l'appât de ses cuisses. Puis la pitié de ses lèvres fardées.

— Nini veut ! Nini veut ! La p'tite Nini veut tous tes sous. Tout plein d'sous. Pour devenir riche comme le Roi-Soleil. Et toi, lui a demandé la fille, comment c'est ton vrai nom ?

— Je m'appelle Jonas. Fritz Jonas.

— Mazette ! C'est pas un nom d'chez les gentils, ça, Jonas...

Boire. « Jonas » a soif. Écrire tue. Sur le dessus du lavabo, sa timbale de voyage, près de la carafe remplie de l'eau de Sils que la petite jeune fille du chasseur de chamois est allée prendre, tirer à la fontaine, ce matin.

Avant de boire, tout d'abord, rite, exorcisme : il se lave les mains. Au savon noir. Puis il boit.

Le miroir.

Au-dessus du lavabo où il a reposé la timbale devant son nécessaire à barbe, le reflet du miroir lui renvoie un instant, tandis que sa mauvaise vue déchiffre et ordonne le chaos de ses notes, l'image de sa figure.

— Ein Spiegel ! articule-t-il. Un miroir. Qu'est-ce que c'est que ça !

Ça, le reflet de sa figure, le fait rire, l'attriste. On dirait celle d'un bougnat d'Autriche-Hongrie, promu au rang d'instituteur par un décret de Vienne. Pileuse, noire, sa figure de souche polonaise (génétique) ne lui ressemble pas. La proéminence de ses traits — ces arcades, ce front, ces narines —, toutes ces saillies

(15)

mortifiantes issues de la MittelEuropa n'ont jamais été dignes du Thuringien qu'il est. Non, ça ne lui ressemble pas. « Jonas » est plus beau dans la vie. Dans ses livres.

— Je n'aime pas ça ! décrète-t-il.

Et s'il n'était racheté par ses mains fines, des oreilles petites, cette défense de moustaches aussi briquées que la garde d'un sabre de Mensur— « Ninive », la pire des putains de Bonn, l'étoile radieuse du matin, n'aurait su dire cette nuit-là, dans la soupente, si ce client était oui ou non ce qu'il ne voulait pas qu'elle sache par honte de lui-même : un Allemand.

Cette nuit-là, à Bonn, dans la maison verte, verdâtre, comme les couleurs du Quatrième Cavalier, lui, le solitaire, l'homme, le souverain, l'insomniaque, le Meister, soit l'un des tout derniers vivants situés au plus près des étoiles, il avait chevauché Peste et Mort dans la niche stérile de la chienne Autobiographie.

La fille a dit :

— Nini veut qu't'en aies pour tes sous, mon gentil, mon roi de Champagne !

Pour rire, alors, car tout homme est risible quand il va chez la femme sans en avoir eu pour ses sous, il avait fait mentir les Saintes Écritures, sa meilleure farce de fils, petit-fils de pasteurs, aux dépens de la fille effrayée.

Il avait dit :

— Je suis Jonas. Tu es Ninive. Et je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de 120 000 humains qui ne distinguent plus leur droite de leur gauche, ainsi qu'une foule d'animaux.

(16)

— T'es fou ou quoi ! Et puis m'appelle plus comme tu dis. Mon nom, c'est Cozima. Parfaitement ! Madame veuve Cozima Geyerbeer. Mon défunt, il était dans la musique...

Le Meister rit, s'assoit, reprend du chloral puro. Il regarde ses choses. Sa biographie nomade, transitoire, dont les instruments de service tiennent si peu de place dans un gîte loué.

Sur la table de chevet, ses deux paires de lunettes noires, chacune enclose dans son étui. Accrochés, pen- dus sur un valet de nuit à roulettes, son faux-col, ses manchettes de lustrine, sa cravate, son veston à che- vrons, sa vareuse.

Par terre, posée à même le parquet mais non ouverte, la cantine qui le suit partout, son fidèle lama numéro deux sans vouloir offenser Lizbeth, sa sœur, la jünge- rin. Sa cantine d'ancien soldat de première classe au 4e régiment d'artillerie de campagne, garnison de Berlin. Soit environ 100 kilos, et quelques, de littéra- ture et de philosophie de par sa contenance. Ceux de la littérature des grands autres, d'abord. Heinrich Heine.

Dostoïevski. Jean-Marie Guyau. Etc. Puis les quelques kilos de « la sienne ». Entre guillemets, ses kilos d'œu- vre personnelle, car tous tirés à compte d'auteur.

Exception faite des 300 grammes ou plus de son premier-et-dernier livre dédié à Richard et, pour cause, édité par Schmeïtzner, l'éditeur de Richard. Foutre ! Passons ! Grâce au poids desquels ses deux chemises blanches, disposées tout là-dessous, peuvent rester dans leurs plis sans préjudice ni dommage (il faut bien que les livres servent à quelque chose) en vue des trois grandes occasions de sa vie : Venise, piazza San

(17)

Marco ; la Carmen, de Bizet ; la Saint-Sylvestre, à Naumbourg, chez sa mère et avec elle. Ou alors, comme il retourne de moins en moins souvent en Allemagne, et même, quasiment plus du tout, plus jamais pour tout dire — mieux s'en porte-t-il —, la Saint-Sylvestre, fête entre toutes les fêtes, à l'endroit même où il se trouve dans le moment, une auberge, une pension de Nice ou de la Riviera. Pourvu qu'il y ait un sapin. Des boules de Noël. Des couronnes de guirlan- des.

(18)

Première partie LA NUIT

(19)

raison une certaine jeunesse d'Allemagne qui, délais- sant Goethe et les maîtres de Weimar, découvre et ressuscite Kleist, et Hôlderlin — Hôlderlin qui ressem- blait à Mozart —, dans de pieuses chapelles d'espé- rance. Comme nous, toi et moi, dans une chambre où il y a des fleurs. Aujourd'hui.

Il lui a dit :

— On dira qu'au lieu de ressusciter Thadeus, j'eusse dû te parler. Mais ce fut le désir de ta volonté : tu voulais me connaître dans ce qu'aucun homme n'ose- rait dire. Ensuite, Thadeus n'aura été qu'un bel inter- médiaire, un moyen de communication dont les senti- ments révélés rendirent possible la condition même de notre rapprochement — la Porte Dorée de notre alliance. Enfin, tout le temps que j'ai parlé de lui, selon ta volonté, pour moi il était vraiment mort, tué. Car je ne songeais qu'à regarder ta bouche, tes lèvres, les lèvres de ta bouche dont je n'oserai jamais dire que j'ai eu soif, pendant que, te parlant de lui, je ne parlais qu'à toi.

Que dira-t-on, Eva ?

(20)

19

Dans l'île aux Paons, il allait faire jour. À l'ouest du grand Wannsee, sur la réalité de la terre ferme, Berlin se réveillait et commençait à sortir des maisons, du côté des fabriques et des manufactures de Zehlendorf et Dahlem.

Avec le sentiment que l'Allemagne n'avait vieilli que d'un jour, mais elle, d'une éternité, Eva von Stein répondit à la question de son frère.

— Que dira-t-on ? On dira que j'étais une femme.

Que j'ai mal fait de me soucier de toi. Que tu n'en valais pas la peine. On dira que ton mal, même, n'était pas vrai. Fausse, ta souffrance. Artificielle, ta tumeur au cerveau. Inventée, indolore, ta démence. Mais je t'au- rais vu avoir mal, et n'en rien dire, ce qui est tout à fait décent. Ensuite, je t'ai vu t'émouvoir, comme je n'au- rais jamais cru, sur une ligne de Musset dont j'ai rapporté La Confession de mon voyage en France. Si cette seule ligne sur la souffrance des autres ne t'avait

(21)

rien dit, tu ne l'aurais pas soulignée, à en percer la page, avec une mine de crayon. Puis, à la fin, lorsque le docteur Abramchir m'a dit : « Pour lui. Lorsque les crises »..., et qu'il m'a remis cette préparation, du chloral pur, je n'ai plus douté que tu fusses vraiment malade, et que mes mains, en te transmettant cette drogue, ce médicament, t'apportaient un secours justi- fié, nécessaire.

Elle a ajouté :

— On dira que j'ai fréquenté Netchaïev — entre nous, je l'appelais « Gennadi » — parce qu'il était tout ton contraire. Et qu'à ce moment de ma vie, j'avais besoin, faim et soif non d'être femme — humaine —, mais d'une fête de vertiges, et de fréquenter ton contraire. Tous ceux qui n'étaient pas toi. Tes frères ennemis. Ces jeunes gens terribles et dangereusement vrais qui, eux, ne rêvent pas leur vie, ne la font pas attendre, mais qui la massacrent, la violentent, la suicident, et qui la tuent par la force d'un désespoir qui ne se donne pas le temps, le privilège de s'éterniser sur la terre aux dépens de ceux qu'ils concernent.

— Ce Russe, tu l'appelais « Gennadi » !...

Elle a dit :

— On dira, s'il te plaît, que Gennadi n'a aucune importance. Il ne fut, lui aussi, que le médium, l'inter- médiaire, le moyen terme. On dira que toi, exclusive- ment, m'importe, et que je t'ai rejoint à l'heure et au jour qu'il fallait. On dira, Heinrich, que nous avons bu du Champagne, enivrés de nous-mêmes jusqu'aux der- nières heures d'une nuit de noces, et que nous ne savons plus ce que nous sommes en train de nous dire, à force d'être inévitablement attirés l'un par l'autre. Car on dira que l'amour, entre nous, n'est pas passé aux actes, et que c'est regrettable — comme l'absence de la

(22)

signature qui achève un tableau, et lui donne une existence consommée, sa marque pour toujours. Mais on dira — ceux qui n'exigent pas de preuves — que la peinture du tableau suffit à imaginer ses couleurs, et le reste — leur mélange.

On dira que j'aime les miroirs de Venise. Les miroirs de Venise du XVI siècle, et le luxe de leur cadre à l'éclat particulier. Tout comme celui-ci, qu'en prévision de notre départ j'ai fait mettre dans la chambre, et signé par les Del Gallo. On dira que j'aime le verre cristallin des miroirs de Venise, mais aussi l'éclat de tous les miroirs qui ne sont ni vénitiens, ni signés.

— Les miroirs t'aiment.

— On ne le dira pas, a-t-elle répondu. Ce serait vaniteux. Mais on dira, de ma vanité, qu'elle aurait dû embrasser l'empereur d'Allemagne. Pour chacun de mes baisers, en cadeau, le Kaiser m'eût donné un château, la verrerie de Kunkkel et ses pâtes de verres rouges — ses kunkkelgläsers —, et la Maison du Cava- lier, et toutes les serres de la Kaiserine. TOUT ! Mais je ne voulais pas tout. Je voulais n'être digne que de moi.

On ne pourra pas dire le contraire. Mais je ne saurais vouloir qu'on dise que je suis belle. Beauté de femme est accident. De préférence, je voudrais que l'on dise que j'aime la musique, et Mozart, et Gustav Mahler, et Frédéric Chopin — Polonais comme Thadeus, Italien comme le Caravage. Et, en particulier, que j'ai aimé, que j'aimerais jusqu'à ce que les pierres fondent, ce qui, pour moi, est sans égal : l' aria per contralto n° 47 de la Passion selon Saint-Matthieu, de Bach. On dira que, tout à l'heure, après que nous nous fûmes habillés, parés de nouveaux habits...

... Eva von Stein a passé l'Aria, de Bach, sur le gramophone de leur chambre. Afin qu'il fût moins

(23)

difficile à son frère d'achever d'écrire la dernière strophe de leur poème à deux mains.

Enfin, lorsqu'ils furent habillés de leurs vêtements de rechange (l'un des deux paravents n'ayant pas été suffisamment déplié, devant sa sœur, von Stein se trouva placé de telle sorte que ses yeux, par le reflet du miroir de Venise, purent la voir dévêtue, nue, un instant, elle, sa bouche, ses lèvres), il lui a dit, en s'approchant d'elle — elle écoutait l'Aria de Bach —, après avoir ouvert le coffret acajou :

— On dira que je n'ai pas existé — toi non plus. Cela fera moins de peine à ceux que nous aimions. Eux. On dira que nous n'avons pas su vivre — ceux qui ne croyaient pas en nous. On dira que rien n'est écrit.

L'Anglais ! Ou que tout est écrit. Le Meister. Que nous n'avons pas été humains, ni vécu dans une histoire vraie. Authentique. On dira, et l'on pourra dire de ce rêve de Hollande en Baltique, de Pologne au Levant, de soleil en Allemagne, qu'il manque de soleil, et d'étoiles, et de rayons de lune. Ou d'évidence. On le dira. Mais personne, sur la terre, ou dans le ciel, et s'il y a un ciel, et du soleil, et des étoiles, et des rayons de lune, ne pourra pas dire que ce n'est pas écrit jusqu'à ce que les pierres fondent. Car c'est écrit, I love you. Eva, je t'aime.

Il faisait jour. L'aube lavait la nuit. L'auberge, et ses parages, ont entendu l de Bach, puis les détona- tions de la dernière strophe.

Commence alors le dernier matin.

Au premier tir de pistolet, Davide Fino a couru dans

(24)

les escaliers, jusqu'au couloir de leur chambre, close de l'intérieur, et dont l'aubergiste n'a pas eu la force d'ouvrir la porte, malgré son passe.

Eva von Stein venait d'être tuée, de mourir. Des mains de son frère.

... En arrivant dans l'île, la veille, à Pfaueninsel, ils se sont fait conduire sur la tombe d'Henri de Kleist, qui s'est donné la mort sur cette même terre en compagnie d'Henriette Vogel. Sur l'épitaphe de la pierre tombale du poète, elle a lu ce que dit Hombourg, dans ce passage du livre, immortel, qu'elle connaissait par cœur.

Nun, o Unsterblichkeit, bist du ganz mein.

Maintenant, ô Immortalité ! tu m'appartiens toute entière.

Au second tir de pistolet, le secrétaire Heinrich Himmer, et ses agents ont investi l'auberge Ending, armes au poing, forçant à coup d'épaules et de bottes la porte de leur chambre.

Heinrich von Stein venait de se tuer.

Lorsque cet homme en habit gris a fait irruption dans la chambre des morts, leur chien, Reichsho, lui a sauté à la gorge. Que personne ne les touche. Par la bienfaisance de l'équité en toute chose, Heinrich Him- mer, secrétaire général de la police de Berlin, a eu le temps de se voir mourir. Égorgé par le chien, gardien des morts, et sur lequel les agents Hakenkreuz et Portepee ont dû vider les chargeurs de leurs armes, avant de l'abattre, et, ainsi, de lui faire lâcher prise.

(25)

... Ceux qui avaient pu les voir n'en finirent pas de commenter, entre eux, le charme de ce couple en voyage qu'accompagnait un chien. Deux étrangers sur la terre, auxquels rien de la terre ne semblait étranger.

Car ils regardèrent tout, si bien, avec tant de bonheur, qu'on pouvait croire qu'ils arrivaient dans l'île pour la première fois.

(26)

APRÈS

(27)
(28)

Sils, Engadine.

Le jour se lève, précédé de l'aurore, son voile de mariée. L'Engadine sera belle à voir, cette année, avec ses chalets des Grisons aux façades peintes de devises et leurs fenêtres à encorbellements. Belle à voir. Belle.

Au lever du soleil.

Au lever du soleil, le Meister ne tient plus debout. La dernière dose de chloral l'a presque tué — endormi dans le premier avertissement d'une mort fulgurante, préalable, et dont les prochains relais passeront par Turin puis Weimar, villes drapées de noir où il s'est vu mourir deux fois.

Prosit ! Musique ! Comme le soleil, et ce nouveau jour qui vient, qui arrive, le Meister, car il tient à la vie, s'est levé. Relevé. Ne sachant plus ce qu'il a fait entre le m o m e n t d u r a n t lequel il s'est dévisagé dans le miroir

— Spiegel — au-dessus du lavabo, et celui où sa mémoire a passé en revue le contenu de sa cantine posée p a r terre.

(29)

— Moi ! Moi ! Moi ! J'en ai assez, de moi ! vient-il de dire au moment où il s'est approché de la table, et de la pile de feuillets entassés dessus, couverts de son illisi- ble écriture.

Tout est bien là, pourtant. Illisible. Mal calligraphié.

Mais sans aucune rature. Donc, le nouvel attentat est commis. Le livre à faire et à finir, existe. Sa « philoso- phie », autre nom de la solitude et du silence, en a frappé l'ultime note. Les hommes ne le regardent plus, eux, les humains, mais il aura fini par leur rendre service en tuant leurs idoles. Dans son livre. Après une mauvaise nuit.

À présent, doucement ! Expier ! Survivre ! Il ne faut pas mourir. Turin et Weimar ne sont que des rêves — d'invraisemblables rêves d'Italie en Allemagne. D'a- bord, rite, exorcisme, il se lave la figure et les mains.

Puis, ainsi qu'il l'a vu faire par les vendeurs de marrons chauds, établis sous la porte de Brandebourg, à Berlin, le Meister se réchauffe les mains au-dessus du poêle en faïence. Dans ce chalet, dans cette mansarde, lui, Ponce-Pilate et Judas expiateur des perles et de l'or du grand œuvre qui n'est pas encore né de sa « philoso- phie », il se lave les mains du négoce de ses dons et de ce livre fait, fini, à ces Messieurs de l'Apocalypse : en l'occurrence, MM. Fritzsch et Naumann, nouveaux édi- teurs, sans doute par miséricorde, du monstre papivore de ses « saintes écritures » qui font peur à l'Allema- gne.

— Pourquoi pas ! Pourquoi pas ! répète-t-il.

Au point où il en est, après un acte si coupable — la méchanceté de ce qu'il vient d'écrire —, pourquoi ne plongerait-il pas sa main droite, l'instrument de la

(30)

Grande Guerre, du vieux règlement de comptes, et de l'altercation, oui ! toute sa main droite dans les flam- mes expiatoires et salubres du Feu ! Jadis, il avait eu le courage de faire exactement cela, dans les boulets de braise d'un brasero, à l'École royale de Pforta. Au sens propre du geste, et de l'acte, il avait mis sa main au feu.

Afin de prouver, et démontrer, aux Latins et aux Grecs de sa promotion — ces petites natures dégénérées ! — qu'aucun d'eux sauf lui-même n'était digne de Mucius Scaevola, et des autres seigneurs.

— Herren ! J'attends un roi ! dit-il.

En cet instant du livre, accompli, qu'il ne lui reste plus qu'à « gueuler » avant de le relire, cet homme aux yeux gris (mais il sont bleus, ses yeux, d'un bleu intense, quand on l'approche et qu'il parle, la pupille de l'œil gauche surtout, plus irisée de bleu car plus petite que celle de l'œil droit), l'hôte à 80 pfennigs par jour du chasseur de chamois, s'est donné parole, juré, une fois de plus, ici même, à Sils — et après combien de torches rallumées, en vain, dans le désert ! — de finir pour éblouir ses amies, les étoiles. Pour se faire du bien.

Conquérir une audience. Puisqu'il est avéré que les Allemands et Berlin ne savent plus adorer que l'im- mense bêtise de M. Heinrich von Treitschke, les vers tuberculeux de Freiligrath, poète, et l'opium bayreuthien du Festspielhaus, ce théâtre des fêtes ignominieusement sis, et assis, dans l'ignominieuse Franconie des cambistes et des buveurs de bière ! Ses antipodes.

Dans le chalet qui dort, excepté lui, et le chasseur, en bas, qu'il entend décrasser son canon de fusil, ses martèlements de brodequins et ses déclamations de luthérien hérétique ont tiré de leur sommeil la petite jeune fille et la femme de la maison.

(31)

Insoucieux de cet orage d'homme, là-haut, qui a fini par réveiller son épouse et sa fille, et trouvant même de l'honneur à pensionner cet hôte, depuis que le mon- sieur lui a dit, un soir de gentillesse, qu'il ne faisait jamais mieux ses écritures que sous les poutres de son toit, le chasseur de chamois, campé dans sa cuisine, le ventre fortifié d'une bonne part de jambon, d'un verre de vin de l'Inn, et l'âme nette du bénédicité qu'il vient de dire pour remercier Notre-Seigneur d'être encore de ce monde, achève de décrasser le canon de son fusil, en se disant que les chamois seront beaux à courir, cette saison, en Engadine.

— Si c'est pas une misère ! vient se plaindre son épouse. Pour rien que 80 pfennigs par jour, ça n'est pas Dieu chrétien de réveiller le monde comme ça ! Avant le cri du coq !

Le logeur du Meister prie son épouse de pardonner leur pensionnaire.

— Le monsieur, il répète ses écritures. C'est comme cela qu'il fait toujours, et qu'il a toujours fait. Laissez- moi avec lui. Je vais l'attendre.

En cet instant pur, hyperboréen où l'Europe, le sombre empire, ne déploie pas le spectre de la déca- dence et de ses ailes mortes, jusqu'à cette altitude, sur les alpages de l'aube du plus haut des villages de la haute Engadine, lui, l'insomniaque, l'ami du soleil ennemi de ses yeux, le banni d'Arcadie parqué aux tables d'hôte, l'un des ultimes virtuoses de la langue gothique, l'égal, ignoré par ses pairs, de Luther et de Goethe, cet incendiaire des catacombes, dynamiteur insensé des cavernes de Platon et de leurs ombres, lui, le Meister, éboueur des idoles, est en train de rugir les

(32)

notes de son dernier livre pour personne qu'il a encore pu improviser avant la fin, avant « Weimar », avant

« Turin », avant l'effondrement et la mort à midi, en arrachant la brûlure des pages, l'incandescence de leurs mots, aux dieux et aux rois de la mauvaise nuit.

Après, le Meister fut heureux. Il a chanté. Il n'y a plus de doute. Son livre trouvera sûrement une place sur les rayons de la postérité.

Un livre pour personne. Qu'importe !

— Personne est le premier nom de la postérité — ma postérité ! a dit le Meister en sortant de la niche, de la Nuit.

Lorsque peu de temps après, à la pointe du jour, son heure coutumière, l'hôte du chasseur est descendu à la cuisine, son bol de cacao et sa tasse de thé, très fort le thé, l'attendaient sur la table. Dans son coin favori.

Près de l'horloge, et du feu de l'âtre.

— Gruss Gott ! Chasseur. Cette nuit, j'ai bien écrit.

C'est pour ne pas obliger son épouse aux excentrici- tés du monsieur, que le logeur lui prépare lui-même son premier déjeuner. Ce service d'homme à homme est compris dans la pension mais, plus encore, dans l'accord de leurs habitudes, depuis que le Meister passe régulièrement une partie de l'été chez le chasseur de chamois.

— Buvez tant que c'est chaud, monsieur.

— Vas-tu en tuer, aujourd'hui ? demande le Meis- ter.

— Je ne sais pas. La terre est cassante. Ils vont m'entendre venir de loin. Ils ont de l'oreille, vous savez !

(33)

— Donc, tu n'en tueras pas ?

— Qui peut savoir ! Par ce temps-ci, je ne devrais pas en tuer. Mais j'en tuerais, peut-être. Qui peut savoir ! Avec les chamois, on ne sait jamais.

— Fais-moi du bien, chasseur. N'en tue pas, aujour- d'hui.

De sa voix lente, aussi mesurée que les nuages bleus du tabac qu'il tire de sa pipe, le logeur s'est étonné de la demande de son hôte.

— Pourquoi vous voudriez que je n'en tire pas, aujourd'hui ?

— Parce que j'attends une visite, chasseur. Une grande visite.

— Vous voulez dire, une de ces jeunes dames de Zurich, qui vous tiennent la fourchette, à l'auberge de chez David, puis qui vous causent, après, dans votre promenade ?

— Non, chasseur. Tu n'y es pas. Cette fois-ci, ce ne sera pas une dame. Ni ma chère, très chère Métina. Ni l'élégante Mlle von Schirnhofer. Ni la petite Hélène..

— Qui attendez-vous donc, alors ?

Le Meister a souri, presque ému, avant de répon- dre.

— Un ami, chasseur. Un hobereau prussien. Un roi ! Tu sais, il n'est pas venu pour l'Engadine. Il vient pour moi. C'est le premier qui vienne, ici, pour moi. Il l'a dit au portier de l'hôtel, dans le village.

— Ah, ça ! si c'est un roi, et si cela peut vous contenter, je n'en tuerai pas, aujourd'hui !

— Juré, chasseur ? Promis ? L'homme le jura.

— A la place, tiens ! j'irai aux cailles.

Alors, fou de joie, le Meister a serré la main de l'homme.

(34)

« ... dès qu'il ira mieux, von Stein retournera voir le Meister. Où qu'il puisse se trouver, Nizza, Venise, ou Sils. Von Stein a juré, promis. Le Meister l'attend.

Quelque part. En ce moment. En Europe »...

Mais le Meister, qui a perdu toute notion du temps et oublié la visite d'Henrich von Stein, deux ans plus tôt, pour ne plus se rappeler que sa promesse de revenir à Sils, ne pouvait pas savoir qu'il attendait un mort.

Quant au chasseur, il n'a jamais vu de roi.

Achevé d'imprimer le 20 Août 1981 sur les presses de l'imprimerie Hérissey

A Évreux (Eure) N° d'éditeur : 9486 Dépôt légal : 3 trim. 1981

N° d'imprimeur : 28185

(35)

robert sainz

un roi d'allemagne dans la nuit d'occident

Romantisme pas mort : tout dans le roman de Robert Sainz le démontre, depuis le souffle incandescent de l'écriture jusqu'aux idées qui s'y expriment de façon voilée. Ainsi, autour d'Heinrich von Stein, image altière et douloureuse du romantisme allemand, et de sa sœur lumineuse Eva, gravitent les fantômes de Nietzsche, de Kleist, de Netchaïev, de Lawrence d'Arabie, de Wagner.

Mais, au-delà du symbole, c'est le roman passionné qui l'em- porte, cette course éperdue au-devant de la mort, de la vraie vie, de l'amour interdit, de l'Histoire peut-être.

Une méditation inscrite dans un récit, une quête sous forme d'opéra.

Robert Sainz est né en 1943 à Reims, d'un père espagnol et d'une mère champenoise. Il vit son adolescence au Québec. En 1980, il publie son premier roman, GEIJIN.

(36)

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia

‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Références

Documents relatifs

Grâce à la fonction Smart IR, l’intensité de l’éclairage  LED infrarouge s’ajuste automatiquement pour éviter la surexposition en mode de vision nocturne, de sorte

7 – Comment s’appelle l’homme avec qui la mère de Thomas avait rendez-vous ?. a) Il

Dès que le cours des événements pendant cette nuit le permettra aux fonctionnaires engagés dans l'opération, il faudra arrêter dans tous les arrondissements

Si Les Éphémères, Le Fol Espoir et Macbeth sont de véritables créations du Théâtre du Soleil, dirigées par Ariane Mnouchkine, le travail que le Théâtre du Soleil a mené autour

Masse d'air encore plus sèche en basses couches que la veille, et encore un vent d'Ouest-Sud-Ouest faible à modéré qui provoquera trop de brassage si le rayonnement arrive à

Subsidence toujours marquée durant la nuit avec inversion basse mais trop de flux et air pas assez humide. En fin de nuit, les nuages se font plus nombreux

Ce qui fait l'originalité profonde de l'ouvrage c'est cette étroite collaboration qui a uni un non-voyant à une voyante et a permis cette investigation unique

ET LES CONSIGNES SANITAIRES n Mesures de distanciation à respecter sur la plage et lors de la baignade : 2 mètres minimum entre chaque usager n Interdiction des regroupements de