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PAPILLONS DE NUIT ET CHENILLES DU QUÉBEC ET DES MARITIMES. Michel Leboeuf Stéphane Le Tirant

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PAPILLONS DE NUIT ET CHENILLES DU QUÉBEC ET DES MARITIMES Michel Leboeuf Stéphane Le Tirant

Michel Leboeuf Stéphane Le Tirant

PAPILLONS DE NUIT

DU QUÉBEC ET DES MARITIMES ET CHENILLES

editionsmichelquintin.ca

9 782897 623050 ISBN 978-2-89762-305-0

to come FSC

Partez à la découverte d’un monde mystérieux

Un guide de terrain facile à consulter pour identifi er 125 espèces de papillons de nuit et leurs chenilles parmi les plus communes et les plus spectaculaires

Des fi ches d’identifi cation par espèce bien documentées

Des illustrations et des photos de grande qualité

Des cartes de répartition et la nomenclature les plus à jour

Des textes éclairants sur la biologie et l’écologie des papillons

nocturnes

Des trucs et des conseils pour les attirer et les photographier

Vulgarisateur scientifi que et auteur prolifi que, Michel Leboeuf a déjà à son actif une quinzaine d’ouvrages documentaires sur la fl ore et la faune. Récipiendaire à deux reprises du prix Hubert-Reeves pour le meilleur ouvrage de vulgarisation, il a été rédacteur en chef du magazine Nature sauvage pendant 10 ans. Il œuvre désormais au sein d’une fi ducie de conservation dans Lanaudière.

Conservateur de la collection scientifi que de l’Insectarium de Montréal,

Stéphane Le Tirant est le co-créateur de l’événement Papillons en

liberté au Jardin botanique de Montréal. Auteur de nombreux articles scienti fi ques sur les insectes, il a aussi co-écrit avec Michel Leboeuf le guide Papillons et chenilles du Québec et des Maritimes dans la même collection.

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Michel Leboeuf Stéphane Le Tirant

PAPILLONS DE NUIT

DU QUÉBEC ET DES MARITIMES ET CHENILLES

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Leboeuf, Michel, 1962-, auteur

Papillons de nuit et chenilles du Québec et des Maritimes / Michel Leboeuf, Stéphane Le Tirant.

(Guides nature Quintin)

Comprend des références bibliographiques et un index.

ISBN 978-2-89762-304-3 (couverture rigide) ISBN 978-2-89762-305-0 (couverture souple)

1. Papillons nocturnes - Québec (Province) - Identification. 2. Papillons nocturnes - Provinces maritimes - Identification. 3. Chenilles - Québec (Province) - Identification. 4. Chenilles - Provinces maritimes - Identification. I. Le Tirant, Stéphane, auteur. II. Titre. III. Collection : Guides nature Quintin.

QL552.L422 2018 595.7809714 C2017-942569-2 Édition : Johanne Ménard

Illustrations : Marthe Boisjoly Révision linguistique : Serge Gagné

Conception graphique : Ruth Pelletier et Sandy Lampron Mise en page : Sandy Lampron

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

Les Éditions Michel Quintin bénéficient du soutien financier de la SODEC et du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

ISBN 978-2-89762-305-0 (reliure souple) ISBN 978-2-89762-304-3 (reliure cartonnée)

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018 – Bibliothèque et Archives Canada, 2018

©

2018, Éditions Michel Quintin Éditions Michel Quintin Montréal (Québec) Canada editionsmichelquintin.ca info@editionsmichelquintin.ca

18-Leo-1

Imprimé en Chine

to come

FSC Édition : Johanne Ménard

Illustrations : Marthe Boisjoly Révision linguistique : Serge Gagné

Conception graphique : Ruth Pelletier et Sandy Lampron Mise en page : Sandy Lampron

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

Les Éditions Michel Quintin bénéficient du soutien financier de la SODEC et du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

ISBN 978-2-89762-305-0 (reliure souple) ISBN 978-2-89762-304-3 (reliure cartonnée) ISBN 978-2-89762-333-3 (PDF)

©

2018, Éditions Michel Quintin Éditions Michel Quintin Montréal (Québec) Canada editionsmichelquintin.ca info@editionsmichelquintin.ca

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Cet ouvrage est dédié à toutes les personnes qui œuvrent, la plupart du temps dans l’ombre et souvent bénévolement, à étudier et protéger les espèces sauvages et à conserver les milieux naturels pour les prochaines générations.

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Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier les personnes suivantes qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage : le Dr Jean- Pierre Bourassa pour ses encouragements, son amitié et, plus spécifi- quement, pour avoir accepté avec enthousiasme de signer la préface ; Christian Hébert, chercheur scientifique en écologie et diversité des insectes forestiers au Centre de foresterie des Laurentides, pour ses commentaires et annotations quant à nos propositions de noms com- muns pour 11 espèces de lépidoptères qui étaient orphelines d’une désignation française avant la parution de l’ouvrage, de même que Rémi Hébert, coordonnateur de la situation générale des espèces au Service canadien de la faune, pour la collaboration et la considération des propositions formulées dans le cadre du même exercice ; Vincent Lacombe, pour son aide quant aux espèces du genre Catocala, un groupe dont les individus sont parfois difficiles à identifier ; Anne Bugnet et Réjean Dumas, biologistes au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, pour leur aide à la recherche d’informations sur la répartition des espèces à l’île d’Anticosti et, pour les mêmes raisons, Gaétan Laprise, technicien de la faune au même ministère, ainsi qu’Éric Savard, responsable du Service de la conservation et de l’éducation au parc national d’Anticosti ; Carle Bélanger et Joël Malouin, pour leur aide quant à la répartition de plusieurs espèces sur la Côte-Nord ou à Anticosti ; Marthe Boisjoly, qui a réalisé toutes les illustrations de chenilles et de papillons du livre avec une patience d’ange et un grand souci d’exactitude ; enfin les Éditions Michel Quintin et son équipe de production – Johanne Ménard, éditrice ; Sandy Lampron, graphiste ; Serge Gagné, réviseur linguistique − et, plus particulièrement, Michel Quintin, qui a accepté de publier ce travail, donnant ainsi au grand public une clé pour ouvrir un monde merveilleux et insoupçonné, celui des papillons de nuit.

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Préface ...8

Introduction ...11

Première partie CONNAÎTRE ET OBSERVER LES PAPILLONS DE NUIT ET LEURS CHENILLES ...15

1. Évolution, diversité et biologie ...17

2. Où et quand observer ...33

3. Attirer les papillons et trouver des chenilles ...43

4. Des papillons et des hommes ...53

Deuxième partie 125 PAPILLONS DE NUIT À CONNAÎTRE ET RECONNAÎTRE ...59

Comment utiliser les fiches d’espèces ...60

Neuf familles à découvrir ...62

Tortricidés ...64

Drépanidés ...66

Géométridés ...72

Lasiocampidés ...86

Saturnidés ...94

Sphingidés ...110

Notodontidés ...150

Érébidés ...186

Noctuidés ...246

POUR EN SAVOIR PLUS ...315

Glossaire ...316

Correspondance entre les noms communs et scientifiques des plantes hôtes ...320

Liste des espèces observées ...326

Crédits photographiques ...328

Références bibliographiques ...329

Index ...332

Table des matières

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Préface

J

e ne peux que me réjouir de la sortie de ce nouveau livre, surtout qu’il porte sur un monde séduisant, celui des papillons nocturnes. Il émerge de la passion de deux grands naturalistes québécois dont la mission est de susciter l’intérêt du public sur les composantes de la nature et, surtout, sur leurs fonctions dans l’équilibre de nos écosystèmes. Ces auteurs, dont les écrits sont nombreux et très consultés, tentent de rejoindre non seulement les spécialistes ou habitués de l’observation des papillons, mais aussi ceux qui veulent s’y initier. Papillons de nuit et chenilles du Québec et des Maritimes est un véritable hymne à la beauté de ces insectes et aussi une réflexion sur leur fragilité.

Cet ouvrage trouve son originalité dans le choix de papillons tout à fait merveilleux. Il nous présente aussi des informations pertinentes pour leur observation et leur identification. Les photographies, très bien choisies, révèlent par ailleurs des caractéristiques utiles à l’observateur.

En période nocturne, alors que tout semble au ralenti, ces espèces s’activent, s’alimentent, se séduisent en vue de se reproduire. Ils accom- plissent ainsi, par des comportements souvent très complexes, leur cycle vital. Les auteurs n’ont pas hésité à décrire les différentes étapes de développement de ces papillons, en fournissant notamment une description détaillée de leurs chenilles dans les fiches d’identification.

En ce sens, Papillons de nuit et chenilles du Québec et des Maritimes est accessible à la fois aux profanes et aux étudiants en sciences naturelles soucieux d’en connaître davantage sur ces animaux.

Les noms populaires donnés aux papillons nocturnes sont exception- nellement beaux. Voici quelques exemples choisis parmi les 125 espèces présentées : papillon impérial, papillon à épaulettes, sphinx, géomètre, papillon lune, livrée, noctuelle, spongieuse, légionnaire, tordeuse, saturnie, chenille rhinocéros, chenille licorne, isie isabelle − une espèce dont on croise souvent la chenille, bien visible, sur les pistes cyclables ou près des maisons. Tous ces noms sont évocateurs de formes, de cou- leurs et de comportements particuliers qui ne peuvent que déclencher une passion pour l’observation des papillons ainsi nommés et les faire apprécier à leur juste valeur. Ces insectes jouent des rôles essentiels dans la nature, bien que certains puissent parfois s’en prendre à des ressources végétales que nous convoitons aussi !

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Michel Lebœuf, vulgarisateur scientifique et rédacteur en chef du maga- zine Nature sauvage, et Stéphane Le Tirant, entomologiste à l’Insectarium de Montréal, peuvent être fiers de cette contribution à la sensibilisation du grand public et à l’avancement des connaissances des entomologistes amateurs et des professionnels en exercice et en devenir.

Messieurs les auteurs et chers collègues entomologistes, par ce travail, vous soulèverez la passion du grand public pour de magnifiques bestioles auxquelles personne ne peut rester insensible. Vous êtes manifestement soucieux de transmettre les fruits de vos observations et aussi cette affection qui vous anime pour le monde naturel. Ce livre doit faire partie de la collection de tout amoureux de la nature.

Bravo à vous deux, Michel et Stéphane. Mon admiration de biologiste entomologiste vous accompagne.

Dr Jean-Pierre Bourassa Professeur émérite Université du Québec à Trois-Rivières

Sphinx du peuplier

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Diacrisie de Virginie

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Introduction

Les papillons nocturnes forment un groupe d’insectes des plus éni gmatiques. La plupart surgis- sent au crépuscule ou à la nuit tombée et disparaissent aux pre- mières lueurs du jour. Ni vus ni connus. On ne prend conscience de ces êtres fugaces que durant les plus belles nuits de l’été, tandis qu’ils tournoient sous le porche, étourdis, autour des lumières de la maison. Ou encore on les découvre immobiles, au matin, contre le mur du chalet ou le tronc d’un arbre.

Les chenilles des lépidoptères noc turnes rampent dans les bois les plus profonds, mais elles fré- quentent aussi les jardins, arpen- tant le feuillage des arbres et des arbustes, sillonnant les parterres gazonnés, broutant parfois à notre grand dam le feuillage de nos légumes. Certaines, les plus poilues et les plus colorées, ne sont pas aussi douces qu’il n’y paraît : quelques-unes peuvent provoquer des réactions allergiques lorsqu’on les manipule avec les mains. On laisse parfois les enfants jouer avec elles, sans le savoir.

D’autres larves, par leur abon- dance, causent des dommages économiques aux cultures maraî- chères comme le maïs ou le soya ;

d’autres encore s’attaquent aux forêts exploitées par l’industrie.

Au chapitre économique, ces espè- ces sont parfois responsables de pertes financières considérables mais, écologiquement parlant, elles contribuent à la régénération des peuplements.

Les papillons nocturnes jouent ainsi un rôle de premier plan dans les milieux naturels. D’autres exemples de services écologiques rendus par les adultes et leurs che- nilles ? Ces espèces représentent une source alimentaire de premier plan pour les oiseaux, les petits mammifères terrestres et les chauves-souris. Plusieurs d’entre elles, butineuses au stade adulte, aident également à la pollinisation des fleurs des végétaux cultivés et sauvages. Enfin, les déjections de leurs chenilles stimulent l’activité des animaux décomposeurs de la litière forestière.

À proposdecetouvrage L’objectif du livre que vous tenez entre les mains est de vous aider à mieux connaître la biologie et l’écologie des papillons nocturnes, de même qu’à identifier 125 des espèces les plus communes et les plus singulières qu’il est possible de rencontrer au Québec et dans les Maritimes.

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On compte près de 2 600 espèces de lépidoptères dans nos régions, et environ 95 % d’entre elles sont des papillons de nuit. Il nous a donc fallu faire des choix. Si plu- sieurs espèces sont minuscules, rares, difficiles à trouver ou à dis- tinguer les unes des autres pour le non-spécialiste, d’autres sont grandes, colorées, communes, lar- gement réparties sur le territoire et, surtout, faciles à identifier.

La liste des espèces présentées dans l’ouvrage a été déterminée se- lon l’abondance (espèce commune ou très commune), mais aussi en fonction de la facilité d’identifi- cation. Parfois c’est le caractère exceptionnel de l’adulte ou de la

chenille d’une espèce (apparence, couleurs, comportements, etc.) ou encore son impact écologique ou économique (par exemple, la tordeuse des bourgeons de l’épi- nette) qui a fait en sorte qu’elle figure dans le livre.

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Chenille à raies jaunes

Noctuelle verte

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La première partie est tout autant encyclopédique que pratique. On y traite de la biologie et de l’écologie des lépidoptères nocturnes, mais on y présente aussi des conseils et des trucs pour repérer et observer ces espèces en milieu naturel.

Le chapitre un s’intéresse à l’évo- lution, au cycle de vie et à la diversité des papillons de nuit.

Les exigences écologiques des espèces, de même que les lieux et les moments les plus propices à l’observation sont les thèmes abordés dans le chapitre deux. Les meilleures manières d’attirer et d’observer les adultes ailés et leurs chenilles sont les principaux sujets du chapitre trois. Enfin, le chapitre quatre traite de la conservation des lépidoptères nocturnes.

La deuxième partie, le cœur de l’ou vrage, brosse le portrait de 125 espèces réparties au sein de neuf grandes familles au Québec et dans les Maritimes (géométridés, saturnidés, sphingidés, notodon- tidés, érébidés, noctuidés, etc.).

Enfin, la troisième partie regroupe, notamment, un glossaire des ter- mes utilisés, des références biblio- graphiques et un index.

Du vol erratique du papillon lune à celui, rapide, du vif sphinx colibri, de la singulière livrée de la faucille lignée au parfait camouflage de la likenée rose, les papillons de nuit envoûtent, hypnotisent, ensor- cellent. Partez à leur découverte.

13 Diacrisie de Virginie

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CONNAÎTRE ET OBSERVER LES PAPILLONS DE NUIT ET LEURS CHENILLES

Première partie

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Noctuelle rose de l’onagre

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1

L’histoire évolutive des lépidop- tères est mal connue, en raison du peu de traces fossiles de ce groupe d’espèces. On croit néanmoins que l’émergence des papillons – et l’explosion du nombre d’espèces au sein de cet ordre d’insectes – est liée à celle des plantes à fleurs.

Ces dernières ont été, et sont tou- jours, une source de nourriture pour les lépidoptères : le nectar pour les adultes ; le tissu même des végétaux pour les chenilles. Co- évoluant ensemble depuis la pé- riode du Crétacé (de 144 à 65 mil- lions d’années avant aujourd’hui) et peut-être même durant le Juras- sique (de 205 à 144 millions d’an- nées avant aujourd’hui) , papillons et plantes se seraient ainsi associés

très tôt, pour leur bénéfice mutuel.

À preuve, les trois stades vitaux de développement des lépidoptères précédant le stade adulte (l’œuf, la chenille, la chrysalide), qui se déroulent à proximité d’une ou de quelques plantes hôtes leur ser- vant de garde-manger et de site de nidification.

Les premiers lépidoptères auraient été des insectes crépusculaires ou noctambules, récoltant le nectar à la nuit tombée, à l’abri du regard des prédateurs. Cette prédomi- nance des lépidoptères nocturnes sur les lépidoptères diurnes est en- core manifeste de nos jours (95 % des espèces à l’échelle mondiale ont un mode de vie nocturne).

Évolution, diversité et biologie

17 Diacrisie de Virginie

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La diversification des papillons s’est poursuivie au fil des millé- naires pour atteindre un nombre actuel d’espèces variant entre 175 000 et 500 000, plusieurs res - tant encore à découvrir et à dé- crire dans de nombreuses régions du monde.

un peud

anatomie

Les papillons affichent des carac- tères morphologiques partagés avec les autres insectes, dont la présence d’antennes et d’yeux composés et une organisation du corps en trois parties (tête, thorax, abdomen). Le thorax est à son tour segmenté en trois sections, cha- cune munie d’une paire de pattes (pour un total de six).

Au sein de la classe des insectes, l’ordre des lépidoptères (une dési- gnation dérivée des termes grecs lepidos signifiant « écaille » et pte- ron, « aile ») se distingue toutefois

par deux caractéristiques, soit la présence d’ailes recouvertes d’écailles et de pièces buccales en forme de trompe pour aspirer des liquides.

Certains papillons n’ont cepen- dant pas de pièces buccales et ne se nourriront donc pas au stade adulte, consacrant alors leur courte existence à la seule recher- che d’un partenaire du sexe op- posé pour perpétuer l’espèce.

papillonsdiurnescontre papillonsnocturnes

Dans l’usage courant, on distingue deux groupes de lépidoptères : les papillons diurnes (rhopalocères) et les papillons nocturnes (hété- rocères). Cette classification n’est cependant plus utilisée de nos jours par les entomologistes pro- fessionnels, et ce, pour diverses raisons. La distinction jour/nuit est, entre autres, loin d’être parfaite

18

Fossile de Seresilepidopteron dualis, découvert en Chine et remontant à 165-164 millions d’années

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19 Noctuelle de Smith

TÊTE

PATTES ANTÉRIEURES PATTES MÉDIANES

PATTES POSTÉRIEURES THORAX

ABDOMEN

Catocala cara

YEUX COMPOSÉS

TROMPE PALPE LABIAL

ANTENNES

Géomètre safran

AILES ANTÉRIEURES AILES POSTÉRIEURES

THORAX

TÊTE

AnAtomiedupApillon

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20

pour départager ces deux grou- pes, certaines espèces dites noc- turnes − comme des sphinx − volant par exemple le jour ou en fin de journée.

Mais la classification diurnes/

nocturnes demeure néanmoins pratique et facile d’utilisation.

On départage habituellement les espèces des deux groupes en utilisant plus spécifiquement le critère des antennes : tout papillon muni d’antennes dont l’extrémité se termine en forme de massue ou de crochet est un papillon de jour ; tous les autres sont des nocturnes.

Aussi, lorsqu’elles sont au repos, les espèces dites diurnes ont habituellement les ailes redressées et jointes les unes aux autres ; les

nocturnes, elles, rabattent leurs ailes à l’horizontale, de chaque côté de leur corps.

Les ailes postérieures sont rare- ment visibles chez les papillons de nuit, mais elles cachent souvent des couleurs plus éclatantes ou des motifs particuliers qui servent, parfois, à effaroucher un prédateur, comme de faux yeux.

macrocontre microlépidoptères

À leur tour, les papillons noc- turnes se subdivisent en deux autres groupes arbitraires, une subdivision cette fois basée sur la taille, et comprenant les petites, moyennes et grandes espèces – les macrolépidoptères – et les Antennes en forme de

massue d’un papillon de jour, le polygone virgule

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21 très petites espèces – les micro-

lépidoptères –, dont la longueur, de la tête au bout de l’abdomen, n’atteint parfois que 5 à 6 mm.

Ces dernières sont méconnues : des dizaines d’espèces restent à découvrir et à décrire, et on en sait généralement assez peu sur leur histoire naturelle.

La tordeuse des bourgeons de l’épinette (page 64) mise à part, tous les papillons présentés dans l’ouvrage sont des macrolépidop- tères nocturnes. Le lecteur inté- ressé à en apprendre davantage sur les microlépidoptères pourra consulter d’autres guides ou sites sur Internet plus spécialisés sur ce groupe particulier d’espèces, en général discrètes et très difficiles à identifier.

desindigènes

,

desexotiques

,

descosmopolites

La faune de lépidoptères noc- turnes de nos régions compte aussi quelques espèces venues d’ailleurs (du continent européen dans la plupart des cas), introduites for- tuitement ou volontairement.

Du nombre, un trio d’espèces incontournables : la spongieuse, Lymantria dispar, le papillon satiné, Leucoma salicis, et la fiancée, Noctua pronuba. Ces insectes partagent tous des caractéristiques com- munes, dont une grande tolérance quant à leur type de nourriture ou d’habitat, de même que de bonnes aptitudes en matière de dispersion et de colonisation de nouveaux territoires.

Les microlépidoptères ne font que quelques millimètres de longueur de la tête au bout de l’abdomen. En haut, Crambus agitatellus, 13-14 mm ; en bas : Archips strianus, 10-15 mm.

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De son arrivée dans la décennie 1860 à aujourd’hui, la spongieuse a par exemple augmenté considéra- blement son aire de répartition en Amérique du Nord. On la trouve maintenant dans tout le centre et l’est du continent. Opportuniste, l’espèce a connu une expansion fulgurante, particulièrement de la fin de la Seconde Guerre mon- diale au milieu des années 1980, laquelle est attribuable au compor- tement des femelles qui pondent fréquemment leurs masses d’œufs sous les voitures ou les camions, propageant ainsi rapidement et au loin les prochaines générations.

D’autres papillons de nuit sont présents à la fois en Amérique du Nord et sur d’autres continents. On dira alors de ces espèces qu’elles sont cosmopolites (présentes à peu près partout dans les deux hémis- phères) ou encore holarctiques (dans les régions septentrionales de la planète : nord de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Asie).

On trouve par exemple le ver-gris noir, Agrotis ipsilon (p. 298), une espèce cosmopolite, sur tous les continents, sauf en Antarctique.

Excellent colonisateur, ce papil- lon peut voler vite et loin : dans le cadre d’une étude réalisée au milieu des années 1980, des mâles capturés, marqués, relâchés et re- capturés ont franchi, en moins de 4 jours, des distances impression- nantes allant de 921 à 1 266 km.

L’espèce est considérée comme un ravageur du maïs et de différentes plantes graminées.

del

oeufÀl

adulte

Les lépidoptères passent, au cours de leur cycle vital, par quatre stades de développement : l’œuf, la chenille (ou larve), la chrysalide (ou nymphe) et l’adulte (imago).

Selon les espèces, une femelle pondra tous ses œufs en un seul endroit ou les répartira sur plu- sieurs sites de ponte : celle de la

22

Accouplement de spongieuses (la femelle, blanche, est en haut)

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23 Le cycle vital des papillons passe par quatre stades de développe­

ment : l’œuf, la chenille, la chrysalide et l’adulte. De haut en bas, les différents stades de la cténuche de Virginie, Ctenucha virginica : 1) œufs ; 2) chenille ; 3) chrysalide dans son cocon ; 4) stade adulte.

Les papillons qui fréquentent les régions tempérées, boréales ou arctiques survivent à la saison froide en ralentissant leur métabolisme.

Selon l’espèce, ils passent l’hiver sous l’une ou l’autre forme propre à chaque stade de développement.

Une vie, quatre stades

1

2

3 4

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spongieuse, Lymantria dispar, pond ses œufs sur les troncs des arbres en une grosse masse spongieuse protectrice ; celle de l’arpenteuse de la pruche, Lambdina fiscellaria, pond les siens en paquets de 2 ou 3 sur les lichens, les mousses ou les branches des plantes nourricières de l’espèce.

À la sortie de l’œuf, les chenilles s’alimentent sur une seule plante (appelée plante hôte ; par exemple le mélèze laricin, dans le cas de la saturnie du mélèze), parfois sur plusieurs végétaux d’un seul genre (par exemple les érables, le genre Acer) ou d’une seule famille (par exemple celle des bétulacées : les bouleaux, les aulnes, le charme de Caroline, le noisetier à long bec, etc.).

Plusieurs espèces traitées dans le guide sont polyphages ; elles se nourrissent du feuillage de mul- tiples arbres, arbustes et plantes herbacées dans leur habitat.

La chenille

Entre le moment où la chenille sort de l’œuf et celui où elle s’immobi- lise, quelques semaines plus tard, pour passer au stade de chrysalide, la larve du papillon passe le plus clair de son temps à brouter afin de gagner du poids, beaucoup de poids.

La masse de certaines espèces ira jusqu’à croître de 3 000, voire de 30 000 fois sa valeur initiale. Man- ger, manger et éviter d’être mangé, c’est le lot de toutes les chenilles.

Cette croissance très rapide exige le passage par plusieurs mues suc- cessives, appelées stades.

Le nombre de stades varie de 3 à 15 selon les espèces. La plupart des chenilles des papillons de nuit passent par cinq stades de crois- sance, bien que chez certains les femelles aient droit à un stade supplémentaire − comme chez la spongieuse −, ce qui permet à ces dernières de mieux préparer la ponte des oeufs et de faire en

24

La spongieuse pond ses œufs en grosses masses caractéristiques sur le tronc des arbres d’où émergent de minuscules chenilles.

(25)

25 sorte que lors de leur émergence en

adulte, au sortir de la chrysalide, les mâles adultes seront déjà là et prêts à féconder les femelles.

Les chenilles sont parfois fort dif- férentes d’un stade de croissance à un autre. Elles changent aussi leur comportement à l’approche de leur métamorphose en chrysalide, s’aventurant parfois à découvert dans l’habitat pour trouver l’en- droit idéal pour entreprendre cette étape. C’est la plupart du temps sous la forme du dernier stade avant la métamorphose qu’on rencontre les chenilles en milieu naturel – et c’est ainsi que nous les avons illustrées dans l’ouvrage.

Le corps de la chenille compte 13 segments, dont trois – les pre- miers situés juste derrière la tête – composeront le thorax du papillon adulte en devenir. Les six « vraies » pattes de l’adulte à venir (ou pattes ambulatoires) sont localisées sur ces trois segments antérieurs. Sur

les 10 autres segments, qui devien- dront l’abdomen, on remarque de

« fausses » pattes (pattes ventouses) qui aident à la locomotion de la chenille. Elles disparaîtront durant la métamorphose. La tête de la chenille compte 6 yeux simples, de chaque côté, et des mandibules pour déchirer et découper les tis- sus végétaux. Sur les flancs de son corps se remarquent des ouver- tures, appelées stigmates, pour ses échanges gazeux avec l’extérieur.

Les chenilles des papillons de nuit peuvent compter sur des adapta- tions destinées à les camoufler, ou encore à repousser ou effrayer d’éventuels attaquants. Car elles doivent affronter bien des périls avant de passer au stade suivant (celui de chrysalide) et les préda- teurs sont nombreux : araignées, petits mammifères et beaucoup d’oiseaux forestiers insectivores (parulines, viréos, roitelets et compagnie).

Cuculie de Speyer

TÊTE THORAX

(3 segments)

PATTE AMBULATOIRE PATTE

VENTOUSE PATTE ANALE

ABDOMEN (10 segments)

AnAtomiedelAchenille

(26)

La livrée verte de plusieurs che- nilles de sphinx ou de grands satur- nidés comme le papillon lune les rend pratiquement invisibles dans la végétation. Les larves de géomé- tridés sont des as du camouflage : non seulement leur robe imite- t-elle à la perfection la tige ou la ramille d’une plante hôte, mais ces chenilles adoptent aussi des com- portements qui accentuent l’effet, se tenant par exemple immobiles, en équilibre précaire, projetant tout leur corps dans le vide, mimant ainsi une tige divergente.

La stratégie des chenilles velues les plus colorées est tout autre. Cer- taines ont une toison urticante visant à décourager tout ennemi potentiel. Les longs poils creux sont fragiles et, lorsque brisés, libèreront des substances irritantes. Qui s’y frotte s’y pique : avis aux intéressés.

Leur visibilité dans l’habitat est un signal d’alarme pour les prédateurs.

C’est la stratégie adoptée par la ruti- lante chenille à houppes blanches (Orgyia leucostigma) ou celle de

l’halysidote maculée (Lophocampa maculata). D’autres encore, comme l’arctiide délicat ou l’arctiide de l’as- clépiade, en broutant les tissus de plantes contenant des substances répulsives, absorbent ces compo- sés et sont à toutes fins pratiques inconsommables, notamment pour les oiseaux.

L’aptitude de certains insectes à projeter des sécrétions défensives sur leurs assaillants s’observe chez plusieurs groupes (coléoptères, termites, fourmis, etc.) dont des chenilles de papillons. C’est le cas de quelques notodontidés tels que la chenille licorne, Schi- zura unicornis (p. 174), qui lorsque dérangée – ou maintenue trop for- tement entre les doigts – lance un jet d’acide (formique et acétique) provenant d’une glande située juste derrière la tête.

Les défenses qui sont générale- ment efficaces contre les préda- teurs (camouflage, substances toxiques, etc.) le sont beaucoup moins dans le cas d’attaques de

26

Chenille à houppes blanches

(27)

27 la part de pathogènes ou d’ani-

maux parasites ou parasitoïdes, dont, dans ce dernier cas, des guêpes minuscules qui pondent leurs œufs sur ou dans le corps des chenilles, assurant à leurs propres larves, une fois écloses, une source de nourriture fraîche. La chenille ainsi parasitée n’arrivera pas au terme de son développement.

Des virus ou d’autres pathogènes spécifiques aux chenilles des espèces les plus déprédatrices, comme la spongieuse, sont en grande partie responsables des cycles épidémiques de ces papil- lons. Au pic d’abondance, les pathogènes s’attaquent avec une telle virulence à la population qu’il en résulte une forte morta- lité engendrant un creux de vague où très peu d’individus survivent.

Ceux-ci se reproduisent ensuite avec succès puisqu’ils ont pour eux une végétation abondante et peu de concurrence. La population remonte alors à un autre sommet, et le cycle recommence.

La chrysalide

À la fin du stade larvaire, selon les espèces, la chenille s’attache à un support rigide et s’immobilise ou s’enfouit dans la terre meuble pour amorcer le stade nymphal. La trans- formation d’une chenille en chrysa- lide peut parfois être rapide, d’une durée de 36 à 48 heures seulement chez certaines espèces. À l’intérieur de la chrysalide, les structures ana- tomiques de l’ancienne chenille seront désassemblées pour faire place à celles de l’adulte en devenir.

Plusieurs espèces qui passent l’hiver sous forme de chrysalide, comme le sphinx du gaillet ou la saturnie cécropia, ont besoin d’une longue période de froid avant que ne se déclenche l’hor- mone de l’éclosion nécessaire à l’émergence du papillon adulte.

Cette période d’inactivité, appe- lée diapause chez les insectes, a la même fonction que l’hibernation de certains mammifères, soit évi- ter à l’animal la période de l’année la plus difficile à vivre.

Sphinx du gaillet

FUTURE TÊTE DU PAPILLON SEGMENT DE

L’ABDOMEN

STIGMATE

AnAtomiedelAchrysAlide

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Pour les papillons de nos régions, survivre aux heures les plus froides sous la forme d’une chrysalide re- quiert différentes stratégies comme s’enfouir sous terre − dans le cas du sphinx du gaillet − ou s’emmitoufler dans un épais cocon − pour la satur- nie cécropia. Pour les aider à passer cette période critique, des substances de type antigel abaissent le point de congélation dans leur corps en pré- venant la formation de cristaux de glace à l’intérieur des cellules.

L’adulte

Le stade de l’adulte n’a qu’une rai- son d’être : la reproduction. Cer- tains papillons n’ont d’ailleurs pas de pièces buccales et ne se nourri- ront pas durant cette période. Leur existence, aussi brève soit-elle, sera

entièrement consacrée à trouver un partenaire du sexe opposé pour assu- rer la perpétuation de l’espèce. C’est le cas du sphinx du noyer, qui n’a pas de trompe pour aspirer les liquides.

Comment trouver un partenaire en pleine nuit ? Au contraire des papillons de jour qui localisent leur partenaire visuellement en les repérant dans l’habitat, les papillons de nuit ont recours aux phéromones pour les trouver, des substances qui voyagent parfois sur de bonnes dis- tances. Chez la saturnie cécropia par exemple, les mâles peuvent percevoir grâce à leurs antennes plumeuses les émissions de phéromones des femelles des environs à plus d’un kilomètre de distance, et ce, à de très faibles concentrations de molécules dans l’air.

28

Sphinx du noyer

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Tout comme leurs chenilles, les papillons adultes sont passés maîtres dans l’art du camou- flage, ou encore dans celui de se défendre contre leurs assaillants.

Durant la journée, les ailes à plat contre le tronc des arbres, la plu- part d’entre eux sont pratiquement invisibles. Des tons de brun, de gris ou de vert foncé, ou encore des lignes cassées et des motifs marbrés : autant de traits qui font disparaître les papillons nocturnes dans l’habitat. La coloration ver- dâtre des ailes antérieures de la noctuelle verte (p. 308) est un camouflage efficace lorsque le pa- pillon se pose sur les troncs et les branches recouverts de mousses des forêts humides ou modéré- ment humides qu’il fréquente.

Ceux du genre Catocala sont parmi les plus difficiles à repérer en nature ; bien malin celui qui par- viendra à les découvrir alors qu’ils restent immobiles sur les troncs.

Lorsqu’ils entrouvrent leurs ailes pour s’envoler, à l’approche d’un ennemi, ils laissent alors voir leurs ailes postérieures, habituellement très colorées, confondant le préda- teur, ce qui leur permet de profiter de l’effet de surprise pour s’enfuir.

Dérangés alors qu’ils sont au repos, l’automéris io (p. 98) et le polyphème d’Amérique (p. 100) tentent également d’effaroucher leurs assaillants en dévoilant cette fois deux faux yeux sur leurs ailes postérieures.

Quand tombe la nuit, les papil- lons nocturnes s’envolent pour

se nourrir et, surtout, se repro- duire. Ce faisant toutefois, ils sont confrontés à des menaces car des prédateurs sont aux aguets.

Les lépidoptères nocturnes figurent parmi les proies favorites des chauves-souris, des mammifères qui s’orientent par écholocation, et peuvent se déplacer en pleine noirceur en évitant les obstacles tout en chassant les insectes vo- lants. Au fil de l’évolution, certains papillons de nuit ont développé des adaptations pour tenter d’échapper aux chauves-souris : les arctiidés

29 En haut, Catocala innubens, les ailes fermées ; en bas, la même espèce, ailes ouvertes.

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produisent par exemple des clics qui contrecarrent les attaques de ces dernières en brouillant les ondes émises par leur « sonar ».

Certains membres de ce groupe, dont l’arctiide délicat (p. 216) et l’arctiide de l’asclépiade (p. 218), préviennent aussi les chauves- souris, par la même occasion, de leur toxicité (les chenilles de ces espèces broutent des plantes conte- nant des substances délétères et les molécules passent d’un stade de développement à un autre, rendant l’adulte inconsommable).

D’autres papillons de nuit possè- dent un organe de l’ouïe spécia lisé, en mesure de déceler la présence de chauves-souris en chasse. Situé sous l‘aile, cet organe se compose d’une membrane tympanique fine, d’une caisse de résonnance et de neurones sensoriels capables de capter les fréquences utilisées par les chauves-souris. Le cas échéant,

le système nerveux central de ces papillons amorce alors des sé- quences de vol erratiques.

Le papillon lune (p. 102) dispose quant à lui de longues queues pendantes aux ailes postérieures.

En vol, poursuivi par une chauve- souris, le tournoiement des queues altère les ondes émises par cette dernière et la confond. Elle jette son dévolu sur les queues au lieu de s’en prendre au corps de l’insecte, qui a ainsi plus de chance d’esquiver l’attaque.

Les papillons de nuit pris en chasse arrivent dans la majorité des cas (6 fois sur 10) à se sauver d’une pre- mière attaque par une manœuvre aérienne d’évitement, mais une deuxième tentative de la part de la chauve-souris survenant dans les 10 secondes suivant la première sera souvent fatale (un papillon sur 10 seulement arrive alors à se sauver). Pourquoi ? Le mammifère

Chauve-souris cendrée avec une proie dans la gueule

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volant est habituellement en me- sure de prédire la trajectoire de parade de l’insecte.

Ces prédateurs aériens peuvent consommer un grand nombre de papillons de nuit durant leur période d’alimentation nocturne.

Les chauves-souris cendrées, par exemple, ont un taux d’attaque de 2 à 6 proies par minute. Elles peuvent consommer de 57 % (pour les mâles) à 100 % (pour les femelles en lactation) de leur poids (de 25 à 36 g) en insectes, et ce, chaque nuit.

Le vespertilion nordique, ou chauve-souris nordique, est une autre espèce qui excelle à la chasse aux papillons. Il peut les attraper en plein vol ou alors qu’ils sont au re- pos, posés sur une brindille, ou en train de s’abreuver, en vol station- naire, du nectar d’une fleur. Même si plusieurs lépidoptères nocturnes sont en mesure d’entendre venir les chauves-souris (ceux des familles de géométridés, notodontidés ou noctuidés, par exemple), d’autres ne le peuvent pas (famille des la- siocampidés). C’est ainsi que ces prédateurs finissent toujours par combler leurs besoins alimentaires.

Des rapaces nocturnes consom- ment aussi leur lot de papillons de nuit. C’est le cas de la chouette rayée qui, occasionnellement, mettra des saturnidés, notamment la saturnie cécropia, au menu.

Tout comme leurs chenilles, les papillons font aussi face à des orga- nismes parasites ou parasitoïdes, comme les champignons ento- mopathogènes du genre Cordyceps

qui infectent les insectes et les araignées en les transformant en

« zombies ». Comment ? En sus- pension dans l’air, les spores du champignon se fixent d’abord sur la surface externe d’un papillon et se répandent ensuite à l’intérieur de son corps. Atteignant le cerveau, le champignon prend dès lors pos- session du papillon, dictant désor- mais son comportement. Il enjoint alors à son hôte de se trouver une position particulière dans l’ha- bitat, par exemple à un ou deux mètres du sol sur un tronc, puis à s’immobiliser. Solidement ancré, le papillon mourra dans les heures qui suivent. Le champignon ter- minera alors son développement dans des conditions optimales d’humidité et de température et libérera ensuite ses spores dans l’air. Et le cycle recommence…

Papillon de nuit (espèce indéterminée) parasité par un champignon du genre Cordyceps

31

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Apanthèse vierge

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2

Certains papillons de nuit sont des généralistes ; on les trouve à peu près dans tous les habitats, du mo- ment que des plantes y poussent, car ils ne sont guère difficiles et n’ont pas de préférences marquées quant à leur nourriture.

D’autres sont, au contraire, des spécialistes ; ils ne fréquentent que certains types de forêts où croît leur plante hôte. Le sphinx du noyer, par exemple, n’est présent que dans les bois les plus riches du sud-ouest du Québec, là où on trouve le noyer cendré, le caryer cordiforme ou le caryer ovale, les trois plantes nourricières de sa chenille. Connaître les habitats des papillons de nuit est donc de première importance pour savoir où observer les espèces désirées.

Généralement, la relation entre un papillon au stade adulte et sa plante hôte n’est pas aussi étroite que durant le stade de la chenille ; l’adulte ne volera pas toujours près de la plante car, lorsque le papillon adulte émerge et prend son envol, il peut s’abreuver souvent de nectar de différentes fleurs (s’il se nourrit, car n’oublions pas que plusieurs es- pèces ne se nourrissent pas au stade adulte). Néanmoins, la présence de la plante X dans l’habitat Y est une très bonne indication de la présence potentielle de l’espèce recherchée.

Dans la mesure où certaines plantes hôtes sont peu communes, voire carrément rares, tenter de localiser un papillon fortement associé à l’une d’entre elles (ou sa chenille) relève parfois de l’exploit.

Où et quand observer

33 Sphinx du noyer

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À l’inverse, certaines plantes hôtes sont si communes et se trouvent dans tant d’habitats qu’elles ne sont d’aucun secours pour res- treindre les efforts de recherche.

lebonendroit

Le climat – déterminé par deux facteurs : la température moyenne annuelle et les précipitations − joue un rôle déterminant dans la

répartition des grands domaines de végétation et, par conséquent, dans celle des plantes hôtes né- cessaires à l’accomplissement des cycles vitaux des lépidoptères.

Les trois grandes zones de végéta- tion du Québec et des Maritimes sont réparties du sud vers le nord : érablières en zone bioclimatique tempérée ; sapinières, pessières (fo- rêts d’épinettes), taïga et toundra

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les10domAinesbioclimAtiquesduquébec

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