• Aucun résultat trouvé

La poésie, un langage de l'intime, une expression libérée

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "La poésie, un langage de l'intime, une expression libérée"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

« La Poésie n’est pas ailleurs, ni là-bas, elle est ici. Partout où vivent, travaillent, jouent, aiment et souffrent et meurent les hommes. Partout où les uns et les autres retrouvent leur regard d’enfance…»

Alain Boudet1, poète , nous invite à porter un regard sur la poésie, différent de celui que véhicule l’école traditionnelle qui trop souvent transforme l’écriture poétique en un langage scolaire, pastiche de poésie…

Pour naître, l’écrit poétique demande que le poète s’éveille au regard du monde, se laisse pénétrer par l’imprévu, par les odeurs, les couleurs, laisse les mots s’échapper pour se mêler ensuite. Pour naître aux autres, le poème demande une écoute accueillante, loin de tout conformisme.

Entrer dans l’écrit poétique, c’est partager avec l’autre ses émois, ses peurs, ses joies, ses colères, par les mots détournés, au travers des images recréées, dans le jeu du langage intime. C’est se livrer, s’ouvrir au monde des émotions, oser le rêve, s’éloi- gner des stéréotypes. C’est entrer dans la complexité des sentiments, accepter l’incertitude, accueillir le plus profond pour le rendre visible au regard de l’autre.

Lire de la poésie, ce n’est ni décortiquer, ni analyser, ni interpréter, c’est se laisser pénétrer par l’autre, s’ouvrir à ses émotions et ses rêves, accueillir ses images pour les faire siennes.

La poésie pour enfant dont les recueils abondent, est, le plus souvent, un vocabu- laire de marchand dit Alain Boudet.Elle est fabriquée,fausse et sans âme.Ces textes, faits pour les enfants, oublient que celui-ci aime la complexité. Ils le considèrent comme un être sans épaisseur,incapable de comprendre les émotions de vrais textes poétiques. Ils l’enferment dans le jeu des rimes pauvres qui, sonnant à l’oreille, masquent le vide du texte. Ils l’abêtissent au lieu de l’élever et ne peuvent lui donner l’envie de se risquer au jeu de l’écriture poétique. Tout au plus l’amusent-ils…

La poésie est autre car elle est espace de liberté, de création, d’émancipation.

Donner à la poésie le statut de discipline scolaire avec des procédés à utiliser, des rituels à respecter, des normes à suivre, est en contradiction avec l’essence même de l’écriture poétique. Copier un poème, l’illustrer, l’apprendre par cœur, ne réus- sit pas à faire des adultes lecteurs ou auteurs de poèmes.

Peut-on, quand on veut permettre aux enfants d’entrer dans le langage poétique, se contenter de faire écrire « à la manière de » et recevoir ces écrits pastiches dont seules les rimes et jeux de mots marquent la forme poétique ? Peut-on prendre pour de la poésie ces textes forcés, formatés, qui ne peuvent porter l’intime du langage poétique ?

Faire entrer la poésie dans la classe c’est autoriser le rêve, permettre à l’intime de jaillir, donner à chacun, le langage de la liberté. C’est permettre un acte créateur, fondateur, grâce à la coopération et à la liberté d’expression donnée, et par l’enri- chissement culturel de tous.

Quand la poésie descend dans la rue, elle signe bien là sa volonté d’être pour tous.

Le Slam, art déclamatoire né dans les rues de Chicago, spectacle ouvert à tous, démocratise la poésie. Le langage cru de la cité s’autorise à franchir la scène pour que vibrent les colères, les amours, les révoltes. Accueilli à l’école, il permet aux jeunes de ces quartiers difficiles d’entrer en poésie. Il libère les mots, autorise le parler des banlieues et permet que chaque enfant ou jeune reconnu dans son acte créateur puisse s’oser à des écrits plus travaillés, puisse s’ouvrir aux poètes, et rece- voir alors des textes qui jusque-là lui étaient obscurs, inaccessibles. La poésie de la rue ouvre les portes à celle des poètes d’hier et d’aujourd’hui, la poésie se trans- met, évolue et se fait mémoire pour mieux s’enrichir et… nous enrichir.

1Alain Boudet : La toile de l’un : http://boudully.perso.cegetel.net/index.htm

Éditorial

La poésie, un langage de l’intime, une expression libérée...

Marguerite Bachy

Le nouvel éducateur – n° 174 – Décembre 2005 3

Références

Documents relatifs

finalement  évacué  vers  le  camp  de  Theresienstadt  en

Dans une monographie célèbre de 1906, le psychiatre allemand Emil Kraepelin a étudié les troubles du langage intérieur dans le rêve.. Parmi ces troubles se trouvent des

Et pour reprendre l'expression de Jacqueline Bertrand, nous ne trouvons pas dans les paysages présentés dans le n° 2 «l'éblouisse- ment de la cou leur ja ill ie

Les champs de colza ne sont plus les mêmes à celui qui a été, comme moi, témoin de cet engouement de la part des enfants, de cette volonté de communiquer, pour la partager,

Dans ce dossier Catherine Mazurie et Valérie Louis nous disent comment la rencontre avec des slameurs a permis aux enfants et aux jeunes de leurs classes, d’entrer en poésie, de

Enfin, suite aux réunions du groupe ICEM qui ont eu lieu au cours du pre- mier trimestre de cette année scolaire et au cours desquelles nous avons parlé de

Les enfants libres de s'occuper comme ils le désirent (dispensés de natation) prennent souvent le fichier-poésie et y choisissent des poèmes. Martin), ils les

Introduction à la modélisation acausale en Terminale STI2D et S - SI - Applications avec Scilab / SIMM Patrick Beynet - Xavier Pessoles.. M