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Octobre 1989

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Suivi du Sommet québécois sur la faune Groupe de travail sur la faune terrestre (71C)

ANALYSE DU SYSTÈME DE SUIVI DE L'ORIGNAL AU QUÉBEC

Réhaume Courtois

Direction de la gestion des espèces et des habitats Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche

Québec Octobre 1989

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(3)

111

RÉSUME

L'orignal a subi de très fortes pressions de chasse au cours des siècles prédécents, et ce, partout dans son aire de distribution.

L'espèce était jugée en voie de disparition dans l'est de l'Amérique du Nord à la fin du siècle dernier. Au Québec, le contrôle de l'exploi- tation de l'orignal a commencé en 1843 par l'imposition d'une période de chasse interdite (1 février - 1 août). La réglementation se res- serra graduellement jusqu'à l'imposition de la loi du mâle en 1899.

Celle-ci fut en vigueur jusqu'en 1963. Le suivi des populations a commencé en 1955 avec le recensement des captures et du nombre de permis vendus. Les premières estimations de populations, basées sur les observations des travailleurs forestiers et des trappeurs, datent de cette époque également. C'est toutefois au cours des années 1970 que les méthodes de suivi et d'inventaires se sont développées paral- lèlement à l'accroissement considérable du nombre de chasseurs.

Le suivi des populations repose actuellement sur 3 outils principaux:

le Système d'information sur la grande faune (statistiques de chasse), les enquêtes socio-économiques et les inventaires aériens. Les sta- tistiques de chasse permettent de calculer 10 indicateurs servant à évaluer les fluctuations d'abondance, le taux de productivité et le taux d'exploitation. Les enquêtes postales permettent, entre autres, d'estimer l'effort de chasse et, ainsi, de décrire les changements relatifs de densité. Les indicateurs calculés à partir des statisti- ques de chasse et des enquêtes postales sont corrélés aux paramètres du segment exploité des populations. Ils décrivent correctement les tendances des populations. Il est par contre difficile d'établir des seuils critiques donnant le niveau de récolte maximum qu'une population peut supporter. Les inventaires aériens comblent cette lacune.

L'échantillonnage aléatoire permet une estimation non biaisée de la population totale et du taux de recrutement. Couplées aux statistiques de chasse, ces données permettent d'estimer le taux d'exploitation par

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la chasse sportive et, éventuellement, de décrire l'évolution de la population.

Toutes les méthodes utilisées comportent un certain degré d'incertitude lié au comportement des animaux et des chasseurs, aux limites des outils utilisés et à l'habileté des observateurs. Les sources de variation sont réduites par la standardisation des méthodes. Le niveau de précision des estimateurs est pris en considération lors de l'inter- prétation des résultats en calculant des intervalles de confiance, en examinant plusieurs indicateurs et en vérifiant les tendances sur plusieurs années.

Les juridictions adjacentes utilisent les mêmes indicateurs et emploient des modes similaires d'acquisition des données: statistiques de chasse, enquêtes auprès des usagers et inventaires aériens.

L'effort consacré à chaque technique varie cependant selon les juridic- tions.

En 1989-90, le Ministère investira 8,1 personnes-année et 502 000 $ pour effectuer le suivi des populations d'orignaux, soit des dépenses totales d'environ 792 600 $. La majeure partie des investissements sera consacrée au plan quinquennal d'inventaires aériens et au Système d'information sur la grande faune. La vente des permis de chasse rapporte environ 3 800 000 $ annuellement. Par conséquent, le suivi des populations exige environ 21% des revenus directs. Nous recommandons le maintien du système actuel, en y apportant quelques adaptations mineures pour augmenter sa flexibilité et sa fiabilité.

(5)

TABLE DES MATIÈRES

Page

RÉSUMÉ iii

TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES TABLEAUX vii

LISTE DES FIGURES ix

1.

2.

INTRODUCTION 1.1 Historique

1.2 Système de gestion actuel SYSTÈME DE SUIVI ACTUEL

1 2 5 9 2.1 Principes de base

2.2 Description des outils et des indicateurs .. ... . .460 10

2.2.1 Système d'information sur la grande faune . ... 10

2.2.2 Enquêtes postales 16

2.2.3 Inventaires aériens 19

2.3 Gestion et coordination 26

2.3.1 Atelier sur la grande faune 26

2.3.2 Révision biennale de la réglementation 26 2.4 Précision et ressources investies 27 3. SYSTÈMES DE SUIVI DES JURIDICTIONS LIMITROPHES 31

3.1 Ontario 31

3.2 New Hampshire 33

3.3 Maine 34

3.4 Nouveau-Brunswisk 35

3.5 Terre-Neuve 35

4. BILAN GÉNÉRAL 37

5. RECOMMANDATIONS 42

5.1 Système de suivi 42

5.2 Recherche et développement 42

(6)

TABLE DES MATIÈRES (suite)

Page

REMERCIEMENTS 43

BIBLIOGRAPHIE 44

(7)

vii

LISTE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1 Principaux événements dans la gestion de l'orignal

au Québec 3

Tableau 2 Indicateurs de l'évolution des populations d'orignaux.

Zone 14, 1981-1987 12

Tableau 3 Seuils critiques théoriques des indicateurs de popu-

lation tirés des statistiques de chasse 17

Tableau 4 Principaux paramètres estimés et précision obtenue dans le cadre du plan quinquennal (1986-1991) d'inven-

taires aériens de l'orignal 24

Tableau 5 Productivité, taux d'exploitation et accroissement annuel des populations en absence de mortalité natu- relle et d'immigration dans les zones de chasse 2, 14

et 19 25

Tableau 6 Coûts du système de suivi de l'orignal en 1989-1990 29

Tableau 7 Dépenses relatives au plan quinquennal (1986-1991)

d'inventaires aériens de l'orignal 30

Tableau 8 Systèmes de suivi dans les juridictions limitrophes 32

Tableau 9 Évolution probable des coûts du système de suivi

de l'orignal entre 1989 et 1994 ... ... 41

(8)
(9)

ix

LISTE DES FIGURES

Page

Figure 1 Évolution de la récolte d'orignaux, du nombre de permis vendus et du succès de chasse au Québec depuis 1955 .... 6

Figure 2 Délimitation des zones québécoises de pêche, chasse et

piégeage 7

Figure 3 Évolution de l'âge moyen des orignaux tués à la chasse

sportive entre 1972 et 1987 15

Figure 4 Parcelle-échantillon fictive illustrant la procédure

suivie pour inventorier l'orignal .. . ... ... 21

(10)
(11)

1

I. INTRODUCTION

On retrouve l'Orignal (Alces alces) dans tous les pays nordiques de l'Amérique de Nord, de l'Europe et de l'Asie. Malgré des frontières politiques nombreuses, les statistiques de récolte montrent que les diverses populations ont suivi des tendances très similaires. L'espèce a subi de fortes pressions de chasse au cours des 17e et 18e siècles faisant décroître les densités de façon graduelle jusqu'en 1850-1900 selon les pays. Les populations demeurèrent faibles jusqu'en 1920-1930 en Asie et en Europe (URSS et Scandinavie: Syroechkovskiy et Rogacheva 1974; Filonov et Zykov 1974; Lykke' 1974). Au Canada, la situation de l'orignal fut jugée délicate jusqu'au début des années 1950. Toutes les provinces, depuis les maritimes jusqu'en Alberta, appliquaient alors une réglementation très restrictive, généralement la Loi du mâle, et n'hésitaient pas à interdire la chasse fréquemment (Ritcey 1974).

Il est probable toutefois que les surexploitations étaient limitées aux zones les plus accessibles tel que le suggère l'évolution subséquente des statistiques de chasse (Ritcey 1974). À cette époque, l'aire de distribution de l'orignal, sa densité et sa productivité n'étaient pas connues. Les gestionnaires préféraient demeurer très conservateurs.

Ils pressentirent toutefois la nécessité de mieux connaître la dyna- mique des populations. Des inventaires terrestres et aériens furent tentés dès la fin des années 1940 et, s'inspirant des travaux de Léopold (1933), l'on commença à recenser les captures par catégorie de sexe et d'âge. Il fallait cependant attendre les années 1950 et 1960 pour que ces données soient utilisées de façon pratique (Cumming 1974a). La structuration des méthodes de suivi et de contrôle apparut donc en réaction aux craintes de surexploitation.

Le Québec ne fit pas exception. Les statistiques de récolte ne sont disponibles que depuis 1955 et l'échantillonnage des captures ne fut structuré qu'avec la mise sur pied de la "Fiche du gros gibier" au début des années 1970. Pourtant, des interrogations sur la situation

(12)

de l'orignal furent soulevées dès les années 1950 et 1960 (Moisan 1952;

Minguy 1962).

Les préoccupations des gestionnaires et des usagers ont mené à la réalisation de quelques ouvrages de synthèse. Bouchard et Moisan (1974) ont décrit le système de chasse contingenté dans les réserves fauniques du Québec. Grenier (1977) a présenté l'évolution des cap- tures par comté entre 1955 et 1976 alors que Crête (1982) a évalué les méthodes de contrôle de l'exploitation. Un projet de plan de gestion a été soumis récemment (Anonyme 1987) et les méthodes de gestion furent présentées brièvement dans le "Man'uel de gestion de la grande faune"

(Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche 1988).

Le présent travail vise à décrire plus en détail les outils dont dis- pose le Québec pour effectuer le suivi des populations d'orignaux. Les méthodes utilisées seront présentées et comparées à celles des juridic- tions limitrophes. Un bref rappel historique sera également présenté.

1.1 Historique

La perception des Québécois a été similaire à celles des autres juri- dictions nord-américaines. L'orignal était jugé abondant à l'arrivée des premiers colons tout au moins le long du fleuve Saint-Laurent. Au 16e siècle, la récolte était faible et se limitait à la chasse de subsistance pratiquée en hiver principalement par les autochtones. Une chasse commerciale (cuir et venaison) se développa au cours du 17e siècle puis s'intensifia aux 18e et 19e siècles. Le cheptel déclina et fut jugé menacé de disparition au milieu du 19e siècle (Crête 1985).

C'est alors que sont apparus les premiers règlements visant à protéger l'espèce. On instaura une saison de chasse (1 août-31 janvier) en 1843 (Tableau 1). La chasse de la femelle fut interdite pour une période de 4 ans en 1884. La même année, on limita les captures annuelles à 2 orignaux. La chasse fut interdite en 1887 et 1888. La récolte des faons fut prohibée à partir de 1895 et la Loi du mâle fut

(13)

3

Tableau 1. Principaux événements dans la gestion de l'orignal au Québec.

Année Réglementation / mode de suivi

Avant 1843 Chasse permise en tout temps

1843 Chasse interdite: ler fév. - 1er août 1857 Chasse interdite: 1er mars - 1er sept.

1858 Première refonte des lois de chasse (28 articles) 1868 Chasse interdite: ler fév. - 1er sept.

1882 Permis de chase obligatoire pour les non-résidents 20 $

1884 Interdiction de chasser la femelle jusqu'au 15 oct. 1888.

Chasse limitée à 2 orignaux

1885 Acte facilitant la formation de clubs privés 1887 Chasse de l'orignal interdite

1889 Chasse interdite: 1er fév. - 1er sept.

Création des parcs des Laurentides et de la Montagne Tremblante

1895 Chasse interdite: ler janv. - ler oct.

Interdiction de chasser les faonsl 1899 Imposition de la loi du mâlel

1909 Permis de chasse du gros gibier (caribou, cerf, orignal)

1929 Création de la réserve Provencher

1937 Division de la province en 4 zones de chasse (cerf et orignal)

(suite à la page suivante)

1 Les informations antérieures à 1900 sont tirées de Guay (1983).

Martin (1980) fournit des données quelque peu différentes: interdiction de chasser les faons en 1899 et les femelles en 1902.

(14)

Tableau 1. (suite)

Année Réglementation / mode de suivi

1955 Permis spécifique pour la chasse de l'orignal Saison de chasse (15-31 oct.)

1958 Enregistrement obligatoire du gros gibier 1961 Division de la province en 7 zones de chasse 1962 Début de la chasse contrôlée

(Res. des Laurentides) 1964 Abolition de la loi du mâle

Ouverture et longueur des saisons spécifiques à chaque zone

1971 Adoption du Système de localisation Transverse de Mercator (UTM modifié)

Création de la fiche du gros gibier 1974 Pré-saison de chasse à l'arc (partie J3)

1978 Création des zecs

1979 Permis de groupe

1980 Annulation de 2 permis par orignal tué; extension de la pré-saison de chasse à l'arc (partie F4 et J3)

1981 Pré-saisons de chasse à l'arc dans toutes les zones où la chasse est permise (sauf Fl)

1984 Adoption du zonage intégré (pêche/chasse/piégeage) Pré-saisons de chasse à l'arc partout au Québec 1986 Annulation de 3 permis par orignal (zones 1-2)

Mise en application du Système d'information sur la grande faune

1987-88 Expérimentation de la chasse sélective (pourvoirie Le Chasseur)

1989 Permis de zone

Arrêt de la vente des permis à l'ouverture de la saison de chasse

Sources: Minguy 1962, 1963, 1964; Martin 1980; Guay 1983; MLCP 1988.

(15)

5

imposée en 1899 (Guay 1983). En 1909, on obligea les chasseurs de gros gibier à acquérir un permis de chasse; ce dernier était valide pour le Caribou (Rangifer tarandus), le Cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) et l'Orignal (MLCP 1988). Au début des années 1950, un permis spécifique à l'orignal fut créé. La Loi du mâle fut abolie en 1964.

C'est alors que la chasse de l'orignal prit son véritable essor. Le nombre de permis vendus passa d'environ 6 100 en 1955 à 42 000 en 1964 pour plafonner à 150 000 depuis quelques années (Fig. 1). Durant la même période, la récolte passa de 1 100 à 8 900 orignaux pour se stabiliser à environ 11 000. Le succès de chasse a par conséquent diminué plus ou moins graduellement pour atteindre environ 7,5%. À la récolte sportive s'ajoutent des prélèvements divers (accidents routiers, alimentation, braconnage, prédation, etc.) qui représentent environ 5-10% de la récolte sportive.

L'impact économique de la chasse de l'orignal n'a pas été évalué récemment, mais une estimation peut être obtenue en se basant sur les données antérieures. En 1981, les chasseurs d'orignaux ont dépensé en moyenne 561 $ pour pratiquer leur activité (STATBEC 1984). Compte tenu de l'augmentation des prix à la consommation, leurs dépenses moyennes seraient de l'ordre de 797 $ actuellement. Les 147 000 chasseurs d'orignaux injecteraient donc environ 117 $ millions par année dans l'économie québécoise.

1.2 Système de gestion actuel

Le Québec est divisé en 24 zones de chasse (Fig. 2) qui constituent les unités de gestion de base. Les analyses de population se font selon ce découpage et une réglementation spécifique peut s'appliquer à chacune de ces unités territoriales. On retrouve l'orignal partout, sauf dans la zone 21. La chasse se pratique actuellement dans 4 types de terri- toires: les pourvoiries, les réserves fauniques, les zecs et la zone

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55 80 05 70 76 130

PERMIS VENDUS, 1955-1988

160 160 140 - 130 - 120 - 110 - 100 -

DO 80 - 70 - 80 - 60 - 40 - 30 20 - 10

1

OS

24

SucciS DE cDASSE (%)

23 - 22 - 21 - 20 10 - le - 17 -

¶8- 16 - 14

-

7

66 00 80 70 75 eo Os

RECOLTE D'ORIGNAUX, 1955-19E3E3

SUCCES DE CHASSE. 1955-19E3E3

Figure 1. Évolution de la récolte d'orignaux, du nombre de permis vendus et du succès de chasse au Québec depuis 1955.

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ZONES DE PÊCHE DE CHASSE ET

DE PIÉGEAGE 1986-87 1987-88

Figure 2. Délimitation des zones québécoises de pêche,thasse et piégeage.

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libre. À l'automne 1988, ces territoires ont fourni respectivement 4, 7, 15 et 74% de la récolte (11 234 orignaux). Le nombre de chasseurs est contingenté dans les réserves fauniques mais tout détenteur de permis peut accéder aux zecs et à la zone libre. Les pourvoyeurs définissent eux-mêmes les critères d'accessibilité à leur territoire.

Dans les zones libres, la récolte est contrôlée exclusivement par la durée et la date des saisons de chasse. Les utilisateurs peuvent récolter un animal de n'importe quel sexe et de n'importe quel âge mais 2 permis (3 dans les zones 1 et 2 et certaines zecs) sont annulés par animal abattu. L'enregistrement des captures est obligatoire. Les chasseurs peuvent utiliser la carabine ou l'arc pour chasser l'orignal durant la saison régulière. Il existe par contre une pré-saison où seul l'arc est autorisé; celle-ci précède habituellement d'une semaine la saison régulière. Seule la chasse à l'arc est permise dans les zones 5 à 9 et 10 est. En 1988, les archers ont rapporté 501 orignaux (4% des captures).

Deux nouvelles modalités de chasse étaient expérimentées en 1989: le permis de zone et l'arrêt de la vente des permis à l'ouverture de la saison de chasse. Les usagers devraient choisir la zone où ils désiraient chasser et acquérir leur permis au plus tard à minuit la veille de l'ouverture de la saison de chasse.

Le Ministère mène diverses études visant à améliorer ses connaissances et ses méthodes de suivi. En 1988-89, les principaux travaux ont traité de la capacité de support du sud de la taïga québécoise, des causes de mortalité (naturelle, chasse sportive, braconnage) de l'orignal au sud du fleuve Saint-Laurent et de l'impact à court terme des coupes à blanc. Les objectifs poursuivis sont une meilleure connaissance des densités optimales et des facteurs limitatifs des populations.

(19)

9

2. SYSTÈME DE SUIVI ACTUEL

2.1 Principes de base

Le mode actuel de suivi des populations d'orignaux découle de la stra- tégie implicite élaborée au milieu des années 60, à savoir, maximiser la récolte et éviter les baisses de densité. Traduite simplement, cette philosophie signifie de ne pas prélever plus d'orignaux que les populations en produisent annuellement (naissances - mortalités naturelles). Il s'agit donc de mesurer la production annuelle et les taux de mortalité (naturelle + chase). Ces recensements sont simples à réaliser dans le cas de populations parfaitement circonscrites (éle- vage, petits enclos). Chez les espèces sauvages, l'énumération com- plète est impossible. Les biologistes utilisent généralement des estimations calculées à partir d'échantillons jugés représentatifs de la population. Les tendances temporelles des estimateurs renseignent sur l'évolution des paramètres intrinsèques des populations.

Les mâles sont plus vulnérables à la chasse parce qu'ils sont plus mobiles, qu'ils répondent à l'appel et qu'ils sont plus imprudents que les femelles durant le rut (Crête et al. 1981). De plus, les chasseurs de gros gibier recherchent avant tout les animaux-trophées: les mâles portant de grands bois sont préférés aux femelles et aux faons. La récolte contient donc une plus forte proportion de mâles âgés lorsque la pression de chasse est faible. Les mâles deviennent par contre plus rares lorsque le taux d'exploitation augmente ce qui se traduit par un accroissement de l'importance relative des femelles et des faons dans la récolte. À la limite, l'abattage tend à devenir proportionnel à l'abondance relative des différentes catégories d'animaux. Finalement, la chasse entraîne une augmentation du taux de mortalité ce qui se traduit par une baisse _de l'espérance de vie des individus; les vieux orignaux deviennent donc rares.

(20)

Le système de suivi des populations d'orignaux est basé sur les prin- cipes énoncés précédemment. Une augmentation du taux d'exploitation causera une diminution de l'importance relative des mâles adultes, un accroissement de la proportion de jeunes (< 1,5 an) et une diminution de l'âge moyen des captures (des mâles surtout). En outre, lorsque la pression de chasse est stable, les variations de l'importance relative des faons (0,5 an) et des juvéniles (1,5 an) dans la récolte tendent à devenir proportionnelles à l'abondance de ces classes d'âge. Si les prélèvements dépassent la production annuelle, l'importance du cheptel diminue. Ceci amène nécessairement une baisse de la récolte à moyen terme.

Ces changements peuvent être estimés à l'aide des statistiques de chasse ou mesurés directement sur le cheptel par des inventaires.

2.2 Description des outils et des indicateurs

2.2.1 Système d'information sur la grande faune

Le nombre de permis de chasse vendus de même que la récolte d'orignaux sont recensés annuellement depuis 1955. Au début, le recensement était effectué selon les comtés provinciaux.

L'enregistrement du gros gibier devint obligatoire en 1958. Des sta- tions d'enregistrement sont opérées depuis 1962: la station de Labelle et les réserves fauniques qui offrent la chasse de l'orignal. Celles- ci permettent de recenser la récolte, d'estimer l'effort de chasse et de noter différentes informations sur le cheptel, son habitat et les habitudes des chasseurs (Gonthier 1977). En 1972, le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a mis sur pied un système informatisé (la Fiche du gros gibier) permettant la compilation et l'analyse des données recueillies dans les zones de chasse. Un zonage intégré (chasse-pêche-piégeage) fut adopté en 1984 et le système informatique, désormais appelé Système d'information sur la grande

(21)

11

faune (SIGF), fut révisé et complété en 1986. Aux données fournies par l'ancien système (récolte sportive, mortalités, présence de lait chez les femelles, sexe, âge, coordonnées mercator), on a ajouté des informations permettant une meilleure gestion (engin de chasse) et un meilleur contrôle de la chasse (date et heure d'achat des permis et de récolte de l'animal, température de la viande, etc.).

Il existe maintenant environ 275 points d'enregistrement (postes de conservation de la faune (213), postes d'accueil des réserves, zecs, pourvoiries et quelques stations privées). Si l'on exclut les données d'âge qui sont traitées centralement, la saisie et la validation sont effectuées dans les postes munis de micro-ordinateurs (60) et les bureaux régionaux du Ministère. Les informations sont acheminées quotidiennement à l'ordinateur central du ministère des Communications.

Des productions standardisées sont disponibles sur écran cathodique dans les bureaux du Ministère. Les données préliminaires sont publiées dans des communiqués de presse. Un rapport annuel intitulé "Gros gibier au Québec" présente les statistiques générales.

Certains chasseurs n'enregistrent pas leurs captures, ceci conduit à une sous-estimation de la récolte. Par contre, les taux d'enregis- trement ont été estimés à l'aide des enquêtes postales réalisées en 1976, 1978, 1981 et 1984 (Institut québécois d'opinion publique 1985);

ils furent évalués à 64, 85, 60 et 71% respectivement. Les chasseurs sont conscients de l'importance d'enregistrer leurs prises mais, en 1984, certains étaient insatisfaits de l'emplacement des postes d'enregistrement, des heures d'ouverture ou des temps d'attente. Des correctifs ont été apportés depuis lors mais leur impact sur le taux d'enregistrement n'a pas été évalué.

Dix indicateurs sont calculés à partir des statistiques de chasse (Tableau 2). Trois d'entre eux permettent d'évaluer les fluctuations d'abondance (récolte, récolte par 10 km2, mortalités autres que la

(22)

ANNÉE PÉRIODE ORIGNAUX RÉCOLTE MORTALITÉ POURCENTAGE POURCENTAGE NOMBRE DE POURCENTAGE AGE MOYEN AGE MOYEN FAONS MALES DE CHASSE TUÉS A LA PAR AUTRE QUE DE MALES D'ANIMAUX FAONS PAR DE PRÉSENCE DES MALES DES FEMELLES PAR 100

CHASSE 10 KM2 LA CHASSE ADULTES DE 1,5 AN 100 FEMELLES DE LAIT ADULTES ADULTES FAONS D'HABITAT (> 2,5 ans) ( > 2,5 ans) (> 1,5 an) (> 1,5 an) FEMELLES

1981 947 0,25 16 59,7 35,6 41,1 49,0 3,6 4,5 132

(214) (214) (228) (191) (88)

1982 1 200 0,32 4 62,1 46,9 78,2 59,9 3,3 4,1 119

(224) (224) (161) (154) (175)

1983 1 071 0,28 14 58,5 43,0 55,8 52,6 3,2 3,6 94

(219) (219) (133) (88) (122)

1984 22/09-14/10 1 003 0,27 7 62,4 42,0 47,1 59,7 2,8 3,9 131

(23 jours) (191) (191) (118) (118) (90)

1985 28/09-20/10 936 0,25 10 58,2 36,8 46,4 55,3 3,4 4,4 104

(23 jours) (235) (235) (100) (109) (108)

1986 27/09-19/10 1 069 0,28 10 54,4 51,0 49,6 61,6 2,7 3,5 92

(23 jours) (232) (232) (76) (120) (115)

Arc 13/09-23/09 (3)

1987 (23 jours) 1 097 0,29 14 60,2 39,2 56,8 58,8 2,9 4,4 106

(572) (76) (250) (147) (70) (124) (142)

Superficie totale: 37 750 km2 Superficie d'habitat: 37 750 km2

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13

chasse); 4 indices servent à estimer l'importance du taux d'exploita- tion (% de mâles adultes, % de 1,5 an, l'âge moyen des mâles et des femelles). Les autres indicateurs montrent les tendances annuelles du recrutement. Les méthodes de calcul sont présentées dans Crête et Dussault (1986).

Plusieurs travaux montrent que les indices indirects sont corrélés aux paramètres de la population. À Terre-Neuve, Mercer et Manuel (1974) ont montré que le pourcentage de mâles dans la récolte, le succès de chasse et le nombre d'orignaux vus par les chasseurs ont baissé entre 1960 et 1972 alors que le nombre de jours de chasse nécessaires pour abattre un orignal augmentait suggérant une baisse de densité, hypo- thèse d'ailleurs appuyée par des inventaires. En Ontario, Cumming (1974a) a démontré que la proportion de mâles était plus faible alors que l'importance relative des juvéniles (1,5 an) était plus importante dans les secteurs accessibles, ce qui suggère une diminution de l'abondance des individus âgés dans les sites où la pression de chasse est forte.

En mettant en relation les statistiques de chasse et les données prove- nant de 32 inventaires aériens, Crête et Dussault (1986) ont montré que l'effort de chasse et la récolte/10 km2 étaient corrélés à la densité de population. Par ailleurs, le nombre de faons/100 femelles dans la récolte, le pourcentage de 1,5 an, le taux de lactation et l'âge moyen des femelles étaient reliés au recrutement de la population tel que déterminé par inventaire aérien; de même, le nombre de faons/100 femelles, le pourcentage de femelles en lactation, le pourcentage de 1,5 an et de mâles adultes de même que l'âge moyen des mâles étaient reliés au taux d'exploitation du cheptel. Fryxell et al. (1988) ont également trouvé des relations significatives entre l'abondance de l'orignal et diverses mesures indirectes.

Les indices indirects peuvent donc être utilisés pour décrire les tendances d'une population. L'augmentation considérable des captures

(24)

québécoises au cours des 15 dernières années (+ 66%; Fig. 1) s'est d'ailleurs traduite par des changements notables: augmentation de l'importance relative des femelles, des faons et des spécimens de 1,5 an; diminution de l'âge moyen des mâles surtout, mais des femelles également (Fig. 3); diminution du succès de chasse.

Bien que les changements soient facilement détectables, la prise de décision demeure délicate car il n'existe pas de seuils clairement identifiés. Ritcey (1974) estime qu'une population produit un rende- ment maximal lorsque la récolte annuelle varie peu, que le rapport des sexes est équilibré et que la proportion de jeunes (faons et 1,5 an) est élevée. Une forte proportion de mâles dans la récolte est indica- trice d'un taux d'exploitation réduit. En Scandinavie, la récolte contient normalement 50-60% de mâles (x 55%; Timmermann 1974; Lykke 1974).

Pour pallier au manque de critères objectifs, l'Ontario a mené une expérience permettant de vérifier si l'orignal pouvait supporter une forte pression de chasse et déterminer s'il était possible de détecter la surexploitation à partir des statistiques de chasse (Cumming 1974a).

Entre 1960 et 1963, on instaura une saison de chasse de 2 semaines (début de novembre) sans contingentement des chasseurs dans le sud de cette province. La récolte fut importante au début mais chuta de moitié dès la troisième année; les femelles supplantèrent les mâles dans la récolte et la proportion d'animaux âgés de 1,5 an augmenta.

Ce dernier indice fut toutefois jugé moins fiable. La population se rétablit après 4-5 ans d'exploitation limitée alternant avec des ferme- tures de saisons.

Les données provenant de la littérature montrent que le recrutement annuel oscille entre 20 et 30% selon les sites et les périodes. Les inventaires aériens québécois réalisés à date suggèrent un recrutement moyen d'environ 20% au nord du Saint-Laurent et 30% au sud (Gingras

(25)

AGE MOYEN DES ADULTES

MOYENNES MOBILES, QUEBEC 1972-1987

73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 15

z

>- 0 w

4,8 4,7 - 4,6 4,5 - 4,4 4,3 4,2 - 4,1 -

4

-

3,9 - 3,8 - 3,7 - 3,6 3,5 - 3,4 3,3 - 3,2 - 3,1

72

Figure 3. Évolution de l'âge moyen des orignaux tués à la chasse sportive entre 1972 et 1987.

(26)

et al. 1989; Desrosiers et al. 1989). Ces estimations correspondent donc aux taux d'exploitation maximums acceptables. Des seuils critiques peuvent être calculés en résolvant les équations de Crête et Dussault (1986) pour des taux d'exploitation avoisinant 20% (Tableau 3). Les équations sont cependant imprécises pour des taux s'éloignant des valeurs utilisées pour construire les modèles. Les variations dues à l'échantillonnage suggèrent en outre de considérer plusieurs années consécutives (ex.: moyenne mobile, n = 3) et plusieurs indicateurs (3- 4) pour porter un jugement éclairé.

2.2.2 Enquêtes postales

Les statistiques annuelles fournissent peu d'informations sur l'effort de chasse. La seule donnée disponible est le nombre de permis achetés par les résidents et les non-résidents dans chaque région administra- tive. Ceci n'indique pas le nombre de jours de chasse pratiqués ni les zones fréquentées. Advenant une baisse de la récolte, il est difficile de savoir si elle est causée par une diminution du cheptel ou par une pression de chasse inférieure.

Les enquêtes postales permettent de combler cette lacune. Les nom et adresse des chasseurs sont notés lors de la vente des permis et saisis au fichier informatique des permis. Il suffit d'interroger aléatoire- ment un nombre suffisant (généralement - 10 000) d'entre eux pour estimer les paramètres reliés à l'effort de chasse.

Les enquêtes postales permettent d'évaluer le nombre de chasseurs actifs, le nombre de jours de chasse pratiqués, la récolte, le succès de chasse, le nombre de jours nécessaires pour abattre un animal, la pression de chasse (jours de chasse/km2) et le débit journalier (chas- seurs/km2-jour; Institut québécois d'opinion publique 1985). On pro- fite habituellement des enquêtes pour acquérir des données complémen- taires sur les dépenses, les habitudes (origine, destination) des

(27)

17

Tableau 3. Seuils critiques théoriques des indicateurs de population tirés des statistiques de chasse.

Taux d'exploitation

Indicateur 18% 20% 22%

Mâles adultesi (%) Animaux de 1,5 an (%) Faons/100 femelles

Femelles en lactation (%) Âge moyen des mâles

Âge moyen des femelles

54,3 51,4 48,6 32,5 37,5 42,5 35,5 57,1 88,3 28,3 45,6 70,4

3,4 3,2 3,0

4,3 4,2 4,1

1 Le % de mâles adultes dans la récolte ne devrait pas dépasser le % de faons mâles sur une longue période pour ne pas déséquilibrer le rapport des sexes dans la population.

(28)

chasseurs ou encore pour connaître leur opinion sur différents sujets (attitudes, motivations, satisfaction). On peut également connaître le taux d'enregistrement en calculant la proportion des chasseurs qui déclarent avoir tué un orignal dans une enquête postale mais pour lesquels aucun enregistrement n'existe au fichier de la grande faune pour l'année considérée.

Les enquêtes socio-économiques québécoises ont été réalisées de façon irrégulière (3-5 ans). La plupart ont été conduites par le Service d'analyse et de recherche socio-économique (SARSE) du Ministère ou par des firmes spécialisées. Quelques travaux touchant des sujets spécia- lisés ont été réalisés par la Direction de la gestion des espèces et des habitats (DGEH) et/ou le Service de l'aménagement et de l'exploita- tion de la faune (SAEF; MLCP 1988).

Les limites des enquêtes ont été peu discutées au Québec. Les inter- valles de confiance des estimateurs ne sont généralement pas rapportés.

Par contre, le ministère des Ressources naturelles de l'Ontario réalise des sondages auprès des chasseurs depuis 1951. La récolte annuelle est estimée par un système centralisé de sondages postaux depuis 1969. Les résultats obtenus montrent qu'il est difficile d'obtenir une stratifi- cation permettant des estimations fiables sur une base régionale et, surtout, que les estimations sont très fortement biaisées lorsque le taux de réponse est inférieur à 70% parce que les chasseurs chanceux sont plus enclins à retourner leurs questionnaires; de plus, des répon- ses sont parfois douteuses (Barbowski 1972). Des enquêtes régionales comportant un nombre réduit de questions et touchant une grande propor- tion des usagers donnent de meilleurs résultats mais généralement très différents (22-94%) des estimations obtenues par le système provincial (Gollat et Timmermann 1987).

Les principaux facteurs influençant les résultats sont la taille de l'échantillon, le taux de retour, le temps écoulé entre la fin de la chasse et l'envoi des questionnaires, le nombre de lettres de rappel,

(29)

19

le sexe de l'animal tué et la complexité du questionnaire. Selon Gollat et Timmermann (1987), la seule façon d'accroître la fiabilité des résultats est d'augmenter le taux de retour. Ces auteurs estiment qu'un taux d'environ 90% est nécessaire.

Le taux de retour des enquêtes québécoises fut généralement inférieur à 75% ce qui pourrait diminuer la fiabilité des estimateurs, particuliè- rement à l'échelle de certaines zones de chasse.

2.2.3 Inventaires aériens

Il arrive assez fréquemment qu'un segment d'une population ne soit pas exploité. C'est le cas notamment pour l'orignal lorsque le territoire n'est pas entièrement accessible. En pareil cas, les statistiques de chasse ne renseignent que sur la partie de la population qui est acces- sible aux chasseurs (fraction exploitée) ce qui peut éventuellement conduire à des erreurs de gestion. Par exemple, une forte proportion des chasseurs fréquentant la zone de chasse 19 (Côte-Nord) profitent des services de pourvoyeurs et utilisent l'avion pour accéder aux sites de chasse. Entre 1981 et 1985, des orignaux n'ont été récoltés que sur 46% du territoire. Les captures plafonnent depuis quelques années suggérant que la pression de chasse ne pourra plus s'accroître. Un inventaire aérien (Gingras et al. 1989) montre toutefois que le taux d'exploitation est faible (9%) si l'on considère l'ensemble du terri- toire même si la chasse affecte (déséquilibre du rapport des sexes) la population dans les sites accessibles. À ces endroits, le taux d'ex- ploitation est similaire (- 20%) à la moyenne provinciale.

En fait, seuls les inventaires effectués selon un plan d'échantillon- nage aléatoire peuvent fournir des estimations de densité et de pro- ductivité non biaisées. Ceci a été réalisé depuis longtemps. Des inventaires terrestres ont été expérimentés au Québec (Moisan 1952) et en Ontario (Cumming 1974b) durant les années 50. On a d'abord tenté des estimations directes en distribuant des feuillets d'enregistrement

(30)

aux gardes-chasse, garde -feu, gardiens de clubs et trappeurs. Les résultats furent décevants; seulement une partie du territoire était accessible ce qui a conduit à une sous-estimation considérable du cheptel (- 12 000 orignaux pour tout le Québec). La productivité fut sous-évaluée également parce que les femelles suitées sont plus discrètes que celles qui ne sont pas accompagnées de faon(s) (Simkin 1974). Des estimations de densité furent également obtenues en dénom- brant les tas de crottins déposés par les orignaux en hiver. Cette technique est valable pour comparer les densités relatives d'un site à l'autre et pour décrire les tendances à moyen terme; les estimations de population qu'on en tire demeurent toutefois discutables (Timmermann 1974).

À la suite d'études réalisées aux États-Unis durant les années 40, il est apparu que les inventaires aériens pourraient fournir de meilleures estimations de population. Des expériences furent tentées en Ontario et au Québec durant les années 1950-1960 (Timmermann 1974; Brassard 1968). Dans les premières expériences, la population des zones d'étude était évaluée en dénombrant les orignaux le long de transects survolés en avion à basse altitude et en extrapolant à l'ensemble de la zone, connaissant la superficie couverte par les observateurs. Cette méthode sous-estime les densités car seulement une partie (25-67%) des animaux sont observés le long des lignes de vol. L'on préfère maintenant dénombrer les orignaux en survolant des parcelles-échantillons et en y effectuant des recherches intensives à l'aide de l'hélicoptère.

Diverses approches ont été décrites (Cumming 1957; Crête et St-Hilaire 1979; Crête 1979; Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche 1982; Gasaway et al. 1986; Rivest et al. 1988). L'échantillonnage double est actuellement utilisé au Québec pour les zones de chasse (Rivest et al. 1988; Fig. 4). Le territoire à inventorier est d'abord divisé en parcelles-échantillons de 60 km2. Les parcelles sont numérotées puis regroupées en 2 ou 3 strates selon l'importance de la

(31)

21

6km

0,5 km

P:

. .

---

1- e

t

5 v

, 0

Ligne de vol de l'avion

Cee

, Recherche intensive en hélicoptère Réseau de pistes

Orignaux observés en avion

2 Orignaux dénombrée en hélicoptère

Figure 4. Parcelle-échantillon fictive illustrant la procédure suivie pour inventorier l'orignal. (D'après Rivest et al. 1988).

(32)

récolte sportive enregistrée dans les parcelles. Ceci vise à cons- tituer des groupes homogènes afin de diminuer la variabilité. Un échantillon aléatoire (50-100 parcelles selon la taille de la zone ou groupe de zones) est tiré en accordant un plus grand nombre de parcelles aux strates les plus variables. Les parcelles choisies sont survolées en avion selon des lignes nord-sud espacées de 500 m. Les avions utilisés sont généralement de type Beaver, transportant un équipage de 4 personnes: le pilote et le navigateur à l'avant et 2 observateurs à l'arrière reliés entre eux par un système de communica- tion. Les observateurs identifient les réseaux de pistes et recensent les orignaux visibles à partir de'l'avion. Le navigateur oriente le pilote, cartographie les réseaux de pistes et note le nombre d'orignaux observés. Dans un second temps, un sous-échantillon aléatoire des parcelles (25-66% selon la densité des orignaux) est survolé de nouveau mais en hélicoptère cette fois-ci. L'aéronef survole les réseaux de pistes cartographiés en décrivant des cercles ou des lignes serrés pour dénombrer tous les orignaux adultes et les faons qui s'y trouvent puis déterminer leur sexe. Il existe une relation entre le nombre d'ori- gnaux présents dans un réseau de pistes, la superficie de ce dernier et le nombre d'orignaux observés en avion. Cette relation est utilisée pour estimer le nombre d'orignaux dans les parcelles couvertes par l'avion seulement. La population totale d'une zone de chasse est extrapolée à partir des densités moyennes obtenues dans les parcelles- échantillons. Une partie des orignaux n'est pas détectée malgré la recherche intensive en hélicoptère. Un facteur de correction (Crête et al. 1986) est appliqué pour corriger ce biais. La productivité du cheptel et le taux d'exploitation sont calculés en mettant en relation les résultats des inventaires et les statistiques de chasse.

Les inventaires aériens fournissent des estimations non biaisées parce que l'échantillonnage est aléatoire. Ces travaux sont toutefois coû- teux et difficiles à réaliser. Les densités d'orignaux sont faibles au Québec (< 2,0/10 km2); les animaux se déplacent en groupes (2-3 généra- lement) durant l'hiver et ne sont pas distribués uniformément. Ces

(33)

23

éléments font que certaines parcelles-échantillons ne contiennent aucun orignal alors que d'autres, peu accessibles et offrant un habitat de qualité, peuvent en contenir un grand nombre (30-60 individus).

Cette variabilité amène parfois des intervalles de confiance assez larges (Tableau 4) particulièrement lorsque le nombre de parcelles- échantillons est réduit (< 50-60). Ces limites sont prises en consi- dération lors de l'interprétation des résultats. Des techniques sont expérimentées pour augmenter la précision des estimateurs (Gingras et al. 1989), bien que les résultats actuels se comparent à ceux obtenus par les autres juridictions nord-américaines (Novak 1981) et européennes (Târnhuvud 1989). Les données recueillies suffisent pour décrire la répartition de l'orignal sur le territoire et estimer la population totale, la proportion de mâles, la productivité, le taux d'exploitation, de même que l'écart entre la densité cible et la situation réelle. Une approximation du taux d'accroissement des populations peut être obtenue(Tableau 5); une image précise exigerait cependant une quantification des mortalités naturelles et un bilan émigration/immigration.

Pour étaler les coûts engendrés par les inventaires aériens, il a été convenu de regrouper les petites zones et d'effectuer l'échantillonnage selon un plan quinquennal:

Année Zones ou groupe de zones

1986 2

1987 1, 14

1988 3-4-6, 12, 19

1989 7-8-9, 13, 18

1990 10-11, 15, 16

1991 2, 17, 22

(34)

Zone de chasse

Année Parcelles survolées

Densité' (IC)2 orignaux/10 km2

Orignaux sexés

Mâles ad.3

% (IC) %

Faons4 (IC)

1 1987 72 0,2 (53) 49 39 (14) 27 (11)

2 1986 60 0,5 (24) 70 43 (14) 33 (9)

3-4-6 1988 60 0,3 (11) 47 32 (14) 28 (11)

7 1989 29 1,6 (24) 254 39 (6) 28 (5)

9 1989 31 1,3 (16) 257 32 (5) 23 (4)

12 1988 72 1,7 (16) 231 32 (6) 21 (4)

13 1989 59 1,7 (25) 377 30 (5) 28 (4)

14 1987 100 0,7 (23) 118 32 (8) 24 (7)

18 est 1989 54 0,8 (20) 144 37 (8) 26 (6)

ouest 1989 54 0,6 (34) 112 32 (9) 31 (7)

19 1988 84 0,3 (29) 71 47 (16) 18 (8)

1 Densité non corrigée (orignaux/10 km2)

2 Intervalle de confiance exprimé en pourcentage de la moyenne (m=0,10)

3 Pourcentage de mâles dans la population adulte; IC = intervalle de confiance (Œ-0,10) 4 Pourcentage de faons dans la population totale; IC = intervalle de confiance (c(=0,10)

(35)

Tableau 5. Productivité, taux d'exploitation et accroissement annuel des populations en absence de mortalité naturelle et d'immigration dans les zones de chasse 2, 14 et 19.

Population Récolte après chasse sportive

% n déclarée

Population avant chasse

Taux (%) d'exploitation

ZONE DE CHASSE 2 (1985-86)

Population totale 894 415 1 309 31,7

Mâles adultes 28,6 256 159 415 38,3

Femelles adultes 38,6 345 163 508 32,1

Faons 32,8 293 93 386 24,1

Recrutement annuel = (386/1309) x 100 = 29,5%

Taux d'accroissement annuel = 29,5 - 31,7 = -2,2%

ZONE DE CHASSE 14 (1986-87)

Population totale 3 761 1 069 4 830 22,1

Mâles adultes 24,6 925 518 1 443 35,9

Femelles adultes 51,7 1 945 435 2 380 18,3

Faons 23,7 891 115 1 006 11,4

Recrutement annuel = (1006/4830) x 100 = 20,8%

Taux d'accroissement annuel = 20,8 - 22,1 = -1,3%

ZONE DE CHASSE 19 (1987-88)

Population totale 7 809 740 8 549 8,7

Mâles adultes 38,0 2 967 410 3 377 12,1

Femelles adultes 43,7 3 413 251 3 664 6,9

Faons 18,3 1 429 79 1 508 5,2

Recrutement annuel = (1508/8549) x 100 = 17,6%

Taux d'accroissement annuel = 17,6 - 8,7 = +8,9%

(36)

L'on assume que les populations évoluent lentement et que tout change- ment majeur survenant entre 2 inventaires serait détecté par les sta- tistiques de chasse.

2.3 Gestion et coordination

2.3.1 Atelier sur la grande faune

Les responsables centraux et régionaux se réunissent annuellement pour décrire l'évolution des populations de gros gibier (Caribou, Cerf de Virginie, Orignal, Ours noir). L'examen des indicateurs tirés des statistiques de chasse occupe la première partie de cette séance de travail appelée "Atelier sur la grande faune". Les tendances sont décrites sur une base provinciale d'abord, puis examinées zone par zone. Les données provenant des réserves et des zecs sont également analysées. Les différences entre les zones sont mises en évidence et les résultats sont comparés aux tendances provinciales. Les résultats des inventaires aériens réalisés durant l'hiver sont présentés et discutés. Les enquêtes postales sont également analysées lorsque de nouvelles données sont disponibles. La deuxième partie de l'atelier est consacrée à la présentation de travaux de recherche et à l'analyse de problèmes originant de préoccupations ministérielles ou régionales.

Les discussions permettent de formuler des recommandations. Les don- nées de base, les recommandations et un résumé des présentations sont publiés dans un compte rendu. Les conclusions de l'atelier sont examinées par les autorités du Ministère qui, après discussion avec les partenaires privilégiés, adaptent la réglementation si nécessaire.

2.3.2 Révision biennale de la réglementation

La réglementation (chasse, pêche, piégeage) est révisée en profondeur à tous les 2 ans. Les services régionaux se concertent, rencontrent les intervenants et acheminent des propositions qui sont harmonisées au

(37)

27

niveau central en prenant en considération les différences inter- régionales et les propositions des fédérations d'usagers. Les modifi- cations réglementaires importantes sont apportées en concertation avec ces dernières.

2.4 Précision et ressources investies

Toutes les techniques utilisées comportent un certain degré d'incer- titude. L'âge moyen montre un intervalle de confiance d'environ 15-20%

(0:4,05); le pourcentage de juvéniles (1,5 an) dans la récolte est estimé à 7-10% près (0:4,05; Courtois 1988). Les inventaires aériens fournissent généralement des estimations de densité, de productivité et du rapport des sexes auxquelles sont rattachés des intervalles de confiance d'environ 25, 7 et 9% respectivement (Gingras et al. 1989).

La précision des enquêtes postales est rarement mentionnée. Selon les- données de Pelletier et Therrien (1978: p. 33), la récolte provinciale pourrait être estimée à 12% près (0:=0,05). Les intervalles de con- fiance par zone de chasse sont beaucoup plus grands et dépendent de la taille des échantillons et du taux de retour des questionnaires.

L'imprécision des méthodes de suivi de l'orignal origine du fait que les recensements totaux sont impossibles à cause des coûts impliqués.

Les aménagistes de la faune procèdent par échantillonnage. Le niveau de précision des estimateurs alors obtenus dépend de la variabilité des observations qui elle-même dépend du comportement des animaux (ex.:

agrégation dans certains habitats) et des chasseurs (ex.: pression de chasse concentrée dans des sites plus accessibles), des limites des outils utilisés (ex.: vitesse d'un aéronef) ou de l'habileté des obser- vateurs (ex.: acuité visuelle). L'accroissement de la précision exigerait des efforts humains et matériels considérables. À titre d'exemple, une simulation réalisée par Gingras et al. (1989) montre qu'il est possible de réduire les intervalles de confiance de près de la moitié lors des inventaires aériens, en survolant 60 parcelles au

(38)

lieu de 30. Le gain demeure toutefois négligeable par la suite et ce, même en doublant le nombre de parcelles-échantillons. Les mêmes travaux suggèrent en outre qu'il sera pratiquement impossible d'atteindre une précision inférieure à 25-30 % dans le cas des grandes zones de chasse rapportant de faibles densités d'orignaux (< 1,0/10 km2).

Le suivi des populations d'orignaux exige approximativement 8,1 personnes-année et engendre des dépenses d'environ 502 000 $ (Tableau 6). Le plan quinquennal d'inventaires aériens est l'instrument le plus coûteux. Il emploie 55% des ressources humaines et 74% des ressources matérielles affectées au suivi de i'orignal. Le Système d'information sur la grande faune exige 41% des ressources humaines mais les coûts qu'il engendre sont faibles (5%). La majeure partie des investisse- ments est faite par la DGOR. Un projet de recherche directement relié au suivi des populations d'orignaux a été entamé en 1989-90. Il vise à quantifier l'importance relative des causes de mortalité (naturelle + prélèvements légaux et illégaux) de l'orignal au sud du fleuve Saint- Laurent. Ce projet exigera 3% des ressources humaines et 15% des ressources matérielles. Si l'on estime un salaire moyen de 160 $/J-P, l'ensemble du programme de suivi coûtera 792 600 $ en 1989-90.

Le Ministère devra investir environ 4,6 personnes-année et 373 000 $ en 1990 et 1991 pour compléter le plan quinquennal d'inventaires aériens. Les investissements affectés à ce programme ont augmenté de façon considérable depuis 1986 (Tableau 7). Le nombre de zones inventoriées, leur taille, leur accessibilité et l'accroissement des tarifs de nolisement des aéronefs expliquent la majeure partie des augmentations notées. Il a également fallu survoler une plus grande proportion des parcelles en hélicoptère pour accroître la précision des estimateurs ce qui a aussi contribué à hausser les coûts.

(39)

29

Tableau 6. Coûts du système de suivi de l'orignal en 1989-1990.

Ressources humaines

(J-P)

Ressources matérielles ('000 $)

Système d'information sur la grande faune

DGOR 600 7,5

DGEH 48 7,5

Informatique 36 12,0

Lectures d'âgel 60

Enquêtes postales2 10 25,0

Inventaires aériens

DGOR 960 370,0

DGEH 40 3,0

Recherche et développement liés au suivi

Mortalité au

sud du fleuve 62 77,0

TOTAL 1 816 (290,6 $) 3 502,0

1 Coûte environ 5 000 $ lorsqu'effectué à contrat

2 Considérant 20 J-P et 50 000 $ totaux pour une enquête conjointe cerf et orignal

3 En estimant un salaire moyen de 160 $ par jour-personne

(40)

Tableau 7. Dépenses relatives au plan quinquennal (1986-1991) d'inventaire aériens de l'orignal.

Année Zone de Ressources humaines (J-P) Ressources chasse Planification Réalisation matérielles

et rapport ('000 $)

DGOR

1986 2 25 144 48,2

1987 1 25 144 57,5

14 20 270 87,11

1988 3-4-6 36 139 51,4

12 10 225 75,3

19 70 290 118,0

1989 7-8-9 25 68 65,2

13 10 130 95,1

18 90 380 124,02

1990 10-11 40 250 110,0

15 90 300 150,0

16 30 250 110,0

1991 2 30 150 100,0

17 30 250 120,0

22 90 400 150,0

DGEH (annuel) 20 20 3,0

1 Incluant le personnel occasionnel (11 687 $) 2 Incluant le personnel occasionnel (3 125 $)

(41)

31

3. SYSTÈMES DE SUIVI DES JURIDICTIONS LIMITROPHES

Chaque juridiction a défini des objectifs de gestion particuliers et a adapté son mode de suivi et sa réglementation de façon à répondre à ces objectifs (Tableau 8). Certains pays européens gèrent d'importantes populations d'orignaux. Leurs systèmes de suivi sont similaires au nôtre mais leur mode de gestion (tenure des terres, propriété des droits de chasse, objectifs, implication des usagers) diffère grandement. Il a donc été jugé plus opportun de comparer notre système à celui des juridictions adjacentes.

3.1 Ontario

L'Ontario a visé le rendement maximum soutenu (récolte maximale théo- rique) durant les années 60 et 70 mais cette politique a mené à la surexploitation du cheptel. En 1983, on décida de rétablir les popula- tions (80 000 individus en 1981); on implanta la chasse sélective de l'orignal dans toutes les zones de chasse avec l'objectif de doubler le cheptel d'ici l'an 2000. Le permis général, offert sans contingente- ment mais spécifique à une zone de chasse donnée, permet la récolte des faons. La récolte des adultes est contingentée par sexe et par zone de chasse. Des vignettes de validation autorisant la chasse des adultes sont offertes par tirage au sort. Les chasseurs doivent choisir la zone et le sexe de l'animal adulte désiré. Les formulaires d'inscrip- tion autorisent 2 choix pour offrir une alternative aux chasseurs. Les postulants qui n'obtiennent pas de vignette ont priorité l'année sui- vante (Ministère des Ressources naturelles de l'Ontario 1984). Le permis de groupe, jugé inefficace pour contrôler la récolte, a été aboli. Les saisons de chasse couvrent entre 6 et 92 jours selon la latitude (sud: 22-27 oct.; nord: 15 sept. au 15 déc.; centre: 5 possi- bilités intermédiaires). La chasse avec des armes primitives (gén.

15-30 sept) est autorisée dans 7 des 73 unités de gestion de la faune.

(42)

QUÉBEC ONTARIO NEW HAMPSHIRE MAINE NOUVEAU-BRUNSWICK TERRE-NEUVE

Enregistrement obligatoire

oui non oui oui oui oui

Classification (sexe/âge)

oui oui oui oui oui oui

Lectures d'âge (nombre)

2 500 4 000 57 625 40 2 000

Effort de chasse sondages 2 sondages recensement: recensement: recensement recensement:

occasionnels annuels chefs de chefs de questionnaire

(6%) (10-15%) groupe groupe sur le permis

Inventaires aériens oui oui occasionnels oui oui oui,

(43)

33

La récolte est estimée par deux enquêtes postales. La première, plus générale, est réalisée à partir du bureau central de Toronto et touche un échantillon aléatoire de 10-15% des chasseurs. Elle permet d'es- timer la récolte et les impacts socio-économiques avec une précision raisonnable aux niveaux régional et provincial. Une deuxième enquête réalisée sur une base régionale, est toutefois nécessaire pour estimer la récolte par catégorie de sexe et d'âge de même que le succès de chasse à l'échelle de chaque zone. Ces données, jointes à un plan quinquennal d'inventaires aériens, sont utilisées pour ajuster les quotas annuels (Gollat et Timmermann 1987). Il n'y a pas d'enre- gistrement obligatoire des captures. Les usagers font parvenir sur une base volontaire la machoire inférieure des orignaux capturés.

L'âge d'environ 4 000 spécimens est déterminé annuellement (Dalton et Francis 1988).

3.2 New Hampshire

La chasse de l'orignal a été réintroduite au New Hampshire en 1988 après 86 ans de prohibition. Le cheptel a connu une croissance impor- tante passant de 50 individus en 1955 à 500 en 1977 et à environ 4 000 actuellement. Les gestionnaires visent à limiter le rythme de crois- sance de la population pour éviter la surexploitation de l'habitat. La chasse permettra en outre d'acquérir des données assurant une meil- leure gestion du cheptel tout en favorisant une utilisation plus poly- valente de cette ressource.

La chasse fut autorisée dans 11 unités d'aménagement. Soixante-quinze permis, contingentés par zone, furent offerts par tirage au sort; 10%

d'entre eux furent réservés aux non-résidents. Les titulaires de permis pouvaient s'adjoindre une personne pour chasser. La saison de chasse fut limitée à 3 jours (18-20 octobre). Il était interdit de tuer un orignal à moins de 100 m des routes principales afin de préserver les possibilités d'utilisation non consommatrice.

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Les orignaux récoltés (57) devaient être enregistrés à un bureau du Ministère en deçà de 24 heures de l'abattage. En plus des données usuelles (date, heure, site d'abattage, engin, sexe), les chasseurs étaient tenus de produire certaines mensurations de l'animal (poids, taille des merrains, etc.) et de fournir les pièces anatomiques requises pour l'évaluation de l'âge (incisives, mâchoire inférieure), de la productivité (tractus génital) et du niveau de contamination (morceaux de foie et reins; New Hampshire Fish and Game Department

1988).

3.3 Maine

La chasse de l'orignal a été interdite au Maine entre 1936 et 1979 (Karns et al. 1974; Timmermann 1981) parce que les populations étaient jugées trop basses pour supporter une pression de chasse. Le nombre d'orignaux serait passé d'environ 4 000 en 1952 à 15-20 000 en 1980.

Les densités sont faibles dans le sud (< 0,4/10 km2) mais élevées à partir du centre de l'état (6/10 km2; Dunn et Morris 1981).

Seulement 1 000 permis sont émis annuellement mais les usagers peuvent chasser en groupes de 2 (2 000 chasseurs); 10% des permis sont offerts aux non-résidents. La saison de chasse dure au maximum 6 jours et a lieu à la fin de septembre. L'enregistrement des captures est obliga- toire (6 stations en 1980). On détermine le sexe, l'âge (incisives), le site, la date et l'heure de l'abattage de même que diverses mensura- tions. Des prélèvements peuvent être effectués pour des études spéci- fiques (ex.: contamination). Un questionnaire est expédié à tous les chefs de groupe afin de connaître l'effort de chasse, l'engin utilisé, l'habitat fréquenté par l'orignal abattu et les méthodes de chasse utilisées. L'état est divisé en 8 zones pour lesquelles des quotas spécifiques sont accordés (Dunn et Morris 1981; Timmermann 1981).

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35

3.4 Nouveau-Brunswick

Le cheptel du Nouveau-Brunswick est estimé à 12 000 orignaux. La chasse est contingentée et les permis (6 000) sont offerts par tirage au sort. La chasse ne dure que 3 jours durant la dernière semaine de septembre. L'enregistrement des animaux tués est obligatoire. Il s'effectue aux bureaux du ministère des Richesses naturelles et de l'Énergie. On note le site et la date de capture, le nombre d'heures de chasse et l'on prélève la mâchoire inférieure ou les incisives pour déterminer l'âge des spécimens. Le permis permet de chasser dans toute la province (Timmermann 1981; Boer 1988).

3.5 Terre-Neuve

Les 50 000 orignaux de Terre-Neuve descendent de 6 individus introduits en 1878 et en 1904. L'exploitation a commencé en 1935 avec une chasse contingentée (33 permis) des mâles seulement (Pimlott 1959). Divers règlements (Loi du mâle, fermeture de saison) furent appliqués selon la problématique de chaque zone jusqu'en 1972. La chasse contingentée fut réintroduite dans certaines zones en 1964, puis graduellement étendue à toute la province en 1973. Les quotas sont fixés à l'aide d'inven- taires aériens de population et en prenant en considération la produc- tivité, la mortalité naturelle, le braconnage, le taux d'accroissement désiré et le succès de chasse prévu. Dans la plupart des 36 zones, l'on retrouve 2 types de quotas: l'un pour les mâles et l'autre pour les orignaux sans bois. Les permis sont émis par tirage au sort. Les saisons de chasse sont longues (1-2 mois selon l'accessibilité;

septembre-décembre). Les chasseurs doivent retourner leur permis de chasse au Service de la faune en deçà de 7 jours de l'abattage d'un orginal ou de la fin de la saison de chasse. Le permis comporte un questionnaire permettant de connaître la date et le sexe, la catégorie d'âge, diverses mensurations de l'animal, l'effort de chasse de même que le nombre d'orignaux et de caribous observés. Le taux de retour des permis était très élevé au début (99% en 1945) mais a eu tendance à

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décliner par la suite (50% en 1972). Le succès de chasse est très élevé (30-42%; Mercer et Manuel 1974; Timmermann 1981; Fryxell et al.

1988).

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37

4. BILAN GÉNÉRAL

Le système de suivi qui a été mis en place reflète les préoccupations du Ministère, qui concernent principalement les risques de surexploi- tation et les diminutions de densité. D'une part, l'on suit les niveaux de récolte et l'évolution d'indicateurs (statistiques de chasse, enquêtes) qui permettent d'évaluer les changements de densité et les modifications des taux de productivité et d'exploitation. Ces indices indirects décrivent les changements qui se produisent dans la partie exploitée de la population. Ils ne renseignent pas nécessai- rement sur les paramètres de la population totale. C'est pourquoi il a été nécessaire de mettre au point des techniques d'inventaire qui permettent d'obtenir une image non biaisée de l'importance des popula- tions, de leur structure, de leur recrutement et des taux d'exploita- tion réels et potentiels.

On retrouve donc 3 sources d'information complémentaires: les statisti- ques de chasse, les enquêtes postales et les inventaires aériens. Ces outils sont similaires à ceux utilisés dans les autres juridictions bien que chacune mette plus d'emphase sur l'une ou l'autre source d'informations selon la problématique des territoires, les ressources disponibles, l'expertise des gestionnaires et l'importance des données accumulées au fil des ans.

La stratégie adoptée pour l'orignal est également similaire à celle utilisée dans d'autres domaines de la gestion de la faune. Par exemple, les stocks de poissons de mer sont suivis par le recensement des pêches commerciales (espèces, quantité, sexe, âge, longueur, sites de capture) que l'on complète par des estimations non biaisées obtenues grâce à des pêches expérimentales réalisées à bord de bateaux de recherche (traits de chaluts effectués au hasard). On ajoute à l'occasion des informations fournies par les pêcheurs (Sissenwine 1981). L'effort de pêche est également pris en considération (Daget et Le Guen 1975). Les pêches commerciales sont toutefois suivies depuis

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très longtemps, ce qui a permis la construction de longues séries historiques rendant possible l'utilisation de modèles mathématiques beaucoup plus sophistiqués (rendements d'équilibre, rendements par recrue, analyse de cohorte; Daget et Le Guen 1975; Gulland 1969; Ricker 1975; Sissenwine 1981).

La précision des techniques québécoises se compare avantageusement à celle décrite pour les autres juridictions. Une certaine incertitude est normale pour les sciences non exactes (pêcheries, foresterie, économie, sociologie, management) qui exigent souvent des habilités relevant autant de l'art que de la science (Sissenwine 1981; Crener et Monteil 1981). Dans ces disciplines, la répétition d'une expérience contrôlée ne mène pas nécessairement au même résultat, d'où nécessité d'interprétation.

Des techniques ont été développées pour réduire les sources de varia- tions. 1- Les échantillonnages sont faits au hasard ce qui permet de faire des comparaisons statistiques. 2- Les techniques ont été standar- disées (équipes, méthodes, engins, conditions atmosphériques). 3- Les interprétations sont faites en considérant plusieurs sources d'informa- tion (recoupement d'indicateurs), en examinant les tendances sur plusieurs années et en définissant des seuils critiques.

Le système actuel permet de suivre adéquatement l'évolution du cheptel québécois d'orignaux. Par conséquent, nous croyons qu'il ne devrait pas être modifié substantiellement afin de se doter des séries historiques indispensables à la compréhension de la dynamique des populations. Ceci est particulièrement important dans le contexte actuel parce que l'orignal est très fortement exploité. Il n'y aurait lieu d'alléger le suivi que si l'écart entre la production et le prélèvement s'accroît, ce qui n'est pas prévisible à court terme.

Les trois méthodes employées (statistiques de chasse, enquêtes et inventaires aériens) fournissent des données complémentaires et

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