LA LAICITE DANS LES ETABLISSEMENTS DE SANTE
Les rites funéraires
dans les différentes religions
Isabelle Lévy
des rites funéraires religieux…
• Pour accompagner les patients en fin de vie et leurs familles dans le respect de leurs croyances et de leurs rites.
• Pour ne pas compromettre les débuts du « travail de deuil » des proches.
Connaître les préceptes essentiels des rites funéraires religieux
• Lorsqu’on se met au service des autres, savoir faire abstraction de ses croyances, ses rites et ses jugements.
• Respect de la laïcité dans les établissements publics neutralité absolue de l’ensemble des personnels.
Neutralité des personnels
• Ne prendre aucune décision systématique à la survenue de chaque nouveau décès.
• Respect des dernières volontés éventuelles du patient.
• En cas d’absence, s’informer de la conduite à tenir auprès des proches.
• Renvoyer la famille si besoin vers l’aumônier, leur
représentant du culte, l’entreprise des pompes funèbres de leur choix, le service de l’Etat civil de la mairie, etc.
Attitude du personnel soignant
et de leurs familles
• Respect des rites s’ils sont en conformité avec la législation française et la règlementation des établissements de santé.
• Tout ne peut pas être autorisé sous prétexte de religion.
• Respect de la laïcité dans les établissements publics.
Pratiques religieuses des patients et de leurs familles
les plus souvent observés
en France
• Bouddhisme
• Laïcs
• Judaïsme
• Catholicisme
• Orthodoxie
• Protestantisme
• Islam
Présentation des rites funéraires souvent observés en France
Les religions monothéistes sont présentées par leur ordre chronologique d’apparition.
• Accompagnement
Les proches ou le rabbin se chargent de l’accompagnement spirituel.
Lecture de psaumes et de prières en langue hébraïque au chevet de l’agonisant.
On évite tous contacts physiques inutiles et actes pouvant hâter la mort.
Une personne en fin de vie ne doit pas être délaissée.
Aucun préparatif mortuaire possible avant le décès.
• Instants ultimes
La bouche et les yeux du défunt sont fermés par le fils aîné (ou un homme de préférence).
Le corps et le visage sont recouverts après le décès d’un drap blanc.
Sur le dos, les bras sont placés le long du corps.
Judaïsme
• Corps gisant
Le corps est posé à terre.
Fleurs, plantes, eau de toilette sont entreposées hors de la chambre, les miroirs et les écrans de télévision sont voilés.
En témoignage de l’immortalité de l’âme, on place une bougie à proximité de la tête (une seconde aux pieds dans le rite Séfarade).
• Veillée funéraire
Veillée, lecture de psaumes en continu, bougie(s) allumée(s).
Ni veillée mortuaire, ni funérailles le shabbat et certains jours de fête.
Ni fleurs, ni couronnes. Certaines familles les acceptent.
Le corps ne doit pas rester seul du décès jusqu’aux funérailles.
Présence interdite auprès d’un défunt des Cohen.
Judaïsme
• Toilette rituelle et habillement
Toilette de purification par deux personnes du même sexe, pieuses et bénévoles, envoyées par la
synagogue ou les pompes funèbres.
Pas de prothèse amovible, bijoux, effet personnel ou objet de culte.
Défunt enveloppé nu dans un linceul (et châle de prière pour les hommes).
Nul ne doit toucher le corps après la toilette rituelle.
Pas de passage par la synagogue du cortège funèbre.
• Accompagnement
Le prêtre apporte soutien spirituel et écoute au patient en fin de vie et à ses proches.
Catholicisme
• Instants ultimes
Le prêtre lui donne le viatique (Eucharistie pour un malade en péril de mort).
L’agonisant reçoit l’onction d’huile bénite suivie
d’une imposition des mains avant d’être entendu en confession.
Seront récités à son chevet le « Notre Père » et d’autres prières.
• Corps gisant
Après la mort, les doigts du défunt sont croisés ou joints, les mains sont parfois posées sur l’abdomen.
Un chapelet ou une croix pourra y être déposé.
Le visage et le corps présentés découverts, rarement recouverts entièrement d’un drap.
Prières et silences autour de la dépouille.
Signe de croix devant la dépouille au début et en fin de recueillement pour l’entourage du défunt.
Catholicisme
• Toilette rituelle et habillement
Aucune prescription liturgique.
Vêtements et effets personnels.
Prothèses et bijoux acceptés.
Moines et moniales revêtiront la tenue de leur confrérie.
• Veillée funéraire
Moins respectée de nos jours dans les grandes villes.
Si respectée, elle dure trois jours pleins.
Quatre cierges brûlent autour de la dépouille, croix avec le Christ, image pieuse, eau bénite.
Catholicisme
• Accompagnement
Le prêtre apporte un soutien spirituel à la personne en fin de vie par la prière, l’Eucharistie et l’Office des saintes huiles.
Puis il l’entendra en confession.
• Instants ultimes
De nouveau, l’Office des saintes huiles est donné par le prêtre.
Une icône du Christ est placée entre les mains de l’agonisant ou une croix orthodoxe.
Une bougie est allumée.
Atmosphère paisible et prières des proches.
Orthodoxie
Après la mort, les mains du défunt sont croisées sur la poitrine, la main droite par-dessus.
Sur le tronc, les proches pourront disposer une icône ; sur le front du défunt, une bandelette de papier blanc, symbole de la couronne céleste.
Le visage et le corps sont découverts.
Les bras le long du corps.
Signe de croix orthodoxe devant la dépouille des proches.
• Toilette rituelle et habillement
Lavé, habillé et coiffé par la famille de préférence.
Vêtements, effets personnels, bijoux et prothèses acceptés.
Moines et moniales seront lavés à l’huile bénite et habillés de la tenue de leur confrérie (idem catholicisme).
Orthodoxie
• Veillée funéraire
Veillée de trois jours.
Lecture de psaumes auprès de la dépouille.
Quatre cierges brûlent.
• Accompagnement
Le pasteur ou/et les proches apportent un soutien spirituel par la prière.
Pas de confession.
Préparation de l’agonisant avec le pasteur de son testament spirituel qui sera lu pendant ses
funérailles.
Protestantisme
• Instants ultimes
Après la Sainte Cène (Eucharistie), des pasteurs pratiquent l’imposition des mains.
L’onction d’huile est peu fréquente chez les protestants.
Les proches liront des psaumes et réciteront la prière
« Notre Père ».
• Corps gisant
Après la mort, le plus souvent, on place les bras le long du corps.
Le visage et le corps présentés découverts, rarement recouverts entièrement d’un drap.
Pas de signe de croix devant la dépouille sauf pour les Luthériens.
Protestantisme
• Toilette rituelle et habillement
Aucune prescription liturgique.
Vêtements et effets personnels.
Prothèses et bijoux acceptés.
Pas d’objets de culte.
Rien pour les Adventistes.
• Veillée funéraire
Parfois, quatre cierges autour de la dépouille.
Veillée au domicile des proches ou au temple en présence ou non de la dépouille.
Pas de funérailles le samedi pour les Adventistes.
Protestantisme
• Accompagnement
Les proches ou/et un imam se chargent de l’accompagnement spirituel.
• Instants ultimes
Pour purifier l’agonisant, un parent lui donne de l’eau à petites gorgées ou lui humecte les lèvres.
On le tourne vers La Mecque (sud-est en France), étendu sur le côté droit le coude posé sur le lit et l’index désignant le ciel. Si impossible, sur le dos.
Les proches répètent avec lui la profession de foi islamique (Shahada).
Aux derniers instants de vie, les proches embrassent l’agonisant en lui demandant de les pardonner des fautes commises envers lui.
Ils ne le laisseront jamais seul jusqu’à son décès.
Islam
Un homme lui ferme les yeux et la bouche.
Le corps et le visage sont couverts d’un drap, les bras le long du corps.
Ni effets personnels, ni prothèses, ni bijoux, ni objets de culte sur ou auprès du corps.
Les miroirs seront recouverts d’un tissu, les fleurs et les plantes seront sorties de la chambre.
Les femmes se tiendront éloignées de la dépouille.
• Toilette rituelle et habillement
Toilette de purification par deux personnes du même sexe, pieuses et bénévoles, envoyées par la mosquée ou les pompes funèbres.
Défunt enveloppé d’un linceul en coton blanc ou de son vêtement de pèlerin à La Mecque.
Nul ne doit toucher le corps après la toilette rituelle.
Islam
• Veillée funéraire
Lecture du Coran par un imam ou/et les proches pas obligatoirement en présence de la dépouille.
Les femmes se tiennent éloignées, parfois même hors de la pièce.
Le plus souvent, elles n’assistent pas aux funérailles.
Pas de passage par la mosquée du cortège funèbre.
Pas d’obligation religieuse d’être enterré dans un pays musulman mais dans une terre consacrée.
Pas de contrat obsèques mais des assurances de rapatriement…
Les rites funéraires bouddhistes varient d’un pays à l’autre.
On notera deux principaux rituels :
• Le corps est découpé en morceaux et jeté aux vautours (Tibet par exemple).
• Crémation ou inhumation du corps du défunt accompagnée d’un rituel de purification et d’offrandes.
Bouddhisme
• Accompagnement
Les proches prient pour l’agonisant et le réconfortent dans un état serein.
Aide à la méditation pour préparer l’esprit pour la réincarnation.
Parfois, l’agonisant prend la position dit ‘‘du lion couché’’, posture que Bouddha adopta lorsqu’il expira..
• Instants ultimes
Le corps n’est plus touché pendant trois jours après la mort (irréalisable en France).
Ne jamais montrer son affliction ni avant, ni après le décès.
La fenêtre reste ouverte pour que l’esprit vital quitte les lieux.
Bouddhisme
Un proche pose sa main sur le sommet du crâne du
défunt pour encourager l’esprit vital à quitter le corps par sa partie supérieure, si ce n’est déjà fait (Tibet).
Les bras le long du corps, le corps et la tête sont découverts.
Ne pas toucher le corps si pas nécessaire.
Pleurs et paroles sont prohibés auprès de la dépouille.
• Toilette rituelle et habillement
Le défunt est lavé, vêtu de ses plus beaux vêtements et coiffé par les proches.
Objets de culte et personnels éventuellement.
Moines et moniales revêtiront la tenue de leur confrérie.
Bouddhisme
• Veillée funèbre
Corps exposé sur un lit, les proches se relaient pour prier à son chevet.
Prières.
Inhumation ou crémation dictés selon les rites des familles ou des pays.
• Que faire pour les défunts laïcs ?
Accompagnement par les familles.
Instants ultimes.
Corps gisant.
Toilette funéraire et habillement.
Veillée.
Cérémonie lors de l’enterrement ou de la crémation.
Funérailles laïques
Ne prendre aucune décision systématique.
Agir selon les éventuelles volontés du défunt, les attentes des proches et les circonstances.
Renvoyer la famille si besoin vers l’aumônier, leur représentant du culte, l’entreprise des pompes funèbres de leur choix, le service des décès de la mairie…
Les rites sont donnés à titre indicatifs. Ils varient selon les traditions familiales et les cultures.
Le soignant doit toujours afficher une neutralité religieuse absolue. Il ne doit jamais être à l’initiative du respect d’un rite.
La loi française est au-dessus des religions, des usages et des coutumes.
Pour TOUS les décès…
