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Thérèse de Lisieux et François-Xavier : des saints patrons pour la mission aujourd hui

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Academic year: 2022

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Thérèse de Lisieux et François-Xavier : des saints patrons pour la mission aujourd’hui

1. INTRODUCTION

Quand j’ai su que je devrais faire une conférence durant le pèlerinage, j’ai évidemment choisi de développer le thème central choisi par le sanctuaire à savoir Lourdes, la joie de la mission ! Je dois dire en préambule que ce thème peut faire peur en Belgique ! On a tous lu Tintin au Congo et on a en tête les bons pères en soutane blanche, très gentils, très généreux de leur personne, mais un peu paternalistes. Doit-on ajouter que le respect des cultures locales ou l’inculturation ne semblaient pas toujours être de mise.

Pourtant le thème de la mission est plus que jamais d’actualité ! Le pape François n’arrête pas de redire l’importance pour l’Église d’aller aux périphéries. Mais comment aborder la thématique pour ne pas faire de la théologie spéculative ? J’aurais pu prendre directement l’encyclique du pape François : La joie de l’évangile et la résumer. Je craignais à la fois une redite pour ceux qui l’avaient lue ou entendue (puisqu’elle existe en CD), mais aussi d’être trop indigeste. J’ai alors pensé à parler des deux saints patrons de la mission. Il y a plusieurs bonnes raisons pour partir d’eux. D’abord, ils sont deux : un homme et une femme. Il y a une jeune femme (morte à 24 ans) et un homme d’âge mûr (il meurt à 42 ans), il y a une contemplative et un apostolique.

Ensuite, ils ont des spiritualités différentes : ignacienne, marquée par l’activité apostolique et les Exercices spirituels, et carmélitaine.

Enfin, beaucoup de chrétiens aiment Thérèse de Lisieux et admirent saint François Xavier. J’aime moi- même beaucoup Thérèse de Lisieux qui m’a souvent touché dans ma vie de prêtre, et étant neveu d’un oncle jésuite missionnaire au Congo, je me dois un peu de parler de la Compagnie de Jésus !

Toutes ces qualités m’ont semblé intéressantes pour y puiser des enseignements pour vivre la mission dans la joie et rejoindre chacune et chacun des pèlerins -quel que soit son état de vie ou de santé. Pour commencer, prenons un critère chronologique, choisissons la figure de François Xavier.

2. SAINT FRANCOIS XAVIER

2.1. BIOGRAPHIE (Javier, 7 avril 1506 – île de Sancian, 3 décembre 1552)

Il est né à Javier, près de Pampelune, dans le Pays basque, en Navarre le 7 avril 1506. Il est décédé sur une île au large de Canton, en Chine, le 3 décembre 1552.

François Xavier avait choisi de devenir prêtre et d’étudier en France. Il fera la théologie à Paris, à la Sorbonne, partageant la chambre de Pierre Favre (un Savoyard qui vient d’être canonisé par le pape François en décembre 2013) puis de saint Ignace de Loyola qui les rejoint. Il est cofondateur, avec Ignace et Pierre, de la Compagnie de Jésus. Ils seront 7 qui feront leurs vœux le 15 août 1534 dans la chapelle Saint- Denis de Montmartre. François Xavier a 28 ans. Le but de la Compagnie est d’agir partout pour la plus grande gloire de Dieu. Leur désir est d’aller en Terre Sainte dans l’année et, si ce n’est pas possible, d’aller à Rome pour servir le pape. Ordonné prêtre à Venise avec ses confrères 3 ans plus tard en 1537, il va à Rome avec eux pour offrir leurs services au pape. En 1540, le projet de fondation religieuse est approuvé par le pape. Ils veulent suivre le Christ, travailler avec Lui, se tourner vers les pécheurs et les pauvres.

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2 Cette même année 1540, le roi Jean III de Portugal avait obtenu du pape Paul III que deux compagnons soient affectés aux jeunes missions des Indes. Deux sont choisis. François reste à Rome comme secrétaire de la Compagnie. Un des deux tombe malade et Ignace demande à François de le remplacer. François répond aussitôt : Me voici, me voici, puis il se retira pour empaqueter deux vieux pantalons et une soutane indescriptible. En mars 1540, François part à Lisbonne avec l’ambassadeur du Portugal.

Le 7 avril 1541 (il a 35 ans), François embarque à Lisbonne avec deux compagnons sur le Santiago. Il a juste pris un vêtement chaud, son bréviaire et une petite anthologie d’œuvres d’écrivains sacrés.

Il débarque à Goa en Inde (Goa avait été prise par les Portugais en 1510). Il a le titre de nonce apostolique.

Il a plein pouvoir sur les fidèles et infidèles de l’empire colonial portugais. François fera comme les apôtres : baptiser, enseigner, célébrer.

Sa pauvreté personnelle, ses austérités, son dévouement, sa prière, sa joie aussi, parleront aux cœurs des hommes plus encore que sa parole. Sa prédication, ce sera sa propre personne, sa vie, son exemple. Il rayonne. Il implante l’Église, laissant le soin à d’autres, derrière lui, d’organiser, de structurer, de former ces communautés. François, comme les Apôtres, est un pionnier, mais un pionnier qui porte le poids de toutes les églises qu’il fonde.

Après 7 mois à Goa, François est envoyé par le vice-roi au sud de l’Inde pour y annoncer l’évangile. Il part en septembre 1542. François va sillonner la région, pendant deux ans, avec trois clercs issus de cette région formés à Goa. Ces pêcheurs de perles faisaient partie de l’avant dernière caste, devant les parias. Il y avait +/- 30.000 personnes. C’est pour eux qu’il inventa une méthode d’enseignement religieux qui lui servira en d’autres régions dont il ignorait la langue : faire traduire par des indigènes bilingues les vérités essentielles de la foi, ainsi que les prières fondamentales –au risque que ce catéchisme contint des contre- sens graves ; s’entraîner lui-même à prononcer, tant bien que mal, ces traductions ; et les dire, ou, si c’était possible, les chanter devant ses auditoires, jusqu’à ce qu’ils les sachent par cœur. Sa personne, son charme, son inépuisable charité faisaient le reste. En octobre 1543, il repart à Goa pour chercher du renfort. La deuxième année, il dut protéger ses communautés persécutées et victimes des razzias de deux rajahs. François fera ce qu’il peut pour les soutenir, les ravitailler et négocier. Un rajah l’autorise à aller dans son pays. François n’hésite pas un instant. En un mois, il parcourt tout le pays. François est surpris lui- même des résultats et il écrit à saint Ignace :

Quant aux nouvelles de l’Inde,

je dois vous faire part que le Seigneur,

dans le royaume où je me trouve, a invité beaucoup d’hommes à se faire chrétiens. En un mois, j’en ai baptisé plus de dix mille.

François n’en oublie pas pour autant les Paravers de sa première mission.

François Xavier va aussi à Malacca (Singapour), déjà un centre du commerce de l’Orient, tenu par les Portugais. Durant trois mois, il essaye de remettre de l’ordre dans cette communauté qui n’était pas exemplaire. Il utilise la même méthode qu’à Goa : le contact direct. Il entre dans les foyers, va dans les tripots ( !!!), les maisons de jeux et de plaisirs. Il prêche et confesse le dimanche. Il s’occupe aussi des juifs, des musulmans, des malades, des pauvres et des prisonniers.

Le 1er janvier 1546 (il a presque 40 ans), il part (2.800 kms - 1740 miles !) pour les Moluques. Il trouve d’abord des marins espagnols prisonniers des Portugais. Ils sont dans les cales de 8 grands navires. François Xavier va les secourir comme il peut.

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3 La flotte m’a tenu en haleine du matin au soir,

écoutant un flot incessant de confessions,

visitant les malades, prêchant, confessant et réconfortant les mourants.

J’y ai passé tout mon temps pendant le carême, avant et après…

L’île d’Amboine fait environ 25 à 30 lieues de pourtour, elle est populeuse, avec sept villages de chrétiens.

Mi-juin 1546, il reprend la mer, car il veut visiter les îles et y annoncer l’évangile. On essaye de le dissuader à cause de la méchanceté des habitants. Comme il est déterminé on l’invite à prendre des antidotes. Il refuse :

Mes amis m’offrirent des antidotes avec des larmes, mais en les remerciant de tout mon cœur pour leur amour et leur bonté, je n’ai pas accepté leurs défensives, car je ne voulais pas me charger d’une crainte que je n’éprouvais pas, surtout rien perdre de la confiance que je fais entièrement à Dieu.

Il va dans l’île de Ternate. Goa y envoie les moins bons éléments et la population est païenne. François choisit une fois de plus de s’installer à l’hôpital et de s’occuper des malades et des mourants. Il prêche le dimanche aux quelques chrétiens. Son catéchisme eut un succès extraordinaire à Ternate. Les chants de François devinrent des tubes ! Il va rédiger son seul livre : une somme théologique.

Dans l’île du More, il passe trois mois très périlleux. Ce sont des empoisonneurs, des cannibales et des collectionneurs de têtes coupées… François ne connaît pas leur langue. Quand il en croise un, il lui sourit et il l’embrasse ! Il cherche qui, parmi les chrétiens, pourra diriger ces premières communautés.

En décembre 1546, il rejoint Ternate, puis Amboine, puis Malacca. Il y trouve trois confrères de la Compagnie de Jésus. François leur donne des nouvelles et les forme un mois, puis ils partent eux-mêmes dans les îles. Deux y mourront martyrs.

En décembre 1547, une autre surprise l’attend. Un noble japonais, Anjiro, ayant entendu parler de lui comme d’un homme de Dieu sortant de l’ordinaire, cherche un maître spirituel depuis cinq ans. Il a parcouru quasi 5.000 kms pour le trouver ! François apprend à connaître le Japon lors de ses discussions. Il en tire l’idée d’y aller.

J’ai demandé à Anjiro si les Japonais se feraient chrétiens si je revenais avec lui dans son pays. Il me répondit que non… Mais si je satisfaisais à leurs questions et si je me conduisais de telle manière qu’ils ne trouvent rien à blâmer dans ma conduite, alors, après m’avoir connu pendant six mois, le roi, la noblesse et tous les gens de distinction se feraient chrétiens, car les Japonais, disait-il, sont entièrement guidés par la loi de la raison.

Anjiro est baptisé avec deux autres Japonais à la cathédrale de Goa le 20 mai 1548 (fête de la Pentecôte).

Le 15 avril 1549, François quitte Goa avec les 3 Japonais, un frère et un prêtre, pour Malacca puis le Japon.

Le 15 août 1549 il accoste à Kagoshima. Il va rester 17 mois au Japon. Du 15 août 1549 au mois d’octobre 1550, François réside chez Anjiro et découvre les coutumes du pays (manger avec des baguettes, la cérémonie du thé, etc.) Anjiro traduit le catéchisme de François. François quitte Kagoshima pour Yamaguchi avec le frère et un Japonais. Il y réside de septembre à décembre 1550. Avec audace, sans permission, il va prêcher en pleine rue. C’est un échec total. Ils décident de partir tous les trois pour Miyako (= Kyoto). Ce sera le lieu d’une cruelle désillusion concernant le « roi ». Ils ne seront pas reçus et repartiront vers Yamaguchi en mars 1551.

François comprend que ce n’est pas le roi qu’il faut toucher, mais le daïmyo (puissant gouverneur féodal du Japon entre le XII et le XIXe siècle). Il se présente au daïmyo de Yamagushi et sort le grand jeu : il met

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4 ses vêtements de grand ambassadeur du pape et offre des cadeaux originaux : une horloge qui sonne les heures, deux paires de lunettes, un mousquet à trois canons et un tonnelet de vin de Porto ! Le daïmyo est subjugué et donne toute autorisation à François de prêcher ! Il leur laisse la disposition d’un temple bouddhiste pour se loger et recevoir.

Pendant 10 semaines, il n’y eut pas une seule conversion jusqu’à ce qu’un adversaire ne crache au visage du frère jésuite. Celui-ci, impassible, s’essuya avec un mouchoir et continua. Un opposant fut tellement épaté par ce sang froid qu’il se convertit et demanda le baptême ! Quand François quitta la ville en septembre, plus de 500 personnes avaient vécu une conversion.

La renommée de François grandit encore. Un autre daïmyo, celui du Bongo l’invite sur ses terres pour prêcher. François y va en août 1551 et y reste trois mois. Il décide alors de retourner prendre des nouvelles de l’Europe et des Indes en repartant à Malacca. Mais le bateau est pris dans une tempête et François doit accoster sur une île proche de la Chine (Canton). Il retrouve un Portugais qui a sur lui une lettre de compatriotes prisonniers en Chine et qui le supplie de venir les délivrer. C’est une illumination pour François. Il doit aller en Chine ! Ils atteignent Malacca le 27 décembre 1551. Il y est accueilli chaleureusement. François retourne alors à Goa et doit y remettre de l’ordre.

Il prépare avec Pereira, le capitaine portugais, son futur voyage en Chine. Ils se présenteront à la cour de Pékin comme ambassadeur du roi du Portugal et nonce du pape. Le 17 avril 1552, ils quittent le port de Goa (il a 46 ans). Arrivé à Malacca, ils tombent sur un commandant du port qui veut les empêcher d’aller en Chine. En septembre 1552, ils arrivent à l’île de Sancian, à 10 kms des rivages de la Chine (Canton). De suite, François commence à prêcher, à s’occuper des malades, des enfants, à prêcher, à catéchiser, à confesser. Il cherche aussi un passeur pour entrer en Chine, car le pays est interdit aux Occidentaux.

Le 21 novembre 1552, François se sent défaillir après une messe de funérailles pour un contrebandier. On lui fait une saignée et il s’évanouit. Le 3 décembre, il rend son âme à Dieu. On le met dans un coffre qu’on enterre. Quand le bateau quitte l’île, en février 1553, il ramène le corps de François. Le 22 mars, le bateau arrivait à Malacca. Pereira, le commandant du bateau, vint de Goa et prit la dépouille clandestinement chez lui pour la ramener à Goa. C’est là que son corps repose aujourd’hui encore dans une châsse, sans s’être décomposé.

Il est béatifié en 1619 et canonisé le 12 mars 1622 par le pape Grégoire XV, en même temps que saint Ignace de Loyola. Il est fêté liturgiquement le 3 décembre. Il est nommé saint patron de toutes les missions catholiques par le pape Pie XI en 1927.

2.2. SON ACTUALITÉ

Saint François Xavier, bien qu’il soit né il y a plus de 500 ans (un demi-millénaire !), continue à nous impressionner. Avoir parcouru autant de kilomètres après avoir été d’abord un étudiant longue durée cherchant au départ à faire carrière, avoir appris tant de langues, être mort si loin de son pays sont des faits qui suscitent l’admiration.

Sa manière d’être missionnaire impressionne aussi.

- Sa vie de prière fidèle (il a pris son bréviaire).

- Son souci d’aller prioritairement vers les pauvres, les petits, les malades quand il allait quelque part.

- Son souci de « toucher la tête » aussi : rencontrer les lettrés, les autorités, la Chine.

- Son espérance et son optimisme même si les déconvenues existaient.

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5 - Son sens de l’Église : il part comme nonce du pape, il cherche à rester en lien avec son « général » saint Ignace en lui écrivant souvent et en allant rechercher ses lettres ; son départ en mission avec toujours des frères qui l’accompagnent.

- Son respect pour les gens qu’il rencontre (les cadeaux qu’il offre, son respect des autorités).

- Son audace pour aller aux « périphéries » : les Amériques n’avaient été découvertes qu’en 1492.

Les Indes occidentales sont « conquises » au début du XVIe siècle. Quand François Xavier y va, il n’y a pas 40 ans que c’est découvert par les Occidentaux !

- Son discernement. François n’a pas vraiment une stratégie missionnaire. Il prie et se laisse interpeller par les appels successifs : le roi du Portugal, le pape, saint Ignace, le jeune Japonais.

- Sa foi intrépide qui va jusqu’à ne pas boire d’antidote par pure confiance en l’action du Christ.

- Sa passion pour le Christ qu’il veut faire connaître. Je veux citer ici deux extraits de lettres écrites à saint Ignace.

Lettres de saint François-Xavier à saint Ignace de Loyola Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile !

Nous avons traversé des villages de chrétiens qui s’étaient convertis il y a quelques années. Aucun Portugais n’habite en ces lieux, car la terre y est extrêmement stérile et pauvre. Faute de prêtres, les chrétiens qui y vivent ne savent rien d’autre que dire qu’ils sont chrétiens. Ils n’ont personne pour dire la Messe ; ils n’ont personne pour leur enseigner le Credo, le Pater Noster, l’Ave Maria et les Commandements de Dieu.

Lorsque je suis arrivé dans ces villages, je les ai tous parcourus activement et j’ai baptisé tous les enfants qui ne l’étaient pas encore. C’est pourquoi j’ai fait enfants de Dieu une grande multitude de petits enfants qui, comme on dit, ne savaient pas même distinguer leur droite de leur gauche. Les enfants m’assiégeaient tellement que je ne trouvais le temps ni de dire mon office, ni de manger, ni de prendre du repos ; il fallait absolument que je leur enseigne des prières ; je commençai alors à comprendre que c’est à eux qu’appartient le Royaume des Cieux.

Je ne pouvais refuser sans impiété une si sainte demande. Je commençais leur instruction par la confession du Père, du Fils et du Saint-Esprit, puis par le Credo, le Pater Noster, l’Ave Maria. J’ai reconnu en eux de grandes ressources ; s’ils avaient quelqu’un pour leur enseigner les préceptes du christianisme, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens.

Des foules ici manquent de devenir chrétiennes, faute d’hommes qui se consacrent à la tâche de les instruire. Bien souvent, il me prend envie de descendre vers les universités d’Europe, spécialement celle de Paris, et de crier à pleine voix, comme un homme qui a perdu le jugement, à ceux qui ont plus de science que de désir de l’employer avec profit : Combien d’âmes manquent la gloire du ciel et tombent en enfer à cause de votre négligence !

Quand ils étudient les belles-lettres, s’ils voulaient étudier aussi le compte que Dieu leur demandera pour le talent qu’il leur a donné ! Beaucoup sentiraient peut-être le besoin de s’engager alors à des exercices spirituels qui les mèneraient à découvrir la volonté divine, après avoir renoncé à leurs propres inclinations, et à crier à Dieu : Seigneur, me voici. Que voulez-vous que je fasse ? Envoyez-moi où vous voudrez, oui, même chez les Indiens.

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6 (Lettres du 28 octobre 1542 et du 15 janvier 1544, texte original espagnol dans : Epistolae S. Francisci Xavierii aliaque ejus scripta, éd. G. Schurhammer, s.j., et I. Wicki, s.j., t.I, M.H.S.J., 67, Rome, 1944, pp. 147- 148 et 166-167).

Tout cela doit encore nous inspirer ! On peut critiquer sans doute certaines manières de faire (baptiser à tour de bras sans avoir beaucoup catéchisé par exemple, ne pas avoir assez rencontré le bouddhisme et l’islam), mais cela ne retire pas les mérites de saint François Xavier qui reste fort estimé en Asie encore aujourd’hui.

3. Sainte Thérèse de Lisieux (Alençon 2/1/1873 – Lisieux 30/09/1897) 3.1. Sa biographie

La petite Thérèse est très connue comme sainte Thérèse de Lisieux ou Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Elle l’est sans doute moins comme sainte patronne principale des pays de mission à l’égal de saint François Xavier. C’est le pape Pie XI qui l’a proclamée ainsi le 14 décembre 1927. On peut s’étonner qu’une jeune fille décédée de la tuberculose à 24 ans, et qui n’avait jamais quitté sa Normandie que pour aller de Paris en pèlerinage à Rome, ait été nommée patronne des missions. On aurait pu choisir saint Paul, connu pour ses voyages missionnaires, ou la grande Thérèse, réformatrice du Carmel et fondatrice de nombreux couvents en Europe. Mais non ! Alors pourquoi ce choix du pape ? Il faut retracer rapidement sa biographie et faire un peu d’histoire.

Thérèse Martin entre à 15 ans au Carmel de Lisieux (en avril 1888). Elle a eu une dérogation de son évêque, à la suite à sa demande exprimée au pape Léon XIII lors de son pèlerinage à Rome en novembre 1887. Elle exprime ses motivations ainsi : Je suis venue au Carmel pour sauver des âmes et surtout afin de prier pour les prêtres (Ms A, 69 v°). (Durant son pèlerinage à Rome, elle avait été profondément étonnée de voir comment se comportaient les prêtres, qu’elle imaginait être des anges !). Sa vocation n’a pas pour objectif de rejoindre ses deux sœurs ou de vivre l’union à Dieu personnelle pour sa propre jouissance, mais d’être au service de l’Église en priant pour le monde. Il y a donc en elle un souci « apostolique ».

3.1.1. Naissance du souci / désir missionnaire

Ce souci remonte à son enfance. À treize ans, un dimanche de juillet 1887, elle voit à la cathédrale Saint- Pierre de Lisieux une image du Christ en croix dans son missel.

Un Dimanche, en regardant une photographie de Notre-Seigneur en Croix, je fus frappée par le sang qui tombait d'une de ses mains Divines, j'éprouvai une grande peine en pensant que ce sang tombait à terre sans que personne ne s'empresse de le recueillir, et je résolus de me tenir en esprit au pied de la Croix pour recevoir la Divine rosée qui en découlait, comprenant qu'il me faudrait ensuite la répandre sur les âmes. Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : J'ai soif ! Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive. Je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé et je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes. Ce n'était pas encore les âmes de prêtres qui m'attiraient, mais celle des grands pécheurs, je brûlais du désir de les arracher aux flammes éternelles. (Ms A 45 v°, dans Œuvres complètes, 1992, p. 143, Cerf-DDB).

Ce souci pastoral, elle va l’exercer en priant pour la conversion de l’assassin de deux femmes et une petite fille qu’il avait égorgées en mars 1887. Henri Pranzini fut condamné à mort le 13 juillet 1887 et guillotiné le 31 août. Elle veut le sauver de l’enfer et prie pour lui. Avant d’être guillotiné, il embrasse un crucifix que lui

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7 tendait un prêtre. Pour Thérèse, ce geste est la réponse du Seigneur au signe qu’elle attendait, signe d’autant plus frappant que c’était suite à la méditation sur le Crucifié qu’elle avait voulu se consacrer au salut des âmes.

Thérèse va devenir « pêcheur d’hommes ». Elle sait aussi désormais que le Seigneur exauce sa prière et qu’elle peut tout lui demander. Ce souci missionnaire ne s’arrête pas pour Thérèse à la prière. Elle aurait voulu partir elle-même en mission. Elle aurait voulu partir pour le carmel d’Hanoi que venait de fonder le carmel de Saïgon. (Le carmel de Saïgon, en Indochine à l’époque, au Vietnam aujourd’hui, avait été fondé par le carmel de Lisieux, le plus petit et le plus pauvre de France. Les quatre premières sœurs arrivent en 1861 à Saïgon. En 1895, le carmel ayant pris de l’ampleur va fonder un nouveau carmel à Hanoï. En juin 1896, les bâtiments étaient construits.) Thérèse baigne dans cet esprit missionnaire au carmel de Lisieux.

Elle était convaincue qu’elle allait partir en Indochine. Depuis mon entrée dans l’arche bénie (= le carmel), j’ai toujours pensé que si Jésus ne m’emportait pas bien vite au Ciel, le sort de la petite colombe de Noé serait le mien ; qu’un jour le Seigneur ouvrirait la fenêtre de l’arche et me dirait de voler bien loin, bien loin, vers des rivages infidèles portant avec moi la petite branche d’olivier. Ma Mère, cette pensée a fait grandir mon âme, elle m’a fait planer plus haut que tout le créé (Ms C, 8 v°, Op. cit., p. 246).

Thérèse avait aussi évoqué son désir missionnaire dans le Manuscrit B.

Je voudrais parcourir la terre, prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta Croix glorieuse, mais, ô mon Bien-Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même temps annoncer l’Evangile dans les cinq parties du monde et jusque dans les îles les plus reculées… Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde jusqu’à la consommation des siècles (Manuscrit B, 3 r°, in Op. cit., p. 224).

À défaut de pouvoir partir elle-même physiquement, elle va recevoir deux cadeaux magnifiques.

3.1.2. L’abbé Maurice Barthélémy-Bellière (1874-1907)

Le 17 octobre 1895, un séminariste, Maurice Bellière, fait la demande à la prieure du carmel, Mère Agnès, qu’une carmélite l’aide à persévérer dans sa vocation et prenne spécialement en charge son apostolat quand il serait ordonné prêtre. La prieure pense immédiatement à Thérèse et va la chercher à la lessive pour lui confier ce séminariste. Thérèse avait toujours rêvé d’avoir un frère prêtre, mais ce n’était pas possible puisque ses petits frères étaient décédés en bas âge. Elle reçoit à 22 ans un frère de son âge, futur prêtre et futur missionnaire !

Pour lui, elle va redoubler d’ardeur et offrir toutes ses prières et tous ses actes de renoncement. Thérèse va vite l’appeler mon cher petit frère.

Maurice Bellière est né le 10 juin 1874. Sa mère étant morte 8 jours après sa naissance, il a été recueilli et élevé par sa tante, Madame Barthélémy. Celle-ci aura de la peine à le voir prendre le chemin de la mission.

Maurice Bellière a d’abord pensé à entrer dans l’armée. Il n’a pas eu une jeunesse sans aspérité et a mené une vie parfois « légère ». Dans sa correspondance, Thérèse va le former à la confiance envers l’amour miséricordieux.

L’abbé Bellière s’embarque le 29 septembre 1897 pour le noviciat des Pères Blancs à Alger. Quelques jours après la mort de Thérèse, il prend l’habit. Il est ordonné prêtre en 1901. De 1902 à 1904, il exerce son

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8 ministère au Nyassa (Mozambique-Tanzanie-Malawi, au sud-est de l’Afrique). Sa mauvaise santé l’obligea à revenir en France en 1906 (maladie du sommeil). Il mourut à Caen, sa ville natale en 1907, à l’hospice du Bon Sauveur où était mort Louis Martin, le père de Thérèse, quelques années plus tôt.

Thérèse se montre patiente et encourageante, maîtresse spirituelle. Elle est affectueuse et ferme. Elle l’assure de sa prière, de ses sacrifices, mais aussi d’être à ses côtés après sa propre mort. Je ferai plus qu'écrire à mon cher petit frère, je serai tout près de lui, je verrai tout ce qui lui est nécessaire et je ne laisserai pas de repos au bon Dieu qu'Il ne m'ait donné tout ce que je voudrai ! (Lettre du 13 juillet 1897, Op.

cit., p. 618).

Moi qui ne suis pas pour rien votre petite sœur, je vous promets de vous faire goûter après mon départ pour l’éternelle vie ce qu’on peut trouver de bonheur à sentir près de soi une âme amie. Ce ne sera pas cette correspondance plus ou moins éloignée, toujours bien incomplète, que vous paraissiez regretter, mais un entretien fraternel qui charmera les anges, un entretien que les créatures ne pourront blâmer puisqu’il leur sera caché (Lettre du 26 juillet 1897, Op. cit., p. 618).

Elle lui fera un legs. Voici la part que ma Mère vous donnera : - 1° le reliquaire que j’ai reçu le jour de ma prise d’habit et qui depuis ne m’a jamais quittée. – 2° Un petit crucifix qui m’est incomparablement plus cher que le grand car ce n’est plus le premier qui m’avait été donné que j’ai maintenant. (…) Depuis que je suis malade, je tiens presque toujours dans mes mains notre cher petit crucifix (Lettre du 10 août 1897, Op.

cit., p. 621).

3.1.3. Le Père Adolphe Roulland (1870-1934)

En mai 1896, la Mère Marie de Gonzague recevait une demande pour qu’elle donne à une sœur la responsabilité de se soucier d’un aspirant missionnaire. Le Père Adolphe Rouland, de la Société des Missions étrangères à Paris (MEP), souhaitait que son futur apostolat en Extrême Orient soit pris en charge dans la prière par une carmélite. Sitôt la lettre lue, la prieure fait venir Thérèse dans son bureau et lui demande de répondre à la requête.

Cela fait à peine sept mois que Thérèse a reçu un frère prêtre, l’abbé Bellière. Elle accepte avec joie ce deuxième cadeau. Elle va confectionner une pale, un corporal et un purificatoire que la prieure enverra à Paris pour sa première messe en juin.

Adolphe Roulland est né au sud de Bayeux en 1870. Il a demandé à entrer au séminaire des Missions étrangères de Paris en 1892. Ordonné prêtre le 28 juin 1896, il se rend ensuite dans sa famille en Normandie pour saluer sa famille. Il célèbre une première messe à Lisieux au carmel. Ils s’échangeront plus tard leur photographie ainsi que des lettres. Il partira ensuite en Chine (au Su-Tchuen = Sichuan). Les chrétiens sont persécutés en Chine quand le Père Roulland y arrive.

Après 13 ans de ministère sur place, le Père quitte la Chine pour revenir rue du Bac à la maison mère des MEP au séminaire. En 1917, il n’accepte pas de devenir évêque et devient en 1921 directeur du noviciat des frères de Dormans (Marne). Il assiste à la canonisation de Thérèse en 1925 et devient un de ses

« prédicateurs » (fan !). Il meurt en 1934 à l’âge de 64 ans.

Quand son frère part pour la Chine en 1896, elle lui écrit. Elle vient de recevoir sa photo qu’elle a pu garder dans sa cellule. Elle a fixé la carte du Su-Tchuen au mur de l’emploi où elle travaille.

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9 À Dieu, mon Frère… la distance ne pourra jamais séparer nos âmes. Si je vais bientôt dans le Ciel, je demanderai à Jésus la permission d’aller vous visiter au Su-tchuen et nous continuerons ensemble notre apostolat. En attendant je vous serai toujours unie par la prière et je demande à Notre Seigneur de ne jamais me laisser jouir lorsque vous souffrirez (Ste Thérèse, Lettre 193 du 30 juillet 1896 au Père Roulland, Op. cit., pp. 547-548).

Dans sa dernière lettre, qu’elle lui adresse le 14 juillet 1897, Thérèse lui dit qu’elle tiendra ses promesses et que son âme volera vers les lointaines régions qu’il évangélise. Ah ! mon frère, je le sens, je vous serai bien plus utile au Ciel que sur la terre et c’est avec bonheur que je viens vous annoncer ma prochaine entrée dans cette bienheureuse cité, sûre que vous partagerez ma joie et remercierez le Seigneur de me donner le moyen de vous aider plus efficacement dans vos œuvres apostoliques (Lettre 254, 14 juillet 1897, Op. cit., p.

609).

3.2. Une agonie missionnaire

Les jeudi et vendredi saints 1896, Thérèse vit deux hémoptysies. Elle se sait « condamnée ». Au printemps 1897, sa santé se dégrade rapidement. Thérèse est transférée à l’infirmerie le 8 juillet. Dans son infirmerie, elle continue à écrire à ses frères prêtres jusqu’au bout. Sa dernière lettre, écrite le 25 août 1897, est adressée à l’abbé Bellière. Il s’agit de la dédicace au dos de la dernière image que Thérèse a peinte. (Op.

cit., p. 624). Elle regarde la photo de l’abbé Bellière (p. 1089).

Un jour de mai 1897, sœur Marie du Sacré Cœur rencontre Thérèse dans le jardin. (L’infirmière lui avait conseillé de faire tous les jours une petite promenade d’un quart d’heure dans le jardin.) Elle marchait péniblement et pour ainsi dire à bout de forces. Vous feriez bien mieux, lui dit-elle, de vous reposer. Cette promenade ne peut vous faire aucun bien dans de pareilles conditions. Vous vous épuisez et c’est tout. - C’est vrai, répondit-elle, mais savez-vous ce qui me donne des forces ? Eh bien, je marche pour un missionnaire. Je pense que là-bas, bien loin, l’un d’eux est peut-être épuisé dans ses courses apostoliques, et, pour diminuer ses fatigues, j’offre les miennes au bon Dieu. (derniers entretiens, p.

1182).

Aux rideaux de son lit, elle a accroché la photo de Théophane Vénard, martyr au Tonkin, décapité en 1861 et montrant le ciel avec son doigt, et une relique de lui qu’elle caresse tous les soirs (béatifié en 1909 et canonisé en 1988) (p. 1087), consolation d’avoir le portrait de Théophane Vénard (pp. 1100, 1105). On lui apporte une relique de Théophane le 6 septembre et elle en pleure de joie (pp. 1123, 1125) ; elle veut embrasser les reliques de Théophane Vénard le 11 septembre (pp. 1126, 1133). Le 24 septembre, elle caresse le portrait de Théophane (p. 1136). Le 30 septembre à 17h encore.

L’annonce de l’Évangile dans le monde entier ne cesse de l’habiter. Elle pressent que sa mission posthume n’aura pas de limite. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre (17/7/ derniers entretiens, p.

1050).

Elle manifeste encore le désir d’aller au carmel d’Hanoï en mai 1897. Cela a été l’objet d’un discernement en novembre 1896 durant lequel elle est tombée malade. Alors qu’on lui dit que certaines l’attendent encore au carmel d’Hanoi, le 2 septembre, elle dit qu’elle ira prochainement.

Elle cite 17 fois Théophane Vénard dans ses derniers entretiens. Elle demande qu’on remplace l’argent pour des fleurs à ses funérailles par le rachat d’Africains captifs (p. 1000). Elle met une fleur à la photo (p.

1094). Elle caresse Théophane sur les deux joues : Parce que je ne peux pas l’embrasser (p. 1096).

(10)

10 Elle récite l’angélus pour Maurice et le petit Roulland le 4 septembre (p. 1121). Elle cite le père Bellière qui l’appelle sa petite Thérèse le 21 septembre (p. 1131).

Elle demande de l’eau de Lourdes le 27 septembre (p. 1138).

Je sens que je vais entrer dans le repos… Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l’aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le Bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera sur la terre jusqu’à la fin du monde. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre (17/07, Op. cit., p. 1050).

Le 30 septembre, dernier jour de sa vie : Jamais je n’aurais cru qu’il était possible de tant souffrir ! Jamais ! jamais ! Je ne puis m’expliquer cela que par les désirs ardents que j’ai eus de sauver des âmes (p. 1144).

3.3. Patronne des Missions

Quand le pape Pie XI (6/2/1922 – 10/2/1939) déclare sainte Thérèse patronne des missions le 14 décembre 1927, il faut savoir qu’il l’avait déjà béatifiée en 1923 et canonisée en 1925. Il l’appelait l’étoile de son pontificat. 30 ans après sa mort, elle recevait un patronage qui faisait écho à son souci de faire connaître l’amour miséricordieux du Seigneur au monde. Son souci pour ses frères missionnaires n’était que la pointe de l’iceberg !

Avoir reconnu son souci missionnaire, mais aussi faire écho à son désir de continuer à accompagner ce souci de son intercession auprès du Père, c’était lui rendre un hommage mérité.

Cela se mettait aussi dans la continuité de ce pape qui venait d’ordonner les premiers évêques chinois en 1926.

3.4. Son actualité

3.4.1. Son souci de passer son Ciel à faire du bien sur la terre

Puisque Thérèse a manifesté son désir de soutenir l’effort missionnaire, il ne faut pas hésiter à la solliciter ! C’est son bonheur de servir !

3.4.2. Les voyages de ses reliques

Depuis 1994, on a recommencé à emmener les reliques de Thérèse un peu partout dans le monde.

Elles manifestent extérieurement l’action et l’influence de Thérèse de par le monde et elles permettent de faire connaître sa petite voie de confiance et d’amour.

3.4.3. Un contexte avec des analogies

Thérèse a vécu dans un temps où les critiques à l’encontre de la foi et de l’Église étaient virulentes. Les polémiques étaient violentes. La mission était aussi dangereuse. Ceux qui ont déjà visité la crypte des Missions étrangères rue du Bac à Paris ont pu frémir devant les cangues, machettes, coutelas, menottes qui ont servi pour tant de martyrs. Nous pensons à tous les chrétiens martyrisés aujourd’hui encore en Orient. Thérèse a connu aussi la nuit de la foi, la non-évidence du Ciel. Elle a aussi été missionnaire de la miséricorde au sein de sa propre communauté.

4. Des saints patrons pour la mission d’aujourd’hui ?

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11 Lorsqu’en 1927, le pape Pie XI a répondu à la demande des évêques du monde de proclamer Thérèse de Lisieux patronne des missions à l’égal de saint François-Xavier, il était habité par l’Esprit Saint ! Il donnait deux saints patrons complémentaires du souci de la mission.

La mission, c’est annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour sauveur de Dieu ! Combien de personnes ne sont pas en attente de cette annonce ? Anjiro, le Japonais qui vint trouver François Xavier, cherchait la paix du cœur. Il avait un crime sur la conscience. Qui pouvait lui apporter la paix du cœur sinon le Christ miséricordieux que François révélait ? Barthélémy Bellière avait aussi des problèmes de conscience.

Thérèse l’apaisa en lui révélant un Dieu non pas justicier, mais plein de tendresse.

Thérèse et François nous rappellent l’importance de toujours joindre « contemplation », c’est-à-dire la prière, l’amour du Christ, et « action », c’est-à-dire le souci des autres, l’apostolat. Thérèse était une priante apostolique, vivant des sacrifices et posant des actes d’amour (envoyer des poèmes, des lettres, des dessins, marchant péniblement durant sa maladie, supportant ses consœurs !) pour la mission.

François Xavier était un apôtre priant. Il restait fidèle à la prière et uni au Christ, ayant choisi de se mettre sous l’étendard du Christ, comme le disent les Exercices spirituels.

Si on veut cantonner chacun des deux dans son « étiquette » de contemplatif et d’apostolique, on a l’image du combat de Josué dans la plaine contre les Amalécites pendant que Moïse prie sur la montagne, les bras levés au ciel, soutenus par Aaron et Hour (Ex, 17, 8-13).

Le pape François est un fils de saint Ignace et de saint François Xavier. La dimension missionnaire jusqu’aux extrémités de la terre le touche, lui qui vient de l’autre bout de la terre pour être évêque de Rome ! Mais il aime aussi beaucoup Thérèse, lui qui envoyait des images d’elle dans les lettres qu’il adressait. Lui qui est sensible à la miséricorde divine (c’est dans sa devise Miserando atque eligendo = en ayant de la miséricorde et en le choisissant en parlant du regard du Christ sur Mathieu) ne peut qu’être touché par la petite voie de Thérèse.

5. Conclusions

Nous sommes venus à Lourdes pour nous ressourcer. Nous sommes venus grâce à l’invitation ou l’annonce que nous avons entendue. Et ici, à Lourdes, le Seigneur nous rappelle que la mission est à vivre par tous les chrétiens, quels que soient notre âge, notre santé, notre état de vie ! Allez, de toutes les nations faites des disciples ! (Mt 28,19).

Si on est jeune et qu’on peut physiquement partir au loin, c’est important de savoir qu’il y a encore des besoins ! Si on est incapable de sortir de chez soi, si on est malade, on peut aussi être missionnaire par nos sacrifices et notre prière. La mission est pour tous. Thérèse et François nous le rappellent !

La mission est toujours une annonce du salut ! Pas étonnant que François ait souvent choisi de commencer par les malades et les pauvres. Pas étonnant non plus que Thérèse ait tant insisté sur la miséricorde. À Lourdes, la mission se fait aussi par le souci des pauvres, des pécheurs, des malades et des personnes ayant un handicap.

Lourdes, la joie de la mission. Effectivement, Marie a été la missionnaire du salut, elle qui s’est présentée comme la sauvée du péché, l’Immaculée Conception. Nous partageons cette grâce à Lourdes en nous

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12 laissant réconcilier par le Seigneur, en allant aux piscines, mais aussi en vivant la charité fraternelle et en aidant les autres ! On vit la mission ici ! Mais en priant ici pour les autres aussi !

Lourdes, la joie de la mission. Bernadette fut elle-même la première missionnaire de Lourdes ! Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais de vous le dire ! Bernadette a été à la fois « saint François-Xavier » annonçant la Bonne Nouvelle et « sainte Thérèse » en nous montrant qu’elle avait été choisie parce que la plus pauvre de Lourdes, la plus petite, mais aussi par sa prière ici et à Nevers et par sa Passion dans sa maladie.

À nous de devenir des disciples missionnaires pour notre joie et celle des autres ! Merci pour eux ! Je vous remercie pour votre écoute !

Abbé Fabrice de Saint Moulin

P.S. Le texte sur saint François-Xavier a été réalisé avec l’aide du site www.jesuites.be

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