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Chasse, chasseurs et normes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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« Chasse, chasseurs et normes »

Résumé :

Quels sont les enjeux sociétaux sous-jacents aux pratiques cynégétiques contemporaines ? Qui sont les chasseurs ? Constituent-ils un groupe marginal ou un ensemble représentatif de la société française ? Quelles sont les attentes de la société civile en matière de conservation des ressources, confrontées à celles du monde de la chasse ? De quelle manière se négocient le rapport entre ce support vécu de la quotidienneté qu’est le territoire de chasse, et les directives européennes « oiseaux » et « habitats » prises par Bruxelles, ainsi que l’ensemble des dispositions légales agissant sur ce même territoire ?

Cet appel à textes en vue de la publication d’un ouvrage collectif (codirigé par Goreau-Ponceaud Anthony, Lemoigne Nicolas et Velasco-Graciet Hélène) est l’occasion de questionner les relations qui unissent la chasse, les chasseurs et les normes.

Argumentaire :

La chasse semble, en France, corsetée par une foule de stéréotypes plus ou moins négatifs émanant d’un imaginaire collectif solidement ancré. Elle apparaît comme l’image persistante d’un monde rural en mutation. Dernier avatar d’une culture « localiste », elle n’aurait, aux, yeux du grand public, que peu de crédit en regard des grandes idéologies dominant le monde contemporain, surtout dans les pays occidentaux, comme la protection de l’environnement ou le combat contre la souffrance animale. En cela les SHS ont intérêt à explorer la question cynégétique à l’aune des préjugés, positifs ou négatifs, qui font tant parler d’elle. Pour les uns elle est une victoire conquise sur les privilèges aristocratiques de l’Ancien Régime (faut-il y voir une « exception » française ?), pour les autres une abomination de sanguinaires avinés (que l’on songe aux multiples sketchs des humoristes ou encore aux publications cinglantes à l’instar de Claude Serre, Chasse & pêche). Est-il donc possible de porter un regard distancié sur ce phénomène social ? La question se pose en France avec une certaine acuité, parce que le phénomène s’est constitué, sur la scène publique, en parti politique.

Par ailleurs, par sa forte empreinte spatiale, la pratique de la chasse se heurte aujourd’hui plus que jamais à la question des territoires. En effet, la multiplication de « nouveaux territoires » normés et prescriptifs (comme les espaces Natura 2000, les PLU ou ZNIEFF pour n’en citer

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que quelques uns) soulève des interrogations quant à la pérennité des territoires de chasse (ACCA, Société de chasse, sociétés privées, etc.). Cette question semble d’autant plus importante que l’influence politique des chasseurs pourrait diminuer dans les années à venir, compte tenu, notamment, d’un vieillissement de ses effectifs. Les conséquences de cette tension territoriale et des conflits potentiels qui en découlent, nécessitent aussi une attention particulière. En effet, la perte d’espaces propices à la chasse, du fait de l’urbanisation, de la protection de l’environnement ou encore des oppositions grandissantes des propriétaires, se sentant personnellement porteurs de règles collectives (pour convictions personnelles), entraînerait une pression forte sur des espaces de chasse de plus en plus éloignés des lieux de résidence des chasseurs. Se poserait ainsi la question des nouvelles contraintes de gestion liées à l’intégration de chasseurs « étrangers » au sein d’une communauté « autochtone ».

La redéfinition des ruralités (et des urbanités) en mutation transforme-t-elle la pratique cynégétique en force contestataire de la globalisation, en activité soucieuse de s’intégrer aux grands enjeux environnementaux ? Cet appel à textes est l’occasion d’offrir une réflexion sur les relations qui se tissent entre chasse, patrimoine et normes, tout en questionnant les enjeux sociétaux qui président aux pratiques cynégétiques contemporaines.

Plusieurs entrées peuvent être suggérées dans le but final d’aborder ces questions, et toutes les propositions seront bienvenues de la part des géographes, sociologues, politistes ou encore des anthropologues et des acteurs de la chasse (institutionnels ou non).

Les propositions s’organiseront autour de trois axes :

Axe 1 : Enjeux politiques et institutionnels des pratiques cynégétiques

Le premier axe, à partir des territoires de chasse, étudiera l’évolution récente des pratiques de chasse, des discours qui leur sont associés et leur dimension politique. Il s’agira de questionner la perception que les chasseurs développent à l’égard des choix de leurs instances représentatives. On s’attardera notamment les divergences qui peuvent se manifester entre les porteurs de fusils « ordinaires » – souvent laissés en marge des grands choix – et les instances dirigeantes (Fédérations départementales des chasseurs, Fédération Nationale des Chasseurs, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, …), apparaissant de plus en plus comme des partenaires privilégiés de l’aménagement foncier (plantation de haies, suivi des populations en déclin via la surveillance sanitaire du réseau SAGIR…) ou des gestionnaires de la faune.

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Ensuite, quel rôle est joué par les grandes associations cynégétiques (ANCGG, UNUCR…) dans l’arbitrage des réglementations conçues par ces mêmes instances ? Enfin on posera la question des conséquences politiques de la baisse des effectifs des chasseurs aux niveaux national et européen.

Axe 2 : Nouveaux individus, nouvelles sociétés, nouvelles pratiques cynégétiques ?

Le second axe interrogera les relations qui peuvent se tisser entre chasse, patrimoine et ruralité en mutation. Ce sera notamment l’occasion d’évoquer un certain nombre de pratiques suscitant conflits et méprises : les chasses traditionnelles (méthodes de capture ne nécessitant pas de fusil telles que les filets, les pantes, les matoles, les gluaux…) ou encore les pratiques de chasse émergentes (chasse à l’arc, recherche au sang…). Comment ces pratiques, et plus largement l’activité cynégétique, sont-elles perçues par les non chasseurs ? L’image du chasseur est en train de changer : si certains conflits territoriaux ou idéologiques apparaissent (les nouveaux propriétaires oublient parfois l’histoire des terrains qu’ils viennent d’acheter, soumis autrefois à des droits d’usage – notamment le droit de chasse), plusieurs indices semblent montrer ici et là l’émergence d’un regard moins tranché vis à vis du monde de la chasse (Dalla Bernardina, 2011). Partant de l’hypothèse que ces pratiques génèrent un ancrage territorial important, et compte tenu des nouveaux phénomènes de mobilité liant territoire de chasse et lieu de résidence, il sera également question de comprendre la manière dont celles-ci contribuent à produire de l’identité territoriale. Un questionnement liminaire à cet axe, sera celui de l’identification des chasseurs et des catégories dont on dispose pour penser leur unicité ou leur diversité (genre, classe…).

Axe 3 : Chasse et représentations de la nature

Enfin, le dernier axe, s’appuyant sur l’idée que la chasse s'envisage comme un révélateur symbolique, devenu emblématique, des perceptions dont la notion de "nature" fait l'objet, interrogera les effets des nouveaux découpages territoriaux de protection de la biodiversité (Natura 2000 en particulier) sur les pratiques, les idées et les discours des chasseurs. D’autant plus que la chasse, comme pratique, pose la question de l’accès et de l’usage à l’espace public (un espace public pris au sens large, comme tout ce qui n’est pas « urbanisé », au sens matériel de la ville). La nature est-elle alors partageable ou chacun doit-il en revendiquer un usage exclusif ? Formulé autrement, pourquoi la chasse est-elle devenue un problème social et récurrent ?

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Par ailleurs, on questionnera également l’effet des évolutions de l’équilibre des espèces (prolifération du grand gibier et disparition du petit gibier à plume notamment) au sein des espaces ruraux en mutation (extension des massifs forestiers, disparition des bocages et des zones humides, intensification de la périurbanisation). Se sera également, en privilégiant une entrée juridique, l’occasion revisiter le statut des animaux sauvages (et le rapport à l’animal à tuer, mais aussi aux auxiliaires que sont les chiens ou les chevaux) et de l’apport de la législation européenne en la matière.

Enfin, il sera également intéressant d’aborder la question des pratiques cynégétique ouvertes à l’échelle internationale (tourisme cynégétique par exemple) et porteuses de représentations spécifiques.

Bibliographie :

- Christophe Baticle., (2007), Les pratiques de chasse comme affirmations politiques du principe d’autochtonie : dimensions territoriales des luttes cynégétiques, Thèse de doctorat de sociologie et d’anthropologie, sous la co-direction de Jean Copans et de Bernard Kalaora, Université de Picardie-Jules Verne, Amiens, 3 volumes, 910 pages, soutenue le 14 décembre 2007.

- Bertrand Hell., (1998), Le Sang Noir, chasse et mythes du Sauvage en Europe, Paris, Flammarion, 382p.

- Christophe Traïni., (2004), « Territoires de chasse », Ethnologie française, vol2, Tome XXXVII, pp.41-48.

- Michel Pinçon ; Monique Pinçon-Charlot., (2003), La chasse à courre ses rites et ses enjeux, Payot, coll. « Petite bibliothèque », (1re édition 1993), 368p.

- Claude Serre., (2002), Chasse et pêche, Paris, Glénat, collection Humour, 64p.

- Hubert Peres., (2002), « Entre désenchantement et réenchantement : chasser en Chalosse », in Denis-Constant Martin (dir.), Sur la piste des OPNI (Objets politiques non identifiés), Paris, Karthala, 501p.

- Olivier Lazzarotti., (2000), « Chasse en France et construction européenne : la cas du gibier d’eau », Géographie et cultures, n°36, pp.21-38.

- Dominique Darbon., (1996), La crise de la chasse en France : la fin d’un monde, Paris, L’Harmattan, 250 p.

- Sergio Dalla Bernardina., (1996), L’Utopie de la Nature : chasseurs, écologistes et touristes, Paris, Imago, 320p.

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- Sergio Dalla Bernardina., (2011), Le retour du prédateur, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 132 p.

Calendrier :

Les propositions écrites (2000 signes maximum) sont attendues pour le 30 juin 2011. Elles devront comprendre outre le nom ou les noms des auteurs : un court CV mentionnant l’institution de rattachement, le statut, les publications récentes relatives à la thématique et une adresse électronique valide.

Une fois la sélection des propositions écrites effectuée par le comité scientifique, les textes (35 000 signes maximum) pour première lecture, devront parvenir aux adresses indiquées ci- dessous, au plus tard, le 31 juillet 2011, pour une publication prévue en décembre 2011.

anthonygoreau@yahoo.fr et colalem@yahoo.fr

Mots clés

Chasse, chasseurs, pratiques, représentations, conflits, normes, mutations territoriales, territorialités, identité

Contact

Anthony Goreau-Ponceaud

courriel : anthonygoreau (at) yahoo [point] fr

Nicolas Lemoigne

courriel : colalem (at) yahoo [point] fr

Comité scientifique :

 Sergio Dalla Bernardina, Professeur d’ethnologie, Université de Bretagne occidentale.

 Anthony Goreau-Ponceaud, Maître de conférences, Université de Bordeaux 4, ADES CNRS

 Thomas Hélie, Maître de conférences de sciences politiques, Université de Reims

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 Olivier Lazzarotti, Professeur de géographie, Université de Picardie Jules Verne, Habiter-PIPS

 Nicolas Lemoigne, Docteur en géographie, Université de Bordeaux 3, ADES CNRS

 Hubert Peres, Professeur de sciences politiques, Directeur du CEPEL UMR 5112, Université de Montpellier 1

 Denis Retaillé, Professeur de géographie, Université de Bordeaux 3, ADES CNRS

 Hélène Velasco-Graciet, Professeur de géographie, Université de Bordeaux 3, ADES CNRS

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